Sky commander

par Frédéric Géa


    Le nombre d'objets visibles dans un télescope est pour le moins imposant. Mais avant de les observer, encore faut-il les trouver. De longues heures de pratiques permettent à chacun d'affiner sa technique de recherche grâce à l'utilisation des cartes et d'un bon chercheur. Mais le "star-hopping" (cheminement visuel) n'est plus l'unique solution qui s'offre aux observateurs. Depuis quelques années sont apparus les cercles de coordonnées digitaux. A l'origine, ils n'indiquaient que la position pointée par l'instrument. L'évolution technique aidant, ils se sont vite vu adjoindre une base de données d'objets. En 1994, j'ai décidé d'équiper mon ancien 406mm avec un système similaire. Après quelques recherches, j'ai choisi le modèle proposé par Victor McKeighan: le SkyCommander(tm). Meilleur marché, avec une base de 9000 objets, son prix est de $390, soit un peu plus de 3200FF T.T.C. pour un $ à 6FF. Victor se rend souvent à la Winter Star Party (en Floride) et son produit semble très apprécié des amateurs US. Le pacquage comprend l'ordinateur, les câbles et les deux encodeurs avec les pièces nécessaires à leur installation. N'ayant pas prévu cela lors de la conception du 406mm, quelques modifications ont été nécessaires. Par contre, le 560mm a été dessiné en conséquence. Comme l'encodeur azimutal (de 42mm d'épaisseur) est juste sous le passage du miroir primaire, il faut laisser une marge. On peut aussi l'intégrer dans la base et le laisser en permanence. Cet encodeur est fixé sur le pivot pré-percé de la base. L'axe de l'encodeur d'altitude est centré et fixé sur un des tourillons du télescope comme l'est un oculaire dans un porte-oculaire. Mon instrument actuel ne comportant pas de tourillons, je l'ai matérialisé avec un bras de fixation.

Le principe de fonctionnement est relativement simple. L'encodeur azimutal et l'encodeur d'altitude envoient les informations via les câbles au SkyCommander qui les traite.

Le pointage

En début de nuit la procédure consiste à fixer l'encodeur d'altitude, celui d'azimut reste en place lorsqu'il est bien protégé, puis de relier le tout à l'ordinateur à l'aide des câbles. La "mise en station" si on peut la nommer ainsi, est la suivante :

1 - Mise sous tension du SkyCommander

2 - Entrée de la date du jour (nécessaire pour déterminer la position des planètes)

3 - Centrage du télescope sur une première étoile (catalogue de 40 étoiles brillantes)

4 - Centrage sur une deuxième étoile également dans le catalogue.

Deux types de coordonnées sont disponibles à l'affichage: altazimutal ou déclinaison-ascension droite (plus pratique dans le cas d'une monture équatoriale). L'utilisation en altazimutal proprement dite est des plus simples :

1- Choix du catalogue des objets

2- Choix du numéro dans le catalogue

3- Apparaissent les angles qui nous séparent de l'objet

4- On déplace l'instrument sur ses axes jusqu'à ce que l'afficheur indique 000.00 en altitude et 000.00 pour l'azimut. Des flèches indiquent le sens des rotations à effectuer.

Plus complexe à décrire qu'à réaliser sur le terrain, ces procédures deviennent vite un réflexe et quelques dizaines de minutes suffisent pour maîtriser les fonctions nécessaires à l'usage courant du SkyCommander. Les boutons sont très pratiques et utilisables avec des gants. L'afficheur vert dispose d'un réglage de l'intensité. Afin d'économiser la pile, un mode "veille" est disponible. La pile standard de 9V nécessaire au fonctionnement de l'ordinateur de pointage permet une autonomie d'environ 30 à 40 heures. Le mode veille permet d'économiser la pile sans avoir à réaligner l'instrument, une simple pression sur un des touches et l'ordinateur est réactivé. Afin de ne pas tomber en "panne sèche", la durée restante de la pile est affichée sous forme de barres.

Sur le terrain, c'est un plaisir de choisir un objet puis, après quelques mouvements de l'instrument, de l'avoir à l'oculaire. Un sol dur, un alignement soigné et un bon montage améliorent sensiblement la précision de pointage.

Les objets disponibles

La base contient donc une sélection de 9000 objets et leurs descriptions (Magnitude et type; pas toujours fiables). Certains oublis sont surprenants (NGC 4676 par exemple), mais si on ne trouve pas son bonheur, il est possible d'ajouter un catalogue personnel de quelques dizaines d'objets ou de la comète de la nuit.

Les extraits proviennent des catalogues suivants : Messier, NGC, IC, UGC, Collinder, Trumpler, Berkeley, Barnard, Melotte, les planètes, 600 étoiles doubles (SAC), et le catalogue personnel. Il existe une liaison possible avec Guide ainsi que d'autres logiciels (notamment pour télécharger des coordonnées via le port série optionnel), mais ne disposant pas d'un P.C. sur le terrain je n'ai pas encore pu tester cela.

Différentes fonctions

Une fonction très utile : le réalignement. Lorsque l'on cherche un objet faible, il est possible de réaligner le pointage sur un objet proche et clairement identifié, puis de parfaitement centrer les coordonnées (000.00 - 000.00) sur le but de sa recherche. On est alors sûr que la NP ou la lointaine galaxie est centrée à l'oculaire. Plus gourmand en pile mais parfois utile, le mode "Search" propose sans cesse à l'écran le nom possible des objets qui passent dans le champ de l'oculaire.

La base de données peut également être consultée par constellation, le SkyCommander proposant les différentes NP ou autres amas disponibles. Afin de limiter ce type de recherche, il est possible d'indiquer la faiblesse de la magnitude à ne pas dépasser. Une fonction a été prévue pour l'utilisation d'une table équatoriale afin d'éviter le réalignement de l'ordinateur à chaque redémarrage.

Utilisation

Sur le terrain, le SkyCommander me donne entière satisfaction. Certes, le charme des cartes à la faible lumière disparaît mais le confort, lui, est en net progrès. Il est préférable d'établir une liste des objets à observer et de réaliser un véritable itinéraire touristique. Le temps disponible pour l'observation augmente nettement et évite pas mal de recherches frustrantes lorsque les objets sont à la limite de la perception. Une minute est suffisante pour trouver la plupart des cibles et après 4 ans d'utilisation, il me serait difficile de ne plus utiliser ce système.

 

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