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Journal de bord
mai 2002

LECTURE

Mars
Ben Bova

Fleuve noir


Tout ça pour ça ! Telle est l'impression laissée par les 607 pages de ce roman daté de 1992 et dont la version française vient de sortir au Fleuve Noir. Bien sûr, la conquête de Mars ne se fera pas en un jour, ni sans implications politiques. Ben Bova a fait preuve d'un grand réalisme et l'oeuvre ressemble beaucoup aux récits des astronautes au retour de leur mission style "Apollo 13" ou "Le soleil se lève 16 fois" de Patrick Baudry.

Est-ce une sorte de "Loft Story" teinté d'oxyde de fer ? L'auteur a choisi les vainqueurs dès le début : l'Amérindien Jamie et la Brésilienne Joanna. Les relations entre personnages de différentes nations sont caricaturales au point que l'on a l'impression de revivre une mini guerre froide sur Mars. Les journalistes et les politiciens en prennent certes pour leurs grades, mais leurs moyens de communication essentiellement limités au téléphone classique contribuent à situer ce roman dans le passé plutôt que dans le futur. Vous avez dit internet ? Téléphone mobile ? Non, nous sommes encore à l'époque où une journaliste ne peut contacter son supérieur qu'en ayant le numéro du domicile de celui-ci. Il est vrai que la version originale aura bientôt dix ans et qu'il aurait été préférable de l'adapter plutôt que de la traduire.

Il y a quelques éléments de réflexions sur la conquête spatiale, mais le volume du roman aurait pu laisser place à une vision moins binaire. Que cherchent-ils sur Mars ? Ils se posent la question le deuxième soir passé sur la planète et chacun exprime son propre intérêt : conquérir, découvrir Olympus Mons, trouver de la vie, etc... Les ficelles de l'intrigue apparaissent alors évidentes au lecteur. Un brouillard et quelques bactéries le maintiendront en haleine jusqu'à la fin. Retourneront-ils sur Mars après cela ? "Oui ! Parce qu'on doit le faire. La race humaine le doit. [..] C'est inscrit dans vos gènes, dans vos cerveaux" dit l'Amérindien. Ces arguments semblent bien légers malgrè leur lourdeur et celle du livre !

Enfin, n'en demandons pas trop. Le plaisir de lire demeure. N'est-ce pas l'essentiel ?

E. Piotelat.
08/2001