La pollution lumineuse
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La
ville de Sucre en Bolivie plongée dans les lumières
artificielles photographiée en 2001 par Guinepain. |
L'usage des filtres anti-pollution lumineuse (II)
Avant
de commencer, rappelons que plusieurs anciennes entreprises américaines qui proposaient aux
amateurs tout un éventail d'instruments et d'accessoires très utiles ont
cessé leurs activités dont Scopetronix
en 2006, Lumicon
en 2016, JMI (Jim's Mobile) en
2017, Astrodon
in 2018, Meade en 2019 et Orion
Telescopes & Binoculars en 2024. Malgré cette hécatombe,
rassurez-vous leur marché a été récupéré par d'autres fabricants et
revendeurs y compris en Europe qui proposent aujourd'hui des articles
similaires. Dans cet article, les références de leurs produits ont été
conservées pour mémoire (et pour le marché d'occasion en particulier).
Dans
les régions urbaines et de banlieue, l'éclairage public est omniprésent et
nuit à l'observation du ciel. De plus, parfois l'arrière-plan du fond du ciel
est affecté par la présence de brume, d'humidité, de poussière
présentes dans l'air, de la pleine Lune ou simplement parce que les objets se
situent dans une zone brillante du ciel, en plein milieu de la Voie
Lactée par exemple. Tous ces paramètres réduisent le contraste entre le
sujet et le fond du ciel et ne facilitent en rien son observation.
Dans
quelles conditions faut-il utiliser un filtre LPR ?
Dès
qu'on souhaite photographier le ciel nocturne en présence de pollution
lumineuse même faible, après la sélection du site d'observation, la
première question qui vient à l'esprit est de savoir s'il faut ou non
utiliser un filtre anti-pollution lumineuse, dit filtre LPR (Light
Pollution Rejection). Vu le prix parfois élevé de l'accessoire (voir
plus bas), c'est une question qui mérite un peu d'attention.
Avant
d'investir dans un filtre LPR, il faut connaître le niveau de pollution
lumineuse de votre site d'observation (voir page précédente) et évaluer si
sa présence vous dérange et affecte votre activité soit d'observation à l'oculaire
d'un instrument d'astronomie soit d'astrophotographie, le niveau d'exigence des
deux activités étant différent.
En
présence de pollution lumineuse modérée à forte - ≥ 5/9
sur l'échelle de
Bortle décrite précédemment -, vous n'avez que deux choix possibles :
vous déplacer vers un endroit plus sombre et moins pollué par la lumière
ou vous achetez un filtre LPR.
Dans
ces endroits, la pollution lumineuse est déjà assez importante et
gênante pour masquer les objets les plus pâles du ciel comme les
étoiles de magnitude 5.5 et plus faibles, la Voie Lactée, la lumière
zodiacale, la plupart des comètes, certains satellites artificiels et
les objets les plus brillants du ciel profond comme certaines galaxies,
nébulosités et amas globulaires (M31, M33, M42, M13, etc).
A
télécharger : Spectre
de l'éclairage public (.xls)
Spectre
des sources lumineuses |
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|
Lampe au sodium basse pression |
Lampe au sodium haute pression |
Lampe aux vapeurs de mercure |
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|
Lampe à incandescence
(2620 K) |
LED
blanche chaude (3000 K) |
LED
blanche froide (4000 K) |
|
|
|
Lampe Fluocompacte
(6000 K) |
Coucher
du Soleil (3614 K) |
Lumière
du jour à midi (5561 K) |
|
Documents
T.Lombry
En
revanche, dans les zones rurales où le niveau de pollution lumineuse ne dépasse
pas 4/9 sur l'échelle de Bortle et où la Voie Lactée est visible mais sans
structure évidente, en général vous n'avez pas besoin de filtre LPR
car soit son effet reste visuellement faible ou ne gâche en rien l'astrophotographie soit
un simple traitement d'image permet éventuellement de la supprimer. Ceci
dit le filtre LPR peut être un plus si certains secteurs du ciel situés
assez bas sur l'horizon sont plus lumineux.
Quant
aux campagnes reculées, les sites désertiques ou d'altitude particulièrement
épargnés de tout éclairage où la pollution lumineuse tombe en dessous
de 3/9 voire sous 2/9 sur l'échelle de Bortle (les zones bleues foncées
et noires sur les
cartes de pollution lumineuse), le ciel est tellement sombre et brillant
d'étoiles que l'idée ne vous vient même pas d'utiliser un filtre LPR.
Enfin,
pour l'observation visuelle du ciel nocturne à l'oeil nu dans les zones
rurales (≤ 4/9 sur l'échelle de Bortle), l'usage d'un filtre LPR
est inutile même si en théorie il peut augmenter le
contraste des astres sur le fond du ciel. Mais entre la théorie et la
perception physiologique de cette légère augmentationn du contraste,
il y a matière à débat car cette sensation visuelle est très
subtile et dépend des facultés visuelles de l'observateur (sa
capacité à apprécier de petites différences de luminosité) ainsi
que de son âge et des conditions d'observations (des facteurs qu'on
trouve dans le calcul de l'équation
personnelle).-
Principales
raies d'émission des
nébuleuses
dans
le spectre visible
|
Principales
raies d'émission
de
l'éclairage artificiel (hors
LED)
|
Hydrogène
alpha |
656.3
nm (R) |
Mercure
HP |
404.7,
435.8 nm
546.1,
578.2 nm |
Hydrogène
bêta |
486.1
nm (B) |
Mercure
BP |
184,
254 nm (UVC) |
Oxygène
III
"Nébulium" |
495.9
nm (V)
500.7
nm (V) |
Sodium
BP
(LPS) |
589.0
nm (D2) 589.6 nm
(D1) |
Soufre
II |
671.6
nm (R)
673.1
nm (R) |
Sodium
HP
(HPS) |
671
nm
819 nm |
Azote
II |
654.8
nm (R)
658.4
nm (R) |
Sodium
HP (HPS,
HID) |
faibles
: 405, 474, 536, 547, 569, 578, 590, 591, 593, 671 nm,
... |
|
L'intérêt
d'utiliser ou non un filtre LPR dépend de chacun et des conditions
d'observation, en particulier du degré de pollution
"tolérable", du sujet concerné et du système optique
éventuellement utilisé. En effet, comme les aurores polaires ou
les lueurs nocturnes, la pollution lumineuse est moins
visible et moins colorée à l'oeil nu que sur les photographies en
raison de la haute sensibilité des photocapteurs des APN sur un
large spectre. Les attentes d'un astrophotographe averti en matière
de qualité du ciel sont aussi très différentes d'un observateur ou
d'un photographe lambda occasionnel.
Ceci
dit, même l'astrophotographe exigeant peut être tolérant envers
la pollution lumineuse en fonction du sujet qu'il photographie.
Si son thème de prédilection sont les paysages et les
photographies panoramiques de la Voie Lactée se profilant au-dessus
de l'horizon, le halo formé par la pollution lumineuse remontant
des villes et des routes proches risque d'être visible sur ses
photos nocturnes prises au grand-angle. S'il juge que cela nuit à
la qualité de ses photos - mais c'est très subjectif si on en juge
par les commentaires sur les forums et les photos primées - dans ce
cas l'usage d'un filtre LPR est conseillé.
Mais disons-le clairement, pour des
photos générales du ciel où l'horizon est visible, même sur les
hauteurs d'une banlieue ou d'une ville (on exclut les capitales et
autres mégapoles vraiment trop lumineuses), la majorité des
astrophotographes n'utilise pas de filtre LPR et fixe la balance de
couleur de leur APN soit en mode automatique (AWB) ou manuellement
entre 4500 et 5500 K, la première température ajoutant un peu plus
de chaleur à la scène.
A
consulter : Astronomical
Filters Spectral Transmission, C.Buil
Réponse
spectrale des filtres LPR communs |
Effet
d'un filtre LPR sur une lampe au sodium HP. On comprend pourquoi
certains astrophotographes ne sont pas effrayés par la pollution
lumineuse. Document IDA.
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|
LPR Broadband (large bande) |
LPR
Narrowband (bande étroite) |
|
|
O-III |
H-beta |
|
En
revanche, plus d'un astrophotographe utilisent un APN modifié
sensible jusqu'à 700 nm (cf. les APN
convertis 4'Astro par Richard Galli de EOS for Astro) afin
d'enregistrer les nébuleuses émettant en hydrogène alpha. Pour
ceux qui photographient des paysages, la combinaison de lumière
artificielle et de ciel étoilé est même une façon
de créer une photo artistique où l'activité frénétique de la vie
urbaine contraste ou se combine selon le point de vue avec
la sérénité et le calme de la nature. C'est un sujet devenu à la
mode depuis que les photocapteurs des APN sont devenus suffisamment
performants pour photographier le ciel nocturne (c'est également le
cas des smartphones de dernière génération bien que généralement
les images du ciel manquent de saturation).
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Courbes
de transmission des filtres LPR Optolong L-Pro et
Astronomik CLS testés en laboratoire par Nico Carver
aka Nebula
Photos au moyen d'une lampe à Quartz
Tungsten-Halogène QTH10
de ThorLabs reliée à un spectromètre Thunderoptics
et analysés par le logiciel Theremino
v2.3. Les courbes théoriques transmises par le
fabricant sont en jaune, les courbes pleines arc-en-ciel
sont les résultats des tests en laboratoire. Les deux
filtres bloquent les raies d'émission de l'éclairage
artificiel au mercure et au sodium. Bien que le filtre
CLS d'Astronomik présente une transmission plus
régulière avec des pentes plus abruptes, l'Optolong
L-Pro est un peu plus lumineux avec des couleurs plus
naturelles car il slalome également entre les raies
d'émission étroites entre 530 et 620 nm que la plupart
des autres filtres bloquent. Il bloque aussi tout
rayonnement au-delà de 700 nm, réduisant les halos
rosés indésirables autour des étoiles brillantes. |
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|
Courbes
de transmission théorique (fournies par les fabricants)
de quelques filtres anti-pollution
lumineuse (LPR) à large bande. Le filtre CLS
d'Astronomik est adapté à l'observation visible mais
en photo son spectre étendu dans l'infrarouge crée des
auréoles disgracieuses autour des étoiles brillantes.
Par conséquent le filtre CLS-CCD est plus utile sur les
APN modifiés pour l'astro (jusqu'à la raie H-alpha). |
|
En
revanche, si l'astrophotographe préfère photographier le ciel
profond au moyen d'une longue focale, en général la pollution lumineuse
s'estompe à plus haute élévation et peut être invisible au téléobjectif
ou sur les photos prises au foyer d'une lunette ou d'un télescope. De
plus dans la majorité des cas, cet amateur est habile en traitement
d'image et peut les corriger si nécessaire. Dans ce cas, l'usage d'un
filtre LPR ne se justifie pas, et cet amateur a épargné entre ~50 et
~250 € voire le double selon le type de filtre.
Les
filtres LPR visuels et photographiques
Comme
les filtres colorés, certains filtres LPR sont plus adaptés aux observations
visuelles et d'autres, plus sombres, avec des bandes passantes plus étroites,
à la photographie (aux APN reflex, aux hybrides et aux caméras CCD).
Pour
l'observation visuelle des nébuleuses pâles, vous pouvez utiliser un filtre
Hβ. Le filtre Hα à bande large est utile pour les nébuleuses en émission
et le filtre DeepSky (O III, S II, etc.) ou Minus-Violet pour observer toutes les
nébuleuses de réflexion. Notons que les filtre DeepSky de Lumicon et le Skyglow
d'Orion Telescopes & Binoculars conservent une transmission dans la partie
rouge du spectre. Vous trouverez quelques données techniques supplémentaires
sur ces filtres et d'autres dans l'article rédigé
en anglais passant en revue quelques excellents filtres LPR.
A
lire : Formats
et types de filtres, Pierre Astro
Deep
Sky filters, Ultrablock vs. UHC
Useful
filters for viewing deep-sky objects,
D.Kniseley
Pour
l'astrophotographie, que vous souhaitiez créer une image LRGB ou une simple
image N/B ou couleur, vous pouvez tirer parti de certains filtres à bande étroite
comme ceux dédiés aux nébuleuses en émission.
Dans
les endroits où l'éclairage public consiste encore en lampes à
haute ou basse pression au mercure (vert) ou au sodium (orange),
ainsi que nous l'expliquerons dans l'article comparant les filtres Ultrablock
et UHC (en anglais), les meilleurs filtres LPR sont le Lumicon
UHC (demi-bande passante de 25 nm) et l'Ultrablock d'Orion
Telescopes & Binoculars qui sont des filtres LPR dit "Nebula" à bande étroite.
Parmi
la nouvelle génération de filtres LPR (~2015), les filtres Optolong
série L Duo et Triband offrent une demi-bande passante de seulement
7 nm dans 2 ou 3 raies spectrales : le filtre L-eXtreme pour les
raies Hα et O III et le filtre L-eNhance pour les raies Hβ,
Hα et O III.
|
Quelques filtres sélectifs y compris
LPR, CLS, bloquants et neutres proposés par l'entreprise chinoise Optolong.
Fondée en 1999, elle ne fut vraiment connue des astronomes
amateurs que depuis sa campagne marketing en 2015. |
Mais
en banlieue modérément polluée par la lumière et notamment pour la photographie de
vaste champs stellaires dont la Voie Lactée, ces types de filtres (Optolong
Serie-L et autre UHC) sont trop sélectifs (voir les courbes
d'Astronomik). Dans ce cas, et surtout pour les APN modifiés pour l'astrophotographie,
il est préférable d'utiliser le filtre CLS-CCD d'Astronomik qui filtre moins
la lumière et ne modifie pas la balance des blancs (il affiche une transmission
de 95% dans les raies Hβ et O III et 97% en Hα).
Notons
qu'un filtre à bande large comme le CLS diminue voire bloque non seulement les raies
d'émission de l'éclairage public au sodium et au mercure mais également
celles des lueurs nocturnes
vertes et rouges. Toutefois ce filtre présente une perte de transmission et des
distorsions chromatiques sur les optiques les plus lumineuses (<
f/3), raison pour laquelle on conseille d'utiliser le CLS sur des
optiques ouvertes entre f/3 et f/15 même s'il donne encore
d'excellents résultats sur les optiques ouvertes entre f/1.4 et f/2.
De plus, étant donné que certains amateurs utilisent des sensibilités
très élevées (3000-6400 ISO) pour réaliser des panoramas à basse
résolution de la Voie Lactée, ces (légères) aberrations
optiques sont noyées dans la faible résolution, dans le bruit
électronique ou dans les défauts de guidage.
Mais
à l'heure où la plupart des villes et villages remplacent leur éclairage
urbain par des LED, les anciens filtres LPR "classiques" à bande large (DeepSky de
Lumicon, SkyGlow d'Orion Telescopes & Binoculars, ... ) ou ceux à
bande étroite (UHC de Lumicon, Ultrablock d'Orion Telescopes &
Binoculars, ...) sont presque obsolètes en raison du spectre d'émission
continu et étendu des LED. En théorie, ils sont justes encore un peu
utiles pour augmenter le contraste des objets du ciel profond. Mais
il y a un écart entre la théorie et l'impression visuelle physiologique.
En présence d'une faible pollution lumineuse, cette petite amélioration
du contraste sera peu sensible et surtout subjective car elle dépend
de l'âge de l'observateur et des conditions d'observation (des facteurs
qu'on retrouve dans le calcul de l'équation
personnelle). Dans ces conditions, un filtre multi-bande est plus utile
comme le filtre Astro
Nightscape ou Astro
Multispectra.
Dans
cette même catégorie, le filtre Optolong L-Pro
disponible en différents formats est très apprécié des astrophotographes car
il "slalome" entre les raies d'émission pour éviter la pollution lumineuse
mais il peut affecter la balance des blancs (d'où l'intérêt d'enregistrer
vos photos au format RAW afin
d'avoir le maximum de souplesse lors du traitement d'image).
Concernant
le type et la taille des filtres LPR, ils sont disponibles en version Clip
à placer dans l'ouverture de la chambre noire de l'APN (pour Canon,
Pentax et certains APN Sony et Nikon), filtre oculaire standard (31.75 ou
50 mm), filtre externe à visser en divers diamètres de 28.5 à 77 mm ou
encore en format carré de 50 ou 65 mm de côté et sans cadre (chez Astro-Shop
ou Unterlinden).
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|
|
Astronomik
UHC |
Astronomik
UHC-E |
Astronomik
CLS-CCD |
|
|
|
Optolong
L-Pro M77 |
Astro
Mutlispectra |
Astronomik
UHC 50 mm |
|
Documents
Astro-Shop et Optique
Unterlinden.
Mais
on n'a pas toujours le choix du format du filtre LPR. Un fabricant
peut par exemple proposer un filtre CLS-CCD sous forme à clipser pour
tous les modèles d'APN reflex Canon, mais seulement pour quelques modèles
de Nikon et encore moins de modèles d'APN Pentax et Sony. L'intéressé
devra donc se reporter sur un filtre externe à visser sur l'objectif
qu'il payera très cher dans les grands diamètres, à condition qu'il
existe. C'est une raison de plus qui explique pourquoi la plupart des
astrophotographes amateurs utilisent un APN Canon, la marque supportant
le plus vaste choix de filtres à clipser (qui viennent compléter les filtres
externes) proposés à des prix parfois inférieurs aux modèles des marques concurrentes.
Même les conversions H-alpha et infrarouge sont moins chères pour les
Canon.
Mais
malgré ces filtres LPR de nouvelle génération multi-bande, les LED ont
encore le dernier mot; il restera toujours une pollution lumineuse
résiduelle non filtrée que seul un éventuel traitement d'image pourra
neutraliser.
Mis
à part Astrodon, Lumicon et Orion Telescopes & Binoculars qui ont cessé leurs
activités, les entreprises Astronomik, Baader Planetarium,
Optolong et Thousand Oaks Optical
proposent un large éventail de filtres LPR visuels et photographiques
(APN et CCD) qu'on retrouve chez leurs représentants européens.
Parmi
les revendeurs européens de filtres LPR, citons APM
Telescopes, Astro-Shop,
La Maison de l'Astronomie,
Médas Instruments, Optique
Unterlinden, Pierro
Astro et Teleskop Express.
Concernant
les prix, étant donné leur courbe de réponse très particulière et les procédés de fabrication
qui font parfois appel à des revêtements diélectriques, les filtres LPR sont assez
onéreux mais il varie fortement selon le fabricant, le modèle, ses
dimensions et parfois d'une année à l'autre.
Généralement
le filtre à clipser est moins cher que son équivalent à visser sur
l'objectif, le prix pouvant doubler pour les grands diamètres (par ex. 67
ou 77 mm) et pour certaines montures d'APN (par exemple Pentax K).
En
2024, un filtre LPR circulaire à visser revenait entre ~52 € (Æ
31.75 mm ou 1.25" pour oculaire) et ~530 € (Æ
77 mm pour l'objectif d'un APN) et un modèle à clipser (clip filter)
revenait entre ~110 et 249 € selon le fabricant et le modèle d'APN.
Pour
information, depuis 2018 le prix du filtre UHC à clipser sur un Canon EOS
est passé à 219 € contre 159 € en 2015 !
Si
quelques modèles de filtres d'entrée gamme restent à des prix raisonnables
(mais il s'agit de produits chinois), certains filtres très appréciés ont vu
leur prix exploser, la loi du marché l'emportant sur le budget des
amateurs.
Y
a-t-il un effet du diamètre et du grossissement sur la pollution lumineuse ?
Etant
donné qu'un instrument d'astronomie est conçu pour capter la lumière, pollution
lumineuse comprise, on a tendance à croire que le diamètre de l'instrument
influence l'effet de la pollution lumineuse. Mais c'est un leurre et une rumeur !
En effet, c'est un faux débat probablement entretenu par la mauvaise interprétation
d'études scientifiques.
Dans des conditions identiques, quelle que soit
l'ouverture d'un instrument d'optique, si la pupille de sortie (le diamètre
du cône lumineux sortant de l'oculaire) est identique, la quantité
de lumière sera équivalente. Cela veut dire que contrairement à ce
qu'on pourrait penser, dans ces conditions le petit télescope donnera
un fond de ciel aussi brillant que celui observé à travers un grand télescope.
En
d'autres termes, si la pupille de sortie reste constante, ce n'est
pas l'augmentation du diamètre de l'instrument qui augmentera la
brillance de la surface des objets étendus (nébuleuses, galaxies
ou comètes) et accentuera leur contraste mais le grossissement
comme indiqué dans le tableau ci-dessous (simulation effectuée
avec le fichier EP.xls).
Instrument |
Focale
de
l'oculaire |
Diamètre
de la
pupille de sortie |
Grossissement |
100
mm f/10 |
40
mm |
4.0
mm |
25
x |
200
mm f/10 |
40
mm |
4.0
mm |
50
x |
200
mm f/10 |
80
mm |
8.0
mm |
25
x |
L'explication est la suivante. L'augmentation de lumière croît
comme le carré du diamètre (un télescope de 200 mm d'ouverture
recueille 4 fois plus de lumière qu'un instrument de 100 mm) et la
brillance de surface d'un objet étendu varie en fonction de l'inverse du
carré du grossissement et est directement proportionnelle à la
quantité de lumière reçue. Ainsi, en utilisant un instrument de plus
grand diamètre, le fait d'augmenter le grossissement permet de maintenir
la pupille de sortie constante tout en disposant d'un collecteur de
lumière plus important. C'est pourquoi les objets étendus
paraîtront plus brillants quelles que soient les conditions
atmosphériques. Le fait qu'il y ait ou non de la pollution n'y
change rien. L'augmentation de contraste apparaîtra surtout dans
l'observation des amas d'étoiles et dans une moindre mesure sur les
surfaces planétaires.
Ce
sont les lunettes astronomiques qui présentent le contraste le plus élevé
malgré leur diamètre inférieur, du fait qu'elle sont libres de toute
obstruction (un télescope Schmidt-Cassegrain tel
le Celestron Nexstar 5 présente une
obstruction pouvant atteindre 40% du diamètre). On y reviendra en
détails à propos de la qualité des
optiques.
Enfin,
certains observateurs évoquent la sensibilité des cellules de la rétine et
de l'interprétation du cerveau pour expliquer ces différences de contraste
en fonction du grossissement (les cellules recevant plus ou moins de lumière).
Ici aussi la logique est plus forte que les pseudo-arguments des amateurs. Par
définition, le champ d'un oculaire étant fixe, quel que soit le grossissement
utilisé la taille de l'image du fond du ciel demeure inchangée.
C'est pourquoi on dit que le grossissement est directement
proportionnel à l'ouverture de l'instrument, la pupille de sortie
demeurant constante (voir le tableau). Dans ces conditions on peut
donc en déduire que le fond du ciel présentera une intensité
constante parce que la lumière sera répartie également sur les
cellules de la rétine. C'est en revanche la distribution des cônes
et des bâtonnets sur la rétine qui modifiera l'aspect des objets
en fonction de leur chromaticité,
ceci étant principalement valable pour des objets ponctuels.
|
|
A
gauche, le site d'observation choisi par le talentueux Robert
Gendler. A l'avant-plan son télescope Ritchey-Chrétien Cassegrain de 317 mm f/9
construit par Optical Guidance Systems. A droite, le ciel d'Orion photographié par
Matt Aust sans et avec filtre CLS
d'Astronomik fixé dans un APN Canon EOS 6D muni d'un objectif Sigma ART 24-35 mm à 24 mm f/2.8,
exposition de 153 s à 800 ISO + 212 s pour l'avant-plan). |
|
En
conclusion, même si vous habitez dans un endroit pollué par la
lumière, n'hésitez pas à sortir votre télescoposaure à l'image
de l'installation de Robert Gendler présenté ci-dessus à gauche.
En
revanche, il faut bien être conscient que l'effet de la
turbulence, toujours très présente dans les agglomérations,
peut être en défaveur d'un télescope de plus de 400 mm
d'ouverture. En effet, les cellules convectives et les courants
turbulents ont une dimension variant entre 50 cm et 1 mètre. Le
faible diamètre et la faible résolution des petits instruments
masquent la détérioration des conditions d'observation qu'un
observateur averti discernera à forts grossissements dans un grand
télescope. Mais ceci est une autre histoire qui fait l'objet d'un
article spécial consacré au choix d'un site
astronomique.
Finalement
si la pollution lumineuse est trop importante et que souhaitez vraiment observer
ou photographier le ciel dans les meilleures conditions, pourquoi ne pas vous
déplacer vers des cieux plus cléments ? Ne fut-ce que pendant les vacances,
faites-vous plaisir et choisissez un lieu désertique ou d'altitude éloigné de
toute agglomération.
A
ce sujet, il existe des "Astro-Inn"
spécialisés dans ce type de vacances et équipés d'instruments de large
diamètre et des dernières technologies. Là, dans le Val d'Aoste, dans
les Pyrénées, à Ténériffe, au Chili, dans une île de l'océan Indien ou
du Pacifique ou encore dans le désert, les étoiles de magnitude 6 brillent
comme des diamants sur le velours noir du ciel. C'est un merveilleux spectacle
que vous n'oublierez jamais...
Dernier chapitre
Les
méfaits du passage des satellites
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