LA LUNETTE VIXEN ED 130 SUR MONTURE GPDX

PILOTEE PAR LE SKYSENSOR 2000 PC

 

La société Médas importateur des instruments Perl Vixen, nous propose une nouvelle gamme de lunettes astronomiques apochromatiques et néo-achromatiques avec des diamètres allant de 114mm à 140mm de diamètre et des rapports FD peu élevés.

Les apochromatiques, disponibles en 114/600 et 130/800, comportent une optique à 3 lentilles dont une en verre ED (extra low dispersion). Les néo-achromatiques,qui se déclinent en trois modèles,120/800, 130/800 et 140/800, comportent 4 lentilles associant un doublet achromatique et un doublet correcteur de champ. Les nouveautés étant rares sur le marché de l'astronomie, nous ne cacherons pas notre enthousiasme pour la possibilité qui nous est donnée de vous donner nos impressions sur l'une des lunettes de cette gamme : la Vixen ED 130/800. Pour tester cette lunette, nous avons utilisé une monture GPDX pilotée par le nouveau système de pointage automatique Skysensor 2000 PC.

Signalons que ce matériel a été mis aimablement à notre disposition par la société Médas par l’intermédiaire du magasin " Le Télescope" à Paris, que nous remercions pour son accueil sympathique et ses conseils techniques.

 

CARACTERISTIQUES TECHNIQUES :

 

LUNETTE VIXEN ED 130/860 (F/D 6,6) :

 

- Objectif apochromatique à 3 lentilles

( un doublet composé d’une lentille en verre ED en position frontale et d’une lentille correctrice de champ positionnée au foyer dans la crémaillère)

- Assemblage du doublet par lame d'air

- 4 baffles internes

- Pare-buée vissé (longueur 180mm)

- Support de chercheur en alliage d'aluminium moulé et solidaire du barillet arrière

- Chercheur 7X50 (non éclairé).

- Anneaux avec queue d'aronde (pour monture GP - GPDX).

- Porte oculaire 31,75mm.

- Tube allonge.

- Crémaillère de mise au point par vis sans fin.

Longueur : 980mm (sans porte oculaire)

POIDS : environ 7,5 kg

PRIX : environ 38.000F

 

MONTURE EQUATORIALE GPDX :

 

- Motorisation deux axes (en option).

- Viseur polaire (éclairage intégré avec potentiomètre)

- Vis sans fin et roues dentées en laiton

- Platine d'embase large (diamètre 102mm)

- Niveau à bulle intégré à l'embase

- Axes horaire et de déclinaison en acier plein (diamètre 45 et 35mm)

- Cercle gradué en ascension droite toutes les dix minutes avec vernier au dixième

- Cercle gradué en déclinaison gravé en degrés

- Réglage fin en latitude par deux vis en opposition

- Réglage fin en azimut par deux vis en opposition

- Assemblage par queue d'aronde

- Barre de contre-poids vissante

- Contre-poids 4Kg + 2Kg

- Trépied aluminium réglable en hauteur

CHARGE ADMISSIBLE : 10 Kg

POIDS DE L’ENSEMBLE : 20 Kg (monture 8 kg)

PRIX : Environ 11.000 F (motorisation 2 axes + raquette de commande en option au prix de 3.800F environ)

 

SKYSENSOR 2000 PC :

 

BOITIER :

- Dimensions : 100X188X45 mm

- Poids : 70 g

- Alimentation : 9 à 14 V

- Puissance consommée : 15 W

- CPU : Processeur 32 bits

- Sortie RS232 C

- Vitesse de pointage 1200 fois la vitesse sidérale

DONNEES : 

- Etoiles de références : 35

- Objets NGC : 7840 objets

- Objets IC : 5386 objets

- Objets Messier : 108 objets

- Objets SAO : 422

- Planètes : 8

- Lune : 138 sites

- Satellites galiléens de Jupiter

- Soleil

DONNEES PERSONNELLES :

- Objets célestes : 60 objets

- Objets terrestres : 30 objets

- Comètes : 30 objets

- Satellites artificiels : 30 objets

FONCTIONS PRINCIPALES : 

- Alignement

- Coordonnées

- GO TO

- SKYTOUR

- PEC (correction d’erreur périodique)

- Réglage du backlash

PRIX :12.000F environ

 

PREMIERES IMPRESSIONS :

 

Le faible poids de la lunette et la compacité de la monture en font un ensemble facilement transportable et le premier montage s'effectue sans aucune difficulté.

L'ensemble est très cohérent et semble stable malgré la longueur de notre lunette. La fixation par queue d'aronde est efficace et l'équilibrage s'effectue en faisant coulisser l'instrument dans les anneaux.

Il est important de signaler que pour le montage complet de l'instrument, aucune clé n'est nécessaire. Trop souvent les constructeurs nous obligent à l'utilisation de clés diverses difficiles à manipuler dans la nuit et le froid.

Le trépied aluminium réglable en hauteur est très pratique et malgré sa légèreté, il offre une bonne stabilité à l'ensemble .

La monture GP-DX n'est plus guère à présenter mais rappelons les principales différences par rapport à la monture GP équipant une grande partie des instruments Vixen ou Celestron. La GPDX reçoit des matériaux plus nobles et des pièces de plus grandes dimensions.

Les paliers en alliage d'aluminium des axes d’ascension droite et de déclinaison ont été remplacés par des paliers et axes pleins en acier de 45mm de diamètre pour l'axe horaire et 35mm pour l'axe de déclinaison. Les roues dentées et vis sans fin sont en laiton. L'embase a un diamètre plus important de 102mm. Le réglage en latitude comporte deux vis en opposition ce qui permet un réglage fin ainsi que le blocage de l'axe. Le système d'éclairage du viseur polaire est intégré à la monture. Le montage de celui-ci s'effectue rapidement en dévissant les 2 vis 6 pans qui assemblent l'axe de déclinaison. Un potentiomètre permet de régler l'intensité de la diode et celle-ci est alimentée par deux piles LR6.

La monture étant livré sans moteurs, le montage de ceux-ci se fera sans difficulté majeure si l'on suit la notice constructeur très explicite. 

Cependant un détail important n'est pas notifié : la nécessité de laisser un léger jeu entre les roues dentées effectuant la liaison moteur et vis tangente. Un fonctionnement sans jeu peut entraîner une usure prématurée des roues dentées et générer des vibrations. A contrario, un jeu trop important augmente le délai de réaction des moteurs à chaque impulsion sur la raquette de commande.

 

EN PRATIQUE :

 

La monture :

 

Avant d'effectuer notre première mise en station, nous avons vérifié la coaxialité entre l'axe optique du viseur polaire et l'axe mécanique du corps de la monture afin d'éviter d'éventuelles erreurs de mise en station. Cette opération est expliquée dans le manuel de la monture et s'effectue sans grande difficulté. Dans notre cas, le viseur polaire était parfaitement centré.

La procédure de mise en station est simple et efficace. Tout d'abord, il est nécessaire de mettre la monture de niveau à l'aide du niveau à bulle incorporé dans l'embase Le trépied réglable en hauteur facilite grandement l'opération. On règle ensuite la longitude du lieu d'observation (2° Est à Paris) et on positionne le cercle horaire de manière à faire coïncider l'heure d'observation (TU) avec un repère indiquant le mois et le jour de l'observation. Il ne reste plus qu'à centrer l'étoile polaire dans le cercle gravé du viseur polaire à l'aide des vis de réglage en latitude et azimut.

Après avoir effectué ces opérations, nous avons observé à l'aide d'un oculaire réticulé la dérive d'une étoile située sur l'équateur céleste. Nous avons pu constater que la mise en station était relativement précise, puisque la dérive en déclinaison n'excédait pas 10 secondes d'arc en 10 minutes de temps (durée que met la vis tangente pour effectuer un tour complet). Durant cette période, nous avons évalué la valeur de l'erreur périodique à environ 40 secondes d'arc (crête à crête) sans système PEC. Cette valeur est un peu supérieure à celle donnée par les montures concurrentes dans cette gamme de prix, mais n'est pas rédhibitoire en soit. Nous avons enregistré une séquence PEC, puis mesuré à nouveau l’erreur de suivi qui est redescendue aux environs de 8 secondes d'arc. L'enregistrement d'une séquence PEC avec le skysensor s'effectue très simplement. Pour faciliter le guidage, on peut définir la vitesse de correction selon ses désirs et régler le backlash (délai entre l'impulsion sur la raquette de commande et le mouvement de l'étoile dans l'oculaire dû au rattrapage de jeu mécanique). Cela permet un guidage précis à chaque impulsion. Par contre, il semblerait que même un guidage précis à moins de 5 secondes d'arc ne permette pas de faire descendre la valeur de l'erreur de suivi en dessous des 8 secondes d'arc. Cela s'explique sans doute par le fait qu’en dehors d’une composante principale périodique, les défauts mécaniques induisent des erreurs secondaires essentiellement aléatoires.

Fidèles à nos habitudes, nous avons cherché à confirmer notre étude faite visuellement avec un oculaire réticulé, par des mesures faites avec une caméra CCD. Les graphiques ci-joints montrent les résultats obtenus, avec et sans PEC (lors de deux soirées différentes). Dans chaque cas, nous avons ajouté les résultats du suivi en déclinaison, après lui avoir retranché la composante régulière due à une mise en station toujours imparfaite : cela permet ainsi d’avoir une idée des valeurs de turbulence lors de nos mesures.

Au total, les résultats de notre monture nous semblent tout à fait honorables,permettant d'aborder la photographie argentique dans de bonnes conditions. En CCD, il est sûr que les temps de pose admissibles resteront limités sans système d’autoguidage, mais c’est aussi le cas de montures nettement plus chères.

Durant nos observations, la monture s'est montrée stable même à fort grossissement. Par contre les moteurs se sont révélés bruyants en vitesse de suivi stellaire et être la source de certaines vibrations pouvant compromettre l'observation à la limite de résolution d’un instrument, même si nous n’avons pas pu mettre en évidence une telle dégradation lors de nos soirées avec notre lunette. De toute façon, là aussi, rares sont les montures exemptes de tout reproche à ce niveau !

 

 

 

 

Le Skysensor 2000 PC :

 

Conçu pour les montures Perl Vixen GP et GPDX, le Skysensor 2000 PC est un système complet de pointage automatique. Il comprend une raquette de commande avec calculateur intégré et deux moteurs à haute vitesse pour permettre des déplacements rapides dans le ciel. Ces moteurs devront remplacer le cas échéant ceux qui constituent la motorisation standard des GP et GPDX : l’acheteur d’une de ces montures aura donc intérêt à bien réfléchir dès le départ au choix qu’il fera en ce qui concerne leur motorisation. La raquette semble bien finie, mais on pourra la trouver un peu trop massive et regretter l’écartement trop important entre les touches de commande de direction qui oblige à un certain tâtonnement lorsqu’on effectue des corrections sur les deux axes.

S’il est bien sûr nécessaire de lire soigneusement la notice d’utilisation avant de pouvoir mettre en œuvre le Skysensor, celle ci est claire et précise, et la prise en main ne pose guère de problème. Il convient d’abord de rentrer deux paramètres fondamentaux : l’heure, en temps universel, et les coordonnées du lieu d’observation. La procédure est à effectuer une fois pour toutes, ces renseignements étant gardés en mémoire à l’extinction du Skysensor. Celui-ci permet la définition de plusieurs profils utilisateurs, qui permettent de rentrer les coordonnées de plusieurs lieux d’observation, ainsi que d’autres paramètres de préférences.

Il faut ensuite procéder à ce que la notice appelle alignement de la monture. Il s’agit de pointer un certain nombre d’objets, afin que le calculateur connaisse l’orientation de la monture et puisse en déduire les mouvements à effectuer pour le pointage automatique et le suivi.

Pour cet alignement, on peututiliser certaines étoiles de référence proposées par le Skysensor ou même n’importe quel objet de sa base de données (mais la précision sera bien sûr moins grande si on utilise un objet étendu, comme une galaxie). Lorsque la monture est mise en station équatoriale, le pointage de la première étoile de référence permet déjà un alignement approximatif, l’utilisation de la commande GOTO plaçant alors l’objet recherché dans le chercheur. En pointant une deuxième étoile de référence, l’alignement est réalisé de manière suffisamment précise pour obtenir le pointage d’un objet dans le champ d’un oculaire donnant un grossissement modéré. On peut se servir encore d’une troisième étoile de référence pour essayer d’obtenir un pointage encore plus précis. Suivant les points de référence choisis, l’amélioration n’est pas toujours évidente, et il arrive de plus que le calculateur refuse le troisième point d’alignement, pour des raisons guère évidentes. Quoiqu’il en soit, même si la précision de pointage obtenue dépend aussi de la position de la cible recherchée par rapport aux points d’alignement, celle-ci nous est apparue comme toujours suffisante en visuel, sans qu’on ait besoin de revenir à chaque pointage à un oculaire donnant un faible grossissement.

Pour l’utilisateur d’une caméra CCD, dont le capteur ne donne en général qu’un champ très restreint, il pourra être utile de reprendre un point d’alignement près de l’objet souhaité, ce qui permet d’obtenir à tout coup une précision meilleure que 5 minutes d’arc, qui doit s’avérer suffisante pour la très grande majorité des utilisateurs.

Dans le cadre d’une utilisation entièrement visuelle, où le problème de la rotation de champ ne se pose pas, la mise en station de la monture n’est en fait pas indispensable. Quelle que soit l’orientation de départ de la monture, un alignement sur deux étoiles au minimum permettra le pointage automatique et un suivi correct.

Le système du Skysensor ne comprenant pas d’encodeurs placés sur les axes de la monture, on ne peut déplacer manuellement le tube optique sans devoir refaire l’alignement. Par contre, ceux qui disposent d’une installation à poste fixe n’auront pas à effectuer cet alignement à chaque fois. Tant qu’on ne bougera pas manuellement l’instrument, le calculateur du Skysensor gardera en mémoire la position dans laquelle il se trouve à l’extinction du système. On pourra alors reprendre suivi et pointage directement d’une soirée à l’autre. 

Le Skysensor offre de nombreuses possibilités supplémentaires : recherche d’objets satisfaisant à certains critères (type, position, magnitude), pointage de comètes ou de satellites artificiels dont on a rentré les éléments orbitaux, ou encore création de liste personnalisés d’objets. Et bien sûr, il permet la correction de l’erreur périodique, ce qui n’est pas le moindre de ses intérêts pour le photographe.

Nous n’avons pas testé cette possibilité, mais comme son nom l’indique, le Skysensor2000 PC peut être connecté à un ordinateur, en utilisant un logiciel comme Prism ou The Sky. On pourra alors par exemple voir directement sur une carte du ciel affichée sur l’écran l’endroit précis où pointe le télescope, et même lui indiquer par un simple clic de souris vers quel endroit il doit se diriger : un élément de confort supplémentaire !

Pour terminer, signalons que le Skysensor peut être adapté sur certaines autres montures, comme la CG11 ou la GM8, ainsi que le propose Optique et Vision à Juan Les Pins.

 

LA LUNETTE VIXEN ED 130 :

 

Tout d'abord, il est important de préciser que notre lunette a une focale de 860 mm et non de 800 mm comme il est annoncé dans les documents publicitaires.

Ce point est important car les acheteurs potentiels de ce type d'instrument attachent souvent une grande importance au rapport F/D qui est dans ce cas de 6,6 au lieu de 6,1 comme le laisse supposer la focale annoncée.

En ce qui concerne l'optique, une précision s'impose aussi. Cette lunette est bien composée d'un triplet optique, mais celui-ci est formé d'un doublet frontal (comportant une lentille en verre ED) et d'une lentille correctrice de champ (qui s’est avéré réduire légèrement la focale) vers la crémaillère de mise au point. Il nous semble donc quelque peu abusif de parler de triplet optique, comme le fait Vixen, car si l'on ne tient pas compte du correcteur de champ, nous sommes en possession d'un doublet optique.

La première séance d'observation nous a causé quelques problèmes car nous n'arrivions pas à obtenir la mise au point. Avec un renvoi coudé 50,8 et un oculaire de 8 mm, la crémaillère rentrée au maximum, le foyer se trouvait encore 30 mm à l'intérieur. Impossible dans ses conditions d'effectuer une mise au point! Avec un renvoi coudé 31,7 et une courte focale, même problème ! Nous avons donc pris la décision de retirer le correcteur de champ vissé au foyer et dans ses conditions, la focale étant 30 mm plus longue, nous avons pu observer avec la majorité des accessoires dont nous disposions. Notre lunette s'est donc transformée en doublet de 890mm de focale au rapport F/D 6,8.

Nous avons pris contact avec la société Médas pour les avertir de nos difficultés à obtenir la mise au point avec les accessoires dont nous disposions, et celle-ci nous a affirmé ne pas avoir de problème avec un renvoi coudé Vixen. On peut penser que dans ce cas, il serait indispensable de le livrer d'origine avec la lunette. Sans renvoi coudé, comme en photographie, le problème ne se pose plus, mais en visuel il est regrettable de ne pas pouvoir forcément utiliser cette lunette, telle qu’elle est conçue d’origine, avec les accessoires dont on dispose.

La conception mécanique de la crémaillère peut sembler un peu légère, et la démultiplication n'est pas assez importante pour effectuer facilement une mise au point précise, principalement dans le domaine de la photographie.

Lors de nos observations, nous avons souvent regretté une certaine dureté dans le système de mise au point. Toutefois, il y a la possibilité de remédier a ce problème en desserrant légèrement les 3 vis de réglage sur le barillet arrière. Nous avons à plusieurs reprises observé une étoile à fort grossissement pour avoir une idée de la qualité optique de notre lunette. Celle-ci ne souffre d'aucun défaut majeur, la collimation est parfaite, aucun défaut d'astigmatisme et les plages intra et extra focales, sans être identiques à cause d'une légère aberration sphérique, sont très ressemblantes. Le chromatisme est relativement bien corrigé mais l'on n'atteint pas le niveau de correction d'un "vrai" triplet. A sa décharge, cette lunette est une des plus ouvertes du marché et le chromatisme n'est pas vraiment gênant pour la plupart des observations. Précisons enfin qu’une observation avec le correcteur de champ (faite sans renvoi coudé) ne nous a pas permis de noter une quelconque différence sur la correction chromatique.

Même si l'optique de notre lunette est parfaitement réglée, nous nous sommes posé la question d'une éventuelle collimation de l'optique, et contrairement à ses concurrentes, le barillet ne comporte pas de vis de réglage permettant un centrage aisé de l'optique. Alors, attention à une éventuelle décollimation lors des transports car en cas de décentrage de l'optique, le retour en atelier sera vivement conseillé pour les moins téméraires.

Lors de nos observations, l'utilisation du chercheur s'est avéré fonctionnel sans plus. Pour que celui-ci soit à la hauteur de notre instrument, l'éclairage du réticule serait le bienvenu ainsi qu'un réticule ajouré en son centre ce qui faciliterait grandement le pointage d'une étoile. Les myopes seront obligés de conserver leurs chers binocles car aucune correction dioptrique n'est possible.

Pour conclure, la mise en équilibre thermique est très rapide, ce qui permet d'exploiter le potentiel de l'instrument dès les premières observations.

 

L’OBSERVATION :

 

Un superbe champ d’étoiles :

Un coup d’œil sur le double amas de Persée nous permit tout de suite de constater que si le chromatisme n’était pas absolument corrigé à 100%, il l’était suffisamment pour ne pas être gênant pour l’observation d’un champ d’étoiles. Avec un grossissement d’une trentaine de fois, les deux amas N869 et N884 tenaient parfaitement dans le champ, montrant une multitude d’étoiles étincelantes et bien ponctuelles: magnifique!

Connaissez vous le parachute dans N869 ? Si ce n’est pas le cas, la prochaine fois que vous observerez le double amas,cherchez ce petit groupe d’étoiles serrées dont la disposition évoque irrésistiblement la forme d’un parachute déployé.

Des nébuleuse diffuses :

Un des avantages d’une focale réduite, comme c’est le cas de la Vixen 130, est la possibilité d’observer dans leur ensemble des objets étendus du ciel. Nous l’avions apprécié avec le double amas de Persée, ce fut aussi le cas pour les Dentelles du Cygne, dont chacune était visible entièrement avec notre oculaire de 26 mm. Avec un filtre O3, elles apparaissaient somptueusement, avec de nombreux détails. Bien que débordant quant à elle un peu du champ, la nébuleuse América était évidente, toujours avec le O3, présentant bien sa forme caractéristique.

Quelques grands classiques :

Passant ensuite à un grossissement d’environ soixante fois, nous avons pointé M27, la nébuleuse Dumbell. Nous avons alors été étonné du contraste avec lequel le célèbre sablier apparaissaient, même sans filtre. Sans doute les extensions étaient elles moins évidentes qu’avec un instrument plus puissant, mais l’image était très flatteuse, la nébuleuse étant parfaitement dessinée sur un ciel restant bien noir, ce qui est un des avantages d’observer avec un diamètre assez modeste. Lorsque la turbulence le permettait, quelques étoiles étaient visibles sur la nébuleuse, dont la centrale, fugitivement malgré tout.

La très bonne impression laissée par M27 se confirma avec l’observation de M51, la galaxie des Chiens de Chasse. Nous avons été surpris de voir avec autant de facilité la structure spirale de cette galaxie, même sous un ciel très moyen. Nous avions vraiment l’impression d’observer avec un instrument de diamètre plus important. La comparaison avec l’image donnée le même soir par un Schmidt-Cassegrain de 300 mm fut de ce côté édifiante : la galaxie était bien sûr plus brillante dans ce dernier, mais le fond de ciel aussi, et finalement la lunette offrait, en tout cas au premier coup d’œil, pratiquement autant de détails que le gros télescope !

La même comparaison faite sur M13, l’amas globulaire d’Hercule, nous montra par contre que dans ce cas, un diamètre plus élevé faisait pleinement la différence. Dans notre lunette, l’image était moins riche, même si bien sûr on résolvait de nombreuses étoiles. L’observation restait malgré tout intéressante, beaucoup plus par exemple qu’avec une lunette de 100 mm.

D’autres nébuleuses qui n’ont de planétaire que le nom :

Afin de voir si notre instrument permettait de s’intéresser à des objets moins connus que les précédents, nous avons pointé entre autres N7635, la nébuleuse de la Bulle dans Cassiopée. Pas de problème : bien que faible et assez difficile à observer car située au milieu de plusieurs étoiles brillantes, elle était bien visible, avec un aspect rappelant tout à fait celui donné par les photos d’amateurs.

Blue Snowball, la boule de neige bleue : un nom bien poétique ! Il désigne N7762, une petite nébuleuse planétaire située aussi dans Cassiopée. Même s’il faut reconnaître que la coloration bleutée qui lui a donné son nom était fort peu évidente, cette nébuleuse apparaissait très brillante, avec une forme pratiquement ronde. Son étendue, bien que réduite, contrastait de manière très plaisante avec l’aspect bien ponctuel d’une étoile de magnitude analogue située tout près.

Une autre nébuleuse planétaire, plus connue, est N6826, la fameuse Blinking Nebula ( nébuleuse clignotante). Située dans le Cygne, elle doit son nom à une curieuse particularité : suivant qu’on l’observe en vision directe ou décalée, la nébuleuse disparaît complètement ou devient tout à fait évidente. Avec la Perl Vixen 130, un grossissement d’environ 130 fois permettait d’observer parfaitement ce phénomène, y compris en ville avec une lune aux trois quarts pleine !

A la recherche du pouvoir séparateur :

L’essai d’un instrument ne peut guère se concevoir sans l’observation de quelques étoiles doubles. Nous avons d’abord rendu visite à une des stars de l’été, la Double Double de la Lyre. Les deux composantes des étoiles Epsilon 1 et Epsilon 2 étaient bien sûr parfaitement séparées, ce qui est n’est bien sûr pas un exploit avec un diamètre de 130 mm. Mais une lunette de qualité offre en général une vue superbe de cet objet, et la nôtre ne faisait pas exception à la règle !

Un challenge bien plus difficile s’offrait avec 16 Vulpecula, située juste au dessus de Dumbell. Avec une séparation de 0,85 seconde d’arc, on était juste en dessous du pouvoir séparateur de notre lunette, égal à0,92 seconde d’arc d’après la formule 120/D. Effectivement, les deux composantes de cette étoile double n’étaient pas séparées, mais formaient, malgré des conditions correctes sans plus, un huit parfaitement dessiné, avec les anneaux de diffraction principaux de chaque composante qui se recoupaient : comme sur un livre ! Il est clair que la Perl Vixen 130 atteindra sans problème les limites théoriques correspondant à son diamètre, dès que la turbulence le permettra.

En planétaire :

L’excellent contraste de notre lunette se révéla bien sûr très appréciable dans ce domaine. Sur la Lune, les ombres bien noires mettaient parfaitement en valeur le moindre cratère ou piton rocheux. Même loin du terminateur, on pouvait observer de manière remarquable bon nombre de formations. Par bonnes conditions de turbulence, un grossissement de 375 fois était parfaitement exploitable.

Il en était de même sur Saturne, qui offrait un beau dégradé de couleurs crème en allant vers les pôles, qui renforçait l’impression de volume de l’image.L’anneau de crêpe était visible sans difficulté, aussi bien aux anses que devant le disque. En cette période où les anneaux de Saturne sont très ouverts, la division de Cassini se suivait sans problème d’un bout à l’autre.

Sur Jupiter, un grossissement maximum de 250 fois était plus adapté. Là encore, ce qui frappait au premier coup d’œil, c’est le contraste avec lequel apparaissaient les bandes équatoriales. De nombreux détails étaient visibles sur celles-ci, de même que sur le reste du globe, et la tache rouge était superbement dessinée. Quant aux satellites, ils montraient des diamètres apparents clairement différents, avec les anneaux de diffraction bien visibles par bonnes conditions.

Il est clair que c’est toujours avec beaucoup de plaisir qu’on observera les planètes avec un tel instrument, qui en offre des images remarquables d’agrément. Malgré tout, si l’on cherche à observer les plus fins détails possibles, les limitations dues au diamètre apparaîtront. La division de Cassini, par exemple, bien que superbe avec la Perl Vixen 130, n’apparaîtra pas aussi finement dessinée qu’elle peut l’être dans un bon 200 mm. Et pour celui qui rêve de voir, lorsque les conditions sont très bonnes, la rainure la plus étroite ou le craterlet le plus minuscule, toutes les qualités de cette lunette ne remplaceront pas les avantages d’un diamètre plus important.

 

EN CONCLUSION :

 

La stabilité des images, le contraste, la rapidité de la mis en température et la facilité de mise en œuvre de l'instrument nous ont permis une nouvelle fois d'apprécier les qualités d'un réfracteur. Lors de nos observations du ciel profond, nous avons été surpris par le potentiel de notre lunette et nous avons souvent eu l'impression d'être en possession d'un instrument de diamètre supérieur. Comme nous l’avons signalé, nous avons souvent effectué nos observations en compagnie d’un Schmidt-Cassegrain de 300 mm. Quant on pense que dans certaines conditions d’observations et sur certains objets, la lunette donnait d’aussi bons résultats, c’est assez étonnant ! Le SC fut même battu sur la Lune un soir où les conditions très moyennes faisaient que le contraste et la stabilité d’image de la lunette s’avéraient des avantages décisifs. Bien sûr, pour d’autres objets comme les amas globulaires, ou sur Saturne et Jupiter une nuit de faible turbulence, la lunette s ‘est incliné nettement devant le pouvoir collecteur de lumière et la résolution du gros télescope. Quoiqu’il en soit, il est évident qu’avec la Vixen 130, on pourra prendre énormément de plaisir, aussi bien en ciel profond qu’en planétaire, sans avoir les contraintes d’un instrument de diamètre plus important : les réfracteurs ont encore de beaux jours devant eux !

En ce qui concerne la GPDX, nous avons été agréablement surpris par les qualités de la monture GPDX, très stable et fonctionnelle, tout en ayant un poids et un encombrement réduit.

Cette monture semble bien résister à l'épreuve du temps et reste, malgré un prix un peu élevé, le meilleur choix dans la gamme Vixen. La différence de prix entre la monture GP et la GPDX est justifiée à tel point que tous les ensembles de la gamme Vixen devraient être livrés avec cette dernière. L'investissement supplémentaire serait largement amorti par l'agrément d'utilisation et la possibilité d'exploiter pleinement son instrument.

En ce qui concerne le système de pointage automatique Skysensor, il est d'une redoutable efficacité. La logique des fonctions en font un système de pointage simple et facilement exploitable, même pour les plus réfractaires aux outils informatisés. Et en dehors du refus occasionnel d’un troisième point d’alignement, le Skysensor a parfaitement fonctionné pendant toute la durée de notre essai.

Pour conclure, signalons que la monture Atlux, moins connue des astronomes amateurs mais ayant une capacité de charge nettement plus élevée que la GPDX, est à nouveau disponible au catalogue Médas. Peut-être le sujet d’un prochain astrotest….

 

Rémy Courseaux et Jacques Lafont