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La Franc-maçonnerie, faits et rumeurs

Bouton de porte d'un Temple Franc-Maçon.

La Franc-maçonnerie et le Franc-Maçon (V)

La Franc-maçonnerie défend les principes fondamentaux de la démocratie et des valeurs nobles comme la liberté, l'égalité et la fraternité. Cela n'a pas empêché ses membres de faire l’objet de nombreuses attaques et d'être persécutés par des intolérants et des extrémistes de tout bord, en commençant par les papes intégristes (de Clément XII en 1738 jusqu'à Benoît XVI en 1983), les mouvements sectaires et les groupes nationalistes.

Mais si l'Ordre maçonnique respecte des valeurs nobles, l'actualité nous a également appris qu'il y a des Maçons hypocrites et intéressés que les médias n'ont pas manqué de dénoncer.

Certaines personnes portent leur discrédit sur la Franc-maçonnerie sur base de l'oppression dont elle a fait l'objet en différentes occasions ou en réaction aux "affaires" portées en justice. Mais malheureusement, ces antimaçonnistes généralisent quelques dizaines de cas particuliers jusqu'à porter l'opprobe sur des millions de membres d'une confrérie tout à fait intègre. Là il y a un amalgame et un danger pour le respect des valeurs démocratiques.

Sans revenir sur l'histoire, les rumeurs, l'actualité et le devoir de discrétion des Obédiences ont alimenté cette image d'antichambre du Pouvoir, de "Pouvoir occulte" comme la qualifient certains, toute à la fois scandaleuse, mystérieuse et empreinte de jalousie qui entoure cet Ordre séculaire.

Le fond du problème est qu'en réalité le public confond l'Ordre maçonnique, la vénérable institution, avec les hommes qui la composent. Essayons d'y voir clair.

Les préjugés

Le Général de Gaulle a dit un jour : "Les Francs-Maçons n’ont pas assez d’influence pour être pris en considération, mais trop pour qu’on s’en désintéresse". Préjugé ou fait établi, nous ne le saurons pas si ce n'est que le Général avait déjà tenu des propos xénophobes du temps des colonies, en traitant notamment les Algériens de "Bougnouls". Si "l'exemple doit venir d'en haut", en cette matière on ne peut pas dire qu'il s'agissait d'un exemple à suivre.

Si on reproche à l'Ordre maçonnique d'être trop discret, constitué de membres influents de la bourgeoisie ou du "Gotha" (littéralement les têtes couronnées) alors qu'une autre société civile serait sans intérêt du fait qu'elle ne comprendrait que des "gens ordinaires", dans ce cas il s'agit de préjugés et une ingérence intolérable.

Hommes et femmes influents ou sans prétention, ambitieux ou humbles, riches ou pauvres, faisant preuve de charisme ou timides, sages ou déraisonnables, désintéressés ou affairistes existent dans toutes les sociétés humaines et toutes les confessions.

Et quand bien même les premiers seraient plus nombreux parmi les Maçons, cela justifie-t-il qu'ils soient "dénoncés" parce qu'ils sont fonctionnaires ou occupent un poste à responsabilité ? Où est le rapport entre leur vie privée de Maçon et leur vie publique ? Par Tradition, la Franc-maçonnerie n'établit pas ce lien car l'esprit maçonnique se vit intérieurement et ne s'extériorise qu'en Loges. Cela s'appelle donc des préjugés et de la jalousie, une atteinte à la vie privée et la liberté de conscience.

Les Maçons de la Loge St John Maybole Nr.11, l'une des plus vieilles Loges d'Ecosse dont les statuts remontent à 1725 mais dont l'existence est attestée jusqu'en 1599. Certaines commémorations sont relatées dans la presse locale.

Du reste, quand un Maçon est nommé au titre de Grand Maître comme c'est le cas de cet élu français cité en introduction, il sait que son nom sera rendu public et doit en assumer les éventuelles conséquences négatives dans sa vie professionnelle. S'il est avocat ou magistrat, le Barreau l'apprendra. S'il est fonctionnaire, employé ou directeur de société, ses relations l'apprendront.

Si cette personne est intègre, quel risque court-elle ? Aucun en théorie, si ce n'est celui de devoir supporter la critique des extrémistes, des intolérants et des éventuelles personnes jalouses comme on le constate encore quelquefois, comme en témoigne la condamnation de l'Italie en 2007.

Comme quoi ceux qui affirment que les Francs-Maçons sont "partout" et bénéficient de protection se trompent.

Puis il y a les "affaires" ayant impliqué des Maçons, sur lesquelles nous allons revenir. Mais combien de membres d'autres sociétés civiles a priori au dessus de tout soupçon n'ont pas été inculpés dans d'autres affaires de corruption ou de malversations sans qu'on révèle leur appartenance à l'un ou l'autre club ou mouvement associatif ? Pourquoi ces deux poids deux mesures ?

L'une des raisons s'explique par le fait que dans le premier cas l'Ordre prétend défendre des valeurs nobles alors que certains Maçons ayant juré de les respecter se sont avérés hypocrites, intéressés et affairistes, au point qu'il fut une époque où tous les membres d'une Loge corrompue furent impliqués dans des scandales.

Mais si cela s'applique à la Franc-maçonnerie, d'autres Ordres, mouvements associatifs, ONG, sans oublier les partis politiques et les fonctionnaires en général, ont également un code de conduite ou ont prêté serment sur l'honneur. Or, il ne vient à l'esprit de personne de révéler l'appartenance de l'un ou l'autre de leur membre à un quelconque club intellectuel, philosophique ou sportif, en tout cas rarement avec l'intention de nuire (mais cela peut également être le cas si la personne est membre d'une secte, d'un mouvement intégriste, etc). Pourtant, les "affaires" politiques n'impliquant pas de Maçons sont bien plus nombreuses et encore plus scandaleuses car elles concernent des personnes élues par le peuple ou ses représentants, et donc a priori dignes de confiance et incorruptibles.

En revanche, par prudence ou par peur, mais en tout cas pour des raisons irrationnelles et non fondées, certains esprits intolérants ont jugé a priori qu'il fallait dénoncer les Francs-Maçons. Nous sommes donc face à des préjugés portés à l'encontre des Maçons et qui portent atteinte à l'image de la Franc-maçonnerie.

Mais voilà, en vertu des lois démocratiques cet amalgame n'est plus permis mais on ne change pas facilement les mentalités.

Les fraternelles et l'affairisme

En entrant en Franc-maçonnerie, certaines personnes recherchent sciemment des privilèges et font un calcul d'intérêt, d'autres recherchent une association fraternelle ou spirituelle ou encore un cercle de réflexion.

Au Rite Ecossais Rectifié observé par certaines Obédiences, tous les Apprentis Francs-Maçons jurent sur la Bible : "Je promets sur le saint Evangile, en présence du Grand Architecte de l'Univers, d'être fidèle à la religion chrétienne, au chef d'Etat, aux lois de l'Etat, de ne jamais révéler aucun des mystères, secrets et symboles de la franc-maçonnerie. Si je manque à cet engagement, je consens d'être réputé homme sans foi, sans honneur et digne de mépris de tous mes frères. Ainsi, que Dieu me soit en aide." A priori les Maçons sont donc loyaux et font preuve de probité. Mais qu'en est-il en réalité ?

A mesure que l'Apprenti Franc-Maçon écoute ses Frères puis s'élève dans la hiérarchie et participe aux débats, le risque grandit qu'à l'occasion d'un atelier sur un sujet de société, par exemple sur l'art d'organiser les pouvoirs, de conduire les affaires publiques, d'améliorer le système éducatif, le système économique, la culture, etc, autant de sujets politiques par nature, il prenne part à des discussions partisanes ou prenne position sur un sujet dont il est expert jusqu'à s'impliquer dans des considérations d'ordres commerciales.

L'affairisme constitue la déviance la plus sombre et parfois criminelle des membres d'une Loge. Heureusement, la plupart des critiques reconnaissent que son utilité est surtout individuelle et n'engage pratiquement jamais une Loge qui dans ce cas serait corrompue et rapidement dissoute ainsi que nous le verrons.

De la liberté de penser et d'association en parti politique

Au XIXe siècle, en France comme en Belgique il n'y avait ni la liberté de la presse ni liberté d'association. Seule l'autorité publique pouvait librement s'organiser et s'exprimer à travers les organes des partis.

La seule manière d'exprimer son opinion en public et d'influencer la société consistait donc à participer à la vie politique, raison pour laquelle on retrouva beaucoup de Francs-Maçons sur les sièges des institutions publiques, au Parlement ou dans les Conseils départementaux ou municipaux notamment.

C'est dans ce contexte et de manière naturelle qu'à l'initiative des Francs-Maçons entrés en politique que le 29 juillet 1881 fut votée en France la loi sur la liberté d'expression que nous connaissons tous par l'affiche "Défense d'afficher" sous entendant qu'il existe d'autres supports dédiés à cet usage. 

Cette loi consacre également la liberté de la presse tout en précisant qu'on ne peut atteindre à l’honneur d’un citoyen. Cette date marque également l'apparition du fameux slogan "Il est interdit d'interdire". Cette année là près de 1500 quotidiens virent le jour en France.

A cette époque, en France comme en Belgique, il était interdit de fonder une association, privée ou publique, sans avoir reçu une autorisation royale. Il n'existait donc pas d'associations de personnes de droit privé sans but commercial ni lucratif.

Ce sont également les Francs-Maçons entrés en politique qui furent à l'origine de la "Loi de 1901" sur la liberté d'association tandis que la Belgique attendra 1921 et la loi sur les associations sans but lucratif (ASBL). Notons que la liberté d'association ne sera reconnue par l'ONU qu'en 1948 dans son article 20 de la Déclaration universelle des droits de l'homme (elle-même inspirée des débats et textes de la Révolution française et de la Révolution américaine).

C'est donc naturellement en 1901 qu'apparut en France le parti Radical fondé sur la liberté d'association auquel adhèrent une majorité de Francs-Maçons. Leur programme s'articulait autour de 3 projets clés : la séparation des Eglises de l'Etat, la création de l'impôt sur le revenu et la gratuité de l'enseignement secondaire public.

En parallèle, grâce à ces lois et l'esprit corporatif, à partir de 1901 des "fraternelles" ont vu le jour : il s'agit d'associations de personnes partageant les mêmes intérêts professionnels, le même métier. Aujourd'hui il en existe dans tous les corps de métier : dans le bâtiment, à la poste, aux chemins de fer, dans l'éducation, à la police, en médecine, à la Défense, au Barreau, et même dans les partis politiques et au Parlement. Certaines se réunissent dans un endroit privé, d'autres dans une Loge si elle ne comprend que des membres d'une seule Obédience.

Selon l'Institut Maçonnique de France (IMF), ce sont des émanations des Obédiences, mais qui ne sont plus contrôlées par celles-ci car elles ont quitté les Loges depuis longtemps et mênent leur vie en dehors du Temple.

Comment naît l'affairisme ? Comme dans toute société, institution, entreprise ou club, dès que deux Frères se reconnaissent, il va naître une complicité nourrie par l'obligation de discrétion. Et, de proche en proche, il se crée des amicales, des guildes, des clubs et des fraternelles. Selon le Grand Orient de France, en 2001 on recensait plusieurs centaines de fraternelles en France, sur des bases professionnelles ou géographiques.

Hall du Temple maçonnique de Philadelphie (USA). Si certains prétendent que les Loges sont l'antichambre du pouvoir, c'est surtout en dehors des Loges et notamment dans les Fraternelles et les hémicycles du pouvoir que se joue l'avenir de la société. Doc GLP.

Au début XXe siècle, ces fraternelles ne soulevaient aucune polémique. C'est à partir des années 1980 et 1990 que ces regroupements ont commencé à défrayer la chronique lorsqu'on découvrit leurs buts lucratifs.

L'affairisme

Le problème vient du fait que les fraternelles permettent aux Maçons de différentes Obédiences de se rencontrer en dehors du Temple, puisque dans celui-ci il leur est interdit de participer aux Tenues des autres Obédiences. Ces contacts peuvent évidemment conduire à des accords, puisqu'à compétence et prix égaux, la fraternité maçonnique va naturellement favoriser un Frère.

La situation devient scandaleuse lorsque ces fraternelles rassemblent des membres du Palais de Justice (avocats, magistrats, greffiers, etc) qui sont informés des liquidations judiciaires et des quantités importantes d'argent en jeu qui peuvent attirer bien des convoitises. Il est difficile d'imaginer qu'au cours des repas, ces fraternelles n'évoqueront jamais les affaires judiciaires en cours. En tous cas, leur secrétaire général en ancien Grand Maître du GODF, le conseiller prud'homal Jacques Tessières, assurait voici quelques années qu'ils en parlaient.

Même attitude contraire à la déontologie concernant les membres du "Club 50", un cercle de notables maçonniques français, qui prétend également réunir ses membres pour "déjeuner" sans arrière-pensée. Mais ainsi que l'a expliqué Marie-Françoise Blanchet, ex-grande maîtresse de la GLFF, elle a quitté la fraternelle de la Défense, car elle ne supportait plus "l'avalanche d'interventions visant à obtenir une exemption du service national pour le fiston." Depuis, cette fraternelle a été restructurée à la suite du scandale des marchés à l'arsenal de Toulon en 2002 et aux critiques du Grand Orient.

Si les fraternelles sont loin d'être officielles et transparentes, les fraternelles des partis politiques et notamment au PS français sont véritablement occultes et n'ont rien de maçonnique et présentent toutes les caractéristiques du lobby de pouvoir. Il va sans dire qu'elles existent également dans les rangs de l'UMP et de l'UDF. Et même si elles se font plus discrètes, rien n'indique que leurs lobbies ne soient pas infiltrés dans toutes les institutions démocratiques et ne soient pas plus influents encore, comme ils le sont déjà en matière économique, jusqu'à influencer les décisions qui se prennent à Bruxelles.

A côté de l'affairisme il y a le copinage. Il arrive que certains hommes politiques Francs-Maçons viennent assister aux Tenues uniquement à l'occasion des élections par exemple. Bien sûr, étant très peu actifs en Loge, la Confrérie les voit venir avec leurs "gros sabots" pour solliciter quelques voix supplémentaires... Il va de soi que les Maçons n'apprécient pas ce genre d'attitude intéressée mais aucune règle n'interdit à ces politiciens d'assister aux Tenues et de se rappeler au bon souvenir de leurs Frères en fin de réunion. Mais qu'on se rassure, généralement ces "Francs-Maçons d'un jour" ne restent pas longtemps Franc-Maçon et vont chercher ailleurs un terrain plus fertile à leur copinage.

Concernant la représentation politique, en moyenne, 15% des Maçons du GODF sont membres d'un parti politique, alors qu'ils étaient près de 75% en 1914. Sur base des fuites et autres dénonciations, on peut estimer que la représentation est au moins similaire en Belgique.

Mais ce n'est que le sommet de l'iceberg car il est notoirement connu que les positions les plus élevées dans nos gouvernements, en commençant par les Présidents américains et les ministres d'Etats des plus grands pays occidentaux, au sein de la police, du système juridique, de la  finance et des comités de médecins sont tenues par des Francs-Maçons. Mises à part quelques bêtes noires, cela n'a jamais empêché nos sociétés de bien fonctionner, que du contraire, car cela peut créer un climat de confiance. Bien sûr il ne faut pas que cela dérape et conduise à la corruption.

Les désavantages d'être Franc-Maçon

Pour ceux qui doutent de l'honnêteté des Maçons, rappelons que plus d'un d'entre eux ont été initiés à  plus de 50 ans, alors que leur "réseau" professionnel était déjà constitué.

La Loge maçonnique de Tournai (B) peinte par Jules Pollet.

Ce ne sera pas le premier civil bien établi qui devient Maçon en fin de carrière, à une époque où il n'a plus rien à démontrer ni à gagner, ce qui renforce son honnêteté, contrairement à ce que pensent certains journalistes français, notamment à l'Express ou à Libération.

Il faut bien se mettre en tête que dans les affaires, appartenir à la Franc-maçonnerie n'offre pas nécessairement des avantages dans nos pays, s'il jamais il y en a. Si un Maçon demande à un Frère d'intervenir, cela le dévoilerait avec parfois des conséquences négatives pour sa profession s'il travaille avec des associés ou sous les ordres d'un patron sectaire ou intolérant.

Aussi, par prudence, la majorité des Maçons et des Grands Maîtres ne vont traiter en Loges que de questions intellectuelles et humanitaires, sans aborder les questions politiques ou commerciales.

Maintenant rien n'interdit à une fraternelle de Maçons policiers de discuter de l'action en faveur des jeunes en difficulté ou des abus du pistolet Taser. Rien ne leur interdit non plus de discuter avec les Maçons sénateurs qui demain voteront les lois. Tant que chacun reste à sa place et respecte le code de déontologie, les principes démocratiques sont préservés

Les affaires de corruption

Nous savons tous combien des amis ou un couple peut se haïr et se déchirer en cas de profond désaccord. Nous savons aussi que la nature humaine est faible. C'est le propre de l'homme avec tous ses avantages et inconvénients que l'esprit maçonnique ne peut pas toujours canaliser. Dans tous les cas l'Ordre ne s'immisce pas dans les affaires privées et publiques où les Maçons en tant qu'individus portent seuls la responsabilité de leurs actes, tout au moins en théorie.

Tous les Maçons ont juré d'être francs et de faire preuve de probité. Malheureusement certains d'entre eux font preuve d'hypocrisie, de malhonnêteté, d'avilité ou sont corrompus, des valeurs incompatibles avec les vertus de l'Ordre.

Les Obédiences maçonniques proposent aux membres des différentes Loges un éventail d'outils pour les aider à respecter les règles et les vertus de l'Ordre, s'améliorer sur le plan personnel et pour apporter à l'extérieur le fruit de leur initiation. C'est à ce stade qu'intervient l'individu avec tous les dérapages et les risques liés à son éducation, sa mentalité et les relations qu'il tisse à l'extérieur de sa Loge.

Le Franc-Maçon présente soit de bonnes intentions (humaniste, tolérant, philantrope, incorruptible, etc) soit de mauvaises intentions (hypocrite, opportuniste, affairiste, corrompu, etc).

Nous connaissons tous des "affaires" ayant impliqué des Francs-Maçons jusqu'au plus haut niveau de pouvoir. Prenons quelques exemples.

Thémis, la déesse de la justice. Peu de gens savent qu'il s'agit d'un symbole maçonnique. Repris par les plus grandes institutions, il démontre combien la Franc-maçonnerie a influencé notre société.

Dans un cas de litige entre Maçons, il est arrivé que des Frères littéralement mafieux aient sciemment nuit aux intérêts d'un Frère d'une même Loge qui s'opposait à leurs idées. Ils l'ont menacé, lui disant qu'il perdrait son emploi et nuiraient à sa réputation. Ils ont donc pris contact avec tout l'entourage et l'employeur de ce Maçon pour critiquer son style de vie, ses activités et les compétences de la victime. L'employeur qui fut naïf, intimidé, complice ou ayant profité de l'occasion, a licencié la personne.

Dans une autre affaire impliquant une fraternelle de Maçons, un frère président d'une société d'HLM proposait des marchés à un chef d'entreprise du secteur tertiaire de Marseille et membre du GODF en échange de pots-de-vins.

Une autre fois, le divorce a été négocié entre Maçons bien placés au Barreau et l'ex-épouse lésée n'a jamais eu la pension alimentaire qu'elle espérait.

A un autre niveau de pouvoir, des Francs-Maçons ont également été impliqués dans des scandales politiques et financiers. Prenons quelques exemples célèbres de Maçons "renégats" ayant été condamnés :

En France :

- Baumet Gilbert, l’ancien ministre de François Mitterrand était membre de la Loge P2 (Echo 1 et Echo 2) corrompue

- Jacques Mellick, ancien député maire de Béthune, fut pris en flagrant délit de mensonge dans l'affaire OM-Valencienne

- Serge Dassault fut condamné par la justice belge pour commissions occultes

- Dominique Schmitt, administrateur judiciaire en poste à Bobigny, fut condamné pour malversations

- Olivier Spithakis fut impliqué dans le scandale du Mnef qui entraîna également la démission de Dominique Strauss-Kahn, etc.

En Belgique :

- La loge de "La Charité" a été impliquée dans un scandale de corruption touchant la ville de Charleroi (2004). Selon le nouveau bourgmestre Jean-Jacques Viseur (CdH), sur les quelques 50 personnes inculpées pour corruption, la moitié d'entre elles étaient Francs-Maçons.

- Un scandale financier a également touché la société Immo-Congo (B) où siégaient des Francs-Maçons.

Au Royaume-Uni :

- Des policiers Francs-Maçons ont été impliqués dans un scandale en Angleterre.

- Depuis quelques années, une loi exige que tous les fonctionnaires du pays déclarent leur appartenance maçonnique, et tout spécialement les avocats afin que tous puissent s'assurer de leur intégrité. Bien entendu les loges anglaises se sont opposées à cette loi qui, sous certains aspects, porte préjudice à la Franc-maçonnerie.

Convenons que ces fraternelles à but lucratif déguisé, ce trafic d'influence et ces "protections" sont scandaleuses dans des Etats de droits et violent les principes fondamentaux de la démocratie. C'est pourquoi le législateur a mis en place des garde-fous (lois, audits, etc) pour éviter de tels dérapages et que de plus en plus d'associations parastatales ont édicté un code de bonne conduite.

Mais ne soyons pas naïfs, si la justice est souveraine et indépendante, rien ni personne ne pourra jamais empêcher le parjure, le parti pris, les connivences, les arrangements, l'espionnage, le lobbying ou la loi du silence parmi d'autres vilains défauts.

Sachant cela, quel crédit le public accorde-t-il à la justice ? Aujourd'hui, en Belgique par exemple, le sondage Ipsos d'octobre 2007 montre qu'environ 75% des gens font confiance à la justice et ce chiffre est en hausse par rapport aux années précédentes. Le public considère donc que les jugements sont globalement justes et donc objectifs. Mais il n'empêche que 25% des sondés - ce qui représente quelques millions de personnes - ne lui accordent encore aucun crédit, probablement déçues par un verdict défavorable, peut-être partisan.

En revanche, en France, 50% des sondés pensent qu'il faut être corrompu pour faire de la politique ou occuper un siège syndical contre 15% seulement au Danemark et dans les pays scandinaves.

Les collusions, les mascarades et les parodies de justice ne sont pas la règle ni l'apanage de la Franc-maçonnerie. Les erreurs de jugement et la corruption sont le propre de l'homme.

On peut facilement critiquer la Franc-maçonnerie en trouvant dans les décennies et siècles passés d'innombrables délits et autres scandales. Mais jusqu'à preuve du contraire, ce n'est pas le propre de cet Ordre mais un triste effet de la faiblesse humaine.

Les règles de l'Ordre

C'est pour éviter ces dérapages que les Obédiences ont établi des règles strictes faites de rites, de presriptions, de devoirs, et autres codes de conduite.

Les Apprentis, Compagnons et Maîtres Francs-Maçons sont également suivis tout au long de leur parcours initiatique, une collaboration qui n'arrêtera qu'avec le départ du Frère pour l'Orient (son décès). De leur côté, les Maîtres et les autres membres de la Loge ont le devoir moral de dénoncer les attitudes contraires aux règles de l'Ordre et de la cité.

Certains Maçons, et généralement dans de petites Loges (de province ou peu fréquentées), peuvent aussi être victimes de leur confiance aveugle en un Maître corrompu, les obligeant soit à démettre le Maître de ses fonctions, soit à quitter eux-même la Loge concernée et la dénoncer auprès du Vénérable Grand Maître de l'Obédience. Les deux cas ce sont déjà présentés et certaines Loges ont même été dissoutes.

Enfin, un Apprenti qui devient Maçon par intérêt, avec l'intention de se faire de l'argent, des relations ou de la publicité est rapidement identifié et sera exclu de la Loge. De même que tout usurpateur de la qualité de Franc-Maçon sera rapidement dénoncé en public. La Franc-maçonnerie reste un Ordre respectable qui ne tolère pas l'hypocrisie de ses membres ni les opportunistes.

Le tribunal maçonnique

Comme une entreprise ou une fondation peut rassembler son conseil d'administration ou son directoire pour décider ou non d'exclure un employé ou un mandataire ayant commis une faute, un Maçon corrompu ou qui manque à son devoir est convoqué devant un tribunal maçonnique, même si la justice civile ne l'a pas encore mis en examen.

Tout Maçon peut donc faire appel au jugement de l'Obédience pour demander une sanction ou l'exclusion d'un Frère indélicat. C'est également valable pour une personne extérieure à l'Ordre ayant été lésée par un Maçon. Si ce profane ne sera probablement pas invité par l'Obédience (mais ce n'est pas exclu), le Grand Maître ne peut pas rester indifférent face à l'injustice.

Si une conciliation n'est pas envisageable, le Maçon responsable d'une violation des règles ou d'un délit sera radié de la Loge ou celle-ci exigera sa démission. Ainsi, en 1998, la Grande Loge Nationale de France a radié 30 membres de son Obédience et encore 71 supplémentaires en 1999. A l'époque, les Loges françaises se sont publiquement félicitées que la justice mettait de l'ordre dans leurs affaires ! La même agitation s'est produite en Angleterre à la même époque.

Aujourd'hui la situation est beaucoup plus saine qu'il y a quelques années et tout le monde s'en félicite. Ci et là on constate même un léger regain d'intérêt pour l'esprit maçonnique et l'âge moyen des membres des Loges rajeunit.

En résumé, ne commettons donc pas l'erreur de mélanger les genres et de faire un amalgame entre les affaires impliquant certains membres des Loges et la mission ou l'objectif de l'Ordre.

N'ayons pas d'opinion a priori et ne jetons pas le discrédit sur toute une institution et un style de pensée sous prétexte qu'elle s'est un peu isolée du monde et qu'elle abriterait quelques brebis galeuses qui de toute façon seront écartées de l'Ordre. Si chacun est capable de faire ce distinguo et d'apprendre à connaître l'autre, on pourra mieux se respecter.

Dernier chapitre

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