Les films conventionnels et le (DTC) CCD
Par Gilbert St-Onge CDADFS (Dorval Québec Canada).

Ce texte a paru dans la revue Astronomie Québec de Septembre-Octobre 1992 pages 13-14

Films conventionnels :


Que l'on utilise un film rapide genre Konica 3200 ASA, ou plus lent comme le Technical Pan 2415 de Kodak hypersensibilisé, les résultats seront sûrement très bons. Les images conventionnelles nous demandent d'être très vigilants lors de la prise de photos astronomiques. Les guidages s'éternisent de longues dizaines de minutes, et il faut s'assurer qu'ils sont très bien contrôlés!


Les images ainsi recueillies sont très spectaculaires pour ce qui est des objets de grande taille, tels M31 - M33, etc... Mais lorsqu'il s'agit de petits objets ou d'objets de faible intensité lumineuse, il peut être difficile d'exploiter les photos conventionnelles.

Les images électroniques à l'aide d'un dispositif à transfert de charge (DTC ou CCD)


Nombreux sont ceux qui pensent que ces petites caméras ne sont pas bonnes à grand chose. J'espère qu'ils iront tous voir l'exposition <<Images du Futur>>. au Vieux-Port, exposition qui dure tout l'été. Nous y avons installé un ordinateur contenant une dizaine d'images CCD en couleurs, prises du Québec, avec des instruments d'amateurs et par des amateurs. Prenez le temps de les regarder défiler à l'écran.

Les avantages du DTC ou CCD :

- Des temps de pose 10 fois plus courts que le film conventionnel, évitant les erreurs de guidage dues aux longues expositions.

- Une image résultante instantanée, de grand format.
- Traitement d'images immédiatement, si désiré.
- Intégration de plusieurs images possible.
- Analyse d'images : mesures photométriques ou micrométriques sur place.
- <<Blink>>. comparateur de plusieurs images.
- Modes graphiques variés selon le besoin.
- Graphiques en 3D possible.
- Luminosité des images facile à ajuster.
- Échelle de gris très étendue.
- Linéarité dans l'image bien supérieure aux films conventionnels.
Un DTC ou CCD ce n'est pas pour faire de la photo, c'est pour capter des images à analyser. Pour moi, rien ne remplace le film pour interpréter une belle aurore boréale, la Voie Lactée, une pluie d'étoiles filantes, le Voile du Cygne et tout autre objet étendu dans le ciel.

Les qualités des caméras CCD sont d'être capables de traiter un sujet minuscule, pâle, même dans des ciels de qualité moyenne. Il est même possible de faire des photos à la Pleine Lune! Il est évident que les plus fins détails sont noyés dans la lumière de la Lune, mais les masses principales sont très bien perçues et utilisables pour certaines analyses.

Mais il faut ajouter plusieurs périphériques au CCD. On doit avoir sur place un ordinateur, donc de l'électricité. On doit aussi se procurer des programmes de traitement d'images adéquats ; de plus il faut apprendre les rigueurs de cette informatique. Il faut également penser au stockage de ces images! Et que dire de leur mise sur papier, par imprimante ou autre?

Personellement, je ne doute pas des possibilités que nous avons et pouvons exploiter pour mieux s'adapter à ce genre d'informatique. J'ai dû apprendre de A à Z, sans jamais pouvoir me référer avec assurance à une expertise quelconque qui aurait pu me renseigner et me rassurer. Les images électroniques, il y a trois ans, j'en rêvais; depuis plus de deux ans, j'en fais.

Comparons des photos conventionnelles et des images DTC ou CCD .

Nébuleuse planétaire M27 (Dumbell)

#La photo conventionnelle fut prise par Denis Bergeron à l'aide d'un télescope de 250 mm f/10 Meade, film Konica 3200 ASA, pose de 30 minutes.
# Nos photos DTC ou CCD ont été prises au télescope de 275 mm f/10, en 1996, une pose de 180 sec.

Voici les remarques de base pour M27

- Image CCD : remarquez la grande variété des tons de gris et des nodosités autant dans la masse lumineuse qu'en périphérie
- Image CCD : la masse la plus lumineuse en haut à gauche est bien définie en plusieurs segments de densité variée
- Image CCD : comptez le nombre d'étoiles enregistrées et accessibles aux anlyses
- Un examen plus approfondi laisse voir les différentes densités de la matière enregistrée par le DTC.

M27 sur film 3200 ASA.


M13 sur pellicule photo.

M13 sur DTC (CCD).

Amas globulaire M13

# La photo conventionnelle fut prise par Gilbert St-Onge au foyer d'un télescope 310 mm f/6, film 400 ASA, pose de 20 minutes.
# L'image CCD fut prise au télescope de 310 mm f/6, en 1994, à une pose de 60 sec.

- Le CCD nous montre bien les étoiles dans le coeur même de l'amas globulaire M13, tandis que la photo conventionnelle demande un peu plus d'effort pour voir des étoiles au centre de M13.
- Tenez compte des temps de pose qui sont bien différents.
- Ici encore le grand format de l'image CCD peut être avantageux si on veut isoler des segments précis de l'amas globulaire!
- Jetons un regard sur l'image 3D!


M57 sur pellicule photo.

M57 sur DTC (CCD).

Nébuleuse de la Lyre : M57

#La photo conventionnelle fut prise au télescope de 310 mm f/6, le 14 juillet 1986, film 2415 hypersensibilisé, à 01h58 HNE, une pose de 22min 48sec.

# L'image CCD fut prise au télescope de 310 mm f/6, le 28 avril 1991, à 00h53m10s, une pose de 120 sec.

Comparaison:

- Image conventionnelle : l'étoile centrale est absente, seules quelques étoiles aux alentours sont visibles. On voit la nébuleuse mais peu de détails sont visibles.
- Image CCD : dès le premier regard, on peut apercevoir un grand nombre d'étoiles près de la nébuleuse et même quelques-unes dans le champ de la nébuleuse!
- Image CCD : regardez le nombre impressionnant de détails observables dans la surface et à l'intérieur du disque de la nébuleuse.

- Jetons un regard sur l'image 3D!(plus bas)

M27 en filtre Bas Relief, nous permet d'apprécier les régions de sa surface par niveau d'intensité lumineuse. Ce procédé permet de mettre en évidence les contours de régions pâles et peu contrastés de la nébuleuse.


La région encadrée par les pointillés est traitée en 3D sur l'image de gauche et sur la coupe d'intensité surimposée sur l'image de M13 juste en haut.

Une coupe 3D de M57, on peut y voir le pic de l'étoile centrale et l'intensité importante du signal produit par la nébuleuse.

En regardant l'ensemble des graphiques 3D, nous pouvons constater l'utilité scientifique que peut apporter l'imagerie électronique, en plus d'apprécier les formes surélevées des objets dans une perspective nouvelle.(A l'époque Octobre 1992)!

Encore une fois on peut facilement conclure à la supériorité d' images que le (DTC) CCD peut nous donner des objets de petite taille et pâles.

Ce petit écrit comparateur est fait pour essayer d'inspirer confiance à tous ceux qui doutaient de la possibilité d'utiliser un CCD à bas prix pour leurs prises de vue célestes.

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