Les enfants d'Orion

La Nature
revue scientifique

Chute de poussières cosmiques


(La Nature, revue des sciences et de leurs applications aux arts et à l'industrie, 12° année, 1° semestre, n° 552, 29 décembre 1883, page 79)

CHRONIQUE
Chute de poussières cosmiques. - " J'ai eu
l'honneur de signaler à l'Académie des Sciences, il y a
quelques années1, la présence constante, mais en quantité
variable, du fer dans les sédiments atmosphériques, pluie
et neige. Ce fer constitue, au milieu de la variété infinie
de poussières organiques partout répandues, un élément
sur lequel différents observateurs, MM. Nordenskiold et
G. Tissandier surtout, ont appelé l'attention... Depuis
trois semaines environ, j'avais constaté, dans les produits
de lavages de l'air que j'effectue dans la cour de mon
laboratoire, en vue de l'étude des microbes, la présence
de globules de fer en nombre exceptionnellement grand. Le
mercredi 5 décembre, nous avons eu à Genève une assez
forte chute de neige. J'en ai fait recueillir sur le clocher
de la cathédrale de Saint-Pierre, ainsi qu'au sommet du
mont Salève, au lieu dit les Treize-Arbres, Cette neige,
une fois fondue, fut distribuée dans une série de longs
vases cylindriques, où elle reposa pendant douze heures.
Le fond de chaque tube se couvrit d'un dépôt poussié-
reux, dans lequel je retrouvai les susdits globules de fer.
Il en fut de même encore dans les poussières recueillies
sur un plateau de verre enduit de glycérine, exposé con-
tre le vent sur la jetée de notre port. Il paraît donc être
tombé pendant la seconde quinzaine, de novembre et le
commencement de décembre, à la surface de notre globe,
une pluie exceptionnellement forte de poussières métal-
liques, d'origine céleste, qui peut-être a joué un rôle
dans la production du magnifique phénomène que chacun
a pu admirer à cette époque après le coucher du Soleil.
La présence de particules solides, extrêmement petites,
tombant des espaces interplanétaires et se rencontrant
jusque dans les couches les plus élevées de notre atmos-
phère (où les poussières terrestres, fumées, cendres, etc.,
doivent être bien rares) rendrait compte de la persistance
des lueurs crépusculaires longtemps après la disparition
du Soleil. J'ajoute qu'une pareille pluie n'a peut-être de
remarquable que son abondance. Par sa date, elle coïn-
cide avec la période de fin novembre, qui est caractérisée
chaque année par une plus grande quantité d'étoiles
filantes. Les globules de fer seraient le produit de la rup-
ture de plus gros météorites, des étoiles filantes micro-
scopiques2 ". E. YUNG.

1 Comptes rendus, t. LXXXIII, p. 242.
2 Note présentée à l'Académie des Sciences par M. Lacaze-Duthiers

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Mise à jour : 03 août 2003