Mon journal du 23ème MDS

Nous venons d’atterrir à Ouarzazate et embarquons dans un bus pour 240 Km (06h30) jusqu’au bivouac. C’est au pied des imposantes dunes de Merzouga que la caravane du 23ème marathon des Sables s’est installée. Un décor majestueux pour une course en forme de défi. Le choix de nos tentes se fait par affinité crée pendant notre voyage. La tente 44 devient notre nouveau palace pour 7 nuits et abritera pendant tout le raid 8 personnes. Emotion de se retrouver enfin dans « THE » désert et soulagement d’être enfin là, c’est l’aboutissement de nombreux mois d’efforts en tout genre.

Journée du 29 mars consacrée aux contrôles administratifs et médicaux

Au programme du jour, l’inévitable contrôle des sacs devant contenir le matériel de survie obligatoire et 2000 calories minimum par jour. C’est aussi le jour des derniers choix cruciaux : Qu’est ce je garde dans mon sac à dos ? Qu’est ce je laisse ? Qu’est ce je sacrifie ? Bref après les derniers réglages… le contrôle se fait sans encombre, à la pesée mon sac est à 7.8kg avec la fusée de détresse remise par les organisateurs !

Le sac le plus léger doit être à 6.5 kg, le plus lourd env 15kg, ce qui en dit long sur les ambitions de chacun…

ETAPE N°1 : ERG CHEBBI / ERG ZNAIGUI – 31,6 Km

Météo à 12h00 : 36,8 degrés / 18% d’hygrométrie

Nous sommes finalement 801 coureurs dont 94 femmes au départ ce matin pour une première étape. Après à peine plus d’un kilomètre d’échauffement, le peloton s’est lancé à la conquête des dunes de Merzouga, les plus hautes dunes de sable du Maroc. C’est la délivrance du départ, la jubilation intérieure, les mois d’efforts défilent dans la tête, ça y est, on y est ! J’ai décidé de mettre le « paquet » sur cette première épreuve libérant ainsi toute l’énergie que j’ai en moi. Cette première épreuve fût longue et extrêmement difficile, j’ai dû alterner course et marche jusqu’au bout. 

ETAPE N°2 : ERG ZNAIGUI / OUED EL JDAID – 38 km

Météo à 12h00 : 40 degrés / 16% d’hygrométrie

La nuit fût courte, réveillé par un vent soutenu. Les dunes sont passées, et elles ont fait quelques dégâts  (6 abandons), refroidissant au passage l’ardeur des plus novices. On va y aller plus cool aujourd’hui bien quelle soit beaucoup plus « roulante », je fais mes 12 premiers Kilos en 1h08, ma course est plus décontractée avec une arrivée rapide.

ETAPE N°3 : OUED EL JDAID / BA HALLOU – 40,5 Km

Météo à 12h30 : 48 degrés / 11% d’hygrométrie

Une étape tout simplement magnifique, un décor à couper le souffle, en perpétuelle évolution. Le désert, ce n’est pas cette longue étendue monotone, loin de là. Ici, on passe en quelques minutes des dunes de sable jaunes à aux montagnes noires marbrées, d’un lac salé blanc aux pitons rougeâtre façon western spaghetti. On en prend plein les yeux. Bonnes sensations en général, ma première ampoule est là, je vais passer ma soirée à coup d’injection d’éosine. Annick, la seule femme de notre équipe arrive en pleure, elle vient de craquer…Putain Pascal, (son mari) comment tu peux prendre plaisir à refaire  plusieurs fois cette course !!! Le mental doit reprendre le dessus car demain c’est le grand jour ou tout va se jouer.

ETAPE N°4 : BA HALLOU / OUED AHSSIA – 75,5 Km

Météo à 14h00 : 47,0 degrés et 11% d’hygrométrie

C’est évidemment le plat de résistance de l’épreuve, la journée mythique que tout le monde attend ou redoute, 75,5 kilomètre pour se mesurer au désert, et surtout pour se mesurer à soi même. Les premiers kilomètres sont  particulièrement difficile avec une terrible montée à 25% du djebel et se termine avec une « main courante » jusqu’au sommet et une descente très technique. Pour beaucoup cette longue étape se prolongera sur deux jours avec une nuit passée sur la piste ou sous une tente de contrôle à chercher un réconfort auprès des médecins, d’un contrôleur ou d’un autre concurrent épuisé lui aussi. Dans ces conditions extrêmes, les moins rapides (2 km/h de moyenne) auront les plus grandes difficultés à rejoindre l’arrivée dans le temps imparti de 36 h. La journée de repos, qui ne mérite son nom que pour les premiers coureurs, permet de reposer les organismes, usés par des écarts de températures importants (35 degré de différence entre la nuit et le jour) et un parcours présenté par tous très compliqué.

ETAPE N°5 : OUED AHSSIA / ISK N’BRAHIM– 42,2 Km

Météo à 12h00 : 46,7 degrés / 12% d’hygrométrie

Il y a eu l’étape mythique, les 75,5 kilomètres courus sur deux jours. Elle a laissé des traces, contraignant 19 coureurs à l’abandon. Et maintenant il y a l’étape classique, c'est-à-dire le véritable marathon de 42,2 kilomètres. Aujourd’hui, les thermomètres se sont affolés, nous avons avalé les 42,2 dans une véritable fournaise, donnant l’impression à chacun d’entre nous de se trouver exactement sous le soleil. J’ai tout donné dans cette épreuve pour remonter dans le classement.

ETAPE N°6 : ISK N’BRAHIM / TAZZARINE – 17,5 Km

Une merveilleuse journée nous attend. Le départ est pris dans l’enthousiasme général et sur un train d’enfer. Les douleurs sont oubliées mais il reste encore 17,5 km. Je suis sur un rythme « rapide », à l’approche du village, la ligne d’arrivée semble plus loin que prévue, interminable, interdiction de flancher, je maintiens la cadence. Mon esprit combatif reprend le dessus pour terminer les larmes aux yeux. Sur la ligne d’arrivée, les concurrents ont manifesté leur joie, leur fierté ou leur soulagement de diverses manières. Ils sont nombreux à s’être effondré en larmes dans les bras de Patrick Bauer, le directeur de course qui remet à chacun sa médaille bien méritée. Peu à peu l’équipe de la tente 44 se retrouve, chacun arbore un sourire de fierté, la fatigue est oubliée quelques instants, on embrasse sa médaille en se disant Je l’ai fais, Je l’ai terminé, bon dieu ! Quelle exceptionnelle aventure…