L’ALTER M603

  L’ALTER M603 de chez Intes Micro est le remplaçant de l’ALTER T qui a déjà des références pour ses qualités optiques.
  D’origine russe, cette firme exporte depuis 3 ans environ ce type de matériel apprécié par beaucoup d’amateurs exigeants, même si du côté mécanique des efforts restaient à faire. Intes Micro a su tenir compte de certaines remarques et a fait évoluer ses instruments à la hauteur de notre attente.
  Il est bon de préciser que les firmes Intes Micro et Intes sont 2 marques bien distinctes. La première distribue l’ALTER M603 dont nous allons vous parler et la seconde distribue le MK67, instrument identique par son diamètre et son principe optique mais différent mécaniquement.

FICHE TECHNIQUE DE l’ALTER M603 INTES MICRO :

  Principe optique : MAKSUTOV RUMAK
  Diamètre utile : 150 mm
  Focale : 1500 mm
  Ouverture : F/D10
  Pouvoir séparateur : 0.9’’
  Magnitude limite : 13.4
  Longueur totale : 380mm
  Diamètre total : 200mm
  Poids : 4.5 kg
  Accessoires : chercheur 7x50 droit + support réglable
                      Oculaire K30 coulant 31.75
                      Barlow : 3x coulant 31.75
                      Renvoi coudé 31.75 à miroir
                      Mallette de transport

Des informations très utiles qui caractérisent ce type d’instrument :

  Miroir primaire  : forme : concave sphérique
  ouverture :  F/D 2
  matière :  Sitall (vitro-céramique, matériau à faible coefficient de dilatation)
  diamètre : 150 mm
  aluminure protégée, réflectivité 96%

  Miroir secondaire :  forme : convexe sphérique
  amplification : 5x
  matière : Sitall
  diamètre (avec baffle) : 50mm
  réglable par 3 couples de vis tirantes-poussantes

  Ménisque correcteur : forme : sphérique (1 face convexe, 1 face concave)
  traitement multicouche
  épaisseur 8mm environ

DESCRIPTION DE L’INSTRUMENT :

  Très compact, il est livré dans une mallette souple, bien pratique pour le transport. Malgré cette compacité, on est un peu surpris à la première prise en main  par son poids, qui s’explique par la conception de cet instrument.
  Il est équipé d’un chercheur 7x50 fixé par 2 colliers solidaires et positionnables sur le côté gauche ou droit de la poignée de transport du télescope. On peut regretter l’absence d’éclairage du réticule pour le pointage des objets. Il vous faudra éclairer légèrement le devant du chercheur, ou éventuellement percer le pare-buée de celui-ci et y visser un éclairage à intensité variable.
  Le barillet arrière est fileté au pas MEADE-CELESTRON, ce qui est très pratique pour la compatibilité des accessoires.
  L’embase est percée et taraudée au pas KODAK pour le montage sur trépied photo ou la fixation d’une queue d’aronde (en option).
  Nous rappelons donc que l’ALTER M603 est le résultat de l’évolution  technique de l’ALTER T. Il se différencie par un diamètre de tube plus important, le miroir primaire est donc plus éloigné des bords du tube, ce qui évite les effets thermiques nuisibles à la stabilité des images.
  Des diaphragmes ont été rajoutés le long des parois internes du tube et prochainement une queue d’aronde sera fixée d’origine sur toute la longueur du tube, ce qui facilitera l’équilibrage.
  Avant de passer à l’essai de ce télescope sur le ciel, son système de mise au point mérite que l’on s’y attarde. Comme la plupart des télescopes Cassegrain, la mise au point s’effectue par le déplacement du miroir primaire. Tous les utilisateurs de Schmidt-Cassegrain et Cassegrain ont certainement déjà été confrontés au problème de shifting, c’est à dire au déplacement de l’étoile ou de l’objet dans le champ de l’oculaire lors de la mise au point. Le M603 ne connaît pas ce problème, lorsque vous tournez la molette de mise au point, celle-ci entraîne un pignon de petit diamètre qui entraîne un autre pignon de diamètre important, sur lequel sont fixés en son centre deux demi ronds en téflon avec filetage hélicoïdal (voir fig. 1 et 2). L’ensemble se déplace alors dans un mouvement de translation et de rotation. Avec ce principe, le shifting est pratiquement inexistant. Ce qui est très important pour les amateurs de CCD, qui doivent centrer des objets ou faire la mise au point sur une étoile dans un capteur de quelques mm . Autre avantage à ne pas négliger, le foyer de l’instrument peut sortir à plus de 30cm du barillet arrière, ce qui permet d’envisager le montage de différents accessoires sans problème. Dernière remarque, le choix du principe optique RUMAK, très intéressant : en effet, celui-ci comporte un vrai miroir secondaire réglable et non pas une pastille aluminée sur le ménisque. Ceci offre bien sûr l’avantage de permettre la collimation de l’instrument pour obtenir un alignement parfait des miroirs. D’autre part, si l’on s’attarde un peu sur les diagrammes donnés par des livres d’optique on s’aperçoit très rapidement du champ exploitable de ce type de télescope (voir fig. 3). A 30mm de l’axe optique, les étoiles sont ponctuelles alors que beaucoup d’autres télescopes de formule optique différente ont un champ plan nettement plus restreint. Avec le M603, celui ci est assuré sur le format 24x36 mm.  Félicitons donc INTES MICRO pour ce choix, d’autant plus qu’elle est une des rares sur le marché à offrir pour un prix raisonnable ce type de matériel.

QUELQUES OBSERVATIONS :

  Afin d’être le plus objectif possible, nous avons effectué plusieurs sorties et les impressions que nous donnons tiennent compte de l’avis de personnes extérieures à la rédaction de cet article.

La lune :
  Deux instruments de diamètres supérieurs nous servent d’éléments de comparaison. En début de soirée, la turbulence atmosphérique est souvent présente. A 150x, l’image est relativement stable, lumineuse, bien contrastée, et la plaine close de Gassendi révèle déjà ses fines rainures. Il n’y a pas de lumière parasite dans l’oculaire. Dans les autres instruments, à ce grossissement, la lumière est éblouissante mais quelques rainures bien visibles dans le Maksutov 150 n’apparaissent que fugitivement en fonction des vagues de turbulence de tube. A 200x les rainures qui sous-tendent 0.3-0.4 seconde d’arc sont visibles malgré la turbulence atmosphérique. Les images paraissent toujours stables en comparaison des diamètres supérieurs qui ne feront pas mieux dans ces conditions moyennes. A 300x la lumière diminue notablement et la qualité de l’image se détériore alors que la mise au point devient délicate. En fin de nuit, la turbulence est faible et là, pas de mystère, les gros diamètres reprennent l’avantage.

Saturne :
  Première remarque, encore la stabilité de l’image impressionnante ! Une tête binoculaire accompagnant l’essai, à 150x la division de Cassini est bien visible, les nuances des bandes nuageuses sont contrastées et 4 satellites accompagnent la planète. La lumière ne manque pas et l’on ne ressent pas le besoin de grossir plus. L’effet binoculaire y est sans doute pour quelque chose. A 200x, dans de bonnes conditions, l’image reste superbe.

Jupiter :
  Malheureusement la tâche rouge était absente à chaque observation. A 200x, les bandes nuageuses les plus fines sont présentes. Les diamètres supérieurs ne feront pas mieux à chaque sortie mais il faut reconnaître que, vu la faible hauteur de la planète, il ne fallait pas s’attendre au  miracle. Dans le Maksutov 150, des anneaux de diffraction sont présents sur les 4 satellites.

M13 :
  A 166x le piqué d’étoile est impressionnant, même sur les bords de champ avec un Nagler 9mm ; M13 est résolu jusqu’au centre et ce grossissement semble être idéal. Au dessus,  la lumière fait défaut et la mise au point devient difficile.

Dumbell :
  A 88x la nébuleuse est bien définie, les extensions sont bien visibles et le rapport luminosité/grossissement est idéal. A 28x avec un 56mm, la vision est surprenante par la multitude d’étoiles ponctuelles dans le champ et Dumbell très brillante au centre.

Etoiles doubles :
  Nous avons d’abord pointé Pi Céphée (mag 4.6-6.6 ; séparation 1.2 sec d’arc ; coordonnées 23h08, +75°23)
  A 333x les 2 étoiles sont bien séparées, mais la différence de magnitude est un peu gênante. Nous avons donc décidé de nous mettre à la recherche d’une étoile double avec des composantes de magnitudes plus proches et avons choisi pour cela 16 Vulpecula (étoile double située juste au dessus de M27, de magnitude 5.8-6.2 ; séparation 0.8 sec d’arc ; coordonnées 20h02,  +24°56).
  Nous sommes donc à la limite, voire même un peu en dessous du pouvoir séparateur annoncé de l’instrument.
Premier essai à 385x
  Agréable surprise, les étoiles sont séparées, bien ponctuelles, de luminosité presque identique avec des anneaux de diffraction.
Deuxième essai à 642x !
(Barlow 3x livrée d’origine +7mm Nagler)
  La séparation est flagrante et curieusement la lumière ne manque pas, mais la mise au point devient très délicate.
  Nous étions étonnés par ce résultat et pourtant aussi bien le Burnham’s  Celestial Handbook ainsi que l’Atlas 2000 Cambridge annoncent ces 0.8 secondes d’arc de séparation.

QUE PEUT-ON DIRE DE PLUS ?

  Ceux qui n’ont pas l’habitude de voir une tâche de diffraction presque parfaite dans des instruments de diamètre supérieur se régaleront avec le M603. A chaque sortie, le ballet des anneaux de diffraction est présent à tel point qu’on prend plaisir à regarder une étoile !
  Certes pour les objets faibles le diamètre 150 a ses limites. Un grossissement de 30 à 150x semble être la fourchette la plus utilisée pour le ciel profond. En planétaire, les grossissements les plus employés sont entre 150 et 300x.
  Les images se rapprochent de celles données par des réfracteurs où la stabilité et le contraste sont souvent présents. Nous n’avons pas eu le temps de photographier quelques objets, mais nous sommes impatients de nous y mettre. Autre information utile, la firme INTES MICRO distribue d’autres instruments de diamètre supérieur ainsi que des lunettes ED. La qualité optique semble être constante.      Reste maintenant le prix de l’ALTER M603 : environ 6700 Francs. Une très bonne affaire au vu des qualités de ce télescope !

 Rémy Courseaux  et Jacques Lafont

Remerciements à OBJECTIF VEGA pour le prêt du matériel et OPTIQUE UNTERLINDEN pour les informations techniques.