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Les accidents nucléaires militaires

Contrôleur aérien de l'US Navy.

Autres incidents nucléaires (III)

S'il n'y a plus eu d'accident impliquant des bombes H depuis 1969 grâce à l'ordonnance de McNamara concernant les exercices d'alertes américains, les Etats-Unis semblent avoir définitivement musellé les auteurs des fuites car aucun incident n'a été reporté depuis 1980 et les rares films sur le sujet s'arrêtent en 1969 alors que l'arsenal nucléaire existe toujours et fait toujours l'objet d'excercices ou de travaux de maintenance.

Selon Marvin T. Broyhill du 380e SAC que j'ai contacté et qui consulta cette liste d'accidents impliquant des bombes H, "cette liste n'est certainement pas complète car dans un certain nombre de cas les armes n'ont jamais été récupérées. Il y en eut de nombreux autres où les armes furent récupérées".

Il y eut en effet d'autres incidents où les bombes n'ont pas été perdues, des crashes d'avions de chasse non porteur de bombes atomiques (non cités), des sous-marins nucléaires coulés corps et biens sans contamination ni explosion (non cités), des bombardements ou des crashes inquiétants d'avions et des alertes nucléaires militaires. Voici la liste complète des évènements connus jusqu'à aujourd'hui. Elle est tenue à jour en fonction de l'actualité. Les évènements politiques (conférences, accords, etc) n'ont pas été mentionnés.

Années 1940

Sans oublier les explosions d'Hiroshima et de Nagaski en 1945 qui eurent lieu en temps de guerre, la quasi totalité des autres incidents ou accidents nucléaires militaires se sont déroulés en temps de paix.

La course à l'armement nucléaire commença réellement en juin 1948. L'Union Soviétique commença son blocus de Berlin, coupant la ville en deux secteurs, Berlin Ouest et Berlin Est. Les Etats-Unis entamèrent un long pont aérien afin de pourvoir les habitants de Belin Ouest en nourriture et fuel. Le pont aérien continua jusqu'en mai 1949, lorsque les Soviétique levèrent le blocus de la ville. Les Américains discutèrent alors de la possibilité d'utiliser des armes nucléaires tactiques si le conflit s'envenimait. L'incident encouragea le Gouvernement américain à placer des armes nucléaires dans les pays alliés européens, des postes avancés pour dissuader l'Union Soviétique d'envahir l'Europe. La Guerre froide avait commencé et durera près de 20 ans.

Bombardiers en action

De gauche à droite, respectivement un B-52 larguant ses 84 bombes Mk82 de 227 kg, lancement d'un X-15 depuis un B-52 (fichiers .AVI de 1.9 MB), un F-117 (.AVI de 4.6 MB) et un B1 en action (.AVI de 2.5 MB).

Années 1950

Le 11 avril 1950, un bombardier B-29 Superfortress transportant une bombe nucléaire percute une montagne proche de la base aérienne de Kirtland AFB, au Nouveau-Mexique. La bombe est détruite mais l'ogive nucléaire qui n'avait pas été insérée dans la bombe resta intacte et fut récupérée.

Le 31 octobre 1952, dans le cadre de leurs essais atomiques en atmosphère, les Etats-Unis procède à l'Opération Ivy, test Mike, en faisant exploser une bombe H de 10.4 MT sur l'île d'Elugelap, dans l'atoll d'Enewetak appartenant aux îles Marshall. Selon les experts même de Los Alamos, Mike n'est pas une bombe dans le sens combatif du terme, elle est trop puissante et reste un instrument stratégique de dissuasion. Elle est haute comme un building de 3 étages, pèse plus de 500 tonnes et est alimentée avec du fuel cryogénique, du deutérium liquide. La boule de feu fut estimée à plus de 4.8 km de diamètre. Sous l'explosion, l'île d'Elugelap disparu ainsi que des portions des îles avoisinantes. Avec le succès de Mike, les Etats-Unis entrèrent dans l'ère des armes nucléaires multi-mégatonnes. Rappelons que les bombardiers du SAC ne transportent que des bombes H de moins de 1.5 MT.

Le 24 mars 1958, le magazine "Life" publia un article intitulé "A scare felt around the world" dans lequel l'auteur raconta qu'un B-47 du SAC, pour une raison qui demeure inexpliquée, largua une bombe atomique sur Mars Bluff, en Caroline du Sud. La bombe n'était pas armée, il n'y eut donc pas d'explosion nucléaire, mais les photos accompagnant l'article montrèrent très bien qu'il y eut des dommages considérables suite à l'explosion de l'amorce conventionnelle qui forma un cratère de 20.5 m de diamètre et de 10.5 m de profondeur.

Années 1960

Les années '60, souvent considérées comme révolutionnaires d'un point de vue culturel et politique, furent également la décennie la plus stressante sur l'échiquier géopolitique. C'était la Guerre Froide et ce n'était pas un vain mot. Les Grandes Puissances comme leurs alliés considéraient les armes atomiques comme des jouets et les disposaient selon leur humeur. Cela conduisit forcément à quelques sérieuses crises politiques.

En 1960 à Murmansk, la Russie met à flot son premier sous-marin nucléaire porteur de missiles, le K-12. Fleuron de la marine soviétique, au cours d'une mission dans les régions polaires, une fuite radioactive se produit dans le circuit de refroidissement du circuit primaire. Des marins du pont vont essayer de colmater la fuite avec de la soudure. Mais sous leur combinaison, ils n'y voient rien et ne peuvent pas travailler dans ces conditions. Ils effectueront donc leur travail en chemise et sans protection par plus de 60°C et dans une pièce exposée aux radiations. Certains y travailleront une heure d'autres plusieurs jours. Finalement, cette solution s'avère inefficace et le commandant décide de noyer le coeur atomique, ce qui permet de sauver une partie de l'équipage. Peu de temps après, le commandant rompt le silence radio et fait évacuer les marins. Au cours de cet accident, la plupart des hommes recevront une dose de radioactivité 17000 fois supérieure à la dose légale. Plus de 100 marins mourront dans les semaines ou les mois qui suivirent. 12 marins ont survécu. Depuis le K-12 fut surnommé "Hiroshima" par les sous-mariniers.

Après sa décontamination (la "liquidation" de l'épave), le sous-marin sera remis à flot mais Moscou n'informa pas son nouveau commandant qu'il y avait eu un accident nucléaire à bord. Il l'apprendra des marins. Moscou a maintenu la censure sur cet accident jusqu'à l'époque de la "Gladnosc" de Gorbatchev. Encore aujourd'hui le carnet de santé des marins concernés par cet accident ne fait aucun état de leur contamination radiologique et ne mentionne qu'une maladie "végétative" qui ne veut rien dire. Les familles des victimes n'ont jamais été indemnisées. Hollywood en fit un film mettant en vedette Harrison Ford.

Viennent ensuite les accidents nucléaires "Gerboise verte" et de "Béryl" survenus en 1961 et 1962 lors des tirs nucléaires souterrains français en Algérie. Le premier contamina 195 soldats, le second en tua une vingtaine à moyen terme et en contamina des centaines d'autres.

Carte de pointage vertical dans le Centre d'Information de Combat du porte-avion USS Bridge (AOE10). Document NAVY.

Il y eut également les trois incidents ou accidents impliquant des B-52 porteurs de bombes H évoqués précédemment en 1961, 1966 et 1968.

Le 5 octobre 1960, la panne d'un radar du NORAD provoqua dans la Salle de guerre la réception d'une fausse alerte de priorité maximale en provenant de la base radar et de missiles ballistiques de Thulé, indiquant qu'une attaque massive de missiles avait été déclenchée contre les Etats-Unis.

En décembre 1960, les membres du Joint Strategic Target Planning américain terminent le plan SIOP 62. Ce plan de guerre consiste à lancer plus de 3000 armes nucléaires - y compris des centaines de bombes H - pour attaquer 1000 cibles différentes du bloc Communiste dans les premières heures d'un conflit. Cela devait en principe suffire pour tuer le quart de la population soviétique.

Le 3 janvier 1961, des barres de contrôles sont retirées par erreur d'un réacteur nucléaire militaire expérimental installé près d'Idaho Falls, en Idaho, provoquant une explosion de vapeur qui tua trois techniciens. L'un d'entre eux mourut empalé sur une barre de contrôle.

Le 4 juin 1962, la tête nucléaire placée dans l'ogive d'un booster d'une fusée Thor tombe dans l'océan Pacifique alors que le booster aurait dû être détruit. Le 20 juin, un second booster Thor tombe en panne et la tête nucléaire coule également dans l'océan Pacifique.

En septembre 1962, pour réduire la vulnérabilité des Etats-Unis face à une attaque nucléaire, le Président J.F.Kennedy conseille aux Américains de construire des abris anti-atomiques. Sa lettre publiée dans le magazine "Life" de septembre déclenchera une vague de "shelter-mania" qui dura environ un an. Aujourd'hui encore, des centaines d'Américains disposent toujours d'un tel abri.

Du 16 au 29 octobre 1962, c'est la Crise des Missiles de Cuba. Un long bras de fer s'installe entre les Etats-Unis et la Russie lorsque les premiers découvrent que Fidel Castro a fait installer des missiles russes à Cuba. Les Etats-Unis font le blocus de Cuba durant 33 jours pendant que les Présidents Kennedy et Khrushchev travaillent derrière la scène à désamorcer la situation. Finalement les Russes retirent publiquement leurs missiles de Cuba et les Etats-Unis retirent les leurs de Turquie. La crise de Cuba conduisit les deux nations à un doigt d'une guerre nucléaire.

Le 16 octobre 1964, la Chine fait exploser sa première bombe atomique au centre d'essai de Lop Nor situé dans la province de Sinkiang.

Entre 1957 et 1965, 100 kg d'uranium-235 disparaissent d'un centre de recyclage nucléaire situé à Apollo, en Pennsylvanie.Le matériel permettait de fabriquer plus d'une bombe nucléaire. Le président de la société avait des relations avec Israël mais le mystère n'a jamais été résolu.

Le 5 décembre 1965, un avion Douglas A-4E armé d'une bombe nucléaire B43 de 1 MT glisse et tombe à la mer au cours d'un exercice sur le croiseur USS Ticonderoga (CVA-14) et coule par 4900 m de profondeur à 80 miles des côtes d'Okinawa, au Japon. La bombe ne fut jamais récupérée. Le Pentagone ne révéla cet incident qu'en 1980.

Entre le 8 et le 10 mars 1968, un sous-marin russe de classe Golf-II armé de trois missiles nucléaires coule à 1200 km des côtes d'Oahu dans l'archipel d'Hawaii.

Au mois de juillet 1968, le caboteur Scheersberg-A quitte le port d'Anvers pour Gênes avec deux tonnes d'uranium à bord. Le navire n'arrivera jamais en Italie comme prévu mais à Iskenderun, en Turquie, sans sa cargaison. Des années plus tard, le propriétaire du navire est retrouvé dans une prison norvégienne et fut identifié comme étant un agent secret israélien.

Trois vues du porte-avion nucléaire USS Enterprise (CVN65). Rappelons que l'Enterprise fut le premier porte-avion nucléaire construit au monde. Il entra en service en 1961 et sera désarmé en 2015. A gauche, le Centre de Commandement des Pavillons Tactiques (TFCC) où l'on suit les contacts de surface, au centre une vue générale du porte-avion. A droite, le Capt. Marty Chanik assurant le support tactique de l'Opération Renard du désert durant la Guerre du Golfe. Depuis le pont de vol on observe la trace lumineuse de la postcombustion d'un F/A-18 Hornet ayant décollé au cours de la première vague d'attaque du 17 décembre 1998. Document NAVY.

Le 14 janvier 1969, une roquette Zuni armant un avion Phantom explose accidentellement sur le pont du porte-avion nucléaire USS Enterprise, alias "Big E", tuant 25 marins et blessant 85 membres d'équipage.

Années 1970

Le 6 octobre 1973, c'est la guerre du Yom Kippur. Israel est en état d'alerte nucléaire pour la première fois mais parvient à limiter son engagement aux forces conventionnelles. Lorsque le Président Brezhnev établit un pont aérien pour aider l'armée égyptienne, le président Nixon conduit le monde à une alerte nucléaire. Un cesser-le-feu mettra fin à la crise.

Le 7 juillet 1977, les Etats-Unis annoncent qu'ils ont testé une bombe à neutrons. La décision du Président Jimmy Carter sera désapprouvée par la population et le programme sera abandonné en avril 1978.

Poste de pilotage du sous-marin USS Seawolf (SSN21). Document NAVY.

Le 8 septembre 1977, le sous-marin nucléaire russe K-171 de classe Delta largua accidentellement une ogive nucléaire près des côtes du Kamchatka dans la Pacifique. Heureusement, l'ogive fut retrouvée.

Le 22 septembre 1979, sans préavis, une explosion nucléaire se produit au large du Cap de Bonne Espérance, au sud de l'Océan Indien. Des personnes bien informées pensent qu'Israël fit un tir d'essai avec l'assistance de l'Afrique du Sud.

Le 9 novembre 1979, l'attaque simulée d'un missile américain alimente accidentellement un système de prévention qui dupe les opérateurs. Durant les 6 minutes qu'il fallut pour découvrir que l'attaque n'était pas authentique, les chasseurs des bases des Etats-Unis et du Canada ont décollé d'urgence, tandis que les missiles et les sous-marins installés à travers le monde furent placés en alerte.

Années 1980

Le 3 juin 1980, un processeur de 0.46$ tombe en panne au NORAD, provoquant une (fausse) alerte d'attaque par un missile soviétique. Environ 100 bombardiers B-52 sont placés en état d'alerte et prêts à décoller. L'avion présidentiel Air Force 1 décolle au même moment avant qu'on découvre qu'il s'agissait d'une fausse alerte.

Le 20 septembre 1980, un technicien perd une manivelle et brise une réserve de fuel, provoquant l'explosion d'un silo abritant un missile intercontinental Titan II. L'explosion souffla le silo de 740 tonnes et expédia le véhicule de réentrée et ses 9 MT de charge nucléaire à 200 m d'altitude. L'accident tua un homme et en blessa 21 autres.

Le 30 septembre 1980, un chasseur F-4 iranien bombarde le centre de recherche nucléaire irakien d'Osirak

Le 21 mars 1984, le porte-avion USS Kitty Hawk entre en collision avec un sous-marin russe d'attaque. Le sous-marin est porteur de torpilles à charge nucléaire et le navire US est armé de plusieurs dizaines de missiles nucléaires.

Le 24 mars 1984, des chasseurs irakiens font un raid aérien sur la centrale nucléaire iranienne de Bushehr. L'attaque sera répétée le 12 février 1985, le 4 mars 1985 et le 17 novembre 1987.

Le 10 janvier 1985, un missile américain Pershing II prend feu près d'Heilbronn en Allemagne de l'Ouest, lançant des fragments brûlants du missile jusqu'à 228 m d'un stock de têtes nucléaires.

Le 3 octobre 1986, un feu se déclare dans le sous-marin nucléaire russe K-219 de classe OTAN Yankee. L'accident se produit à environ 644 km (400 miles) à l'est des Bermudes. Les efforts héroïques des membres d'équipage évitent la fusion du réacteur qui, sinon, aurait pu contaminer toute la côte Est des Etats-Unis et du Canada ! Le sous-marin coula trois jours plus tard. L'épave contient toujours le réacteur nucléaire.

Années 1990

Le 18 janvier 1991, la Guerre du Golfe éclate, c'est l'opération Tempête du Désert ordonnée par le Président George H.W.Bush. Israël est en état d'alerte nucléaire pour la durée des hostilités et annonce qu'elle fera usage de l'arme nucléaire si l'Iraq utilise des armes chimiques contre les missiles Scud tirés depuis les villes israéliennes.

Le cuirassé USS New Jersey, classe Iowa, lançant un de ses 32 missiles Tomahawk au cours de la Guerre du Golfe en 1991. Document UMR/David Roger.

Le 31 juillet 1991, utilisant des stylos fabriqués avec le métal recyclé des missiles SS-20 et Pershing II, les Présidents George Bush et Mikhail Gorbachev signent le premier Traité bilatéral de Réduction des Armes Stratégiques, SALT I. Le traité envisageait une réduction du nombre de têtes nucléaires détenues dans chaque camp à 5000 unités au cours des sept prochaines années.

Le 27 september 1991, la mise à feu d'un missile se déroule mal à bord d'un sous-marin nucléaire soviétique de classe Typhoon transportant plusieurs armes nucléaires.

Le 17 janvier 1993, les Etats-Unis lancent 45 missiles de croisière Tomahawk contre le complexe industriel iraquien de Zaafaraniyeh qui, selon les services secrets fabriquerait des équipements à l'uranium enrichi.

Le 20 mars 1993, un sous-marin nucléaire russe de classe Delta III porteur de missiles ballistiques nucléaires entre en collision avec le sous-marin nucléaire d'attaque américain USS Grayling dans la Mer de Barents.

Le 17 juillet 1993, le sous-marin nucléaire d'attaque français Rubis entre en collision avec un tanker et subit d'importantes avaries.

En septembre 1993, les spécialistes nucléaires russes découvrent que l'augmentation des niveaux de radiations dans le dépôt de munitions ukrainien de Pervomaisk est dû à des mesures de sécurité et des procédures de maintenance insuffisantes.

En octobre 1993, à la frontière de l'Ukraine et de la Russie, les Russes découvrent dans un wagon de chemin de fer deux têtes nucléaires émettant dangereusement de la radioactivité. Les armes furent confisquées durant deux semaines par le Colonel Yevgeny Maslin, Général en Chef du Département de Munitions Nucléaires de Russie.

Le 7 décembre 1993, le Département de l'Energie américain révéla qu'il avait procédé à 204 tirs nucléaires souterrains secrets au cours des 45 dernières années. Cela porta le nombre total d'essais nucléaires américains à 1051. Le Département de l'Energie révéla également que les Etats-Unis avaient délibérément exposé plusieurs Américains à des niveaux de radiations dangereux au cours d'expériences médicales et ce, sans leur consentement.

A consulter : Human Radiation Experiments

Le DoE ouvre ses 960000 m2 d'archives sur la Guerre Froide

Le 17 novembre 1999, durant un vol d'entraînement, un chasseur Tornado britannique s'écrase en Mer du Nord, à 800 mètres d'une centrale nucléaire écossaise. Toutefois, dans leur rapport officiel, les Anglais placèrent la distance du crash à 1.6 km (1 mile) qui correspond à la distance de sécurité minimale que les avions militaires doivent respecter vis-à-vis des installations nucléaires.

A gauche, une image très étonnante d'un chasseur Tornado en cours d'ascension à haute vitesse créant un stall temporaire. La chute de pression sur l'extrados des ailes provoque la condensation de l'humidité de l'air et la formation de nuages. En passant le mur du son au dessus de l'eau, ces jets créent régulièrement le même effet. Dans le cas du Tornado, ses ailes à géométrie variables durant le stall accentuent le phénomène. A droite, le Ministre indien de la défense George Fernandez visitant un camp militaire durant la guerre Kargil en 1999. Documents Strategy Page et The Times Group.

En 1999 encore, durant la "mini-guerre" Kargil qui se déclara entre l'Inde et le Pakistan qui se disputaient un territoire dans le Kashmir, les deux pays auraient été en alerte nucléaire. Selon le journaliste indien Raj Chengappa, l'armée indienne était en état d'alerte 3, "signifiant que des bombes nucléaires pouvaient être livrées à court terme… La trajectoire fut calculée de manière à ce que les deux étages du vecteur ne retombent pas sur le territoire Indien et ne blesse personne. Le Pakistan aurait également pris ses dispositions pour passer en état d'alerte 3" (extrait de "Weapons of Peace 2000",  New York Times du 15 juillet 2001, "For the Newest Nuclear Powers, A Little Chat" par Barry Bearak).

Années 2000

Deux torpilles conventionnelles de 533 mm du Kursk dont voici une autre vue. Auteur anonyme.

En mai 2000 un violent feu pénètre dans l'enceinte du Laboratoire Scientifique de Los Alamos (LASL), un complexe de 72 km2 spécialisé dans les armes nucléaires.

L'incendie détruisit quelques bâtiments historiques abritant les laboratoires relatifs au Projet Manhattan. L'incendie fut déclenché par des rangers forestiers qui nettoyaient le bush dans la Bandalier National Forest entourant le laboratoire.

Un porte-parole du LASL déclara que le laboratoire abritait presque 3 tonnes de plutonium. Il était stocké dans des récipients en acier trempés placés dans des bunkers en béton armés à l'épreuve du feu. L'incendie s'était approché à moins de 27 mètres de la réserve. Le tritium était stocké de la même manière au LASL.

Le 12 août 2000, soit près de 40 ans après l'accident du K-12, lors d'un exercice, une torpille nucléaire Granit se déclenche accidentellement et explose à bord du sous-marin nucléaire russe Kursk K-141.

Suite à un manque de réaction du Président Putine qui pensa que son pays résoudrait seul ce problème, l'accident fit 118 victimes, quasiment toutes mortes noyées. Le sous-marin coula à 135 km au large de Murmansk par 115 mètres de profondeur dans les eaux glaciales de la Mer de Barents située au nord de la Norvège et de la Russie occidentale. L'épave, à l'exception du nez, sera renflouée puis démantelée.

La salle de contrôle du réacteur du Kursk. Document Aeronautics.

L'armement du Kursk était important. Il comprenait 24 missiles de croisière Granit à capacité nucléaire (stockés dans des silos non accessibles à l'équipage), 6 tubes lance-torpilles de 533 mm et deux bombes anti sous-marines de gros calibre. Le compartiment pouvait contenir 28 torpilles ou autres munitions.

Le 10 avril 2003 la Corée du Nord ratifia le traité de non prolifération des armes nucléaires et la Lybie se retira du jeu.

En février 2004, l'ingénieur atomiste pakistanais Abdul Qadeer Khan confessa publiquement que les scientifiques de son pays avaient partagé des secrets nucléaires avec la Corée du Nord, la Lybie et l'Iran.

Aujourd'hui l'Iran continue à coopérer à sa manière avec les inspecteurs de l'AIEA dans le cadre de son programme nucléaire civil. Les relations de l'agence atomique et de l'ONU avec l'Iran sont "cordiales" mais son programme nucléaire est étroitement surveillé.

En guise de conclusion

Tant les Etats-Unis que la Russie semblent enfin avoir pris les traités SALT et START au sérieux et s'accordent sur une diminution de leur arsenal nucléaire et des exercices impliquant des armes atomiques. Il aura fallut 60 ans pour que le monde prenne conscience du danger qu'ils faisaient courir à toute la planète en conservant chacun un arsenal nucléaire disproportionné. La même attitude se présente aujourd'hui à propos des centrales nucléaires. Mais le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne, l'Inde, le Pakistan, Israël, le Brésil, l'Afrique du Sud, l'Iran et l'Irak ne l'entendent pas de la même oreille.

A cette longue liste d'accidents et de pays belliqueux, il faut bien entendu ajouter les dizaines de tirs d'essais en atmosphère qui ont contaminé des civils et l'environnement à long terme ainsi que les accidents nucléaires civils, dont la liste ne fait que s'allonger année après année.

Il n'est pas utile de s'étendre sur le sujet qui parle de lui-même, mais cela confirme à quel point les gouvernements et les armées prennent la question des risques liés au nucléaire avec désinvolture et très peu de sérieux et ce, des deux côtés de l'atlantique.

Si depuis les accidents de B-52 les règlementations américaine et internationale ont été modifiées en faveur de plus de sécurité aérienne, les Etats-Unis comme la Russie, la France et une poignée d'autres états continuent à entretenir leur arsenal nucléaire, y compris celui stationné dans les bases militaires de leurs alliés. L'uranium et le plutonium s'y accumulent, atteignant aujourd'hui des stocks qui s'élèvent à plusieurs dizaines de tonnes selon l'organisation WISE-Paris.

Le risque nucléaire reste d'actualité, non seulement dans l'air ou sur terre mais également dans l'eau, via les nombreux accidents entre sous-marins et bâtiments civils.

Par ailleurs, même s'il s'est fortement amenuisé depuis le temps de la Guerre Froide, il reste des conflits, y compris en Europe, où l'arme nucléaire a été utilisée (Cf. l'uranium appauvri) et trop d'accidents nucléaires tant militaires que civils.

Il est temps d'agir en appelant nos dirigeants nationaux et européens à plus de responsabilités et de transparence. Les méthodes à mettre en oeuvre sont simples et un mouvement collectif attire toujours l'attention des politiques : écrivez à vos représentants publics (échevins, bourgmestres, maires, députés, sénateurs, parlementaires, ministres, etc), supportez les ONG et autres organisations civiles de lutte pour le désarmement et pour la paix, les groupements écologiques anti-nucléaires, contactez les éditeurs impliqués dans cette démarche, adhérez à des magazines d'information et transmettez le message autour de vous.

Pour plus d'informations

Nucléaire civil : liste des incidents, accidents et délits (sur ce site)

Les effets des explosions nucléaires (sur ce site)

L'accident du Kursk (sur ce site)

United States Space Force

Air Force Global Strike Command

Broken Arrows: Nuclear Weapons Accidents, Atomic Archive

Strategic Air Command, Marvin T. Broyhill (biographie d'un technicien du SAC à télécharger)

America's Lost H-Bomb: Palomares, Spain, 1966, R. C. Maydew et al, Sunflower University Press, 1997

The Bombs of Palomares, Tad Szulc, Viking Press, 1967

One of Our H-Bombs Is Missing, Flora Lewis, McGraw-Hill, 1967

The Oops list, Chuck Hansen, Educational Foundation for Nuclear Science, Inc, 2000

Disarmament and Peace Education, Global Security Institute

"The Swords of Armageddon", Chuck Hansen, Chuckelea Publications, 1995

"The Greenpeace Book of the Nuclear Age: The Hidden History, the Human Cost", John May, Pantheon Books, 1989

"Where H-Bombs Fell in ‘66, Spaniards Still Worry", Edward Schumacher, New York Times, 28 dec.1985, p2.

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