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Le développement durable

Document T.Lombry.

La préservation des ressources naturelles (II)

1. Le rôle des forêts

Par forêt il faut entendre l'écosystème de la forêt comme celui du bassin de l'Amazonie ou la forêt boréale, c'est-à-dire non seulement les arbres qui le composent mais toutes les communautés qu'elle abrite (biocénose), la faune, la flore et les micro-organismes qui rendent cet ensemble écologique viable ainsi que les éléments abiotiques (biotopes) qui participent à sa survie : les climats, les sols et l'eau.

En introduction, voici ce qu'écrivit George Sand (1804-1876), nom de plume d'Aurore Dupin, baronne Dudevant, dans un long article de 12 pages sur la foresterie consacré à "La forêt de Fontainebleau" publié dans le journal "Le Temps" en 1872, à une époque où les jeunes filles n'avaient pas accès aux sciences :

"L'opinion publique est faite par une médiocrité parfaitement dédaigneuse de la petite fraction des amoureux atitrés de la nature. On peut, je crois, prendre la question de plus haut encore et appeler les savants à démontrer que les forêts séculaires sont un élément essentiel de notre équilibre physique, qu'elles conservent dans leurs sanctuaires des principes de vie qu'on ne neutralise pas impunément et que tous les habitants de la France sont directement intéressés à ne pas laisser dépouiller la France de ses vastes ombrages, réservoirs d'humidité nécessaires à l'air qu'ils respirent et au sol qu'ils exploitent. Les grands végétaux sont donc des foyers de vie qui répandent au loin leurs bienfaits. Et s'il est dangereux ou nuisible de vivre éternellement sous leur ombre directe, il est bien prouvé que supprimer leurs émanations, c'est changer d'une manière funeste les conditions atmosphériques de la vie humaine. C'est supprimer ces grands éventails qui renouvellent l'air et divisent l'électricité sur nos têtes. C'est aussi appauvrir le sol qui est doué d'une circulation pour ainsi dire sous-cutanée. Supprimer les arbre qui par leurs ombres rendent au sol la fraîcheur bue par leurs racines, vous détruisez une harmonie nécessaire, essentielle du milieu que vous habitez."

Ses préoccupations écologiques restent très modernes. Sand écrivit encore : "[Les arbres] beaux et majestueux jusque dans leur décrépitude, appartiennent à nos descendants comme ils ont appartenu à nos ancêtres. [...] Si on n'y prend garde, l'arbre disparaîtra et la fin de la planète viendra par dessèchement, nécessaire, par la faute de l'homme." (cf. G. Sand, "La Forêt de Fontainebleau" in "Impressions et souvenirs", Calmann-Levy, 1896, pp.316-318, 320, 328).

Penchons-nous quelques instants sur les arbres car comme l'écrivit Sand, ils sont bien plus que des objets décoratifs dans le paysage. Les arbres sont l'un des rares organismes qui assurent l'interface entre la biomasse du sol et l'atmosphère et à ce titre, leur rôle est essentiel à la survie du monde vivant.

L'arbre, un individu intelligent, sensible et indispensable

Comme tout être vivant, un arbre se régénère en permanence. Il a également un superpouvoir, celui de pouvoir vivre éternellement à condition de trouver un environnement propice à son développement, et notamment de la lumière pour assurer la photosynthèse qui est à la base de tout son métabolisme, et de l'eau.

Bien que cette théorie ait été critiquée, un arbre est doté d'intelligence; il est capable de résoudre des problèmes pour s'adapter aux conditions environnementales et pour se reproduire, d'où leurs grandes variétés de formes (cf. la neurobiologie végétale de Stefano Mancuso et al., 2006), il est capable de coopérer, de s'informer et de communiquer avec son voisinage.

Le murmure de la forêt - Quand les arbres parlent, ARTE

A consulter : PlantWave ou la musique des plantes

A gauche, une forêt de bambous. Au centre, la forêt bleue formée par un tapis de jacinthes sauvages dans le bois de Halle en Belgique. A droite, l'étonnant eucalyptus arc-en-ciel. Voici un autre spécimen. Il est originaire de l'île de Mindanao, aux Philippines. Documents CanStockPhoto, K.Schönberger et D.R.

Contrairement aux apparences, un arbre bouge; il déploie ses branches et ses feuilles vers le Soleil et en même temps il a la faculté de se maintenir droit dans le champ de gravité grâce à des statocytes; même courbé, il peut se redresser grâce à du bois de réaction (du bois dans un état contraint).  Il peut également modifier l'épaisseur de son bois, la hauteur du tronc et son taux de croissance en fonction de la force du vent.

Paradoxalement, un arbre est plus sensible qu'un animal car contrairement à ce dernier, il ne peut pas fuir et doit trouver sur place des moyens pour se nourrir, communiquer et se défendre pour rester en vie. Ainsi, comme chacun l'a constaté, un arbre est aveugle au sens propre. Or dans une forêt, la cime de chaque arbre est séparée de ses voisins d'un espace qui évite que les branches s'entremêlent; l'arbre perçoit ses voisins et réagit à leur présence. Même chose pour son réseau de racines qui se développe en symbiose avec une centaine d'espèces de champignons (et des bactéries) et réagissent en fonction des saisons et du climat.

Comme un humain ou un animal sauvage, un arbre ne vit pas isolément dans la forêt. Il s'en nourrit et à sa mort il nourrit les autres membres de cet écosystème, en commençant par les micro-organismes jusqu'au sommet de la chaîne alimentaire (trophique) représentée par les superprédateurs comme le lion, le crocodile, le requin, l'aigle ou l'homme.

Autrement dit, placé à l'écart de son écosystème ou isolé de celui-ci, si un individu est incapable de s'adapter à son nouvel environnement il finira par mourir. Ceci explique pourquoi beaucoup d'animaux ou de végétaux aujourd'hui contraints de survivre dans la savane ou dans les plaines par exemple voient leur population diminuer ou les jeunes pousses disparaître : séparés de leur biotope naturel, leur mort est annoncée. C'est ce qui est arrivé à de nombreuses espèces suite à l'édification du monumental barrage des Trois Gorges en Chine.

A consulter : Structure d'un arbre - Les arbres

A télécharger : European Atlas of Forest Tree Species (PDF), JRC/Europa, 2016

A voir : The Four Seasons (galerie d'images sur ce site)

A gauche, un Tabebuia rosea ou arbre à Trompettes Roses dont voici la fleur. Il est originaire d'Amérique tropicale et ne supporte pas le froid. On peut le cultiver sous forme de bonsai. Au centre, un arbre planté à Bierum (rue Hereweg) à Groningen, aux Pays-Bas. A droite, la vie profite de toutes les opportunités. Documents D.R. et Boredpanda.

De même, si nous voulons que nos forêts restent saines et prospèrent, tous les experts forestiers vous diront qu'il est indispensable de laisser le bois mort se décomposer dans les forêts. En effet, en Europe ce bois mort rassemble entre 25 et 30% de la biodiversité (végétale et animale) de la forêt. Les petites mousses, les petits animaux, les champignons et les microbes qui se développent sur ces souches et ces branches mortes assurent la survie de la forêt en servant soit d'habitat soit en décomposant le bois et en régénérant la terre en éléments nutritifs. Qu'on fasse du bois de chauffage avec quelques grands arbres tombés pendant une tempête ne pose aucun problème, mais qu'on laisse la forêt vivre en laissant sur place tout le bois mort.

Tous les composants d'un écosystème tissent des relations complexes qui, à l'image d'une toile d'araignée sont à la fois très souples et très fragiles. Chaque organisme s'adapte aux changements du milieu et chacun à sa mesure présente une utilité dans le fonctionnement global de l'écosystème.

Ainsi, des forêts naines de la taïga aux forêts tropicales luxuriantes en passant par les forêts feuillues des régions tempérées, chaque écosystème répond de manière spécifique selon la latitude, le climat, la nature du sol, les ressources disponibles, la quantité de pluie et... les activités humaines.

Les arbres jouent également un rôle essentiel et vital dans la biosphère en séquestrant le CO2 (mais on peut en dire autant des plantes aquatiques et du phytoplancton). A travers le cycle de la photosynthèse, les arbres absorbent le gaz carbonique de l'atmosphère. La quantité de CO2 fixée ou séquestrée dans un arbre dépend de l'espèce, son âge et sa taille notamment. Toutefois, il existe des méthodes de calcul pour connaître approximativement la quantité de gaz carbonique stockée dans un arbre donné.

Photosynthèse

Energie + nCO2 + H2 (CH2O)n + O2

L'énergie lumineuse est convertie en énergie chimique (sucre) tandis que le gaz carbonique est séquestré. Le "déchet" de la réaction est l'oxygène libre.

Respiration

(CH2O)n + O2 → nCO2 + H2 + Energie

Dans la réaction inverse, le sucre (CH2O)n est brûlé en libérant du CO2.

On sait par exemple qu'un eucalyptus de 12-15 ans (8 m de haut pour 40 cm de diamètre) pèse environ 700 kg (et 840 kg avec les racines). 65% de cette masse soit ~550 kg est constituée de bois sec. La moitié est constituée de carbone soit 225 kg (le reste comprend 42% d'oxygène, 6% d'hydrogène, 1% d'azote et 1% de matières minérales). Pour obtenir cette masse de carbone, l'arbre a dû stocker environ 800 kg de CO2. Cela veut dire que tout au long de sa vie il a stocké environ 50 à 60 kg de CO2 chaque année.

La capacité d'un arbre à stocker le carbone varie d'une essence à l'autre : ~400 kg/m3 (densité de 0.4) pour un peuplier ou un pin Weymouth, 1000 kg/m3 pour un charme,  un buis ou un olivier et jusqu'à 1400 kg/m3 pour des bois d'ébène (d'où leur haute densité et le fait qu'au-delà de 1000 kg/m3 le bois ne flotte pas).

Tous les arbres ne métabolistent pas de la même façon. Ainsi, plus un arbre est âgé plus il stocke de CO2. Plus il y a de CO2 plus il grandit vite et stocke rapidement le CO2 et produit de l'oxygène (cf. le Carbonifère). On estime qu'en moyenne un arbre nouvellement planté stocke entre 10 et 50 kg de CO2 par an. La plupart des arbres communs en Europe séquestrent environ 25 kg de CO2 par an.

A voir : Jungle d'amazonie #1 / Enfer ou paradis

Les Paradis Perdus d'Amazonie

L'écosystème de la forêt amazonienne. A gauche, image multispectrale (MISR) prise le 23 juillet 2000 par le satellite Terra montrant la partie Centre-Ouest du Brésil où quatre affluents proche de la ville de Manau (près du centre) se jettent dans l'Amazone qui se forme à droite : Le Rio Negro (en noir) qui forme l'essentiel de l'Amazone, le Rio Solimoes (en brun) et le Rio Madeira (en jaune), ce dernier charriant beaucoup de bois mort, d'où son nom en portugais. Le lac duquel s'écoule le Rio Uatuma apparaît au-dessus à droite de l'image. La couleur des fleuves dépend de la clarté de l'eau (foncé = clair) liée à la quantité de sédiments qu'elle charrie. Voici une carte géographique à la même échelle. A droite, un paysage typique de la forêt amazonienne vue du fleuve. Manque la chaleur et l'humidité des Tropiques (~28°C et ~85% d'humidité), les bruits des singes, les gazouilis des oiseaux, les insectes et les odeurs... Sans oublier les poissons car l'Amazone et ses nombreux lacs regorgent également de vie. Documents NASA/JPL et David Shuster.

Si chaque personne émet 10 tonnes de CO2 par an et vit 80 ans (cf. l'empreinte carbone), durant sa vie elle aura émit 800 tonnes de CO2. Pour neutraliser ces émissions, elle doit planter (10 x 80 x 1000/25) = 32000 arbres soit une surface d'au moins 32 ha ! Si chacun des 8 milliards d'habitants de la planète en 2022 veut faire sa bonne action, il faudrait planter des arbres sur une surface équivalente à 5 fois la surface de la Terre, mers comprises ! Il faut donc trouver une autre solution : soit éviter d'émettre du CO2 ce qui est impossible, soit réduire ses émissions et transformer le CO2 en quelque chose d'utile. On y reviendra.

Selon les chercheurs, il existerait environ 3000 milliards d'arbres sur Terre, soit environ 422 arbres par habitant (cf. R.Ehrenberg, 2015). Il existe au moins 73274 espèces d'arbres dont 9200 ne sont pas encore documentées car rares et endémiques et restent à découvrir parmi lesquelles environ 40% se trouveraient en Amérique du Sud (cf. R.C. Gatti et al., 2022).

On trouve essentiellement les forêts dans la région intertropicale, la pluie et le Soleil leur apportant une profusion de nourriture et d'énergie. Ainsi que nous l'avons expliqué à propos des propriétés des écosystèmes (SETI), ce sont également les forêts et en particulier la jungle qui est dépositaire de la plus grande diversité biologique.

En 2005, les forêts recouvraient 30% des terres dont 7% des continents, ce qui représente moins de 40 millions de km2. Selon la FAO, la forêt boréale qui recouvre le nord de la Sibérie, de l'Europe, du Canada et de l'Alaska représente 29% de la superficie forestière mondiale soit 9.2 millions de km2 et 73% des forêts de conifères. Selon un autre rapport de la FAO publié en 1990, l'Europe détenait à elle seule 25% des forêts mondiales suivie par l'Amérique du Sud, l'Amérique du Nord et centrale.

En 2012, selon les chiffres d'Eurostat basés sur le sondage LUCAS (Land UseCover Area frame Survey), près de 40% de la surface totale de l'Union européenne était composée de forêts et de terres boisées, 25% de sols cultivés, 20% de prairies et 5% seulement de zones construites et d'autres zones artificielles comme les routes ou les chemins de fer.

Les espaces verts sont les poumons de la Terre et peuvent revêtir différentes formes. Au Luxembourg, 86% du territoire sont constitués d'espaces verts dont voici quatre exemples. A gauche, le Mullerthal entre Larochette et Echternach, classé au patrimoine de l'UNESCO. A sa droite, du brouillard de rayonnement à l'aube au printemps dans les prairies et bocages d'Elvange près d'Hobscheid. A droite du centre, des chanterelles jaunes dans le bois d'Eischen près de Steinfort en automne. A droite, le lever du Soleil dans le parc d'Echternach en automne.

Dans certains pays européens, plus de la moitié du territoire est recouverte de forêts, comme en Suède (76%), en Finlande (72%), en Estonie (61%), en Slovénie (60%) et en Lettonie (56%). Les plus fortes proportions de sols cultivés se retrouvent au Danemark (49%), en Hongrie (47%) et en Roumanie (36%). Quant aux plus grandes surfaces aquatiques, on les retrouve en Finlande (16%), en Suède (12%) et aux Pays-Bas (11%).

Le Luxembourg est également connu pour ses espaces verts qui occupent 86% du territoire (31% de les bois et forêts, 37% de prairies et 18% de sols cultivés) et qui sont souvent très proches des zones habitées. En dehors de la capitale, on dit souvent qu'il suffit de rouler 1 km pour se trouver à la campagne, un avantage apprécié qu'on rencontre de moins en moins dans une Europe localement bétonnée, surpeuplée et industrialisée.

Biodiversité

En Amérique centrale, en Equateur, en Afrique centrale et du Sud, en Asie du Sud-Est et en Indonésie, on dénombre plus de 5000 espèces végétales par 10000 km2, une population cinq fois plus dense qu'en Europe ! Selon une étude publiée en 2016 par Hans ter Steege, chercheur au Centre Naturalis Biodiversity des Pays-Bas et son équipe, l'Amazonie regroupe environ 400 milliards d'arbres de 11676 espèces différentes (certains avancent 16000 espèces) dont un tiers de toutes les espèces du monde ! L'Amazonie contient également un tiers des forêts tropicales pluvieuses et malgré qu'elle ne couvre qu'environ 1% de la planète, elle abrite 10% de toutes les espèces connues. A elle seule, la forêt pluvieuse abriterait globalement 20 millions d'espèces. Aujourd'hui l'ensemble des forêts contiennent les deux-tiers des espèces terrestres connues. Malheureusement, partout sur la planète, du fait de la pression humaine la majorité de ces espèces sont menacées ou en voie d'extinction. Selon une étude publiée en 2015, 57% des espèces d'arbres seraient en danger si les taux actuels de déforestation se poursuivent (voir plus bas).

Carte de distribution de la biodiversité végétale. Document W.Barthlott et al./Université de Boon.

L'étude publiée précitée publiée en 2015 révéla également que les activités humaines nuisent au développement des arbres partout dans le monde. Selon les chercheurs, environ 15 milliards d'arbres sont abattus chaque année. Depuis le début de l'agriculture il y a environ 12000 ans, le nombre d'arbres dans le monde a chuté de 46%. Depuis le début du XXe siècle, 50% des forêts ont disparu !

Nous devrions pourtant prendre soin de nos forêts, car elles assurent des fonctions régulatrices et stabilisent les écosystèmes. Prenons quelques exemples.

Les forêts contribuent à la fixation et la conservation des sols. Les racines s'étendant dans la terre ont un effet stabilisateur qui diminue l'érosion naturelle. Les arbres freinent également la force des vents et des intempéries, protégeant ainsi les sols sur lesquels ils vivent.

L'eau qui circule en forêt (pluie, source, rivière, etc.) est stockée par les végétaux qui la restitue ensuite à l'atmosphère dans un cycle continu d'absorption et d'évapo-transpiration. D'autres flux pénètrent les sols et alimentent les végétaux ou reconstituent les nappes phréatiques (cf. le cycle de l'eau).

50% des pluies tombant sur l'Amazonie proviennent de l'Atlantique et 50% de l'évapo-transpiration de la forêt. Aujourd'hui, la quantité de pluie a déjà diminué de 10% comparativement à 1975. Selon certains modèles climatiques, suite à la baisse des précipitations, la forêt amazonienne pourrait se transformer en savane en 2100, éliminant une partie de la biodiversité.

Les forêts entretiennent également leur propre climat. Les arbres et notamment les conifères libèrent des terpènes (hydrocarbures) qui se combinent avec les molécules d'air et participent à la formation des nuages. En raison des molécules libérées par les forêts, on a constaté que les nuages sont plus denses au-dessus des grandes forêts et donc plus brillants, réfléchissant plus fort la lumière du Soleil et donc accentuant le refroidissement au-dessus de ces régions.

L'aviateur et explorateur Gérard Moss a découvert ce qu'il appelle les "rivières volantes". La vapeur d'eau qui s'élève de la jungle d'Amazonie se condense dans les nuages et apporte la pluie dans l'est du Brésil. Ce flux continu transporte jusqu'à 200000 m3 d'eau par seconde. Aujourd'hui on constate que le déboisement de la forêt amazonienne modifie localement la quantité de pluie et le climat et donc que chaque arbre abattu est un désastre sur le plan climatique.

Après la mer, la forêt est l'écosystème où la vie est la plus diversifiée, du moins sous les Tropiques. Que ce soit sur les racines des arbres, à la base des troncs, sur les troncs, dans les troncs, sur les branches, sur les feuilles ou dans la cime, tous les étages des arbres sont occupés par des espèces spécifiques. Ceci explique pourquoi le regard ne porte pas à plus de quelques dizaines de mètres tellement ces forêts sont denses et sombres. Et malgré cette forte densité, on ne voit pas les animaux mais en revanche, on entend leurs cris (tant qu'il ne pleut pas) ! La disparition de ces animaux entraîne des ruptures en cascade dans la chaîne alimentaire jusqu'au superprédateur qui ne trouve plus ses proies.

La canopée (la cime des arbres) est le principal endroit par lequel la forêt effectue ses échanges avec l'atmosphère. En effet, un arbre survit avant tout grâce au feuillage de sa cime plus que par ses racines ou son tronc.

Considérée comme la "dernière frontière" par les botanistes, la canopée est encore très mal connue alors que c'est l'endroit le plus important de la forêt. De la bonne santé de la canopée dépend la survie des arbres et sans arbres la diversité disparaît ainsi qu'une bonne partie des pluies.

Si l'homme veut préserver les forêts pour pouvoir notamment respirer sainement demain et tirer avantage de la biodiversité, il doit donc trouver dès à présent un juste compromis entre la satisfaction de ses besoins vitaux et la protection de cet écosystème.

A voir : Les "rivières volantes" d’Amazonie menacées, AFP, 2014

A lire : Raoni revient en Europe (sur le blog, 2010)

La forêt et en particulier celle de l'Amazonie, c'est d'abord un écosystème centré autour du plus grand fleuve du monde. A gauche, une vue aérienne des méandres de l'Amazone. Au centre, une femme Aukee Kayapo et son enfant, emblématiques de la lutte des Indiens pour protéger leur milieu et leur culture. Environ 6 millions d'Indiens vivaient en Amérique du Sud avant le débarquement des Européens. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 430000... L'Amazonie c'est aussi entre 100 et 250000 Indiens répartis dans une centaine de tribus. Selon un recensement réalisé en 2001 par l'expédition FUNAI, les terres indiennes Javari abritent 19 tribus qui n'ont pas de contact avec le monde extérieur. On ne connaît ni leur langage ni leur nom. Beaucoup parmi les petites tribus "civilisées" vivent aujourd'hui dans des réserves pour leur propre sécurité (notamment vis-à-vis des maladies transmises par les étrangers). Les blancs qui les visitent les appellent les "primitifs". Ca ne plaît pas aux Indiens. Comme le dit si bien l'ethnologue Erling Söderström, ces communautés n'ont pas besoin de nous ni de nos maladies, mais ont besoin de conserver leurs territoires au sein de la forêt pluvieuse. Pami les communautés indiennes les plus importantes citons les Marubo, Huaorani et Kayapo dont certains de leurs membres n'ont pas hésité à venir en Europe et aux Etats-Unis pour protester contre les actions inconsidérées des Blancs dans leur pays. Aujourd'hui les Indiens revendiquent leurs terres natales. A droite, une cascade de l'un des dizaines d'affluents qui alimentent l'Amazone le long de ses 6380 km. En période de crue le débit de l'Amazone fait plus que quadrupler pour atteindre 300000 m3/s, davantage que les débits du Nil et du Mississippi réunis ! Documents Erling Söderström/Korubo et Navis.

Les Occidentaux, et les citadins en particulier, imaginent que par nature un arbre c'est un tronc nu au-dessus duquel s'épanouit une couronne de ramures et de feuilles, l'espèce étant reconnaissable à son tronc ou à ses feuilles. C'est bien sûr le cas dans nos forêts tempérées clairsemées ou dans la savane. Mais si vous étiez né dans la jungle, vous auriez un tout autre discours. En effet, dans les forêts pluvieuses des régions tropicales, la biodiversité est tellement abondante que les organismes vivants ont envahi tous les étages de la forêt, des racines à la cime des arbres. Dans la jungle, un arbre n'est jamais nu, il est "habillé", en ce sens qu'il est recouvert de la tête au pied par des végétaux appartenant à d'autres espèces, sans parler des animaux et notamment des insectes qu'il abrite.

En certains lieux (Guadeloupe, Costa Rica, etc.), la végétation est tellement luxuriante et les plantes parasites tellement variées et abondantes que même les spécialistes ont parfois du mal à identifier l'espèce qui se cache sous cette végétation ! Comparée à nos pauvres forêts européennes de chênes, de hêtres ou de pins, la jungle nous apporte un bon bol d'air et nous rappelle que la nature peut revêtir bien des formes. Dans ces régions, le nombre d'espèces d'arbres est deux à trois fois plus élevé que dans tous les pays d'Europe réunis !

Le poumon de la Terre

La forêt pluvieuse dans son état vierge existe encore mais pour combien d'années ?

Chacun a appris à l'école et on l'affirme encore dans des reportages que l'Amazonie est le "poumon de la Terre", c'est-à-dire qu'elle est la première source d'émission d'oxygène qui, rappelons-le, représente ~21% (en volume) de la composition de l'atmosphère. En réalité, comme nous le verrons en climatologie, l'Amazonie ne contribue qu'à la moitié des émissions d'oxygène, l'autre moitié et aussi étonnant que cela soit, étant produite par le plancton.

En moyenne un arbre absorbe 25 kg de CO2 par an. Une forêt de 40 millions d'arbres peut absorber 1 million de tonnes de gaz carbonique au cours d'une année. A raison de 3 arbres par mètre carré, cela représente une surface boisée de 1333 ha ou 13.3 km2. C'est d'ailleurs le nombre d'arbres que replanta le jeune botaniste Akira Miyawaki âgé de 90 ans et qui inspira des projets de reboisement à travers le monde (cf. RTBF, Mini Big Forest).

Grâce au mécanisme de la respiration chlorophyllienne, les forêts absorbent jusqu'à 46% du carbone émit par la terre, réduisant d'autant l'effet de serre, et produit en contre-partie de l'oxygène. Il n'y a pas si longtemps encore, on estimait que les forêts tropicales étaient un piège à carbone mais tout indique que ce n'est plus vrai au XXIe siècle.

Entre 2003 et 2014, des chercheurs ont analysé le budget ou bilan carbone des forêts d'Amérique du Sud, d'Afrique et d'Asie qui sont censées jouer un si grand rôle dans l'absorption des gaz à effet de serre et ont découvert à leur grande surprise qu'au lieu d'absorber le gaz carbonique, ces forêts libéraient 425 mégatonnes (425 Tg) de carbone chaque année ! C'est une quantité supérieure à ce qu'émet tout le secteur du transport aux Etats-Unis (qui dans le monde représente 15% des émissions de CO2, cf. Les émissions mondiales de CO2). Les résultats de cette étude dirigée par Alessandro Baccini du Centre de Recherche de Woods Hole (WHRC) furent publiés dans la revue "Science" en 2017.

Cette émission excessive de carbone par les forêts s'explique du fait qu'aujourd'hui le volume des forêts n'est plus suffisant pour compenser les pertes de gaz carbonique. En deux mots, à l'échelle globale les forêts ne sont plus le "poumon de la Terre" !

De plus, selon le rapport 2018 de l'Agence Internationale de l'Énergie (IEA), entre 2010-2017 nous avons injecté chaque année 33.1 milliards de tonnes de gaz carbonique dans l'atmosphère !

Au coeur de la forêt de Casentinesi toscane à Camaldoli, en Italie, décrétée parc naturel en 1993. Document Manuelo Bececco.

Selon une étude publiée par Jean-Pierre Wigneron de l'INRA et ses collègues dans la revue "Nature" en 2019, l'analyse des données du satellite SMOS de l'ESA sur la période 2010-2017, a montré que le budget net tropical du flux de carbone au-dessus du sol (AGC) est à peu près équilibré : on observe une perte brute de -2.86 PgC par an compensée par un gain de -2.97 PgC/an entre continents. Mais il y a des fluctuations interannuelles et spatiales importantes induites par des périodes plus humides (cf. la Niña en 2011) ou des sécheresses (cf. l'épisode El Niño de 2015-2016). Globalement, ces variations saisonnières combinées à la déforestation provoquent une augmentation des émissions de carbone et signifient que les forêts tropicales ont perdu leur rôle de puits de carbone.

Baccini et son équipe ont également mesuré l'impact des perturbations et de la dégradation de la densité des arbres sur la biodiversité qu'on attribue généralement à l'exploitation forestière (l'abattage sélectif), au feu, à la sécheresse et à la chasse. Ils sont arrivés à une réduction alarmante de 75% de la biomasse ! Le problème est qu'il est difficile de surveiller la déforestation par avion ou pour satellite car vu d'altitude la canopée paraît ininterrompue alors qu'il y a peut être une végétation clairsemée et un épuisement du sol.

Pour obtenir des données plus précises, les scientifiques ont combiné 12 ans de données satellitaires avec des études sur le terrain. Leurs résultats montrent qu'il y a une perte nette de carbone sur tous les continents. Rien qu'en Amérique latine, le bassin de l'Amazonie représente près de 60% des émissions de carbone contre 24% en Afrique et 16% en Asie. Globalement, plus de carbone a été perdu pour la dégradation et les perturbations que par la déforestation.

Selon Wayne Walker qui participa à cette étude, si la situation est préoccupante, c'est aussi une opportunité car aujourd'hui nous sommes capables d'identifier les zones touchées et de restaurer les forêts avant qu'elles ne disparaissent complètement. La priorité est donc de protéger les forêts vierges présentant un taux élevé d'émissions de carbone. La manière la plus efficace d'y parvenir est de supporter les droits territoriaux des peuples indigènes encore très nombreux en Amazonie. Malheureusement, de nombreux gouvernements ayant des territoires dans les forêts tropicales vont dans la direction opposée, sacrifiant les traditions à la modernité, en particulier au Brésil et en Colombie où la déforestation s'accélère toujours (voir plus bas).

Ceci dit, bien que la situation soit alarmante, restons positifs sachant que nous avons toujours la possibilité de restaurer les zones dégradées et de définir de nouvelles réserves naturelles. Bien sûr, il faut les protéger et cela coûte de l'argent. Mais le tourisme peut combler une partie des investissements. Cela exige aussi de la bonne volonté de la part des gouvernements concernés et pourquoi pas qu'ils indemnisent ou compensent le manque à gagner des industriels et des petits fermiers qui exploitent cette ressource car on sait très bien que ce n'est pas une loi ni même une barrière qui les empêcheront de détruire la forêt.

En résumé, la forêt, au même titre que l'eau et l'air sont indispensables à la vie, et sans cet organe vital, Gaïa serait en train de s'asphyxier, ce qui semble effectivement être le cas depuis la fin du XXe siècle. Mais il n'y a pas que la forêt qui se dégrade et tend à disparaître car aujourd'hui toutes les espèces victimes de la déforestation et du braconnage sont menacées d'extinction.

La déforestation

La déforestation se produit pour différentes raisons. L'homme a des besoins directs et des besoins indirects. Certaines populations pauvres comme celles du Salvador ont besoin de bois pour se chauffer et cuisiner, ailleurs il sert de fourrage pour leur bétail, voire même de nourriture. Selon le rapport du 5e "Forum sur les forêts" des Nations Unies (UNFF) qui s'est déroulé en 2005, on estime que 90% de la population des pays pauvres dépend des forêts pour vivre. Concrètement, 3 milliards d'habitants ont besoin du bois des arbres (ou du charbon de bois) pour cuire leurs aliments ou se chauffer.

Aujourd'hui, la forêt amazonienne représente 5.5 milions de km2 dont 30% sont menacés par l'agriculture, en particulier par les plantations de soja. En 1500, on estime que l'Amazonie était 5 fois plus étendue.

Selon un rapport du Thinktanks de Chatham House publié en 2010, entre 2000 et 2010, on abattit illégalement en Amazonie 100 millions de mètres cubes de bois  par an. Si on considère qu'une stère soit 1 m3 de bois pèse ~500 kg une fois sec, 50 millions de tonnes de bois furent coupés chaque année, presque autant que dans les forêts boréales entre 1978 et 1982 (voir plus bas).

Selon une étude publiée par MapBiomas en 2020 basée sur des images satellites notamment, entre 1985 et 2018, l'Amazonie perdit 724000 km2 de forêts, l'équivalent de la superficie du Chili, dont 440000 km2 de végétation native (primaire) ! Durant la même période, l'agriculture et l'élevage ont augmenté de 710000 km2. Sur l'ensemble de la superficie du bassin amazonien, la forêt représente 79.9% des terres (dont 60.9% au Brésil), l'agriculture 14.1% (30.6% au Brésil), les végétaux non forestiers 3.4% (5.9% au Brésil), les fleuves et étendues d'eau 2.5% (2.0% au Brésil) et les zones urbanisées 0.1% (0.6% au Brésil).

A voir : Lançamento da Coleção 2.0 do MapBiomas Amazônia, 2020

A gauche, carte de l'état des lieux de la déforestation en Amazonie en 2007. Au centre, deux images du déboisement illégal de la forêt amazonienne dans l'Etat de Pará au Brésil afin de cultiver du soja. Des millions d'hectares de forêt et de stères de bois partent ainsi chaque année en fumée. A droite, la baie de la Betsiboka au nord-ouest de Madagascar chargée de sédiments de latérite suite à la déforestation. Photo prise depuis la station ISS le 11 août 2002. Les eaux du fleuve Mahajamba et du littoral sont polluées, envahies de boues. La flore et la faune marines disparaissent. Voici une photo de la baie prise depuis la navette spatiale le 7 septembre 1985. La situation s'est aggravée en 20 ans. Documents IPCC, Greenpeace, Virtual Centre et NASA.

La principale raison de la déforestation est l'extension des activités agricoles telles que la culture intensive (soja, blé, café, palmier, cacao, etc) et l'élevage du bétail. Dans beaucoup de pays, et pas seulement sous-développés, il n'existe pas d'aide sociale pour les sans-emplois. En d'autres termes, vous travaillez ou vous n'avez pas de revenus et vivez dans des conditions miséreuses au point de mettre votre vie et celle de votre famille en sursis. Pour ces milliards de pauvres, la seule solution pour s'en sortir est donc l'exploitation de ces immenses forêts vierges. Ces ouvriers et planteurs travaillent soit pour un industriel, généralement une multinationale, soit une société coopérative locale mais très rarement à leur compte. C'est une opportunité qui peut leur offrir un peu d'argent, survivre et faire vivre leur famille. Peut-on leur en vouloir ? Certainement pas quand pour eux c'est une question de vie ou de mort.

La responsabilité est à rechercher en amont, principalement auprès du président (Jair Bolsonaro au Brésil) qui approuve ou tolère la déforestation y compris illégale ainsi que chez les entrepreneurs et les industriels qui profitent de cette activité comme les grands patrons des secteurs du soja, du café ou du cacao qui s'enrichissent à coup de milliards d'euros sur le dos de cette main d'oeuvre sous-payée (300 €/an si le planteur travaille pour un industriel à 1200 €/an en coopérative). En plus, ils sont encouragés par certains pays européens hypocrites comme les Pays-Bas qui aident techniquement le Brésil à construire des dizaines de ports tout le long de l'Amazone pour acheminer le soja et d'autres produits destinés à l'exportation.

Mais il y aura un prix payé que les habitants de certaines villes comme Manaus observent déjà : plus il y a d'infrastructures routières et portuaires, plus rapidement la forêt amazonienne disparait et plus le climat devient chaud et sec. Et ce processus est irréversible.

Symbole de la pression humaine sur les biocénoses et notamment sur les animaux, ces trois images à briser le coeur montrent la lutte inégale, parfois à mort, et perdue d'avance entre un orang-outan de Bornéo et une excavatrice qui a détruit tout son biotope en Indonésie. Le pauvre animal a fini par tomber du tronc d'arbre devant les membres de l'IAR (International Animal Rescue). Ils ont heureusement pu récupérer l'orang-outan sain et sauve mais traumatisé et l'ont déplacé dans une forêt protégée. Lire sa mésaventure sur Thinking Humanity. Selon l'IAR, de telles scènes deviennent de plus en plus fréquentes en Indonésie. Document IAR.

Une autre raison pour laquelle les entreprises sont attirées en Afrique de l'ouest, en Amazonie, dans le sud-est de l'Asie ou par la forêt boréale et probablement la plus dramatique à long terme sur le plan écologique, c'est la demande des pays industrialisés. Que ce soit en Asie ou en Occident, la population consomme du bois et du papier, les fermiers élèvent du bétail de manière intensive et toute la population est avide d'aliments de qualité et notamment de produits chocolatés. Quel est le rapport ? Le bois que l'on coupe en Amazonie, au Canada ou dans les pays nordiques permet de fabriquer des meubles pour les riches Occidentaux et des produits dérivés de moindre qualité, y compris du papier journal et de toilette. Pour élever du bétail et notamment les vaches à lait, les Occidentaux leur donnent à manger de l'herbe et de la paille mais également des nutriments complémentaires comme le soja pour augmenter leur rendement. Enfin, tout le monde aime les confiseries et en particulier le chocolat et les enfants adorent le cacao. Voilà le rapport entre le chocolat et la déforestation. 

Les incohérences de l'Europe face à l'agrobusiness

Puisque les Occidentaux n'ont pas assez de surfaces cultivables pour nourrir toute leur population ou ne peuvent pas cultiver certaines espèces sous leur climat trop froid, les gouvernements et les lobbies n'ont pas trouvé de meilleure idée que de solliciter des multinationales afin qu'elles nous fournissent les produits recherchés, soja, bois et fèves de cacao parmi d'autres. Pour cela, ces entreprises sont payées très cher pour abattre les arbres d'Amazonie et les remplacer par des cultures intensives de soja et en Afrique ils abattent la forêt primaire ou les palmiers pour planter des cacaoyers. Or, concernant le soja, outre la culture intensive qui détruit toute biodiversité, dans les fermes d'élevage intensif d'Occident, le soja représente les deux tiers de l'alimentation des vaches mais elles n'en absorbent qu'un tiers. Autrement dit, la plus grande partie du soja produite est finalement perdue et avec elle la forêt amazonienne !

En 2016, l'ONG Mighty Earth dénonça la déforestation en Côte d'Ivoire et avertit l'Union européenne du manque de transparence et du double jeu des industriels qui pour la plupart ne participent pas au commerce équitable.

Mais pire que cela, d'un côté on sensibilise les citoyens européens à l'écologie et au développement durable et d'un autre côté l'Europe importe du soja et de l'huile de palme cultivés sur des terres déboisées d'Amazonie et d'Asie ! Chercher l'erreur... Quand ces fonctionnaires européens vont-ils arrêter de se moquer des gens et de nous mentir ?

A lire : La déforestation amère du chocolat, Mighty Earth

Pour le chocolat et le cacao, c'est différent. Le traitement de la fève coûte tellement cher et la concurrence âpre au gain que les industriels (Mars, Milka, Nesquik, Poulain, etc) en mettent le moins possible et complètent le produit à grandes doses de graisse et de sucre et autre maltodextrine (le cacao en poudre contient souvent plus de 80% de glucose). Mais grâce à ce que perdent les uns, les autres s'enrichissent; c'est ce qu'on appelle l'agrobusiness. Aujourd'hui, de plus en plus d'ONG et d'associations de consommateurs dénoncent ce double jeu des grandes entreprises (une image très nature et des pratiques contre nature), leur commerce non équitable et le manque de contrôle des autorités européennes sur tout ce trafic.

Autre problème, les méthodes de travail de ces entrepreneurs qui travaillent en Amazonie, en Afrique et en Indonésie sont discutables. Contrairement à d'autres régions où l'on défriche intelligemment en laissant repousser une végétation secondaire, ces entrepreneurs rasent la région à coup de tronçonneuses et de bulldozers qui font autant de dégâts à l'écosystème que la scie en fait aux arbres. Ils abattent donc tous les arbres dans leur parcelle et brûlent les troncs d'arbres dans un processus qu'on appelle l'agriculture "Slash and Burn".

Le cas du Brésil est emblématique car tout le monde a ses yeux rivés sur le "poumon de la Terre" qui n'en a plus que le nom. Selon la loi brésilienne, en Amazonie tout propriétaire a le droit de déboiser 20% de son terrain. Malheureusement, certains ont trouvé le moyen de détourner cette règle en revendant les 80% restants à un autre fermier qui pourra à nouveau prélever du bois sur 20% de cette parcelle, et ainsi de suite. C'est ainsi qu'aujourd'hui 80% du déboisement se fait dans l'illégalité.

Il faut ajouter à cette surexploitation, toutes les industries et les métiers avides des espèces sylvicoles pour fabriquer des meubles en bois précieux (acajou, amaranthe, ébène, palissandre, teck, etc, le mot "brésil" qualifiant lui-même un type de bois rouge), des substances thérapeutiques, des résines, du latex, de la cellulose... Toutes les industries pharmaceutiques, chimiques et autre Monsieur Bois sont donc présents dans les forêts du Brésil qui constituent de véritables mines d'or, au sens propre comme au figuré.

A télécharger : ECOSIA

Le moteur de recherche qui plante des arbres

L'aspect de l'Amazonie après la déforestation et sa transformation en terre agricole. A gauche, une vue d'avion du Mato Grosso à l'ouest au Brésil. Au centre, la gestion de la forêt jusqu'à l'absurde : les bûcherons ont tout rasé sauf le seul arbre protégé qui n'abritera vraisemblablement plus beaucoup d'animaux et dont l'utilité devient toute relative. A droite, un champ de soja dans le Campo Novo do Parecis dans le Mato Grosso. En 2016, près de 2 millions d'hectares de forêts furent détruits et convertis en champs. Documents Paulo Whitaker/Reuters, Rodrigo Baleia et Yasuyoshi Chiba/AFP.

Les plus grandes exploitations sont consacrées à l'élevage où les fermiers n'hésitent pas à déboiser des étendues jusqu'à 1000 km2 et à tracer des routes en toute illégalité. Ces fermiers arrivent rapidement à développer une culture intensive à grande échelle capable de détruire en une année plus de 27000 km2 de forêts !

En Côte d'Ivoire, selon Might Earth, afin de satisfaire la demande de géants de la chocolaterie comme Nestlé, Cadbury et Mars, de nombreux parcs nationaux du pays et d’aires protégées ont été défrichés pour laisser place à des exploitations de cacao. Entre 2001 et 2014, près de 1180 km2 de zones protégées soit 10% du couvert forestier furent détruits et la déforestation continue en toute illégalité.

La "loi de la jungle"

L'état de santé de l'Amazonie reste inquiétant. Aujourd'hui seul le noyer du Brésil et l'hévéa, qui produit le caoutchouc, sont protégés. Certaines régions comme le Tapajos (Flona), grande comme deux fois le Luxembourg, ont également été transformées en parcs nationaux. Malgré ces bonnes intentions du gouvernement, les trafiquants font la loi.

Les fleurs du mal s'épanouissent. Zones de déforestation à Tierras Bajas en Bolivie photographiées depuis la station ISS le 16 avril 2001. Document NASA/ESA. Lire aussi cette étude sur la morphologie agraire (2010).

En 2001, dans l'Etat du Pará grand comme deux fois la France, 1250 entreprises affirmaient pratiquer l'économie forestière. Mais sur le terrain, les inspecteurs du ministère de l'Environnement ont constaté que seules 750 entreprises respectaient ces normes. Par comparaison, dans l'État proche de Guyane française, 400 espèces de bois sont protégées. Mais cela n'empêche pas le trafic illicite de bois, de plantes ou d'animaux en péril à partir du Brésil.

Dans les pays du Sud, l'aide publique est généralement peu importante et le Brésil ne déroge pas à cette règle. Pour la protection de la forêt, l'aide publique consacre en moyenne 7 fois moins d'investissement que le secteur privé. En revanche si ce dernier paraît très actif, chaque année les coupes illégales font perdre 15 milliards de dollars aux pays du Sud, environ 10% de leurs bénéfices bruts.

Se greffe sur ce problème ce qu'on peut littéralement appeler la "loi de la jungle". La plupart des travailleurs, qui comprennent des enfants, défrichent la forêt dans des conditions pénibles, parfois inhumaines. Ils sont employés par de grands propriétaires (Fazendeiros) dont certains n'hésitent pas à les traiter comme des esclaves et font appel à des pistoleros pour faire respecter leur loi.

Il y a quelques années la Commission Pastorale de la Terre (CPT) de Belém avait répertorié au moins 17 fermes dans le sud du Pará où 464 esclaves étaient recensés. Suite à différents rapports des ONG, en 2005 le ministère brésilien de l’Emploi a mené 183 raids contre les fermes des Fazendeiros. 4133 esclaves ont été libérés par les autorités, le chiffre le plus élevé depuis 10 ans ! Mais les autorités estiment que quelque 250000 personnes vivent et travaillent toujours en semi-esclavage. "Hombre, bienvenida en el Eldorado de Amazonia !" ou en portugais pour la région Est, "Homem, boas-vindas no Eldorado de Amazónia !". Mais la réalité n'est pas celle des cartes postales...

Au début des années 2000, nous ne pouvions pas blâmer la politique du gouvernement brésilien qui essayait tant bien que mal d'enrayer ce processus de déforestation et de condamner l'esclavage. Mais il manquait d'argent pour surveiller l'application de sa politique intérieure à travers l'immensité de son territoire. Grâce au travail de sensibilisation de la CPT et des ONG, des lois condamnant ces activités criminelles sont aujourd'hui d'application mais visiblement la politique gouvernementale anti-déforestation est un échec quoiqu'en disent les ministres concernés.

Une certaine volonté de mieux faire

En parallèle, le 22 août 2002, M.Fernando Henrique Cardoso, alors président du Brésil, annonça la création du Parc National de Tumucumaque (Parque Nacional das Montanhas do Tumucumaque) dont la superficie est de 38000 km2, soit davantage que la Belgique. Ce site constitue aujourd'hui la plus grande surface de forêt tropicale protégée d’un seul tenant au monde. Le parc national de Tumucumaque est situé dans l'Etat d'Amapa, au nord-est du Brésil.

Le Brésil a également créé le plus grand réseau mondial d'aires forestières protégées couvrant au moins 1.5 million d'hectares soit 15000 km2 et confirme sa volonté de protéger l’Amazonie et son attachement au développement durable.

Malgré ces initiatives encourageantes, le record de déforestation fut atteint entre août 2003 et juillet 2004, où 27429 km2 de forêts furent déboisées, l'équivalent de 2.7 millions d'hectares, près des deux-tiers de la superficie de la Belgique ! Le précédent "record" remontait à 1995, avec 25000 km2 de forêts déboisées. A cette époque l'équivalent de la superficie d'un terrain de football disparaissait toutes les minutes !

Face à cette situation, depuis 2006 les dirigeants de l'industrie ont accepté un moratoire sur la culture du soja sur les terres nouvellement défrichées, en conséquence directe d'une campagne de Greenpeace.

Peu après le WWF se mobilisa au travers de sa "Campagne Amazonie" pour sensibiliser la population au problème de l'exploitation du bois. Selon un rapport préliminaire publié le 10 août 2007 par le gouvernement brésilien et repris par le WWF Brasil, la déforestation de l'Amazonie diminua de 30% entre août 2006 et juillet 2007 : 9600 km2 de forêts tropicales ont bien disparu, mais entre août 2005 et juillet 2006, le Brésil avait perdu 14039 km2 de forêts, représentant déjà une réduction de 25% par rapport à l'année précédente. Mais le Mato Grosso reste l'État où la déforestation a été la plus importante, atteignant 38% du territoire en 2008.

A voir : Ministério do Meio Ambiente

Le site web du Ministère brésilien de l'environnement 

Pourcentages de déforestation par décennie (gauche) et proportion des zones protégées, réserves, parcs et autres sanctuaires dans le monde (centre). Seuls les pays développés ont les moyens de reboiser ce qu'il ont détruit au cours de leur développement. Les pays du tiers-monde le feront le jour où leur économie sera florissante. Les autorités essayent de les convaincre d'y penser dès à présent, mais quand votre ventre crie famine et que la déforestation et la culture intensive peuvent vous rapporter de l'argent, il est diffcile de penser à autre chose. A droite, évolution de la déforestation en Amazonie brésilienne entre 1988 et 2019. Documents FAO, UNEP/WCMC (1999) et Mongabay.

En 2012, l'Amazonie perdit 6000 km2, l'un des niveaux les plus faibles depuis 35 ans (1977) mais qui représente tout de même trois fois la superficie du Luxembourg. La ministre de l'Environnement, Marina Silva, attribua ces résultats encourageants au plan de lutte et de surveillance lancé par le gouvernement. En quelques années le Brésil réduisit la déforestation de 80%. Mais depuis 2012, la déforestation s'est de nouveau accélérée et le gouvernement semble incapable de l'enrayer. Ainsi, en 2016 au Brésil près de 7500 km2 de forêts soit l'équivalent de près du quart de la superficie de la Belgique furent encore rasés et convertis en champs !

Une enquête réalisée par Greenpeace en 2015 révéla que les politiques du gouvernement brésilien visant à lutter contre l'exploitation forestière illégale furent un échec. Greenpeace a même constaté que les bûcherons récoltaient du bois illégalement et le "blanchissaient" en l'étiquetant comme étant du bois légal !

Ceci dit, en décembre 2016 le gouvernement brésilien a promis le "plus grand engagement de restauration de toute la nation" pour rétablir d'ici 2030, 12 millions d'hectares soit 120000 km2 de terres forestières dégradées ou déboisées. On ne demande qu'à voir. Si la déforestation diminue, on estime que les émissions annuelles de gaz à effet de serre liées à cette activité pourraient diminuer jusqu'à 30%. Malheureusement, c'est tout le contraire qui s'est produit !

Des chiffres records depuis 2019

Malheureusement, la déforestion de l'Amazonie s'est aggravée depuis l'arrivée au pouvoir du président brésilien Jair Bolsonaro en 2019, un climato-sceptique d'extrême-droite !

Selon le rapport de l'institut national brésilien de recherche spatiale INPE publié le 8 mai 2020, la déforestation en Amazonie brésilienne entre avril 2019 et avril 2020 a atteint son plus haut niveau depuis le début du suivi mensuel en 2007. Le système DETER de surveillance de la déforestation détecta 406 km2 de déforestation soit 64% d'augmentation en avril par rapport au même mois il y a un an, portant l'étendue de la déforestation à 9320 km2 sur 12 mois soit 40% de plus qu'un an auparavant ! Cela  fait 13 mois consécutifs que la déforestation augmente par rapport aux chiffres de l'année précédente.

A lire : Brésil : le nouveau code forestier pourrait condamner l’Amazonie, Greenpeace, 2011

Évolution de la déforestation de l'Amazonie brésilienne. Documents Mongabay adaptés de INPE.

Au cours des quatre premiers mois de 2020, la déforestation amazonienne a augmenté de 55% par rapport à l'année précédente pour atteindre 1202 km2. Cela représente une augmentation de 55% par rapport à la même période en 2019.

Au total, entre 2010 et 2017, le Brésil, la Bolivie, le Pérou et la Colombie ont perdu ensemble plus de 225725 km2 de forêts soit l'équivalent du tiers de la France (cf. ce diagramme). Parmi tous les pays installés en Amazonie, à lui seul le Brésil est responsable de 76% de la déforestation ! Entre 2010 et 2020, la forêt amazonienne brésilienne, qui représente 60% du total, relâcha 20% de plus de gaz carbonique qu'elle n'en avait absorbé.

Ces chiffres confirment le désintérêt total du président Bolsonaro pour l'Amazonie qui a même proposé d'ouvrir les terres protégées à l'exploitation minière et à l'agriculture.

Un désintérêt politique

Depuis le début de la colonisation de l'Amérique latine, 20% de la surface de l'Amazonie ont déjà été déboisés dont plus de 15% entre 1950 et 2015. Toute les décennies l'Amérique latine perd 5% de sa forêt primaire, ce taux atteint 7% en Afrique. Aujourd'hui, si vous survolez le Brésil dans les États du Pará ou du Mato Grosso, vous découvrirez que tous les pourtours de la forêt pluvieuse et les abords immédiats des fleuves ont été grignotés, des prairies et des champs gigantesques ont remplacé les arbres pour cultiver du soja, élever des vaches et des boeufs pour alimenter le marché mondial. 

Quant aux millions de stères de bois abattus, le Brésil étant l'un des plus grands consommateurs de charbon de bois au monde (l'État de Maranhão situé au nord-est du Brésil s'est spécialisé dans le charbon de bois et fabrique des fours à bois en série), il finit en fumée, alors que paradoxalement, grâce à ses centrales hydroélectriques (mais à l'impact écologique très discutable comme celle de Belo Monte de 11 GW) le Brésil génère jusqu'à 70% de son énergie à partir de sources renouvelables.

Le gouvernement brésilien semble approuver cette pratique puisqu'il a investi lui-même dans la construction de 1800 km de route entre le Mato Grosso et le terminal d'exportation de Cargill. Comme une épidémie, le mal ronge le pays à petit feu.

A consulter : Global Fire Emissions Database - Global Forest Watch - Fires

La déforestation de l'Amazonie. A gauche, abattage des arbes dans l'État de Maranhão situé au nord-est du Brésil. Au centre, ce qu'il reste des arbres dans le Mato Grosso après l'incendie de la forêt. A droite, transport des arbres abattus en bordure de la forêt vierge. Documents Rodrigo Baleia, 2017.

Malheureusement, selon l'INPE en 2019 on constata une hausse de 30% des incendies de forêts en Amazonie (89178 foyers d'incendie a été détecté contre 68345 de 2018) ce qui entraîna l'émission de 6 milliards de tonnes de CO2 soit ~1/5e des émissions mondiales annuelles ! Comme ailleurs dans le monde, le réchauffement climatique, la sécheresse, le temps sec et la chaleur sont à l'origine de cette augmentation des incendies au Brésil (sans parler des incendies sauvages), ce que confirma le ministre de l’Environnement. Toutefois, après la désinformation diffusée sur les réseaux sociaux par quantité de personnalités qui publièrent sans vérifier les sources d'anciens photos ou prises ailleurs, le président Bolsonaro insinua que les ONG pourraient avoir provoqué ces incendies, ce qui souleva un tollé d'indignation en Occident.

Bref, si nous faisons le bilan, en 40 ans l'Amazonie a perdu 20% de ses forêts. Depuis l'an 2000, l'Amazonie a vu disparaître une surface de forêt grande comme 4 fois la Belgique !

Le point de non retour de la déforestation

La déforestation est un phénomène à double tranchant car non seulement elle réduit ou fait disparaître localement la biodiversité mais passée une certaine proportion de la superficie, le phénomène est sans retour. En effet, des géographes de l'Université de Cincinnati aux Etats-Unis ont étudié la déforestation de la planète à partir d'images prises par les satellites de l'ESA et de simulations. Leur constat est sans appel. Dans une étude publiée dans les "Geophysical Research Letters" en 2019, Tomasz F. Stepinski et le postdoctorant Jakub  Nowosad ont montré que la nature n'aime pas les paysages mixtes à moyenne échelle.

Les chercheurs ont analysé l'évolution d'environ 1.8 million de zones défrichées réparties en 64 paysages, ce qu'ils appellent des blocs répartis sur toute la planète. Entre 1992 et 2015, ils ont constaté que 22% de la surface habitable de la Terre ont été modifiées de manière mesurable : 15% des blocs ont connu une transition dont le plus grand changement est celui de la forêt vers l'agriculture. Quand la déforestation atteint la moitié de la superficie d'un bloc, elle s'accélère. Selon les chercheurs, "Les changements de paysages ne s'arrêtent que lorsque tout un bloc est converti en un autre bloc homogène."

La forêt boréale canadienne près du lac Waskesiu dans le parc national de Prince Albert dans le Saskatchewan (54°N, 106°O). Malgré les apparences, cette forêt nordique est tout aussi affectée par la déforestation que les forêts de Sibérie (52.6 millions de tonnes contre 65.8 millions de tonnes/an entre 1978-1982 selon la FAO). Par comparaison, entre 2000-2010, les industriels ont coupé (illégalement) en Amazonie 50 millions de tonnes de bois chaque année (100 millions de mètres cubes de bois par an). Document Gov.Canada.

Maintenant la question est de savoir pour quelle raison la transition s'accélère passé un seuil, une question à laquelle n'ont pas encore répondu les chercheurs. Selon les spécialistes, il est probable que les forêts deviennent plus vulnérables lorsqu'on commence à couper les arbres. On sait en effet que les grandes forêts continues résistent mieux aux espèces envahissantes ou au changement climatique. De plus, une forêt fragmentée par des routes ou des lacs (cf. les grands barrages) peut diviser les populations et empêcher leur développement jusqu'à conduire à l'extinction des espèces.

Les résultats de leur modélisation suggèrent que les scénarii des transits de la forêt à l'agriculture qui passent par une séquence de mosaïques agrégées sont plus fréquents et plus dommageables pour l'environnement que les transits passant par une séquence de mosaïques désagrégées. Cela suggère également que la préservation de terres à méso-échelle (~100 km2) avant d'atteindre les 50% de forêts perdues pourrait être une bonne stratégie de conservation.

Le risque de transformer la forêt amazonienne en savane

Evolution de la fraction BL (broadleaf) du feuillage persistant relevé par télédétection exprimé en pourcentage de cellules de grille ayant une fraction BL ≥ 80% chaque année (bleu), par rapport au nombre de cellules de grille ayant une fraction BL ≥ 80% en 2001, et la VOD (Vegetation Optical Depth ou profondeur optique de la végétation) moyenne mensuelle (rouge). Document C.A. Boulton et al. (2022).

Dans une nouvelle étude publiée dans la revue "Nature Climate Change" en 2022, Chris A. Boulton du Global Systems Institute de l'Université d'Exeter et ses collègues ont analysé 25 années (1991-2016) de données satellitaires de télédétection (MODIS, VODCA, AVHRR, NDVI) pour évaluer la résilience de la forêt amazonienne suite au stress, en particulier les changements occasionnés par les incendies ou les sécheresses, un indicateur clé de la santé globale de l'écosystème amazonien.

Selon les auteurs, la résilience a baissé sur plus de 75% de la surface de la forêt amazonienne et jusqu'à 50% en capacité de résilience dans les endroits les plus affectés, notamment près des activités humaines ou dans les zones en proie aux sécheresses.

Selon les modélisations, le seul facteur du réchauffement climatique pourrait transformer la forêt amazonienne en savane. A ce sujet, le rapport d'évaluation du GIEC publié en 2022 (AR6) a confirmé cette possibilité, qui d'après certains modèles pourrait survenir vers 2050. Cette transformation pourrait s'accentuer en raison de la déforestation et des incendies répétés, qui ajoutent un deuxième élément de pression sur l'environnement.

Conséquence de la transformation de l'Amazonie, des systèmes tout aussi importants pour l'équilibre planétaire comme les calottes glaciaires, le permafrost (qui contient d'énormes quantités de méthane ou de gaz carbonique), les récifs coralliens, le régime des moussons en Asie du sud-est et les courants maritimes atlantiques, sont menacés par ces "points de bascule", avec le risque d'une transformation radicale du monde dans lequel nous vivons.

Selon les auteurs, si le bassin amazonien se transforme en savane, quelque 90 milliards de tonnes de CO2 - ce qui représentait en 2022 deux fois les émissions annuelles mondiales toutes sources confondues - pourraient alors être relâchées dans l'atmosphère, accentuant encore le réchauffement.

Selon Tim Lenton, coauteur de cette étude, "Si on perd trop de résilience, le dépérissement pourrait devenir inévitable. Mais ça ne sera évident qu'une fois passé l'évènement qui fera basculer le système". Mais il garde l'espoir qu'on puisse rétablir la situation : "Si on pouvait faire re-baisser la température, même après le point de bascule, on pourrait peut-être retourner les choses".

Planter 1200 milliards d'arbres

A défaut d'amélioration, dans une étude publiée dans la revue "Science" en 2019, Jean-François Bastin et Thomas Crowther de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich ont calculé que pour absorber deux tiers des 300 Gt de carbone émis par les humains dans l'atmosphère depuis les années 1800, il faudrait planter 1200 milliards d'arbres à travers le monde. Sur base d'un prix de ~0.30$ l'arbre, Crowther estime que ce projet pourrait coûter quelques 300 milliards de dollars. Est-ce beaucoup ? Certes, cela représente autant que le budget du ministère de la Défense française mais à peine la moitié du budget militaire américain. L'association française 1 million d'arbres propose d'ailleurs de planter un million d'arbres en France. Il en reste 1199 millions à planter ce qui montre toute la démesure d'un tel projet. Est-il malgré tout réaliste ? L'avenir nous le dira.

Madagascar, l'île rouge se meurt

La situation est tout aussi critique à Madagascar. Pour survivre au milieu de la jungle, depuis plusieurs générations les Malgaches ont brûlé et rasé des milliers d'hectares de forêt primaire qu'ils ont transformés en bois de chauffage ou en champs de culture (riz, etc.). En 2020, il restait à peine 10% de zones boisées. 

Mais un autre péril menace Madagascar, surnommée "l'île rouge" en raison de la couleur de sa terre. Grâce à un système corrompu à tous les niveaux de pouvoir, du garde-forestier au douanier, un peu partout dans le pays des collines entières sont rasées et les bois précieux exportés en "toute légalité" vers l'Europe où ils sont revendus cent fois plus cher. Sous l'effet de l'érosion, la terre s'est éventrée, formant des "lavacs", des cañons abruptes pouvant atteindre 50 m de profondeur et jusqu'à 300 m de longueur.

Comme on le voit sur l'image présentée ci-dessous à droite, ici plus qu'ailleurs Gaïa ressemble de plus en plus à un être vivant écorché, ensanglanté au point que les rivières sont devenues rouges en raison des centaines de tonnes de terre qu'elles charient tous les jours des collines jusqu'à la mer, polluant d'autant les rivages. Si les villageois ne replantent pas rapidement des millions d'arbres, dans quelques siècles Madgascar sera un désert.

Même les fameux baobabs de Morondava (l'espèce Adansonia za mesurant jusqu'à 30 m de hauteur et 5 m de diamètre) ont dû mal à survivre sous la pression des hommes. En effet, les botanistes s'étonnent que malgré la présence de graines au sol, on ne trouve presque plus de jeunes pousses de baobabs; la plupart de ceux que l'on voit sont des adultes dont les plus grands ont 800 ans. L'une des explications possibles est liée au fait que le boabab est en fait un arbre de la forêt. Un baobab isolé dans la savane est un baobab qui meurt... Pourtant la plupart des boababs isolés ont l'air sain (un baobab mourant se déssèche de l'intérieur).... Si le mystère demeure, il est un fait que la population des baobabs diminue, signe que les temps ont changé.

A lire : La Banque mondiale lance un fonds pour sauver les forêts (sur le blog, 2007)

A gauche, la fameuse "allée des baobabs" à Morondava à Madagascar. Aujourd'hui isolés dans la savane sèche de l'Ouest, ces arbres âgés de 500 à 800 ans sont en train de mourir par la faute des hommes. A droite, suite à la déforestation intensive, à perte de vue les collines de Madagascar se couvrent de "lavacs", donnant au pays l'aspect d'un être vivant exsangue et d'autant plus surprenant que les rivières deviennent rouges vu la quantité de terre qu'elles charient. Documents D.R. et Wild Madagascar.

Que fait le pouvoir de Tananarive ? Quand il n'est pas corrompu, en collaboration avec les organismes caritatifs (paroisses comprises) et les ONG, il s'occupe d'abord de la population, plus préocupée de se nourrir que de protéger sa forêt primaire ! Et c'est bien naturel. Mais comme ailleurs, le jour où tout le bois de l'île aura disparu, ses habitants devront bien trouver un autre combustible pour chauffer ses aliments. Il peut s'agir du pétrole, facilement accessible, encore faut-il pouvoir l'acheter. Comment concilier le bien-être de la population avec l'écologie ?

Pour les Malgaches la solution passe par un saut dans la modernité. Madagascar bénéficie du Soleil des Tropiques, une énergie omniprésente et qui peut s'avérer très économique. En effet, on peut fabriquer un four solaire avec quelques pièces de métal et beaucoup de bonne volonté. C'est un moyen efficace pour fournir de la chaleur tout en protégeant les forêts. Dans ce contexte, le rôle de la FAO et des ONG est essentiel.

A Haiti, au Salvador...

Dans les autres pays tropicaux, la situation est parfois pire. Ainsi, après Haiti, le Salvador est le pays le plus déboisé d'Amérique latine avec 53% de sa superficie considérée aujourd'hui comme impropre à la culture. Plus de 4500 ha de forêt sont détruits chaque année en raison de la surpopulation chronique qui frappe ce pays excessivement pauvre.

La déforestation sauvage ne représente qu'un exemple parmi des milliers d'autres abus. Car nous pourrions tout aussi bien citer les dégâts au monde marin occasionnés par la pêche hauturière ou sportive qui manipule des filets toujours plus vastes et qui fait peu de cas des marsouins ou des dauphins, parfois âgés de quelques mois, qu'elle prend au piège. Même constat alarmant pour le thon rouge ou le cabillaud dont les populations diminuent chaque année en raison d'une pêche intensive qu'aucune autorité supranationale ne peut aujourd'hui freiner.

L'hypocrisie des pays riches

Tournons à présent notre regard vers l'Europe et les Etats-Unis. L'Occident (comme d'autres civilisations) a procédé de la même manière par le passé sur ses propres terres, défrichant à tour de bras les forêts de feuillus qui sont devenues autant de champs agricoles ou de cités.

Sommet du G8 à Gênes le 24 juillet 2001. Avouez que tant que des gens incompétents, ex-condamnés ou sans scrupule nous dirigent, notamment Bush, Poutine, Berlusconi et Chirac, le monde ne peut pas aller mieux. Ceci dit, les industriels ont aussi leur part de responsabilités dans la protection de l'environnement.

Point n'est besoin non plus de nous rappeler la période d'exploitation des enfants au début de l'ère industrielle et l'esclavage officieux qui perdure encore dans certaines classes défavorisées de la population.

Appréciez également à quel point nous avons saccagé notre environnement en un siècle. Comparez les politiques environnementales et les pratiques commerciales des pays membres du G8 (Etats-Unis, Canada, Royaume Uni, Russie, Japon, Allemagne, France, Italie). Dans toutes les mégapoles, les étendues vertes sont réduites à un peau de chagrin, la population suffoque les jours de canicule et doit survivre dans un smog de plus en plus fréquent. Nous n'avons de leçons à donner à personne.

Le G8 supporte un programme de préservation des forêts tropicales appelé le PPG7 (à l'époque la Russie n'y adhérait pas encore) créé en 1990. Malheureusement, le budget du ministère de l’Environnement brésilien dépend davantage de l'aide internationale que du budget fédéral. Comme tous les pays du Sud, le Brésil s'endette en empruntant de l'argent à des organismes internationaux comme la Banque Mondiale (voir plus bas). 

Le G8 en collaboration avec le SHAPE (OTAN en Europe) rêvent d'un nouvel ordre mondial et d'une coopération internationale capable de remodeler (reshape) la planète... Cette zone de libre-échange dans laquelle tous les pays ajouteraient une étoile à la bannière des Etats-Unis ne plaît pas à la majorité du monde, les pauvres.

Mais comme par le passé, les pays riches sont toujours hypocrites à ce jeu là comme nous l'a encore prouvé récemment l'OMC. Rien que l'industrie du bois et ses dérivés représente en Europe plus de 2.3 millions d'emplois, y compris la production de papier, l'édition et l'imprimerie. A l'échelle mondiale, les produits dérivés du bois représentent un commerce de 130 milliards de dollars et fournissent quelque 47 millions d'emplois.

Pour être plus concret encore, dans le monde chaque minute nous abattons 180 arbres pour fabriquer... du papier de toilette ! En 2050, nous abatterons près de 300 arbres... chaque minute ! En Europe, en moyenne nous consommons 13 kg de papier de toilette par personne par an. Comme pour d'autres produits de consommation, il faut aussi penser à l'avenir et protéger nos forêts dont le cycle est très lent à l'échelle humaine.

Selon un rapport du WWF, en 2002 le G8 et la Chine ont importé deux tiers du bois de construction, de pâte à papier et du mobilier commercialisés chaque année dans le monde. Près de 20% de ce bois proviennent d’exploitations illégales. Quel gouvernement veut enrayer ce processus ? Fautes de moyens et d'idées, je n'entends que le silence.

Les larmes de Gaïa

L'abondante pluie qui ne cesse de tomber sur les écosystèmes tropicaux a mouillé les yeux de Gaïa qui pleure aujourd'hui sur le sort tragique que lui réserve l'Occident.

On constate que les raisons et les enjeux de la déforestation sont très complexes. La fracture Nord-Sud n'est pas un cliché et nous devons aujourd'hui aider les pays pauvres à résorber une dette séculaire colossale.

Ainsi, le Brésil présente une dette publique (surtout envers l'Occident) qui s'élève à 84% de son PIB soit 1577 milliards de dollars US (CIA, 2017) contre 216 milliards en 2009 (cf. la dette publique). Dans un pays où le produit intérieur brut par habitant était de 14100 $US en 2017 contre 42848 $US pour l'Union Européenne (CIA, 2017) et 60200 $US pour les Etats-Unis (CIA, 2017), autant dire que les Brésiliens ont hypotéqué leur avenir pour alimenter les intérêts des riches actionnaires du Nord. 

En Bolivie, qui est également située en partie sur le bassin amazonien, le PIB par habitant est près de 7 fois inférieur à celui des Américains (7900 $US en 2017). Si l'écart tend à diminuer au fil des années, ce pays compte parmi les pays pauvres les plus endettés (PPTE). Les femiers ne peuvent pas acheter les biens de première nécessité et doivent cultiver du maïs qu'il revende pour pouvoir survivre. Et ainsi la forêt disparaît progressivement.

A voir : The Belize Zoo - The Belize Audubon Society

A gauche, la jungle de Belize. Ce chaos apparent est en fait un lieu en parfait équilibre et paradisiaque. Après la jungle du Costa Rica, ce milieu offre la biodiversité la plus riche au monde. On y dénombre 145 espèces de mammifères, 543 espèces d'oiseaux et 139 espèces de reptiles ! Pour ceux que cela intéresse, l'agence Cave Branch organise des expéditions dans les grottes et la jungle de Belize. A droite, un autre type de jungle, la derrière forêt primaire d'Europe. Elle est située dans les Carpates, à cheval sur les frontières de la Pologne, de la Roumanie et de l'Ukraine. Cette photographie a été prise dans le parc naturel national des Pieniny à la frontière polono-slovaque. On estime qu'il abrite environ 15000 espèces animales ! Documents Belize Hank et Wallpaper Flare.

Comment arrêter cette menace qui pèse sur la forêt ? Comment aider ces pays pauvres sinon en annulant leur dette envers les banquiers occidentaux ? Cela leur permettrait au moins d'éliminer un contentieux très lourd qui leur porte préjudice dans tous les secteurs de la vie.

Si ce principe d'entr'aide international ne plaît pas aux banquiers qui préfèrent ne pas écouter les plaintes du tiers-monde mais plutôt le bruit de l'argent de leurs actionnaires, qu'ils se rappellent bien qu'ils profitent de l'argent qui ne leur appartient pas et indirectement des travailleurs miséreux du Sud. A une autre époque, devant la crise socio-économique mondiale ils ont dû fermer leur porte. A trop vouloir et à profiter du flou juridique, on finit par tout perdre. Heureusement, sous la pression du public et des médias, quelques banquiers en ont pris conscience et ont accepté d'annuler la dette d'Etat à Etat de certains pays. Mais il reste beaucoup d'injustices en cette matière.

"Des faits choquants et affreux" dit le titre, comparant le prix de différents traitements médicaux aux investissements militaires. Si la situation est plus complexe qu'un tableau en deux couleurs, cela dénote malgré tout le degré d'injustice qui frappe le monde.

A l'échelle de la planète, le problème est exacerbé; l'économie compétitive mondiale dirige les besoins des pays du Sud. Ces derniers, pauvres et démunis, ont peu de moyens pour défendre leurs intérêts face à la puissance des multinationales.

Pour des raisons légitimes, les pays riches exigent de préserver les forêts subsistant encore. Les pauvres leur opposent l'argument du droit au développement pour exploiter intensivement leurs forêts. Le G8 ou le G20 serait bien en peine d'exiger quoi que ce soit des pays pauvres quand ses membres polluent eux-mêmes l'atmosphère et pillent toutes les richesses du monde au nom de leur développement économique.

Bien sûr, ainsi que nous l'avons dit, on ne peut pas demander à un pauvre de cuire ses aliments dans un four écologique quand il n'a déjà pas d'argent pour acheter le bois qui lui permettrait de les cuire ! Heureusement des associations locales et internationales ainsi que des célébrités organisées en fondations font écho de leur détresse et de leur combat au quotidien.

La lutte contre la fracture Nord-Sud est plus que jamais d'actualité et c'est tout à l'honneur des chefs d'Etats d'Amérique latine, d'Afrique et d'Asie du Sud-Est de crier haut et fort leur désapprobation envers l'attitude des pays membres du G8.

A l'inverse du président Bush Jr qui se contentait de sourire pour toute réaction face à la colère d'Hugo Chavez, président du Vénézuela, espérons que nos dirigeants européens, russes et asiatiques entendent pour une fois la sonnette d'alarme des pays pauvres et agissent concrètement sur le terrain pour réduire la fracture. Mais on peut douter de la finalité sociale et humanitaire de certains États comme les Etats-Unis, la Russie ou la Chine. Heureusement, grâce aux mouvements écologiques, les couloirs de nos gouvernement se font l'écho du mécontentement général.

Les forêts deviennent ainsi les icônes du monde devant lesquelles un jour peut-être nous devrons allumer un cièrge pour commémorer la disparition du dernier arbre abattu par l'homme. Triste destin pour des organismes qui ont traversé des millénaires sans encombre et seront peut-être un jour, si nous ne réagissons pas, abattus par la bêtise humaine.

Avec le recul de plusieurs siècles d'exploitation forestière à travers le monde, on se rend compte aujourd'hui que les dernières forêts qui ont échappé au massacre sont malades des hommes.

Les arbres sont attaqués par les pluies acides, les parasites, les incendies, ils ne tiennent plus sur leurs pieds, bref nos forêts sont en train de perdre leur équilibre et le vaissseau Terre part à la dérive. Comment résoudre ce problème et cette incompréhension dans le dialogue Nord-Sud ?

A travers la FAO, l'ONU a officiellement posé la question inéluctable au cours de son cinquième "Forum sur les forêts" : "comment optimiser le potentiel des forêts, des arbres et des ressources connexes pour accroître le bien-être économique et social des hommes et améliorer les conditions environnementales tout en veillant à conserver les ressources nécessaires pour répondre aux besoins des futures générations ?". Toute aussi complexe que la question, la réponse se fait attendre.

A gauche, déforestation illégale dans l'Etat de Pará au Brésil afin de cultiver du soja. Au centre, en 2013 selon un collaborateur de WIRES et un employé du NSW National Parks d'Australie, ce jeune koala a dû passer plus d'une heure assis sur cette montagne de bois, complètement désorienté suite à la déforestation de son biotope une semaine auparavant. L'animal a été présenté à un vétérinaire local puis fut remis en liberté avec d'autres koalas dans un environnement plus favorable. En principe, l'Australie protège ses koalas au point de soigner ceux que les habitants trouvent accidentés sur la route. A droite, à force de déboiser ou de laisser dépérir nos forêts à cause des pluies acides et autres pollutions, nous serons un jour contraints de mettre les arbres en pots comme ce bonsai pour simuler la nature et nous rappeler ses odeurs. Mais elle restera muette et stérile, faute de retrouver ses racines et sa communauté d'organismes endémiques. Ce ne sera qu'un simulacre de vie. Triste fin pour des espèces millénaires confrontées à l'insouciance des hommes. Documents Greenpeace et WIRES.

En attendant, au taux actuel de déforestation et en tenant compte de l'effet de serre qui en train s'assécher tout le nord du Brésil et de tarir certains méandres de l'Amazone, on estime que le bassin de l'Amazonie aura disparu en 2100 ! C'est 180 milliards de tonnes de gaz carbonique soit 4 années d'émission de gaz carbonique mondiale qui ne seront plus captées par la forêt pluvieuse et qui viendront s'ajouter aux rejets industriels pour réchauffer encore un peu plus l'atmosphère. Les conséquences de ce bouleversement provoqueront des effets désastreux sur l'économie locale et des effets inconnus sur la biodiversité et le climat mondial.

D'ores et déjà, suite à l'accentuation de l'effet de serre, l'Atlantique Sud a connu son premier cyclone en 2004. D'ici 100 ans on peut s'attendre à voir disparaître la majorité des espèces animales et végétales vivant sur Terre. Agissons tant qu'il est temps, sinon Gaïa aura de bonnes raisons de mourir de chagrin sur la tombe désertifiée de sa planète.

Prochain chapitre

2. Le rôle des ressources minérales

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