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Le scandale des décharges industrielles

Décharge à ciel ouvert. Document JDN.

L'incurie des services publics (I)

Toute activité industrielle génère de la pollution. Les industriels scrupuleux de l'état de la planète respectent l'environnement et réhabilitent le cas échéant les sites qu'ils ont pollués. Mais la plupart des entrepreneurs pensent avant tout à leur compte en banque avant de penser à l'état de santé de leur personnel ou des habitants. Ainsi, certains exploitants "oublient" les règlementations en matière de sécurité, d'autres abandonnent littéralement leur entreprise après avoir déménagé ou fermé leur porte; le site qu'ils exploitaient devient un chancre, la pollution contamine les sols et la population jusqu'à ce que les médias alertés par les riverains dénoncent les pollueurs et l'incurie des services publics.

C'est alors que sous la pression médiatique, tout d'un coup le ministère de l'Environnement ou de la Santé se décide à analyser le site, publie des informations jugées un temps "top secrètes" et finit par se donner les moyens législatifs de poursuivre les pollueurs. Généralement cette prise de conscience dure des années voire plusieurs générations !

Mais pourquoi donc faut-il toujours rappeler leurs missions aux autorités chargées de la protection de l'environnement ou de notre santé ? L'une de leurs missions ne consiste-t-elle pas justement à nous informer des risques de pollution, de proposer des lois visant à protéger les habitants et les biotopes et à poursuivre les exploitants peu scrupuleux ? Leur laxisme en ces matières dépasse ma compréhension !

Pourtant nos ministres sont épaulés par des experts qui pourraient leur rappeler qu'en matière de pollution, le temps est notre pire ennemi. Tous les sites pollués ou contaminés doivent être assainis le plus rapidement possible car en l'espace de dix ans, suite à l'action du vent et du délavement des sols par les pluies, si le site pollué n'est pas hermétique ou contrôlé, les substances toxiques peuvent se répandre dans l'environnement, s'infiltrer dans le sol et contaminer les zones limitrophes saines. Indirectement, la population est exposée à des substances toxiques. En effet, respirant les émanations toxiques, en buvant l'eau de source contaminée ou le lait des vaches ayant été élevées près de tels sites, ces personnes risquent de contracter des cancers et autres maladies chroniques.

Ce problème est particulièrement d'actualité concernant les décharges industrielles, et surtout les décharges illégales dans lesquelles des exploitants criminels déversent contre rémunération toutes les substances toxiques imaginables en provenant des quatre coins de l'Europe. Mais ce n'est pas tout car il faut y ajouter les dizaines de sites industriels abandonnés et pollués par les hydrocarbures, les cyanures, les métaux lourds et les produits chimiques.

En abandonnant ou en mélangeant pêle-mêle nos déchets industriels, nous créons une formidable bombe à retardement dont les chimistes ignorent l'équation de réaction. Et pour cause, personne n'a jamais mélangé 200 gaz comme il en existe dans certaines décharges de plusieurs millions de mètres cubes qui mélangent dangereusement méthane, mercaptans, chlorure de vinyle, benzène et autre toluène sans parler des métaux lourds !

Le cas de la France

Comme en témoigne l'image ci-dessous, la décharge de Marseille en Crau, dont l'exploitation fut un temps illégale, provoqua une pollution spectaculaire en 2005 qui dévoilà le manque d'organisation et l'irresponsabilité des services publics locaux. Suite à cette pollution, le gouvernement Français interdit l'usage des emballages non biodégradables.

Aujourd'hui la décharge est fermée. L'incinérateur de Fos-sur-Mer a pris le relais. Mais le problème se repose ailleurs où d'innombrables décharges contiennent toujours des détritus volants ou non identifiés. En fait la plupart du temps et faute de mieux, le problème est déplacé. On ferme un site ou il est limité aux déchets les moins polluants tandis que les déchets à risques sont conduits vers une autre décharge, plus discrète, parfois située à 150 km ! Où est le bénéfice ? Nulle part !

A gauche, la décharge de Marseille en Crau (Entressen) dans les Bouches du Rhône était ouverte depuis 1912. Elle recevait 1200 tonnes de déchets par jour. Et puis un jour, le 1er février 2005, il y eut un coup de vent. Images ! La décharge fut fermée en 2010. A droite, la distribution des principales friches industrielles, dépotoires, carrières et décharges en France en 2002. Document Agrestis.

Le scandale du compost pollué

Dans le cadre du tri et du recyclage des déchets, la France se démarque aussi par son manque de qualité. L'un des processus du traitement bio-mécanique ou TMB transforme les déchets organiques en compost qui est ensuite vendu aux agriculteurs notamment. C'est le seul pays européen où les TMB produisent du compost. Ailleurs et par exemple en Angleterre, les industriels s'y refusent. Pourquoi ? Parce que lors du traitement des déchets organiques, encore trop souvent mélangés à des plastiques et des métaux (conserves, canettes, etc), le processus de traitement et de tamisage ne permet pas d'extraire les plus petites particules métalliques ni les plastiques des déchets biologiques.

Les agriculteurs se retrouvent donc avec du compost contenant des éléments stériles et même polluants ! Ces particules sont visibles à l'oeil nu et même la couleur du compost est suspecte : le compost des TMB est brun clair là où du vrai compost exempt de matière polluante est brun foncé.

En fait le problème provient de la norme française NF U 44-051 (2009) sur la valorisation des déchets organiques que doivent respecter les industriels. C'est soi-disant l'une des plus strictes de l'Union européenne... Mais en réalité cette norme est trop permissive et les seuils de pollution sont trop élevés. Ainsi  les teneurs en Cadmium par exemple sont limitées à 3 mg/kg. Selon une étude de la Commission européenne, une telle valeur pourrait engendrer une accumulation inquiétante en 50 ans. La situation est similaire pour d'autres métaux lourds comme le mercure ou le cuivre dont les seuils deviennent déjà alarmants au bout de 25 ans.

Le plastique et le verre sont également concernés. La norme française autorise 1.1% de plastique et 2% de verre dans le compost ! Cela signifie qu'un fermier ou un particulier qui répand 1 mètre cube de compost couvre également ses terres de 2.7 kg de plastique et jusqu'à 5 kg de verre et métaux ! Mais de qui se moque-t-on ?

Evidemment que personne ne souhaite répandre du plastique et des éléments stériles voire nocifs sur ses terres ! Mais les TMB français continuent à en produire même si la moitié du compost ainsi produit est d'office écarté avant de sortir d'usine. A croire que les industriels et l'Etat français (qui accorde les licences d'exploitation) se moquent de la qualité des produits qu'ils vendent et indirectement de la santé du public ! A une époque où l'écologie revient comme un leithmotif dans le programme de tous les partis politiques, cela n'est pas du tout rassurant ! Heureusement les Anglais et les Belges l'ont bien compris et soit respectent les normes européennes soit ne produisent pas de compost de cette façon.

A lire : L'après-Kyoto (sur ce site)

Bilan de la collecte des déchets électroniques (PDF)

Rapport de l'Université des Nations Unies pour la Commission Européenne, 2007

Durée de vie des déchets

Papier WC, serviettes

Pelures de fruits

Allumettes

Journaux

Mégot

Chewing gum

Briquet en plastique

Canette en métal

Bouteille en PVC

Filet de pêche en nylon

Carte de crédit

Bouteille en verre

: 1 mois

: 3 mois

: 3-6 mois

: 2-12 mois

: 1-2 ans

: 5 ans

: 100 ans

: 200 ans

: 100-1000 ans

: 600 ans

: 1000 ans

: 4000 ans

La fédération France Nature Environnement (FNE) qui lutte pour la protection de l'environnement fait bien de préciser que tous les professionnels chargés de l'exploitation des déchets ont l'obligation de respecter la norme NF U 44-051 mais elle précise que "les normes sont élaborées par compromis entre l'actuel et le souhaitable et les bonnes normes tirent la qualité vers le haut". A partir de là tout est dit.

En effet, une norme présente un caractère théorique certes mais doit tirer profit des "meilleures pratiques" appliquées dans le secteur. En d'autres termes, celui qui applique une norme à l'assurance d'atteindre ses objectifs métiers. Il ne s'agit donc pas d'un compromis entre l'actuel et le souhaitable mais d'un référentiel que l'on peut appliquer stricto sensus, voire même améliorer pour obtenir ou dépasser le résultat attendu. Par définition il n'y a pas de "bonnes normes", elles peuvent juste être limitées à un contexte ou un produit particulier qui demandera une révision basée sur les retours d'expériences.

Tant que dans la culture française cette norme sera considérée comme un compromis ou un objectif souhaitable, en d'autres mots qu'il n'y aura ni garantie de résultat ni contrainte ou pénalité sur la qualité, les industriels feront le minimum pour respecter la norme. En effet, dans un secteur encore jugé trop peu rentable par certains, faire mieux que la norme demanderait plus d'investissements. Or pour un patron seul le retour sur investissement l'intéresse. Si tous les bénéfices sont distribués entre les acteurs et notamment aux tiers (l'Etat, les communes, la population, les sous-traitants, etc), le patron n'a aucun intérêt à poursuivre l'activité.

Considérant les déchets et donc la pollution qu'ils peuvent engendrer, la qualité doit également être contrôlée tout au long de la chaîne de transformation, de l'entrée à la sortie de l'usine de traitement. Or, sur base de la norme actuelle ce contrôle est largement insuffisant et les industriels ne prennent quasiment aucune initiative pour renforcer les contrôles. En fait, tous les risques ne sont pas totalement identifiés et gérés : légaux (nouvelle directive européenne), commerciaux (désintérêt du public), financiers (taxes), opérationnels (qualité du traitement, mesures), environnementaux (pollution accidentelle), etc.

Conclusion, la norme NF U 44-051 est aujourd'hui insuffisante pour garantir la qualité et doit être complétée par d'autres normes relatives au contrôle sanitaire.

Mais la France n'est pas le seul pays concerné par la pollution. Il y eut d'autres cas tout aussi édifiants et criminels de sites pollués en Belgique ayant fait la une des médias.

Le cas de la Belgique

Pour vous donner un ordre de grandeur, dans les régions de Bruxelles-Capitale et en Wallonie il existe 13800 sites pollués ! Rassurez-vous ce nombre est relativement faible comparé à celui d'autres pays occidentaux !

En 2004, la Région Wallonne avait répertorié 1219 sites à risque dont 200 gravement polluées qu'il est urgent d'assainir, travail qu'elle s'est donné 30 ans à accomplir. Il faut ajouter 6083 autres sites pollués dont 2500 décharges et 3500 sites industriels ! L'assainissement des 1219 premières décharges représentent une somme de 243 millions d'euros. Pour l'ensemble des sites, il faudrait réunir un budget colossal de 15 milliards d'euros ! Si on consacre un mois de travail à chaque site, ce qui est peu, leur assainissement durera 560 ans... Voilà encore un bel héritage encombrant que nous léguons à nos enfants ! Nos ministres sont-ils à ce point irresponsables pour en être arrivés là ?

On a également recensé 6400 sites pollués ou potentiellement pollués dans la région de Bruxelles-Capitale ce qui représente 8% de sa superficie ! Seuls 233 sites ont fait l'objet de mesures de confinement. La plupart sont de très petites tailles : carrosserie, station-service, garage, etc. Parmi les plus grands sites, citons Carcoke Bruxelles (12 ha, 25 millions d'euros pour l'assainir), la station d'épuration Nord (12 ha, a été assainie mais reste sous surveillance) et le site d'United Energy à Anderlecht (3 ha, en cours d'assainissement).

Connaissant très bien la situation, la Région Wallonne par exemple a développé un "Contrat d'Avenir" qui vise justement à assainir les milliers de sites pollués présents sur son territoire. Malheureusement le temps et le manque d'argent jouent contre l'environnement, la pollution s'infiltrant sournoisement dans le sous-sol et les nappes phréatiques, source d'eau potable. Prenons quelques exemples.

Parmi les sites les plus pollués de Wallonie il y a les décharges de Mellery, Tarcienne, Couillet et Pont-de-Loup situées en Hainaut ainsi que celle de Mont-Saint-Guibert située en Brabant Wallon. Il faut y ajouter les milliers de sites pollués par les industries chimiques, les fonderies et autres aciéries installées le long de la Sambre et de la Meuse entre Mons et Liège.

Pollué ou contaminé ?

On entend par sites pollués les sites de stockage définitif de déchets (décharges), exploités ou désaffectés, ainsi que les aires d'exploitation et les lieux d'accident où des déchets ont été stockés ou se sont infiltrés.

Les sites contaminés sont des sites pollués qui sont à l'origine d'atteintes nuisibles ou incommodantes à l'environnement ou qui risquent de l'être un jour. Des mesures doivent être prises pour les assainir.

Mellery

Il y a quelques années on découvrit dans la décharge industrielle de Mellery (Villers-la-Ville) en Belgique plus de 200 émanations de gaz différents ! La décharge occupait un million de mètres cubes et fut exploitée de 1982 à 1989. Beaucoup de riverains ont contracté des maladies de peau et des cancers bien que les autorités avaient jugé le site sans danger. Ainsi le médecin Jacques Morel avoua à la télévision belge que les riverains avaient contracté "des cancers de tous types, des infections et des affections respiratoires, notamment des allergies respiratoires ainsi que des problèmes d'anomalie de type malformation chez le nouveau né".

Les anciens riverains ayant survécu à cette pollution ont reçu un suivi médical annuel gratuit pendant 10 ans. Un budget de 165000 euros a été dégagé pour le dépistage. Aujourd'hui le site est assaini et recouvert de verdure mais reste isolé des habitations comme en témoigne cette photographie. Ces travaux ont coûté 30 millions d'euros... à charge du contribuable wallon !

Tarcienne

Mais la situation s'est reproduite ailleurs. Des dizaines de personnes habitent aujourd'hui près d'une ancienne décharge industrielle située dans le quartier de Lumsonry à Tarcienne (Namur). Cette décharge recevait illégalement et à l'insu des autorités des substances provenant d'Allemagne. Sous la pression du public les spécialistes de la Région Wallonne ont effectué diverses analyses et reconnu la pollution. La décharge fut assainie 15 ans plus tard. Cela coûta 560000 euros à l'Etat, somme qui fut réclamée au propriétaire, Claude Barbiaux, mais qui ne paya jamais la facture qu'on lui adressa. Depuis, l'ancienne décharge s'est transformée... en zone agricole ! Mais le problème n'est pas résolu pour autant.

A l'époque où la décharge était en activité (années 1990), le ministre de l'Environnement déconseilla de consommer tout aliment ou de boire l'eau provenant de ce site. Même le lait de ferme produit à 1 km du site mais situé le long de l'écoulement des eaux souterraines était contaminé. Les habitants concernés ont bu l'eau et ce lait durant 13 ans ! Aujourd'hui quelque 39 habitants dont certains habitent à quelques dizaines de mètres de l'ancienne décharge ont contracté un cancer ! Plus de la moitié d'entre eux sont déjà morts. L'Etat ne voit pas de lien de cause à effet entre ces événements. Pour la population évidemment, c'est tout le contraire et nous aurions tendance à supporter son pressentiment.

En effet, le professeur Jean de Graeve, toxicologue de l'Université de Liège a relevé parmi les substances cancérigènes retrouvées sur le site, le fameux benzène et d'autres hydrocarbures aromatiques polycycliques (PAH) toxiques. Le site contenait également des résidus de terre bleutée, en fait de l'arsenic. Bizarrement, quand on fouille les archives, il n'existe plus aucune trace de ces prélèvements, tout a disparu.

Claude Barbiaux devait rembourser l'Etat belge pour les taxes non perçues (150000 euros) et les frais d'assainissement de son site. Mais comme par hasard, ce pollueur criminel s'est enfoui discrètement en Ardèche peu après cette affaire. Comme s'il y avait une morale à cette histoire, des journalistes découvrirent qu'il mourut... d'un cancer en 2005. Son épouse ne compte pas honorer ses dettes et l'Etat belge ne semble pas s'en inquiéter. Le laxisme des autorités belges est stupéfiant ! La pollution serait-elle légalisée en Belgique ?

Distribution des principales friches industrielles, dépotoires, carrières et décharges en Belgique (2002). Notez le nombre de décharges dans les régions de Mons, Charleroi et Liège. Dans ces trois régions, 200 sites sont gravement pollués et doivent être assainis d'urgence. 100 autres sites font l'objet d'une étude de caractérisation. Au total, en 2003, en Wallonie la SPAQUE avait dénombré 2500 décharges et 3500 sites industriels pollués ! Il faudrait 15 milliards d'euros pour les assainir. Ajoutez-y 6500 sites pollués ou potentiellement pollués à Bruxelles... Document Environnement de Wallonie.

En 2002, malgré l'assainissement du terrain, les eaux de Lumsonry étaient toujours polluées. En 2005, les médecins déconseillèrent toujours de boire l'eau ou d'arroser les potagers avec l'eau de source car elle contenait des hydrocarbures. Pour les autorités politiques, le site est assainit, tout va bien mais le ministère refuse de publier les chiffres sous le prétexte de ne pas vouloir désinformer le public avec de fausses informations non validées par les scientifiques... C'est tout à son honneur, mais même la ministre de la Santé ne connaissait pas les chiffres !

En attendant, comme s'il y avait un malaise, les autorités politiques ont décidé d'appliquer à Tarcienne le même contrôle sanitaire qu'à Mellery pour rassurer la population. Malheureusement 20% des gens seulement participent à ce contrôle, préférant sans doute oublier cette affaire et ne pas entendre la mauvaise nouvelle si le prélèvement était positif.

La SPAQUE, organisme de tutelle est au courant de l'existence de ces décharges polluées. Mais sur ordre du pouvoir politique et sans doute par négligence, elle n'informe pas les riverains et ne communique que des informations générales sur son site Internet. Les termes de pollution et risque ne sont même pas indiqués, comme si cette organisation ne reconnaissait pas l'existence de ces problèmes et ne voulait pas sensibiliser la population à un grave problème de santé qui pourtant les concerne ! Une telle attitude est scandaleuse et criminelle, même illégale et devait être dénoncée !

Suite à ces critiques et de la très mauvaise image de la Région Wallonne à l'étranger, dans les médias, auprès des entrepreneurs et de la population, depuis 2006 le ministère de l'Environnement a enfin pris la décision d'informer la population sur l'état des sols de Wallonie à travers son site Internet WALSOLS.

Les sites industriels pollués

Les décharges de Mellery et de Tarcienne ne sont malheureusement pas des cas isolés. Si les décharges industrielles illégales sont une gifle aux principes de l'écologie, que dire des milliers de sites industriels pollués par les métaux lourds et les produits chimiques... Ici également, le Gouvernement se moque de la santé des gens !

Les dix sites industriels les plus pollués de Wallonie (UCB, Carcoke, la cokerie de Flémalle, l'aciérie Allard, etc) représentaient en 2007 une superficie de 1.6 million de km2 soit 160 ha. Certains sites comme la cokerie de Flémalle près de Liège compte parmi les sites les plus pollués de Wallonie. La cokerie qui exploitait jusqu'à 113 fours et fonctionna jusqu'en 1975 a déversé dans les sols du benzène, du toluène, de l'éthylbenzène et du xylène dans des proportions 100 000 fois supérieures à la valeur d'intervention sur site (VI) ! Les hydrocarbures dépassent 1000 fois la VI et les métaux lourds 10 fois la VI ! Pire, on retrouve du cyanure jusqu'à 2.5 m de profondeur et des concentrations 1000 fois supérieures à la VI !

Transporté par les eaux souterraines, tous ces polluants et bien d'autres se retrouvent dans les habitations ou affleurent dans les jardins. Après analyse, le professeur Charlier du Service de Toxicologie de l'Université de Liège a conclut qu'il y avait "un risque toxique pour l'homme". Cependant il souligne que de "telles valeurs sont relativement courantes en Europe et aux Etats-Unis". Faut-il en conclure que nous devons tolérer ces pollutions ?

Car il faut rappeler que les habitants vivant en face de la cokerie ont connu jadis des alertes durant lesquelles ils durent évacuer leur maison car elle était envahie de substances toxiques ! En d'autres occasions, il s'échappait des odeurs nauséabondes des tuyaux sortant du site pollué et plus récemment des riverains sont morts d'asthme ou souffrent d'anémie à force de respirer de la naphtalène (le même gaz qui se dégage du chauffage au bois domestique ou de l'utilisation des répulsifs pour mites). Aujourd'hui ces victimes veulent être indemnisées ou expropriées mais le Gouvernement fait la sourde d'oreille comme si le problème ne le concernait pas !

Les 10 sites industriels les plus pollués de Wallonie

Site

Province

Ville

Superficie

(milliers de km2)

Coût de la réhabilitation

(millions d'euros)

UCB

Hainaut

Le Roeulx

239

24.4

Carcoke

Hainaut Saint-Ghislain 325 19.5

Cokerie de Flémalle

Liège Flémalle 73 14.8

Aciérie Allard

Hainaut Mont-sur-Marchienne 240 14.4

Goudronnerie Robert

Hainaut Ransart 115 13.5

Chimeuse Ouest

Liège Saint-Nicolas 114 12.4

Boma

Hainaut Montignies-sur-Sambre 115 11.8

Carrières de Sclaigneaux

Namur Andenne 175 10.5

SAFEA Sud

Hainaut La Louvière 170 10.2

Gonderie Léonard Giot

Hainaut Marchienne-au-Pont 58 5.9

TOTAL   

1624

137.4

En Wallonie, en 2007 les dix sites les plus pollués représentaient une superficie de 1.6 million de km2 ou 160 ha Leur assainissement coûtera plus de 137 millions d'euros soit environ 860000 euros à l'hectare, en théorie à charge du pollueur.

Une étude de la SPAQUE a estimé que l'assainissement de tous ces sites coûtera plus de 137 millions d'euros soit environ 860000 euros à l'hectare. Le ministre de l'Environnement Benoit Lutgen ne souhaite pas que le contribuable paye les erreurs et les manquements de ces pollueurs. Il souhaite au contraire appliquer fermement le principe de "pollueur-payeur" qui devrait également être appliqué aux exploitants des 6300 autres sites à dépolluer.

Que les pollueurs soient prévenus, à l'avenir la répression sera sévère : comme le fait de jeter une canette par terre ou de laisser traîner une crotte de chien sur un trottoir sera passible d'une amende de 50 à 150 euros, un avant-projet de décret de la Région Wallonne a été adopté visant à condamner les exploitants pollueurs à des amendes pouvant aller jusqu'à 1 million d'euros ! Et s'il le faut l'Etat ira en justice mais ni le contribuable ni le gouvernement ne payeront la facture à la place des pollueurs ! Espérons que ces amendes colossales changeront les mentalités...

Messieurs les élus, que se passe-t-il en Hainaut ?

Ce combat est loin d'être achevé. En effet, en mai 2006, quelques mois avant les élections communales - le rapport n'est pas innocent -, suite à des dénonciations anonymes, les autorités belges ont appris que la décharge publique de Bouffioulx située près de Charleroi aurait contenu des substances toxiques. Aujourd'hui les analyses faites en huit points de captage autour de la carrière de Moreau semblent plus rassurantes.

Peu après on apprit que le parc à conteneurs de Couillet géré par l'ICDI, l'intercommunale gérant les déchets de Charleroi, contiendrait des plaques d'Eternet (contenant de l'amiante) et des déchets radioactifs parmi d'autres produits toxiques ! Une enquête est actuellement en cours mais à ce jour aucun polluant n'a été découvert. Cela ne prouve pas qu'il n'y en avait pas par le passé car plusieurs témoignages de différentes sources semblent confirmer ces faits.

Son nouveau responsable Roland Marchal prend la chose avec philosophie alors qu'il couvre un véritable scandale criminel, sans parler des abus de pouvoir et excès en tout genre dont témoigne son administration (voiture luxueuse, emploi offert à la famille, usage de matériel public à des fins privées, titre honorifique, etc). Notons que Christian Blondeel, le directeur financier de l'ICDI, a déjà été inculpé d'abus de biens sociaux, de faux et de détournement...

L'incinérateur de Pont-de-Loup de l'ICDI : de la dioxine s'en échappe en toute impunité !

Ailleurs, à Pont-de-Loup également située en Hainaut, à la fin des années 1990 et pendant plus d'un an les riverains n'ont plus été autorisés à consommer les produits laitiers et agricoles en raison des rejets de dioxine d'un incinérateur installé à moins de 1 km de chez eux et géré par l'ICDI.

Greenpeace a même pris position auprès des riverains contre l'ICDI, mais la justice a donné un avis mitigé en laissant un des trois fours en activité, sans doute pour "préserver l'emploi" comme le voulait le Conseil communal de Charleroi en 2003. Autrement dit, la santé de la population passe après les aspects économiques !

Rappelons tout de même que l'incinérateur de l'ICDI réalise un traitement des déchets ménagers non mélangés, processus qui est coûteux, génère une quantité importante de déchets et a une efficacité énergétique désastreuse. Ceci explique pourquoi les Ecolo on demandé depuis longtemps la fermeture progressive de cette installation.

Durant leur participation au gouvernement de coalition "arc-en-ciel" en Wallonie, Ecolo avait obtenu en 2003 la réduction de la capacité de traitement de l’incinérateur de 170000 tonnes par an à 110000 tonnes par an, ce qui était une avancée intéressante. Malheureusement, on ne peut que regretter le fait que le gouvernement actuel, sur proposition du ministre Lutgen, a décidé de remonter cette capacité de traitement à 170000 tonnes par an et d’accorder des subsides à un taux élevé pour réaliser cet investissement. En d'autres termes, polluer à n'importe quel prix est devenu légal en Wallonie !

Bref aujourd'hui les rejets de dioxine continuent à contaminer les habitants; les riverains retrouvent leur linge tachés de traces noires ressemblant à du goudron et leur sang contient des concentrations de dioxine supérieures à la normale !

Depuis quelques années, les médecins constatent un taux anormal de cancer et de leucémie chez les habitants. Plusieurs d'entre eux en sont morts et les médecins estiment que les rejets de l'incinérateur n'y sont pas pour rien.

Malgré les pétitions des riverains concernés et le support de Greenpeace, les autorités communales ou régionales n'ont jamais enquêté sur la question ou assuré un suivi médical de la population; l'incinérateur contamine toujours la population !

Dans le secteur privé, de telles attitudes sont impensables. Les responsables auraient été sanctionnés dès les premiers méfaits et renvoyés pour faute grave ! Mais l'ICDI ne se sent pas responsable car même les auditeurs d'AIB-Vincotte ont accordé à l'usine d'incinération la certification ISO 14001 en 2002 pour son système de gestion de l'environnement ! Raison invoquée : les installations de traitement de fumées de l’ICDI étaient en mesure de respecter les normes d’émissions de polluants atmosphériques imposées par la Région Wallonne ! Mais à deux pas de là, les voisins subissaient et subissent toujours la pollution et mettent leur vie en danger... Mais de qui se moque-t-on ? Que celui qui comprend où est la logique de cette décision m'écrive.

Comble de leur mépris et du parti-pris des responsables locaux, au printemps 2002 l'ICDI prétendait toujours avoir de "bons résultats des analyses en dioxines" et continue à prétendre sur son site Internet que "l'usine d'incinération est performante"...

Qui dit vrai qui dit faux ? En fait, l'ICDI profite du vide juridique pour mettre en décharge des produits toxiques provenant même des pays limitrophes, sous les prétextes que personne d'autre n'en veut et qu'elle donne du travail à la région ! En réalité les responsables peu scrupuleux de cette entreprise - tout comme le ministre de tutelle - ont trouvé une activité hautement lucrative et même "supportée" à demi-mot par un cadre légal.

Ainsi, entre 1973 et 1998 par exemple, l'ICDI a déposé les cendres volantes issues de ses incinérateurs et contenant des furannes, une substance très toxique (c'est un polymère liquide qu'on utilise avec le ciment pour effectuer des travaux de scellement). Elle continue à le faire et à déposer d'autres déchets toxiques dans les décharges publiques lorsque l'incinérateur tombe en panne. Heureusement les décrets et autres arrêtés royaux ont été modifiés en 1993 mais les abus continuent puisque les contrôles sont quasi inexistants. Faut-il vraiment attendre que les gens soient malades pour que les autorités prennent des mesures concrètes ?

Réaction (tardive) du Ministre

Comme si le message était finalement passé, ce n'est que suite au scandale que suscitèrent ces différentes pollutions qu'en juin 2006 la ministre de la Santé de la Communauté française, Catherine Fonck, annonça des dispositions pour assurer le suivi médical spécifique des travailleurs de l'ICDI.

Peu après, suite à un problème technique dans un catalyseur de l'usine, l'incinérateur fut également temporairement fermé et les déchets furent acheminés vers un autre site de traitement en attendant le remplacement du catalyseur. Reste à savoir si le propriétaire agissait déjà ainsi par le passé...

Cela prouve malgré tout que le travail journalistique a porté ses fruits et que les autorités fédérales sont enfin décidées à agir dans l'intérêt du public. Espérons que cette attitude survivra aux différentes législatures et sensibilisa l'exploitant à plus de responsabilité.

Deuxième partie

L'air anormalement pollué du Hainaut

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