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2050 : La Terre en héritage Évaluations et tendances du développement durable (I) Multidisciplinaire par nature, une revue générale des changements globaux passés et futurs dans le cadre du développement durable est un sujet on ne peut plus sensible et délicat à cerner car c'est certainement l'un des problèmes pouvant faire l'objet du plus d'interprétations divergeantes à partir d'un même ensemble de données[1]. De nombreux économistes et scientifiques - dont les participants au Sommet de Johannesbourg en 2002 - se sont penchés sur la question mais leurs conclusions doivent être analysées en tenant compte du point du vue particulier des auteurs. Ainsi, des indicateurs de tendances peuvent être considérés comme bénéfiques analysés à petite échelle alors qu'ils confirment une régression à grande échelle. Ne prenons que trois exemples. Tout d'abord un exemple biaisé par les autorités : que ce soit en Belgique ou en France notamment, on nous dit que le chômage des jeunes de moins de 25 ans a diminué d'une année à l'autre et que le nombre total de chômeurs a régressé selon le Ministre de l'emploi, c'est tout à l'avantage de la politique de son parti et de celle du Premier Ministre. Du moins en théorie. Car si on regarde ce qui se passe sur le terrain, on constate que le nombre de personnes exclues du système des allocations (une majorité de femme et des personnes de plus de 50 ans sans emploi ayant plus d'un ou deux ans de chômage) et la population immigrée ou peu éduquée exclue du monde du travail ont augmenté. Progrès ou régression sociale ? En tous cas, pour faire bonne figure, les policitiens préfèrent tout simplement les exclure des statistiques ! Prenons maintenant l'exemple de la pauvreté. Beaucoup de pays en voie développement et même développés y compris la France ou la Belgique se ventent à juste titre de l'amélioration des conditions de vie de leur population ou de son niveau social; le pourcentage de pauvres a chuté. Mais que constate-t-on dans l'absolu ? Le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté a augmenté et touchait 1 personne sur 6 en Belgique en 2014, comprenant toujours plus de personnes isolées, de foyers monoparentaux et de jeunes. En 2020, l'écart enre les pauvres et les riches s'est encore accentué tandis que les pauvres sont encore plus nombreux. Dans ces conditions, le progrès devient très relatif. Idem concernant les investissements. Globalement, depuis 1980 la quantité d'investissements directs étrangers a augmenté de 500% en Afrique subsaharienne. Mais comparés aux investissements mondiaux, la part investie en Afrique noire diminue de moitié toutes les décennies. On ne peut donc pas se baser sur ces seuls critiques soi-disant objectifs liés aux données statistiques pour affirmer qu'un indicateur est "positif" ou "négatif" et conclure sans plus de discernement que nous sommes dans une période de relance ou de régression. Il nous faut des références plus qualitatives des différentes tendances économiques, sociales et environnementales.
Le développement socio-économique de nombreux pays en voie de développement semble suivre les mêmes types de transitions que celles par lesquelles sont passées les pays développés, bien qu'à un taux plus rapide. Là où les pays industrialisés sont parvenus à stabiliser la croissance de leur population et acquis leur maturité économique, la plupart des pays du monde en voie de développement connaissent une croissance très rapide (Afrique du Nord, Chine, Amérique latine). Le revenu par habitant augmente avec l'industrialisation, la consommation d'énergie croît en parallèle, les marchandises et les services sont plus nombreux tandis que les niveaux d'éducation et les soins de santé s'améliorent de façon générale. Le capitalisme et la consommation effrenée sont les signes dominants des forces à l'oeuvre dans ce marché qui tend vers une "culture mondiale" de plus en plus homogène. Malgré des taux records de croissance économique dans certains pays, les disparités des richesses ont augmenté entre les pays riches développés et le reste du monde en développement. Cette fracture devient encore plus apparente entre les pays du G8 et ceux les moins développés. La marginalisation, à travers laquelle les pays les plus pauvres ne parviennent pas à "décoller" sur les plans économique et social, participant de moins en moins au système économique mondial, s'est accentué depuis les années 1980 (Afrique subsaharienne,...). Le même effet se produit à petite échelle au sein des pays les plus riches, une partie de plus en plus grande de la population (quart-monde, chômeurs, ...) perdant son pouvoir d'achat au profit des plus riches. A
voir : The World's Largest Economies by GDP PPP 1900 - 2027,
VGraphs Growth of the 30 Largest Economies in the World, VGraphs Richest and Poorest Countries in Europe, VGraphs
En 20215, on estimait qu'il fallait un PNB par habitant supérieur à 3000$ US pour que la demande d'énergie explose et qu'on assiste au décollage de l'industralisation et de la demande privée. C'est le cas de Cuba par exemple. Dans les pays les plus pauvres comme la Tanzanie, le PNB par habitant atteint à peine 1700$ US (CIA, 2013) contre 34500$ pour l'Union européenne (CIA, 2013) et 52800$ pour les Etats-Unis (CIA, 2013) ! Le pouvoir des pays riches est sans commune mesure avec celui des pays pauvres; les armes sont inégales ! Et s'est peu dire quand on lit dans un rapport d'Oxfam publié en 2015, qu'en 2009, 1% de la population mondiale détenait 44% des richesses contre 48% en 2014 alors que les plus pauvres détenaient 5.5% des richesses. En 2016, 1% de la population détenait plus de la moitié des richesses du monde ! Mais cela n'inquiète pas les gouvernements des pays riches, que du contraire, qui facilitent tous l'évasion fiscale et refusent de taxer lourdement les grandes fortunes sous prétexte qu'ils iront faire fructifier leur argent sous des cieux plus propices. Cette attitude hypocrite doit cesser quand on voit dans quel état doivent vivre les plus pauvres et tous ceux habitants dans les pays sous-développés et que le monde occidental ignore superbement. Disposant de très peu de ressources et donc de peu de pouvoir et de pratiquement aucun moyen de pression, les pays marginalisés sont en train de dériver au large du vaisseau Terre. Leur population continue de croître, de même que leur pauvreté, la dégradation de l'environnement et la perte progressive de leur qualité de vie.
La qualité de l'environnement, spécialement de l'air et des eaux s'est généralement améliorée dans les pays développés mais elle empire et joue dangereusement avec la toxicité dans de nombreux régions récemment industralisées (Chine, Mer Noire, Russie, Brésil, Indonésie, ...). Le problème des énergies renouvelables mis en évidence dans les années 1970 apparaît aujourd'hui moins urgent que l'état de l'environnement dont la dégradation touche non seulement les ressources renouvelables, mais également les forêts primaires, l'eau et l'atmosphère. L'étendue et/ou la qualité de ces ressources, comme celle des biotopes et de la biodiversité ont globalement diminué dans de nombreuses régions du monde au profit des cultures et de l'industrialisation. C'est autant valable en Amazonie, à Bornéo qu'en Europe. Penchons-nous à présent sur l'état de santé de la planète et de ses habitants et voyons quelles sont les tendances pour les prochaines décennies. Prochain chapitre
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