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La gestion des couleurs sur ordinateur

La chaîne graphique (IX)

La chaîne graphique, qu'elle concerne la PAO ou l'imagerie numérique représente l'ensemble des composantes et acteurs qui assurent le traitement numérique d'une image, depuis le scanner ou l'APN jusqu'à la tireuse et l'imprimante en passant par la carte vidéo, l'écran et le logiciel graphique. Cette chaîne comprend une multitude d'éléments dont le paramétrage doit être vérifié individuellement pour s'assurer un contrôle optimal à chaque étape de la production ainsi qu'en bout de chaîne.

Chaque maillon de cette chaîne dispose d'un système de conversion des couleurs et du gamma qui est activé par défaut mais qui, selon le périphérique, peut être modifié à la demande ou même désactivé. Ce système de gestion est omniprésent et doit être utilisé de manière optimale au risque de vous amener à vous poser de sérieuses questions sur vos facultés visuelles... !

Ainsi que nous l'avons expliqué, ce "contrôle qualité" aux différentes étapes d'une production est indispensable si vous recherchez le rendu le plus fidèle et va de paire avec la gestion des couleurs. Les trois images suivantes montrent par exemple de quelle manière peut se transformer le rendu d'une plage uniformément colorée après être passée dans une chaîne graphique industrielle sensée préserver sa qualité mais qui n'a subit aucun contrôle de couleur :

Voulez-vous du magenta ? Oui mais lequel ?!... Ces trois plages RGB uniformes avaient à l'origine la même couleur, celle de la plage centrale, à savoir les valeurs 124, 16, 87 assignées dans le gestionnaire de couleurs de Photoshop. Le premier carré est le résultat obtenu après scannage par un scanner Imacon Flextight 949 à 20000$, réputé pour la qualité de ses images; la seconde est l'image témoin affichée sur un écran Apple utilisant l'espace Adobe RGB; la troisième est l'image imprimée sans correction sur une imprimante laser industrielle de qualité photographique Lightjet. Les couleurs n'ont pas été respectées. Pour préserver les couleurs tout au long de la chaîne graphique il est donc indispensable de calibrer tous les périphériques et de vérifier tous leurs paramètres de gestion des couleurs afin que les espaces colorimétriques d'entrée et sortie s'ajustent de manière optimale, c'est-à-dire sans perte ou déviation visible de couleurs.

Ainsi qu'on le constate, la qualité et le prix du matériel utilisé (dans notre exemple la station PAO coûte environ 23000$) ne garantissent pas le résultat si l'opérateur ne respecte pas un minimum de règles dont la gestion des couleurs. 

En ce domaine le choix des standards est très vaste ainsi que nous le prouvent les différents gammes de couleurs disponibles sur le marché : il existe quelque 30 catalogues de couleurs parmi lesquels Adobe RGB, CMYK, Euroscale, HKS, Prepress, Pantone, etc. Mieux vaut donc se fixer sur un standard et calibrer son matériel en conséquence (bien qu'il soit toujours possible de s'adapter à une autre gamme, notamment grâce aux profils ICC et les options du logiciel gérant le processeur RIP - processeur d'image tramée - des imprimantes laser).

A consulter : Les livres de couleurs - Pantone

Catalogues de couleurs vendus par Farbkarten-Shop et Pantone

Etant donné que nous avons déjà abordé la question des scanners dans un autre article et des écrans précédemment, nous allons uniquement insister sur les derniers maillons de cette chaîne, mais non des moindres, l'imprimante et le logiciel qui assure la correspondance avec les couleurs affichées à l'écran.

A la lecture des questions posées sur les forums de discussion, il semble en effet que certains utilisateurs aient tendance à oublier qu'il ne suffit pas de composer une belle image à l'écran pour que le rendu sur papier soit optimal. On peut maîtriser la technique LRGB en astrophotographie (sur Mars par exemple), d'autres techniques digitales et même l'infographie, savoir calibrer ses périphériques et pourtant totalement "se planter" à l'impression parce qu'on ignore le B.A.ba de la gestion des couleurs. Réparons donc cette lacune si jamais elle affleurait en vous en décrivant quelques cas concrets problématiques.

Influence des paramètres d'impression

Malgré l'achat de périphériques onéreux et une calibration de votre écran et de l'imprimante, il peut encore arriver que le tirage soit déséquilibré comparé à l'image que vous aviez à l'écran. Pour obtenir un tirage de qualité il ne suffit pas d'acheter du bon matériel et de réaliser leur calibration. Il faut également bien connaître son périphérique et ses accessoires. Parmi les points à vérifier dans les paramètres d'impression (voir image suivante), citons notamment :

- la finition ou qualité d'impression (brouillon, haute résolution, etc)

- le type de papier (mat, brillant, premium, etc)

- la qualité d'impression (dpi, REt actif, etc)

- les attributs de couleur (paramètres physique) et le profil assigné (sRGB, etc)

- la qualité des encres et leur niveau

- les paramètres d'encrage propres aux systèmes offset

sont autant de facteurs qui vont affectuer la qualité d'impression.

La plus belle image photographiée en haute résolution avec un réflex numérique haut de gamme mais imprimée en qualité brouillon à 100 dpi sur du papier ordinaire avec une cassette d'encre waterproof CMYK presque vide donnera forcément un mauvais résultat qui ne sera pas du tout conforme aux valeurs visuelles que vous escomptiez. Le problème sera accentué si vous persistez à tirer ce document sur une imprimante "amateur".

Prenons un exemple tout simple de l'effet du driver sur le résultat. Votre imprimante à jet d'encre CMYK imprime votre superbe portrait noir et blanc avec une légère dominante verte alors que sous Photoshop l'image a été désaturée. L'erreur vient forcément du driver d'imprimante. Vérifions-le. Généralement il existe différents paramètres d'impression (mode natif, natif amélioré, etc). Celui-ci concerne le noir qui a été contaminé. Il existe une option dans un des onglets du driver, notamment sur les HP Deskjet intitulé "Natif sans remplacement de noir" ou, sur les HP Photosmart, "Imprimer en niveaux de gris".  Ce paramètre permet d'imprimer en utilisant une palette de gris sans contamination par des couleurs. Voilà ce qu'il fallait cocher.

L'imprimante ne fait pas l'épreuve, mais il faut malgré tout tenir compte de ses limites (celles du RIP, résolution, finition, etc) ainsi que des caractéristiques des supports d'épreuve (qualité des encres et du papier).

A gauche, les paramètres configurables dans le driver pilotant une imprimante HP Photosmart 7200 (amateur). A droite les paramètres de gestion des couleurs configurables dans le menu "Print with Preview" de Photoshop. On reconnaît notamment l'activation du gestionnaire de couleur de l'imprimante et le profil d'épreuve.

Le CMM et le moteur de conversion des couleurs

Comme dans beaucoup de domaines techniques, un grain de sable dans la chaîne PAO peut gripper tout le mécanisme et c'est particulièrement visible en cette matière. Ainsi que vous l'avez probablement compris, on peut dire en deux mots que le maillon le plus faible dans la chaîne d'impression est tout le processus liant l'espace colorimétrique visuel à la table de couleurs de l'imprimante. C'est toute la question de l'ajustement des espaces de travail (RGB, CMYK, gamme de gris, etc) à travers le choix du moteur du conversion dans le logiciel graphique (voir image ci-dessus à droite).

Rappelons que le rôle du CMM est de convertir l'espace de travail d'un périphérique dans l'espace d'un autre périphérique, généralement de celui de l'écran vers celui de l'imprimante. C'est un système de conversion des couleurs qui se fonde sur plusieurs concepts dont :

- l'espace colorimétrique de travail (par ex. Adobe RGB pour l'écran et Euroscale Coated v2 pour l'imprimante)

- les règles de gestion des couleurs (différentes en mode RGB, CMYK et en échelle de gris)

- le moteur de conversion des couleurs (moteur Adobe ACE et palette ou mode Perceptif par exemple).

Cet algorithme peut fonctionner dans différents modes (Windows, Mac OS, Perceptif, etc) dont le but vise à s'approcher visuellement du mieux possible du profil de destination sans perdre trop de couleurs au cours de la conversion des tables (toutes les couleurs de l'espace le plus étendu ne pouvant pas être reproduites à l'identique dans l'espace réduit de l'imprimante).

Cette procédure est automatisée et relativement transparente pour l'utilisateur mais elle requiert néanmoins un minimum de vérifications. Il est également utile de vérifier ces paramètres si malgré vos réglages vous constatez que certaines couleurs visuelles ont été perdues ou sont très altérées sur les tirages. Prenons deux exemples, un simple et un plus complexe (relativement) pour bien cerner le problème.

Premier exemple. Photoshop utilise le mode "Sélectif" par défaut. Mais disposant d'une palette de 216 couleurs, vous constatez que le fond n'est pas uniforme mais saccadé, comme si les couleurs avaient été compressées et mal restituées, formant des bandes.

Mapping d'un rendu en mode perceptif (perceptual intent).

On apprend que ce mode est avant tout adapté aux publications sur le web où la qualité des reproductions passe généralement au second plan. Il vous faut donc plus de couleurs.

L'aide en ligne précise qu'il convient de "choisir le mode "Perceptif" pour obtenir une table sur mesure donnant la priorité aux couleurs auxquelles l'oeil humain est le plus sensible". Vous pouvez disposez en théorie de 256 couleurs dans les trois axes de l'espace colorimétrique. 

Cela signifie concrètement que si vous souhaitez reproduire des photographies, vous devez utiliser cette palette systématiquement. Nous en prenons bonne note et l'activons donc dans l'application (Intent = Perceptual, soit en français Mode = Perceptif). 

Ainsi que le montre le diagramme de gauche, le mode perceptif est assez subtil. En fait toute la palette est compressée et réduite jusqu'au profil du périphérique de sortie, dans ce cas-ci une imprimante CMYK. Ce mode préserve la relation visuelle de l'oeil humain, même si pour y parvenir l'algorithme doit modifier la palette des couleurs.

A titre de comparaison, précisons que la colorimétrie relative (mode relatif) conserve la gamme de couleurs lorsqu'elle doit convertir une palette dans un autre à la seule exception que les couleurs qui tombent en dehors de la palette de sortie sont simplement transposées vers la teinte la plus proche. Ce mode préserve les tonalités et la luminance mais altère la saturation des couleurs. Bien que les couleurs originales peuvent rester intactes et précises, ce sont les couleurs bleues telle que la couleur du ciel qui  tombent malheureusement en dehors de la palette. Le gris peut également subir une léger déplacement et présenter une dominante, à surveiller.

En revanche, le mode absolu, bien que travaillant d'une manière similaire au mode relatif, ne s'ajuste pas par rapport aux points noir et blanc en cours de la conversion. En pratique, toutes les couleurs de la palette originale sont reportées sur exactement les mêmes couleurs dans la palette de destination. Seul inconvénient, au cours de la conversion deux couleurs d'entrée peuvent occuper le même point et devenir identique en sortie. Ce mode est particulièrement utile lorsque vous devez retrouver exactement la même couleur sur le périphérique de sortie (par exemple la signature typique du vert de Fujii, du rouge de Coca-Cola ou du jaune de Kodak). 

Enfin, tout mode de conversion préservant la saturation va donner des images aux couleurs vives en sortie mais ne garantira pas leur précision. Pour caricaturer le problème, l'arc-en-ciel sera toujours dégradé mais le jaune peut devenir orange et le vert virer au bleu ! L'algorithme en mode absolu reste toutefois intéressant dans les arts graphiques.

Nous verrons en dernière page que ce mode absolu est également utilisé dans l'imprimerie. Tout dépend en fait du résultat. Il y a des conditions dans lesquelles le mode perceptif donnera de plus belles images, d'autres où vous devrez choisir le mode absolu ou relatif. Si certains fabricants d'écrans tel Quato ventent le mode absolu pour leur modèle Intelli Proof 21, en pratique son utilisation dépend de la qualité de reproduction de vos couleurs.

Deuxième exemple. Il peut arriver que vous soyez dans l'impossibilité de reproduire une couleur spécifique sur une imprimante haut de gamme équipée d'un RIP PostScript (utilisé avec le format d'image EPS). C'est notamment le cas de la couleur des drapeaux ou des logos d'entreprise. Il reste cette couleur subtile... impossible à reproduire sur papier ! Pourtant vous utilisez l'application Adobe Illustrator qui supporte PostScript (contrairement à Photoshop qui est une application tramée, "raster", mais qui peut malgré tout supporter ces couleurs "bizarres"). Cette couleur existe a posteriori, reste à trouver dans quelle palette.

Extrait du catalogue Pantone disponible dans les couleurs personnalisables (custom) de Photoshop.

Dans ce cas, malgré l'étalonnage de votre chaîne PAO et votre maîtrise des moteurs de conversion, etc, la cause peut encore être multiple. Il peut s'agir d'un simple problème d'espace colorimétrique dans l'application graphique. Mais on peut aussi envisager un problème de compatibilité entre le driver d'imprimante et le RIP software qui ne sont pas identiques ou correctement calibrés en fonction du support d'épreuve que vous utilisez. Voyons cette possibilité.

Puisque votre application supporte PostScript, on peut essayer un autre espace colorimétrique puisqu'elle supporte les couleurs Pantone. Choisissez par exemple une couleur Pantone dans l'application ou demandez au service marketing de vous fournir ses paramètres. Vous devez ensuite activer la correspondance Pantone dans les paramètres du driver PostScript de l'imprimante pour obtenir une précision optimale telle que certifiée par Pantone. Ca y est, vous l'avez !

Si vous avez bien compris le principe de fonctionnement du CMM, on en déduit que n'importe quel espace colorimétrique (Adobe RGB, sRGB, SWOP, etc) peut donner d'excellents résultats avec n'importe quelle table de couleurs ou nuancier d'imprimante (Euroscale, HKS, DIC, etc) à condition que le moteur de conversion et les paramètres d'impression soient adaptés au sujet. C'est évidemment facile à dire. 

Ceci dit, les options gérant les couleurs ne sont tout de même pas légion au point de vous perdre dans la procédure et dans l'arbre de décision si on rapporte un tel problème. Mais il est un fait que rien ne vaut l'expérience concrète, de passer quelques semaines dans un helpdesk IT dédicacé à la PAO ou de lire quelques FAQ sur les problèmes de couleurs des imprimantes sur le site des constructeurs.

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