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La gestion des couleurs sur ordinateur

Les sondes de calibration (III)

Si vous avez l'intention de réaliser des publications professionnelles et si vous êtes pointilleux sur la qualité des reproductions, vous devez au moins investir - le terme est approprié - dans une sonde de calibration, par exemple dans l'un des modèles présentés ci-dessous (liste non exhaustive des modèles les plus appréciés). 

Le prix d'une sonde de calibration varie entre 130 et 250 €, les hauts de gammes dépassant 1000 €.

Les magasins de photographie proposent parfois l'un ou l'autre modèle mais le marché étant très limité, ils ne vendent pratiquement jamais ces produits. Il en découle que certains modèles sont assez difficiles à commander par leur intermédiaire. Je vous conseille donc au grand désespoir de ces marchands, de prendre les "autoroutes de l'information" et de les commander par Internet. Seul bémol, cette méthode d'achat ne serait peut-être pas recommandée pour l'acquisition de matériel plus sophistiqué comme en témoigne cet article.

Les modèles

Certaines sondes de calibration sont dédiées aux écrans, d'autres peuvent également effectuer la calibration des imprimantes. Pour les APN et les scanners, la procédure est purement software et ne requiert pas de sonde de calibration. Pour les imprimantes, il est également possible d'utiliser un scanner, ce qui vous évite d'investir dans une sonde. Mais je ne recommande pas cette méthode. On y reviendra.

Dans la plupart des cas, vous devez également acheter un logiciel de calibration (sauf par exemple si votre écran est livré avec un tel logiciel mais il n'est pas conçu pour générer un profil ICC) dont le prix risque de doubler le montant de votre facture.

Les sondes de calibration sont classées en deux catégories :

- les colorimètres : la sonde détecte uniquement les trois couleurs primaires RGB sous trois ou quatre filtres colorés. Ce sont les plus communes et les moins chers. Elles sont réservées aux écrans et font la joie des amateurs.

- les spectrophotomètres : il s'agit d'(appareils généralement destinés aux professionnels. La sonde mesure chaque longueur d'onde du spectre, généralement tous les 10 nm au moyen d'une grille de diffraction, ce qui permet des analyses beaucoup plus précises de la couleur (38 mesures réparties entre 380 et 760 nm et près de 1000 mesures chromatiques).

Si vous êtes photographe ou graphiste professionnel et réalisez des tirages sur imprimante, il est impératif de choisir un modèle polyvalent équipé d'un spectrophotomètre (par ex. X-Rite Pulse ColorElite ou X-Rite i1iO (ex Eye One de Gretag Macbed) cette dernière étant également vendue sous licence par Pantone). On reviendra sur son utilité lorsque nous aborderons la question des imprimantes.

Sonde spectrophotométrique à impulsion X-Rit Pulse ColorElite (890 €) contrôlant le résultat d'une impression. Ce système assure la calibration des écrans, scanners, imprimantes et APN et contrôle également les encres RVB, JMCN et les gamuts de couleurs. Son prix la réserve toutefois aux semi-professionnels.

Aujourd'hui peu de fabricants d'écrans proposent encore des sondes de calibration hardware pour citer Barco, Quato et LaCie notamment. Ces accessoires peuvent assurer un contrôle permanent de la calibration de l'écran.

Toutefois, de nos jours ces solutions constructeurs et souvent onéreuses sont délaissées par la plupart des utilisateurs car toutes les sondes proposées sur le marché effectuent l'ajustement des couleurs directement sur la carte graphique de votre ordinateur; la table de correction "vgct" du profil ICC de Windows par exemple attaque directement la carte vidéo. Même chose chez Apple.

Les sondes de calibration d'entrée de gamme sont toutes des colorimètres et n'analysent que les trois couleurs primaires RGB, le noir et le blanc. Certains n'ajustent que l'écran primaire, n'exportent pas les profils, ne gèrent pas les gamuts de couleurs (la cartographie des espaces colorimétriques) ni les palettes Pantone, etc.

En général les modèles de milieu ou haut de gamme utilisent des procédures automatisées et vous rappellent également périodiquement de procéder à cette calibration (une fois tous les mois par exemple si vous réalisez beaucoup d'impressions). Malheureusement, les sondes les plus chers sont les plus performantes en termes d'ergonomie et de fonctionnalité.

Rassurez-vous, tout le monde n'a pas besoin d'une sonde spectrophotométrique à 1000 ou 3000 €. Celles-ci sont réservées aux semi-professionnels et aux petites sociétés d'imprimerie. Si vous faites de l'infographie occasionnellement à titre privé et sans imprimante couleur, sans scanner et sans APN, une simple sonde de calibration colorimétrique pour écran est suffisante. Leur prix oscille entre 80 et 240 €, auquel il faut parfois ajouter celui du logiciel, ce qui peut doubler le montant de la facture. Un bon conseil, attendez les promotions et comparez les prix entre vendeurs. Les différences atteignent 10% et n'hésitez pas à leur poser des questions en cas de doute. 15 jours après la commande, il sera trop tard.

Dans tous les cas, si vous souhaitez obtenir des impressions fidèles et de qualité professionnelle vous devez impérativement avoir de la rigueur et investir un peu d'argent dans cet accessoire.

Sans cela, chaque fois que vous allez allumer votre ordinateur, vous risquez de perdre vos paramètres ou d'avoir un jour ou l'autre un déséquilibre chromatique que vous ne détecterez peut-être pas. D'une part votre matériel peut se dérégler à tout instant, d'autant plus s'il prend de l'âge, d'autre part la lumière ambiante change au fil du jour. Mais plus incidieux, votre cerveau interprète vos images, rendant le résultat peu objectif.

 A lire : Guide de la gestion des couleurs, Arnaud Frich

Revue des sondes de calibration

Compatibilité et support

Toutes les produits mis sur la marché ne sont pas compatibles avec tous les systèmes d'exploitation. La sonde OPTIX DTP94 par exemple est récente et n'est supportée que sur les plates-formes Power Mac et Pentium, donc par aucun système Unix ou assimilé.

Pour les utilisateurs d'Apple, la sonde DTP94 n'est pas reconnue par l'ancien Mac OS 9. Il faut impérativement une station Power Mac et un système d'exploitation Mac OS 10.2 ou supérieur (elle ne fonctionne donc pas sur un G4 mais bien sur un G5 par exemple).

Sous Windows, la DTP94 n'est pas supportée sous NT mais bien par les toutes les autres plates-formes 32 bits : Windows 98SE, ME, 2000, XP et Vista.

Renseignez-vous toujours des fonctionnalités des produits avant de signer le bon de commande.

Chargement et déchargement du profil ICC

En cours de travail, il peut arriver que le profil ICC écran (.ICM) que vous avez chargé au démarrage du système d'exploitation soit déchargé automatiquement de la mémoire par le système. En général vous ne vous en apercevez pas et ce n'est qu'au sortir de l'application graphique que vous constatez que l'image de votre écran est plus sombre ou contrastée que d'habitude. Si vous étiez en train de corriger la luminance d'une image sous Photoshop par exemple, vous pouvez recommencer votre travail...Que s'est-il passé ?

Prenons l'exemple de la sonde Monaco OPTIX. Le produit est livré avec deux logiciels dont un logiciel de chargement du profil ICC (MonacoGamma.exe) qui d'ordinaire installe un raccourci dans le répertoire de démarrage (Start Menu/ Programs/ Startup/). S'il n'existe pas vous devez recréer un profil pour votre écran avec le logiciel "MonacoOPTIX.exe".

Si le profil a été déchargé ce n'est pas la faute d'OPTIX. Un autre process a déchargé ou écrasé le profil et vous devez tenté de l'identifier et éviter éventuellement qu'il soit lancé. OPTIX charge correctement les tables de conversion dans la carte vidéo à travers une fonction standard de Windows, mais rien n'empêche d'autres applications ou Windows lui-même de les modifier par la suite. Il peut également arriver que certaines cartes vidéos ne restaurent pas les tables dans leur état initial après être passées du mode veille ou hibernation en mode actif. Malheureusement, il n'existe aucun moyen pour X-Rite ou un autre fabricant de contrôler cette utilisation et c'est un problème que doit résoudre le fabricant de votre carte vidéo.

Caractéristiques des mires de calibration

Les mires de calibration sont des chartes de référence chromatique contenant des plages (patches) colorées et une gamme de gris plus ou moins étendue selon les modèles et la destination.

Se sont des documents généralement fournis au format A5, A4, Letter ou sous forme de transparent 24x36 mm. Certains sont souples, d'autres fixées sur un support plastifié et résistent même à la photographie subaquatique.

Nous verrons que dans le cas particulier des écrans et des imprimantes, il n'existe pas de mire physiquement parlant; celle-ci est générée par l'application.

Les différents types de mires

Ce qui différencie essentiellement une mire de calibration pour scanner ou APN d'une mire pour imprimante est avant tout le fait qu'un scanner ou un APN a besoin d'une mire physique (un document à scanner ou à photographier) alors que pour une imprimante, la mire est générée par le logiciel de calibration. Dans ce cas on parle de mire synthétique.

Nous verrons toutefois que le logiciel de caractérisation des APN dispose également d'une mire de référence interne.

Deux mires de calibration classiques : à gauche une mire vendue par X-Rite/Monaco ou Wolf Faust permettant d'étalonner un scanner, à droite celle de Gretag Macbeth destinée à un appareil photographique (argentique ou de préférence numérique). Ces deux reproductions sont en principe conformes aux mires originale, "pures", sans dominante ou plage décolorée car elles ont été réalisées sur des périphériques étalonnés et le cas échéant rectifiées sous Photoshop en utilisant les profils ICC.

Les mires se différencient également par les caractéristiques des plages colorées et facultativement par la dimension de la mire. Voici généralement ce que contiennent les différentes plages en fonction du périhérique :

- Pour imprimante : 10 colonnes de tons tertiaires (sombres), 4 colonnes contenant des plages d'encre épaisses pour la mesure du "trapping" (très sombre), 12 colonnes de plages saturées sans noir (brillantes), 12 colonnes de plages saturées avec 20% de noir, une gamme CMYK pour la mesure de l'engraissement et une gamme de gris pour mesurer la balance des blancs, généralement complétée par une gamme RGB.

- Pour scanner : 4 colonnes d'ombres, 4 colonnes de demi-tons, 4 colonnes de lumières, 4 colonnes de plages CMYK, 4 colonnes de plages RGB, 3 ou 4 colonnes de tons sépias ou chaires, parfois complété avec la reproduction d'un visage en couleurs, sans oublier la gamme de gris (Cf le modèle IT8 standard de Kodak ou celui de Wolf Faust).

- Pour APN : il s'agit d'un mélange des deux chartes précédentes contenant essentiellement des demi-tons, des plages RGB, des tons délicats, une gamme de gris et optionnellement des portraits (Cf la mire de Gettyimages ou de Gretag Macbeth).

Le but des mires de calibration est d'abord d'estimer visuellement la tendance chromatique du périphérique, s'il ajoute une dominante par exemple. Si vous voulez aller plus loin et corriger un déréglage éventuel, vous devez utiliser cette mire pour créer un profil ICC adapté à votre périphérique.

Mire de calibration d'un scanner.

Ce profil sera ensuite appliqué aux photographies digitales ou numérisées à corriger dans votre logiciel de traitement d'image. Il va de soi que ces mires doivent être utilisées avec des cartes graphiques d'au moins 24 bits/pixel, les anciennes cartes 8 bits ne permettant pas de contrôler les couleurs de manière aussi précise.

Heureusement, tous les périphériques d'entrée utilisent un espace colorimétrique RGB qui se superpose donc directement et moyennant peu de corrections (dominante, saturation, tolérance) aux espaces colorimétriques des écrans. En revanche, pour les imprimantes, les gamuts CMYK ou RGB sont nettement plus réduits que ceux de l'espace idéal et plus de la moitié des couleurs doivent être converties dans une palette supportée par le pilote de l'imprimante.

A des fins professionnelles on peut commander des mires sur mesure pour des besoins particuliers (portrait, application scientifique, etc). Rien ne vous empêche d'en fabriquer une vous-même... à condition de maîtriser la gestion des couleurs sur une chaîne graphique numérique. 

En effet, nous allons voir dans les pages suivantes qu'il ne suffit pas de choisir une couleur dans la nature pour qu'elle soit reproductible sur un support. Il y a des étapes intermédiaires de conversions numériques qui vont altérer les valeurs chromatiques originales. Mieux vaut donc connaître son sujet et, à défaut, faites confiance aux spécialistes dont c'est le métier.

Venons-en à présent au coeur du sujet.

Prochain chapitre

Comment réaliser et exploiter le profil ICC d'un écran ?

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