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La Bible face à la critique historique
La venue du Messie (II) La date de naissance de Jésus On ignore quand naquit exactement Jésus car à l'époque seule était consignée la date du décès. De plus, même si les Évangiles mentionnent une date relative, encore faut-il savoir de quel calendrier il s'agit. Parfois, les dates sont relatives à un souverain ou à l'année de fondation d'une nation, parfois à un calendrier civil ou liturgique, quand entre-temps une réforme ne l'a pas modifié. Et justement, pendant la période de rédaction des Évangiles, ce qui comprend leurs "corrections canoniques" tardives par la Grande Église, les auteurs ou rédacteurs ont pu en théorie se référer à plusieurs calendriers différents, tant babylonien, juif que romain parmi d'autres. Une question de calendrier Dans l'Antiquité, le cours du temps était calculé mensuellement par rapport à la lunaison et annuellement par rapport à la course du Soleil, une manière a priori "simple" de marquer le rythme saisonnier de l'agriculture et déterminer le cycle liturgique qui dictait toute la vie du peuple que ce soit en Palestine, à Rome ou ailleurs. Mais si le cycle lunaire dure 29.5 jours, le cycle solaire dure 12 mois et ne sont donc pas commensurables sans ajustements, une harmonisation obligatoire pour coordonner les célébrations religieuses et les fêtes. A cette difficulté s'ajoute le calcul de la semaine et de la journée qui ne sont pas non plus des sous-multiples exacts du cycle lunaire ou du cycle solaire. Ainsi la semaine vaut un quart de cycle lunaire moins neuf heures et pendant les mois d'hiver, tôt le matin ou tard le soir il faut trouver un moyen pour déterminer l'heure en l'absence du Soleil. Quant à la journée de 24 heures, cela dépend des traditions. Dans le calendrier luni-solaire babylonien utilisé par les juifs, les jours sont comptés du soir au soir alors qu'en Occident et depuis la réforme de Jules César en 46 avant notre ère, on compte les jours du matin au matin. Sachant que les auteurs bibliques ne sont pas tous juifs ou ont des affinités avec les Pharisiens et se sont également inspirés d'autres doctrines que celles de pures souches judaïque, proto-chrétienne et judéo-chrétienne (ébionite) comme par exemple essénienne, si on veut être complet, il faut ajouter le calendrier solaire du livre des Jubilés (la "Division du temps", cf. les Ecrits intertestamentaires) sur lequel s'appuye par exemple l'Écrit ou "Document de Damas", en se rappelant que le calendrier utilisé par les Sadducéens était identique au calendrier essénien. Tout cela représente énormément de facteurs et sources d'erreurs qu'il faut au préalable trier pour éliminer le superflu. Il faut donc non seulement identifier l'époque de rédaction du document et l'auteur pour déduire quel système de calendrier il utilisait, mais également vérifier si le texte n'a pas été interprété par le traducteur et donc les dates converties dans le calendrier du traducteur (nous verrons que ce fut le cas pour le jour de la Cène et pour l'heure du décès de Jésus qui furent interprétés par l'Église). Rassurez-vous, nous ne ferons pas cette analyse pour la naissance de Jésus car elle nécessiterait tout un article plein de cogitation et de nombres fastidieux à lire mais surtout parce que quelle que soit la méthode de calcul utilisée, on sait aujourd'hui qu'il reste une grande incertitude du fait que les textes sont très approximatifs ou se contredisent. Au mieux, nous ne pourrons donc proposer qu'une période et une date approximative. L'Anno Domini Le moine Dionysius Exiguus dit Denys le Petit (fl. 470-544) qui s'installa à Rome en l'an 497 participa à la transmission des écrits chrétiens orientaux vers l'Occident en les traduisant du grec en latin et travailla également sur le droit canon (le code de lois de l'Église). Il n'a jamais clairement expliqué comment il calcula l'année de naissance de Jésus si ce n'est qu'il s'est basé sur les tables de Pâques établies à partir du cycle lunaire de 532 ans calculé par Victorius d'Aquitaine (cf. G.Teres, 1984; R.Pearse, 2003) et une partie de la table pascale de Cyrille. Cette date appelée l'année de référence (Anno Domini ou A.D.) fut adoptée en l'an 532 par l'Église romaine qui décida d'adopter le 1er janvier de l'an 1 de l'année de naissance du Christ comme année de départ des calendriers chrétiens. Elle fut généralisée dans l'Empire au VIIIe siècle et reconnue universellement vers l'an 1000. Plusieurs théories ont été proposées pour déterminer l'année et le jour de naissance de Jésus. D'abord concernant son année de naissance, Denys le Petit la fixa le 25 décembre -1 soit en l'an 753 de la fondation de Rome. Mais il fit une erreur de calcul suite aux différentes réformes du calendrier romain. Cette erreur força les historiens et l'Église à déplacer l'année de naissance de Jésus quelques années plus tôt, dans une fourchette qui varie en théorie entre l'an -9 et l'an -1. Voyons comment déterminer cette date à partir des données que nous possédons. Dès la fin du XIXe siècle, l'historien et archiviste paléographe français Arthur Loth qui étudia la vie de Jésus confirma que l'année -1 était fausse et qu'il s'agissait en réalité de l'an -4. Plus récemment, le pape Benoît XVI reconnut également que Denys le Petit "s'est à l'évidence trompé de quelques années dans ses calculs", sous-entendant que l'Église n'attache plus beaucoup d'importance à ce détail. Jean-Paul II estimait que Jésus était né entre l'an -7 et -2. Cette période est compatible avec l'apparition de l'Étoile de Bethléem (voir plus bas). Passons ces différentes années en revue. Le récit de Luc On peut tenter de déterminer l'année de naissance de Jésus comme l'ont fait les Pères de l'Église et les spécialistes contemporains, sur base du récit de Luc qui précise que Jean le Baptiste commença à prêcher "la quinzième année du règne de Tibère" (Luc 3:1-3) en sachant que Jésus était 6 mois plus jeune que son cousin (bien que tous les Évangélistes ne sont pas unanimes sur la question). Mais cela ne suffit pas pour calculer l'année exacte. En effet, même en essayant de la recouper avec les dates connues comme la fin du règne d'Hérode le Grand (en l'an -4), du recensement "mondial" ordonné par César Auguste effectué à Nazareth (prétendûment à l'époque de la naissance de Jésus mais vraisemblablement en l'an -8), du recensement de la Judée par Quirinius, gouverneur de Syrie (en l'an 6, cf. Luc 2:2) et de la Pâque juive en l'an 30 ou 33, la marge d'erreur est d'au moins 10 ans. Mais de toute façon, comme l'explique Daniel Wallace du Dallas Theological Seminary, la date de Luc est probablement fausse et bien trop tardive. On peut également essayer de déterminer la date de naissance de Jésus sur base de la fameuse description de l'Étoile de Bethléem qu'auraient suivie les Mages. L'Étoile de Bethléem Dans l'Évangile selon Matthieu, quand les Mages furent questionnés par le roi Hérode à propos de la naissance de Jésus, ils lui dirent : "nous avons vu son étoile en Orient et nous sommes venus pour l'adorer" (Matthieu 2:2). Cette histoire est-elle authentique ?
Première remarque, tous ceux qui s'intéressent à l'évolution des idées à travers l'histoire, l'archéologie et les mythologies - et pas seulement du Moyen-Orient - savent que les astres ont souvent servi de support aux traditions, en commençant par le Soleil pour les rites agraires, puis la Lune et ce qu'on appelle aujourd'hui les éclipses solaires, les éclipses de Lune, les supernovae, les comètes, les explosions d'astéroïdes, les chutes de météorites et les conjonctions célestes. Parmi les exemples bien connus, il y a la comète de Halley qui figure sur la tapisserie de Bayeux annonçant la mort du roi anglo-saxon Harold, l'éclipse de Lune dont profita l'expédition de Christophe Colomb en Jamaïque, probablement l'explosion atmosphérique d'un astéroïde à l'origine du récit biblique de Sodome et Gomorrhe et bien entendu l'Étoile des Rois mages mentionnée dans le Nouveau Testament. Deuxième remarque, si les deux premiers évènements sont étayés par des preuves et le troisième par des indices concordants, le récit de l'Étoile de Bethléem et de la visite des Mages n'est mentionné que par Matthieu. On estime que son texte fut rédigé vers l'an 80, soit ~50 ans après celui de Paul et ~10 ans après celui de Marc. Il est étrange qu'un phénomène céleste aussi important, interprété comme un "signe de Dieu", n'ait pas été mentionné par les autres apôtres. Pourquoi ? En fait c'est très significatif. Sachant l'usage détourné et hagiographique qui pouvait être fait des phénomènes célestes, y compris fictifs, il y a tout lieu de croire que ce récit est une pure invention. En effet, comme nous allons l'expliquer, il est très difficile de trouver un évènement céleste correspondant au récit de Matthieu. D'ailleurs, l'abbé Moreux qui avait une formation universitaire en mathématiques et connaissait très bien l'astronomie, ne croyait pas que l'Étoile de Bethléem correspondait à une conjonction planétaire. Il avait en effet étudié plusieurs conjonctions dont celle de l'an -7 (voir plus bas) mais conclut chaque fois que le phénomène n'était pas spectaculaire et que les planètes n'étaient jamais assez rapprochées pour être confondues avec une seule étoile ultra brillante. Par curiosité, jouons un instant le jeu de Matthieu. En assumant que cela concerne un évènement astronomique, à quel phénomène céleste pourrait correspondre l'Étoile de Bethléem ? Selon Matthieu, "Jésus [est] né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode", (v.2:1) et précise que le roi était mort lorsque Marie et Joseph avaient trouvé refuge en Égypte (v.2:19). Par recoupement avec diverses sources historiques, on estime aujourd'hui que la mort d'Hérode le Grand survint en l'an -4. On en déduit que Jésus est né au plus tard en l'an -4. Compte tenu qu'une grossesse dure 9 mois et qu'il faut y ajouter le temps de voyage des putatifs Mages, l'Étoile de Bethléem serait donc apparue dans le ciel au plus tard en l'an -5. En théorie il faudrait donc écarter tous les phénomènes célestes survenus après l'an -5. Matthieu fait dire aux Mages qu'ils ont vu l'étoile "en Orient". Nous devons donc trouver un éventuel évènement astronomique apparu à l'est, c'est-à-dire à l'aube à la fin du règne d'Hérode. Ecartons d'abord les phénomènes célestes transitoires les plus rapides : une éclipse solaire ne dure que quelques minutes, les étoiles filantes ne passent que durant quelques jours et sont invisibles de jour, un bolide ne passe dans le ciel que quelques secondes ou minutes. Ensuite, aucune étoile ou planète ne brille suffisamment pour correspondre à cet évènement qui dura vraisemblablement plusieurs semaines. Il nous reste donc quatre sources possibles : une nova, une supernova, une comète ou une conjonction planétaire. Une nova ? Une nova est une étoile ordinaire qui devient subitement très brillante mais généralement elle ne dépasse pas la magnitude apparente des étoiles visibles à l'oeil nu (Mv. de +6 à +4). En théorie, son éclat ne correspond donc pas au récit des Évangiles. De plus, personne n'a jamais vu une nova se déplacer dans le ciel ! Examinons malgré tout cette hypothèse. Des recherches dans des annales chinoises indiquent qu'une nova fut observée en Chine "pendant 70 jours" au printemps de l'an -5 (cf. Hsi Tse-tsing, "Soviet Astronomy", réf. 11, p163). La nova aurait également été enregistrée dans des annales coréennes comme le précise Mark Kidger de l'ESA sur blog. Dans un article publié dans la revue "Quarterly Journal of the Royal Astronomical Society" en 1977, l'astronome David H. Clark de l'Observatoire Royal de Greenwich et ses collègues considèrent qu'il s'agit d'une nova et qu'elle correspondrait à l'Étoile de Bethléem. Elle serait apparue en mars -5 entre l'Aigle et le Capricorne. A Bethléem, elle se serait levée 4h30 avant le lever du Soleil, conformément au récit de Matthieu. Mais on ignore sa magnitude. Sachant que cet Évangile est largement basé sur une tradition orale (et sur Marc), les auteurs concluent : "Il est donc possible que l'évènement biblique soit mythique." Mais ils s'avancent à dire que cela "peut avoir été miraculeux", et donc "au-delà de toute description scientifique." Mais quelle compétence ont-ils pour avancer une explication surnaturelle et, dirions-nous, sans preuve ? Dans un article publié en 2017 sur son blog, Mark Kidger précité mena des recherches sur cette éventuelle nova. Bien qu'il y ait des incertitudes sur la durée de son apparition en raison d'un ciel nuageux lié à la mousson et des confusions sur la nature de l'astre, son nom chinois et sur sa localisation en fonction des annales, il confirme qu'une nova serait apparue vers le 31 mars -5 dans la région sud de l'Aigle. Il étudia également les conjonctions planétaires et conclut avec bon sens, qu'aucun de ces rapprochements ne peut expliquer l'Étoile de Bethléem. On y reviendra (voir plus bas). Est-ce l'Étoile de Bethléem ? Dans son dernier article sur le sujet publié en 2018, Kidger reste prudent et dit clairement ne rien vouloir affirmer sans preuves. Il écrit notamment : "Au fil des années, je suis devenu de plus en plus convaincu qu'aucun évènement ne pouvait être le signe que les mages recherchaient." En fait, nous pouvons conclure sans hésitation qu'il ne s'agit pas de l'Étoile de Bethléem car contrairement à ce qu'écrit Matthieu, une nova ne se déplace pas dans le ciel mais suit la rotation apparente des étoiles. Nous devons donc rejeter cette hypothèse. Une supernova ? En revanche une supernova qui correspond à l'explosion d'une étoile massive peut théoriquement briller en plein jour et rester brillante pendant plus de 50 jours (la "Nova de Kepler" de 1604 atteignit la magnitude -2.5 soit proche de celle de Vénus). Toutefois très peu atteignent cet éclat et la plupart se confondent avec une étoile ordinaire (en 1987, l'étoile Sanduleak, alias SN 1987A atteignit la magnitude +2.9). En moyenne, le nombre de supernova visible à l'oeil nu se compte à moins d'une par siècle. Aucune supernova ne semble avoir explosé aux alentours de la date de naissance de Jésus, du moins parmi les nébuleuses que nous connaissons (cf. les rémanents de supernovae). En fait, la confirmation serait difficile à établir. En effet, le ciel est envahi de nuages de gaz (cf. les cirrus galactiques et les IFN) et de nébuleuses plus ou moins brillantes parmi lesquelles il pourrait y avoir des rémanents de supernovae non encore identifiés mais plus on s'approche du plan de la Voie Lactée plus ils sont mêlés et cachés dans les nuages moléculaires. Mais surtout, il faut découvrir les fameuses traces isotopiques typiques d'une explosion qui serait survenue il y a 2000 ans. A ce jour, rien de ce genre n'a été découvert (cf. L'effet d'une supernova à proximité de la Terre). Une comète ? On peut également imaginer que l'Étoile de Bethléem serait une comète puisque chacun sait qu'elles peuvent occasionnellement être visibles à l'oeil nu pendant plusieurs mois et qu'elles se déplacent sensiblement devant les étoiles, traversant les constellations au fil des mois.
Pour citer quelques ordres de grandeur, en 1577, la Grande comète de Tycho Brahé était restée plus brillante que la magnitude 0 pendant environ 10 semaines et atteignit la magnitude -7 (les simulations donnent -10.78). Sa queue mesurait 30°. Entre 1985 et 1986, la comète de Halley est restée visible à l'oeil nu pendant 6 mois et atteignit la magnitude +2. Sa queue mesurait 25°. En 1997, la comète Hale-Bopp est restée plus brillante que la magnitude 0 pendant 7 semaines et atteignit la magnitude -0.5. Sa queue mesurait 25°. Les records de brillance sont détenus par la comète Ikeya-Seki de 1965 qui atteignit la magnitude -15 avec une queue de 45° et par la Grande Comète de 1882 qui atteignit la magnitude -17 avec une queue de 20° (cf. Atlas of Great Comets). Pour rappel, la magnitude apparente de la pleine Lune est de -12.7 et celle de Vénus peut atteindre -4.8. Le premier qui évoqua l'hypothèse d'une comète fut le Père de l'Église et exégète Origène dans son livre "Contre Celse" écrit en 248 de notre ère (cf. I.58, pp.11-12 du PDF, extrait repris en latin par Jean Tristan dans ses "Commentaires Historique concernant les empereurs romains", t1, p34 publié en 1644) et plus récemment Colin J. Humphreys en 1991, ce dernier en déduisant même un peu hâtivement que Jésus serait né entre le 9 mars et le 4 mai de l'an -5. Malheureusement, ni l'un ni l'autre n'apportent de preuves et leur hypothèse est totalement spéculative. Si elle est séduisante, en réalité elle est peu réaliste quand on connaît le sens aigu de l'observation des anciens observateurs. En effet, les astrologues de l'époque (on ne parle pas encore réellement d'astronomie) étaient parfaitement capables de faire la distinction entre l'image diffuse et généralement allongée d'une comète et l'aspect ponctuel et scintillant d'une étoile, d'autant plus si les deux astres étaient très brillants. En fait, aucune annale ni aucun auteur n'indique le passage d'une comète particulièrement brillante dans le ciel du Moyen-Orient à cette époque. Les simulations montrent également que la comètre de Halley passa au périhélie en l'an -11 puis en l'an 66, donc bien avant ou après la naissance de Jésus. Quant au tableau de "L'Adoration des Mages" de Giotto peint en 1303-1305 présenté à gauche dans lequel figure une comète, son passage n'est pas attesté. Ca ne prouve donc rien. En fait c'est un pur effet de style du grand peintre florentin sans réalité historique. Enfin, les astronomes n'ont jamais vu une comète rester au même endroit du ciel. Si par un effet de perspective une comète peut sembler ralentir sa course ou faire demi-tour, à cet "instant" de sa trajectoire elle ne paraît immobile dans ciel que pendant quelques jours et à condition qu'elle soit visible à l'oeil nu. Pour prendre un exemple récent de comète qui fit apparemment demi-tour, dans le cas de la comète Ison C/2012 S1, début 2013 elle parcourut entre 2 et 15° par mois (cf. ce schéma) et sa magnitude apparente passa de 14.6 à 7.4 durant cette période. Quand elle fit son demi-tour, elle ne "s'arrêta" jamais dans le ciel (elle parcourut encore en apparence 4' par jour) et de toute façon elle resta invisible à l'oeil nu. Une conjonction planétaire ? Après avoir éliminé les principales hypothèses plausibles mais finalement peu convaincantes, il reste celle d'une conjonction planétaire particulièrement brillante et heureuse (dans le sens qu'elle serait apparue dans une constellation à conotation divine ou dessinant une forme particulière avec les étoiles brillantes ou la Lune). En tenant compte de la mort d'Hérode le Grand en l'an -4, passons en revue les différentes conjonctions remarquables survenues jusqu'en l'an -7 avec des simulations à l'appui. Oublions déjà les années -1 à -4 puisqu'elles surviennent pendant ou après le décès du roi. A titre d'information, mentionnons tout de même deux conjonctions exceptionnelles survenues en l'an -2. De plus, elles sont mentionnées par certains auteurs en quête de l'Étoile de Bethléem. Sauf mention différente, le lieu d'observation des simulations est Bethléem. L'année -2 Cette année-là, deux conjonctions planétaires à moins de 1° d'écart furent particulièrement serrées et brillantes : - le 12 août -2 au matin, conjonction entre Vénus et Jupiter au matin à moins de 9' d'écart, élongation de 20.4° est (écart par rapport au Soleil vu de la Terre) Profitons de l'occasion pour rappeler qu'en hébreu Jupiter est appelé "Sedeq" signifiant la "droiture" qui est également un qualificatif attribué au Messie. Sachant que Vénus est la déesse romaine de l'amour et de la fertilité, on peut imaginer que des astrologues aient interprété la conjonction entre Jupiter et Vénus comme le signe de la venue d'un nouveau roi d'Israël. Mais Hérode était déjà mort depuis deux ans et cela ne peut donc pas l'avoir motivé pour ordonner le prétendu "Massacre des Innocents" (voir fin de page), un récit qui de toute façon semble imaginaire. - le 27 août -2 au matin, conjonction entre Vénus et Mercure à 50' d'écart avec alignement de Régulus (à 11°50' de Vénus) et de Jupiter (à 15°15' de Vénus). Certains auteurs prétendent que l'alignement planétaire du 27 août -2 au matin avec Régulus serait un bon candidat car Régulus est l'étoile du roi David. Il existe effectivement des "étoiles royales" (Aldébaran, Régulus, Antarès et Fomalhaut). Mais il s'agit de figures de l'astrologie babylonienne et perse faisant référence à des signes du zodiaque (taureau, lion, scorpion et verseau) et des positions stellaires valables 3100 ans avant notre ère (alignement entre Aldébaran et Antarès) et 2300 ans avant notre ère (alignement entre Régulus et Fomalhaut). Cette interprétation n'est valable que pour un observateur de culture orientale et notamment pour des astrologues (comme les Mages) originaires de Bagdad. En revanche, ces interprétations n'ont rien à voir avec la culture ou la religion judaïque du temps de Jésus. De plus, ces auteurs oublient que cette conjonction s'est produite 2 ans après la mort du roi Hérode le Grand, comme si la chronologie n'avait plus d'importance. Citons aussi pour mémoire une belle conjonction mais avec un écart angulaire plus important entre la Lune, Jupiter (14°31) et Pollux (2°46') le 27 janvier -2 vers 23h qui dut attirer le regard des observateurs.
Notons que l'astronome australien Dave Reneke, éditeur de la revue "Sky and Space", a prétendu qu'il y eut une conjonction entre Vénus et Jupiter le 17 juin -2 à 3' d'écart qui correspondait à l'Étoile de Bethléem : "We traced the movement of planets back 20 centuries. And it revealed the exact date of Christ’s birth as June 17 in the year 2 BC" (cf. Universe Today, 2008, New Scientist, 2008). D'abord c'est une faute grossière d'inattention de la part d'un professionnel car avant le lever ou après le coucher du Soleil, Jupiter était respectivement à 20° et 28° sous l'horizon à Bethléem. Ce matin là, juste avant le lever du Soleil, à 3h seule la conjonction entre Vénus et Saturne à 4°43' d'écart était visible. Il fallait attendre 6h du matin pour les quatre planètes Saturne, Vénus, Mercure puis enfin Jupiter soient au-dessus de l'horizon comme illustré ci-dessous. Mais à cette heure là le Soleil était déjà levé depuis plus de 2 heures et se trouvait à près de 30° au-dessus de l'horizon. Il était donc impossible de voir ces planètes en plein jour. Reneke a probablement fait sa simulation en l'absence d'atmosphère ! Mais même dans ce cas, la séparation angulaire qu'il mentionne est incorrecte.
Mais de toute façon la théorie de Reneke prétendant que Jésus serait né en été est totalement spéculative. De plus, comme dans le cas précédent, cette conjonction intervient 2 ans après le décès d'Hérode le Grand. Pourtant, une certaine presse peu critique et toujours à l'affût d'un scoop a fait écho de sa théorie, annonçant que "Jésus serait né en été". Sautons les années -3 et -4 pour les raisons décrites plus haut. L'année -5 Le 17 avril -5 à 10h32, Jupiter se trouvait dans le Bélier et fut occulté par la Lune. Une pièce de monnaie trouvée à Antioche et frappée au nord de la Judée il y a 2000 ans représenterait un bélier sautant dans le ciel et regardant une étoile. Pour les Romains, Jupiter est le dieu des dieux et le bélier est synonyme de renouveau. Pour les juifs (comme pour les rois), l'étoile représente l'ascendance divine. On y reviendra. Dans un article publié dans le "Journal for the History of Astronomy" en 2003, Mike Molnar de l'Université de Rutgers, dans le New Jersey, estime que les Mages ont dû voir cette occulation. Molnar rappelle que selon l'interprétation astrologique de Matthieu, le Bélier régnait sur la Judée, avec Jérusalem comme capitale du Proche-Orient, ce qui faisait de cette occultation un signe messianique pour les Juifs, la naissance d'un roi d'ascendance divine, le Messie. Ce jour là, Jupiter s'est bien levé à l'est, juste avant le Soleil, comme Matthieu le décrit. De plus, selon l'interprétation astrologique greco-romaine, le texte original de Matthieu écrit en grec ferait référence au lever héliaque de Jupiter (l'époque où la planète redevient visible à l'aube). Mais cette occulation de Jupiter s'est produite en pleine journée alors que le Soleil était déjà à plus de 67° au-dessus de l'horizon et la Lune à seulement 6° d'écart. L'observateur éventuel devait avoir non seulement une très bonne connaissance des éphémérides de la Lune et de Jupiter mais disposer d'un ciel clair à cette heure là et utiliser impérativement un masque tendu devant lui pour cacher le Soleil afin d'observer l'occulation de Jupiter par la Lune. Si ce n'est pas impossible, ce n'était pas des calculs ni une observation accesssibles à tout astrologue.
Quant au fait que l'étoile "s'arrêta" au-dessus du lieu où naquit Jésus, selon Molnar il s'agirait de l'observation du mouvement rétrograde d'une planète par rapport à la Terre. On observe régulièrement ce déplacement apparent avec Mars et Jupiter, deux symboles divins lourds de sens. Mais le philologue classique Stephan Heilen de l'Université d'Osnabrück en Allemagne a rejeté ces hypothèses. Dans un ouvrage collectif intitulé "The Star of Bethlehem and the Magi" publié en 2015 par Peter Barthel et George H. van Kooten, Heilen affirme qu'au Ier siècle avant notre ère, le signe du Bélier n'était pas associé à la Judée (cf. pp.297-343). Heilen estime également que si Matthieu avait voulu utiliser le terme technique de mouvement rétrograde, il n'aurait pas écrit "estathē" (ἐστάθη) mais "estarixen" (εσταριξεν) (cf. pp.348-349). Mais de toute façon, dans ce cas il s'agit de deux phénomènes astronomiques différents observés à deux époques différentes. L'année -6 Citons également pour mémoire deux conjonctions survenues dans les Poissons, un animal symbolisant la chrétienté, en l'an -6; celle entre Jupiter et Saturne le 17 avril -6 et celle entre la Lune, Jupiter et Saturne le 25 avril -6, toutes les deux visibles au petit matin. Mais si elles sont visuellement attrayantes, elles ne sont pas spectaculaires en soi.
L'année -7 L'année -7 est riche en conjonctions célestes et de ce fait à retenu l'attention de nombreux observateurs anciens et d'investigateurs modernes. Des tablettes assyriennes découvertes à Ankara en 1924 relatent le rapprochement à trois reprises de Mercure, Jupiter et Saturne au cours de l'année -7. Ce phénomène appelé une triple conjonction se produit rarement, environ tous les 800 ans, et fut suffisamment brillant et inhabituel pour éveiller probablement l'attention de nombreux observateurs à quelques milliers de kilomètres à la ronde. Il y eut une triple conjonction entre Mercure, Mars et Vénus à l'est d'Orion le 25 juillet -7 au matin, à un moment où Sirius se levait également. Mais à part l'éclat des astres regroupés dans un champ d'environ 40° qui n'arrive pas souvent, cette conjonction n'est pas spectaculaire.
Au cours de la même année, il y eut également trois conjonctions entre la Lune, Jupiter et Saturne qui ont chacune duré plusieurs jours (bien entendu, les distances apparentes entre les planètes évoluaient). L'une s'est produite le 29 mai -7 à 2h du matin dans les Gémeaux. La deuxième s'est produite le 16 septembre -7 au soir dans la constellation des Poissons - signe d'eau et de nativité - la Lune étant à moins de 15° entre les deux planètes. La veille Jupiter se trouvait à moins de 5° au-dessus de la Lune (cf. cette simulation). Enfin la troisième eut lieu entre Jupiter et Saturne à quelque 70° à l'est de la Lune le 7 octobre -7 au soir en dessous du "Triangle de l'été" formé par les étoiles Véga de la Lyre, Déneb du Cygne et Altaïr de l'Aigle. Cette dernière conjonction fait dire à certains que Jésus serait donc né en automne, aux environs du 7 octobre -7 ! Comme d'autres auteurs qui ont étudié ce sujet, ce sont ces trois conjonctions entre Jupiter et Saturne en l'an -7 qui furent retenues par le physicien britannique David W. Hughes de l'Université de Sheffield et ses collègues pour symboliser l'Étoile de Bethléem comme ils l'expliquent dans un article publié dans la revue "Nature" en 1976 (lire aussi "The Star of Bethlehem, D.W. Hugues, 1979). Or, il y avait des conjonctions similaires et même plus spectaculaires les années suivantes qu'ils n'ont pas retenues. Si ces conjonctions pourraient également "coïncider" avec le recensement de la population par Hérode le Grand daté de l'an -6 ou -7, l'année -7 est finalement très éloignée de celle de la mort d'Hérode le Grand. L'année -7 doit donc être écartée. Pourtant, à l'époque, des journalistes évoquaient l'hypothèse de Hugues comme étant possible sans même se poser de questions (cf. The New York Times, 1977; Le Monde, 1977). Dans les années qui suivirent divers archéoastronomes démontrèrent que l'année -7 était erronée.
L'astronome protestant luthérien Johannes Kepler participa en son temps à cette hystérie. Il fut émerveillé par une conjonction triple survenue le jour anniversaire de la naissance de Jésus-Christ, le matin de Noël 1603, au point de la mentionner dans son livre "De Stella Nova" (De stella nova in pede serpentarii) édité en 1606 : "... il arrive un certain évènement heureux, que ce matin même, ou se lève le jour sacré anniversaire du Christ, trois planètes, Saturne, Jupiter et Mercure, disposées en forme de triangle, apparaissent donnant la lumière resplendissante de l'aurore. Et donc, s'il en est qui observèrent le ciel fortuitement, cette apparition leur fit sans doute la forte impression d'un trigone igné en voie de formation" (DSN, page 46). Quel est le lien entre une conjonction planétaire et un évènement qui serait d'origine divine ? Aucun. Mais à l'époque certains lettrés et savants le croyaient. Cette conjonction triple donna une idée à Kepler. Dans son "Rapport sur l'année de la naissance du Christ" publié en 1613 et sous une forme latinisée élargie intitulée "De anno natali Christi" publié en 1614, Kepler suggère que la conjonction entre Jupiter et Saturne qui s'est produite en l'an -7 dans la constellation des Poissons (les 15 et 16 septembre) correspondait à l'année de naissance du Christ, "confirmant" une mention figurant dans des annales de l'Eglise Anglicane datée de 1285. La date était d'autant plus valable que le poisson est l'un des symboles sacrés de l'Eglise. Kepler défendit l'idée que l'Étoile de Bethléem avait été créée par Dieu entre Jupiter et Saturne lorsqu'elles s'étaient rapprochées. Bien que par la suite Kepler eut des doutes sur sa conjecture, sa théorie se répandit en Allemagne parmi les protestans luthériens et en Angleterre parmi les Anglicans (des catholiques réformés) qui l'approuvèrent jusqu'à la fin du XIXe siècle (cf. Samuel J. Andrews, "The Life of Our Lord Upon the Earth", 1891).
Il faudra que des scientifiques anglo-saxons renommés ou experts en planétologie (Arthur C. Clarke, auteur de "The Star of Bethlehem", 1972, Ch. 4; les astronomes David H. Clark et F.Richard Stephenson, 1977; Martin Gardner de la revue "Scientific American", auteur de "The Star of Bethlehem", 1999) battent cette théorie en brèches à grand renfort d'arguments scientifiques. Ensuite, la relève fut principalement assurée par les magazines d'astronomie et des astronomes amateurs avertis qui terminènent de pourfendre ces théories mystiques et mettent fin à ces rumeurs. Rappelons qu'une conjonction planétaire (ou avec une étoile) ne dure que quelques jours (et est plus lente pour Jupiter et Saturne qui sont les plus éloignées) et au bout d'un mois l'écart entre les deux planètes ou avec l'étoile est tel que le phénomène n'a plus rien de particulier. Pour la Lune, une conjonction avec une planète ne dure qu'un soir car chaque jour la Lune se lève entre 30 minutes et 1h30 plus tard que la veille et se décale par rapport aux planètes et aux étoiles de l'arrière-plan. Aujourd'hui, les conjonctions attirent toujours le regard mais pour une raison purement esthétique. Quelques exemples sont présentés dans la galerie d'images. Matthieu précise à propos des Mages : "Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici, l'étoile qu'ils avaient vue en Orient marchait devant eux jusqu'à ce qu'étant arrivée au-dessus du lieu où était le petit enfant, elle s'arrêta" (Matthieu 2:9). Comme évoqué à propos de la nova, comment un astre pourrait-il arrêter sa course ? Certes, selon la Bible l'Eternel a déjà arrêté la course du Soleil et de la Lune (Josué 10:12), mais scientifiquement nous savons qu'un tel phénomène est impossible. Il est donc impossible que l'Étoile de Bethléem se soit arrêtée en plein ciel, et moins encore au-dessus d'une maison particulière ! Serait-ce un effet de perspective, l'astre s'étend apparemment déplacé devant le fond du ciel à mesure que les Mages se sont rapprochés de Bethléem ? Non plus, car à la distance où se situe les planètes et les étoiles proches, en quelques semaines il n'y a pas d'effet de parallaxe perceptible et même s'il y en avait un, le décalage est invisible à l'oeil nu (la parallaxe du Soleil par exemple, vaut 8.8"). Notons que le réalisteur Stephen McEveety a développé ce sujet dans un reportage sorti en 2009 intitulé "L'Étoile de Bethléem" (DVD). Il est possible que Matthieu se réfère à une tradition orale évoquant des conjonctions planétaires, mais sans certitude. Si les Mages ont existé et sont venus d'Orient, ils ont dû mettre plusieurs semaines pour arriver en Galilée. Il est donc peu vraisemblable qu'une seule conjonction planétaire, par nature temporaire, ait pu les guider. Mais de toute façon un autre problème rend cette théorique caduque pour ne pas dire sans intérêt : la visite des Mages est une légende ! On y reviendra (voir plus bas). Mois et jour de naissance de Jésus Concernant le mois et le jour de naissance de Jésus, selon une première théorie remontant à l'an 200 de notre ère, le théologien et Père de l'Église Clément d'Alexandrie fixa d'abord la naissance de Jésus le 20 mai car elle coïncidait avec un texte biblique précisant que les "moutons se rassemblaient en troupeaux", ce qui ne se produit jamais en décembre en raison du froid. Toutefois, peu après Clément d'Alexandrie proposa la date du 18 novembre de l'an -3. Des recherches récentes basées sur le recoupement des faits relatifs aux saisons, aux fêtes et aux évènements politiques ont également montré que Jésus n'est pas né en décembre. Une seconde théorie proposée par Joseph Dumond auteur de livres sur les années sabbatiques propose le 11 septembre de l'an -3 sur base d'un passage du livre de la Révélation ou livre de l'Apocalypse (Apocalypse 12:1-5) qui fait référence à la constellation de la Vierge et des 12 étoiles qui la représentent. Une hagiographie commode En conclusion, si une conjonction planétaire pourrait correspondre par son éclat à l'Étoile de Bethléem, vu le manque de considération à l'époque pour les dates de naissance, c'est une donnée qui risque d'être à jamais manquante. Quant à la référence à un évènement astronomique, c'est une théorie purement spéculative qui perd tout son poids quand on connaît le rôle des astres dans les mythes et les traditions. Enfin, il reste un problème de nature intellectuelle. A part la chaleur et la lumière du Soleil ou l'effet de l'explosion d'une supernova proche, qui pourrait prétendre que les astres régissent la vie des hommes ? A part les astrologues, personne n'y croit ! Ceci renforce l'hypothèse que l'Étoile de Bethléem serait une légende inventée par des astrologues suite à l'observation d'un ou plusieurs phénomènes célestes inhabituels qui seraient survenus à l'époque de la naissance de Jésus (même à quelques années près). Finalement, le côté symbolique de cet évènement fut intégré à la tradition chrétienne pour rédiger l'hagiographie de Jésus-Christ. Mais cela restera une hypothèse tant qu'on ne découvre pas un manuscrit attestant de ce phénomène céleste ou de ce lien avec Jésus de Nazareth. Mais rappelons aussi et surtout que les Evangiles sont avant tout des hagiographies écrites à des fins religieuses pour des croyants, et non historiques. Dans le cas de l'Etoile de Bethhléem, pour paraphraser un adage célèbre, toute ressemblance avec des faits réels est pure coïncidence. La fête de Noël La fête de Noël du 25 décembre célébrée par les Églises catholique et protestante (certaines Églises orthodoxes la célèbre le 7 janvier conformément à l'ancien calendrier grégorien décalé de 13 jours par rapport au calendrier julien) est d'origine païenne, ce qui fait bondir certains athées qui ne supportent pas ce mélange des genres. En fait, à l'origine les premiers chrétiens n'ont pas songé à célébrer la naissance de leur Sauveur mais plutôt la résurrection de Jésus-Christ à Pâques. Ainsi, au IIe siècle, le calendrier des fêtes chrétiennes établi par Tertullien et Irénée de Lyon ne mentionne pas l'anniversaire de la naissance de Jésus le 25 décembre. En revanche, le théologien Hippolyte soutenait déjà dans son "Commentaire sur Daniel" rédigé vers 204 : "La première venue de notre Seigneur dans la chair, quand il est né à Bethléem, [avait lieu] huit jours avant les calendes de janvier, le quatrième jour de la semaine, alors qu'Auguste était dans la quarante-deuxième année, et depuis Adam cinq mille cinq cents ans." Soit un mercredi 25 décembre de l'an -2 ou -3. C'est l'empereur romain Aurélien (214-275) qui fixa la célébration de la fête païenne du Soleil Invaincu (Dies natalis Sol Invictus) ou fête de la "Renaissance du Soleil" le lendemain de la fin des Saturnales, c'est-à-dire le 25 décembre afin d'harmoniser les fêtes religieuses dans l'Empire. Cette fête qui fut instituée en 274 reprenait elle-même des éléments empruntés à la mythologie d'Apollon - le dieu de la Lumière et du Soleil chez les Grecs - et au culte de Mithra, le grand dieu des Hittites vénéré dans l'ancienne Perse (actuel Iran) et dans l'Empire romain qui rivalisa un temps avec le christianisme. Quant à la fête de Noël proprement dite appelée "Natalis Invicti", c'est au XVIIIe siècle qu'on redécouvrit qu'elle fut célébrée pour la première fois en l'an 336 sous l'empereur Constantin Ier. Selon l'historien William J. Tighe du Muhlenberg College d'Allentown en Pennsylvanie, il y aurait également des références à la fête de Noël dès l'an 270. Mais rien n'atteste qu'elle était liée à la célébration du solstice, d'autant moins que les Romains ne célébraient pas le solstice d'hiver ni aucune de ces époques intermédiaires contrairement à ce qu'on lit encore parfois dans la presse grand public. Pour mémoire, dans la tradition hébraïque, un prophète comme Jésus, de sa conception à sa mort, devait vivre un nombre complet d'années. En supposant que Jésus aurait été cruxifié un 25 mars, avant-veille de la Pâque juive, l'Annonciation aurait eu lieu un même jour, et la Nativité neuf mois plus tard. Par conséquent, la fixation de Noël n'aurait aucun rapport avec les célébrations païennes qui d'une certaine matière, la préfiguraient. En résumé et malgré pratiquement 2000 ans d'enquêtes, on ignore encore la date de naissance de Jésus. Il n'est donc pas étonnant que de nombreux auteurs continuent à placer la date de naissance de Jésus un peu n'importe où. Ceci dit, l'an -4 reste l'année préférée par référence à la fin du règne d'Hérode le Grand, mais même celle-ci reste posée a priori "faute de mieux". Quant au mois et au jour exact, il y a des centaines de possibilités ouvertes à la sagacité des enquêteurs. Une chose en revanche est certaine, sans les visions de Paul (Saul de Tarse) de Jésus-Christ ressuscité sur le chemin de Damas, il est fort à parier que l'Église primitive aurait connu un autre destin et que nous ne célébrions pas la naissance du Fils de Dieu le jour de Noël. On reviendra sur le rôle de Paul dans le foi chrétienne. Les symboles de l'étoile et du rameau Si la théorie de la nature astronomique de l'Étoile de Bethléem n'a jamais été confirmée faute de preuve historique, il existe une autre explication plus vraisemblable (que je n'ai jamais trouvée dans aucun texte antique ou académique et que je soumets au lecteur). Chronologiquement, il y a d'abord la prophétie d'Amos qui évoque l'avènement d'une étoile : "l'étoile de vos dieux, que vous [les Israélites] vous êtes faits" (Amos 5:21-26) que les biblistes ont identifié avec l'Interprète eschatologique de la Loi. Ce personnage sera accompagné du Prince guerrier de la Communauté (il s'agit de celle de Qumrân sur laquelle nous reviendrons) chargé de punir tous les ennemis de la secte conformément à l'annonce faite par l'oracle de Balaam : "de Jacob monte une étoile, d'Israël surgit un sceptre" (Nombres 24:17). "L'étoile" qu'évoque Amos est l'Interpète de la Loi juive tandis que le "sceptre" est le Prince de la Communauté qui frappera tous les fils de Seth.
On retrouve un texte similaire dans la deuxième copie cairote de "L'Écrit de Damas" (manuscrit B, un texte découvert dans la genizah de l'ancienne synagogue Ben Ezra dans la banlieue du Caire en 1896) où ces deux personnages sont regroupés sous le nom commun de "Messie d'Aron et d'Israël" (au singulier) tandis que dans la "Règle de la Communauté", les Esséniens mentionnent bien les "Messies" (au pluriel) d'Aron et d'Israël. En d'autres termes, le Messie d'Israël est séparé du grand prêtre d'Aaron. On reviendra sur ces textes dans l'article décrivant les inspirations théologiques de Jésus de Nazareth. Ensuite, il y a des références éthymologiques. Nazareth est situé à 10 km au sud-est de Bethléem. En hébreu, Nazareth n'a pas le même sens qu'en arabe. En effet, si en arabe Nazareth (al-Nãsira ou al-Naseriyye) signifie "fleurir", en hébreu il dériverait du mot "netser" signifiant "rameau", "germe" ou "tirer" et indirectement "racine", c'est-à-dire le lieu ou la personne d'où émerge la branche d'un arbre et par analogie une famille. Isaïe y fait notamment référence : "Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton (netzer) jaillira de ses racines. Sur lui reposera l’esprit du Seigneur" (Isaïe 11:1-2). D'autres prophètes utilisent également ce nom dans le même sens (Daniel 11:7, Jérémie 23:5; 33:15, Zacharie 3:8; 6:12). On retrouve aussi souvent dans la Bible l'expression le "rameau de David". Sur le plan archéologique, rappelons que le nom "netser" est mentionné sur un bloc de marbre brisé découvert à Césarée en 1962[1]. Il est gravé en hébreu et répertorie les villes où des familles de prêtres s'étaient installées au III ou IVe siècle de notre ère. Nous savons aussi qu'au IIe siècle de notre ère, des manuscrits de la mer Morte indiquent que Nazareth, la ville "rameau" et Kokhaba, la ville "étoile" située à une vingtaine de kilomètres au nord de Sepphoris, étaient connues pour abriter des familles ayant des liens de parenté avec Jésus. Ceci explique que l'Etoile et le Rameau (cf. les prophéties) sont les noms de codes symbolisant le Messie. Le symbole de l'étoile ou du disque solaire rayonnant figure aussi très souvent sur les portraits des souverains, symbolisant leur puissance et le cas échéant leur ascendance divine. On retrouve la même symbolique dans l'expression "l'Étoile de Bethléem" évoquée dans les Évangiles par les Mages : "Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l'adorer" que certaines bibles traduisent par "Nous avons vu se lever son étoile" (Matthieu 2:2). Enfin, les symboles de l'étoile et du rameau (ou la racine) sont encore présents dans l'Apocalypse de Jean lorsque Jésus déclare : " Moi, je suis la racine et la postérite de David, l'étoile brillante du matin" (Apocalypse 22:16). En conclusion, replacé dans le contexte biblique, toutes ces références suggèrent qu'il n'y a peut-être pas eu "d'étoile" particulièrement brillante dans le ciel de Palestine à l'époque de la naissance de Jésus. S'il y a bien eu des conjonctions planétaires, on ne peut pas certifier que les religieux s'en sont inspirés pour le récit biblique. En revanche, divers indices suggèrent qu'il peut s'agir d'une expression codée symbolisant l'arrivée du Messie, le Fils de David, le rameau royal annoncé par les prophètes. Sachant que les Évangiles sont truffés d'interprétations théologiques et de références aux prophéties, cette théorie est tout aussi sinon plus plausible que l'hypothèse de l'apparition d'un évèment astronomique inconnu. Les Mages et la Légende dorée La présence des Mages auprès de l'enfant Jésus est une tradition chrétienne séculaire. On trouve son origine dans l'Évangile selon Matthieu (et uniquement le sien) qui raconte que des Mages venus d'Orient furent guidés par une étoile jusqu'à Jésus pour venir se protesterner devant lui : "Jésus étant né à Bethléhem en Judée, au temps du roi Hérode, voici des mages d'Orient arrivèrent à Jérusalem, et dirent : Où est le roi des Juifs qui vient de naître? car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l'adorer" (Matthieu 2:1-2). Comme de tradition en présence d'un roi, ils lui présentèrent des présents : de l'or, de l'encens et de la myrrhe puis repartirent chez eux par un autre chemin pour ne pas avoir de compte à rendre à Hérode (Matthieu 2:12). Cette fête est célébrée le jour de l'Épiphanie, c'est-à-dire 12 jours après la Noël.
Mais pas plus que la fête de Noël avec son âne et son boeuf, l'Épiphanie et ses Mages ne reposent sur aucune réalité historique. Au début du christianisme on ignorait jusqu'à l'origine géographique et le nombre de Mages venus visiter Jésus. On ne savait pas non plus si les Mages virent l'enfant Jésus bébé à Bethléem dans son couffin ou seulement quelques années plus tard à Nazareth quand il savait déjà marcher ! En fait, tout ce que l'on "sait" aujourd'hui... fut inventé au Moyen-Âge et embellit par la suite ! Voyons d'abord ce que pense un chrétien célèbre sur la question des Mages, monseigneur Joseph Ratzinger, alias le pape Benoît XVI, un fervent défenseur de la doctrine. Dans le troisième tome de sa trilogie sur le Christ consacré à "L'Enfance de Jésus" (2012), le pape Benoît XVI nous donne sa version de l'origine des Mages : "La curiosité populaire les a imaginés dans différents rôles de représentation, comme l'évocation des trois âges de la vie : la jeunesse, l'âge mûr et la vieillesse. Ces Mages seraient des savants perses, établis à Babylone, l'actuel Irak, à la fois philosophes et astronomes. La grande conjonction de Jupiter et de Saturne dans le signe zodiacal des Poissons en 6-7 avant notre ère semble être un fait vérifié. Elle pouvait orienter des astronomes du milieu culturel babylonien et perse vers le pays de Juda, vers un "roi des juifs"". Laissant visiblement libre court à son imagination, monseigneur Ratzinger feint d'ignorer qu'il s'agit en réalité d'un mythe même si la caste des Mages a bien existé. Pour rappel, les Mages font référence à la caste sacerdotale perse (l'Iran actuelle) des Mages adeptes du zoroastrisme. Les Mages pratiquent le magisme persan, c'est-à-dire la magie au sens strict, qui est un culte monothéiste et une doctrine religieuse pratiquée en perse bien avant le VIe avant notre ère. A ne pas confondre avec la magie relevant de la sorcellerie et des préditions de l'avenir propre au magisme babylonien (chaldéen). Ceci dit, les Mages de Perse pratiquaient également l'astrologie d'où le commentaire de Flavius Josèphe dans une version en slavon de la visite des rois Mages : "Des sages venus de Perse visitent Hérode. ''Nous venons de Perse, nos ancêtres ont recueilli des Chaldéens l'astronomie qui est notre science et notre art... L'étoile leur est apparue et signifie la naissance d'un roi [...]" (cf. E. Nodet, " Histoire de Jésus", 2003) et celui de Matthieu précité. Mais ici s'arrête la comparaison avec les Mages de Perse. En fait, il semble que la représentation traditionnelle des Mages soit apparue à la fin du XIIIe siècle. Le chroniqueur italien, dominicain et archevêque de Gênes, Jacques de Voragine (Iacoppo da Varazze, c.1228-1298) publia un livre en latin intitulé "La Légende dorée" (Legenda aurea). Il s'agit de récits bibliques écrits entre 1261 et 1266 relatant la vie plus ou moins légendaire de 153 saints et personnages remarquables (saintes et martyrs compris) classés en fonction de l'année liturgique. Dans cet ouvrage, de Voragine décrit les Mages comme suit : "Le premier des Mages s'appelait Melchior, c'était un vieillard à cheveux blancs, à la longue barbe. Il offrit l'or au Seigneur comme à son roi, l'or signifiant la Royauté du Christ. Le second, nommé Gaspard, jeune, sans barbe, rouge de couleur, offrit à Jésus, dans l'encens, l'hommage à sa Divinité. Le troisième, au visage noir, portant toute sa barbe, s'appelait Balthazar; la myrrhe qui était entre ses mains rappelait que le Fils devait mourir". Depuis la tradition s'est chargée de transmettre cette légende qui se matérialise encore dans les crèches de Noël contemporaines. Ensuite, ce n'est qu'à partir du XVIe siècle avec l'exploration des nouveaux continents que les Mages furent rattachés à certaines régions du monde : Melchior est venu d'Europe, Gaspard est venu d'Asie et Balthazar est venu d'Afrique, une manière astucieuse de convertir toutes les nations comme le souhaitait le Christ. Mais l'Église n'a jamais expliqué comment les Mages s'étaient concertés pour arriver tous les trois le même jour à Bethléem. En effet, le ciel de leur région d'origine était différent de celui de la Galilée pour peu qu'ils se trouvaient à quelques dizaines de degrés d'écart en latitude. Mais puisque tout cela relève des légendes, cela importe peu.
Ceci dit, les présents offerts à Jésus reposent sur certaines traditions en cours à cette époque. Ainsi, la plus ancienne trace écrite de la myrrhe est mentionnée dans un texte assyrien datant de 1700 avant notre ère. Comme la résine des pins, elle est produite par incision de l'arbre à myrrhe (Commiphora myrrha) qu'on trouve dans toute la péninsule arabique et dans l'est de l'Afrique. Ceci explique également que la myrrhe soit associée au Mage a priori venu d'Afrique. Aujourd'hui encore on trouve chez les épiciers de Bethléem des vasques entières d'encens et de myrrhe. Vendue en vrac, la myrrhe a l'aspect de fragments de résine brunâtre et est notamment utilisée à des fins thérapeutiques comme tonique ou stimulant contre les inflammations notamment mais également comme matière aromatique lors des cérémonies funéraires comme c'était le cas à l'époque de Jésus (cf. Jean 19:39-40). Enfin, il est impossible de certifier que les Mages ont visité Jésus immédiatement après sa naissance comme le sous-entend l'Église. Matthieu n'évoque jamais Jésus bébé mais plutôt l'enfant Jésus. Figure de style ou réalité, sachant que la tradition prétend qu'Hérode le Grand fit asssassiner tous les enfants jusqu'à 2 ans (voir plus bas), on peut juste déduire que lors de la visite supposée des Mages, Jésus avait tout au plus 2 ans puisque Joseph et sa famille durent fuir temporairement en Égypte (Matthieu 2:13-16) pour échapper au "Massacre des Innocents". Présentation de Jésus au Temple Pour être complet, précisons que conformément à la Loi juive, le huitième de jour, l'enfant reçut le prénom de Jésus sur l'indication de l'ange (Luc 2:21) puis fut présenté au Temple de Jérusalem un mois après sa naissance (ou 40 jours plus tard selon la tradition chrétienne, le 2 février) pour être consacré à Dieu (Exode 13:2 et 13:12). L'enfant Jésus fut reçu par le vieux Siméon, homme "juste et pieux, il attendait la consolation d'Israël" et la venue du Christ (Luc 2:25) et qui vit en Jésus la "Lumière pour éclairer les nations" (Luc 2:32). C'est à cette occasion que la "prophétresse Anne, fille de Phanuel, de la tribu d'Aser" loua Dieu et "[parla] de Jésus à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem" (Luc 2:38). La fuite en Égypte et le Massacre des Innocents Comme évoqué, selon Matthieu, le roi Hérode le Grand entendit parler par les Mages de la prophétie juive évoquant l'avènement du "roi des Juifs". Ne supportant pas cette "concurrence", il "envoya tuer tous les enfants de deux ans et au-dessous qui étaient à Bethléem et dans tout son territoire" (Matthieu 2:16). Les juifs auraient interprété ce drame comme l'accomplissement de la prophétie de Jérémie que rappelle également Matthieu : "On a entendu des cris à Rama, Des pleurs et de grandes lamentations: Rachel pleure ses enfants, Et n'a pas voulu être consolée, Parce qu'ils ne sont plus" (Jérémie 31:15). Entre-temps, toujours selon Matthieu, "un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph et dit : Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, fuis en Egypte, et restes-y jusqu'à ce que je te parle; car Hérode cherchera le petit enfant pour le faire périr" (Matthieu 2:13). Matthieu précise que quand Hérode fut mort, l'ange réapparut à Joseph et l'empressa de revenir avec sa famille au pays d'Israël, ce qu'il fit aussitôt.
Bien que l'Église commémore le Massacre des Innocents le 28 décembre, ce drame a-t-il réellement eu lieu ? Même à l'époque de la Rome antique, le massacre de bébés aurait été considéré comme abominable et certainement injustifiable au point que le Sénat romain qui nomma Hérode roi de Judée sous le règne d'Auguste aurait eu une bonne raison de le déchoir de son titre et de ses privilèges. Bien qu'Hérode a toujours été très habile pour éliminer ses adversaires et tourner les situations à son avantage, il est décédé sans avoir été inquiété. Le roi Hérode était réputé pour être opportuniste, sans scrupule, cruel et sanguinaire, bref un homme peu recommandable et à la vie dissolue. Voyant des complots partout, il n'hésita pas à faire assassiner sa femme Mariamne pour infidélité et trois de ses trois enfants pour des questions d'héritage ainsi que d'autres membres de sa famille. En théorie, il n'aurait donc eu aucun remord à ordonner l'assassinat d'enfants juifs. En revanche, ce drame n'est pas attesté. Flavius Josèphe qui a retracé plus que les détails de l'histoire des juifs de son époque décrit Hérode le Grand comme "servi par une constitution physique en rapport avec son génie. Il excella toujours à la chasse, où il se distingua surtout par son expérience de cavalier" ("Guerre des Juifs", Livre I, 13, 429). Il n'évoque pas le "Massacre des Innocents" alors que l'écho d'un tel drame aurait dû être connu dans tout l'Empire et même en Égypte. Puisque seul Matthieu l'évoque, la plupart des spécialistes considèrent que cet épisode est également une pure fiction et plus exactement une hagiographie permettant de construire la biographie de Jésus et la faire reposer sur la tradition juive, faisant ainsi un parallèle entre Jésus et Moïse. Encore une fois, nous sommes en pleine fabulation qui s'appuye sur l'histoire toute aussi légendaire de Moïse. Après la naissance de Jésus, nous verrons que Marie eut vraisemblablement d'autres enfants dont plusieurs de ses fils sont cités dans les Évangiles, une théorie appuyée par la découverte de manuscrits apocryphes et de l'ossuaire de Silwan. Mais avant d'aborder les questions de la famille de Jésus, de la jeunesse de Jésus et les années perdues, nous décrirons dans le prochain article ce que l'on sait sur le village de Nazareth où Jésus vécut toute sa jeunesse et comment ce village devint un lieu saint, une précision nécessaire afin de taire certaines rumeurs sur l'authenticité de ce village à l'époque de Jésus. A lire : Le village de Nazareth
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