Qui est Maurice MANENT ?
(01/02/1884 -
13/11/1961)
Voilà ce que j’ai pu réunir comme informations :
- né
le 1er février 1884 à
Paris 14ème
- décédé le
13 novembre 1961 à son domicile de la rue du Parc
Antony ( proche de la station
« Croix de Berny » de la ligne de Sceaux, où il s’était effectivement
installé en 1911~1912 )
- Maurice
Manent était marié ( son
épouse ne lui survivra apparemment que peu de temps ) mais sans enfant
Le 44 rue du parc (ex 44 rue du Parc à la Croix de Berny).
La hangar en arrière plan semble être celui des ateliers Manent
"Lien de la lunette du Père Josset :
CLIQUEZ ICI"
Dans
un document
intitulé "Courte histoire de l'Observatoire de Haute Provence" ( sous la
plume d'André DANJON en 1965 ), il y a un index biographique citant Maurice
MANENT ( 1884 - 1961 ) parmi les constructeurs d'instruments de précision :
_Dans
le bulletin d'avril 1912 de la revue de la S.A.F, on peut y trouver peut
être la première publicité pour la maison Manent.
Voici ce que disait cette publicité :
Instruments de Précision
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M. MANENT
Ancien élève de G. Secrétan
Rue du Parc, CROIX-de-BERNY (Seine)
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CONSTRUCTION DE LUNETTES,TÉLESCOPES, GÉODESIE, ETC.
Travaux sur plans pour Amateurs, Observatoires, Inventeurs
Télescope 135 mm nouveau modèle : 500 fr.
Lunette 75 mm pied fonte : 100 fr.
On peut voir ces instruments chez M. BALLOT 25, rue Serpente, PARIS
Donc, grâce à cette "réclame" on apprend deux informations sur Maurice
Manent :
* c'est un ancien élève de G. Secrétan ;
* ses instruments étaient exposés au magasin Maurice Ballot 25 rue Serpente
(Paris 6ème). La Société Astronomique de France avait son siège juste en
face : au 28 rue Serpente.
Sur cette page Internet (http://www.sil.si.edu/digitalcollect...es/image17.htm
) on trouve les caractéristiques des lunettes de 160mm fabriquées par G.
Secrétan (celle de Maurice Manent devait être semblable) :
* grossissement terrestre : 80 fois ;
* grossissements célestes : 110, 150, 250, 350, et 400 fois.
* prix pied et lunette : 3 250 francs ; 3 950 francs avec mouvement
d'horlogerie.
Pour une distance focale de 2 250 mm (valeur indiquée à la page
http://articles.adsabs.harvard.edu/c...IF&classic=YES ) cela indique
pour la distance focale des six oculaires livrés d'origine :
* pour le grossissement terrestre de 80 fois : 2 250 / 80 = oculaire de
28,13 mm ;
* pour le grossissement céleste de 110 fois : 2 250 / 110 = oculaire de
20,45 mm ;
* pour le grossissement céleste de 150 fois : 2 250 / 150 = oculaire de 15
mm ;
* pour le grossissement céleste de 250 fois : 2 250 / 250 = oculaire de 9 mm
;
* pour le grossissement céleste de 350 fois : 2 250 / 350 = oculaire de 6,43
mm ;
* pour le grossissement céleste de 400 fois : 2 250 / 400 = oculaire de 5,63
mm.
Effectivement M. Manent a bien travaillé avec G. Secrétan, quelques temps
plus tard M. Manent fonde son entreprise en 1911.
Pendant la guerre M. Manent a fabriqué des instruments et en particulier
deux immenses tables équatoriales pour les observatoires de Bordeaux et de
Haute Provence (M. Manent connaissait bien A.Couder, à tel point que c'est
A.Couder qui lui à confier ce travail pour le futur OHP).
Maurice Manent a également travaillé pour l'aviation après la guerre.
Il rencontrera un vif succès avec ses instruments, M. Manent est décédé en
1961, quelques petites années après sa retraite.
Maintenant l'anecdote savoureuse:
Quand Maurice Manent décide de prendre sa retraite après la guerre, il
propose à Pierre Bourge de reprendre son activité (en viager)...celui-ci
refuse car il souhaite rester dans le milieu de l'astronomie d'amateur
mais...vivement intéressé par les machines outils de M. Manent il lui en
rachète une petite partie et en particulier un tour imposant.
Ce même tour a servi à P.Bourge à la fabrication de 2000 lunettes de 50mm!!!
D'ici que cette lunette Manent de 160mm ai été construite sur celui-ci?
A propos du constructeur Manent, bien peu
de chose en effet, mis à part un extrait du livre de Pierre Bourge "Mémoire
d'un chasseur d'étoiles":
"Maurice Manent, constructeur d'instruments astronomiques
1941: j'écrivis au constructeur Manent, à la Croix de Berny (banlieue sud de
Paris) pour lui demander le prix d'un porte oculaire à crémaillère, pour
télescope. Il me répondit par une lettre gentille. Lui aussi avait flairé
les avantages de la Normandie en ce temps de pénurie. Mes parents reçurent
Maurice Manent que nous approvisionnâmes dans la mesure de nos possibilités;
les demandeurs étaient nombreux.... Nous devînmes amis. Les Manent n'avaient
pas d'enfants. J'étais reçu chez eux comme si j'avais été un membre de la
famille. Le grand atelier de mécanique avec ses nombreuses machines-outils
me faisait rêver. Il y avait là, des lunettes et des télescopes en
fabrication et même une imposante table équatoriale destinée à
l'Observatoire de Haute Provence. Etant déjà entraîné à l'horlogerie, je
posais une foule de questions tant en optique qu'en mécanique. Manent ne
fréquentait-il pas un astronome opticien réputé, originaire d'Alençon: André
Couder? On discutait sur le réglage des machines, sur le choix des métaux et
leur usinage, sur la liaison délicate entre l'optique et la mécanique, sur
la tolérance de jeu admissible pour un objectif astronomique dans son
barillet et des conditions de montage...En quelques années, à raison d'une
ou deux entrevues par mois, j'appris beaucoup, ce qui s'avéra fort utile par
la suite".
L'ancienne maison de fabrication de
matériel astronomique M. Manent 44 rue du Parc à la Croix de Berny, (Seine),
a été fondée en 1911 l'adresse actuelle de cette ancienne maison est 44 rue
du Parc 92160 Antony.
Témoignage d’une personne qui a rencontré
M. MANENT :
J’ai rencontré deux fois Maurice MANENT il y a ~ 50 ans …
la première fois sur le trottoir devant chez lui ( je cherchais son
établissement, ignorant qu’il n’exerçait plus ). J’ai l’image d’un vieux
petit homme, gris, menu, un peu courbé, vêtu d’un costume sombre avec un
chapeau mou … un visage sérieux, un peu anguleux (avec peut-être une petite
moustache ?). A l’évidence, il était discret et souhaitait ne pas sortir de
sa retraite … j’ai nettement eu le sentiment de l’importuner quelque peu …
mais il m’a bien accueilli.
Il m’a reçu chez lui et m’a remis une lettre d’un ancien
client, pharmacien, qui souhaitait revendre une lunette de 75 mm … qui
deviendra la mienne.
Le 44 de l’avenue du Parc, c’était – alors - un grand mur
clair, avec une porte cochère à hauteur d’homme qui s’ouvrait sur une assez
grande cour intérieure vide. A gauche sa maison, à droite un grand atelier
abandonné, avec encore plein de trucs à faire baver … je me souviens en
particulier de la carcasse vide d’un de ses « réfracto-réflecteurs » de 135
mm tout à fait particuliers.