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Spécifications des verres utilisés en astronomie

Aspect d'un disque poli en quartz fabriqué par Zambuto. C'est le cas de le dire, il est clair comme du cristal.

Les propriétés des verres (II)

Le verre est caractérisé par plusieurs propriétés physiques et chimiques qui sont plus ou moins améliorées en fonction des applications et des ouvrages auxquels ils sont destinés. On relève cinq propriétés essentielles :

- Optiques : les verres interagissent avec la lumière (au sens large), leur transparence, leur transmission, leur absorption, leur indice de réfraction et leur pouvoir de dispersion dépendant de leurs propriétés;

- Thermiques : en raison de sa capacité thermique massive élevée (anc. chaleur spécifique) et son faible coefficient linéaire de dilatation thermique, le verre est un bon isolant thermique et se déforme peu sous des variations de température ordinaires. En revanche, le verre présente une faible conductivité thermique expliquant qu'il se casse lors d'un choc thermique. Seuls les verres spéciaux peuvent supporter un tel choc;

- Chimiques : le verre présente une bonne comptabilité avec la plupart des éléments chimiques mais il s'altère au contact de l'eau et de l'air et se dégrade sous l'action de l'acide fluorhydrique (HF).

- Mécaniques : le verre est fragile et cassant, mais présente un comportement élastique. Selon ses propriétés liées à sa constitution ou à son traitement, il résiste plus ou moins aux chocs (impacts et chutes) et à l'abrasion (par le sable, le sel, certains agents nettoyants, etc);

- Electriques : à basse température, le verre est isolant. A partir d'environ 250°C, il devient conducteur d’électricité. C’est également un bon diélectrique et il résiste bien aux forts champs électriques.

Détaillons certaines de ces propriétés.

Propriétés optiques

La majorité des verres sont composés de silicates, de molécules de silice. Ce matériau est utilisé pour fabriquer la majorité des pièces d'optiques (lentilles, filtres, prismes, miroirs, accessoires). Plus récemment de nouveaux matériaux et de nouvelles applications sont apparues, recourant à des matériaux et des compositions spéciales (borosilicates, verres en fluorite ED, verres photochromiques, etc).

La clarté

Le verre transmet, réfléchit et absorbe une certaine quantité de rayonnement. Un verre fabriqué dans le but de transmettre la lumière en toute transparence ne doit contenir aucune inclusion, aucune contraintes ni couleur susceptible de l'altérer. En revanche, le verre plat ou soufflé peut être coloré et d'une qualité très éloignée des normes astronomiques.

Comme l'indice de réfraction et d'autres paramètres optiques, si la clarté est essentielle pour les lentilles et autres prismes, cette propriété est secondaire dans le cas du disque de verre du miroir d'un télescope. Elle reste toutefois nécessaire pour détecter optiquement les défauts et autres contraintes mécaniques du verre, signe d'hétérogénéité du matériau et source éventuelle de problèmes mécaniques et thermiques. On y reviendra.

A gauche, objectif Carl Zeiss Planar de 50 mm f/0.7. La NASA s'en servit pour photographier la Lune et Stanley Kubrik l'utilisa pour filmer une scène à la lumière des bougies dans Barry Lyndon. Cette optique est estimée à 23.1 millions de dollars. Au centre, un objectif en fluorite (fluorure de calcium). Ce verre est transparent entre 0.15 et 9 μm. Les cristaux de fluorite ne contenant aucun défaut ont longtemps été utilisés pour fabriquer des lentilles apochromatiques. Aujourd'hui la production de cristaux naturels s'est effrondrée au profit de fluorite de synthèse. A droite, la lame de fermeture traitée antireflet d'un télescope Ritchey-Chrétien Meade ACF de 254 mm f/8. Voici un test de cet instrument. Documents PetaPixel, Direct Industry et Astroshop.

Le facteur de transmission d'un verre est le rapport du flux transmis au flux incident. Dans un verre plat destiné au vitrage, les facteurs de transmission et de réflexion sont déterminés expérimentalement pour chaque longueur d'onde. Le facteur d'absorption est calculé à partir de la relation : Réflexion + Absorption + Transmission = 1.

La transmission lumineuse des vitrages est caractérisée par trois paramères :

- le coefficient de conductivité thermique : il dépend du nombre de couches de verre, de la dimension de l'espace séparant ces diopres, du type de gaz remplissant ces espaces (air argon ou kryption) et de l'éventuelle couche de revêtement appliquée sur le verre

- le facteur solaire : c'est rapport du flux de rayonnement solaire traversant le verre vers l'intérieur du bâtiment au flux de rayonnement incident. La fraction de rayonnement absorbée est ensuite partagée en une partie qui est rémise par le vitrage (c'est l'émissivité) vers l'intérieur du bâtiment et une partie qui est réémise vers l'extérieur. La partie restante est absorbée et transformée en chaleur. Ainsi un verre de 3 mm d'épaisseur absorbe 4% du rayonnement incident. Son pouvoir absorbant peut être augmenté en ajoutant des oxydes absorbant l'énergie solaire. Dans ce cas le verre paraîra plus foncé.

- le coefficient de transmission lumineuse : il correspond au facteur solaire met en tenant uniquement de la partie visible du spectre comprise entre 380-780 nm. Il dépend du type de vitrage, du nombre de couches de verre et du type de revêtement éventuellement appliqué sur le verre

- le coefficient de réflexion lumineuse : c'est le pourcentage de lumière incidente réfléchie par le vitrage. De façon générale, un verre non traité perd environ 4% de transmission par surface en réflexion et dispersion de la lumière. Ce facteur est multiplié exponentiellement avec le nombre de surfaces air-verre. Nous y reviendrons en détail à propos des revêtements antireflets des lentilles.

La transparence spectrale

Les verres à base de silice sont plus ou moins transparents dans un spectre qui varie entre le proche ultraviolet et l'infrarouge moyen, soit grosso entre 300 et environ 5000 nm (0.3-5 μm). En revanche, les cristaux de fluorite, à base de CaF2 sont transparents entre 150 et 9000 nm.

Transmission de différents types de verres. Les verres de qualité optique testés sont en borosilicates.

Le rayonnement UV à 400 nm transportant quatre fois plus d'énergie qu'un rayonnement de 800 nm (0.5x10-18 J contre 0.25x10-18 J soit 31.2 eV contre 1.6 eV) et le niveau s'intensifiant vers les courtes longueurs d'ondes, il peut provoquer des effets indésirables aux niveaux électronique et moléculaire tant sur les matériaux organiques que minéraux.

Le rayonnement UV peut provoquer un phénomène de solarisation du verre qui se traduit par un effet d'ionisation, une rupture des liaisons Si-O, la capture des électrons, etc. Ces effets peuvent être amplifiés par la présence d'inclusions qui vont modifier le nombre de liaisons (valence) que l'atome peut former avec d'autres éléments, elles peuvent concentrer le rayonnement et dégrader localement le verre.

On peut éviter ces dégradations en dopant le verre à l'oxyde de cérium (CeO2), un élément des terres rares qui rend le verre résistant. Le cérium sert également à polir le verre.

Dans les optiques astronomiques utilisant des filtres interférentiels (par exemple Hydrogène alpha), le rayonnement UV est bloqué au moyen d'un filtre objectif appelé ERF traité anti-UV qui permet également d'augmenter le contraste des images tout en réduisant le vieillissement prématuré du filtre interférentiel.

Il existe également des verres spéciaux comme le quartz 105UV qui n'absorbe pas le proche ultraviolet et dont certaines variétés sont transparentes jusque 150 nm, rendant de grands services dans de nombreuses disciplines scientifiques.

De l'autre côté du spectre visible, les verres de chalcogénure composés de sulfure (par ex. les verres GLS et GNS), de séléniure (verre 2SG et TeXAs) ou encore de tellurure sont transparents dans l'infrarouge moyen (0.3 à 22 voire 50 μm).

Comme les filtres proche infrarouge utilisés en photographie, les verres de chalcogénure sont noirs à la lumière mais leur fabrication est toute différente. Ces verres peuvent également être dopés et être utilisés pour fabriquer des fibres optiques, des DVD et des accessoires d'optoélectronique. Ils sont également résistants aux produits chimiques (sauf à l'acide nitrique) et peuvent être utilisés dans des processus industriels.

En matière de vitrage, la norme EN 410 applicable à la construction a normalisé un certain nombre de paramètres concernant la caractérisation de l'air et du rayonnement diffus. Ainsi, les verres plats destinés au vitrage sont conçus de manière à transmettre un maximum de lumière entre 380-780 nm.

Comme on le voit ci-dessous à gauche, certains vitrages sélectifs coupent le rayonnement solaire infrarouge à partir de 780 nm. Des revêtements coupent également l'UV en dessous de 400 nm. Notons que la plupart des appareils photos appliquent cette règle au moyen de différentes techniques (filtre IR bloquant sur le capteur et revêtement anti UV sur les lentilles).

A gauche, transmissions idéales d'un vitrage sélectif (1) conçu pour minimiser les gains solaires et d'un vitrage à basse émissivité (2) favorisant des apport solaires importants (utile par exemple en hiver). Notez dans les deux cas, l'exclusion complète (par réflexion) du rayonnement infrarouge thermique (pic à 10 μm). A droite, transmission spectrale des vitrages Planilux et Parsol de Saint-Gobain (ces verres non traités absorbent une partie des UV et les IR). Documents Energie+ et Saint-Gobain adaptés par l'auteur.

Il existe des vitrages à basse émissivité optimisés pour transmettre la lumière et le proche infrarouge (non thermique) entre environ 750 et 3000 nm. Ces verres réfléchissent vers l'intérieur du bâtiment à peine 0.1% du rayonnement infrarouge entre 3 μm et 50 μm (dont le pic thermique se situe à 10 μm et correspond à un corps noir porté à 23.9°C), ce qui favorise les apports solaires pendant les journées froides tout en évitant "l'effet de serre".

L'indice de réfraction

Ce paramètre ne concerne que les verres utilisés en transmission, lentilles et autres prismes. L'indice de réfraction dépend de la dispersion du verre (qui affecte l'aberration chromatique) et varie en fonction de la longueur d'onde : l'indice de réfraction est d'autant plus fort que la longueur d'onde est courte. Ainsi, pour un verre N-BK7 (n=1.5168), l'un des plus utilisés en optique, son indice de réfraction passe de 1.53 à 400 nm à 1.51 à 800 nm.

L' indice de réfraction peut être modifié selon la vitesse de refroidissement du verre lors du recuit. Les valeurs nominales correspondent à celles d'un matériau refroidi à la vitesse de 7 K/heure. Un refroidissement plus lent augmente l'indice de réfraction, un refroidissement plus rapide tend à le diminuer.

A titre d'information, en 1 heure de refroidissement à raison de 7 K/heure, un verre N-BK7 passe d'un indice de réfraction de 1.5168 à 1.5175. S'il avait été refroidit en 50 heures, son indice de réfraction serait descendu à 1.5163.

Il est donc essentiel que les verriers surveillent de près tout le processus de fabrication du verre et certainement le taux de refroidissement s'ils veulent respecter le cahier des charges des commanditaires.

L'homogénéité

Verres LZOS de haute qualité optique (H5).

Une propriété essentielle du verre est son homogénéité. Elle dépend des caractéristiques des matériaux et des techniques utilisées au cours de la fabrication du verre, durant la cuisson et le refroidissement.

L'un des principaux inconvénients de la cuisson du verre est la présence éventuelle d'impuretés et de bulles dan la pâte. Ainsi, si la pâte de verre y compris la vitrocéramique contient trop de gaz (des bulles d'air, de vapeur d'eau ou de gaz carbonique), après le refroidissement de minuscules trous pouvant aller jusqu'à 1 mm de diamètre et plusieurs microns de profondeur vont se former dans la masse.

difier la stabilité mécanique et thermique du verre. Si ces bulles sont nombreuses et situées en surface, elles peuvent même poser des problèmes lors du polissage de sa surface dont la courbure est précise à quelques nanomètres près, l'épaisseur de quelques atomes.

Notons que si on maintient le verre à trop basse température (comme c'était parfois le cas dans l'Antiquité), les bulles de gaz microscopiques restent emprisonnées dans la pâte et vont rendre le verre opaque.

Le second inconvénient se manifeste en cours de refroidissement de la pâte de verre ou de la vitrocéramique. Si la surface du verre ou le moule subit un refroidissement excessif par rapport au coeur, des couches hétérogènes vont se former près de la surface ou sur les bords du verre en contact avec le moule, provoquant un différentiel thermique significatif, source d'hétérogénéité. Ces défauts vont altérer la cristallisation et former des contraintes mécaniques et thermiques dans la masse.

Aussi, dans le cas du miroir d'un grand télescope, les professionnels réduisent le risque d'apparition de tensions en procédant de deux manières.

Evaluation de verres Schott de haute qualité optique (H4).

D'une part, comme toute pâte de verre, le verre ou la vitrocéramique est cuit en deux étapes : la première sert à cuire de grands blocs mère dont on extrait ensuite des cassettes ou des moules au gabaratit de la future pièce optique à façonner que l'on va recuire. Ce recuit permet d'homogénéisé les éventuelles tensions apparurent lors du premier refroidissement.

D'autre part, après le recuit, les verriers s'assurent que la température du coeur et de l'extérieur de la masse restent pratiquement identiques afin d'éviter la trempe (formation d'un coeur dont les propriétés diffèrent du reste de la masse).

Plus le verre se refroidit plus les contraintes mettent du temps à disparaître. Cette étape est tellement lente qu'un tel miroir met plusieurs mois pour se refroidir contre quelques jours seulement pour un miroir d'amateur.

Quant aux lentilles et prismes, le contrôle de l'homogénéité est encore plus drastique du fait de leur transparence. De plus, les opticiens ont besoin de connaître non seulement l'indice de réfraction du verre mais aussi l'homogénéité de cet indice dans la toute la masse du verre concerné. 

L'homogénéité des verres se détermine par biréfringence (lumière polarisée) ou par interférométrie. En fonction de la qualité du verre, il est assigné à un usage dit commercial (grand public et industriel) ou scientifique s'il est de qualité optique.

Les verres présentent 5 niveaux d'homogénéités entre H1 et H5. Les verres Schott de qualité H4 présentent un écart P-V de l'indice de réfraction de 2x10-6 contre 1x10-6 pour les verres H5 (norme ISO 12123). Les verres H5 sont destinés aux applications lasers et astronomiques. Les verres du fabricant russe LZOS présentent une qualité H4 ou H5. Leur coefficient de transmission varie entre 0.999-0.995 pour une épaisseur de 25 mm

L'homogénéité d'un verre est indissociable de sa stabilité thermique qui dépend de la répartition de l'expansion thermique et d'autres caratéristiques internes du verre.

Propriétés thermiques

Qu'il soit installé au sol ou en orbite, maintenu à -270 K ou à température ambiante, les optiques comme les autres éléments doivent supporter des écarts de température sans provoquer de réactions préjudiciables à la bonne marche des instruments. Si les déformations de la surface du miroir ou des lentilles peuvent se limiter à une fraction de nanomètre, c'est l'idéal.

Mais même à température ordinaire, plus un objectif est grand, plus son pouvoir de résolution le rend sensible à la turbulence. Il faut donc éviter à tout prix que les optiques n'en rajoutent en dégageant de la chaleur et générant des turbulences dans les optiques. C'est ici qu'un tube ouvert présente certains avantages.

Plusieurs paramètres déterminent la stabilité thermique des verres.

Dilatations thermiques des principaux verres. Document Springer/Schott adapté par l'auteur.

- Le verre présente un coefficient linéaire de dilatation thermique. Il s'agit de l’allongement par unité de longueur pour une variation de 1°C. Il varie entre 6x10-6/K et 9x10-6/K pour un verre sodocalcique contre seulement 2.8x10-6/K pour les meilleurs borosilicates (Ohara E6), 3.25x10-6/K pour le Pyrex et 4x10-6/K pour un verre de quartz. A titre de comparaison, il est de 3x10-6 K pour certains bois de sapins mais atteint 23x10-6 K pour l'aluminium.

Cela ne veut pas dire que la température d'un miroir à faible dilatation ne change pas quand la température extérieure varie. Ainsi, un miroir en Zerodur met environ 6 heures pour passer de 20°C à 0°C tandis qu'un Pyrex met environ 4.6 heures.

Plus le coefficient de dilatation est élevé plus le matériau se déforme lors des changements de température. Un verre ordinaire se déforme linéairement de 0.00027% en passant de 0 à 30°C, soit 0.27 mm pour un verre d'un mètre de long. C'est 2 à 3 fois inférieur aux métaux mais c'est encore 100 fois trop élevé pour des applications scientifiques comme l'astronomie exigeant la plus grande stabilité thermique.

Notons que cette dilatation doit être prise en compte quand on photographie le Soleil avec du matériel sensible à la chaleur (par ex. un tube en aluminium), raison pour laquelle les tubes des télescopes haut de gamme (de même que certains Celestron et Vixen) sont fabriqués en fibre de carbone qui présente un coefficient linéaire de dilatation thermique de 0.2x10-6/K, soit 50 à 100 fois inférieur à l'aluminium (un tube de 300 mm de diamètre coûte entre 500-1000$).

Ce problème de stabilité thermique est l'une des premières choses qu'on apprend en utilisant un instrument d'optique. En effet, tout instrument d'optique doit toujours être "mis en température" avant de l'utiliser afin que la température du système optique s'équilibre avec celle de l'environnement, ce qui permet d'éviter les images déformées ou la formation de buée notamment.

Notons que si le verre ou le métal se contracte ou se dilate facilement, il faudra des heures pour atteindre l'équilibre thermique.

Cette stabilité ou insensibilité thermique est également très importante lors du polissage d'un miroir. Sachant que la précision du polissage peut atteindre quelques nanomètres, si la courbure se déforme sous l'effet des variations thermiques, le fabricant sera obligé d'attendre que le verre soit en équilibre thermique avant de procéder au polissage et aux retouches et il en sera de même pour chaque contrôle de la surface, rendant le travail impossible.

Calculette : Calcul de la dilatation thermique des solides

A télécharger : Telescope Mirror Cooling Calculator, Cruxis

Simulation de la durée de mise en température de miroirs en différents matériaux. Un miroir en verre de silice de 50 mm d'épaisseur met 4.3 heures pour passer de 20°C à 0°C. Par comparaison, un miroir en Suprax met 4.6 heures, un miroir sodocalcique met 5.16 heures et un miroir en Zerodur met 5.5 heures. Si le barrilet est équipé d'un ventilateur (air forcé) les mêmes miroirs atteignent l'équilibre thermique en 1.5 à 2 heures. Bien sûr un miroir moins épais atteindra plus rapidement l'équilibre. Ces verres à très faible dilatation thermique présentent une surface qui ne se déforme pratiquement pas sous l'effet des variations de température. Simulations réalisées avec le logiciel Telescope Mirror Colling Calculator de Robert Houdart.

- Le verre présente également une capacité thermique massive élevée (anc. chaleur spécifique) comparé aux autres matériaux. Ce paramètre représente la quantité de chaleur nécessaire pour augmenter la température d’une masse de 1 kg de 1°C. Autrement dit, elle quantifie la quantité de chaleur qu'un matériau peut absorder ou restituer lors d'un échange thermique accompagnant une variation de sa température. Plus il y a de matière (différent de la densité), plus la capacité thermique est grande.

La capacité thermique vaut 720 J/Kg.K à 25°C pour le verre ordinaire sodocalcique contre 820 J/Kg.K pour la vitrocéramique Zerodur de Schott et 858 J/Kg.K pour le borosilicate BK7. A titre de comparaison, elle atteint 3600 J/Kg.K pour le lithium dont la densité est de 0.53.

- Le verre présente aussi une faible conductivité thermique qui varie selon les verres entre 0.7 et 1.2 W/m.K. Elle représente la quantité de chaleur qui traverse une paroi d'une surface de 1 m2, épaisse de 1 mètre pendant 1 seconde, avec une différence de température de 1°C entre les parois. Dis plus simplement, c'est le rapport entre le flux thermique par unité de surface et le gradient de température.

A titre de comparaison, elle vaut 0.03 W/m.K pour la laine de verre réputée isolante contre 1.13 W/m.K pour le Pyrex et 203 W/m.K pour l'aluminium.

Ce transfert thermique se réalise sans déplacement de matière (à l'échelle macroscopique) contrairement à la convection. En effet, ce phénomène de conduction est dû à l'agitation brownienne des molécules.

La faible conductivité thermique du verre ordinaire présente deux principaux inconvénients :

- Le plus ennuyeux concerne sa réaction au choc thermique. Le verre ordinaire risque de se casser lors d'un changement brutal de température. Pour qu'il résiste au choc thermique, on peut soit agir sur sa cuisson (par exemple, le verre trempé) soit modifier sa composition chimique (verre borosilicate de type Pyrex ou vitrocéramique).

- Le second inconvénient est celui que nous venons de décrire concernant les couches hétérogènes pouvant apparaître en cours de refroidissement si une étape a été réalisée trop rapidement ou sans attention.

Propriétés chimiques

Dans certains environnements hostiles et au contact de certaines matières comme l'eau, les acides forts et même les acides gras (produits cosmétiques) ou sous l'effet de rayonnements corspusculaires (rayon X, radioactivité, etc), il est important de savoir si le matériau à base de verre est chimiquement stable ou se corrode.

Microphotographies de craquelures dans une surface de verre de silice (Corning 7980 polie par Zygo Corp.) provoquées par une attaque à l'acide HF (1% HF, 15% NH4F, pH5) pendant 12 minutes. L'image (a) est une photo optique, (b) et (c) ont été prises au microscope électronique à balayage et montrent que des craquelures de formes linaires et circulaires se sont étendues en dessous de la surface du verre. Document ROP/CNRS.

Si la plupart des processus d'altération du verre sont très lents à température ambiante, similaires à ceux des silicates naturels, nous savons que le verre ordinaire ne résiste pas à l’acide fluorhydrique. C'est d'ailleurs ce "défaut" qui est à la base de la gravure chimique sur verre. Vous ne serez donc pas étonné d'apprendre que l'acide HF se conserve dans des bouteilles en plastique.

En apparence anodine, l'eau présentant différentes acidités, elle constitue le principal agent altérant le verre. Son effet qui dépend du taux d'altération varie selon les concentrations et l'équilibre qui s'établit entre la solution et le verre. Le degré d'altération dépend de la composition chimique du verre, de la dimension de la surface développée, des propriétés chimiques de l'eau (composition, température, pH) et de la durée de l'action.

Comme on le voit dans le graphique présentés ci-dessous à droite, les verres en borosilicates sont beaucoup moins sensibles à l'érosion que les verres sodocalciques.

Ainsi selon Schott,dans une eau de pH 6 portée à 153°C, le verre ordinaire s'altère 10 fois plus vite qu'un borosilicate. Plongé pendant 10 heures dans une eau acide de pH 10 à 150°C, un verre ordinaire perd 450 mg/dm2 contre moins de 40 mg/dm2 pour un borosilicate.

Un verre à base d'oxyde de sodium (Na2O) est également 10 fois plus sensible à l'érosion par l'acide qu'un verre de silice (SiO2).

A gauche, réaction des verres borosilicatés (Duran, BoroFloat 33, Supremax 33) à l'attaque de différents acides en fonction de la concentration. Au centre, réaction des mêmes verres borosilicatés couverts de deux types de revêtements à l'attaque par l'acide chlorhydrique en fonction de la température. A droite, érosion de différents verres en fonction de l'acidité de l'eau et de la température. Documents JB Electronics/Schott et Metaglas/Schott adaptés par l'auteur.

Les verres lasers comme les hublots utilisés dans les installations mégajoule sont encore plus sensibles et se corrodent si l'hygrométrie est trop importante ou si la température fluctue trop rapidement, alors que la silice supporte sans problème une hygrométrie élevée et des variations de température.

Les verres lasers doivent impérativement être stockés dans une atmosphère présentant moins de 1% d'humidité et moins de 40% pour le monocristal KDP (verre utilisé pour la conversion de fréquence des lasers mégajoule). De plus la température ne doit pas varier de plus de 5 ou 10° par heure. C'est à ce point important pour ce type d'optique que les conteneurs disposent d'un témoin d'hygrométrie.

Concernant les rayonnements corpusculaires, Schott notamment propose divers types de verres offrant différentes dispersions et résistants à un environnement hautement radioactif. Il s'agit des verres BK7G18, LF5G19, LF5G15, K5G20, LAK9G15, F2G12 et SF6G05, les premiers de la liste étant les plus résistants.

Verres résistants aux rayonnements ionisants. Ci-dessus, verres Schott résistants à la radioactivité. Ci-dessous, verres plombeux Schott RD 50 et RD 30 résistants aux rayons X proposés par Spectraglass.

Comme le rayonnement UV, la radioactivité est hautement ionisante mais le verre peut-être stabilisé s'il est dopé au cérium. Cet additif change sa teinte de blanc à jaune pâle tout en déplaçant la fenêtre UV vers les plus longues longueurs d'ondes.

Ces verres sont proposés sous forme de blanks (disques bruts), de verre pressés, de barres et de produits optiques finis.

Prochain chapitre

Propriétés mécaniques

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