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Le terrorisme ou l'apologie du crime

L'argent sale et sanguilonent du terrorisme est blanchi sur le marché libre grâce à la complicité d'hommes d'affaires et de banquiers sans scrupules. Doc Shutterstock.

Les ressources des organisations terroristes (III)

Toutes les organisations terroristes sont parrainées par des groupes d'intérêts (cartel, lobby, parti politique et autre association en tout genre) et s'auto-financent en levant des fonds grâce à des activités terroristes et au blanchiment d'argent sale (AML).

Pour rappel, dans notre société le capitalisme se caractérise par une économie de marché et un ultra-libéralisme (on laisse tout faire) du système financier. Les actions positives du premier sont malheureusement parfois contrées par la cupidité et l'irresponsabilité du second. Revers de la médaille, toutes les banques de la planète sont concernées par le blanchiment d'argent à un degré ou un autre et parfois à leur insu si l'identification des clients (KYC) et la due diligence ne sont pas correctement appliquées.

Parmi ces institutions, il y a des banques réputées qui ont parfois été condamnées à des amendes pour "laxisme" (1.1 milliard d'euros pour UBS, 1.92 milliard de dollars pour HSBC mais qui ne représente "que" 8.5% de ses bénéfices en 2011, Bank of China, Arab Bank, etc.), des banques coopératives (surtout en Inde) et des banques off-shores (dont certaines banques centrales de paradis fiscaux) ainsi que celles qui n'adhèrent pas au GAFI qui rassemble les organismes financiers des pays membres de l'OCDE luttant contre la corruption et le blanchiment.

Certaines associations caritatives du Moyen-Orient servent également d'intermédiaire entre les organisations terroristes et les combattants et "récompensent" les familles martyrs. En effet, au cours d'un procès qui s'est déroulé le 16 août 2014 à New-York, 300 citoyens américains (et pro-israéliens) ont démontré, preuves à l'appui, que la banque Arab Bank jordanienne en collaboration avec la banque Amman de Jordanie, soutiennent des terroristes liés au Hamas et d'autres groupes islamiques radicaux en ouvrant des comptes au nom d'une douzaine d'organismes de charité du Moyen-Orient. Selon les relevés de compte, 100 millions de dollars ont été distribués par l'organisme de charité "Saudi Commitee" dont 32 millions de dollars en espèces aux martyrs et à leur famille ayant combattus les Juifs, le reste ayant été reversé à des organismes de charité du Hamas. On a ainsi découvert que les familles étaient payées 5300$ par attentat-suicide !

Le contrôle des sources de financement, la destination des fonds publics comme privés et la lutte contre la corruption font donc partie du plan de lutte contre les organisations terroristes. On y reviendra.

Le Hamas

Selon le magazine Forbes, le Hamas qui lutte pour un état palestinien depuis 1987 dispose de plus d'un milliard de dollars de recettes annuelles. Cet argent provient en grande partie du détournement de l'aide financière internationale, des dons des mouvements de soutien des pays islamiques, des tunnels de contrebande (détruits en 2014 par Israël) et du trafic de drogue. Sous la pression des Etats-Unis et internationale, en 2008 l'état d'Israël a même offert entre 64 et 77 millions de dollars en cash à Gaza, un transfert qui fut interrompu lorsque des roquettes du Hamas sont tombées sur Israël.

Afin de s'assurer la sympathie et le soutien de la population, le réseau Dawa du Hamas offre son aide financière à toutes les institutions sociales et à toutes les étapes de la scolarité des Palestiniens : aux jardins d'enfants, aux écoles, aux universités et aux éducateurs. C'est la raison pour laquelle les militaires de Tsahal n'ont visiblement aucun scrupule pour frapper les infrastructures civiles du Hamas.

En 2008, le Hamas disposait d'un effectif de 15000 combattants palestiniens.

Concernant l'équipement lourd, grâce à l'aide de l'Iran, le Hamas développe sa puissance militaire sur le modèle de l'Hezbollah (voir plus bas).

Jusqu'ens 2008, il lançait essentiellement des obus de mortiers et disposait de plus de 1000 roquettes de fabrication artisanale de courte portée Kassam (portée de 15-20 km) et de 600 roquettes Grad (portée 45 km) très imprécises. Depuis 2010, le Hamas a doublé la portée de ses armes et amélioré leur précision grâce aux roquettes Al-Fair 5 iraniennes (portée de 75 km, 133 mm, tête de 90 kg) et sa version de fabrication locale, les M-75.

A côté des ogives de 300 kg, depuis 2010 le Hamas dispose de la puissance de feu de plusieurs dizaines de missiles Kornet russes (alias 9M133, 152 mm, portée de 100 m à 8 km, tête de 17 kg, équivalent au missile Milan européen, une arme antichar filoguidé) et de roquettes M-302 syriennes (portée 160 km, tête de 144 kg) dont près de 50 sont déjà tombées sur les villes israéliennes.

Daech

En deuxième place vient Daech, qui s'est pompeusement proclamé "Etat islamique" (ISIL en anglais) fondé en 2006 mais dont les origines remontent à 1999, à l'époque où Al-Qaïda finançait (et finance toujours) la plupart des groupes terroristes supportant le Djihad actifs en Afrique, au Moyen-Orient, en Europe et aux Etats-Unis.

Daech contrôle aujourd'hui (2016) un territoire aussi vaste que la moitié de la France mais qui se parcelle de plus en plus suite aux attaques de la coalition internationale (attaques aériennes et au sol). En terme d'infrastructures et de stocks stratégiques et alimentaires (blé, riz, maïs, etc), 15% du PIB de l'Irak est aux mains de Daech, ce qui représente autant que celui de la France. Jamais aucune organisation terroriste n'a été aussi puissante.

Extension de Daech en octobre 2015 (voir aussi la carte 2016). Daech n'a rien d'un état islamique, c'est une organisation terroriste de barbares sans foi ni loi qui veulent uniquement semer l'anarchie et la terreur. Infographie de France24.

Selon un rapport américain publié par le Brookings Institute de Washington et relié par le site Al-Arabiya (opposé à Daech), Daech a confisqué 11 puits de pétrole en Syrie et en Irak. Les installations de raffinage peuvent produire jusqu'à 80000 barils de pétrole par jour, ce qui est équivalent à la production de la France mais reste malgré tout dix fois inférieur à celle de l'Arabie Saoudite, de la Russie ou des Etats-Unis. Si Daech vendait tout son pétrole, il disposerait de 2000 milliards de dollars.

Notons qu'en 2015 et 2016, une partie de ces installations pétrolières furent détruites par la coalition internationale, réduisant d'autant les rentrées financières de Daech qui par conséquent fut obligé de diminuer le salaire de ses troupes.

Daech vend le pétrole brut sur le marché noir à prix cassé (jusqu'à 25$) via l'Irak et la Turquie où il se mélange à celui du marché libre. Même l'Europe a été surprise de constater qu'elle avait acheté du pétrole de contrebande ayant transité par la Turquie ! Une question des parlementaires européens a été soulevée à ce sujet en 2014.

Selon le rapport 2015 de l'Institute for Economics & Peace, le système de taxation de Daech lui permet de récolter 11 millions de dollars par mois auxquels s'ajoutent 500 millions de dollars par an des ventes de pétrole mais c'est déjà 3 fois moins qu'en 2014.

L'argent de Daech provient également du trafic illicite d'objets d'arts pillés sur toutes les terres d'Irak et de Syrie et volé dans tous les musées que les terroristes ont dévalisé. Ce marché noir rapporte à Daech entre 6 et 8 milliards de dollars chaque année.

Dach se finance également grâce aux extorsions dont les rançons des prises d'otages, les vols de biens immobiliers qu'ils revendent, les taxes (prélevées sur les véhicules en transit aux limites de leur territoire, y compris sur la vente de femmes esclaves Yésidi, voir plus bas) et la contrebande. 

Enfin, Daech serait également financé par plusieurs états du Golfe dont le Qatar et l'Arabie Saoudite. Ceux qui en doute doivent savoir que les services secrets et notamment français ont déjà démontré que les Qatari finançaient des mouvements islamistes terroristes en Afrique du Nord où Daech est également présent.

Pour stabiliser son économie et attirer les entrepreneurs, surtout des commercants, Daech envisage de créer sa propre monnaie qui sera convertible en or (sur son territoire et même en Turquie).

Quel est l'effectif de Daech ? En 2010, Daech avait un effectif d'environ 5200 combattants en Irak. Fin 2014, selon la CIA leur effectif variait entre 20000 et 31500 djihadistes et 50000 selon l'OSDH, rien que pour la Syrie. Les experts estiment que 100000 djihadistes sont potentiellement prêts à se battre. En 2015, le groupe terroriste Boko Haram (voir plus bas) lui prêta allégeance.

Daech a également enrolé dans son armée de jeunes enfants du Kazakhstan âgés de moins de 10 ans qu'il entraîne au maniement du fusil d'assaut AK-47 comme le montre ce document anglais du Daily Mail.

Parmi les combattants, il y a également des prisonniers, des loyalistes Sunnites (le courant islamique majoritaire dans le monde musulman) et des combattants étrangers. Selon l'Institute for Economics & Peace, depuis 2011 on estime qu'entre 25000 et 30000 combattants djihadistes issus de 100 pays différents dont 21% d'Europe sont arrivés en Irak et en Syrie et que plus de 7000 nouvelles recrues sont arrivées durant les six premiers mois de 2015. Au total, selon Fuad Hussein, chef de la présidence régionale Kurde, en 2015 Daech pouvait compter sur plus de 200000 combattants (dont une bonne partie dormant), soit dix fois plus que les estimations de la CIA.

Daech fait soigner ses soldats blessés jusqu'en Turquie, à Kilis, situé près de la frontière syrienne.

Daech paye chaque mois entre 100-600$ à chaque combattant, 1000$ aux combattants occidentaux, 900$ aux médecins chargés de les soigner et probablement plus de 1000$ aux ingénieurs. Daech paye également leur logement, une partie de leur mobilier, leurs charges (électricité, eau, téléphone) et leurs fournitures militaires.

Selon un rapport publié dans le New York Times, Daech achète son armement auprès de 21 pays dont les Etats-Unis, la Chine et la Russie. D'anciens stocks proviennent même de Serbie et de Croatie, d'autres auraient transité par l'OTAN voici quelques années.

Daech dispose d'armes antichars, de lances-roquettes et de lances-missiles de courtes et moyennes portées et de toutes les munitions et charges pour les utiliser. Il a également mis main basse sur le stock d'armes chimiques de Saddam Hussein et utilisa en 2014 et de nouveau en 2016 des bombes à chlore contre des rebelles irakiens et auraient, selon la revue israélienne Meria, utilisé un agent chimique, probablement du gaz moutarde, un cytotoxique, contre des rebelles Kurdes. Ce gaz fut déjà utilisé durant la guerre Iran-Irak entre 1980-1988. En 2013 le gouvernement irakien avait démantelé 3 laboratoires contenant du matériel pouvant servir à fabriquer du gaz sarin et du gaz moutarde. Rappelons que le sarin est un gaz neurotoxique 500 fois plus puissant que le cyanure.

Enfin, selon un rapport du service de sécurité espagnol publié dans le website Natural News fin 2014, Daech envisagerait également d'utiliser le virus Ebola comme arme biologique. Ceci va dans le même sens que l'information des services secrets allemands (BND) qui ont déclaré que Daech engage des Maghrébins experts en biologie et en chimie pour l'aider à fabriquer des armes biologiques et chimiques.

Daech s'intéresse également aux armes et autres "bombes sales", c'est-à-dire au petit nucléaire et a déjà surveillé des responsables occidentaux s'occupant de la sécurité de nos centrales nucléaires, notamment en Belgique.

Concernant la guerre contre Daech, depuis l'engagement de la Jordanie contre Daech début 2015, au cours de 53 raids l'armée de l'air jordanienne a éliminé près de 7000 djihadistes en deux mois soit 20% de son effectif actif et en 2016 l'armée irakienne a éliminé 2500 djihadistes lors de la bataille de Fallujah qui a provoqué le déplacement de 83000 personnes.

Enfin, selon le Ministère de la Défence américain, grâce à la coalition internationale et notamment aux quelque 14000 frappes aériennes réalisées en Irak et en Syrie entre 2014 et 2016 (708 jours d'opérations) auxquelles s'ajoutent plus de 105000 sorties en support opérationnel, l'effectif de Daech a accusé de lourdes pertes, le groupe terroriste perd également ses territoires en Irak (-45%) et en Syrie (-20%) et a déjà perdu plus de 26000 biens et installations (chars, camions, bâtiments, sites de tir, puits de pétrole, etc). En avril 2016, le coût de ces opérations militaires avait coûté 8.4 milliards de dollars soit 11.9 millions de dollars par jour d'opération.

Al-Qaïda

Par comparaison, Al-Qaïda (qui signifie la base, le socle) qui fut fondé en 1987 disposait d'environ 19 millions de dollars sur ses principaux comptes bancaires aujourd'hui bloqués en Occident et disposerait de 5 millions de dollars de revenus par mois.

L'un des trois laboratoires clandestins de Daech (Al Qaïda en Irak) pouvant fabriquer des gaz sarin et moutarde qui fut démantelé par le gouvernement irakien en 2013.

Selon un article anonyme des services de renseignement israéliens relié par Associated Press publié dans The Telegraph, de 2000 combattants en 2012 Al-Qaïda disposait de 30000 combattants début 2014. Comme Daech, al-Qaïda compte des femmes dans ses rangs et forme de jeunes enfants au combat.

Al-Qaïda négocie également l'échange d'Occidentaux kidnappés et en particulier des Américains contre des prisonniers djihadistes.

Concernant les armes chimiques, quelques rares preuves indiquent que certains combattants d'Al-Qaïda en Somalie et en Syrie disposeraient de gaz sarin.

Selon la CIA, si 40 tonnes de ce poison furent détruits en 1989 par le gouvernement irakien, un nouveau rapport publié en 2002 indique que l'Irak disposerait toujours d'un stock de gas sarin et de dérivés encore plus puissants (cyclosarin et VX) et de gaz moutarde.

D'abord opposé à Daech, aujourd'hui Al-Qaïda comme AQMI (Algérie), le TIP (Turkestan) ou l'Armée Syrienne Libre (ASL) collaborent ensemble. Toutefois, Al-Qaïda prétend que les méthodes de Daech sont trop extrêmes et sanguinaires, préférant soi-disant garder ses distances avec cette organisation. Mais il faut rappeler qu'ils furent les premiers à décapiter des otages occidentaux. Néanmoins, des cellules comme le Front Al-Nosra, affilié à Al-Qaïda, ne cautionne pas les prises d'otages qu'il juge "contraire à la charia [et] non productif".

Enfin, une rumeur entretenue par le journaliste américain d'investigation Seymour Hersh du New Yorker prétend que certains politiciens américains et saoudiens continuent à financer certains membres d'Al-Qaïda, notamment au Liban et en Iran afin de déstabiliser ces deux pays (l'Arabie et l'Iran ayant toujours été des frères ennemis). Malheureusement, depuis la signature du Pacte de Quincy (1945) entre les Etats-Unis du président Roosevelt et le roi Saoud, accord de coopération renouvellé en 2001, les Américains et plus généralement les Occidentaux ont trop d'intérêts en Arabie Saoudite pour réellement vouloir enquêter sur ce sujet géopolitiquement sensible.

Hezbollah

La quatrième organisation terroriste la plus riche est le Hezbollah (le parti de Dieu). De confession chiite et libanais (Moqawama) il fut fondé en 1982 pour lutter contre la menace israélienne. Il dispose de 500 millions de dollars provenant principalement d'Iran. 

En 2002, la branche militaire du Hezbollah disposait d'un effectif d'environ 3500 hommes et de 3000 réservistes. En 2013 on estimait qu'il disposait entre 5000 et 8000 combattants actifs mais des experts israéliens évoquent un effectif bien plus élevé et spécialisé.

Selon l'expert israélien Shaoun Shabira, en  2013 le Hezbollah disposait entre 20000 et 40000 combattants comprenant des experts de haut niveau en technologies maritimes, aériennes, forces spéciales, sécurité et renseignement.

Leur équipement lourd principalement fabriqué en Iran comprend environ 60000 missiles comprenant des missiles d'artillerie sol-sol (portée de 150 km), des missiles antichar, des missiles antinavire, des missiles balistiques Scud russes (portée de 130 km), des missiles M600 syriens (portée 210 km) et des missiles Fateh-110 (portée de 200 ou 300 km) capables d'atteindre n'importe quelle cible sur le territoire israélien. Cet arsenal est complété par plusieurs dizaines de milliers de roquettes. Bref, le Hezbollah représente une force armée supérieure à celle de beaucoup de gouvernements tout à fait adaptée à une guerre asymétrique.

Boko Haram

Fondé au Nigéria (état de Borno) en 2002 par le prédicateur Mohamed Yusuf qui fut abattu par la police en 2009, l'organisation représente 6000 à 8000 islamiste radicaux actifs plus quelques milliers ou dizaines de milliers de sympatisants principalement de l'ethnie Kanuri. Boko Haram s'est d'abord réclamé des Talibans avant de former l'antenne africaine de Daech dont elle affiche le drapeau depuis 2015.

Financièrement, depuis 2003 Boko Haram est financé par Ali Modo Sheriff, le gouverneur de l'Etat de Borno qui a cherché du support électoral auprès de l'organisation terroriste. Il reçoit également de l'argent de groupe terroriste algérien AQMI (Al-Qaïa au Maghreb Islamique qui se finance à 90% des rançons qu'il tire des prises d'otages) et plus récemment des rançons que les djihadistes tirent des prises d'otages.

Le prix des otages et des esclaves

Les prises d'orages sont un moyen rapide de récolter de l'argent et d'entretenir la réputation des cellules terroristes par média interposé. Les terroristes trouvent leurs victimes parmi les touristes, les grands reporters et le personnel humanitaire qu'ils croisent sur leur territoire. 

Les états refusent officiellement de négocier avec les terroristes, et certainement lorsque l'affaire est médiatisée. Mais à couvert ou lorsque l'affaire n'est pas ébruitée dans la presse ou concerne des personnes fortunées, rien n'empêche les négociateurs ou la famille de trouver un arrangement avec les terroristes. Ainsi les terroristes des FARC en Colombie et de Daech en Syrie ont obtenu respectivement 6.6 et 7 millions de dollars de rançon pour le kidnapping d'une seule personne.

 Si le gouvernement ou la famille refuse de négocier, si l'otage n'est pas célèbre la victime est simplement assassinée quand elle n'est pas utilisée comme esclave sexuelle et offerte en pâture aux combattants.

A propos de l'esclavage, selon l'ONU Daech a capturé en Irak 25000 femmes, y compris des enfants, de confession Yésidi ou chrétienne. Selon Iraq news, elles sont vendues comme esclave, y compris sexuelle, sur les marchés. Leur prix dépend de leur âge : de 43$ entre 40 et 50 ans à 172$ pour les enfants âgés entre 1 et  9 ans.

Fonctionnement des organisations terroristes

Pour comprendre comment recrutent, contrôlent et opèrent les terroristes et en particulier les djihadistes qui sont les plus nombreux et tenter de mettre fin à leurs exactions, il faut comprendre leurs motivations, leur organisation et leur stratégie.

Les groupes terroristes peuvent voir le jour pour de multiples raisons : il y a d'une part ceux nés de la révolte de civils ou de militaires suite à un scandale politique, une présence étrangère militaire sur leur sol ou des conséquences d'une guerre d'usure qui a anéanti toute l'organisation d'un pays souvent totalitaire. Ils peuvent également être le résultat de la pauvreté, de guerres mafieuses ou naître de l'oppression lorsqu'un peuple s'entretue pour des raisons ethniques, idéologiques ou religieuses (intégrisme, fondamentalisme).

D'autre part il y a ceux qui veulent imposer des réformes ou défendre un nouvel ordre par la force, tels les djihadistes. Ceux qui font littéralement un "effort" sur le plan spirituel, y compris par les armes (la guerre sainte), sont en fait des révolutionnaires sans foi ni loi financés par le pillage des richesses et souvent par des états non démocratiques qui ont un intérêt dans la région, mais pas uniquement ainsi que nous l'expliquerons.

Ces organisations terroristes investissent dans un projet identitaire commun élaboré par un leader charismatique, supporté par une idéologie et une stratégie tirant avantage de moyens médiatiques professionnalisés. On y reviendra.

Comme cela a toujours été le cas dans les tous les régimes oppressifs, l'idéologue est un "intellectuel" diplômé d'université capable d'habiller les actions barbares de son organisation dans un système d'idées prédéfinies qui n'ont souvent aucune relation avec la réalité; on y adhère comme on croit en une religion.

La hiérarchie de commandement se rapproche de la structure militaire, mais étant dispersés dans le monde entier et disposant de réseaux couvrant tous les secteurs de l'économie, il n'a pas d'organisation terroriste internationale au sens strict et rarement une hiérarchie bien définie qui permettrait de remonter vers un seul chef que l'on pourrait facilement identifier et neutraliser afin de dissoudre l'organisation.

Al-Qaïda était organisé sous forme hiérachique avec Oussama ben Laden au sommet de la pyramide, entouré de lieutenants et d'un système complexe de ramifications dans tous les domaines. Remplacé en 2011 par l'Egyptien Ayman Al-Zawahiri, un ancien du Hezbollah, ses différentes branches en Afrique et en Asie partagent une idéologie commune, des ressources, et même un ennemi commun.

Daech est déjà moins structuré, né de la collaboration de six mouvements radicaux qui ont pris le nom de "Conseil Consultatif des Moudjahidines en Irak" (Moudjahidine Shura). Depuis 2013, Daech est sous le contrôle d'Abou Bakr al Baghadi d'origine irakienne. Contrairement à la rumeur, ce terroriste n'a jamais travaillé pour le Mossad.

Le Hezbollah a un statut particulier car bien que classé parmi les organisations terroristes il comprend une branche non armée qui est un parti officiel au Liban. Toutefois la plupart des pays arabes et l'Occident ne font pas la distinction et l'ont ajouté à leur "liste noire".

Ses combattants sont également plus difficiles à identifier que les autres groupes terroristes car ils ne portent pas d'uniforme et se fondent facilement parmi les civils, engageant les rebelles dans de pénibles guérilla urbaines où les attentats-suicides sont presque quotidiens.

Quant à Boko Haram, le groupe terroriste est dirigé par le Conseil de la Choura constitué d'une trentaine de membres mais dont les opinions sont divers et dont les chefs de factions ne sont pas en contact avec les combattants sur le terrain, ce qui affaiblit leur pouvoir. Les djihadistes recrutent souvent par la force en menant des raids contre des villages. Les adolescents sont enrolés comme enfants-soldats et certaines femmes commes kamikazes quand elles ne servent pas d'esclave-sexuel.

La plupart des autres groupes terroristes ne sont pas des organisations au sens strict puisqu'il n'y a pas de commandement central, pas d'acteur étatique et donc pas de synergie. Ce manque de structure rend la lutte plus difficile car nous sommes en face de multiples acteurs où chaque cellule terroriste locale peut d'un jour à l'autre prendre son indépendance vis-à-vis de sa hiérarchie directe. Et sans cible identifiée, il ne peut y avoir de riposte militaire efficace. On y reviendra.

Généralement ces terroristes sont contrôlés par des chefs de bandes qui se sont enrichis ou des hommes formés à ce métier. Ces leaders peuvent être d'anciens politiciens, de hauts gradés militaires, des maîtres d'école ou d'anciens terroristes. Les combattants sont majoritairement des ressortissants de la région mais au moins 10% de l'effectif de Daech est constitué d'Occidentaux.

Pas besoin de montrer des documents trash et sanguinaires sur les atrocités commises par les organisations terroristes au Moyen-Orient et en Afrique, Internet et les réseaux sociaux s'en chargent trop bien. A gauche, un Occidental dans les rangs des djihadistes de Daech. Au centre, un soldat d'Al-Qaïda en Syrie portant ce qui ressemble à une arme chimique. A droite, les terroristes islamistes de Daech sont tellement impitoyables et inhumains que même al-Qaïda a pris ses distances avec ces barbares bien que les meurtres extrêmement violents fassent également partie de leurs pratiques. Documents Abaca Press, The Free Patriot et AFP/Getty Images.

Les organisations terroristes détournent l'économie du pays à leur profit, volent ou font des hold-up, appliquent la charia et détournent l'interprétation du Coran à la fois pour servir leurs objectifs, entretenir la terreur et leur réputation afin de mieux contrôler la population qui leur serait hostile.

Ces organisations subissant beaucoup de pertes et les combattants étant prêts à se vendre au plus offrant, des jeux d'influences et des guerres internes peuvent s'y produire, conduisant à la dissolution de certaines cellules au profit d'autres organisations. Ce fut par exemple le cas au Maghreb où des combattants d'Al-Qaïda sont passés chez Daech avant d'être capturés par la police marocaine.

Si le terroriste est souvent imaginé comme un mercenaire ou un soldat endoctriné prêt à se sacrifier pour sa cause, ils ne sont pas inconscients des risques qu'il prennent au combat. Plutôt que d'avoir la tête brûlée ils sortent tous les condamnés à la mort des prisons des territoires conquis et les envoient au front. Ceux qui survivent sont libres mais d'autres n'ont même pas ce choix.

La plupart des terroristes formant la troupe des fantassins sont les pions d'un jeu barbare et sanguinaire où la durée de vie est éphémère. Certains musulmans partis pour le Djihad en Syrie à l'appel des prédicateurs sont morts au combat à peine un mois après leur arrivée, laissant derrière eux femme et enfant.

Quel but poursuivent les terroristes ?

Dans la plupart des cas les organisations terroristes conduisent une révolution. Leur objectif est généralement de renverser le pouvoir en place au profit d'un régime totalitaire (intolérant et dicté par une idéologie) comme les Talibans ou autoritaire ayant parfois une façade démocratique comme au Chili (mais sans réelles élections, sans opposition, ne respectant pas l'Etat de droit - où les citoyens ont des droits et des devoirs - et bridant les libertés publiques).

Afin de mieux assujettir et contrôler la population, la plupart des organisations terroristes islamistes imposent la charia (loi musulmane basée sur l'interprétation des textes théologiques islamiques) dans toutes les villes qu'elles contrôlent et interprètent le Coran et le Hadith (les traditions du prophète Mahomet) à leur manière.

Etant donné qu'il n'y a pas de chef spirituel central chez les musulmans, chaque autorité spirituelle (imam) peut promulguer une fatwa, un décret jurisprudentiel sur un sujet de la charia. C'est ainsi que Daech pour n'en citer qu'un autorise le meurtre, le vol, les prises d'otages, l'esclavage de certaines ethnies de femmes non musulmanes, le trafic de drogue, le viol, la sodomie, autant d'activités normalement interdites et condamnées par la peine de mort, sans oublier qu'ils interdisent les divertissements, limite l'éducation des femmes, etc., bref c'est un retour à des conditions pire qu'à l'époque féodale où le crime, la drogue et la débauche font loi.

A gauche, quelle que soit l'époque et le lieu, le poing levé a toujours symbolisé la révolution. Dans ce cas-ci il s'agit du drapeau de l'opposition anti Bachar en Syrie qui fut un temps alliée de Daech puis le combattit. Au centre, la religion a toujours servi de prétexte pour exterminer celui qui ne partageait pas la confession du plus fort. A droite, ce message d'un djihadiste affiché sur un smartphone confirme que Daech n'a pas l'intention de fonder un état mais plutôt d'imposer sa loi.

En fait, Daech n'est pas motivé par la foi et n'a pas l'objectif de fonder une nation malgré ce que sous-entend sa dénomination. Il l'avoue lui-même quand il déclare sur tous les réseaux sociaux : "Nous ne voulons pas libérer la Syrie, nous voulons établir la charia".

Sous l'apparence d'un régime totalitaire, Daech mêne en fait une guerre totale pour "exterminer les mécréants et les chiens d'infidèles", c'est-à-dire tous ceux qui n'adhèrent pas à leurs idées; c'est une extermination au sens propre où la cruauté se conjuge au quotidien, relayée par Internet et les médias.

Cette mise en scène de l'horreur suit des démarches psychologiques que connaissent bien tous les experts en stratégie militaire et en terrorisme.

D'un point de vue stratégique, ces djihadistes disposent de quatre moyens d'action pour atteindre leur objectif : l'offensive conventionnelle avec blindés et bataillons (ils sont généralement peu équipés en armement lourd et rapidement neutralisés par les frappes aériennes des opposants), la guérilla urbaine, les attentats suicides et l'arme médiatique.

La communication

Les organisations terroristes disposent de moyens considérables pour faire leur propagande et rallier des combattants à leur cause. Il y a d'abord le merchandising qui permet de propager leur propagande dans la population à travers des livres, des affiches, des CD, des vidéos, des vêtements et des accessoires.

A l'ère du numérique, ils gèrent leur propre chaîne de radio, parfois de télévision (Al-Aqsa TV pour le Hamas, Al-Manar pour le Hezbollah) et exploitent la puissance d'Internet et des médias, allant jusqu'à créer autant de sites webs ou de blogs qu'il y a de groupes terroristes et de sympathisants. On retrouve sur ces sites toute leur propagande sous forme d'articles, photos et vidéos qu'ils diffusent également sur les réseaux sociaux dont YouTube, Twitter, Facebook et Tumblr.

1. Le rôle des médias

Les médias et les chaînes de télévision en particulier ont un rôle clé dans la diffusion des informations mais pas toujours opportun quand il s'agit de relayer des évènements relatif au terrorisme.

La salle de presse d'Al Jazeera English. Document Vincent Capman.

Que le groupe terroriste soit organisé ou arnarchique, petit ou de grande taille, ses représentants savent que les médias peuvent leur offrir une audience mondiale inespérée et amplifier leurs coups d'éclats anodins comme les rumeurs les plus folles.

A l'image du reportage d'une guerre de rue qui se transforme en guerre civile sur une chaîne de TV occidentale, les reporters sont face à un dilemme : rapporter l'évènement brut sans commentaire ni filtrage et laisser le public se forger sa propre opinion avec tous les dérapages que cela implique ou au contraire préanalyser la situation, s'auto-censurer si nécessaire afin de ne pas faire de publicité pour des faits mineurs qui risquent d'être mal interprétés ou de déstabiliser les téléspectateurs.

Dans un cas comme dans l'autre, le métier de reporter impose des règles et de faire des choix comme notamment de respecter l'éthique journalistique en portant un regard objectif sur l'actualité, de respecter le public et la séparation des genres.

En réalité, cette règle que doivent respecter tous les journalistes dépend de la ligne éditoriale de chaque groupe de presse ou de TV représenté par son rédacteur en chef, quand il n'est pas influencé par son éditeur (lui-même pouvant subir des pressions extérieures du politique).

Si cette règle de conduite s'applique avec plus ou moins de rigueur en Occident (et plus en Europe qu'aux Etats-Unis), au Moyen-Orient le mélange des genres et la partialité de certaines chaînes ont déjà soulevé des critiques.

Ainsi, de temps en temps la chaîne de TV Al Jazeera basée au Qatar diffuse sans discernement les messages des leaders djihadistes comme les documents secrets de chefs d'états occidentaux ou les comptes rendus privés d'une mission de négociation. Al Jazerra a déjà été plusieurs fois censurée par des chaînes américaines (en 2001) et perdu ses accréditations notamment en Chine (2012) pour avoir critiqué le régime de Beijing.

Quoiqu'il en soit, comme beaucoup d'autres chaînes de TV émettant dans le monde arabe, Al Jazeera reste une chaîne d'information libre qui est d'ailleurs diffusée en Europe (en arabe, en anglais et en français). Ayant un regard critique d'arabe sur le monde arabe dont elle connaît parfaitement les us et coutumes, c'est certainement l'une des chaînes d'information les mieux informées sur le Moyen-Orient.

De part ses origines, si Al Jazeera ne risque pas de mélanger les ethnies et les confessions comme le font parfois les reporters des chaînes occidentales, révélant leurs graves lacunes en cette matière, en revanche son interprétation de l'actualité au bénéfice des pays arabes voire occasionnellement des djihadistes laisse à penser qu'elle n'est pas si neutre qu'elle le prétend, d'autant moins quand on connaît les intérêts des Qatari.

2. Le rôle d'Internet

Depuis quelques années Internet est devenu le support de communication idéal des groupes terroristes, notamment pour Al-Qaïda et le Daech[1] dont les activités se sont fort intensifiées ces dernières années.

Pour information, selon les experts en terrorisme, il existe 150000 sites web intégristes dans le monde. La plupart ne sont pas gérés par des terroristes mais par des sympathisants en faveur du terrorisme. Ceci dit, pour les services de sécurité, cela ne change rien.

Derrière le bruit des AK-47 et du sang versé, l'offensive médiatique des organisations terroristes joue un rôle important dans la propagande et la diffusion de leur idéologie. Document T.Lombry.

A travers les réseaux sociaux comme Facebook, YouTube et Twitter notamment et les sites webs des organisations terroristes, les appels à la haine et la lutte armée sont devenus banals et excessivement nombreux.

Si certains serveurs web sont installés dans la capitale même du pays où sévissent les organisations terroristes, les herbergeurs sont généralement installés à l'étranger, par exemple en Asie du Sud-Est (Malaisie, Inde, etc). On retrouve parfois des serveurs dans les capitales européennes et notamment à Londres. Aussitôt bloqués, ces sites réapparaissent dans une autre région du monde.

Pour assurer leur propagande et informer leurs membres, les grandes organisations terroristes publient également un magazine en ligne (Inspire pour Al-Qaïda, Dabiq pour Daech, etc) et parfois même sur papier (le Hamas publie Al-Fateh pour les enfants, un journal disponible en format papier et en ligne).

Les sites web des terroristes et les réseaux sociaux étant disponibles partout et en permanence et mis à jour pratiquement en temps réel, que faut-il de plus pour parler de soi et entretenir la terreur... Aussi, dès que les terroristes veulent diffuser un message ils utilisent Internet et dès qu'ils reculent sur le terrain, on constate une intensification de l'offensive médiatique.

Selon les services de renseignement, certains terroristes combattants pour Daech et capturés ont envoyé plus de 40000 tweets intégristes par jour !

Les plus sectaires et barbares photographient et filment leurs atrocités qu'ils montrent ensuite à leurs camarades sans manquer de les publier sur Internet. Ces vidéos sont non seulement un instrument de communication et de propagande par lequel ils prouvent leur soi-disant courage, s'auto-félicitent et sèment la terreur, mais elles resserrent les rangs des troupes autour de leur leader tout en espérant qu'elles intimideront les éventuels récalcitrants ayant l'idée de s'opposer à leurs actions ou de s'échapper. Mais face à un rebelle luttant pour la liberté, ces vidéos vont juste l'inciter à redoubler d'effort pour neutraliser ces barbares.

3. Le rôle des messageries électroniques

Complémentaire des sites Internet et autres réseaux sociaux, en 2015 on estimait que 150 millions de messages intégristes transitaient chaque jour par les messageries électroniques, soit 100 fois plus qu'en 2000. Sachant que les communications sont surveillées, depuis 2013 les terroristes utilisent de plus en plus la messagerie Telegram cofondée par le Russe Pavel Durov. Cette application permet de crypter les messages, tire profit du Cloud, propose des groupes de discussion non chiffrés et est disponible sur toutes les plates-formes, facilitant son usage de manière anonyme ou privée où que l'on soit dans le monde (c'est d'ailleurs ses performances qui ont contribué à l'assassinat du prêtre Jacques Hamel en France en 2016).

Contrairement à Facebook et Twitter qui réagissent rapidement en cas d'atteinte à la vie privée, d'incitation au racisme et en cas d'usage par des terroristes, sous la pression Telegram a été contraint de fermer 78 comptes de djihadistes fin 2015. Aujourd'hui, 10 millions de messages transitent toutes les heures par Telegram. Il est donc impossible de lire tous les messages non cryptés et d'identifier tous les usagers. Etant donné son utilisation par les djihadistes, depuis quelques années Telegram comme toutes les messageries électroniques et les réseaux sociaux est dans le collimateur des agences luttant contre le terrrorisme.

Ces démonstrations de force et ces appels au terrorisme représentent aujourd'hui un problème de sécurité intérieure qui touche même des familles tout à fait ordinaires dont l'un des enfants ou le mari est parti combattre et qui affecte les relations diplomatiques internationales, notamment avec les pays du Golfe.

Autant que faire se peut les autorités luttant contre ces organisations bloquent les sites Internet et suppriment les comptes des utilisateurs ainsi que les vidéos des réseaux sociaux mais il s'en crée tellement chaque jour et le web étant si vaste que pour un document supprimé il en réapparaît dix sous un autre pseudonyme. Cela ne décourage pas les services de la cyberpolice qui continuent à les combattre ici et ailleurs.

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