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Du satellite espion à Echelon

Le Parlement Européen à Bruxelles. Il représente l'assemblée législative de 485 millions d'Européens de 27 pays soit 7.9% de la population mondiale. Le PIB de la nouvelle Europe s'élève à 9600 milliards d'Euros, soit 28% de la richesse mondiale mais il est encore 13% inférieur à celui des Etats-Unis. Document PE/Lombry.

Un Echelon européen (V)

Dans une interview accordée à la télévision française en 2001 Yves Bonnet, ancien directeur du contre-espionnage français, la célèbre DST, de 1982 à 1985 rappelle qu'"il faut qu'il y ait un Echelon européen. C'est comme en matière nucléaire : l'équilibre ne s'établit jamais par le bas, l'équilibre s'établit toujours par le haut. Il faut que nous ayons les moyens de pouvoir intercepter les Américains comme eux ont les moyens de nous intercepter. Parce qu'à ce moment là ils nous prendront au sérieux, ils discuteront et on aboutira à un accord. Mais aussi longtemps que nous n'aurons pas une capacité équivalente à la leur, il se passera ce qui doit se passer. C'est-à-dire qu'ils rigoleront...". Et de fait, aujourd'hui les Américains nous disent : l'intelligence c'est comme le parachute; quand on n'en a pas on s'écrase !

Mais là on tombe - au propre comme au figuré - sur un autre problème. Pour l'instant les services secrets des différentes nations européennes ont des contacts entre eux mais ils n'ont pas les contacts d'un niveau de confidence tel que le permet un service unique. Seul Europol à une vocation supranationale mais son pouvoir n'a rien à voir avec l'espionnage.

Pour créer un Echelon européen, il faut que tous les membres de l'Union soient du même bord. Or jusqu'il y a peu, deux puissances européennes avaient une position ambiguë. La Grande Bretagne (Menwith Hill) et l'Allemagne (Baden Aibling) accueillent sur leur territoire des bases d'interception électromagnétiques américaines. Ces deux pays doivent faire un choix. L'Allemagne semble l'avoir fait. La station de Bad Aibling ferma ses portes en 2002 mais certains spécialistes affirment que la NSA a la possibilité de conduire les mêmes opérations via Menwith Hill. L'Europe apparaît bien morcelée...

A Bruxelles, les débats sont clos. La résolution adoptée par le Parlement Européen en septembre 2001 incite le Royaume-Uni et l'Allemagne à respecter la convention relative aux Droits de l'Homme... une mesure fantôme ! Pourquoi ? Car personne ne pourra arrêter Echelon car tout le monde fait pareil ! Mais dans ce cas comment peut-on justifier cette commission ? 

Gerhard Schmidt, député allemand, rapporteur de la commission Echelon, précise qu'on ne peut pas formuler la question sous cette forme car le Parlement Européen ne peut pas mettre un terme aux actions internationales des services secrets, ni aucun parlement national. 

En revanche, on peut découvrir ce qu'il se passe et dire aux gens qu'il y a un risque dont ils doivent se protéger. Tous les problèmes ne peuvent être résolus grâce à une loi votée par un parlement ou un amendement à la législation. Parfois on ne peut résoudre certaines choses avec les instruments dont l'Etat dispose. Carlos Coelho, président de la commission Echelon, fait remarquer que la politique internationale est trop souvent hypocrite.

A travers la NSA qui distribue les moyens de cryptographie à l'Armée et la CIA qui assure la sécurité du territoire et des intérêts américains à l'étranger, le réseau Echelon surveille étroitement les communications militaires dont toutes celles à caractère stratégique établies dans les bandes maritime et aviation. A gauche le cockpit d'un F-111 durant un vol de nuit. A droite le Système de Contrôle et de Commande Global (GCCS) installé dans le Combat Direction Centre du porte-avion USS George Washington (CVN 73). Documents USAF et U.S.Navy.

La Grande Bretagne n'est pas la seule a accueillir des stations d'interceptions américaines. Il existe un deuxième cercle de pays, en plus des membres du pacte de l'UKUSA qui a rejoint le réseau. Ces alliers de l'ombre possèdent quelques paraboles de type Echelon et collaborent avec les services américains. En rejoignant le réseau, ils échangent des renseignements en moins grand nombre. Il existe une liste de 10 pays allant de la Norvège à la Corée du Sud, censés avoir signé de tels accords. Nous savons qu'il y a peut-être deux ou trois bases danoises dotées de fonctions de type Echelon et de taille conséquente. Elles sont reliées aux services américains. Les services de renseignements américains tisseraient ainsi leur toile dans le monde face à un Echelon européen en devenir.

Pour Guillaume Daquie, rédacteur en chef du magazine Le Monde du renseignement, l'intérêt pour les Etats-Unis n'est pas forcément d'écouter la terre entière, c'est de créer des liens de dépendance avec certains pays. C'est également une manière de les encourager à ne jamais développer leur propre système autonome et donc à faire en sorte que leur source d'information soit toujours dépendante des Etats-Unis.

Aujourd'hui, une puissance qui ne maîtrise pas sa propre chaîne d'information est une puissance aveugle. Le fait de dire "tenez, je vous livre cette information" équivaut à créer un lien de dépendance aussi terrible que la drogue. Grâce à ce système, dans 90% des cas vous pourrez demander au pays qui vous a accueilli n'importe quelle information dont vous avez besoin, mais dans les 10% restants, l'information qui est vraiment très importante pour vous, peut être manipulée. Car en vous fournissant ces informations, ce pays vous donnera évidemment celles qu'il veut bien vous donner, des informations conformes à ses intérêts, quant aux autres elles seront subtilisées ou ignorées. On y reviendra.

Prochain chapitre

La puissance et la faiblesse du renseignement

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