Voyage en Turquie pour l'éclipse totale du soleil du 29 mars 2006

En ce jeudi 23 mars 2006, 6 adhérents du club d'astronomie ADAES se retrouvent à l'aéroport d'Orly pour un voyage d'une semaine en Turquie à l'occasion de l'éclipse totale du soleil.

Liliane, Sylvie, Laurent, Michel, Sylvain et André ont décidé de se rendre dans le sud du pays pour observer cet événement ; le tourisme fait aussi parti de l'intérêt de ce voyage et c'est ainsi que notre première partie de semaine sera consacrée à la visite d'Istanbul ou nous atterrissons en fin d'après midi.

Une première surprise nous attend  dans cette mégapole de 12 millions d'habitants, à cheval sur le Bosphore, un pied en Europe l'autre en Asie : le temps est gris et frais.

Sainte Sophie

La mosquée bleue et Sainte Sophie

Après une nuit réparatrice, nous voilà prêts pour la visite des incontournables points d'intérêts de la ville ; notre début de matinée est consacré à la découverte de la superbe Mosquée bleue construite au début du 17ème siècle sous le règne du Sultan Ahmet 1° . D'une élégance rare, cette Mosquée élève ses 6 minarets comme de longues chandelles dressées vers le ciel, surplombant un dôme central. L'intérieur n'est pas en reste, 21000 carreaux de faïence d'Iznik à fond bleu tapissent les parois et en font un des joyaux de l'art musulman, un vrai régal pour les yeux ; une atmosphère de calme et de sérénité flotte dans ce lieu de recueillement.



Nous nous dirigeons maintenant vers la basilique Sainte Sophie ; malgré le froid le vent et la pluie, notre envie de découverte est intacte. Ce symbole de l'empire byzantin, d'un aspect massif, tient du prodige architectural ; la coupole de 32 m de diamètre qui culmine à 56 m de haut repose sur 4 énormes piliers. On devine aisément ce que devaient être la richesse et la beauté de cet édifice aux dimensions hors normes qui attend une rénovation vraiment urgente.



Sous le froid et une pluie persistante, le Palais de Topkapi nous ouvre ses portes. Il fut la résidence de 26 Sultans qui se succédèrent pendant 4 siècles. En pénétrant dans leur intimité on imagine leur puissance à l'époque ou ils régnaient sur le proche orient et une grande partie de la Méditerranée. Le superbe harem richement décoré ainsi que la salle réservée aux porcelaines chinoises évoquent cette splendeur passée. L'exposition dédiée au trésor est un temps fort de la visite; des pièces uniques bardées de diamants, meubles incrustés de nacre et d'ivoire, une avalanche de joyaux d'or et de pierres précieuses feraient pâlir d'envie les joailliers de la place Vendôme.

Topkapi

Topkapi

Samedi 25 mars, nous n'avons pas encore vu le soleil turc et notre pensée va vers notre rendez-vous de mercredi prochain; malgré quelques inquiétudes sur le temps notre optimisme est présent. Aujourd'hui nous avons décidé de faire une balade en bateau sur le Bosphore, un voyage dans un glorieux passé. Un sentiment bien étrange nous envahit en contemplant les eaux du Bosphore, chenal qui traverse Istanbul du nord au sud, de la mer Noire à la mer de Marmara. Ici finit l'Europe, là commence l'Asie. Partagée sur 2 continents la ville se souvient qu'elle fut la Byzance des Grecs, la Constantinople de l'empire romain d'Orient et la capitale des Sultans ottomans.



Cette avenue maritime empruntée par de gros cargos, déroule quantité de palais aux portails dressés sur les eaux, de somptueuses résidences parfois tombées en désuétude ainsi que d'imposantes forteresses sentinelles du détroit.

La journée se termine par la visite du bazar Egyptien aux parfums d'épices puis du grand bazar, le plus grand marché couvert du monde ou, au milieu d'une fourmilière humaine, se côtoient tapis, vêtements, narghilés, friandises asiatiques et autres porcelaines.

Des échoppes bien remplies

le bazar

Epices et fruits secs

C'est dimanche, nous prenons une ligne intérieure pour rallier la côte sud ou dans 3 jours, comme le chantait Charles Trenet, le soleil a rendez-vous avec la lune ; aprés une petite heure de vol, notre avion se pose à Antalya ville côtière de 700.000 habitants, bâtie au-dessus de falaises abruptes. Nous découvrons une côte bétonnée à outrance au ras des flots, une impression de chantier permanent, des hôtels haut standing succèdent à des décharges de gravas ; heureusement la température est douce et enfin un généreux soleil nous accueille; la météo est optimiste pour la semaine, tout se présente bien !

Hôtels et gravas

Vue depuis la chambre d'hôtel

Les nuages accrochés par les montagnes

La plage

Nous partons en ce lundi à la découverte d'Antalya qui va nous réserver d'agréables surprises. . Derrière les immeubles modernes se blottissent la vielle ville toute imprégnée d'atmosphère orientale ainsi qu'un petit port au fond d'une crique aux eaux turquoise; dans le dédale des rues, les maisons anciennes avec leurs avancées de bois, nous livrent derrière leur porche de coquets jardins sauvages égayés d'orangers et de fleurs exotiques.

La crique d'Antalya

Orangers

De très beaux orangers

Mardi est un jour important puisque nous allons choisir notre site d'observation ! Ce matin les instruments sont sortis sur les balcons des chambres, il faudra être au top demain ; Laurent et Sylvain affinent les réglages des appareils numériques, les moments de doutes succèdent aux certitudes, ainsi va la pratique de l'astrophotographie.

Laurent

Laurent

Laurent en pleine action

Aspendos

Aspendos

Nous nous dirigeons maintenant vers l'est d'Antalya, centre de la bande d'intégralité de l'éclipse et nous profitons de la proximité du site d'Aspendos pour visiter le théâtre romain, un des plus beaux et certainement le mieux conservé de toute l'Asie mineure. Pouvant accueillir 15000 spectateurs, il est doté d'une acoustique exceptionnelle, son monumental mur de scène est très richement décoré.

Maintenant il faut trouver un site pour l'éclipse qui approche ; le hasard nous guide vers un village isolé et notre choix se porte sur un terrain près d'une bergerie : c'est là que nous observerons demain.

Le jour J est arrivé, les rôles dans l'équipe sont distribués : Laurent et Sylvain aux photos derrière les lunettes, Liliane à la caméra sur trépied filmera l'éclipse, Michel photographiera l'évènement au téléobjectif, Sylvie et André ont en charge de restituer l'ambiance à l'aide de caméra et appareil photo.


La météo est favorable, nous quittons l'hôtel très tôt, on veut être à l'heure pour ce rendez-vous !

Comment on dit éclipse en turque ? Comment on dit éclipse en turque ?

L'accueil des propriétaires sur place est chaleureux, nous installons nos instruments, le compte à rebours commence la tension et la concentration montent.

Le groupe

12H38 : la Lune entre au 1° contact, c'est maintenant que débute l'éclipse ! L'agitation est perceptible, les caméras tournent, les appareils photo crépitent. Notre cercle d'observateurs s'agrandit et participe, on nous offre des oranges. La Lune grignote inexorablement le disque solaire, un léger vent frais se lève, température et luminosité diminuent, l'instant magique approche. Nous sommes maintenant à ¼ d'heure du 2° contact et l'ambiance devient étrange, des couleurs inhabituelles envahissent notre environnement, les ombres du feuillage changent de formes et s'ornent d'une multitude de croissants, répliques d'un Soleil décadent, images magnifiques d'une nature transformée, reproduisant à grande échelle l'expérience de la chambre noire. Un monocorde appel à la prière d'une mosquée voisine vient renforcer notre sentiment d'étrange, d'unique ; un coq chante, lui aussi participe à la fête.

phase partielle phase partielle phase partielle

phase partielle phase partielle phase partielle

petit contrôle

les ombres en forme de croissant

13H54 c'est l'éclipse totale !! Les exclamations fusent, en un instant la nuit s'est installée. Les grains de Bailly, phénomène éphémère dû au relief lunaire s'allument au 2°contact tels des reflets de diamant puis s'éteignent en quelques secondes. Pendant 3mn45s notre astre disparaît au-dessus d'un horizon clair et rougeoyant.Vénus s'éclaire, Mercure boude et ne se découvre pas. La lueur irrégulière de la couronne solaire se dévoile. Nous vivons un moment fort et émouvant dans la contemplation d'une partition de l'univers. Les oiseaux de nuit se manifestent par des chants d'accueil d'une nuit tombée trop tôt pour un temps trop court.

la totalité !

la couronne intermédiaire étendu de la couronne

13H58 déjà apparaissent à nouveau au 3° contact les grains de Bailly, mais ceux-ci ne s'éteindront plus, un fin croissant solaire éclaire une nouvelle aube, les ombres reprennent leurs formes surréalistes, nous avons l'impression de vivre le film à l'envers.



Observations

Quel spectacle !

Les discussions vont bon train, les commentaires fusent, déjà cet événement nous fuit ; la Lune continue sa progression, le Soleil se découvre lentement, quelques villageois nous quittent pour vaquer à leurs occupations, d'autres restent pour prolonger avec nous le plaisir d'une expérience commune.

Sylvie arbore à la boutonnière une fleur offerte, Liliane échange des adresses, Laurent gentiment se prête à une séance de photos de ses groupies.

Laurent et ses fans

Le lait de brebis

C'est déjà le 4° contact , la Lune et le Soleil se quittent, nous fixons dans nos appareils cette dernière image, l'éclipse est maintenant terminée, nous pouvons ranger notre matériel. Des jeunes filles nous offrent du lait, c'est le pot de l'amitié mais aussi celui de l'adieu, l'accueil des Turcs n'est pas un vain mot.

Déjà Michel bat le rappel, nous avons un avion à prendre pour rentrer à Istanbul, nous quittons les lieux direction l'aéroport.

Nous profitons de la dernière soirée à Istanbul pour prendre les ultimes photos d'une mosquée bleue tout illuminée : quelle journée !!

Voilà, notre voyage en Turquie touche à sa fin, c'est jeudi nous décollons direction la France avec nos précieux souvenirs.

Nous avons le sentiment d'avoir partagé des instants très forts de passion et d'émotions ; Le Soleil était au rendez-vous du 29 mars l'essentiel était là. Nous avons savouré et participé à ce show de la nature, spectacle unique et surréaliste à jamais gravé dans nos mémoires.

André BORDES