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Pour ou contre l'énergie nucléaire ?

Réponses aux arguments des pronucléaires (V)

Cela fait plus d'une génération que l'industrie nucléaire nous trompe sur la sécurité et les eujeux économiques associés à ce type d'énergie. Depuis que les lobbies ont décidé d'inonder les marchés belges et français avec de l'électricité d'origine nucléaire, cette industrie se sent obliger de rassurer la population face au flot de revendications antinucléaires mis en avant par les mouvements écologiques, dont les arguments sont tout à fait vérifiables contrairement aux propos fallacieux des pronucléaires.

Dans l'esprit du public, une centrale nucléaire reste une centrale nucléaire, qu'elle soit soviétique, belge ou américaine. Dès lors, l'accident survenu à Tchernobyl peut se produire dans n'importe quelle autre centrale, en France, en Angleterre ou ailleurs. S'ils n'ont pas entièrement raison, ils n'ont pas totalement tord non plus. Explications.

Tous les exploitants européens de centrales nucléaires et les experts sont d'avis pour reconnaître que nos centrales disposent de mesures de sécurité supérieures à celles des centrales de type Tchernobyl exploitant des réacteurs RBMK et protégées par une seule enceinte de confinement. Mais ce n'est pas pour autant que nos centrales occidentales sont à l'abri d'accidents et nous pouvons présenter aux exploitants les plus sceptiques une liste de centaines d'incidents et de nombreux accidents survenus ces dernières années. 

Ces mêmes exploitants préfèrent ignorer cette liste et même parfois passer sous silence les accidents qui se sont produits dans leur centrale ou dans leur laboratoire afin de préserver l'image de haute sécurité qui entoure leur profession et ne pas alarmer le public. Mais face à l'insouciance, au mépris et au manque de rigueur de ces acteurs, on ne peut qu'être méfiant quand on les entend dire que le nucléaire est sûr, propre et bon marché. En réalité les exploitants du secteur nucléaire ne nous disent pas toute la vérité et utilisent à proprement parlé de la propagande pour essayer de nous convaincre.

Pour s'attirer les faveurs du public, les acteurs du secteur nucléaire utilisent depuis plus d'une génération une recette toute simple fondée sur la dévalorisation des affaires qui leur font de la mauvaise publicité et mentent par omission. En prenant l'accident de Tchernobyl comme exemple emblématique, les pronucléaires avancent notamment 4 arguments :

- Justifier cet accident comme une suite d’erreurs humaines et non de problèmes techniques

- Détourner le sujet en changeant de sémantique : Tchernobyl n’est pas un accident nucléaire mais un "accident soviétique"

- Utiliser un jargon très technique, totalement incompréhensible par le grand public pour démontrer que ce métier nécessite un haut degré d'expertise et que nos centrales n’ont rien à voir techniquement avec les centrales russes

- Faire valoir notre savoir-faire en insistant sur le fait que les Russes sont tout de même moins soucieux que les Occidentaux des questions de sécurité, voire très en retard sur toutes les nouvelles technologies.

Et ça marche puisque la majorité des Belges et des Français sont en faveur du nucléaire !

Pour parvenir à un tel changement d'opinion, il n'y a qu'une méthode : le lavage de cerveau à renfort de messages publicitaires idéalistes et trompeurs, bref de la propagande payée par le secteur nucléaire. Quand le juge fréquente les parties on ne peut aboutir qu'à un avis partisan...

La meilleure preuve que les actions des pronucléaires vont à l'opposé du courant général, c'est que quelques semaines à peine après l’accident de Tchernobyl, en Pologne, en Yougoslavie, en Allemagne, en Autriche, en Italie… des milliers de personnes manifestaient contre le nucléaire et encore aujourd'hui, la majorité des Européens sont contre le nucléaire ainsi que nous le verrons page suivante. Or la plupart de ces pays sont peu nucléarisés et ont donc a priori aucune raison de s'opposer à ce type d'énergie. Ou plutôt si, tous ces Européens ont la meilleure raison du monde : eux-mêmes où leurs proches ont été contaminés par la radioactivité et en souffrent dans leurs chairs ou leurs enfants en sont décédés !

Toutes ces victimes du nucléaire sont mortes en temps de paix sous les actions des lobbies par la volonté de dirigeants démagogues avides de pouvoir et de "marquer leur époque". Ces centaines de milliers de familles ont de bonnes raisons de se révolter !

La vérité ou comment combattre la propagande des pronucléaires

Voyons quels sont les arguments que nous présentent les pronucléaires et quelles réponses peut-on leur opposer. Ne soyez pas étonnés que chacun de leur argument soit faux car cette industrie n'a aucun moyen de se justifier ainsi que nous allons le démontrer; par définition la propagande est tout sauf fondée sur une analyse impartiale de la question.

1. Nos centrales nucléaires sont à l'abri des erreurs humaines...

Faux ! En consultant la liste des accidents et des incidents nucléaires, on se rend compte que 75% des incidents sont dûs à des négligences et des erreurs humaines, parfois volontaires et qui conduisirent à la mort de la victime. Croire que "ça n'arrive qu'aux autres" comme le sous-entendent les exploitants serait bien naïf de leur part quand on sait quelle haute estime ils ont de leur profession. Comme dans tous les métiers et peut-être plus encore dans le nucléaire ou les systèmes automatiques de sécurité sont nombreux, l'erreur reste fondamentalement humaine.

Cette conclusion a récemment été confirmée le 3 mars 2006, lors d'un incident à la centrale française de Civeaux qui monta en puissance suite à une erreur humaine. L'Autorité de Sécurité Nucléaire (ASN) évoqua une fois de plus un "manque de rigueur" des opérateurs.

La situation serait encore pire avec les surgénérateurs développés en France notamment qui en cas de panne surchauffent au lieu de se refroidir et risquent de provoquer une réaction en chaîne pire que celle de Tchernobyl ! Notons que ce genre d'accident n'arriverait jamais si les Etats avait choisi la technologie des réacteurs à sels fondus. On y reviendra.

Altérations nucléaires. Documents T.Lombry.

2. L’accident de Tchernobyl ne peut pas se reproduire en Europe occidentale...

Faux ! Il ne faut pas dévaloriser les installations étrangères et penser que les centrales occidentales sont en-dessous de tout soupçon et ne risquent pas d'accident majeur. Il suffit de se rappeler l'accident de Three Mile Island de 1979 où on a frôlé la catastrophe. Une succession d’erreurs humaines et des défauts de conception ont entraîné la perte de l'eau de refroidissement du coeur du réacteur qui est entré en fusion. L’explosion fut heureusement évitée mais plusieurs dizaines de milliers de personnes ont été évacuées. Depuis deux réacteurs de la centrale ont été coupés.

Dans "Le Nouvel Observateur" du 29 septembre 2005, le physicien Georges Charpak, prix Nobel de physique en 1992 écrivait, "nous avons découvert avec stupéfaction que dans les cinq dernières années s’étaient développés des comportements qui conduisent inéluctablement à des accidents comparables à celui qui a ravagé Tchernobyl, tenus secrets et ne faisant donc pas l’objet de débats raisonnables visant à améliorer la sécurité d’un outil incontournable. Il nous semble utile de soumettre à la réflexion nos conclusions sur la stratégie à suivre pour sortir du bourbier dans lequel nous risquons d’être entraînés si le problème de la sécurité n’est pas pris à bras-le-corps par une organisation indépendante sous l’égide des Nations Unies. Une organisation qui devra être dotée de moyens de coercition. Méfions-nous par ailleurs des privatisations irresponsables : la sécurité nucléaire est incompatible avec l’obsession de produire le kilowatt-heure le moins cher possible". 

A choisir entre l'avis d'un ministre ou d'un exploitant et celui d'un physicien indépendant, chacun jugera quel est l'avis le plus impartial et la personne la plus compétente pour juger la sécurité de cet outil. L'opinion des autorités est donc contredite par un physicien qui n'a que son honnêté scientifique pour se justifier.

3. La double enceinte de confinement nous protège de tout risque majeur...

Faux ! Selon Brian Sheron, ancien directeur de la Nuclear Reactor Regulatory Research, "L’énergie de l’explosion de Tchernobyl a été de l’ordre de 320 GW par seconde, soit l’équivalent de 75t de TNT, c’est-à-dire 50 fois plus que le maximum qu’une enceinte de réacteur à eau pressurisé (PWR) serait capable de contenir". Il existe 38 réacteurs de ce type en France !

Concernant les attentats, selon les autorités civiles, la double coque de nos centrales nucléaires serait capable de résister à l'impact d'un avion de ligne. Selon les militaires, elle résisterait probablement à l'impact d'un avion des années 1970 tombant d'une faible altitude mais elle ne résisterait pas à la masse des plus gros porteurs modernes animés de leur impulsion maximale. Ce n'est pas la première fois non plus que la France juge ses bâtiments inattaquables ou insubmersibles...

Altérations nucléaires. Documents T.Lombry.

4. Nous maîtrisons parfaitement la technologie nucléaire...

Faux ! L'accident de Tchernobyl n’est malheureusement pas le seul accident nucléaire. Chaque année dans le monde nous assistons à au moins un incident de Niveau 3 ou supérieur aux Etats-Unis, au Japon, en Grande-Bretagne ou ailleurs dans les centrales nucléaires ou les laboratoires.

La France comme la Belgique n'échappent pas à cette règle et pas plus tard qu'en 2006, la Belgique a été victime d'un accident de Niveau 4 dans un laboratoire de stérilisation d'équipements médicaux. En 1999, au cours de la tempête qui sévit dans la nuit du 27 au 28 décembre, l’arrêt d’urgence du réacteur de la centrale nucléaire de Blaye en Gironde en France a été imposé après que tous les systèmes de sécurité aient été inondés suite à la rupture des digues de protection. Durant la canicule d'août 2003 (plus de 40°C à l'ombre), la centrale de Golfech est montée en température et dut être arrêtée d'urgence. L'enceinte de confinement n'a pas joué son rôle d'isolant.

Rien qu'en France, à la centrale nucléaire de 3e génération de Civaux (3.2 GWe), on recense plus de 150 incidents (connus) depuis sa mise en production en 1998 soit une moyenne de 21 incidents par an. Multiplier ce nombre par 440 réacteurs nucléaires installés à travers le monde et vous obtiendrez une moyenne de 9200 incidents mineurs chaque année ! La France détient 59 centrales nucléaires. Faites le calcul, cela représente en moyenne plus de 1200 incidents par an, plus de 3 incidents par jour ! Qui oserait encore dire que nous maîtrisons l'outil ?

5. Le nucléaire rend notre pays indépendant des importations d'énergie...

Faux ! Mis à part les quelques kilos d'uranium encore disponibles dans les rares gisements d'Europe, la France comme la Belgique doivent importer 100% de leur uranium, notamment d'Afrique du Sud, des Etats-Unis, du Canada, du Kazakhstan et de Russie. De plus le nucléaire ne participe qu'à la fabrication d'électricité. Il ne fournit aucun autre forme d'énergie.

Il faut aussi rappeler que le nucléaire couvre à peine 38% de nos besoins énergétiques ce qui relativise son importance par rapport aux autres énergies. Les exploitants ne nous disent pas non plus que l'énergie nucléaire ne nous a pas fait économiser une seule goutte de pétrole; nous en consommons toujours autant que nos voisins européens.

Enfin, en nous proposant de "passer au tout nucléaire", ce secteur nous pousse à un gaspillage inconsidéré d’énergie qui va tout à l'opposé des conceptions écologiques du développement durable que toutes les instances essayent de développer. Bref, utiliser le nucléaire tout azimut se fait au détriment de la maîtrise et de l’efficacité énergétique.

6. Le nucléaire est une énergie propre...

Faux ! Si l'énergie nucléaire permet effectivement de réduire nos émissions de caz carbonique de 2.4 milliards de tonnes chaque année et si les réfrigérants des centrales nucléaires ne libèrent que de la vapeur d'eau, quelques centaines de mètres plus loin, on manipule des substances hautement radioactives où les risques d'accidents ne sont jamais nuls.

L'énergie nucléaire est indissociable des risques de contamination radioactive et de ses trop fameux déchets nucléaires. On ne peut pas trouver une trace d'énergie propre dans cette exploitation.

Document Dirk Rabe/Pixabay.

Si nous prenons l'exemple du trop célèbre césium-137 libéré au cours des accidents de Tchernobyl et de Fukushima, ce radionucléide présente une demi-vie de 30.17 ans. En pratique, il faut 10 fois cette durée pour que ce radioisotope devienne 1000 fois moins radiotoxique. Les zones contaminées resteront donc dangereuses durant plus de 300 ans voire des millénaires par endroit ! Pour le plutonium-239 la période est de 24110 ans et se chiffre en centaines de millions d'années pour l'uranium-235 !

A ce jour et jusqu'à 2035 pour certains pays, aucun gouvernement n'a trouvé de solution propre et définitive pour nous débarrasser des déchets nucléaires de longue vie et de haute activité. Nos descendants devrons les gérer durant des milliers d'années avec tous les risques que cela entraîne. Nous leur offrons un beau cadeau empoisonné ! Nous verrons en dernière page que les majorité des Européens sont contre l'idée de reporter le problème sur les générations futures.

Par ailleurs, nous n'hésitons pas à nous débarrasser de nos déchets dans les pays étrangers, notamment en Russie où ils sont soi-disant recyclés. Or sur place, on constate qu'à peine 10% des déchets sont valorisés, le reste est abandonné à quelques centaines mètres des habitations.

Des régions comme Tomsk en Sibérie qui s'étendent sur 190 km2 sont couvertes de plus de 100000 tonnes de déchets d'uranium occidentaux expédiés par les exploitants européens parmi lesquels Engie ! A proximité des usines de retraitement, à Chernaya Rechka par exemple située le long du fleuve Tom, l'eau est tellement contaminée par des substances hautement radioactives que la baignade et la pêche sont interdites !

C'est la population russe qui aujourd'hui en subit les conséquences à notre place ! Ces pollutions environnementales contaminent quotidiennement et durablement l'air, les fleuves, les berges, les nappes phréatiques, les lacs, les océans et bien sûr tous les êtres vivants en commençant par les enfants et les femmes enceintes… L'Europe des Eurocrates en est responsable mais a préféré passer le problème sous silence. Désolés messieurs, dames, mais vous êtes responsables de cette situation. La Russie n'est pas la poubelle de l'Europe, pas plus que l'Afrique !

Voulez-vous un autre exemple plus proche de chez nous ? Selon un rapport demandé en 2001 par le Parlement européen, les usines de retraitement d’Areva à La Hague en France et de Sellafield en Angleterre rejettent l'équivalent d'un accident nucléaire à grande échelle chaque année.

Mis à part les exploitants du secteur nucléaire, qui oserait encore prétendre que cette source d'énergie est écologique et participe au développement durable ? Ce qui est sûr en revanche c'est que la propagande et la pollution radioactive ont assez duré !

7. Les déchets nucléaires se limitent à un dé à coudre au fond d'une piscine...

Faux ! Les porte-paroles du secteur nucléaire n'hésitent pas à nous montrer le gros dé à coudre que représente la totalité des déchets nucléaires produits par une personne belge ou française durant sa vie.

Dérisoire ? Non seulement ce dé mesure 120 cm3 et pèse 2.3 kg, mais il est hautement radioactif (plus d'un million de Becquerels par gramme) et doit être manipulé avec les plus grandes précautions. Notre porte-parole pronucléaire ment par omission car il a "oublié" de nous préciser qu'il fallait multiplier cette quantité par l'ensemble de la population européenne : 260 millions de fûts pour l'Europe des 25 en 2004. Rien que pour la France, en 2004 cela représentait 1851 m3 de déchets de longue vie et de haute activité ! Et cela ne représente que le volume de déchets d'un seul pays !

Il faut ajouter à ces milliers de tonnes de déchets hautement radiotoxiques tous les déchets non valorisables de l'industrie nucléaire. En théorie 96% des déchets radioactifs sont valorisables mais en pratique un très faible pourcentage est réutilisé. Fin 2004 la France entreposait plus d'un million de mètres cubes de déchets nucléaires ! Et c'est la même chose dans les grands pays industrialisés. Imaginez ce que cela représente : un cube certainement, mais rien que pour la France il mesure 1 km de côté ! Nous sommes loin de notre dé à coudre... Rien que la Belgique entrepose 21000 m3 de déchets de haute activité et cela ne représente que 0.2% du volume total des déchets nucléaires !

Rien que pour la France le site d'enfouissement enisagé par l'ANDRA s'étendra au minimum sur 15 km2. Nous sommes 15000 fois au-dessus de la taille d'une piscine olympique ! Malheureusement ces sites d'enfouissement sont des solutions provisoires et ils ne seront pas exploités avant 2010 ou 2035 selon les pays. En attendant, nos "dés à coudre" nous embarrassent sérieusement.

Altérations nucléaires. Documents T.Lombry.

8. Les conteneurs de déchets nucléaires sont inaltérables...

Faux ! Selon une étude publiée dans la revue "Nature" en 2020 par Gerald S. Frankel de l'Université de l'Etat d'Ohio et ses collègues, les conteneurs dans lesquels son stockés les déchets nucléaires pourraient se dégrader plus rapidement que prévu. En effet, ils subissent une corrosion accélérée notamment au contact d'un environnement aqueux qui altère leur chimie mais également entre matériaux qui interagissent les uns avec les autres. Selon le physicien Xiaolei Guo, coauteur de cette étude, "Dans certaines conditions, les matériaux en verre ou en céramique contenant les déchets nucléaires interagissent avec l'acier inoxydable des conteneurs et l'ensemble entre dans un cycle de corrosion sévère". Des expériences faites par les chercheurs ont même révélé des fissures sur le verre en contact avec l'acier. Le problème viendrait de l'affinité naturelle entre le fer et le silicium. Les chercheurs recommandent de trouver de nouvelles barrières pour assurer la sûreté du stockage des déchets nucléaires sous terre où l'eau finit toujours par s'infiltrer.

9. L'électricité d'origine nucléaire est bon marché...

Faux ! Nous verrons ci-dessous que nos ministres oublient de dire que l'électricité d'origine nucléaire est largement subventionnée par l'Europe.

Ce mensonge d'Etat n'est possible que si on oublie de comptabiliser le coût de la sécurité nucléaire (des installations, du transport, des plans d'urgence,  etc), du combustible, la gestion des déchets qui s'étalera sur des milliers d’années et les réserves pour financer le démantèlement des anciennes centrales. On est donc moins surpris de constater que si le secteur nucléaire était privatisé, on parle déjà d’une augmentation du coût de l’électricité.

10. Le nucléaire un secteur d'avenir de la recherche...

Faux ! Ainsi que nous l'avons dit, le secteur nucléaire est subventionné par l'Europe et les lobbies. Ce secteur s'accapare jusqu'à 90% des budgets de recherche, contre 1% à 2% seulement pour les énergies renouvelables alors que l'électricité d'origine nucléaire n'est pas la seule sur le marché. Dans ces conditions, sans réel support financier ni politique, comment voulez-vous innover dans un autre secteur ?

Enfin, d'ici 100 ans les réserves d'uranium seront épuisées et ce type d'énergie sera comme une tache indélébile dans l'histoire des hommes en quête du pouvoir de l'atome. Comme le disait Einstein, "Deux choses sont infinies : l'Univers et la bêtise humaine. Mais en ce qui concerne l'Univers, je n'en ai aucune certitude". 

11. Les arguments des écologistes anti-nucléaires ne sont pas fondés...

Faux ! Les pronucléaires voudraient faire passer les écologistes pour des idéalistes, des terroristes ou des révolutionnaires aux idées un peu simplistes et loin de la réalité. Mais c'est une rumeur, un cliché suranné et simpliste que les pronucléaires ont essayé de propager à défaut d'avoir des arguments valides à leur opposer.

Les écologistes comptent dans leurs rangs des experts dans toutes les disciplines scientifiques qui parlent d'égal à égal avec les plus hautes autorités civiles et militaires. On écoute leur discours et la plupart du temps, devant le tollé que provoque les affaires, leurs revendications sont finalement reconnues par les autorités qui prennent des mesures conforment à leurs suggestions pour s'assurer la sympathie de leur électorat.

En alerte permanente, l'oeil attentif aux actions de tous les acteurs de l'environnement, les écologistes ont un sens critique exacerbé et sont nos meilleurs garanties pour préserver notre planète de l'engouement économique de nombreux entrepreneurs et responsables peu scrupuleux qui considèrent que la planète leur appartient en exclusivité et qu'il peuvent la transformer en un dépotoir en libre service.

Le point de vue des écologistes s'étend au-delà de l'horizon limité à la législature de la plupart de nos dirigeants. Les actions des écologistes visent à protéger notre bien être à tous, tout en évitant que l'on saccage la nature pour la recherche d'une rentabilité immédiate, le plus grand mal de l'humanité, au détriment des générations futures.

Comme il est certain que les personnes les moins sensibles à leurs actions les prennent pour des dérangeurs ou des fous, ces associations n'ont pas d'autre alternative que d'agir avec éclat pour faire entendre leur voie, quite à passer pour des subversifs comme ce fut le cas en France.

Mais depuis que les "Verts" existent on peut dire qu'ils gagnent progressivement des voix et l'approbation du public puisqu'ils sont généralement représentés dans tous les gouvernements, y compris au Parlement européen. Le nucléaire reste un débat très sérieux où les écologistes tiennent un discours plus convaincant et rassurant que celui de la plupart des politiciens adeptent des dossiers secrets et de la langue de bois.

12. Les énergies alternatives sont peu rentables

Faux ! L'énerge éolienne par exemple est l'une des énergies renouvelables les plus naturelles, disponible partout et en permanence. Seul aléa, la force du vent varie en fonction du lieu et de la saison. Mais si ces paramètres sont optimisés - les turbines installées sur des plateaux venteux, des plaines sous le vent ou offshore - l'énergie éolienne offre une capacité énergétique équivalente aux centrales nucléaires sans présenter le moindre risque pour la santé.

Le parc éolien de Horns Rev 1 au Danemark produit 522 GWh d'électricité par an.

Aujourd'hui les pronucléaires disent que l’éolienne est plus chère que l'énergie nucléaire - en fait les tarifs sont presque égaux. Mais le lobby pronucléaire oublie de dire que le prix du kWh vendu au citoyen n’inclut pas les énormes subventions de l'Etat, aides et coûts d’intérêts comme c'est le cas en France, en Belgique et au Québec notamment. En fait dans tous les pays où le nucléaire est la source dominante d'énergie, sans l'aide de l'Etat, le nucléaire ne serait pas rentable et les prix flamberaient !

C'est tout le contraire avec l'énergie éolienne. Certes, le prix d'une éolienne ne représente qu'une partie de l'investissement car l'alimentation et le branchement peuvent s'avérer complexe et très onéreux.

Plus la technologie éolienne est simple plus l'investisssement est faible et plus le système est fiable et son rendement élevé, plus le retour sur investissement est important.

Ce sont les installations domestiques les plus petites (2-5 kW) qui sont les plus chères. A titre d'information, une éolienne domestique de 2 kW (produisant 5000 kWh par an soit la consommation d'électricité d'une maison) et de 9 mètres de hauteur revient à environ 18000 €, installation comprise. Mais l'Etat peut offrir des aides et réductions d'impôts s'élevant jusqu'à 75% du montant de la facture. A ce prix là, et même si la force du vent baisse de moitié, l'électricité devient très bon marché ! Mais à une époque où nos gouvernements ont du mal à boucler leur budget, il ne faut pas trop compter sur ces aides étatiques qui d'un jour à l'autre peuvent être annulées voire transformées en taxes additionnelles pour les (mal)heureux propriétaires d'éoliennes comme cela s'est déjà vu en Belgique avec les plaques solaires !

Proportion des énergies renouvelables dans la production mondiale en 2018. Document IEA/EDF.

A l'échelle nationale, dans la plupart des pays peu nucléarisés l'éolien a le vent en poupe, talonné par l'énergie solaire. Actuellement, le plus grand parc éolien est le parc offshore de Horns Rev 1 situé au large du port d'Esbjerg à l'ouest du Danemark. Il est constitué de 80 éoliennes générant chacune une puissance nominale de 2 MW soit un total de 160 MW. Horns Rev 1 produit 400 GWh d'électricité par an. En une heure une seule éolienne peut assurer la consommation d'électricité d'une maison pendant 1 an ! Un deuxième parc de 91 éoliennes fut construit en 2009 produisant 522 GWh par an.

Ensemble, les parcs de Horns Rev 1 et 2 comptent 171 éoliennes capables de générer une puissance de 369 MW d'électricité, soit 922 GWh par an, soit environ 50% de l'énergie produite par un seul réacteur d'une centrale nucléaire.

En 1995, dans le monde, l'énergie éolienne (terrestre et offshore combinées) offrait une capacité de 4.8 GW. En 2010, on atteignait une capacité supérieure à 59 GW et en 2018 on atteignait 324 GW soit 4.8% de la production mondiale d'électricité; l'évolution suit une courbe exponentielle.

Par comparaison, à l'échelle mondiale, 10.3% de l'électricité sont d'origine nucléaire (4% de plus qu'en 2011) et sont produits par 452 centrales nucléaires (2019) dans 31 pays. Selon l'IEA, la capacité mondiale de production d’électricité nucléaire atteignait plus de 399 GW en 2019. Vers 2030, elle devrait atteindre 497 GW contre 542 GW pour les énergies alternatives. L'IEA prévoit qu'environ 1100 milliard de dollars seront investis dans l'énergie nucléaire d'ici 2040.

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