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Du côté des étoiles par Serge Brunier

A la une

Dimanche 8 Mai 2005
Plaidoyer pour la protection du ciel nocturne

La onzième édition du Guide du Ciel, de Guillaume Cannat, est parue chez Nathan. Guillaume Cannat, astronome amateur chevronné, est l’héritier d’une vieille tradition française de vulgarisation scientifique, qui a débuté au XIX e siècle avec l’astronome François Arago et Camille Flammarion, qui était lui aussi astronome amateur, auteur et journaliste. Le Guide du ciel 2005-2006, comme chaque année, présente les spectacles célestes à venir, des plus courants et faciles à voir, jusqu’aux phénomènes les plus rares. Mais ce qui fait la réelle magie de cet ouvrage – désormais copié par maints auteurs et éditeurs moins talentueux et imaginatifs - c’est son parfait mélange des genres réussi par G. Cannat, comme le Chef 3 étoiles mêle parfois avec bonheur les saveurs les plus antagonistes. Le Guide du ciel, en effet, s’adresse indifféremment à l’astronome chevronné et au simple curieux du ciel. Le Chiffre et le Songe, comme dirait Hugo, trouve tout son sens dans ce livre : ici, des tableaux de données, véritable " langage compacté " à l’usage des initiés, là des descriptions claires et précises, voire littéraires et poétiques, récits d’observations incitant à se lever la nuit et… lever les yeux vers le ciel.

Seulement, pour suivre Guillaume Cannat dans ses périgrinations célestes, encore faut-il que le ciel soit pur et bien noir. Or, en France, comme partout en Europe, la pollution lumineuse est devenue un véritable fléau, que les astronomes amateurs ont décidé de prendre à bras le corps. Proposer aux collectivités locales un éclairage nocturne adapté permet non seulement aux astronomes d’observer le ciel mais aussi à maintes espèces animales nocturnes, en particulier migratoires, de retrouver la paix. Enfin, un meilleur éclairage nocturne est aussi une source d’économie. Lentement mais sûrement, le message des associations de défense du ciel nocturne commence à porter : dans la commune de Nordheim, en Alsace, la nuit, la Voie lactée est désormais visible les nuits sans Lune. Aujourd’hui, toujours en Alsace, les astronomes amateurs, mais aussi les associations de défense de la nature, luttent pour préserver un site astronomique remarquable : le Champ du Feu. Là, à 1100 m d’altitude, astronomes amateurs et amoureux de la nature au sens le plus large du terme profitent encore d’un ciel d’une grande pureté. Apparemment insensibles au choc métaphysique que seule la confrontation " au vrai ciel des étoiles " cher à Alain peut provoquer, des promoteurs ont eu la " riche " idée de tracer sur ce site naturel une piste de ski, avec son inévitable cortège de projecteurs, de canons à neige, etc. Si les astronomes professionnels ont depuis longtemps renoncé à observer l’Univers lointain depuis l’Europe continentale – en s’isolant au sommet de montagnes des Andes, d’Hawaï ou d’Arizona, - les simples citoyens eux, peuvent espérer que, dans notre pays, demeurent quelques fenêtres grandes ouvertes sur la nuit, son histoire, ses mythologies, ses cosmogonies, qui, du Miracle Grec aux Lumières en passant par la Renaissance, ont fondé notre civilisation.



Sur le web

Le site de Guillaume Cannat
Pour en savoir plus sur l’astronomie, l’espace, les spectacles cosmiques, les cartes célestes, les liens du réseau Internet, etc…

Le Collectif pour la protection du ciel nocturne a
Le site du Champ de Feu, en Alsace, est un havre de paix pour une riche faune. La nuit, des astronomes s’installent pour admirer la voûte céleste. Le Collectif pour la protection du ciel nocturne au Champ du Feu est soutenu par un astronome aussi soucieux de la Terre que du ciel : Hubert Reeves.

L’Association nationale pour la protection du ciel
Que faire pour préserver le ciel nocturne ? Quelles solutions techniques peut-on proposer aux collectivités pour, simultanément, faire des économies d’énergie et permettre aux citoyens de retrouver le ciel nocturne ?