Dreamland : La Zone 51
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Contact visuel entre un F-15, un Aurora et un TR-3A.
Photomontage de T.Lombry. |
Y
a-t-il un secret ? (IV)
On peut essayer
de résoudre "l'affaire Lazar" et tout le mystère
entourant la Zone 51 et les activités secrètes se déroulant à
Palmdale ou dans les bases aériennes proches en examinant le problème sous un
autre angle.
Quoique
dise Bob Lazar, il n'a jamais été inquiété par les
autorités. En admettant que le Gouvernement sache que Lazar
est un fumiste, qu’il propage une rumeur, il sait aussi
que le public est indécis voire naïf et que certains vont croire
ce témoin "privilégié" sur parole. A qui profite cette
mise en scène ? Quel intérêt le Gouvernement a-t-il à laisser se
propager une rumeur ?
Si
nous pouvons répondre à cette question, nous découvrirons de quelle
manière fonctionne l'administration américaine, comment elle agit
pour camoufler les secrets d'Etats (et accessoirement comment elle
considère la problématique OVNI.
Un
journaliste d'investigation un tant soi peu informé dira à propos
du cas Lazar qu'on se trompe de cible et qu'il ne s'agit nullement
d'une affaire gouvernementale. La CIA n'a donc aucun intérêt à
supporter ou camoufler cette histoire. Il s'agit d'une affaire privée,
peut-être plus originale que les autres, qui peut éventuellement
intéresser les médias à sensations. Etant donné que Lazar
n'apporte aucune preuve à ses révélations mais cite des
institutions publiques, la CIA ou le service juridique de
l'institution concernée pourrait tout au plus le poursuivre pour
parjure ou calomnie, action qu'elle n'a jamais intentée.
Inversement,
en imaginant qu’un témoin relate des événements réels et
secrets se déroulant dans la Zone 51, on peut se demander dans quel
but le Gouvernement laisserait-il filtrer des informations aussi
importantes ? Veut-il faire croire à la population qu'il y a des
soucoupes volantes d'origine extraterrestre dans la Zone 51 ?
Cette attitude irait à l'encontre de ses intérêts.
Dans
l'absolu, si soucoupe volante il y a, pour des raisons stratégiques évidentes il ne faut pas
s'attendre à ce que le niveau de sécurité soit abaissé et l'information
divulguée, ni aujourd'hui ni dans 50 ans. Mais rien ne vient étayer
l'hypothèse extraterrestre qui reste l'explication la plus
difficile à prouver sur les plans scientifique et technologique.
Mais
où se situe la vérité ? Jusqu'où va la rumeur et où commence la
désinformation ? Sans appartenir au club très fermé de la Maison Blanche ou du
Pentagone, il est impossible de le dire.
En
revanche, laisser courir une rumeur pourrait en effet couvrir la construction de nouvelles armes et
de nouveaux avions furtifs dont on dit par exemple que le revêtement est
hautement toxique. Les témoins ayant rencontré des
vaisseaux "aliens" ont en effet parfois constaté l'éruption
d'étranges rougeurs sur leur corps ou furent même brûlés par
radiation. A l'heure actuelle ces incidents n'ont reçu aucune
explication et ne sont bien sûr pas corrélés à des activités
militaires avérées, black-out oblige.
Pour
conforter cette hypothèse, début 1994 le New York Times Magazine
rapporta que des travailleurs de la Zone 51 avaient intenté un procès au
Gouvernement après avoir été intoxiqués en faisant brûler des
déchets dans des fosses ouvertes sur la zone militaire.
Le juge interrompit la procédure pour des raisons de "sécurité
nationale". Incident clos, on en entendit plus jamais parlé.
Il
y aurait donc une connexion étroite entre les contractants du
complexe de Nellis AFB et l'intelligence américaine. Ne citons
qu'un exemple, la société Bechtel Corp. qui construit des surrégénérateurs et des réacteurs
nucléaires à travers le monde, un marché qui rapporte des
milliards de dollars à l'industrie américaine. Le laboratoire de
Lawrence Livermore (LLNL) est également impliqué puisqu'il
construit les charges utiles des bombes atomiques et des systèmes
de défense spatiaux bien qu'il prétende, tout comme le Pentagone,
oeuvrer pour la paix.
Ces
recherches étant hautement stratégiques, malgré la mise en
application du "Freedom Of Information Act" (FOIA), le 29
septembre 1996 le Président Bill Clinton signa une Détermination
Présidentielle N°.95-45 dans laquelle il stipula : "Je
trouve qu’il est de la plus haute importance dans l’intérêt
des Etats-Unis d’exempter le site opérationnel de l’U.S. Air
Force proche du lac Groom, Névada, de toute exigence s’appliquant
à la divulgation aux personnes non autorisées d’information
confidentielles concernant ce site opérationnel". Le
black-out subsiste donc.
Ainsi
qu'on le constate, la Zone 51 – nonobstant le problème OVNI -
devient hautement politique et beaucoup plus terre-à-terre quand on
creuse la question de la désinformation.
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Parmi
les derniers grands projets aérospatiaux parvenus
jusqu'en production, à gauche le "chasseur du
21eme siècle" le F-22 Raptor dont voici une autre
image et un site qui lui est consacré, F-22
Fighter. Conçu en 1995 par Lockheed Martin, le
F-22 sera fabriqué à 339 exemplaires jusqu'en 2013.
Très agile et rapide (sans postcombustion il atteint
Mach 1.58, sinon Mach 2.1), il remplacera
avantageusement le fameux F-15 Strike Eagle. A droite,
le prototype X-43A hypersonique de la NASA alias
"Hyper X" qui réussit son premier vol
d'essai en mars 2004. Prototype des futurs
transporteurs commerciaux hypersonique, il devrait
voler au-delà de Mach 10. Aujourd'hui il ne s'envole
qu'à partir d'un B-52 à 30 km d'altitude. Documents Lockheed
Martin et NASA. |
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La
rétention d'information
Si
on se rappelle les premiers développements de la Zone 51, dès le
départ la CIA adopta une attitude assez transparente. A travers
la Commission de l'Energie Atomique, elle annonça la construction
d'infrastructures militaires et révéla même qu'il s'agissait d'un
site d'essai pour U-2. L'administration a fourni au public un
minimum d'information, juste de quoi satisfaire sa curiosité sans
pour autant révéler des informations secrètes pour des raisons
opérationnelles telles que les missions des U-2. C'est en fait
toute la sécurité entourant le U-2, cherchant à occulter de
soi-disant missions innocentes de "recherches météo" qui
incita les journalistes à spéculer sur des activités occultes.
La
même situation se répéta avec le programme OXCART qui ne
mentionnait même pas les A-12. Mais dans l'esprit des journalistes
il fallait tout de même une bonne raison pour maintenir et étendre
les activités de l'USAF autour de Nellis et du lac Groom, au point
d'interdire l'espace aérien dans toute la région. La CIA avait
beau prétendre qu'il ne s'agissait que d'un autre site de test, son
anonymat en disait long.
Dans
les années 1970, l'USAF sera en charge de tous les sites militaires
et adoptera une approche plus maladroite encore. En engageant des
gardes de sécurité anonymes pour empêcher le public d'approcher
de la Zone 51 et en criant à qui voulait l'entendre qu'ils
agissaient pour la "sécurité nationale", elle
cristallisa l'idée de conspiration et que les Etats-Unis nous
cachait effectivement un secret d'Etat. C'était d'autant plus vrai
qu'elle refusa de reconnaître l'existence de la Zone 51. Or on ne
cache pas une information si elle n'est pas classée secrète.
Le
27 septembre 1995, David Morris de Walsall, Cornwall,
en Angleterre, aurait photographié un avion furtif
Aurora au-dessus d'Amarillo, au Texas.
Certains y ont
vu un A-17. Cette photographe fit le tour du monde.
Beaucoup d'ufologues la considère encore comme
authentique.L'histoire
raconte que selon des émissions captées au scanner,
l'avion vidangeait son carburant dans un KC-135
Stratotanker, le pilote du nom de code "Oméga" se
préparant à un atterrissage d'urgence suite à une
défaillance technique. Il était escorté par deux F-111.
L'ingénieur
pétrolier anglais Chris Gibson en aurait également vu un
se ravitaillant en août 1989 en mer du Nord, également
accompagné d'un KC-135 et de deux F-111.
En
fait il s'agit d'un canular. Bill Rose publia cette image
dans le N° d'octobre 1995 du magazine anglais
"Astronomy Now" en précisant bien dans la
légende qu'il s'agissait d'un photomontage : "A
simulation of the refuelling of the top secret 'Aurora'.
Photo composition by Bill Rose". La rumeur fit le
reste. |
Durant
des décennies, pendant que le grand public se passionnait pour
toutes les histoires d'OVNI qui couraient à propos de la Zone 51,
quelques spécialistes de l'imagerie et des affaires militaires ont
recherché dans la documentation déclassifiée et non classifiée
des documents officiels, des cartes et des photographies pouvant
révéler la véritable mission et les activités de la Zone 51.
Avec beaucoup de perspicacité et de persévérance, ils sont
parvenus dans une certaine mesure à relier par des pointillés
différents événements isolés.
Ici
on découvrit l'acheminement de la maquette d'un avion espion, là
on découvrit une silhouette suspecte volant à très haute
altitude, ailleurs on apprit qu'une entreprise de la Zone 51 était
spécialisée dans les signatures anti-radars ou développait des
réacteurs atomiques. Finalement, grâce à l'imagerie satellitaire
à haute résolution, l'information se recoupa et on découvrit
qu'effectivement les infrastructures de la Zone 51 s'étendaient sur
plusieurs milliers d'hectares et rassemblaient plus d'une centaine
de hangars, des zones de stockage, des citernes, des antennes
paraboliques micro-ondes, etc. Toute cette infrastructure était
destinée à tester les équipements et les performances des avions
furtifs.
Un faisceau d'indices concordants comme l'on dit atteste par
ailleurs la thèse de la
fabrication d'armes ou d'appareils militaires de nouvelle
génération : publications théoriques, prototypes, témoignages, plaintes,
sans parler des annonces et des meetings aériens lorsque le produit
est finalisé.
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Trois
exemples parmi les nombreux programmes développés
dans les bureaux d'études dans le plus grand secret. Tous
ces engins sont fabriqués en matériaux composites et
ont été observés volant entre les états du Texas, du
Névada et de Californie. La plupart étaient ou sont
basés à Edwards AFB. A gauche, le "Tacit
Blue", avion de surveillance furtif, vola
pour la première fois en 1982 mais ne fut dévoilé
qu'en 1996 au Pentagone. Au centre, le prototype
furtif "Bird of Prey" alias "BoP"
construit par Boeing
en 1996 et dévoilé en 2002. A droite, le drone ou UVA
RQ-4A "Global Hawk" mis en production en
2002. Très performant, bourré d'avionique, de détecteurs, la grosse
bosse au-dessus du fuselage avant cache une parabole
de 1.22 m de diamètre destinée aux communications
par satellite en bande Ku (12.5-18 GHz) ainsi que des
antennes en bande X (liaisons à vue), Satcom et UHF.
Consultez le site d'AF
Technology pour plus d'information. Documents FAS
et Beale AFB. |
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Toutes
les photographies et les plans proposés au public révélant
l'existence des avions furtifs ont été fournis
par la voie officielle (USAF, Lockheed Martin, etc) et la plupart
des documents ne font pas référence à la Zone 51 où, s'ils le
font, il s'agit de documents d'intérêt purement historique
remontant à plus de 30 ans (le matériel a été déménagé, les
avions se sont crashés ou sont exposés dans les musées, le projet
a été abandonné, etc). Quelques rares photographies prises
récemment par satellite ont reçu l'accréditation de la CIA
mais elle ne montrent que des vues générales et jamais de détails
suspects.
En
réalité, la plupart des programmes connus remontent à plus de dix
ans voire un demi-siècle ! Nulle part il est question d'article sur
les black programs actuels, avions furtifs Aurora, Black Manta
et autre TR-3B de la nouvelle génération; ces programmes sont trop
chauds, ils sont verrouillés à double tour.
Concernant
l'Aurora par exemple, on sait très peu de choses. D'après diverses sources scientifiques, on
pense qu'il fut construit en 1987 et vola pour la première fois en
1989. Il s'agit d'un avion de reconnaissance hypersonique et furtif
à long rayon d'action. En forme de triangle, il mesure 33.5 m de longueur, 18.2m
d'envergure et vole à 150000 pieds ou 30000 mètres d'altitude.
L'Aurora
dispose de quatre moteurs, probablement des turbo-ramjets fixés sur
son intrados et capables d'atteindre Mach 5 à Mach 8. Afin que
la coque externe supporte les 540°C du vol hypersonique, elle
serait constituée de titane et les bords d'attaques seraient
fabriqués dans un acier trempé spécial supportant les hautes
températures. L'Aurora utiliserait du méthylcyclohexane (MCH)
comme carburant, une variante de l'hydrogène liquide, un
combustible qui ne s'enflamme pas spontanément aux hautes
températures auxquelles se déroule le vol. On pense qu'il est propulsé soit par des
détonations pulsées, soit par des moteurs à impulsions (pulsejet)
ou encore des ramjets très évolués, ce qui pourrait expliquer les
contrails qui le caractérisent. On ne sait pratiquement rien de
plus sur cet avion, comme on ne sait pas grand chose de ce qui se
fait dans la Zone 51 mais qui ne cache vraisemblablement aucune
soucoupe volante ou extraterrestre et pour tout secret d'état
quelques avions de haute technologie.
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Contrails
suspectes photographiées dans les années '90 et
ayant soi-disant révélé l'existence de l'Aurora. |
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Même
les documents déclassifiés restent partiellement tabous. Vous ne
trouverez pratiquement aucun document où les mots clés tels que
"Area 51", "Watertown", "Groom lake"
n'a pas été raturé ou effacé. Ainsi que nous le verrons à
propos d'affaire Roswell, même l'administration, les bibliothèques par
exemple savent qu'il existe des documents officiels mais l'USAF les
contraint à dire à tout enquêteur qu'il n'existe aucun document
disponible : "No comment" ou "Not available".
Quel but peut viser ce genre d'attitude ? Même d'un point de vue
purement historique, que peut-on vouloir cacher à un historien qui
rechercherait des informations sur des événements remontant à 50 ans ?
Sont-elles à ce point sensibles qu'elles pourraient mettre la vie des
personnes concernées en danger, être si impopulaires qu'elles provoqueraient
des réactions inattendues dans le public ou violerait-on un réel secret
d'état ou un serment en les divulguant ? Ces questions restent sans réponse.
Avec
du bon sens, la solution la plus simple est probablement
la plus raisonnable; comme l'on sait la "Grande muette"
(l'armée) porte bien son nom et ce n'est pas nécessairement parce
qu'elle cacherait des extraterrestres dans ses armoires... mais par
la nature même de ses activités.
Dernière
partie
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