LE PROJET
SPECTR'AUDE


Voir aussi la page consacrée à la version basse résolution du spectr'aude...

Spectr'Aude est un spectrographe économique mais performant, autorisant de véritables recherches astrophysique dans le monde des amateurs. Spectr'Aude est aussi un accessoire majeur de la caméra Audine.

Spécifications :

S'adapte sur les télescopes du type Schmidt-Cassegrain (léger et compact)
Montage Littrow
Réseau : 600 traits/mm ou 1200 traits/mm (50 mm de coté)
Mode spectro-imagerie + possibilité d'ajouter une fente
Utilise un seul objectif photographique standard (50 à 200 mm)
Résolution spectrale : 5500, soit un  pouvoir séparateur de 1,2 A (avec un réseau de 1200 tram et un objectif de 200 mm)
Possibilité d'ajouter une caméra de guidage
Faible coût : 3500 F max. (sans la caméra CCD)


Schéma de principe du spectrographe. Le réseau est utilisé en mode Littrow. Le même objectif photographique sert à la fois de collimateur et d'objectif de chambre. Noter qu'une caméra de guidage pourrait être implémenter.

Etude CAO du Spectr'Aude.

Le spectrographe est entièrement carrossé pour éviter l'entrée des lumières parasites. Le bouton de couleur jaune sur cette vue permet d'ajuster le domaine spectral observé avec la caméra CCD.


Quelques vues du prototype en bois du Spectr'Aude en cours d'assemblage. On note la caméra Audine à l'arrière d'un objectif photographique de 135 mm. A l'avant de l'objectif on trouve le porte réseau. Celui-ci est articulé afin de sélectionner la région spectrale étudiée. L'interface télescope montrée ici permet une adaptation du spectrographe sur les lunettes de la marque Takahashi. Le spectrographe est suffisamment léger et compact pour s'adapté efficacement sur des instruments relativement modestes (une lunette de 100 mm de diamètre permet d'étudier par exemple des étoiles Be avec un rapport S/B suffisant jusqu'à la magnitude 7 avec un résolution de R=5000 environ).

 Réglage du spectrographe par une technique d'autocollimation (on appercoit un miroir à l'avant de l'objectif) . Un trou au niveau du porte fente optionnel est éclairé par une ampoule et simule une étoile.

Le prototype du Spectr'Aude complètement intégré dans sa boite (l'étanchéité à la lumière est essentielle).

Le spectrographe placé au foyer d'une lunette FSQ-106 de Takahasi. La monture est une NJP-160 largement sur-dimensionnée pour le besoin.

Le spectrographe dans sa position de travail (l'axe de la dispersion du spectre est orienté de manière à minimiser les effets d'une erreur de suivi sur la résolution spectrale). Noter que la taille du Spect'Aude est raisonnable.

On aperçoit sur un coté du spectrographe une vis qui permet de sélectionner le domaine spectral (cette vis agit sur la rotation du porte réseau). Remarquez aussi le comparateur à cadran, absolument indispensable pour assurer une focalisation irréprochable.

28 juillet 2000... Première Lumière du Spectr'Aude

Région de la raie H-alpha de l'étoile Véga. En rouge, le profil spectral donné par le spectrographe R3000 lors d'une observation en 1999 (flat-field caméra de 190 mm). En bleu, le profil spectral donné par le Spectr'Aude (lunette Takahashi FSQ-106). La configuration utilisée dans le Spectr'Aude confère un gain sensible en résolution, qui est estimée à R=5500. Avec un objectif de 135 mm et un réseau de 1200 traits, l'échantillonnage du spectre est de 0.515 A/pixel. On note la très bonne cohérence des données spectrales acquises à un an d'intervalle et avec des  instruments sensiblement différents.

En bleu, le spectre au voisnage de raie H-alpha de l'étoile Véga  acquis avec le Spectr'Aude le 28 juillet 2000 (copositage de 10 poses de 20 secondes). En rouge, un spectre synthétique de la transmission atmosphérique ajustée au spectre obtenu avec le Spectr'Aude. En dehors de la raie H-alpha, la quasi totalité des raies sont ici provoquées par la vapeur d'eau de notre atmosphère. Le spectre de H2O permet de réaliser une calibration spectrale absolue particulièrement efficace en faisant la corrélation entre le modèle et l'observation. Ceci est très précieux dans un spectrographe utilisé sans fente du fait de l'impossibilité d'utiliser des lampes spectrales de calibration. Ainsi l'erreur sur la position des raies est estimée ici à 0.05 A,  ce qui représente en vitesse radiale 2.3 km/s (nous somme loin des 10 m/s typiques nécessaires pour détecter des planètes extrasolaires, mais cela permet déjà d'étudier un bon nombre de binaires spectroscopiques par exemple).

A gauche, le spectre de la raie H-alpha de Véga pollué par la présence de la vapeur d'eau atmosphérique. A droite, le même spectre traité pour éliminer les raies telluriques. Ce dernier profil spectral est suffisamment détaillé pour montrer la double structure de la raie H-alpha de cette étoile, qui est la convolution d'un profil gaussien et d'un profil de Lorentz. Le profil spectral résultant est dit profil de Voigt. Sa forme traduit précisément des conditions règnant à la surface de l'étoile (mouvement turbulant des atomes, collisions entre particules, pression, etc).


Test de résolution. Petite portion du spectre de l'étoile Zeta Cephée (type spectral K1) au voisinage du doublet du sodium (D1-D2). La longueur d'onde de ces raies est 5889.97 et 5895.94 A respectivement. Le doublé, écarté de 6 A environ, est parfaitement séparé par le Spectr'Aude. Une petite raies est même visible à l'intérieur, ce qui dénote le bon pouvoir séparateur du spectrographe (R=5500). Il faut souligner que dans un spectrographe sans fente, la résolution spectrale est pour une bonne part donné par la qualité image du télescope. J'ai privilégié ici un instrument de diamètre modeste mais qui fourni une qualité d'image irréprochable : en intégrant sur tout le domaine spectral d'un CCD la largeur à mi-hauteur des étoiles au foyer de la lunette FSQ-106 (quadruplet fluorite) est de typiquement de 1.2 pixel (KAF-0400 utilisé en binning 1x1). Par ailleurs, qui dit petit diamètre dit aussi faible sensibilité à la turbulence atmposphérique. Ainsi avec un diamètre de 100 mm quasiment tous les spectres acquis sont exploitables en permanence. Les capacités de cette lunette (et de manière générale de toutes les lunettes apochromatiques) s'avèrent particulièrement adaptées à la spectrographie. La non obligation de devoir placer l'étoile au centre d'une fente offre un gain de temps considérable et donne un rendement maximum au spectrographe. La productivité de cette configuration fait merveille. Un télescope plus gros est utilisable, par exemple un SC de 200 mm, mais il faut veiller à le collimater parfaitement. Avec ce dernier instrument il ne faut pas hésiter à utiliser un réducteur de focale car les images d'étoiles sont alors plus fines et les effets néfastes de la turbulence atmosphérique atténués. Pour un seeing de 2.5 pixels de 9 microns au foyer (typique d'un telescope de 200 mm ou plus) la resolution spectrale est estimée à 1.6 A. Le Spectr'Aude accepte des faisceaux jusqu'à l'ouverture du télescope de F/D=3.


Etoiles du survey Be observées la nuit de la première lumière. La pic très fin au sommet de la raie H-alpha de l'étoile 59 Cyg n'avait jamais était vu auparavant (compositage de 10 poses de 2 minutes). L'étoile HD207232 est de magnitude 7 (compositage de 12 poses de 2 minutes). Des étoiles aussi faibles peuvent être étudiées avec une lunette de 100 mm de diamètre et une résolution de plus de 5000. Il faut souligner que ces données ont été acquises dans un environnement urbain. La spectrographie est une très bonne activité même si vous n'êtes pas gâté coté lumière parasite. Malgré de mauvaises conditions d'observations vous allez entrer dans l'intimité des étoiles et acquérir ainsi des données qui sont la matière première de l'astrophysique.

Premier bilan : le Spectr'Aude fonctionne comme prévu et cela, dès la première nuit d'utilisation. Le rendement est excellent : avec un télescope de 200 mm il est possible d'étudier des étoiles de magnitude 9 avec un rapport signal à bruit sur le continuum de 20 environ en 30 minutes de pose. Le poids est raisonnable (il est possible de l'utiliser sur une monture GP avec un instrument type C8). La maniabilité et la compacité sont très supérieures à tous les spectrographes que j'ai utilisé jusqu'à présent. Le seul problème sérieux rencontré sur le prototype provient de l'objectif photographique qui présente un défaut de chromatisme assez sévère (0.4 mm de défocalisation entre la région verte du spectre et la région de la raie H-alpha). Au voisinage de la raie H-alpha l'effet du chromatisme ne permet d'avoir un spectre net que sur un intervalle spectral de 300 A environ. La situation est meilleure dans la partie verte du spectre, mais s'agrave vers le bleu et l'UV.

Un nouveau prototype a été contruit autour d'un objectif Nikon de 180 mm de focale : il n'y a pas de secret : en utilisant un objectif de qualité et de grande marque la chromatisme a sérieusement diminué.

Il est possible d'obtenir en 25 minutes de pose un spectre avec un rapport S/B de 20 typiquement sur une etoile de magnitude 7 avec une lunette de 106 mm de diametre et R=5500 (resolution de 1.2 A dans la raie H-alpha). La magnitude 12 devrait être atteinte avec un telescope de 400 mm et avec un resolution de 6 A (reseau de 600 traits/mm et objectif de 50 mm).

L'élément le plus coûteux du Spectr'Aude est le réseau (un réseau de 50x50 mm de coté de 1200 traits/mm). Il revient à 150$ chez Edmund Scientific. L'ensemble du spectrographe doit revenir à 3500 F environ (hors caméra Audine), et sûrement moins si vous êtes bricoleur et/ou si vous disposez déjà de pièces comme l'objectif photographique. C'est nettement moins cher que certains spectrographes du commerce aux performances équivalentes (même en ajoutant la caméra Audine dans le prix du Spectr'Aude!).

Un spectrographe est un outil particulièrment exitant à utiliser car il permet d'aborder un domaine de l'astronomie pratiquement vierge chez les amateurs. Le Spectr'Aude est finalement bien plus qu'un accessoire : c'est un véritable instrument qui va faire de vous un apprenti astrophysicien !
 

On consultera avec intérêt de le site de Sylvain et André Rondi qui montre la réalisation d'un spectr'aude particulièrement bien fini et opérationnel :
http://www.astrosurf.com/rondi/spectraude.htm
 

Voir aussi les sites de Maurice Gavin et Don Davies qui montrent des montages très similaires au Spectr'Aude.