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Ecologie politique

Les activistes écologistes semblent parfois en rupture avec la société. Mais ce n'est qu'une question de point de vue. Document "Les insurgés de la terre".

Les activistes écologistes ou quand la détermination change les mentalités

Les actes de vandalisme commis par certains militants écologistes ont plus d'une fois fait la une des médias et mis les forces de l'ordre en alerte maximale, comme s'il s'agissait d'actes perpétrés par des terroristes.

Bien qu'ils n'aient jamais blessé ni tué personne et tout au plus détruit des biens matériels, en Europe comme aux Etats-Unis et même en Nouvelle-Zélande, la justice et les services de sécurité les ont considérés commme des "extrémistes environnementaux", aussi dangereux selon l'Administration Bush que les forces d'al-Qaïda au point que le FBI les qualifia d' "éco-terroristes" en 2002. Comment la justice en est-elle arrivée là ?

Pour éviter de faire l'amalgame entre ces activistes et les véritables terroristes, analysons brièvement quelles ont été et sont encore les activités de ces écologistes militants et quels résultats ou déboires ils ont connus. Ensuite, chacun pourra juger leur légitimité.

Le rapport Meadows

Dès la naissance de l'écologie politique dans les années 1970, à la demande du MIT, le Club de Rome publia une étude sur les limites de la croissance connue sous le nom de "rapport Meadows"[1] dont voici la version PDF (42 MB).

A partir des résultats d'un modèle informatique baptisé World3, ce rapport de 205 pages décrit à travers 11 scénarii multifactoriels les limites de la croissance, montrant clairement à travers divers graphiques les dangers écologiques de la croissance tout azimut de la société : épuisement des ressources non renouvelables, distribution inégale des richesses, interventionnisme politique, croissance de la population, de la production industrielle, de l'empreinte écologique, de la consommation d'énergie, du PNB, etc. Ces scénarii étaient parfois pessismistes quand il prédit des catastrophes, parfois optimistes quand il prédit des améliorations.

Le rapport reçut un écho favorable dans le public et dans une moindre mesure auprès des politiciens et servit de base à de nombreuses études ultérieures. Le rapport fut mis à jour à deux reprises, en 1993 et 2004, mais globalement les différents scénarii sont toujours d'actualité.

Les tendances selon le rapport Meadows. Document adapté par T.Lombry.

A l'époque, la question qui se dégageait (et se dégage encore) en filigrane était de savoir ce que la société envisageait de faire pour corriger cet emballement qui semblait par certains côtés catastrophique et semblable à une fuite en avant irresponsable.

Interpellés par les conclusions parfois très pessimistes de ce rapport, sans attendre la réaction du monde politique et des hommes d'affaires, plusieurs organisations de protection de la nature ont voulu sensibiliser les pouvoirs publics et les industriels en insistant sur les dégradations et autres pollutions ou risques environnementaux qu'entraînaient leurs décisions ou leurs activités dans le plus grand mépris de la protection de l'environnement et de ses habitants.

D'autres organisations n'ont pas eu besoin de lire le rapport mais ont simplement constaté que partout où ils allaient, des entreprises saccageaient la nature ou maltraitaient voire tuaient sans vergogne des animaux pour de viles raisons mercantiles qu'ils jugaient scandaleuses : destruction des forêts, mines géantes à ciel ouvert, lacs de boues toxiques, commerce des baleines., vivisection, etc. C'en était trop ! Il fallait agir !

Ces militants écologistes sont passés du statut de simples observateurs passifs ou de militants critiques au statut d'activistes bien décidés à faire changer les mentalités y compris par la force afin de défendre ce que la nature nous offre de mieux, la vie dans toute sa beauté et sa diversité.

Parmi les 110 organisations d'activistes écologistes connues, citons Greenpeace fondée en 1970, Sea Shepherd (1977), Environmental Life Force (1977) dont s'est inspiré Earth Liberation Front (ELF, 1992), Animal Liberation Front (ALF) fondée peu avant l'ELF, Earth First! (1980), Ruckus Society et Earth Liberation Army (1995), Resistance Ecology (2013) et bien entendu les grandes ONG comme le WWF, l'IFAW ou PETA parmi beaucoup d'autres. La majorité de ces organisations sont nées en Angleterre ou aux Etats-Unis. Si certaines ont été dissoutes, d'autres sont toujours actives.

Voyons les activités de trois organisations écologistes militantes emblématiques : Greenpeace, Sea Shepherd et l'ELF. Ce n'est pas sans raison que leur réputation a bravé pluies et tempêtes et traversé tous les océans jusqu'aux plus hautes sphères des gouvernements.

Les activistes de Greenpeace

Le manque de réaction des autorités et de l'industrie, leur laxisme et l'ardeur des groupes de pression à défendre leurs intérêts ont contraint les militants écologistes à défendre la nature de manière plus radicale que d'ordinaire, en s'attaquant physiquement à leurs installations.

L'organisation écologiste Greenpeace fut fondée en 1970 et connut de nombreux déboires dont le plus important fut orchestré par l'autorité française.

A l'époque des explosions nucléaires françaises à Mururoa, Greenpeace manifesta dans les zones de tirs ou tenta d'empêcher les navires d'accomplir leur mission, remportant un certain succès de presse ainsi qu'auprès de leurs sympathisants.

Agacé par ses confrontations et d'être le sujet de moqueries, le Gouvernement français fit courir le bruit que Greenpeace était une organisation terroriste. Il a si bien entretenu la rumeur que le public français mal informé et peu critique a désavoué l'organisation qui dut fermer son siège parisien pendant plusieurs années ! Heureusement, son siège américain restait en alerte et suivait le dossier du nucléaire de très près.

A gauche, en 1985 le "Rainbow Warrior" de Greenpeace fut coulé dans la baie d'Auckland par les services secrets français (DGSE), causant la mort du photographe portugais Fernando Pereira membre de Greenpeace. Face au scandale, la France s'excusa mais Fernando n'est plus parmi nous. A droite, en 1995, les activistes de Greenpeace se sont opposés à l'immersion en mer de la plate-forme pétrolière Brent Spar de Shell jugée polluante. Mais l'ONG dut s'excuser car elle avait mal estimé la pollution. Toutefois sous la pression internationale, Shell renonça à couler la plate-forme. Document Greenpeace.

Trop curieux, trop gênant, en 1985 le "Rainbow Warrior", le vaisseau porte-étendard de Greenpeace fut touché par deux mines magnétiques installées par les services secrets français (DGSE) et coula à Auckland causant la mort du photographe portugais Fernando Pereira membre de Greenpeace. Ce terrorisme d'Etat fit scandale et la France dut s'excuser publiquement.

Suite à cette affaire, Charles Hernu fut contraint de démissionner en septembre 1985. Mais les Français oublièrent vite cette affaire et "excusèrent" pour ainsi dire Charles Hernu qui fut élu aux élections législatives (député du Rhône) en 1986 et 1988.

Le bureau de Greenpeace France fut réouvert en 1989. L'organisation changea de stratégie sans pour autant renoncer aux opérations coup de poing. La mission de Greenpeace n'a pas changé d'un iota et dévoile toujours les carences de la communauté dès lors qu'elles mettent la planète en danger.

Sea Sheperd

L'activiste écologiste canadien Paul Watson fut le cofondateur de Greenpeace en 1970 (officieusement dès 1969) mais il finit par s'en détacher, considérant à l'époque que l'organisation était peu engagée, les traitant même de "vendeuses de produits cosmétiques reconvertis", une vérité qui lui attira quelques animosités de leur part pendant quelques années.

Animé d'une volonté sans borne pour défendre et protéger la vie marine, en 1977 Paul Watson fonda l'organisation Sea Sheperd de défense de la faune marine et en particulier les baleines, les dauphins, les phoques et autres thons rouges auxquels certains pêcheurs japonais ou canadiens réservaient une mort cruellement barbare et inutile. En fait pour Watson, "toute la vie marine doit être protégée" et pas seulement quelques espèces emblématiques qu'apprécient les hommes.

L'activiste écologiste canadien Paul Watson, leader de l'organisation Sea Sheperd et grand défenseur des baleines. En raison de ses actions de répression, il fut à maintes reprises poursuivi par la justice. Mais pour le public, il reste un homme admiré pour son courage et sa détermination. 

Paul Watson se définit en deux mots comme "un écologiste combattant le braconnage et la pêche illégale". Comme il le dit lui-même, toute sa vie a été dictée par la "philosophie écologiste" au point qu'il considère qu' "un véritable éoclogiste ne devrait pas manger de viande", lui-même étant végétalien strict.

Mais on pourrait lui répondre que sauf en période d'épuisement des stocks de nourriture, il n'est pas certain que manger de la viande ou du poisson nuise à la survie des populations animales ou empêche un défenseur de la cause animale de faire du bon travail. Il est même parfois indispensable de contrôler les populations pour ne pas créer de surpopulations et créer des situations conflictuelles entre espèces.

Paul Watson reste toutefois inflexible sur l'idée que les animaux sont plus importants que les hommes : "les animaux peuvent se passer des hommes mais les hommes ne peuvent pas se passer des animaux". Son côté misanthrope déplaît évidemment à certains pêcheurs qui sont choqués par ses déclarations, notamment dans le Nord-Est du Canada.

Si le public a rapidement qualifié Paul Watson de "pirate" en raison de ses actions coups de poings , il a accepté ce titre avec un grand sourire dans la mesure où selon ses propres mots "dans ce cas, les actions des pirates ont fait cesser la pêche illégale à la baleine, un résultat que les politiciens n'ont pas pu obtenir" et de citer nombre de campagnes couronnées de succès là où les Etats et les règlementations ont échouées. Il précise toutefois que s'il agit comme un pirate aux yeux de certains, il n'a jamais commis de violence à l'égard des personnes. 

Grâce à la sympathie de donateurs fortunés lui offrant parfois pour plusieurs millions de dollars de matériel, la flottille de Sea Sheperd n'a rien de symbolique et ferait envier de nombreux marins-pêcheurs.

Les navires de Sea Sheperds tels le "Steve Irvin", "Bob Barker" et "Sam Simon" parmi d'autres ressemblent plus à des cuirassés camouflés qu'à des bâteaux de pêche. Quant à ses trimarans de compétition, le "Ady Gil" de 24 mètres et 540 cv qui fut endommagé et le "Brigitte Bardot" ex "Gojira" de 35 mètres, ils sont conçus pour affronter des pêcheurs sans scrupules prêts à assassiner des baleines ou des dauphins à coup de harpon pour défendre leur pêche !

En raison de ses actions d'harcèlement musclé contre les baleiniers japonais qui sont plus de 200 fois rentrés à leur port d'attache bredouille avec des navires accidentés après avoir été éperonnés, Paul Watson fut poursuivi sur terre comme sur mer par les polices de nombreux pays y compris par Interpol.

Son combat ainsi que celui de Greenpeace ont fini par porter leur fruits puisqu'en 1982 la Commission balénière internationale (IWC) accepta un moratoire sur la pêche à la baleine jusqu'en 2011.

Mais certains pêcheurs se fichent des lois internationales car leur flottile est enregistrée sous un pavillon de complaisance. Ils ne craignent donc rien ni personne - les propriétaires sont généralement difficilement à identifier - et agissent en toute illégalité. Sachant cela, Paul Watson et son équipe n'ont aucun scrupule à les attaquer de front pour qu'ils cessent leurs activités criminelles.

Pourtant, malgré le moratoire sur la chasse commerciale, les pêcheurs d'Islande, de Norvège et du Japon considéraient toujours que la pêche à la baleine était légale et ne se faisaient pas prier pour tuer toutes les baleines à portée de leur harpon, au mépris de la loi ! Cela représentait plusieurs milliers de baleine chaque année.

A leurs yeux, la baleine n'est pas différente de la vache, du boeuf ou du thon et les considéraient comme une source alternative de nourriture.

Ceci dit, jusqu'en 2004, les actions musclées de Sea Sheperd ont réduit les prises japonaises "scientifiques" de 50%.

Le trimaran Agy Gill (gauche) de 24 m et le Brigitte Bradot (droite) de 35m.

Quant aux Inuits du Groenland, comme pour les Islandais, ils en tuent quelques dizaines par an car cela fait partie de leurs traditions depuis plusieurs milliers d'années et aimeraient augmenter leur quota.

En revanche, les avis furent contradictoires chez les scientifiques, ce qui alimenta certaines controverses au profit des opposants au moratoire sur la chasse à la baleine.

Pour les scientifiques favorables au moratoire, la baleine est un mammifère supérieur aussi intelligent qu'une orque, un chat ou un chien et dont la population est en régression. D'ailleurs, en raison de la politique de l'IWC et malgré ce que disent les opposants au moratoire, on ne trouve plus de baleines dans l'Atlantique nord.

La question est même plus complexe car en réalité on ignore comment les baleines utilisent leur cerveau. On peut seulement certifier qu'elles sont capables de localiser leurs proies, elles sont capables de chanter et de protéger leur baleineau des prédateurs comme le ferait n'importe quelle créature doté d'un minimum de conscience, d'esprit de famille et de relations sociales.

En fait, toute cette pêche est avant tout une question de principe et d'idéologie défendus par quelques familles influentes membres de l'IWC attirés par la poule aux oeufs d'or !

La chasse à la baleine n'est pas une source alternative de nourriture mais représente surtout une source complémentaire de revenus, s'élevant à plusieurs millions d'euros chaque année ! Pour l'IWC s'est une question purement politique qui n'a rien à voir avec la protection de la nature. A cela s'ajoute le folklore des Inuits et des Islandais qu'ils ne veulent pas remettre en question.

Finalement, un mois avant la fin du moratoire, en 2011 le Japon annonça qu'il cessait la pêche à la baleine. Les écologistes et Paul Watson en particuler avaient remportés une nouvelle victoire !

A lire sur le blog : Le Japon arrête la pêche à la baleine (2011)

Les dauphins envoyés à la boucherie au Japon (2007)

A gauche, le navire "Bob Barker" de Sea Sheperd en 2010. A droite, rencontre entre le "Steve Irwin" de Sea Sheperd et l'"Arctic Sunrise" de Greenpeace au large de Malte en 2010. Documents Taringa.net, Greenpeace et Barbara Veiga.

Malgré cette victoire, le Groenland peut toujours chasser une bonne vingtaine de baleines par an, tandis que la Norvège et l'Islande continuent à décimer près de 1300 baleines par an dans l'indifférence générale !

La victoire sur le Japon et l'IWC représentait néanmoins une reconnaissance publique de la légitimité du combat de Paul Waston au quotidien qui lui réchauffa le coeur sachant qu'il sacrifia pratiquement sa vie de famille au nom de l'écologie et de la protection des baleines.

Souvent loin des siens, arrêté, assigné à résidence, exilé en mer, Paul Watson n'a jamais été emprisonné et a fini par regagner sa liberté. C'est homme radical a toujours poursuivi son objectif et suscite l'admiration du public par sa détermination depuis bientôt 40 ans. Il déteste l'appellation d'éco-terroriste. Il est avant tout un fervent défenseur de la faune marine et un grand amoureux de la nature.

Aujourd'hui Paul Watson est Persona Non Grata aux Etats-Unis et au Japon notamment et s'estime très heureux que la France et l'Europe ne soient pas dupent et acceptent de l'abriter.

Mais visiblement le combat n'est pas terminé. En effet, en 2014 l'Islande comme le Japon s'opposent toujours à ajouter la baleine à la liste de la faune et de la flore menacées d'extinction de la CITES.

Les activistes du Front de Libération de la Terre (ELF)

L'ELF, également surnommé "La Famille" tellement ses membres (les "frères" et les "soeurs") étaient soudés, était constitué d'une vingtaine d'activistes. Ils se sont attaqués à ce qui représentait à leurs yeux la culture du gaspillage et du luxe. Leurs actions consistèrent à incendier des entrepôts et des entreprises de scieries, des chalets et des lodges touristisques de luxe et à "éco-saboter" (monkeywrenching) le matériel des entreprises favorables à cette débauche de luxe au mépris de la nature.

Chalet de la station de ski de Two Elk Lodge sur la crête de Vail Mountain dans le Colorado incendié le 19 octobre 1998 par les activistes de l'ELF. Il fit 12 millions de dollars de dégâts. Il n'y eut ni blessé ni mort. Document Mark Mobley.

Face à ces débordements, à partir de 1996 le FBI décida de tout mettre en oeuvre pour neutraliser ces activistes et mobilisa toutes ses troupes et ses experts à travers les Etats-Unis.

L'année 2001 fut particulièrement violente, l'ELF et d'autres activistes tels ceux de l'ALF étant pratiquement en état de guerre contre les autorités. Certains membres allèrent jusqu'à faire exploser simultanément 36 SUV Chevrolet de luxe dans le dépôt d'un représentant et utilisèrent même du plastique explosif. D'autres incendiaires sans relation avec l'ELF consommaient de l'héroïne, autant de crimes que les autorités ne comptaient pas laisser impunis.

Rien qu'aux Etats-Unis, le FBI déclara que l'ELF fut responsable de plus de 1200 incendies jusqu'en 2005 et provoqua pour 45 millions de dollars de dégâts. Ce montant s'élève à 110 millions de dollars de dégâts si on inclut les actions de l'ALF défendant les animaux.

En 2001, Jeffrey "Free" Luers, ardent défenseur des forêts et considéré aujourd'hui comme le premier "éco-martyr" fut condamné à une peine de 22 ans et 8 mois de prison pour avoir bouté le feu à trois SUV Chevrolet. Ayant interjeté appel de la sentence jugée excessive car il n'avait blessé personne et provoqué seulement 28000$ de dégâts, en 2007 sa condamnation fut réduite à 10 ans de prison. Il fut libéré fin 2009.

Mais cette peine n'était encore rien par rapport à ce que le gouvernement envisagea pour certains de ces criminels qui encouraient "la prison à vie plus 1015 ans" !

Fin 2005, au cours d'une opération appelée "Back Fire", le FBI captura Daniel McGowan, l'un des militants les plus extrémistes et quatre de ses complices de l'ELF. Ils furent assignés à résidence pendant six mois. Les autorités les intimidèrent individuellement. Le FBI signifia notamment à McGowan qu'ils risquait la "condamnation à vie plus 330 ans de prison" s'il n'avouait pas ses crimes et ne dénonçait pas ses complices. Il n'a jamais dénoncé personne.

Finalement tous, mais pas ensemble ni au même moment, ont négocié leur peine de prison avec le procureur. Ils savaient que juridiquement les incendiaires étaient jugés comme criminels et passibles d'une peine de prison mais ils ignoraient le pouvoir réel de la justice.

Daniel McGowan de l'ELF.

Lors de son procès en 2006, McGowan plaida non coupable et dénonça l'amalgame entre leurs actions de vandalisme et la chasse aux terroristes "au milieu du McCarthysme du 11 septembre". Le FBI récusa cette accusation, rappelant que l'agence agissait "uniquement quand le discours volatil traverse la ligne de la violence et de l'activité criminelle".

En 2007, McGowan fut condamné à 84 mois soit 7 ans de prison ferme pour "terrorisme aggravé". Son amie Suzanne "Indie" Savoie ainsi que six autres incendiaires dont certains n'avaient pas de relation avec l'ELF furent condamnés à 3 ou 4 ans de prison pour complot. Les écologistes et quelques professeurs d'université furent choqués par ces sentences. Par la suite, l'ELF fut dissout en même temps que l'ALF.

McGowan bénéficia d'une remise de peine grâce à une plainte déposée par le Center for Constitutional Rights au nom de plusieurs prisonniers. McGowan fut libéré sur parole en 2013 et rejoignit sa "Famille", son épouse Jennie et ses disciplines toujours convaincus qu'il faut protéger la planète de la convoitise des hommes d'affaires et de pouvoir.

Le combat de l'ELF pour défendre la nature fit l'objet d'un documentaire intitulé "Ecologistes : les nouveaux terroristes" dont des extraits furent repris dans le documentaire "Les insurgés de la terre" (décrivant également les activités de Sea Sheperd) coproduit par ARTE TV.

Le magazine RollingStone publia également plusieurs articles sur le combat de l'ELF, dont deux sont accessibles en ligne, l'un datant de 2002 le second de 2006/2011.

En guise de conclusion

On pourrait encore citer d'autres exemples comme Daniel Cohn-Bendit en Allemagne, Noël Mamère ou Louis Bové en France qui ont fini par devenir des hommes politiques pour mieux défendre la cause des écologistes ou Yann Arthus-Bertrand qui de photographe "est devenu un activiste" à 45 ans comme il le dit lui-même et s'engagea pour l'écologie à force de voir souffrir les plus pauvres à cause de l'insouciance et du je m'enfoutisme des plus riches.

Certains auteurs prétendent que l'écologie telle que la prône les politiciens n'est pas un programme politique mais simplement une philosophie existentielle et qu'à ce titre, décalée par rapport aux préoccupations de la population, elle sera toujours opposée aux intérêts de la société, taxant et refusant la technologie ou le progrès dès lors qu'il laisse son empreinte d'une manière ou l'autre sur la planète.

Or l'écologie politique est par nature une manière de concilier les impératifs humains avec la protection de la nature dans le cadre d'un développement durable. Il s'agit donc bien d'un programme politique puisqu'elle fait intervenir des hommes et leur pouvoir de décision.

L'écologie fait tous les jours des émules. Le photographe David LaChapelle a présenté des photos sous-marines avec ou sans slogan politique en présence de Paul Watson lors d'une exposition à la Galerie Daniel Templon à Paris le 17 juin 2015.

Quant à savoir si ses actions sont bénéfiques aux hommes ou plutôt à la nature ou défavorables à l'une des parties, il serait naïf d'imaginer que la réponse est binaire et se limite à calculer les taux de pollutions instantanés, le nombre d'animaux ou de réserves naturelles. Il est évident que la pression de l'homme a un impact sur la nature comme il est évident qu'abandonnée à elle-même, la nature entre en conflit avec le désir d'expansion des hommes. Il y a un juste milieu à définir et ce ne sont pas les difficultés qui manquent quand il faut conjuger ces intérêts avec les impératifs socio-économiques.

A écouter les représentants des organisation écologistes et tout spécialement les activistes, leurs membres n'ont jamais porté d'arme, ni arme de poing ni arme blanche. En revanche, ils ont porté des allumettes, des explosifs ou des lances à eau sous pression et utilisé leur véhicule ou leur navire comme bouclier ou comme bélier pour couler des bâteaux de pêche... Sur le plan légal, ils ont donc porté des armes. Mais sachant quel sort les autorités réservent aux écologistes - finalement très peu de tracas -  si c'était à refaire, Paul Watson et d'autres confrèrent utiliseraient des méthodes encore plus musclées pour arrêter les pirates et ceux qui violent impunément les lois.

Les activistes écologistes sont à l'image de "Robin des Bois", des "bienfaiteurs" qui font la justice à la place des autorités. Ils font le sâle boulot que les Etats et les organisations supranationales publiques n'osent pas faire pour des raisons politiques - par manque de moyens prétextent-elles -, la plus évidente étant de préserver les bonnes relations commerciales et d'éviter les embargos et autre susceptibilités de leurs confrères Japonais, Norvégiens, Canadiens et consorts à propos de telle ou telle révision des règlements de pêche ou de construction. 

Mais les activistes écologistes ne peuvent pas être efficaces sans moyens. Toutes les organisations sont financées par des dons privés et même parfois par des partis politiques.

Il faut aussi rappeler que l'Etat n'est pas neutre mais plutôt du côté du législateur voire du gendarme et qu'à se titre il peut toujours s'accorder le droit de requalifier un acte de vandalisme ou un crime sans usage de la force et sans victime en acte terroriste aggravé.

En fait une personne qui tue pour voler ou un chauffard qui fauche un piéton a toutes les chances de faire moins d'années de prison qu'un écologiste qui monte sur un chalutier pêchant illégalement ou qui détruit des bien mobiliers sans faire de victime ! Ce n'est pas vraiment le verdict qu'on attend dans une véritable démocratie ! D'ailleurs selon les derniers chiffres de l'Indice de Démocratie, ni la France ni les Etats-Unis ne sont dans les dix premiers...

A défaut d'une prise de conscience des gouvernements et d'actions efficaces de la part des organisations internationales de régulation, la société devra encore compter sur les activistes écologistes s'il elle veut protéger la nature et la vie.

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[1] "The Limits to Growth" (Les Limites de la Croissance) ou rapport Meadows, Club de Rome, 1972. Voici la version PDF (42 MB). Cette étude fera l'objet d'un livre traduit en français par Jeanine Delauney publié aux éditions Fayard en 1973. Il fut diffusé à plus de 12 millions d'exemplaires. Une analyse de ce rapport est présentée en français sur le site Societal.org.


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