LES MÉTÉORITES

MESSAGÈRES DE NOS ORIGINES

   Mon premier souvenir : la nuit, des lumières descendent du ciel. Le lendemain, je sautais dans les flaques d'eau, c'était amusant. Le bombardement avait fait éclater les conduites d'eau. Deux années plus tard, je m'amusais à descendre dans ces grands trous ouverts par l'explosion des bombes. Ce fut mon premier contact avec le ciel.

«...dessine-moi un mouton !»

   Tous les matins de la semaine, en entrant à l'école, nous faisions le «salut aux armes». En effet, les armoiries de la ville de Gennevilliers, en mosaïque au-dessus de l'entrée, représentent une bergère et ses moutons. Nous n'étions pas des agneaux, mais nous étions bien gardés. Mes premiers dessins furent des bombardiers, des chasseurs, la guerre avait laissé ses traces. Très vite, mes maîtres me parlèrent des premiers aviateurs, des premiers avions. Ader et sa drôle de machine volante, Blériot, Nungesser et Coli, Lindberg, Mermoz, Guillaumet...

 

Armoiries de la ville de Gennevilliers.
Mosaïque au-dessus de l'entrée de l'école Gallieni. 1930

 

Mon atlas : comètes, galaxies, cratère lunaire, météorite Canyon Diablo, Meteor Crater.

 

   Adolescent, autre lieu. Mon atlas s'ouvrait sur les photographies du ciel et de l'exploration de la Terre. Mon professeur de français et d'histoire-géographie, ayant perçu mon intérêt pour l'aviation, me mit en main les livres de la bibliothèque concernant le développement de l'aviation, les fusées, l'histoire de l'Aéropostale et les œuvres de Saint-Exupéry. Une «pierre de foudre» me traversa. On ne pouvait trouver meilleur vocabulaire pour un fils de Normand :

   «Une étoile luisait et je la contemplai... Et je reçus un coup au cœur, quand je découvris... à quinze ou vingt mètres de moi un caillou noir... Le cœur battant je ramassai donc ma trouvaille : un caillou dur, noir, de la taille du poing, lourd comme du métal, et coulé en forme de larme.
   Une nappe tendue sous un pommier ne peut recevoir que des pommes, une nappe tendue sous les étoiles ne peut recevoir que des poussières d'astres; jamais aucun aérolithe n'avait montré avec une telle évidence son origine.
Et tout naturellement, en levant la tête, je pensai que du haut de ce pommier céleste, devait avoir chu d'autres fruits... Et j'assistai ainsi, dans un raccourci saisissant, du haut de mon pluviomètre à étoiles, à cette lente averse de feu»

Antoine de Saint-Exupéry, «Terre des Hommes»

   Le virus était entré en moi. Il ne s'agissait que de l'alimenter. Un jour de vacances 1982, j'effectuais un achat de miel chez un apiculteur. Celui-ci avait dans son magasin trois vitrines de minéraux. Mon «petit prince» vint me tirer la manche pour me montrer l'objet de sa convoitise, une petite figurine en agate. Mon cœur s'arrèta. Là, à sa droite, des cailloux de métal, et une étiquette : «météorite, sidérite, Odessa, Texas». Je sortis du magasin un peu plus lourd. J'avais en main ma première météorite.

Un petit bonhomme en agate, et ma première météorite.

   À première vue, les météorites sont des pierres bien communes, leur aspect bien banal, peu coloré, aux formes indéfinies. Mais elles sont et viennent d'ailleurs. Elles présentent un parfum d'exotisme. Par elles, s'ouvre la connaissance de notre environnement cosmique et de la formation du système solaire. Toucher une météorite, c'est sentir la matière primitive, la matière la plus ancienne que l'on peut côtoyer. Les météorites, pour peu que l'on veuille percer leurs secrets, nous racontent les balbutiements de nos origines. Un long voyage dans l'espace, le temps, vers les étoiles.

   Mais comment se présentent-elles ? Que pourrait être une collection de météorites ?

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