Scanner l'image

Le traitement par informatique des anciennes images argentiques est à la fois beaucoup plus simples et beaucoup plus efficace que ne l'était le travail en chambre noir. Il faut tout d'abord digitaliser le cliché à traiter, c'est à dire le convertir en un fichier numérique lisible sur l'ordinateur. C'est le rôle du scanner. Un scanner a plat permet de numériser avec précision des tirages papiers. Cependant, un tirage papier est toujours moins détaillé que le négatif ou la diapositive dont il est issu. Il est par conséquent préférable de scanner directement les originaux à l'aide d'un scanner à négatif. Un logiciel de traitement est indispensable. Il en existe des versions plus ou moins performantes livrées avec tous les ordinateurs et les scanners. Le logiciel Adobe Photoshop est l'un des plus complets.

Réglages luminosité-couleurs-contraste

On commence par régler la luminosité de l'image. Il se peut par exemple que le cliché de départ ait été un peu sous-exposé ou au contraire que l'image soit trop délavée. Une fois que le fond du ciel n'est ni trop clair ni trop sombre, on corrige la dominante de couleur, dans la rubrique "balance des couleurs" du logiciel de traitement. Un petit curseur permet d'équilibrer les trois couleurs fondamentales (rouge/vert/bleu) avec leur complémentaire (cyan/magenta/jaune). Si le fond du ciel est verdâtre, il faut déplacer le curseur vert/magenta vers le magenta jusqu'à ce que la couleur paraisse satisfaisante, et faire de même avec les autres couleurs. On peut préférer un fond de ciel neutre ou plutôt légèrement bleuté... c'est affaire de goût.

Exemple de correction de couleur. A gauche : cliché brut, dominante verdâtre. A droite, image corrigée pour obtenir un ciel plus neutre.

Sans ordinateur, on pouvait augmenter le contraste en réalisant un contretype sur film à haut contraste, mais cela demandait un peu de temps ! Ici, rien de plus simple pour améliorer le contraste : il suffit de déplacer le curseur du contraste jusqu'à l'accroître de 20 ou 30%. Dans les logiciels spécifiques (Photoshop, Picture Windows), des techniques plus fines consistent à travailler sur les "niveaux" ou mieux, sur les "courbes". On peut enfin donner plus de "claquant" à l'image en saturant les couleurs. Là encore, le travail se résume à un petit déplacement de curseur, dans la rubrique "saturation des couleurs". Attention à tous ces réglages : un contraste accru fera jaillir le grain, des couleurs trop saturées ne seront pas du meilleur effet. Par ailleurs, il est impossible de faire apparaître des détails qui ne figurent pas sur l'original !

Compositage

Puisque le grain d'une pellicule est réparti de manière aléatoire, on le diminue en combinant plusieurs clichés : on améliore le rapport signal/bruit. Cela permet aussi bien de réduire le grain d'images de planètes (le bruit) que de mettre en valeur les détails faibles de clichés du ciel profond (le signal). Il faut cependant être très rigoureux dans l'alignement des différentes images à superposer. On choisit l'opacité des calques en fonction du nombre d'images à superposer : 50% pour la première image compositée, 33% si on combine un troisième cliché, etc...).

Exemple de compositage. A gauche : une seule image de M 100, pose de 30 min sur film Supra 400. A droite : trois images identiques,combinées avec le logiciel Picture Window. On note l'amélioration du rapport signal/bruit.

Masque flou

Cette opération permet de mettre en évidence des détails difficilement perceptibles dans le cliché brut, notamment sur les planètes et dans les régions brillantes des objets diffus. Avec un ordinateur, c'est l'affaire de quelques minutes. L'image doit être dupliquée, puis cette copie subit une baisse de luminosité et de contraste. On lui applique ensuite un "flou gaussien" de quelques pixels. La copie, qui n'est plus qu'une image sombre et floue, sert de masque. On applique ce masque à l'image principale en mode "soustraction" et, après rétablissement du contraste, l'image doit montrer davantage de détails que l'original.

Un masque flou sur la nébuleuse M 42 permet de mieux distinguer son coeur brillant.

LE CONTRETYPAGE

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Introduction

         A l'heure ou le traitement se fait par ordinateur, cette technique n'est plus utilisée aujourd'hui et n'est citée que pour information.

         Plutôt que de tirer directement un négatif sur papier, il était possible de le copier afin d'obtenir une diapositive. Cette opération permettait d'augmenter le contraste et la saturation des couleurs, ainsi que de corriger la dominante du fond du ciel. De plus, les laboratoires commerciaux avaient plus de facilité à tirer une diapositive d'astronomie sur papier qu'un négatif. N'importe quel film négatif à grain fin convenait pour contretyper le négatif original mais il existait un film spécialement étudié pour la couleur : le Kodak Vericolor. Ses caractéristiques essentielles étaient un très grand contraste, une granulation très fine et l'absence de base colorée. Le fait de travailler directement sur diapositive constituait un moins bon choix car les films inversibles s'hypersensibilisaient mal et étaient plus granuleux que les négatifs de même sensibilité. Une fois encore, depuis l'avènement des scanners à négatifs et des logiciels de traitement d'image, les astrophotographes n'utilisent plus, même en argentique, cette technique de laboratoire, assez contraignante par les multiples essais qu'elle impliquait.

La nébuleuse IC 1396. A gauche : négatif tiré directement sur papier. A droite : négatif contretypé sur Vericolor pour former une diapositive. (les scans du tirage papier et de la diapositive n'ont pas été retraités).

Le matériel

        La réalisation du contretype pouvait s'effectuer de trois manières différentes :

        - sous un agrandisseur. On utilisait un objectif d'environ 100 mm de focale pour obtenir des diapositives à l'échelle 1: 1. Un objectif de 75 mm de focale convenait pour de légers agrandissements lors de la reproduction (un rapport 2:1 était la limite raisonnable). Il devenait alors possible de recadrer une partie du négatif.

        - par copie contact. On disposait l'original et le film de conversion l'un contre l'autre sous une plaque de verre que l'on éclairait durant la pose. Il fallait découper et manipuler les négatifs servant à la conversion dans le noir absolu. Seule l'échelle 1: 1 était accessible. Cette technique était la seule n'entraînant pas de perte de netteté due aux optiques.

        - avec un duplicateur optique. Cet accessoire destiné à la reproduction de diapositives convenait très bien convenir au contretypage de négatifs. L'optique devait être de bonne qualité afin de ne pas introduire une dégradation trop importante de la finesse d'image. Là encore l'échelle 1:1 était la seule accessible.

Les filtres

        Les filtres à utiliser étaient de type Kodak Color Compensating (CC). Ces filtres peu sélectifs ont différentes densités dans les trois couleurs primaires soustractives jaune, magenta et cyan. On les interposait entre la source lumineuse et le négatif à contretyper (dans le casier à filtres d'un agrandisseur par exemple). La difficulté consistait à déterminer la combinaison des filtres qui permettait d'obtenir un fond neutre sur la diapositive finale. Il était bon de pouvoir ajuster la densité de chacune de ces couleurs à 0. 1 près, ou mieux 0.05 près.

        L'examen des diapositives ne devait se faire que lorsque le Vericolor était complètement sec. Une base de 10Y+ 10M (filtre jaune densité 0.1 et magenta densité 0.1) était un bon point de départ. Cependant, un très grand nombre de paramètres tel que le type du film, la durée du développement, le temps de pose au télescope et la qualité du ciel venaient modifier le filtrage à adopter. Des essais étaient indispensables pour chaque nouveau négatif.

Exemples de corrections en fonction du fond de la diapositive obtenue :