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Origine et évolution de l'Homo sapiens

Glossaire

L'utilisation impropre des termes espèce, sous-espèce, race ou encore population, ethnie, taxon et bien d'autres plus ou moins synonymes risque de nous exposer aux critiques justifiées des spécialistes. Pour lever toute ambiguïté, nous allons définir exactement ces différents concepts, en prenant certaines références dans les définitions du dictionnaire Larousse (L) et de l'Encyclopédie Universalis (EU) mais sans trop nous étendre sur les différentes définitions scientifiques qui nous conduiraient dans des digressions san fin. Mais même en prenant ces précautions, nous allons découvrir qu'il n'y a pas toujours d'unanimité.

Écologie et évolutionnisme

- Apomorphe : Caractère dérivé et différent de l'état ancestral. Généralement utilisé en génétique pour qualifier une population.

- Clade : Très grand groupe d'animaux ou de plantes descendant d'ancêtres communs. (L)

En génétique, c'est l'état apomorphe caractérisant un taxon monophylétique (un ancêtre commun et tous ses descendants), le seul que le biologiste Willi Hennig (1913-1976) considérait comme devant être nommé dans une classification. (EU)

- Cladogramme : illustration représentée par un arbre dichotomique des relations entre les espèces ou les taxons, indiquées par les états apomorphes qu'ils partagent.

- Espèce : Ensemble d'individus animaux ou végétaux, vivants ou fossiles, à la fois semblables par leurs formes adultes et embryonnaires et par leur génotype, vivant au contact les uns des autres, s'accouplant exclusivement les uns aux autres et demeurant indéfiniment féconds entre eux. (L)

En sciences de la vie, l'espèce constitue l'unité fondamentale et la plus naturelle de la classification du vivant. [...] Le naturaliste anglais John Ray (1627-1705) a défini l'espèce comme un groupe d'organismes dans lequel des caractères invariables se perpétuent lors de la génération, et tel que les individus d'une espèce ne puissent jamais être engendrés par des parents appartenant à une autre espèce. [...] Plus tard, avec le naturaliste français Buffon (1707-1788), le caractère biologique de la notion s'accentuera, avec l'introduction du critère d'interfécondité : en plus de leur ressemblance et de leur descendance commune, les individus d'une même espèce sont capables de se croiser entre eux et de donner naissance à une progéniture féconde. [...] Lorsque les biologistes défendent la réalité de l'espèce, tous n'en ont pas la même définition, celle-ci pouvant être biologique, morphologique, phylogénétique, écologique, etc. (EU)

- Sous-espèce : Niveau de la classification immédiatement inférieur à l'espèce et supérieur à la variété. (L)

Entité biologique représentant le taxon inférieur à celui de l'espèce [...], synonyme de race géographique. (EU)

- Formation sylvestre : selon les régions, ce concept qualifie une grande diversité de végétations et de climats qu'on rencontre dans un peu plus de 40% de la surface continentale du globe depuis les zones tropicales luxuriantes jusqu'aux forêts tempérées et boréales. Cela comprend les forêts souvent au contact avec la savane (Amérique du Sud), les prairies (Canada, États-Unis), les savanes subhumides sèches (Soudan), les steppes (Europe de l'Est, sud de la Sibérie) et les régions dites hyperarides dominées par les déserts (le Sahara dans le nord de l'Afrique et le désert du Wadi Rum et d'Arabie au Proche-Orient). En tenant compte de cette diversité de milieux, les spécialistes considèrent que la planète serait environ 10 % plus "verte" qu'on le pensait jusqu'ici (cf. JF. Bastin et al., "Sciences", 2017).

- Haplogroupe : caractérise une population homogène ayant les mêmes allèles sur la même série de loci des chromosomes. Ces populations se rassemblent généralement dans des sous-continents ou des régions. Par exemple, les habitants originaires d'Eurasie occidentales sont porteurs d'un ou plusieurs des haplogroupes suivants : R0, H, V, J, T, U, I, W, X. S'y ajoute l'haplogroupe ADNmt U5 qui est uniquement transmis de la mère à l'enfant à travers l'ADN mitochondrial tandis que l'haplogroupe Y-ADN est uniquement transmis par le père.

- Population : En biologie, c'est un ensemble d'individus d'une même espèce trouvés dans un lieu donné susceptibles de se reproduire entre eux. L'étude fine des populations est à la base de la génétique moderne. (L)

- Race : Catégorie de classement de l'espèce humaine selon des critères morphologiques ou culturels, sans aucune base scientifique et dont l'emploi est au fondement des divers racismes et de leurs pratiques. (Face à la diversité humaine, une classification sur les critères les plus immédiatement apparents [couleur de la peau surtout] a été mise en place et a prévalu tout au long du XIXe siècle. Les progrès de la génétique conduisent aujourd'hui à rejeter toute tentative de classification raciale chez les êtres humains.) (L)

Population animale résultant, par sélection, de la subdivision d'une même espèce et possédant un certain nombre de caractères communs transmissibles d'une génération à la suivante. Utilisé pour signifier la différence entre les groupes humains (et plus généralement la différence des types au sein d'une espèce animale quelconque), le mot "race" s'attache à des caractères apparents, le plus souvent immédiatement visibles. Les plus frappantes de ces différences sont chez l'homme la couleur de la peau, la forme générale du visage avec ses traits distinctifs, le type de chevelure. Ces variations sensibles, sitôt reconnues, sont interprétées par le système de valeurs propre à chaque culture. Ce comportement, repérable chez les enfants, marque la découverte d'une différence qu'ils demanderont à l'adulte d'expliquer ; ici commence le discours sur les "variétés dans l'espèce humaine". (EU)

- Taxon : synonyme de groupe, subdivision usitée en classification zoologique ou botanique et dont on ne peut pas ou on ne veut pas préciser la valeur hiérarchique. (L)

L'espèce n'en est pas moins le pivot de toute classification du vivant, c'est-à-dire de la subdivision de ce dernier en sous-unités ou taxons. Là encore, il y a débat entre les biologistes.

Paléontologie, archéologie et stratigraphie

- BP : acronyme anglophone signifiant "Before Present" utilisé pour fixer les dates "avant le présent", avant aujourd'hui. Cela évite toute ambiguïté mais également toute susceptibilité religieuse quand on fait référence à l'ère chrétienne (avant JC, avant notre ère, BCN, etc). Dans tous les articles publiés sur LUXORION, sauf mention spécifique, par la logique des choses toutes les dates sont implicitement BP.

- Emmanchement (hafting) : le processus de fixation d'une pierre ou d'un outil en os généralement à un manche en bois, soit par des adhésifs (gomme, résine), des liens (lianne, etc) ou une combinaison des deux.

- Holocène: l'époque ou série géologique la plus récente qui débuta il y a environ 11700 ans et qui est associée avec la période climatique chaude actuelle (hors effet de serre artificiel).

- Hominidé (Hominidae) : taxon regroupant les grands singes (genre Pan) et tous les représentants des homininés dont le genre Homo et les Australopithèques.

- Homininé (Homininae) : sous-famille des Hominidés comprenant les membres à l'origine du genre humain (Homo), des Australopithèques et autres espèces hybrides disparues comme Graecopithecus, Toumaï, Orrorin et Ardipithecus.

Évolution des cladogrammes de l'espèce humaine. S'il y a une tendance vers un consensus, il reste des divergences. Document T.Lombry.

- Homininé archaïque : terme générique pour tout groupe important ancestral de la sous-famille du genre Homo, tels que l'homme de Néandertal ou l'Homo heidelbergensis. Le caractère "archaïque" au sein de l'espèce se réfère à la rétention de traits particuliers généralement associés à des spécimens d'homininés archaïques comme par exemple un crâne allongé (par rapport au crâne globulaire moderne).

- Mésolithique : anciennement appelé l'Âge de la pierre moyen, il se situe entre le Paléolithique et le Néolithique. Cette période culturelle et technologique s'est développée en Afrique et est caractérisé par l'utilisation répandue des technologies lithiques des nucléus et des éclats qui étaient d'usage courant il y a ~300000 ans en Afrique. Le Mésolithique a cédé la place au Néolithique sur une période prolongée s'étendant entre ~60000 et 20000 ans au cours de laquelle la traditionnnelle technologie du nucléus et de l'éclat fut remplacée par des outils microlithiques. Le Mésolithique d'Afrique est en général similaire au Paléolithique moyen d'Eurasie.

- Néolithique : anciennement appelé l'Âge de la pierre tardif est une période culturelle qui émergea en Afrique entre 60000 et 5000 ans. Bien que très variable et mal défini, le Néolithique est caractérisé par la production de petits outils tels que les lames et les lamelles et des microlithes géométriques.

- Outil à épaulement (tanged tool) : outil généralement en pierre (chert également appelé chaille) et parfois chauffé caractérisé par une tige ("tang" en anglais) à sa base suggérant qu'il doit être inséré dans la douille d'un support pour être utilisé. Cela permettrait à une pointe de flèche par exemple ou de lance d'être attachée à un manche comme par exemple un propulseur fabriqué en bois ou en os.

- Outil à pédoncule : peut être synonyme d'outil à épaulement dans la littérature anglosaxone. En français , cela se réfère généralement à une pointe de flèche du Néolithique caractérisée par un prolongement ou épaulement (tige) à sa base relié dans sa partie supérieure aux ailerons biseautés (les deux extrémités triangulaires) par une arrête droite ou en forme d'arc concave. Dans certains desciptifs de musée, il est parfois mentionné que la pointe de flèche est à pédoncule et épaulement mais le second terme semble rédondant (cf. les armatures néolithiques).

- Paléolithique supérieur : période culturelle apparue en Eurasie entre ~45000 et 10000 ans qui est généralement caractérisé par un accent mis la technolofie de la lame et l'os, l'art pariétal, les sculptures, divers ornements personnels et des sépultures élaborées. En Europe, c'est typiquement considéré comme un marqueur de l'Homo sapiens dont l'homme de Cro-Magnon.

- Pléistocène moyen : la partie médiane de l'époque géologique du Pléistocène, à partir de ~781000 ans et se terminant avec le début de la dernière période interglaciaire il y a 125000 ans. Le Pléistocène moyen est associé à l'émergence de l'homme de Néandertal et de l'Homo sapiens il a plus de 300000 ans.

- Refuge glaciaire (refugium, refugia) : région ou zone refuge qui reste toujours habitable par une ou plusieurs espèce pendant les périodes glaciaires. Sur base des données palynologiques, pendant la dernière glaciation l'Europe disposait de trois principaux refuges ou refugia : dans la péninsule ibérique, en Italie et dans les Balkans.

- Technologie du nucléus sur éclat (Core-and-flake technology) : technologie de débitage d'éclats de pierre taillées à partir d'un bloc de matière première dont les fragments sont finalement jetés comme des déchets. Cela contraste avec la technologie impliquant le façonnage des pierres brutes en produit fini élaboré comme le biface (handaxe) et des outils très fins comme les pointes de flèche, les racloirs, les perçoirs ou les feuilles de laurier.

- Technologie de la surface préparée : une technique de débitage des pierres taillées dérivée de la technologie du nucléus sur éclat notamment représentée par la méthode Levallois le plus souvent associée à l'industrie lithique du Moustérien du Paléolithique moyen (300000 à 38000 ans). C'était la technologie lithique dominante au Mésolithique (12000-7000 ans en Europe).

Démographie et modélisation

- Population : Sur le plan biologique, c'est un ensemble homogène d'individus d'une même espèce occupant un même territoire [...] Pour le biologiste, une population animale ou végétale est formée d'individus susceptibles de se reproduire entre eux. Celle-ci subit, au cours du temps, des changements incessants liés à la disparition (mortalité, émigration) et à l'apparition de nouveaux sujets (reproduction, immigration). [...] Une population se maintient à un niveau compatible avec les ressources limitées du milieu. (EU)

- Taille effective d'une population (Ne) : En analyse statistique, c'est une mesure de la dérive génétique et indirectement d'une certaine mesure de la diversité génétique des populations. Cette valeur (Ne) représente la taille de la population idéale ayant les mêmes propriétés (par exemple la dérive ou le changement) que la population réelle. En fonction des propriétés des données génétiques concernées, différentes tailles efficaces peut être définies. Dans une population idéale, les différentes valeurs de Ne devraient être identiques, mais dans des populations réelles ce n'est pas nécessairement le cas. La valeur Ne peut être considérée comme le nombre de personnes contribuant réellement à la prochaine génération, par opposition au nombre total d'individus dans cette population (qui est habituellement beaucoup plus grand).

- Structure de la population : C'est l'organisation ou la composition de la population selon diverses caractéristiques démographiques (sexe, âge, etc.), considérées isolément ou en association.

- Dème : Historiquement, dème était parfois synonyme de "terre", "peuple" ou "canton". En démographie, c'est un sous-ensemble d'une population comme par exemple une tribu divisée en plusieurs dèmes selon des critères particuliers.

- Panmixie : En génétique des populations, partant de l'hypothèse que les individus d'une population sont répartis de manière homogène, il s'agit de la reproduction de l'espèce (humaine) par des unions aléatoires en l'absence de sélection naturelle.

- Inférence : En logique, il s'agit des opérations permettant de transformer une suite de symboles ou une proposition en un autre. L'inférence logique est synonyme de déduction avec tous les dérapages ou erreurs d'interprétations que cela peut entraîner. Appliquée à des données statistiques (d'ordre démographique, écologique, etc), c'est la technique par laquelle on cherche des conclusions sur les comportements individuels à partir de données agrégées, c'est-à-dire groupées ou classées par catégories.

- Modèle nul : En mathématiques, dans l'étude des propriétés statistiques des représentations graphiques, le modèle nul est un graphique correspondant à certaines caractéristiques structurelles considérées par ailleurs comme l'expression de facteurs aléatoires. Le modèle nul est utilisé comme terme de comparaison pour vérifier si le graphique étudié affiche ou non certaines tendances ou caractéristiques, telles que la structure de la population.

- Spectre allèle-fréquence (AFS) : également connu sous le nom de Spectre site-fréquence (SFS). L'AFS est un histogramme représentant les fréquences d'un allèle provenant de loci multiples (par exemple, SNP). Il suppose que les loci sont bialléliques et est utilisé comme un résumé des données génomiques pour l'inférence démographique.

- Temps de coalescence : En génétique, l'un des buts de la théorie de la coalescence est de déterminer la durée écoulée depuis l'apparition de l'ancêtre commun le plus récent précédent par exemple une bifurcation phylogénique sur base d'une analyse de probabilités. Cette probabilité suit une loi géométrique qui tend vers la loi exponentielle. La valeur s'exprime en multiples de l'année, du siècle ou du million d'année selon la catégorie de population.

- Taux de coalescence inverse instantané (IICR) : l'IICR est un paramètre dépendant du temps et de l'échantillon. Dans une population panmictique, l'IICR est proportionnel à l'effectif des populations (Ne). Dans les populations structurées, l'IICR peut être fortement déconnecté des changements dans Ne.

En complément, consultez les livres (et les cours de Masters) consacrés à ces thèmes dont voici une courte liste :

- La théorie de la démographie : Dictionnaire de démographie et des sciences de la population, France Meslé et al., INED, 2011

- La théorie de l'évolution : Quoi de neuf depuis Darwin ?, Jean Chaline et al., Ellipses, 2006

- La génétique : Introduction à la Génétique Moderne, Monget Veitia, Ecole Polytechnique, 2014

- L'écologie : Écologie générale, Robert Barbault, Dunod, 2008

- La paléontologie : Principes de paléontologie, Thierry Tortosa et al., Dunod, 2013

- La vie au Paléolithique : Chasseurs-cueilleurs : Comment vivaient nos ancêtres du Paléolithique supérieur, Sophie A. de Beaune, Biblis, 2013

- Les paléoclimats : Paléoclimats, Jean-François Deconinck, Vuibert, 2014

- La stratigraphie : Les roches, mémoire du temps, Georges Mascle, EDP Sciences, 2014.

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