Les
émulsions photographiques au banc d'essai
Quels
sont les meilleurs films pour l'astrophotographie ?
Cet
article dédié à la photographie argentique fut rédigé à la fin des
années 90' et mis à jour jusqu'en 2005. Il restait d'actualité à une
époque où les caméras CCD et les APN
entraient à pas feutrés dans l'univers de l'astrophotographie mais n'étaient
pas encore aussi performants qu'aujourd'hui.
Ce
document décrit des tests aujourd'hui obsolètes car la plupart des émulsions
citées ne sont plus fabriquées. Cet article est donc proposé en tant
qu'archive. A ce titre, le texte original n'a pas été modifié.
Décennie
après décennie de nouveaux films apparaissent sur le marché. Les uns remplacent
des produits anciens pourtant performants, les autres se créent une réputation
lorsqu'ils n'usurpent pas celle des émulsions qu'ils remplacent sans apporter
d'amélioration.
La
chimie des émulsions nous permet aujourd'hui d'utiliser des films standards
dans des conditions d'éclairement qui imposaient encore dans les années '70 une
hypersensibilisation pour faire échec à l'effet Schwarzschild.
De moins en
moins de clichés sont donc réalisés avec des films couleurs hypersensibilisés au gaz H/N dont l'efficacité quantique et la finesse des
grains s'améliorent tous les jours.
Jusqu'en 2004, ce kit H/N gardait toute son utilité
pour hypersensibiliser le film Kodak TP2415 noir et blanc réputé pour la
finesse de son grain, mais qui n'est plus commercialisé.
Voyons
quels sont les films recommandés par les amateurs ayant testé la plupart
des émulsions négatives et inversibles.
Robert
Reeves a testé en laboratoire la plupart des films
du marché et a comparé leurs sensibilités spectrales, leur réponse aux
faibles lumières ainsi qu'à l'effet Schwarzschild et propose le classement
suivant :
Test
de 12 films Ilford et Kodak noir et blanc non hypersensibilisés :
-
1er
: Ilford HP5 Plus, 400 ISO, excellente sensibilité au rouge (660 nm) et au bleu
(470 nm) et un échec modéré à la Loi de réciprocité
-
2e
: Kodak T-400, 400 ISO, courbe spectrale similaire à l'Ilford mais contraste
général inférieur.
-
3e
: Kodak T-MAX 400, 400 ISO, se rapproche de l'Ilford mais réagit un peu plus
lentement aux faibles lumières
Test
de 19 films négatifs couleurs Fuji et Kodak non hypersensibilisés :
-
1er
: Fuji Superia X-TRA 800, 800 ISO, (ancien Super G 800 Plus), excellente
sensibilité au rouge et très faible effet Schwarzschild
-
2e
: Kodak Ektapress PJ-400 (ancien PJM-2 ou PJM 640), 400 ISO, dominante tirant
sur le jaune
-
3e
: Kodak MPZ, 1000 ISO, n'atteint que 75 % de sa sensibilité au bout de 2 minutes
d'exposition.
NB.
Le Kodak Pro 400 (PPF-2) de 400 ISO était placé 3e
dans ce test mais ce film n'est plus commercialisé.
Test
de 14 films inversibles couleurs Fuji et Kodak non hypersensibilisés :
-
1er
: Kodak Elite Chrome 200, 200 ISO, meilleur contraste, kit de
développement disponible (E-6), meilleure réciprocité dès la 8-10e
minute
-
2e
: Kodak Elite Chrome 400, 400 ISO, n'atteint que 66% de sa sensibilité au bout
de 2 minutes d'exposition.
-
3e
: Fuji Sensia II 400, 400 ISO, dominante tirant légèrement vers le vert
NB.
Le fameux Fuji Velvia 50 de 50 ISO de faible sensibilité n'est pas
recommandé pour les faibles lumières suite à une forte dominante jaune
alors que
tous les autres films inversibles, mêmes s'ils présentent de légères
dominantes jaune ou verte sont "acceptables".
Jerry
Lodriguss a testé sur les objets du ciel profond 9
films couleurs ainsi que le Kodak TP2415, dont certains hypersensibilisés au
gaz H/N. Il a effectué les mêmes comparaisons que Robert Reeves sur base d'une
exposition de 5 minutes et propose le classement suivant :
-
1er
: Kodak Ektapress PJ-400 normal, présente une excellente réponse au rouge
(et au bleu) même exposé durant 45 min. à f/8, sans pour autant présenter
de latitude particulière lors de sur et sous-exposition (pas meilleure qu'un
autre film négatif couleur)
-
2e
: Fuji Superia X-TRA 800, 800 ISO, (ancien Super G 800 Plus) normal, convient pour
les objets bleutés, grain fin et image très nette
-
3e
: Kodak Ektachrome E200 normal, grain fin et bonne stabilité des couleurs
avant exposition, film professionnel.
Jerry
Lodriguss donne aussi une très bonne cote au Kodak Pro 400 (PPF-2)
hypersensibilisé mais il n'est plus commercialisé.
En
noir et blanc le film TP2415 hypersensibilisé restait jusqu'il y a peu le maître-choix. Le voile
atteignait une densité de 0.4 et il présentait un excellent contraste.
Malheureusement, comme nous l'avons dit le TP2415 n'est plus
commercialisé non plus... Kodak suggère l'utilisation du T-MAX 100.
Rappelons
qu'en général l'intensité du fond du ciel d'un film inversible couleur est deux
fois plus importante (1.0) que celle d'un négatif couleur (0.5).
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NGC
7635 photographiée au foyer d'un télescope Ritchey-Chrétien de 810 mm f/7.2 équipé d'un boîtier
Nikon F4 avec loupe de mise au point. A gauche, enregistrée
sur Fuji Provia 400 en 140 minutes de pose. A droite,
enregistré sur Kodak Ektachrome E200 Pro en 75 minutes de
pose. Documents Jim
Misti. |
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Don
Westergren a testé 22 films couleurs négatifs hypersensibilisés et
conclut :
-
1er
: Kodak
Royal Gold 200, 200 ISO,
hypersensibilisé 36h à 30°C, bon à excellent, rouge et vert plus
prononcés que le Kodak PPF-400
-
2e
: Kodak
Ektrapress PJ-400, 400 ISO,
hypersensibilisé 12h à 30°C, bon, surtout lorsque le film a été
hypersensibilisé depuis un certain temps (4 à 22 mois). Il présente un
meilleur rendu qu'un film fraîchement hypersensibilisé
-
3e
: Kodak
Pro 400 (PPF), 400 ISO, excellent pour un
film non hypersensibilisé, l'hypersensibilisation améliore peu ses
performances (mais ce film n'est plus commercialisé).
Enfin,
Jim Misti a testé deux films
inversibles sur le ciel profond en les poussant au double de leur
sensibilité :
-
1er
: Fuji Provia 400, 400 ISO +2
-
2e
: Kodak Ektachrome E200, 200 ISO+2.
Pour
des expositions supérieures à 17 minutes, le Fuji Provia 400 présente
des couleurs très uniformes et donne un meilleur rendu que le film de
Kodak E200 qui perd progressivement sa sensibilité au bleu.
Il
concède toutefois que le Kodak E200 donne de meilleurs résultats sur
tous les objets à dominante rouge telles que les nébuleuses d'émission,
tandis que le Fuji Provia 400 convient mieux aux objets à dominante
bleue, comme les nébuleuses de réflexion. Le Fuji enregistre également
plus de faibles détails dans les galaxies bien que le Kodak E200
enregistre mieux les régions brillantes extérieures rendant l'image
généralement plus esthétique.
Sur
les amas d'étoiles, les deux films sont équivalents bien que sur le
Kodak E200 toutes les étoiles très pâles virent au rouge, ce qui est
probalement le signe d'un échec à la Loi de réciprocité.
En
guise de conclusion
En
conclusion, la nouvelle génération de films couleurs de Kodak présente une
excellente réponse au bleu et au rouge et devrait supporter une exposition de
4 heures à f/8 (20 min à f/2.8). Un conflit d'opinion subsiste toutefois
concernant les performances du Fuji Superia X-TRA 800 (non hypersensibilisé) que
certains continuent à considérer comme un Super G 800 Plus porté par sa
réputation. Mais la nouvelle émulsion présente à mon avis une bien meilleure
réponse au rouge et mérite une place de choix dans notre classement.
Il
est heureux de constater que deux auteurs indépendants, l'un effectuant des
mesures en laboratoire, le second un test concret sur le ciel, s'accordent pour
considérer que les meilleurs films couleurs en négatifs pour le ciel profond sont
le Kodak Ektapress PJ-400 (arrêté en 2003) et le Fuji Superia
X-TRA 800.
En
inversible et pour des sensibilités élevées on choisira de préférence le Kodak
Elite Chrome 200 ou l'Ektachrome E200. Dans les autres conditions de lumière,
il ne faut toutefois pas oublier l'excellente réponse chromatique et le grain très fin du
Fuji Velvia 50. Notons qu'il a été remplacé par le Fuji
Velvia 100 offrant un grain encore plus fin (RMS de 8 contre 9 pour le
50 ISO).
En noir et blanc, à défaut
de Kodak TP2415, il nous reste l'Ilford
HP5 Plus de 400 ISO et le Kodak T-MAX 400 non hypersensibilisés.
Afin
de respecter les droits d'auteurs et pour éviter toute redondance d'information,
consulter les sites webs des auteurs pour les détails et les
photographies comparatives.
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(arrêtée).
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