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Anne Dambricourt et sa thèse mystique du sphénoïde

Une théorie alternative de l'évolution humaine

La paléoanthropologue française Anne Dambricourt, chargée de recherches au CNRS, soutient depuis les années 1980 la thèse peu orthodoxe que l'évolution des hommes ne serait pas provoquée suite à une adaptation au milieu mais serait induite par un "moteur interne" comme une mutation programmée de l'espèce.

Dambricourt retrouverait une trace de cette mutation dans l'inclinaison progressive de l'os sphénoïde qui se trouve à la base du crâne (et qui s'étend comme des ailes de papillon jusqu'aux tempes et dans l'orbite). A chaque nouvelle inclinaison de la partie postérieure de cet os, le crâne s'ouvrirait, donnant naissance à une nouvelle espèce d'hominidé... Une théorie séduisante, n'est-ce pas ? Certainement pas pour un Homo sapiens... sapiens, car il y a un os dans cette théorie !

Critique

Nous le préciserons encore dans d'autres articles sur l'évolution, la sélection naturelle demeure le facteur clé de l'évolution des êtres vivants et en particulier du genre Homo. Imaginer qu'il existe un "moteur interne" revient à nier en bloc toute idée d'adaptation des individus sous la pression de l'environnement et revient à croire à la prédestination des espèces !

Selon Dambricourt le sphénoïde aurait influencé notre redressement et notre bipédie

L'inclinaison du sphénoïde est un phénomène connu qui fut décrit dès 1934. Mais de là à tirer des conclusions mystiques sur notre évolution, faisant intervenir le concept de noosphère (la conscience de l'humanité) cher à Teilhard de Chardin, il y a un pas que ne veulent pas franchir les scientifiques.

D'une part cette idée n'est supportée par aucune découverte et d'autre part elle n'est pas fondée scientifiquement. Dambricourt tisse un réseau de relations fictives entre différents évènements qui n'ont jamais été confirmées et écarte volontairement et sans explication des théories concurrentes parfois mieux supportées par la communauté scientifique.

Dambricourt confond également espèce et individu, évolution et pression de l'environnement pour supporter sa thèse. Le parti pris, les omissions volontaires et les confusions grossières sont évidentes pour asseoir sa théorie qui à toutes les caractéristiques d'un concept téléologique.

Cette démarche très discutable, biaisée et non scientifique a pour le moins surpris tous les professeurs de biologie, paléontologie et philosophie des sciences qui se sont penchés sur son travail. Non seulement cette théorie est fausse mais elle peut induire le public en erreur sur le sens de la démarche scientifique.

Le discours de Dambricourt ne respectant pas la méthode scientifique, nous pouvons considérer le débat comme clos, il n'y aura pas de "nouvelle histoire de l'Homme" fondée sur le sphénoïde ou sur toute autre théorie à conotation mystique ! Qu'il soit bien entendu, la théorie de l'évolution que nous allons décrire n'est pas une théorie qui se satisfait de thèses pseudoscientifiques ! Arrgh !, dirait Toumaï.

NB. Le magazine "La Recherche" s'est fait l'écho de cette affaire en 1997. La chaîne de TV Arte diffusa un reportage sur ce sujet en 2005, dont voici la critique. A vous de juger mais ne faites pas comme le paléontologue Yves Coppens qui se moqua publiquement de Dambricourt et de sa théorie au mépris de toute déontologie. Ne pas être du même avis qu'un collègue n'excuse pas le mépris et l'intolérance. On y reviendra à propos des dérives de la science.

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