HYPATIE

 

Il est des rencontres qui peuvent vous émouvoir ou même vous surprendre. Pour ma part, c'est au détour d'une promenade virtuelle, alors que je cherchais la matière afin d'écrire un article sur un éminent scientifique, spécialiste du système solaire, que je suis tombé sur une liste alphabétique des dits astronomes. Je passerais sous silence cet inventaire pour ne retenir qu'un nom. Je dois dire qu'alors le nom d'Hypatie n'évoquait rien pour moi. Après quelques instants d'étonnement, autant sur ma méconnaissance, que sur le texte pour le moins castrateur qui l'accompagnait, je décidais de tout faire pour en savoir plus et vous le faire partager.

Il faut nous replonger vers 370 après J.C. à Alexandrie (Egypte)

La ville, comme le reste du pays est depuis longtemps sous domination romaine. Elle est le siège d'une vie culturelle et scientifique florissante. On y étudie : Platon, Appolonius, Diophante et Ptolémée. Un des maîtres en philosophie de la cité se nomme Théon, il donnera la vie à Hypatie. Très vite, la jeune fille montre un très vif intérêt pour la connaissance sous toutes ses formes, et bientôt surpasse son maître de père. Elle enseigne, à son tour, les mathématiques, la géométrie, écrit des commentaires sur "L'arithmétique" de Diophante, sur "Les coniques" d'Appolonius et les travaux astronomiques de Ptolémée. Malheureusement, de nos jours, il ne reste pas de trace de ses écrits. Ils sont connus par les lettres qu'elle a écrit à Synésius pour la construction d'un astrolabe et d'un hydroscope. Aussi intelligente que belle, elle se marie à Isodorus, un philosophe, science qu'elle étudie et enseigne elle-même. Elle séduira l'empereur Arcadius. Nous sommes à présent en 412 après J.C. Cyril (qui deviendra Saint Cyril) devient patriarche de la ville d'Alexandrie. Il est là pour christianiser la population coûte que coûte, et cette femme, dont on rapporte que ses élèves sont sous le charme de sa grande connaissance, de son charisme et sous l'influence de sa beauté si grande qu'ils en sont tous amoureux, fait de l'ombre, par ses théories en astronomie et en philosophie, aux textes bibliques et à leur interprétation (celle de Cyril). On l'accuse de mener un groupe de païens et bientôt elle est assassinée par les moines Nitrians (secte de chrétiens fanatiques) qui soutiennent Cyril. Mais là encore, même sa mort reste un mystère, car selon Socrate, c'est la foule d'Alexandrie, menée par Pierre le prêcheur, qui va la lapider.

Ainsi vécu la mystérieuse et troublante Hypatie d'Alexandrie, de laquelle il ne reste que le nom d'un cratère lunaire, un poème de Charles-Marie Leconte de Lisle et pour toujours un souvenir dans le coin de ma mémoire.