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La gestion de la crise sanitaire de Covid-19

Statut de la pandémie de Covid-19 le 10 mars 2023, dernier jour de comptabilisation par le JHU. Document JHU/ArcGIS

Le jour où la Terre s'arrêta (I)

En décembre 2019, nous avons appris l'existence d'un nouveau coronavirus, le SARS-CoV-2 alias le Covid-19. Pendant quelques semaines, les autorités l'ont considéré avec dédain comme le vecteur d'une infection qui ferait peu de vagues et dont elles pourraient facilement maîtriser la propagation. Or à l'image d"un tsunami qui à bonne distance ressemble à une vaguelette innocente incapable de vous affecter, il s'est avéré que ce virus alors inconnu était plus dangereux qu'on l'imaginait et se propageait rapidement faisant fi des distances et des mesures de protection. Partout où il sévit il contamina une fraction de la population et tua des innocents comme une vague indomptable parcourant la terre, réclamant son tribut.

A défaut d'être proactifs quand ils en avaient encore le temps, les pouvoirs publics ont dû réagir sur le vif et souvent seuls et sans expérience avec toutes les conséquences qu'une telle attitude parfois irréfléchie et irresponsable put avoir sur la population, avec son lot de contradictions, de mensonges, d'angoisse, de panique et parfois de souffrance que cela entraîna. Il faudra en tirer les leçons.

Nous allons décrire dans cet article la manière dont les gouvernements ont géré cette crise sanitaire sans précédent. Nous allons analyser la réponse du monde politique et des scientifiques. Nous analyserons l'impact des mesures sur l'économie et sur la population tout en révélant les négligeances et les erreurs des autorités comme de la population. Enfin nous ferons le bilan des connaissances acquises et tirerons les leçons de cette pénible expérience.

Nous nous intéresserons en priorité aux conséquences de la pandémie en Europe, en particulier en Belgique, en France et dans les pays limitrophes.

Nous développerons dans cet article les thèmes suivants :

- Plan de lutte contre l'épidémie (cette page ci)

- Le coût de la crise, p2

- L'état de guerre sanitaire, p3

- La capacité du système de santé (dont la distanciation sociale et le confinement), p4

- Le déconfinement (et le dépistage massif), p5

- Les campagnes de vaccination et vers la fin de la pandémie, p6

- Le bilan de la crise sanitaire.

Nous détaillerons dans d'autres articles la microbiologie du Covid-19, ses voies de transmission, la modélisation des épidémies, la propagation de la pandémie et les vagues épidémiques, les pathologies, les séquelles éventuelles de la maladie, les remèdes et vaccins pour l'éradiquer ainsi que les aspects psychologiques parmi d'autres sujets (cf. le menu).

Plan de lutte contre l'épidémie au Covid-19

Comment endiguer une épidémie ? Lorsque une épidémie devient hors contrôle, que les autorités sont impuissantes à endigurer la propagation du virus, les nombres de personnes contaminées et décédées deviennent vite exponentiels.

Si aucun remède ou vaccin n'est mis au point, en une année le virus peut tuer plus d'un million de personnes soit près de 3000 décès par jour et en quelques décennies faire des dizaines de millions de morts. Leur nombre dépend des caractéristiques du virus dont son taux de reproduction de base (le "Ro") et des populations concernées.

Ainsi, de nos jours la tuberculose tue plus de 3000 personnes chaque jour et le SIDA tue encore plus de 2000 personnes chaque jour. Selon les données tenues à jour par le JHU, au plus fort de la pandémie, le 10 décembre 2020, le Covid-19 contamina dans le monde près de 1.5 million de personnes en un seul jour dont 17% rien qu'aux Etats-Unis, et le 15 décembre 2020, le virus tua près de 14000 personnes en un jour. Selon l'OMS, c'est la plus grande crise sanitaire depuis la pandémie de grippe espagnole en 1918 !

Des simulations réalisées en mars 2020 par des chercheurs de l'Imperial College de Londres montraient que si la situation n'était pas endiguée, le Covid-19 pourrait tuer 1.8 million de personnes dans le monde. Dans l'hypothèse où aucune mesure n'aurait été prise dans le monde, les chercheurs estimaient que le nombre de victimes pouvait atteindre 40.6 millions de morts (autant qu'il en eut durant la Seconde guerre mondiale) pour 7 milliards de personnes contaminées, soit la quasi-totalité des habitants de la planète !

Même si les résultats furent critiqués, il rend compte du potentiel destructeur de ce virus. Assitôt cet article publié, le Premier ministre Boris Johnson et le président Donald Trump ont changé leur stratégie à 180° pour éviter ce scénario catastrophe. Malheureusement, au 1er janvier 2021 nous avions dépassé les 1.8 million de morts et plus de 85 millions de personnes avaient été contaminées par le Covid-19 et les compteurs augmentaient toujours (cf. la propagation de la pandémie de Covid-19).

Ainsi qu'on le constate, stopper l'épidémie afin de sauver des vies est donc l'urgence N°1 devant tous les autres problèmes sociétaux. C'est donc une course contre la montre autant que d'endurance pour tout le personnel de la santé et les chercheurs.

Nous verrons que c'est également une source de stress et d'angoisse pour beaucoup de citoyens dont le personnel de la santé, les jeunes et les personnes âgées supportant mal la solitude et pour une bonne partie des indépendants ou des salariés qui suite au confinement furent privés du jour au lendemain de travail et de salaire.

Gérer la crise

Si on peut prévoir l'évolution d'une épidémie grâce à des modèles informatiques et un suivi quotidien, peut-on l'éviter ? La réponse n'est pas binaire car elle dépend de nombreux facteurs : type de virus, voies de transmission, taux de reproduction, quantité de charge virale, conditions climatiques, ressources de l'État, âge de la population, éducation et sens civique de la population, stratégie sanitaire, etc. En résumé, on ne peut pas arrêter la progression d'une épidémie mais il est possible de la ralentir de sorte que le système de santé ne soit pas dépassé et puisse toujours gérer l'afflux de malades sans devoir faire des choix éthiques.

Information donnée au public par le gouvernemernt français sur le plan de lutte contre le Covid-19 publiée le 6 mars 2020, avant le confinement.

Mais dans les faits, malgré les paroles rassurantes des Premiers ministres ou des chefs d'États ou quoique prétende leur propagande électorale, on constate qu'aucun système sociétal, que se soit le modèle russe, asiatique, européen ou américain n'est meilleur qu'un autre pour maîtriser une telle situation. Par conséquent, au début de l'épidémie chaque État s'est cru plus malin que les autres et capable d'endiguer seul l'épidémie au point que certains pays refusèrent l'aide étrangère (l'Iran a refusé l'aide américaine) ou le Grand argentier refusa de leur accorder les fonds (le FMI refusa d'accorder les 5 milliards de dollars demandés par Nicolas Maduro au Venezuela sous prétexte qu'il n'était pas le président légitime, le FMI suivant à la lettre la réglementation. Le Venezuela reçut toutefois une aide financière de la Chine et de l'ONU). On y reviendra à propos de la dette publique.

Qu'avons-nous constaté pendant cette pandémie de Covid-19 ? Malgré l'urgence sanitaire qui secouait la Chine et l'Asie du sud-est et les alertes de l'OMS, la plupart des États ont sous-estimé la puissance du virus et ont manqué de moyens pour circonscrire rapidement sa progression. Et comme chacun l'a constaté, les sentiments des citoyens qui oscillaient au début entre la compréhension, l'encouragement et la résignation se sont progressivement transformés en anxiété, angoisse et parfois la colère face aux contradictions du discours ou des actions des autorités tout en reconnaissant le courage du personnel de la santé. Aurait-on pu mieux gérer la crise ?

Si les États reconnaissaient dès le départ qu'il vaut mieux agir ensemble qu'individuellement dans l'intérêt commun, on pourrait plus rapidement et à moindre frais sauver le plus de vies possible et sortir de la crise. Mais quel État a le courage d'avouer ses faiblesses ? Au lieu de créer un pont aérien sanitaire entre l'Europe et les Etat-Unis pour aider les chercheurs travaillant sur le Covid-19, le président Trump n'a rien trouvé de mieux que de fermer unilatéralement ses frontières en interdisant tous les vols depuis et vers l'Europe à l'exception des îles britanniques pourtant plus contaminées que certains pays européens !

Ceci dit, par la suite, un grand nombre de pays confronté à une épidémie galopante ont fermé leurs frontières pour éviter une contamination importée.

Nous décrirons plus bas quelques cas d'insouciance, d'irresponsabilité et d'égoïsme chroniques de certains politiciens.

Le plan de crise et son impact

Une bonne gestion de crise et pas uniquement sanitaire doit appliquer une méthode qui comprend plusieurs étapes :

- Mettre en place une équipe de gestion de crise : les ministres responsables, les experts scientifiques, des représentants de la société civile, le porte-parole, etc.

- Analyser la situation : récolter des données cliniques et dans la population, établir des scénarii d'évolution de l'épidémie.

- Élaborer un plan de crise : quels intervenants, à quel moment, dans quel but, établir le plan d'action, le plan de communication, éventuellement le plan d'urgence, etc.

- Développer le plan d'action : appliquer les actions décidées, suivre leurs effets et adapter les actions en fonction des résultats et du contexte.

La première chose à faire dès l'apparition d'un virus et d'autant plus s'il est inconnu et donc imprévisible est de mettre en place un groupe d'expert chargé d'évaluer la situation. Ensuite, des spécialistes du risque doivent évaluer la situation en effectuant une analyse quantitative du risque sanitaire. Si l'épidémie propgresse rapidement comme dans le cas de la Covid-19, il faut rapidement mettre en place un plan de crise voire un plan d'urgence afin de prendre des dispositions rigoureuses organisées à l'échelle du pays. Il faut donc que le chef de l'État fasse confiance aux scientifiques et que la cellule de crise organise au plus tôt une réponse spécifique en commençant par estimer la capacité du pays à répondre à l'épidémie, autrement dit à faire face rapidement au risque de contamination et ses conséquences. Enfin, il fait développer le plan d'action et l'adapter en fonction des résultats. Comme nous allons le voir, alors que la vague épidémique déferlait sur l'Europe, la plupart des gouvernements ont failli sur tous ces points.

Cette méthode s'applique à la gestion de l'activité des entreprises comme des institutions publiques. Nous verrons qu'il faut toutefois tenir compte de la spécificité des centres de soins au sens large (hôpitaux, cliniques, centres de convalescence, maisons de retraite, instituts psychiatriques, instituts spécialisés pour enfants ou handicapés, etc) et des entités de soutien comme les pharmacies car dans ce secteur de la santé toute l'activité est centrée sur la protection de la vie humaine. Ce critère qui bien que prioritaire dans une entreprise privée est vite écarté au profit des affaires puisqu'en général le personnel est rapidement mis en lieu sûr et reste en bonne santé. Or ce n'est pas le cas dans un hôpital. On y reviendra.

On en parle peu, mais lors des grandes crises, les institutions internationales sont impliquées. A gauche, le Conseil de l'Europe ou Consilium où se réunissent les représentants du Conseil européen, de l'Eurogroupe et autres sommets de la zone euro. Il intervient dans les grands décisions stratégiques concernant le marché européen (agriculture, pêche, etc), le climat, la protection de l'environnement, la protection des données, parmi d'autres thèmes et est intervenu lors du Brexit et de la pandémie de Covid-19. Le Conseil n'a pas de pouvoir législatif qui appartient au Parlement Européen ni de pouvoir exécutif en matière de concurrence et de marché extérieur (y compris répressif) qui appartient à la Commission européenne. A droite, la réunion du Codex de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture) qui définit les normes alimentaires internationales (hygiène, étiquettage, toxicité, etc). Il est intervenu pendant la pandémie de Covid-19 dans le cadre de la globalisation des mesures d'hygiène afin de protéger la chaîne alimentaire. Si les décideurs nationaux les écoutent, ils ne suivent malheureusement pas nécessairement leurs recommandations, chaque État étant souverain et généralement très égoïste malgré les apparences que les ministres donnent en public.

Prendre les bonnes décisions au bon moment

Faut-il être proactif ou seulement réactif, offensif ou défensif, anticiper ou attendre les effets de l'épidémie ? Ce sont des questions auxquelles les chercheurs et les politiciens ont du mal à répondre car au final chaque État dispose de ressources limitées et ne peut pas les engager toutes dans un seul combat sans connaître la durée de l'épidémie au risque de ne plus avoir de moyens avant même le pic épidémique.

Tous les professionnels de la santé, les immunologistes, les infectiologues, les épidémiologistes et les virologues nous disent que l'action la plus efficace à prendre contre les virus est d'agir très rapidement pour isoler les personnes contaminées et les traiter, placer les personnes suspectées d'avoir été contaminées en quarantaine et si possible réaliser des dépistages massifs pour déterminer le degré d'auto-immunisation de la population. Ensuite, en fonction des résultats, revoir les actions à mener voire même les renforcer si cela ne suffit pas. En parallèle, les chercheurs doivent trouver un remède. On y reviendra.

Mais cela c'est de la théorie, certes très utile pour aider les décideurs comme les équipes opérationnelles, mais qui ne tient pas compte de la situation réelle. Car imposer des mesures aussi radicales présente des inconvénients. Il faut d'abord que le pays soit organisé et capable de gérer l'épidémie. Cela exige des ressources, d'importants moyens financiers, des compétences, des moyens structurels et des outils adaptés.

Idéalement, l'État doit s'y être préparé en tirant les leçons du passé ou, à défaut d'expérience (tous les pays n'ont pas connu de graves épidémies), s'inspirer des "meilleures pratiques" des autres pays ayant été confrontés à un cas similaire et des recommandations des experts. C'est à ce stade que les autorités communales ou fédérales, notamment en Belgique, ont découvert un peu tard que le "Business Continuity Plan" (BCP ou Plan de Continuité des Activités) dont les scénarii prévoient justement ce genre de situation est totalement dépassé (la technologie a évolué) ou est incomplet (les noms ou les coordonnées des personnes responsables ne sont plus à jour), qu'il n'existe pas de plan d'urgence pour les maisons de retraite, pas de stocks de masques chirurgicaux ni FFP2, pas de tests sérologiques et que cette crise va leur coûter très cher.

Durant la crise sanitaire, on a constaté que la majorité des pays n'étaient pas préparés à la vague épidémique et au lieu d'être solidaires et de chercher des solutions ensemble, chaque pays a égoïstement cru qu'il s'en sortirait seul. On connait malheureusement la suite ! On y reviendra.

De façon plus générale, lors d'une situation d'urgence se pose également la question du respect des lois démocratiques, notamment des libertés comme le droit de circuler, de s'exprimer librement dans les médias ou de la vie privée, autant de mesures durement acquises et que l'État peut décider d'abroger d'un jour à l'autre. On y reviendra à proprement du confinement.

La communication

Dans une société très médiatique et démocratique, il est essentiel que les autorités nationales et internationales communiquent auprès de la population de manière appropriée. Les institutions internationales comme l'OMS ou le Conseil de l'Europe n'appréhendent le risque et son impact que de façon générale, définissant les grandes stratégies à suivre. Par conséquent, ils ne peuvent proposer que des recommandations. Seuls les États décident et rarement de manière concertée.

Durant cette crise, on ne peut pas leur reprocher de ne pas avoir communiqué, y compris en prenant l'antenne juste avant ou après le journal télévisé du soir. Mais cela fut-il toujours de manière transparente et coordonnée ? On peut à juste titre en douter, du moins durant la phase ascendante de l'épidémie où ils furent soumis aux plus fortes tensions et où la "doctrine" n'était pas encore harmonisée.

Réunion d'urgence du comité de l'OMS le 23 janvier 2020 au moment où la Chine durcissait ses normes sanitaires pour endiguer la propagation du Covid-19. L'avis des experts est généralement suivi par les États mais parfois avec des semaines ou des mois retard, quand le chef d'État prend conscience que la situation lui échappe. Document Pierre Albouy/AFP.

C'est ici que les agences de communication, les "communicants" entrent en jeu en collaboration avec les experts. Mais il faut impérativement qu'elles trouvent un juste équilibre entre transparence et opacité, panique et sécurité. Les autorités doivent éviter de donner un faux sentiment de sécurité tout en rassurant la population mais aussi éviter de lui donner de faux espoirs en laissant planer des rumeurs irresponsables avec parfois des conséquences très risquées (comme l'idée d'assouplir le confinement en pleine épidémie) ou même fatales (cf. l'auto-médication à la chloroquine). Il faut décrire la situation réelle, les faits et rien que les faits, sans embellir l'actualité, ni cacher la vérité ou mentir. A l'ère de l'image, il faut modérer la diffusion d'images choquantes (comme celle des dizaines de corbillards sortant des hôpitaux) qui paniqueraient la population et rendraient l'action des autorités encore plus difficiles.

Mais faut-il dire toute la vérité au public ? La question est pertinente car même si a priori il ne faut pas cacher la vérité, l'expérience montre qu'elle a toujours des effets pervers. Que l'information soit destinée à un patient, à sa famille ou au grand public, certaines personnes sont incapables de réagir rationnellement et réagissent dans l'émotion du moment et souvent de manière exagérée. Cela se traduit par une panique et des actions irréfléchies dans le seul but de survivre et "sauver sa peau". Ceci explique la ruée dans les supermarchés dès l'annonce du confinement ou la ruée sur les masques dès l'annonce de leur pénurie.

Le but de la communication est que la population comprenne et accepte les mesures prises et celles qui seront à prendre pour gérer la crise et endiguer la propagation du virus. Sans porter de jugement moral, elle doit aussi porter une attention particulière aux jeunes plus enclins à contourner les règles que les adultes.

Il faut aussi informer régulièrement la population car le public n'est pas idiot ni inculte, il lit la presse y compris étrangère et parfois scientifique, il consulte des vidéos et voit comment évolue la situation dans les pays limitrophes et au-delà. Si la situation sanitaire varie d'un pays à l'autre et n'est pas toujours comparable épidémiologiquement parlant, un public mal informé risque de mal interpréter les actualités ou les données brutes et, livré à lui même, de prendre de très mauvaises décisions.

De plus, si le public a le sentiment que les autorités tiennent des discours contradictoires, donnent l'impression d'aggraver la situation ou au contraire affirment que cela va de mieux en mieux alors que les contraintes deviennent de plus en plus difficiles à supporter, il pourrait finalement conclure qu'on lui ment ou qu'il n'y a plus de risques. Si le virus est encore très actif, c'est alors que la population pourrait commettre une grave erreur en ignorant les recommendations des autorités.

Si la population n'adhère pas au message officiel, si elle estime que les contraintes sont trop lourdes à supporter et rendent leur vie impossible ou les conduisent au chômage ou à la faillite (par exemple en prolongement le confinement strict et en interdisant l'ouverture des commerces), elle ne respectera plus aucune règle et ce n'est pas une amende ou une brigade de police qui l'empêchera de faire ce qu'elle estime juste pour préserver sa santé mentale, sa famille, sa bonne humeur ou son commerce. D'ailleurs, suite au confinement, une association comprenant plusieurs centaines de propriétaires lésés ont porté plainte en justice et mis l'État belge en demeure sous le motif du non respect de la liberté qu'ils avaient de se déplacer librement pour rejoindre leur résidence secondaire (cf. RTBF). Des commerçants ont également obligé l'État à revenir sur sa décision de fermer certains magasins.

Si on en arrive à des situations extrêmes avec des manifestations, des grèves et des actions violentes, nous avons constaté que l'État tout démocratique qu'il soit peut imposer le couvre-feu (ce fut le cas dans plusieurs pays y compris en Europe depuis le début de la pandémie) ou même la loi martiale (ce fut le cas dans certains pays communistes il y a quelques années).

C'est déjà à cette étape d'observation et de planification que la plupart des États ont regardé passivement passer la première vague épidémique. De plus, la Commission européenne et la BEI (Banque Européenne d'Investissement) étaient aux abonnés absents et il fallut patienter jusqu'à la mi-mars 2020, qu'il y ait des milliers de morts et un ralentissement de l'économie mondiale, pour que tous réalisent qu'ils étaient mouillés jusqu'au cou ! Fallait-il attendre que l'incendie soit déclaré pour lire le manuel d'utilisation ?

La gestion de crise en Belgique : Centre de crise - Diplomatie

Luxembourg : Info crise - Guide de gestion de crise pour les entreprises

France : Gouvernement - Diplomatie

États-Unis : FEMA

L'insouciance et l'égoïsme des politiciens

La sous-estimation des risques

Complémentaire des mesures sanitaires, le facteur temps est également crucial dans la gestion d'une épidémie à croissance exponentielle. Comme nous l'avons expliqué, il faut réagir vite et avec les bonnes mesures, au risque de voir le nombre de contaminés et de décès exploser et de littéralement paralyser le pays. Or malgré les alertes de l'OMS, aucun pays n'a pris la mesure du risque et anticipé les impacts de l'arrivée de la vague épidémique. En fait, sans moyens et sans données, les autorités ignoraient tout simplement où se trouvaient les foyers infectieux et quand surviendrait le pic épidémique !

On peut toutefois souligner la réactivité de la Corée du Sud (2.2% de létalité, cf. Straits Times), de Singapour (0.3% de létalité, cf. NPR) et du Luxembourg (2% de létalité, cf. SLGS) qui grâce à une modélisation précise de la propagation du virus et une stratégie adaptée, ont pris de très bonnes décisions dès l'instant où les premiers cas furent signalés sur leur territoire.

En février 2020, la Chine alors en plein pic épidémique utilisa des détecteurs de chaleur pour identifier les personnes potentiellement contaminées par le Covid-19. En Europe, durant le pic épidémique, tout le monde était confiné et aucune mesure de ce type n'avait été prise, pas même dans les lieux fréquentés. Document DPA.

Les experts de l'OMS n'ont pas la réputation de se tromper et leur avis est souvent suivi à juste titre. Malheureusement plus d'un ministre n'y ont pas prêté beaucoup d'attention, y compris en Europe, et leur manque d'anticipation explique en partie la propagation rapide du virus dans une population mal informée et non protégée. Ne prenons que quelques exemples.

En Chine, dès la mi-février et malgré le grand nombre de personnes contaminées, le président Xi Jinping s'est montré optimiste, soulignant "l'évolution positive" de la situation. Mais l'OMS est restée prudente. Michael Ryan, chef du département des urgences sanitaires, déclara : "Je pense qu’il est aujourd’hui beaucoup trop tôt pour tenter de prédire le commencement, le milieu ou la fin de cette épidémie." (cf. Le Quotidien).

Le 5 mars 2020, Maggie De Block, ministre belge de la Santé déclara en séance plénière de la Chambre que cette épidémie était "une grippe d'un nouveau type, mais doux, qui poursuivra son chemin sur notre planètre avant de devenir une grippe saisonnière", sous-entendant qu'aucune mesure particulière ne devait être prise, et tout le monde l'a cru (cf. La Chambre, p24). Des médecins lui prouveront le contraire mais Mme De Block n'est pas à sa première polémique.

Le 11 mars 2020, alors que l'OMS venait d'annoncer que la Covid-19 avait atteint le stade de la pandémie, d'un optimisme surréaliste révélateur de son incompétence, le président Trump déclara : "The virus won't have a chance against us" (cf. YouTube) mais il fut rapidement contraint de réviser ses certitudes. Le Président populiste apprit à ses dépens que si jusqu'ici c'était la "loi Trump", maintenant c'est la "loi du Covid-19" ! Et ceux qui ne la respectent pas... feront un séjour à l'hôpital pour apprendre le sens de la vie et certains passeront de vie à trépas !

C'est à ce moment là que les Premiers ministres ou les chefs d'États selon les pays se sont réveillés et ont alerté le public et les entreprises qu'en raison de la pandémie, les salariés étaient invités, dans la mesure du possible, à travailler depuis leur domicile et à ne sortir de chez eux qu'en cas de nécessité. Le confinement était imposé ainsi que la distanciation sociale dans l'espace public. Nous connaissons la suite. On reviendra sur ces décisions et leurs conséquences (cf. page 8).

L'insouciance des Etats-Unis de Trump

Aux Etats-Unis, l'administration Trump a pris les pires décisions au pire moment et se retrouva début mai 2020 avec un million de personnes contaminées ! Rick Bright était le "Monsieur Vaccins" des Etats-Unis. Il fut l'ancien directeur du Biomedical Advanced Research and Development Authority (BARDA), l'agence fédérale chargée de développer des traitements et les vaccins. Elle dépend du département de la Santé et des Services Sociaux (HHS). Fin avril 2020, Bright fut limogé pour des raisons politiques car il s'était opposé à l'utilisation généralisée de la chloroquine, contre l'avis du président Trump.

Le jeudi 14 mai 2020, il exprima sans concession sa façon de penser au Sénat américain. Bright déclara notamment avoir averti dès le mois de janvier 2020 le HHS de se procurer un échantillon du virus afin d'avancer dans la développement d'un vaccin. Selon Bright, "La direction du HHS était dédaigneuse face à mes prédictions désastreuses, et sur ce que je voyais devenir une épidémie plus large et l'urgence. Ils n'ont pas voulu agir en conséquence". De la même façon, Bright aurait régulièrement alerté sur la nécessité d'augmenter la production de masques et de respirateurs. Malgré toute son expérience, il ne fut pas écouté non plus.

Bright se montra également particulièrement pessimiste pour l'avenir et mit le Sénat en garde : "Si nous n'arrivons pas à développer une réponse nationale coordonnée, basée sur la science, je crains que la pandémie ne s'aggrave et ne se prolonge, causant des maladies et des décès sans précédent [...] Sans une planification et une mise en œuvre claires des étapes préconisées par moi-même et d'autres experts, 2020 sera l'hiver le plus sombre de l'histoire moderne".

Mais avec son arrogance habituelle et son déni chronique des faits, à moins d'être stoppé dans son élan par les Démocrates, Donald Trump n'a pas l'intention de changer d'attitude, même si cela peut sauver des vies (cf. CNN, The New York Times).

Le président Donald Trump entouré de Rick Bright (gauche) et Anthony Fauci (droite), deux spécialistes de la médecine ouvertement opposés aux idées irresponsables du Président qui rejetta en bloc les faits et la science et voulut imposer ses idées coûte que coûte.

Le 14 mai 2020, Anthony Fauci, expert en maladie infectieuse et conseiller Santé auprès de la Maison Blanche estima qu'il était très risqué de rouvrir les écoles et le pays. Mais une nouvelle fois, le président Trump fut en "désaccord complet" : "Ce n'est pas une réponse acceptable" a-t-il répondu, avec l'approbation des Républicains ! Selon le "Washington Post", "si Fauci inspire toujours confiance à une grande majorité d'Américains, l'opposition des Républicains n'a cessé de se renforcer au cours du dernier mois, alors que les personnalités et les politiciens conservateurs n'ont cessé de remettre ses conseils en cause".

Bref, même dans les moments où la solidarité nationale devrait s'imposer, la communication ne passe toujours pas entre les deux adversaires politiques de toujours. Donald Trump ne veut toujours pas admettre la réalité des faits et reconnaître que les chiffres ne mentent pas. Depuis le début de la crise, il ne comprend pas comment un si petit virus peut bloquer le plus puissant pays du monde et surtout lui tenir tête !

Quant à la protection sociale durant cette crise, le "Welfare State" (l'Etat-Providence) ainsi que l'assurance maladie feront certainement l'objet de débats aux Etats-Unis puisque d'une part la majorité des millions de salariés ayant perdu leur emploi durant cette crise ne recevront aucune indemnité de chômage et d'autre part près de la moitié des salariés n'ont pas de couverte maladie ou ils sont sous-couverts ou doivent payer des franchises prohibitives. En moyenne aux Etats-Unis les soins donnés à un malade hospitalisé pour le Covid-19 coûtent 70000$ et un test RT-PCR coûte 3000$ ! Cela explique pourquoi déjà en 2007, le pays accusait 62% de faillites personnelles (cf. AJoM).

La facture record fut présentée en juin 2020 à Michael Flor, un Américain de 70 ans atteint du Covid-19 qui fut hospitalisé pendant 62 jours au centre médical Swedish Issaquah à Seattle. Sa facture s'élevait à... 1 122 501.04 $ ! (cf. le tweet the David Lat). Heureusement, il ne paya pas cette facture qui fut prise en charge par son assurance maladie des seniors "Medicare". La facture de 181 pages détaille les soins qui lui furent administrés et leur prix : 9736 $ par jour pour la chambre en soins intensifs, près de 409000 $ pour sa transformation en chambre stérile pendant 42 jours, 82000 $ pour l'utilisation d'un respirateur artificiel pendant 29 jours et 100000 $ pour les soins de la "dernière chance", quand son pronostic vital avait été engagé pendant deux jours.

L'irresponsabilité criminelle du président brésilien Jair Bolsonaro

Tout aussi radical que Trump, début mars 2020, le président brésilien d'extrême droite Jair Bolsonaro élu en 2019 pour un mandat de 4 ans qualifia la pneumonie virale de "gripezinha" ("grippette" en portugais) alors qu'elle avait déjà fait plusieurs dizaines de milliers de morts à travers le monde. Le président Bolsonaro a publiquement exprimé son scepticisme à l'égard des directives sur la distanciation sociale, la mise en quarantaine et le nombre de morts suite à la pandémie de Covid-19.

Le 23 juin 2020, le juge fédéral brésilien Renato Borelli ordonna au président Jair Bolsonaro de porter un masque en public après qu'il ait assisté à des rassemblements politiques sans se couvrir le visage. Le président Bolsonaro est passible d'une amende de 2000 reais (333 $) par jour s'il continue de désobéir à l'ordonnance destinée à ralentir l'épidémie de Covid-19. Cette décision intervient juste après l'annonce que le Brésil avait dépassé le million de contaminés.

Quelques semaines plus tard, les modérateurs de Facebook et Twitter ont supprimé l'un de ses messages vantant un antiviral non prouvé contre le coronavirus. Il a également constamment minimisé la gravité du virus et a explicitement critiqué les mesures mises en place par la grande majorité des 27 gouverneurs d’État du Brésil et son propre service fédéral de santé. On pourrait aussi ajouter ses propos surréalistes à propos de la nature "satanique" du virus.

Fin mai, selon le maire de Sao Paulo, Bruno Covas, le système de santé était au bord de l'effondrement. Dans la plus grande ville du pays, 76% des lits d’hôpitaux étaient occupés et cette proportion monta à 91% en soins intensifs (rappelons qu'on fut à plus de 150% d'occupation dans l'Est de la France).

Au mois d'avril 2020, la plupart des gouverneurs brésiliens décrétèrent des mesures de distanciation sociale alors que le Président soutenait ostensiblement les manifestants anticonfinement et pressait les entreprises fermées de rouvrir. Le Président a ainsi autorisé la réouverture des salons de coiffure et mis les gouverneurs au défi de contester sa décision en justice. Par conséquent, se fiant à l'avis présidentiel mais sans aucune prudence, beaucoup de personnes sont mortes de la maladie alors qu'elles auraient pu y échapper (cf. Euronews).

Face à l'irresponsabilité du président Bolsonaro, le 15 mai 2020 le ministre de la Santé Nelson Teich démissionna, à peine un mois après le limogeage de son prédécesseur Luiz Henrique Mandetta.

Dans la foulée de Trump, le 26 mai Bolsonaro annonça la généralisation de l'hydrochloroquine qu'il a notamment conseillé de prendre à sa propre ma mère, âgée de 93 ans, alors que l'on connait les graves effets secondaires de ce médicament (cf. page 10). Suivant cette décision, le 20 mai 2020 le ministère de la Santé du Brésil publia un guide sur l'utilisation de l'hydroxychloroquine dans le pays pour les patients Covid, document qui fut officiellement signé par le ministère le lendemain. Suite à ces actions, plus de 35 demandes de destitution à la fois de la gauche pro-Lula et de la droite conservatrice furent déposées à la Chambre des députés.

Ceci dit, l'opposition brésilienne est peu active et si le président Trump a survécu à l'impeachment, on peut imaginer que président Bolsonaro échappera facilement à la destitution (cf. Le Télégramme). Affaire à suivre.

Finalement, après Boris Johnson, le président Jair Bolsonaro fut déclaré positif au Covid-19 le 7 juillet 2020. Celui qui prétendait que vu son passé sportif, son immunité croisée (qui n'a aucun effet sur Covid-19) le préserverait ou qu'il n'aurait qu'une grippette, a succombé comme tous les imprudents face au virus. Ce jour là, le Brésil comptabilisait plus de 65000 décès liés au Covid et 1.6 million de contaminés - un record mondial -, soit un taux de létalité de 4%.

Comme Johnson ne changea rien à son attitude face au Covid-19, bien qu'il fut également contaminé, Bolsonaro reste dans le déni total et n'est pas devenu plus raisonnable. Le 8 janvier 2021, le Brésil franchit la barre des 200000 décès et occupait la triste deuxième place dans le monde parmi les pays les plus touchés, juste derrière les États-Unis.

L'irresponsabilité du président tanzanien John Magufuli

On peut également citer le président John Magufuli, le chef d'État de la Tanzanie qui minimise l'effet du Covid-19. Il prétend que grâce à la prière, son pays s'est "libéré du Covid-19" et qualifier même les vaccins contre le Covid-19 de "dangereux" ! Par conséquent, les autorités ne transmettent aucune statistique et personne ne porte de masque.

Aux dernières nouvelles, le président Magufuli n'est plus apparu en public depuis le 27 février 2021. Selon les rumeurs publiées sur les réseaux sociaux émanant du Kenya, il serait malade, probablement contaminé par le Covid-19.

Le 17 mars 2021,  Samia Suluhu Hassan., vice-présidente de Tanzanie annonça à la télévision tanzanienne le décès du président "C'est avec grand regret que je vous informe qu'aujourd'hui, le 17 mars 2021, à 18 heures, nous avons perdu notre courageux leader, le président de la Tanzanie, John Pombe Magufuli". Il avait 61 ans. Il est quasi certain qu'il est mort du Covid-19.

Officiellement, pour 56 millions d'habitants, on recensait seulement 509 cas de contamination et 21 morts liés au Covid-19 en Tanzanie.

Le triomphalisme prématuré du Premier Ministre indien Narendra Modi

Même état d'esprit en Inde où vivent 1.3 milliard d'habitants. En janvier 2021, le Premier Ministre ultra-nationaliste Narendra Modi méprisait l'avis des experts de la santé et des scientifiques qui avaient averti que son pays faisait face à un "tsunami" de contaminations par le Covid-19. Résultat, le 28 avril 2021, l'Inde avait enregistré plus de 18 millions de contaminations et 201187 personnes sont décédées du Covid-19. Le 1 mai 2021, le pays franchit la barre des 400000 nouveaux cas en 24 heures !

En Inde, le nombre de décès lié au Covid-19 pourrait être beaucoup plus élevé que ce prétendent les autorités. Document CNN.

A présent, le système hospitalier s'est littéralement effondré. Souvent les malades du Covid ont de l'argent mais les infrastructures sanitaires sont à court de ressources, en personnel et en équipement, et chacun doit se débrouiller.

Le Premier ministre indien fut sévèrement critiqué pour son triomphalisme prématuré au milieu d'une terrible vague épidémique qui conduit des personnes contaminées à mourir dans les rues.

Face à cette situation dramatique, les États-Unis et l'Europe ont envoyé des équipements médicaux. Le CEO de Google, Sundar Pichai, et celui de Microsoft, Satya Nadella, tous deux d'origine indienne, ont annoncé le 26 avril 2021 qu'ils allaient aider financièrement et médicalement l'Inde à combattre l'épidémie.

Le 26 avril 2021, Nadella déclara sur Twitter : "'j'ai le coeur brisé par la situation actuelle en Inde" et proposa une aide de 1.35 milliard de roupies (18 millions de dollars) de la part de Google et de ses employés. Sur son blog, Google déclara également qu'il fournirait une subvention à l'UNICEF pour des fournitures médicales urgentes, dont des bouteilles d'oxygène et du matériel de test. La plate-forme de dons en ligne "Give India" recevra une subvention pour les familles touchées par la crise. Google a également contribué à hauteur de 15 millions de dollars en publicité gratuite pour les campagnes d'information sur la santé publique.

Moralité : tous ceux qui prétendent être plus forts que les virus ou que le Covid-19 n'existe pas devraient faire preuve de plus d'humilité et savoir que s'ils peuvent tromper leurs compatriotes ou leurs amis, celui qui trompera les virus n'est pas encore né.

L'égoïsme des pays européens

Si les États-Unis de Trump ont joué cavalier seul ou presque (son administration accepta de fournir la matière première aux Européens pour fabriquer de la chloroquine mais plus question d'exporter des masques médicaux par exemple jusqu'en 2021), ce n'est pas beaucoup plus exemplaire en Europe où la solidarité européenne n'a même pas montré son ombre ou seulement très localement !

En fait, la crise a montré que la solidarité européenne n'existe pas ! On a juste constaté que les pays limitrophes se sont entraidés comme les forces américaines de l'OTAN envers la Belgique ou l'Allemagne et le Luxembourg envers la France et les Pays-Bas ainsi que ces pays envers l'Italie. Mais globalement on a eu le sentiment que la Chine puis l'Italie avaient été montrées du doigt par les autres nations ainsi que par un certain public et écartée de l'aide humanitaire. Cette solidarité internationale et notamment européenne qui a cruellement manqué cache un vrai problème humanitaire qu'il faudra mettre à l'ordre du jour des réunions de la Commission européenne (et de l'OMS et du G20). Si nous souhaitons créer un monde meilleur, ce n'est pas en élevant des murs entre les peuples et les nations !

L'état d'urgence sanitaire

En raison de la pandémie et afin de remédier aux difficultés rencontrées par les entreprises, l'État en concertation avec les syndicats décréta l'état d'urgence sanitaire, ce que la France décréta le 18 mars 2020 jusqu'au 24 juillet 2020 avec prolongation éventuelle et maximale fixée au 31 décembre 2020. La Belgique décréta l'état d'urgence le 23 mars 2020 jusqu'au 24 juillet 2020. Le Luxembourg décréta l'état d'urgence le 18 mars 2020 avec une entrée en application le 24 mars pour une durée de 3 mois, soit jusqu'au 24 juin 2020.

Cela permit aux gouvernements de prendre temporairement et en toute légalité, sans l'aval du Parlement et donc uniquement par décret, des mesures exceptionnelles comme par exemple imposer le confinement, la fermeture des entreprises, des institutions et des écoles, réquisitionner du matériel et des entreprises ou alléger et adapter les heures de travail (on pourrait travailler jusqu'à 60 heures par semaine et 7 jours sur 7). En complément, les gouvernements ont proposé en compensation des aides aux entreprises pour survivre au choc économique, ils décidèrent de mettre des personnes en chômage au travail ou firent appel à la population inactive sur base volontaire et bénévolement. Quant aux récoltes, en raison du confinement les agriculteurs durent se débrouiller seuls.

Seul geste positif, en Belgique le gouvernement proposa d'accorder une prime de risque au personnel de la santé (cf. RTBF). La même initiative fut prise en France envers le personnel hospitalier qui reçut une prime. Le ministre de l'Économie a également demandé aux entreprises privées d'offrir une prime défiscalée de 1000 € à leur salariés qui travaillent durant la crise (cf. Nouvel Obs).

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