Le1m

Par Frédéric Géa, avec l'autorisation de l'ADIA et de David Vernet


Cet instrument est tout simplement hors normes. Hors normes par ses dimensions, hors normes par sa qualité optique. Sa monture appartient à l'association ADIA et les pièces optiques à David Vernet. Sa fabrication a commencé en 1993, mais comme tout télescope, il est sans cesse en évolution. Le primaire a un diamètre de 1 m, ce qui est peu courant, il est a F/D=3, ce qui est encore plus rare ! D'une masse de 100 kg, le primaire est en fait un ménisque mince moulé de 53 mm en pyrex. Il est placé sur un barillet astatique hybride à 27 points. Cela permet d'utiliser au mieux sa grande qualité optique. Encore une fois, inutile d'avoir un miroir d'exception si son support n'est pas à la hauteur. Le miroir secondaire, taillé dans une dalle de 40 mm de pyrex, est aussi une pièce optique étonnante. Son petit axe est de 300 mm, et 430 mm de grand axe, autant dire plus gros que bon nombre de miroirs primaires amateur. Il peut être utilisé en newton classique ou en coudé nasmyth grâce à l'ajout d'un troisième miroir  de 150 mm.

 

 

La monture est aussi très impressionnante. La fourche est réalisée en tubes d'acier soudés de 30 mm épaisseur 2 mm,  recouverte d'une  "peau d'aluminium", sa masse est d'environ 120 kg. De nombreuses bombes de mousse polyuréthane expansée ont été nécessaires pour la remplir. Les tubes en alu, de 50 mm de diamètre, sont joints par paire afin de  composer des "A" facilitant ainsi le montage. C'est un vrai serrurier car le barillet est lui aussi fixé à l'aide de 8 tubes.  Son poids sans l'optique est environ 300 kg. Si l'on ajoute le barillet et le primaire, le poids du tube optique complet passe alors à 500 kg. Afin de bouger un tel monstre, car oui, il s'agit d'un télescope mobile, la base de l'instrument reçoit un essieu de voiture. Cela donne un instrument d'un poids total de 1 tonne. Le montage prend un temps assez important mais pourrait être optimisé.

 

 

 

La motorisation est réalisée grâce à un système développé par l'association ADIA. Un micro ordinateur portable pilote les 3 moteurs, dont un destiné au dérotateur, nécessaire pour prendre des photos en mode altaz.

 

 

 

Lorsque l'on se trouve prés de l'instrument, on est étonné de sa compacité. Il est certes d'une taille imposante, mais son optique a F/D3 le rend plus accessible que les instruments de taille comparable, souvent équipé d'un miroir ouvert à F4,5 ou 5. La seule contrepartie de ce F/D3 est la nécessité de collimater soigneusement l'instrument et l'usage d'un paracorr. Au zénith, l'oculaire est à 3,5 m du sol. Mais quelles sont ses performances sur le ciel ? Sur ce site, les articles décrivant les instruments n'évoquent que peu l'observation, mais nous faisons une exception car  il n'y a pas que l'instrument qui soit hors norme, le spectacle l'est aussi.

 

 

La crainte des cimes passée, il faut admettre que le spectacle est à l'échelle de la bête. Nombre d'objets du catalogue NGC qui sont d'ordinaire de petites taches flous deviennent des proies brillantes, souvent plus belles que les messiers dans un 500 mm. M13 est un spectacle fabuleux, envahissant le champ, des milliers de petits points d'une grande finesse s'étalent sur un fond de velours noir. La petite galaxie qui se trouve entre M13 et NGC6207, de magnitude bien plus faible que l'amas est parfaitement visible en vision directe. Les objets classiques sont à peine reconnaissables. Grâce à un champ relativement important pour un instrument de cette taille, les dentelles peuvent tenir l'observateur en haleine pendant des heures, où que l'on observe, ce ne sont que filaments lumineux et finement torsadés. Vraiment, le diamètre apporte encore un gain fort appréciable par rapport aux dobsons plus classiques de 500 ou 600 mm de diamètre. Un seuil très net est franchi. Les étoiles des autres galaxies, comme M31 ou M33, bien que de magnitude souvent supérieure à 18, sont facilement visibles en vision directe. Sur Orion, l'acclimatation nocturne est tout simplement perdue, laissant, lorsque l'on ne regarde plus à l'oculaire, une tache sombre de la forme du centre de la nébuleuse sur le fond de l'oeil ! Mais le plus étonnant, c'est que ce télescope, qui semble tout entier dédié au ciel profond, de par son diamètre et son FD, offre des performances exceptionnelles en planétaire. Jupiter et Saturne sont à couper le souffle, c'est une vision tout simplement spatiale ! De par l'excellent contraste offert par l'optique, il semble que la planète flotte littéralement devant l'observateur. Les couleurs si subtiles des planètes sont parfaitement visibles avec une subtilité de tons à peine croyable. Un Newton de 1M ouvert à F3 est aussi un très bon instrument en planétaire.

 

 

Merci à David Vernet, Thierry Legault et Luc Arnold pour les photos.

 


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