Bisphère 2
Visite et description des
biomes (III)
Les marais
Le mésocosme des marais est constitué
de deux types de régions humides : un petit secteur des marais est dominé
par différentes espèces d'herbes tandis que la région des mangroves est
dominée par des palétuviers, couvrant 80% du mésocosme. 542 palétuviers
et 15 arbres d'eau douce se partageaient à l'origine un secteur de 441 m2.
Ce modèle
d'estuaire se compose de six sections adjacentes. Les murs séparant
chaque section sont couverts de barreaux en acier dans lesquels ont été
aménagé des entailles larges de 60 cm afin de permettre aux animaux et à
l'eau de se déplacer entre les sections.
Pour
maximaliser la diversité des espèces, différents types de communautés
ont été introduites dans chacune des six sections marécageuses. Dans ce
milieu, les amateurs de vie microscopique, de vivarium ainsi que les
aquariophiles passionnés par les cyclidés et autres poissons d'eau
douces seraient dans leur univers !
L'extrémité montagneuse du modèle contient un étang d'eau douce circulaire
(59 m2). Taxodium distichum, Annona glabra,
Salix caroliniana et Myrica cerifera sont les arbres dominants. Le marais
oligohalin (32 m2) constitue la zone de transition entre les zones d'eau
douce et les palétuviers. Ici l'Acrostichum danaeifolium, les Spartina
spartinae, les Myrica cerifera et les Laguncularia racemosa sont les
plantes dominantes.
La zone des palétuviers (52 m2) est située
dans un marais salé représentant le début du milieu véritablement marin. Cette
section est dominée par le Rhizophora et le Laguncularia racemosa.
La section dite noire des palétuviers (72 m2) est dominée par des Avicennia germinans. Les deux
sections nordiques, le compartiment des huître (91 m2)
et la frange des palétuviers rouges (129 m2) sont dominés par des arbres de l'espèce Rhizophora.
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A
gauche, un gros plan sur les hautes herbes poussant dans le biome des
marais. A droite, fermant l'océan, à 40 mètres au fond du bassin on aperçoit
les marais ainsi que la savane au-dessus de la falaise. |
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Depuis
qu'il est en équilibre, le système des marais a été colonisé par des
écrevisses, des escargots, des poissons moustiques, des killies, des
mollies, des crabes de boue et de palétuviers, des crevettes, des
amphipodes, des éponges et des anémones.
La diversité de la
faune subit un déclin il y a quelques années, phénomène peut-être provoqué
en réaction à l'isolement du bassin et à l'absence de marées.
Le désert
Le désert
représente le gradient des climats et de la végétation d'une région équatoriale
humide à subtropicale aride dont le but est de maintenir une biodiversité
aussi élevée que possible.
Ce biome
est utilisé pour étudier la fluctuation des activités biologiques en réponse
aux précipitations, ainsi qu'aux projets de recherche des étudiants.
Mais n'ayez crainte, scorpions, arraignées sauteuses et serpents
vénimeux n'ont pas été introduits dans ce milieu !
A long
terme il peut être transformé en prairie aride (compétition C3/C4) en
collaboration avec le USDA.
Sa forme
permet d'étudier un tapis onduleux relativement simple de végétation
rassemblant un patchwork de différents types de sol et de régimes
d'irrigation.
Le désert est divisé en deux zones : le désert inférieur ou zone semi-désertique
(voir plus bas) et le désert supérieur.
Son fonctionnement en circuit fermé est idéal pour calibrer les taux d'échange
gazeux. Il permet aussi d'évaluer les différentes concentrations des
flux de gaz carbonés en fonction de l'efficacité et de la croissance
photosynthétique (à partir d'isotope distribués dans l'atmosphère et
les sols).
Lorsqu'il fonctionne en mode semi-perméable
le secteur désertique reçoit directement de l'air frais tandis que l'air
vicié s'échappe par la forêt pluvieuse grâce à un ventilateur capable
de brasser jusqu'à 280 m3 par minute. L'air
peut aussi être renouvelé dans le système mécanique de filtrage.
Le
semi-désert
Le secteur
semi-désertique situé en contre-bas du désert a été conçu par Tony
L. Burgess pour simuler la limite aride du biome de la savane caractérisé par des hivers
secs aux pluies erratiques et des étés pluvieux. Pour le différencier
du désert il supporte des précipitations fraîches
durant l'hiver et des sécheresses intenses en été. Cela permet de préserver
son caractère subtropical aride tout en maintenant la biodiversité dans
ce secteur.
Cette zone
a été prévue à l'origine pour faire partie du biome de la savane, mais
des raisons de conception et de changement d'objectif l'ont
progressivement séparé du reste de la savane.
La
position du semi-désert à côté du biome du désert a exigé qu'il soit
divisé en deux parties : le semi-désert supérieur situé au-dessus de la
salle d'épuration et le semi-désert inférieur situé entre la salle d'épuration
et le marais d'eau douce. Le semi-désert supérieur simule un dépôt
relativement âgé constitué de matière volcanique similaire à celle
que l'on retrouve à Sonora au Mexique.
La majeure
partie du semi-désert inférieur simule un gisement côtier stabilisé de
dunes typique de Sonora, de Baja Californie, du sud du Chili ou du sud-ouest de Madagascar.
Des cônes volcaniques simulés par des talus ont été construits le long
du côté occidental du semi-désert inférieur pour créer un habitat
supplémentaire aux petits animaux et assurer une transition logique vers
les falaises artificielles de rochers situés en-dessous du semi-désert
supérieur.
Les
plantes ont été collectées à proximité d'Alamos et de Sonora, deux
villes localisées à la limite entre le semi-désert et la forêt
tropicale à feuilles caduques de Sinaloan.
En raison
de leur disponibilité, la plupart des plantes semi-désertiques sont des
espèces de Sonoran : Bursera grandifolia (torote mulato), Jatropha
cordata (torote de vaca), Fouquieria macdougalii (palo adan) et des arbres
hauts de 6 m comme les Erythrina flabelliformis (haricot de corail) qui
ont été transplantés racines nues dans la zone semi-désertique de
Biosphère 2.
D'autres
espèces ont été plantées encore juvéniles tandis que certaines
plantes succulentes malgaches ont été achetées dans le commerce pour
accroître la biodiversité (Alluaudia ascendens, Uncarina sp., Xerisicyos
anguyit, Aloe vaombe).
Actuellement
la végétation s'est développée au point que sa canopy ressemble aux
sites prototypes tandis que les espèces qui peuplent les bois semblent
capables de résister à l'invasion potentielle des hautes herbes de la
savane.
La biodiversité semble être élevée bien qu'il n'y ait eu aucune
comparaison formelle avec d'autres sites semi-désertiques.
Profils
techniques
Systèmes
de contrôle et de gestion. Biosphère 2 est géré à partir d'une salle
de contrôle high-tech au look futuriste. Ce centre nerveux jouxte la
serre de verre et fonctionne évidemment en permanence.
Rayonnement solaire. Situé à une
altitude de 1200 mètres au-dessus de niveau de la mer à la latitude de
32.5° N en Arizona méridional, Biosphère 2 subit les régimes d'une région
tempérée désertique. Le verre absorbe pratiquement tout le rayonnement
UV et grâce aux composants structurels le rayonnement photosynthétique
actif (RPA) est réduit d'environ 55%. Mais la latitude de ce système est
telle que le RPA est d'environ 15 moles/m2
par jour en hiver et de 25 moles/m2 par jour en été, des valeurs supérieures aux flux qui
s'établissent dans une serre chaude ordinaire rendant Biosphère 2
propice aux recherches.
Gaz atmosphériques. Une série de
capteurs (analyseurs de gaz carbonique, température,
humidité relative et luminosité) sont utilisées à l'intérieur de la
serre pour surveiller la composition de l'atmosphérique et des
conditions climatiques.
Chaque mésocosme terrestre isolé est équipé d'un injecteur de gaz carbonique
et d'un système d'extraction d'air vicié dont la pression partielle de CO2
peut varier entre 400 et 1200 ppm. Actuellement la serre contient une concentration
de quelque 571 ppm de gaz carbonique, similaire à ce que devrait contenir l'atmosphère
terrestre d'ici 2050 ans selon les prévisions, histoire d'évaluer les réactions de
la biosphère dans de telles conditions.
Le chemin
suivi par la circulation de l'air dans Biosphère 2 ne permet pas d'isoler
les biomes de la savane, du semi-désert et des marais afin d'étudier les
échanges gazeux. Ils sont uniquement maintenus pour d'autres projets de
recherche, des démonstrations et à des fins didactiques.
Un système
de surveillance continu des gaz extrait l'air vicié à raison de 5
litres/min de la forêt pluvieuse, de la savane, du désert ainsi que des
zones agricoles et d'un laboratoire externe.
Des
rideaux sombres permettent d'occulter à la demande la forêt pluvieuse
tandis que trois sections de la zone de sylviculture intensive peuvent
recevoir trois concentrations différentes de gaz carbonique. Quand la forêt
pluvieuse est occultée, l'échange d'air se produit à un taux
d'approximativement 1.4% par heure (nov.1997).
Pression.
Lorsque Biosphère 2 fonctionne en circuit fermé, la pression atmosphérique
interne est maintenue aussi proche que possible de la pression extérieure
grâce à l'utilisation de deux chambres à volume variable baptisées les
poumons de Biosphère 2, situés sur les côtés est et ouest du bâtiment.
Par sa géométrie variable, cette infrastructure permet d'éviter
d'endommager la structure de verre lors de changements trop brutaux de
pression ou de température.
Biosphère
2 est le système le plus hermétique jamais construit. Durant les deux
premières années de fonctionnement le taux de fuite était de 7% par an.
Biosphère 2 contient également
tous les modules qu'impose une vie estudiantine ou de recherche en
communauté : il dispose d'une zone d'habitat, une salle de repos, une
bibliothèque et bien sûr des services d'intendance.
Projets
scientifiques et éducatifs
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