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L'élimination des bactéries et virus

Inspiré de CDC, UIowa, PRIM.

Elimination artificielle (II)

A propos des rumeurs

D'abord oubliez toutes les rumeurs que vous entendez ou lisez sur les réseaux sociaux sur le soi-disant effet de certaines nourritures, produits ou régimes sur les virus. L'ail n'affecte pas les virus. Le seul effet que cela pourrait avoir c'est de vous donner une mauvaise haleine et d'éloigner les autres - toujours utile quand on impose une distanciation sociale ! Boire de la soupe ou du thé bouillant n'aura pour effet que de vous brûler. Se raser la barbe ne va pas empêcher les virus de vous contaminer. La viande de boeuf ne constitue pas un vaccin contre les virus. Manger cru et jeûner sous prétexte de renforcer les mécanismes d'autophagie (dégradation partielle du cytoplasme cellulaire en utilisant ses propres lysosomes) ou éliminer des toxines (une autre rumeur) ne tue par les virus. Boire de l'eau toutes les quinze minutes, de l'alcool ou une solution saline ne vous protège pas des virus. La vitamine C n'a aucun effet sur les virus. Manger des fruits, des légumes, du poissons gras, des probiotiques, des plantes médicinales et faire régime n'ont jamais prouvé leur efficacité pour réduire les infections d'origine microbienne. Consommer de la cocaïne ne vous protège pas de la maladie. Enfin, s'injecter du désinfectant comme le proposait l'ancien président Trump (cf. Twitter) vous conduira juste d'urgence à l'hôpital !

Rappelons que plusieurs sites journalistiques professionnels ont publié une page spéciale sur les idées reçues et les rumeurs à propos du Covid-19 parmi lesquels la BBC, Le Monde, la RTBF et l'AFP.

Voyons quels sont les rayonnements, procédés, produits chimiques, traitements et vaccins que nous avons mis au point pour détruire ou éliminer les bactéries et virus, ceux qu'on retrouve sur notre peau et sur les objets et qui nous contaminent parfois.

Le rayonnement UV-C

Les virus sont très sensibles aux rayonnements. On sait par exemple que le rayonnement UV-C (200-400 nm) est germicide. Il tue les bactéries et détruit les virus et sert notamment à stériliser le matériel chirurgical. En revanche, il est nocif pour l'être humain, une exposition prolongée pouvant induire un cancer de la peau ou une cataracte. Les stérilisateurs UV domestiques de 40 ou 120 W fonctionnant à 254 nm que l'on vend sur certains sites en ligne sont donc exclusivement réservés à la stérilisation des objets (par exemple des ustensiles en acier inoxydable) ou des piscines et ne doivent jamais être utilisés sur des êtres vivants.

De gauche à droite, le coronavirus Covid-19, le virus Zika, un rétrovirus et un rhinovirus (virus à ARN des picornaviridae à l'origine des rhumes). Documents BSIP, U.Purdue, Biochem/U.Wisconsin et Bocklabs/U.Wisconsin.

Les UV-C lointains (222 nm) sont encore plus performants et à des doses de 2 mJ/m2, ils peuvent neutraliser 95% des virus influenza de la grippe (souche H1N1). Des tests conduits par l'équipe de Daniel Welch de l'Université de Columbia et publiés dans la revue "Nature" en 2018 ont montré que des doses plus faibles mais continues de rayonnement UV-C lointain peuvent également détruire les virus présents dans l'air. Concrètement, lorsqu'une personne est infectée par la grippe ou même la tuberculose, elle pourrait utiliser une lumière UV-C portative pour tuer les microbes présents dans sa bouche sans endommager les tissus humains et sans nuire à sa santé. On pourrait également utiliser ce dispositif dans les lieux publics (hôpitaux, cabinets médicaux, aéroports, etc). Seul inconvénient, aujourd'hui une lampe UV-C dite à excimère émettant entre 207-222 nm revient à 1000$, ce qui limite son usage aux professionnels de santé et aux entreprises disposant d'un service médical.

La chaleur

La plupart des virus y compris les coronavirus succombent vers 56°C (cf. J.P. Abraham et al., 2021). Ils préfèrent les milieux tempérés ou froids et humides mais il y a des exceptions. Pour s'assurer qu'un aliment ne porte aucun germe actif, il suffit de le cuire au moins 2 minutes à 70°C (ou 1 minute à 100°C) pour les tuer pratiquement tous.

Plus précisément, à des températures de traitement relativement basses (56 à 65°C), les coronavirus dont le Covid-19 doivent être exposés durant 15 à 60 minutes, tandis qu'à des températures de traitement plus élevées (70 à 100°C), une durée beaucoup plus courte de 1 à 15 minutes est nécessaire. Par exemple, le traitement thermique du Covid-19 à 70°C pendant 5 minutes a permis une réduction > 4.5 Log10, et à 92°C pendant 15 minutes ont obient une réduction > 6 Log10 (cf. Y.Jiang et al., 2020).

Notons que les virus thermophiles modérés ont une température optimale de croissance entre 55-65°C, entre 65-80°C pour les thermophiles extrêmes et supérieure à 80°C pour les hyperthermophiles. On comprendra donc l'intérêt de l'appertisation (la stérilisation par la chaleur dans des récipients hermétiques) des aliments animaux et végétaux préparés à 100°C, la stérilisation UHT (2 à 5 s entre 140-150°C), l'usage de la "brique" Tetra pack (le Tetra Recart) stérilisable en autoclave, ainsi que du nettoyage du linge susceptible d'être contaminé à 60°C ou même à 90°C pour le linge blanc comme le font les hôpitaux.

Les ultrasons

Leur usage est principalement réservé aux professionnels y compris aux laboratoires de biologie. Cela consiste à immerger le matériel médical démonté dans une cuve contenant de l'eau combinée à 5 ou 10% de nettoyant spécifique parfois acide que l'on soumet à des ultrasons afin d'en dégager les microparticules. Les vibrations ultrasoniques vont créer des microbulles (et augmenter la température du bain) qui vont déloger les impuretés et la saleté; il s'agit donc d'un procédé mécanique. L'avantage est de ne pas devoir frotter l'objet et les ondes ne l'abîme pas. En revanche, il faut éviter les zones d'ombres.

On vend également ce genre d'appareil au public pour notamment nettoyer des objets décoratifs, des pendentifs, des bracelets, des ustencils de cuisine ou des pièces de mécanique (cf. cette vidéo). Le temps de traitement varie selon l'encrassement et dure généralement en 15 et 30 minutes. Concernant les virus, c'est plutôt une solution complémentaire de nettoyage.

En revanche, on peut utiliser les ultrasons pour homogénéiser une substance, créer une émulsion très fine et en même temps détruire les tissus organiques comme les cellules, les bactéries, les virus, les spores et les champignons.

Solvants et alcools

Les microbes sont sensibles aux agents chimiques. Le produit va dénaturer le virus, c'est-à-dire modifier la structure des protéines de matrice (par exemple la protéine S des coronavirus ou la protéine M1 des Influenzavirus), empêchant le virus de se lier à la cellule hôte, inactivant ainsi la charge virale.

1. Savon, détergent et alcool

Bien qu'ils ne comptent pas parmi les traitements curatifs, les savons, les détergents, les produits désinfectants et autre assainissants contenant au moins 60% d'alcool sont des bactéricides et virucides notoires (ceci explique pourquoi on ne trouve jamais de bactéries sur les savons). Les tensioactifs ou surfactants du savon et des détergents (des dérivés du pétrole) étant chimiquement proches des lipides de la membrane des virus, ils entrent en compétition avec ces molécules et finissent par détruire leur enveloppe ou leur capside.

L'intérêt du savon est son pouvoir nettoyant et surtout moussant. Il permet par friction la formation de mousse qui aide à déloger la saleté et les germes qui seront évacués lors du rinçage. Ensuite, il faut évidemment bien se sécher les mains soit avec un essuie-main en papier jetable soit en tissu et propre, sinon tout est à refaire.

A gauche, le fameux flacon d'alcool de menthe de Riqclès inventé en 1788 par Samuel Heyman, Amsterdam, et commercialisé sous la marque française en 1838. Bien qu'il ne protège pas des épidémies comme le prétend l'étiquette, ce mélange d'huile essentielle de menthe poivrée et d'alcool est efficace contre les troubles digestifs (maux d'estomac, diarrhée, vomissement, etc) ainsi que les nausées et la fatigue passagère notamment. Il se consomme en versant quelques gouttes sur un morceau de sucre. Durant la guerre 1914-1918, il fut utilisé pour purifier l'eau. A droite, divers produits à base d'alcool qu'on vend en pharmarcie pour désinfecter les mains, la bouche et les appareils dentaires. Ils tuent les micro-organismes pathogènes et détruisent l'enveloppe de plus de 99% des virus en moins de 3 minutes.

L'alcool étant un puissant solvant, il est efficace contre la majorité des bactéries et des virus enveloppés car il détériore les protéines de la couronne du virus et affaiblit aussi la cohésion de la membrane. Le Covid-19 peut être efficacement inactivé en 1 minute en désinfectant les surfaces contaminées avec 62 à 71% d'éthanol, 0.5% de peroxyde d'hydrogène ou 0.1% d'hypochlorite (cf. G.Kampf et al., 2020).

Pour l'anecdote, lors de la pandémie de Covid-19, les Turcs ont acheté de l'eau de Cologne en masse pour se prémunir du virus (cf. Le Figaro). Contenant un hydrolat mélangé à de l'eau-de-vie, il a remplacé les sprays et gels assainissants.

 Parmi les désinfectants et gels pour les mains il y a le Sanytol à base d'éthanol et d'eau oxygénée (peroxyde d'hydrogène) et l'assainissant de Puressentiel à base d'éthanol. Le Steradent à l'oxygène actif désinfecte les appareils dentaires (mais il ne faut pas avaler le produit).

L'avantage de ces produits est d'être en vente libre dans toutes les grandes surfaces ou en pharmacies et parapharmarcies en ligne. Ces produits sont conditionnés en flacons variant le plus souvent entre 80 et 250 ml pour un prix variant respectivement entre environ 6 et 15 €. Par comparaison, un bidon de 5 litres de gel hydroalcoolique du Laboratoire BioLab revient à moins de 69 €.

Soulignons que les lingettes nettoyantes ne sont pas des lingettes antiseptiques; leur étiquette doit mentionner clairement qu'elles contiennent 71% d'éthanol et sont germicides.

Insistons que si vous avez de l'eau et la possibilité de vous laver les mains au savon, préférez toujours cette méthode car l'utilisation d'alcool n'est qu'une solution dégradée pour éliminer les virus. C'est un désinfectant pas un nettoyant.

Attention danger

Attention, le gel désinfectant hydroalcoolique et autre Sanytol doivent uniquement être utilisés pour désinfecter les mains. Ce sont des produits chimiques dangereux et inflammables qui peuvent provoquer des allergies cutanées, assécher la peau et irriter les yeux. Les moins irritants sont les lotions assainissantes antimicrobiennes contenant en complément des huiles essentielles qui évitent le déssèchement de la peau.

On dénombre des centaines de cas à travers l'Europe où de jeunes enfants ont bu du liquide hydroalcoolique et durent être conduits d'urgence à l'hôpital. En France, en 2009 les centres antipoison ont recensé 248 cas d'exposition aux produits hydroalcooliques pour lavage des mains ayant entraîné des symptômes. Pendant l'épidémie au Covid-19, en Belgique on a dénombré une centaine de cas d'enfants intoxiqués par des produits hydroalcooliques.

Aux Etats-Unis, un rapport du CDC publié en 2017 fait état de 70669 cas d'intoxications d'enfants de moins de 12 ans par du gel antibactérien entre 2011 et 2014. En 2020, un rapport du CDC signalait le décès de 24 personnes ayant ingéré du gel hydroalcoolique dont 15 adultes vivant aux Etats-Unis et 9 personnes vivant en Inde.

A consulter : Recette de fabrication d'un gel hydroalcoolique (PDF), OMS

A gauche, la mère de l'actrice Kristen Bell est infirmière et lui rappela l'intérêt de bien se laver les mains au savon. Elle a mis de la crème Glo Germ sur ses mains, les a plus ou moins lavées puis les éclaira sous les UV. On constate qu'il faut se laver les mains au savon, y compris entre les doigts, la paume et sous les ongles, au moins 30 secondes pour supprimer tous les germes, l'effet moussant permettant de les déloger plus facilement. A droite, expérience similaire réalisée par le Dr. Brian Martin à l'Eastern Virginia Medical School. Documents Kristen Bell/Instagram et WTKR.

Il est aussi arrivé que des personnes aient désinfecté leur animal domestique avec du gel hydroalcoolique. La pauvre bête est tombée en coma éthylique et dut être prise en charge d'urgence par un vétérinaire ! De même, ne jamais désinfecter un animal avec du Javel au risque de lui brûler les pattes, les muqueuses ou les yeux ! De plus nos animaux domestiques ne sont pas sensibles aux mêmes virus que les humains et sont capables de se nettoyer seuls.

Bien entendu, sans protection adaptée (masque, gants, etc), ni le savon ni l'alcool ne peuvent contrer une attaque microbienne car les bactéries et les virus peuvent pénétrer dans l'organisme par contact avec les muqueuses (la bouche, le nez), les yeux ou une blessure. Il est donc important d'éviter de se toucher le visage après avoir été en contact avec des personnes ou des objets dans des lieux publics susceptibles d'avoir été contaminés (cf. les épidémies).

2. Les bains de bouche

Parmi les bains de bouche désinfectants citons la Listérine antiseptique de Johnson & Johnson, à base d'alcool. Ce produit très connu aux États-Unis où il fut inventé peut inactiver des germes en 30 secondes.

Le bain de bouche Listérine.

Le Perio-Aid fabriqué par Dentaid BeNeLux BV à base de digluconate de chlorhexidine est reconnu par les dentistes comme étant l'un des antiseptiques les plus efficaces pour soigner les infections bucco-dentaires. Son avantage est qu'il est conditionné en grand flacon (à usage privé) et en petites doses individuelles (à l'usage des patients avant une intervention dentaire).

Dans une étude publiée dans le "Journal of Medical Virology" en 2020, le microbiologiste et immunologue Craig Meyers du Collège de Médecine de l'État de Pennsylvanie et ses collègues ont étudié de nouvelles stratégies complémentaires au port du masque facial de protection et des gestes barrières pour réduire la transmission du Covid-19.

Les chercheurs ont découvert que les bains de bouche et les solutions nasales ont un impact direct sur les principaux sites de réception et de transmission des coronavirus humains (VHC) et peuvent apporter un niveau supplémentaire de protection contre ce type de virus.

Les chercheurs ont sélectionné plusieurs produits courants en vente libre aux Etats-Unis (et en Europe) qui furent testés pour leur capacité à inactiver des concentrations élevées de coronavirus humains avec des temps de contact de 30 secondes, 1 et 2 minutes. 

Selon leurs résultats "Une solution de rinçage nasal de shampooing pour bébé à 1% a inactivé le VHC à plus de 99.9% avec un temps de contact de 2 minutes. Plusieurs rince-bouche/gargarismes en vente libre, y compris la Listerine et les produits similaires à la Listerine, ont été très efficaces pour inactiver le virus infectieux avec plus de 99.9%, même avec un temps de contact de 30 secondes".

Soulignons que d'autres bains de bouche comme le Corsodyl, la Bétadine verte ou le Chlorhexidine/Chlorobutanol de Mylan en vente en pharmacie présentent un large spectre d'actions contre les germes (ils altérent les protéines des membranes bactériennes). On les utilise en général lors d'opérations dentaires présentant un risque d'infection. Mais il ne faut pas avaler ces solutions souvent à base d'alcool et ne pas en donner aux enfants de moins de 6 ans (consultez un médecine et la posologie).

3. Les désinfectants industriels

Il existe de nombreux produits désinfectants et germicides à usage professionnel et domestique, y compris pour le secteur médical.

Le formaldéhyde (HCHO ou H2CO) était jadis utilisé pour inactiver les virus lors de la préparation des vaccins. Le processus dure des semaines mais il est efficace. Le formaldéhyde est une substance extrêmement inflammable, soluble dans l'eau et un gaz toxique qu'il vaut mieux ne pas respirer ni mettre au contact de la peau au risque de devoir appeler le centre antipoison ou se retrouver aux urgences. Ce n'est pas un produit à usage domestique. Pour ces raisons, il est surtout utilisé dans l'industrie et en biochimie.

Parmi les produits désinfectants plus répandus citons ceux fabriqués par Alkapharm, Anios, Birchmeier, Dettol, HTSBio et autre Ouvry sans parler des produits vendus en grandes surfaces. Ils sont conditionnés sous forme de lingette, de gel, de bidon, de pulvérisateur à main pour les surfaces domestiques ou de bureau par exemple, de pulvérisateur à dos ou de souffleur pour les grandes surfaces, les salles et le mobilier des espaces publics.

L'avantage du pulvérisateur (spray) est qu'il élimine les germes dans tous les espaces pulvérisés, aussi minuscules ou inaccessibles qu'ils soient. Encore faut-il que l'endroit soit sujet à la contamination. En effet, on a plus de chances de trouver des bactéries sur une surface ou un objet que des virus, ces derniers se propageant généralement par contact.

A gauche, effet d'un nettoyage et d'une désinfection par un produit de Birchmeier sur une surface contaminée par des germes. A droite, l'effet du désinfectant DESDEC R2D4 d'Ouvry sur des germes récoltés à l'intérieur d'un bâtiment (où ils sont toujours plus nombreux qu'en extérieur). Documents Orochemie et Ouvry.

La composition des désinfectants est très variable : alcool, ammonium quaternaire, peroxydes/acides paracétiques et hypochlorites (eau de javel)/dioxydes de chlore.

Comme le montre l'expérience ci-dessus, une surface nettoyée à l'eau ou au savon supprime 10 à 90% des germes alors qu'une désinfection supprime plus de 99.999% des germes.

Tous les désinfectants ne sont pas virucides ou décontaminants car leur spectre d'action est limité à certaines familles de germes ou de substances. Parmi les produits les plus complets, citons le DESDEC R2D4 d'Ouvry - le leader mondial des systèmes de protection et de décontamination NRBC - à base d'ammonium quaternaire et de peroxyde d'hydrogène. C'est un produit polyvalent, à la fois désinfectant et décontaminant, non toxique et sans chlore accessible aux civils et aux militaires qui s'active quel que soit le matériau sur lequel se trouve le contaminant. Le R2D4 est capable d'éliminer les bactéries, les champignons, les spores bactériennes, les virus, les prions, il désodorise également les composés organiques volatils (COV) et décontamine les produits industriels, les toxiques et les agents vésicants de guerre chimique.

Ceci dit, si vous n'êtes pas confronté à des situations d'urgence sanitaire de type NRBC, à des fins domestiques un désinfectant classique est suffisant.

Les revêtements désinfectants

La technologie des revêtements autodésinfectants existe depuis les années 2010 et est surtout utilisée dans les hôpitaux pour lutter contre la propagation des germes, notamment contre les bactéries résistantes aux antibiotiques.

MAP-1

Le revêtement antimicrobien MAP-1 applicable sur les surfaces et les tissus présenté par le HKUST le 11 mars 2020.

En mars 2020, après dix années de recherche et développement, l'équipe de YEUNG King Lun, professeur au Département de génie chimique et biologique et à la Division de l'environnement et de la durabilité de l'Université des Sciences et Technologies de Hong Kong (HKUST) annonça avoir mis au point un nouveau revêtement antimicrobien à base de polymère appelé MAP-1 (Multilevel Antimicrobial Polymer) qui neutralise les virus, les bactéries et même les spores difficiles à tuer. 

A l'inverse d'autres produits qui exigent par exemple l'interaction du Soleil et portent la surface à désinfecter à plus de 60°C, MAP-1 est efficace à température ambiante et n'exige aucune condition d'utilisation particulière.

MAP-1 peut inactiver jusqu'à 99.9% des virus hautement infectieux tels que les paramyxovirus (rougeole et oreillons) et rubivirus (rubéole), et 99.99% du calicivirus félin de substitution (FCV) - un "étalon-or" pour tester l'efficacité de la désinfection qui est plus résistant que les coronavirus. En raison de l'urgence sanitaire, MAP-1 n'a cependant pas encore été testé sur le Covid-19 mais c'est évidemment planifié.

Le revêtement MAP-1 s'est révélé efficace contre les micro-organismes résistants aux médicaments. Il est efficace sur différentes surfaces, notamment le verre, les métaux, le plastique, le cuir et les tissus. Son utilisation sur des rideaux d'hôpitaux a permis de réduire de plus de 98.7% des bactéries résistantes aux médicaments en 3 semaines. Des essais complémentaires sont en cours pour tester le MAP-1 sur des matériaux de revêtement des conduites d'eau et des égouts pour prévenir la contamination microbienne et la corrosion des infrastructures.

Selon Joseph Kwan, l'un des chercheurs qui participa à ce projet, "Contrairement aux produits désinfectants courants comme l'eau de Javel diluée et l'alcool, l'efficacité du MAP-1 est accrue par des polymères thermosensibles qui encapsulent et libèrent des désinfectants au contact humain." Il est non toxique et sans danger pour la peau et l'environnement.

Le MAP-1 est un produit polyvalent, le public peut l'utiliser comme n'importe quel autre spray désinfectant de surface et présente une période d'activité effective allant jusqu'à 90 jours. Le produit est vendu par la société Germagic qui prévoit des conditionnement à usage domestique de 50 ml et 200 ml avec des prix allant de 70 à 250 HK$. Actuellement, on ignore quand il sera commercialisé et disponible en Europe (cf. Reuters).

A voir : Hong Kong researchers invent antiviral 'coating', MAP-1, Reuters

Revêtement antimicrobien d'Allied BioScience

Dans une étude publiée sur "PubMed" en 2020, une équipe de chercheurs dirigée par Charles P. Berba de l'Université d'Arizona annonça avoir mis au point un nouveau revêtement spécifiquement conçu pour agir contre les virus. La substance incolore est pulvérisée sur les surfaces et doit être réappliquée tous les trois ou quatre mois. Le revêtement dénature les protéines du virus et attaque sa couche protectrice. Le produit fut développé avec le soutien de la société Allied BioScience spécialisée dans les revêtements antimicrobiens pour les surfaces et textiles.

Les chercheurs ont effectué leurs tests sur le coronavirus humain (HCov) 229E dont la structure et la génétique sont similaires à celles du Covid-19 (mais qui ne provoque que des symptômes bénins du rhume).

Selon les chercheurs, sur les surfaces revêtues de ce produit, la proportion de virus diminue de 90% en 10 minutes et de 99.9% en deux heures. Selon Berba, "Ce produit est important pour désinfecter les surfaces très utilisées comme les métros et les bus car même si on les désinfecte après chaque usage, les prochaines personnes qui viendront les recontamineront". Une étude précédente avait montré que ce type de revêtement réduisait de 36% les infections contractées en milieu hospitalier.

Produits oxygénés

L'eau de Javel

L'eau de Javel ou toute autre solution chlorée comme les chloramines est un bactéricide efficace qui détruit également les champignons et la majorité des virus, d'où son utilisation pour désinfecter les piscines et leurs annexes humides.

C'est en fonction de sa concentration et du temps de contact que l'eau de Javel est bactéricide, virucide, sporicide ou fongicide. L'eau de Javel est commercialisée sous différentes formes titrant 9 degrés chlorométriques ou 2.6% de chlore actif, solution concentrée titrant 36 degrés chlorométriques ou 9.6% de chlore actif à diluer ou sous forme de comprimés de dichloroisocyanurate de sodium au pouvoir affaibli. L'eau de Javel vendue en grande surface contiennent 3.7% de chlore actif et peut être utilisée pure sur les surfaces. C'est également un excellent détachant.

Seule précautions à prendre, l'eau de Javel doit toujours être utilisée seule car elle dégage du gaz toxique au contact des acides forts (acides nitrique, sulfurique, chlorhydrique, etc), des détergents cationiques (les tensioactifs) et du formaldéhyde (CH2O) en solution concentrée. On ne peut pas non plus l'utiliser sur des appareils ou des matériels oxydables (aluminium, cuivre…) sur lesquels elle laisse des traces.

Son activité est en partie inhibée par les protéines et l'eau calcaire. L'eau de Javel se dégradant rapidement, il faut la conserver à l'abri de la lumière, de la chaleur et vérifier sa date de péremption. Le produit est irritant pour la peau, les yeux et les voies respiratoires. Pour manipuler ce produit, mieux vaut porter des gants et des lunettes.

Enfin, il ne faut jamais utiliser l'eau de Javel pour désinfecter des milieux naturels. Ce produit est dangereux pour l'environnement, notamment pour la faune et la flore des cours d'eau et toutes les zones naturelles qu'elle brûle chimiquement et détruit. Au printemps 2020, en Espagne, le maire de Zahara de Los Atunes, une station balnéaire proche de Cadix n'a rien trouvé de mieux que de demander la désinfection de 2 km de plage à l'eau de Javel. Résultat, tout l'écosystème fut ravagé sur plus de 2 km ! On ne trouve plus aucun insecte, plus aucun vers, plus aucun oiseau nicheur... Comme le rappela l'écologiste Dolores Iglesias Benitez, "le virus vit dans les gens, pas dans les plages".

Pour ne pas polluer les sols, il faut éviter d'utiliser l'eau de Javel pour nettoyer les mauvaises herbes ou des chemins d'accès. S'inspirant de pratiques en vigueur en Chine et en Corée du Sud, des élus locaux ont fait désinfecter à l'eau de Javel les rues des villes, de Moscou à Florence en passant par Marseille ou Nice ! N'ont-ils pas conscience qu'ils polluent et tuent toute vie au sol en agissant ainsi ? 

L'ozone

L'ozone est un désinfectant très puissant, plus puissant que les chloramines. Ce gaz est couramment utilisé dans l'industrie, notamment pour traiter l'eau (eau potable, eau des piscines, blanchisserie, tours de refroidissements, etc). C'est l'un des trois atomes d'oxygène présent dans la molécule d'ozone qui se fixe sur la bactérie, le virus ou les odeurs et les oxydent en quelques minutes.

Ce gaz présente une demi-vie de 30 minutes au-delà desquelles il se dégrade. Son odeur est typique d'un "air vicié" (c'est celle d'un temps d'orage avec des éclairs).

Comme la fumée de cigarette est nocive pour la santé, l'ozone est un produit toxique qui produit des effets similaires sur l'être humain à partir d'une concentration de 1.5 partie par million (ppm). L'ozone est également toxique pour les voies respiratoires et les poumons.

En cas de surdose, les symptômes sont un mal de tête, un mal de gorge, une irritation du nez ou des yeux. Ils sont similaires aux symptômes qu'on peut éprouver en présence de fortes concentrations de gaz carbonique (par ex. dans un garage ou un tunnelt mal ventilé).

La société française Cosmeticar propose une désinfection des véhicules à l'eau ozonée depuis avril 2020.

Généralement, les agences de la santé préconisent une exposition maximale de 0.08 ppm d'ozone. Il s'agit d'un seuil maximum pour une exposition de 8 heures par jour et 5 jours par semaine. Les détecteurs sont étalonnés pour détecter des concentrations résiduelles comprises entre 0.01 et 0.03 ppm d'ozone.

On peut utiliser un générateur d'ozone pour désinfecter un local. On revient sur le site 24 heures plus tard pour s'assurer que la concentration est retombée à un niveau non toxique.

En France la société Cosmeticar utilise des sprays d'eau ozonée depuis avril 2020 pour désinfecter les véhicules, notamment contre le Covid-19. Florian Benoit, le fondateur de la société précise que "pour être efficace il faut renouveler le processus au moins tous les quinze jours". Ce produit est déjà utiliser pour traiter les véhicules de pompiers et de gendarmerie (cf. Le Parisien).

Des cabines de désinfection à l'ozone furent testées en Belgique durant la pandémie de Covid-19 en avril 2020 par une société privée. Le sujet ou un client et son caddy de supermarché se placent dans une cabine ou traversent un tunnel dans lequel est vaporisée une brume d'eau ozonée stabilisé pendant 10 secondes.

Toutefois, des tests de toxicité n'ayant pas été réalisés, on ignore leur effet sur la santé. Par précaution, le ministère de la Santé belge demanda le démantelement des cabines et qu'une étude de toxicité soit réalisée. On en reparlera donc dans un an ou deux (cf. RTBF).

En attendant les résultats, les autorités sanitaires belges ont demandé à la Chambre des représentants d'émettre un avis sur l'utilisation de l'ozone dans la lutte contre le Covid-19.

Des tunnels de désinfection similaires mais utilisant un autre désinfectant furent installés en Chine durant la pandémie de Covid-19 (cf. cette vidéo sur YouTube).

Selon les infectiologues, si l'ozone est un désinfectant, il n'élimine pas les virus comme le Covid-19 dès qu'il est inhalé et présent dans la gorge ou les poumons. Une personne contaminée passant un tunnel de désinfection à l'ozone n'en tirera aucun avantage et en sortira toujours contaminée et contagieuse. En revanche, cette vapeur d'ozone permet de désinfecter ses vêtements et la peau exposée à l'air.

A consulter : List N Tool: COVID-19 Disinfectants, EPA

L'argent pour lutter contre les bactéries

On sait depuis Hippocrate (c.460-377 avant notre ère) que l'argent est un remède très efficace contre les infections. Pourquoi ? Parce que ce métal perturbe le métabolisme des bactéries en se fixant par exemple sur les groupes sulfures des protéines ou en remplaçant le fer exploité par les cellules procaryotes.

On sait par exemple qu'en combinant l'argent à des antimicrobiens, on peut multiplier la puissance du médicament entre 10 et 1000 fois. Une bactérie comme E.coli qui peut résister aux antiobiotiques comme la tétracycline, succombe en présence d'argent. C'est une chance à l'heure où les antibiotiques perdent leur efficacité.

Toutefois, ce remède à un revers connu depuis longtemps : la toxicité du métal. Ingéré à forte dose ou longtemps, l'argent peut provoquer une argyrie, une maladie qui pigmente la peau ou les gencives en bleu-gris. Heureusement, les études récentes sont réconfortantes et aucun effet nuisible n'a été découvert sur les échantillons testés, y compris ceux à base d'argent colloïdal, le plus prometteur contre le Staphylocoque doré (cf. R.Goggin et al., 2014).

Autres solutions

Comme toute matière organique, la plupart des microbes (à part quelques extrêmophiles) sont très sensibles à l'acide mais cette solution n'est évidemment applicable qu'à des échantillons microbiens testés in vitro.

Les ammoniums quaternaires ont un spectre relativement large et sont surtout efficaces contre les bactéries et les champignons mais peu actifs sur les virus et les spores. Précisons qu'ils sont toujours utilisé en combinaison avec d'autres produits comme les aldéhydes.

L'azote liquide est très efficace et permet par exemple d'éliminer les papillomavirus (verrues et autres herpès).

Enfin, il reste toujours l'inactivation des virus à l'ancienne, celle consistant à tuer les virus en les plongeant dans un bain chimique avec du formaldéhyde, méthode utilisée jadis pour fabriquer des vaccins à virus entier inactivé. Seul souci, c'est un hydrocarbure volatile et toxique, très dangereux déjà à faible dose.

Il va sans dire que tous ces produits chimiques ne doivent être utilisés que par des professionnels.

Les antibiotiques

Les antibiotiques sont des substances chimiques, naturelles ou synthétiques, qui ont soit une action bactéricide quand ils tuent les bactéries et les protozoaires soit bactériostatique quand ils empêchent leur prolifération. Les antibiotiques n'ont aucun effet sur les virus.

Le plus connu des antibiotiques sont les pénicillines produites par une levure du genre Penicillium. On la retrouve sur le fromage bleu et le Roquefort notamment. Découverte fortuitement en 1928 par le Pr Alexander Fleming, sa première application pour traiter des infections bactériennes remonte à 1941. Merci les moisissures !

De nos jours, la majorité des antibiotiques sont obtenus par semi-synthèse, c'est-à-dire en modifiant une partie d'une molécule naturelle, ou par synthèse chimique complète qui offre l'avantage de pouvoir développer des médicaments plus performants.

Revers de cette pléthore de médicaments, à force de prescrire des antibiotiques qu'on n'utilise pas, y compris ceux pour traiter préventivement le bétail, ce sont 100000 tonnes d'antibiotiques qui sont jetés dans l'environnement chaque année.

Des bactéries comme les pneumocoques qui sont sensibles aux antibiotiques, peuvent surinfecter un malade. En 2009, on ignorait ce phénomène. Face à la progression de l'épidémie de grippe A (virus H1N1 dit de la grippe espagnole), l'OMS tira la sonnette d'alarme. Nous savons aujourd'hui, grâce à l'étude des autopsies de l'époque, que ce sont les bactéries qui ont tué les patients infectés par ce virus. En effet, la gravité des symptômes et le taux de létalité dépendent essentiellement des complications dûes aux bactéries. Aujourd'hui, une vague épidémique de grippe aussi dévastatrice n'est plus possible. En fait, les personnes vaccinées contre les pneumocoques (par exemple avec le Prevenar13 ou le Pneumovax) sont moins souvent hospitalisées pour un diagnostic de grippe.

C'est la raison pour laquelle en 2010, l'OMS demanda aux médecins de ne plus prescrire d'antibiotique pour traiter une infection bactérienne bénigne. La situation sanitaire étant préoccupante, elle publia des rappels en 2015, 2017 et 2020 et un nouveau rapport en 2022 (voir plus bas). Pour cette raison, dans certains pays dont la Belgique on a proposé de prescrire les antiobiotiques à l'unité ou juste la quantité nécessaire pour un seul traitement (de 7 jours maximum en général).

Dans une étude publiée dans la revue "The Lancet" en 2021, Christiane Dolecek de l'Université d'Oxford et ses collègues ont analysé la consommation d'antibiotiques dans le monde et constaté qu'elle augmenta de 46% dans un groupe de 204 pays, entre 2000 et 2018. Mais cette consommation est inégalement répartie. Si en France, en Belgique et au Luxembourg par exemple, les prescriptions d'antibiotiques ont baissé d'environ 5% par an entre 2010 et 2018 et jusqu'à 18% à partir de 2019, l'étude indique notamment "une flambée dans des pays comme le Soudan, l'Inde et le Vietnam". Elle souligne aussi que, "alors que de nombreux pays pauvres n'ont toujours pas un accès suffisant aux antibiotiques, d'autres régions du monde à revenus moyens ou élevés en consomment une quantité allant bien au-delà des normes mondiales."

Ainsi, le taux de consommation le plus élevé - mesuré par la dose définie journalière (DDD ou Defined Daily Dose) pour 1000 habitants dans un pays - est en Grèce, avec près de 45.9 (qui diminua à 39.3 en 2019), contre une moyenne de 14.3 dans le monde et de 21.1 en Europe occidentale (qui diminua à 16.3 en 2019). Les chercheurs constatent également "une forte augmentation au Moyen-Orient, où les antibiotiques sont souvent en vente librefournis sans ordonnance, ce qui risque de favoriser le développement de souches bactériennes résistantes."

La grande consommation d'antibiotiques en Europe augmente la résistance des bactéries pathogènes avec le risque que les médicaments courants deviennent inefficaces et que certains patients succombent à leur maladie. Documents D.R. et ECDC (2019).

Pour prendre le cas peu exemplaire de la France (DDD de 23.3), selon Santé Publique France, les prescriptions d'antibiotiques sont surtout initiées par les médecins généralistes (72% en 2020), loin devant les prescriptions des chirurgiens-dentistes (13% en 2020) et des autres prescripteurs (0.2% en 2020) dont les sages-femmes.

Malheureusement, à force de prescrire ou de vendre librement des antibiotiques parfois sans autre raison que la volonté du patient ou de l'agriculteur, plusieurs bactéries sont devenues résistantes (elles résistent à un antibiotique spécifique) et même parfois multirésistantes (elles résistent à plusieurs antibiotiques), posant un vrai problème de santé publique.

Mais il ne suffit pas de moins consommer d'antibiotiques ou de ne pas en consommer du tout pour croire que cela réduira rapidement le problème de la résistance des bactéries car le problème est mondial. Les bactéries concernées ont déjà muté en présentant cette résistance aux médicaments et ont proliféré en nombre incommensurable partout sur la planète. Donc même si un patient n'a jamais pris d'antibiotiques, s'il est contaminé par ces bactéries pathogènes résistantes, son organisme pourra plus difficilement voire plus du tout les éliminer, avec potentiellement un risque sérieux pour sa santé. Le problème doit donc être traité à l'échelle de la planète et tous les médecins prescripteurs et toutes les pharmacies sont concernés.

Concrètement, si vous avez contracté une rhinite, une sinusite, une otite ou une trachéite, avez mal à la gorge ou toussez, une infection qui peut être d'origine bactérienne ou virale, votre médecin ne va pas vous donner d'antibiotiques, même si vous en demandez. A partir de son diagnostic, il y a beaucoup de chances qu'il va d'abord traiter les symptômes avec des médicaments classiques et laisser vos défenses immunitaires se battre seules comme les bactéries. En général, les symptômes disparaissent en deux voire trois semaines. Ce n'est que si votre état s'aggrave ou vous handicape après deux semaines que le médecin pourra envisager de vous prescrire un antibiotique pour une durée de 5 jours (ils ont aujourd'hui le même effet que les anciens antibiotiques administrés durant 10 jours). Cela devrait suffire, mais il faut rester prudent envers vos contacts et dans vos sorties éventuelles, être patient et accorder du temps à votre corps pour qu'il gagne la bataille.

Selon un article publié par webzine "Wired" en 2013, chaque année aux Etats-Unis deux millions de personnes contractent des maladies à cause de bactéries et de champignons qui sont devenus résistants à certains antibiotiques. En Europe, l'ECDC (Centre Européen de Contrôle des Maladies) estime que 25000 décès par an résultent de la résistance aux antibiotiques. Selon les projections des spécialistes, si on continue à prescrire des antibiotiques pour des infections bénignes, on estime qu'en 2050 la mortalité liée aux microbes pathogènes multirésistants sera supérieure à tout autre risque de mortalité. Bref, on reviendra à la situation sanitaire d'avant l'invention de la Pénicilline ! Concrètement, des maladies comme la syphilis, la tuberculose et la typhoïde pourraient de nouveau faire des ravages en Occident et ailleurs !

L'une de ces bactéries résistantes est la fameuse Listeria. Cette bactérie, Listeria monocytogenes, est la seule espèce de Listeria pathogène pour l'être humain (cf. Radoshevich et Cossart, 2018).

Cette résistance touche également les bactéries constituants notre microbiome. En devenant résistantes, ces bactéries normalement bénéfiques représentent un réservoir potentiel de gènes de résistance qui pourront être transmis à des bactéries pathogènes.

La leçon à tirer est que lorsqu'une infection est d'origine bactérienne, il est préférable d'utiliser un traitement classique. Si les symptômes persistent plus de deux semaines ou s'aggravent, un antibiotique ciblé à spectre d'hôte restreint peut être prescrit. Il aura moins d'effet sur le microbiome et le développement de résistance. Un antibiotique ciblé est préférable à un antibiotique à large spectre qui peut tuer de nombreuses espèces bactériennes y compris les bonnes bactéries de notre microbiome, ce qui n'est pas le but recherché.

Le rapport 2022 alarmant de l'OMS

Sur base de données communiquées par 87 pays en 2020, dans son nouveau rapport 2022, l'OMS s'inquiéta des niveaux élevés de résistance chez les bactéries, provoquant des infections du sang potentiellement mortelles ainsi qu'une résistance croissante au traitement chez plusieurs bactéries provoquant des infections courantes.

Boîte de Pétri contenant des colonies de microbes qu'on trouve dans le sol et dont les produits chimiques permettent aux chercheurs de créer de nouveaux médicaments (cf. les recherches du Centre RIKEN). Document The Donnelly Centre.

Pour la première fois, le rapport du Système mondial de surveillance de la résistance et de l'utilisation des antimicrobiens (GLASS) fournit des analyses des taux de résistance aux antimicrobiens (AMR), des tendances de l'AMR depuis 2017 et des données sur la consommation d'antimicrobiens chez l'être humain dans 27 pays. En six ans, GLASS a obtenu la participation de 127 pays représentant 72% de la population mondiale. Notons que le rapport comprend un format numérique interactif innovant pour faciliter l'extraction des données et des graphiques.

Le rapport de 72 pages (5 MB) montre que des niveaux élevés (supérieurs à 50%) de résistance ont été signalés chez des bactéries provoquant fréquemment des infections du sang dans les hôpitaux, telles que Klebsiella pneumoniae et Acinetobacter sp. Ces infections potentiellement mortelles nécessitent un traitement avec des antibiotiques de dernier recours, comme les carbapénèmes (cf. M.Wolff et al., 2009, en PDF). Cependant, 8% des infections du sang causées par Klebsiella pneumoniae ont été signalées comme résistantes aux carbapénèmes, augmentant le risque de décès dû à des infections ingérables.

Selon l'OMS, les infections bactériennes courantes deviennent de plus en plus résistantes aux traitements. Plus de 60% des isolats de Neisseria gonorrhea, une maladie sexuellement transmissible courante, ont montré une résistance à l'un des antibactériens oraux les plus utilisés, la ciprofloxacine. Plus de 20% des isolats d'E.coli, l'agent pathogène le plus courant dans les infections des voies urinaires, étaient résistants aux médicaments de première intention (ampicilline et cotrimoxazole) et aux traitements de deuxième intention (fluoroquinolones).

Selon le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS, "La résistance aux antimicrobiens sape la médecine moderne et met des millions de vies en danger. Pour vraiment comprendre l'étendue de la menace mondiale et mettre en place une réponse de santé publique efficace à l'AMR, nous devons intensifier les tests microbiologiques et fournir des données de qualité garantie dans tous les pays, pas seulement les plus riches."

En ce qui concerne la consommation d'antimicrobiens chez l'être humain, 65% des 27 pays déclarants ont atteint l'objectif de l'OMS de s'assurer qu'au moins 60% des antimicrobiens consommés appartiennent au groupe d'antibiotiques "ACCESS", c'est-à-dire des antibiotiques qui, selon la classification AWaRE de l'OMS, sont efficaces dans un large éventail d'infections courantes et ont un risque relativement faible de créer une résistance.

Il existerait néanmoins une solution pour vaincre la résistance des bactéries. La molécule appelée "cilagicine" a été testée sur des souris et utilise un nouveau mécanisme pour attaquer des bactéries à l'origine d'infections nosocomiales comme le Staphylocoque doré (Staphylococcus aureus Résistant à la Méthicilline ou SARM), le Clostridium difficile et plusieurs autres agents pathogènes mortels. Si les essais sur les humains s'avèrent positifs, ce médicament pourrait être commercialisé dans quelques années (cf. S.F. Brady et al., 2022).

L'interféron

L'agent antiviral le plus prometteur est l'interféron (IFN), une protéine non toxique appelée la cytosine produite par les lymphocytes et qui est aujourd’hui utilisée dans le traitement du cancer dont le lymphome (le cancer des ganglions lymphatiques, cf. le système lymphatique) et des maladies chroniques comme l'hépatite C (interféron alpha dit pégylé ou VHC) ou la leucémie (cf. le système circulatoire).

Notons que c'est la même cytosine, la base pyrimidique C, qui s'associe avec la guanine (G) dans l'ADN et dans l'ARN.

L'interféron Alpha-2b est la forme pégylée de la protéine d'interféron Alpha-2b recombinante exprimée par Escherichia coli. Il est indiqué dans le traitement de l'hépatite C chronique chez les patients atteints d'une maladie hépatique.

Les réponses à l'interféron sont la pierre angulaire de l'immunité antivirale. Sachant que la kinase (une enzyme qui catalyse certaines réactions) TANK 1 (TBK1) favorise l'IFN, Dinesh Jaishankar de l'Université de l'Illinois à Chicago et ses collègues ont proposé d'utiliser l'inhibiteur de TBK1 appelé BX795 pour augmenter la réplication du virus de l'herpès simplex type 1 (HSV-1) afin d'étudier son mode de travail.

Chacun connaît probablementce virus qui affecte au moins 50% de la population. On l'attrape généralement durant l'enfance par contact avec de la salive et devient actif sous forme d'un "bouton de fièvre" sur les paupières ou les lèvres lorsque les défenses immunitaires faiblissent (par exemple lors d'une fatigue prolongée). Lorsque le virus s'active, le patient subit ses désagréments au mieux pendant deux semaines. Les médicaments disponibles empêchent le virus de produire les protéines dont il a besoin pour se répliquer et sont appelés des analogues nucléosidiques. Parmi ceux-ci, citons le Zelitrex (Valaciclovir) qui désactive le virus HSV-1 en 5 jours (mais ne l'élimine pas). Malheureusement, comme pour d'autres microbes, la résistance du virus devient problématique.

À leur étonnement, les chercheurs ont découvert que l'inhibiteur BX795 réduit la réplication du virus et peut être un candidat antiviral prometteur. Ils ont testé le BX795 dans différents modes d'infection oculaire du virus HSV-1 et étudié son mode de fonctionnement. Ils ont constaté que BX795 présente des avantages par rapport aux analogues nucléosidiques traditionnels et méritait d'être étudié en profondeur.

Suite à leurs travaux, en 2018 Jaishankar et ses collègues ont annoncé dans la revue "Science" la mise au point d'un traitement contre ce virus HSV-1, du moins la forme qui affecte les yeux des souris et estiment que le traitement pourrait également guérir l'infection buccale, y compris chez l'humain. Mais d'autres chercheurs n'y croient pas. En effet, il est encore prématuré d'espérer le transposer chez l'homme car il n'existe pas de bon modèle d'animal compatible avec l'homme, les infections étant différentes chez les animaux et chez l'homme.

Un autre exemple d'utilisation des interférons est le traitement du zona, une maladie contagieuse transmise par le virus de la varicelle qui apparaît souvent chez les personnes âgées. On la traite avec un antiviral (par exemple Aciclovir, Famciclovir ou Valaciclovir) et on peut en être débarrassé au bout d'un à trois mois selon la propagation de la maladie. Comme la pulpart des maladies, le traitement est le plus efficace s'il est administré dans les trois jours qui suivent les premiers symptômes.

Les anticorps monoclonaux

Les anticorps monoclonaux sont des macromolécules produites par les défenses immunitaires de l'organisme en réponse à un pathogène, par exemple une attaque virale. Ils peuvent être d'origine humaine ou être produits in vitro à partir de lignées cellulaires (ils sont fabriqués par une seule cellule et clonés en plusieurs milliers d'exemplaires).

Ces anticorps sont spécifiques, c'est-à-dire qu'ils ne reconnaissent qu'un seul type de site de liaison ou épitope sur un antigène, c'est-à-dire la molécule qui va déclencher la réponse immunitaire.

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A gauche, représentation tridimensionnelle d'un anticorps humain déterminé à partir d'une analyse de sa structure aux rayons X. Voici la représentation d'un anticorps monoclonal. Au centre, étant donné leur forme à deux branches, on représente symboliquement les anticorps par un Y. A droite, les interactions entre les antigènes (les contacts dorés) d'une cellule et les anticorps (les Y). Documents scyrus, xen32 et Anna Tanczos/Sc Comm Studios.

Comme les lymphocytes B mais sans les risques qu'ils présentent (ils peuvent devenir pathogènes), on peut les utiliser pour neutraliser l'action d'une protéine de surface d'un virus. On peut les extraire du sang d'un patient guéri de la maladie (ou d'un patient présentant une maladie provoquée par un virus du même groupe), les traiter puis les injecter chez un malade pour neutraliser le virus.

Les anticorps monoclonaux ne sont pas des vaccins mais des antidotes. Ils représentent un remède efficace pour lutter contre le cancer du sein (Herceptin ou Trastuzumab), certains lymphomes (Mabthera), dans la polyarthrite rhumatoïde, la maladie de Crohn, y compris la Covid-19 pour laquelle il existe un début de solution avec le Tocilizumab. On y reviendra à propos des remèdes contre la Covid-19.

Les immunoglobulines

On peut aussi injecter directement des immunoglobulines dans le sang du patient. C'est notamment le cas pour les personnes souffrant de déficiences immunologiques (par exemple les "bébés bulles"). Ces personnes peuvent alors se défendre contre les agents infectieux et même tomber malade tout en luttant contre l'attaque virale. En revanche, il leur est fortement déconseillé d'utiliser des vaccins vivants (type rougeole, oreillons, varicelle, etc.).

Les vaccins

La méthode traditionnelle pour prévenir une infection virale consiste à utiliser un vaccin (et non pas des antibiotiques qui sont inefficaces pour lutter contre les virus). Le vaccin stimule le système immunitaire à produire des anticorps (des protéines appelées immunoglobulines) qui protégeront les cellules contre l'infection virale en ciblant et neutralisant des protéines spécifiques situées sur l'enveloppe du microbe vecteur d'une maladie. Les meilleurs exemples récents sont les vaccins antigrippaux et les vaccins contre le Covid-19 qui ont permis à des centaines de millions de personnes d'échapper à la maladie.

Grâce aux nouveaux vaccins à ARN, on peut également apprendre au système immunitaire à reconnaître le virus afin qu'il conserve la mémoire de la signature de l'antigène.

Mais comme expliqué précédemment, si le microbe subit une mutation, il portera d'autres protéines qui ne seront plus reconnues par le système immunitaire et le vaccin censé lutter contre cette souche microbienne perdra son efficacité.

A gauche, principe de fabrication d'un vaccin. Au centre, fabrication d'un vaccin contre la grippe à partir de deux souches virales cultivées dans des oeufs fécondés. A droite, les mutations du virus rendent le vaccin inefficace. Documents D.R. et NAID.

Comme l'explique l'OMS, de nos jours le vaccin contre la grippe par exemple (Hépatite A) comprend un assortiment des 8 gènes ARN (cf. ce schéma) extraits de 3 ou 4 souches du virus influenza - ce qu'on appelle des vaccins trivalents ou quadrivalents - créant les signatures de 48 soit 65536 virus potentiels (contre 256 combinaisons pour les anciens vaccins ne contenant que deux souches virales). Malgré tout ce potentiel, il est arrivé que le vaccin antigrippal ne soit efficace que chez 40% des vaccinés.

Enfin, on a découvert que pour certaines maladies virales affectant les voies respiratoires comme les rhumes, la grippe, la pneumonie ou la Covid-19, certaines protéines commune à différents genres de coronavirus ouvrent la voie à la conception d'un vaccin universel. Mais pour quelques années encore, cela reste du domaine théorique.

On reviendra sur les vaccins et les campagnes de vaccination contre la Covid-19.

Au fait, êtes-vous en règle concernant votre rappel du vaccin anti-tétanos, variole et coqueluche ? Mieux vaut prévenir que guérir...

Pour plus d'informations

List N Tool: COVID-19 Disinfectants, EPA

Les remèdes contre le Covid-19

Les vaccins contre le Covid-19

Les avantages de la vaccination.

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