ETOILES ET RADIOACTIVITÉ
par Marcel Besnier
Depuis la nuit des temps la radioactivité est omniprésente, elle
inquiète et fascine, on la trouve même dans les rejets des supernovae.
Commençons par faire un tour du phénomène : Il a été découvert
par le physicien français Henri Becquerel, en 1896, qui constata que luranium
impressionnait une plaque photographique bien quil soit séparé de celle ci par du
papier noir. Il remarqua également que ce rayonnement inconnu est capable de décharger
un électroscope prouvant ainsi quil possède une charge électrique. Dés 1898
Pierre et Marie Curie montrèrent que ce phénomène est lié aux atomes et cest
Marie Curie qui proposa le nom de radioactivité. Elle remarqua
que ce rayonnement ionisait lair et se servit de cette particularité pour
découvrir dautres éléments radioactifs : le polonium, le radium
En 1899, lAnglais E. Rutherford caractérisa trois sortes démission
radioactive en soumettant le rayonnement à un champ électrique :
1) lémission BETA composée délectrons et donc déviée
vers le pôle positif ;
2) lémission ALPHA formée dun noyau dhélium (2
protons et 2 neutrons), donc positif et déviée vers le pole négatif dans une moindre
mesure car beaucoup plus massif ;
3) des rayons GAMMA, sans charge, ne subissant aucune déviation.
Les particules alpha et bêta sont émises avec des vitesses
vertigineuses mais sont très vite stoppées par la matière, notamment par lair
quelles ionisent. Les particules alpha ne parcourent qune dizaine de
centimètres dans lair et quelques centièmes de millimètres dans laluminium,
les particules bêta sont 100 fois plus pénètrantes. Les rayons gamma peuvent traverser
plusieurs centimètres de plomb et détruirent toute vie sur leur passage.
Que se passe t-il donc au cur de la matière ?
La quasi-totalité de la masse des atomes réside dans le noyau
constitué de protons, positifs, et de neutrons. Ces particules sont maintenues serrées
les unes contre les autres grâce à la force nucléaire qui compense la répulsion
électrique des protons entre eux. Sil y a trop de protons, la force nucléaire
nest plus assez forte pour assurer la cohésion de lensemble, même avec un
surplus de neutrons. Le noyau se désintègre donc soit en émettant une particule alpha,
donc en perdant 2 charges positives, soit par fission spontanée cest à dire en se
scindant en deux noyaux plus légers, ce qui génère une importante émission gamma. La
fission spontanée nest possible que pour les noyaux très lourds comme celui de
luranium et uniquement dans les réacteurs nucléaires ou les bombes atomiques où
lon bombarde les noyaux duranium avec des neutrons. On libère ainsi la force
nucléaire forte, responsable de la cohésion des noyaux atomiques, ce qui dégage une
énergie considérable.
Certains éléments de la vie de tous les jours possèdent ce
quon appelle un isotope radioactif. Dans le cas du carbone
cest le fameux carbone 14. Il est formé dans la haute atmosphère par les rayons
cosmiques. Ces derniers bombardent les noyaux datomes dazote pour les
transmuter en noyaux de carbone lourds avec donc 14 particules au
lieu des 12 habituelles. Cet isotope nest pas stable, au fil du temps il décroit en
azote grâce à la radioactivité bêta, ce qui en fait un bon moyen pour dater les
fossiles. En effet les plantes et animaux morts nabsorbent plus le carbone 14 de
lair, la quantité de cet isotope instable diminue donc petit à petit au fil du
temps après la mort de lintéressé. Or nous connaissons le rapport carbone 14 sur
carbone 12 chez les êtres vivants, il suffit donc de mesurer ce rapport dans les fossiles
pour connaître leur age.
Nous venons de parler de décroissance, cest ce qui caractérise
un élément radioactif. Par exemple, luranium livré à lui-même va décroître en
plomb après une dizaine démissions spontanées de particules alpha et bêta. On
définit également la période dun élément radioactif qui est le temps pendant
lequel la moitié des atomes, dun groupe donné, se sera désintégré en un autre
élément. Pour le carbone 14 elle est de 5700 ans ( tous les 5700 ans la population de
carbone 14 diminue de moitié).
Et dans les supernovae ?
Le 23 février 1987 survint une supernova dans le grand nuage de
Magellan, ce fut la première visible à lil nu depuis 4 siècles. On avait à
faire à une supernova de type II ( SNII ), cest à dire à lexplosion
dune étoile massive ( les supernovae de type I sont des explosions
thermonucléaires dune naine blanche qui se désintègre complètement ). Cet
évènement à donc permit de valider la théorie sur la radioactivité des
supernovae, en vigueur depuis les années 1960, qui suggère une chaîne de
désintégrations radioactives qui aboutit au fer : le nickel radioactif se
désintègre en cobalt radioactif qui se désintègre en fer. Les réactions
sarrêtent là car le fer est lélément le plus stable de lunivers ce
qui explique le « pic du fer » dans la courbe de labondance des
différents éléments. Que se passe t-il exactement dans le cur des atomes ?
Le nickel possède 28 protons dans son noyau, il va décroître
cest à dire quun de ses protons va se transmuter en neutron plus
dautres petites choses. Désormais nous avons donc à faire à un noyau de cobalt
avec 27 protons. A son tour le cobalt va décroître pour donner un noyau de fer avec 26
protons. Voilà le tour est joué
!
Dés le mois de mai 1987 la luminosité de la SN a commencé à
décroître dun facteur 2 toutes les 11 semaines, ce qui est exactement la période
de décroissance du cobalt radioactif. Voici donc un formidable exemple de vérification
dune théorie par lobservation. La masse du cobalt à même était
calculé : 0,07 masse solaire. |