CHAPITRE 19
13 000 ANS DE CATACLYSMES COSMIQUES
Un avertissement
en guise de prologue
Il est nécessaire, avant d'aborder l'histoire de l'impactisme depuis 13 000 ans (en liaison avec le Younger Dryas Event mis récemment en évidence) et le catastrophisme qui lui est associé, d'avertir le lecteur. Cela dans un souci d'honnêteté intellectuelle, car il est inutile de préciser que le sujet reste pour une bonne part spéculatif. Il est bien évident que si les choses étaient simples et la mémoire collective des hommes irréprochable, il n'aurait pas fallu attendre le début du XXIe siècle pour connaître les grandes lignes des catastrophes cosmiques et terrestres qui ont affecté à plusieurs reprises nos ancêtres de la protohistoire et de l'Antiquité, dans leur vie sociale, et même pour beaucoup d'entre eux dans leur chair.
Comme je l'ai expliqué dans
l'introduction et aux chapitres 4, 6 et 7, c'est seulement à l'époque actuelle
que des éléments nouveaux et incontestables pour progresser ont été obtenus.
Des éléments
astronomiques surtout,
grâce aux nouvelles techniques d'observation et à l'informatique. Ces progrès
essentiels ont permis de mieux comprendre ce qui a pu se passer, et aussi de
nous faire connaître de nombreux objets cosmiques nouveaux, dont certains sont apparentés aux comètes et
aux astéroïdes responsables des catastrophes passées.
En 1982, dans
Comme je le disais dans la
conclusion de mon livre, seuls des spécialistes des astéroïdes ou des autres petits corps
du Système solaire (comètes, météores) avec l'aide des spécialistes de mécanique céleste étaient
en mesure d'obtenir des éléments décisifs. Et c'est bien ce qui s'est passé, ce
sont les astronomes, assez nombreux maintenant à s'intéresser à ce problème
essentiel, qui ont fait la différence, notamment ceux de l’école britannique
néo-catastrophiste,
très en pointe sur le sujet, et surtout débarrassés de tous complexes
superflus. Ils surfent donc avec aisance sur un terrain quasiment vierge.
Une obligation :
sortir des sentiers battus
J'ai rappelé les
mésaventures d'Immanuel Velikovsky (1895-1979) dans le chapitre " Fausses pistes ", car son cas est
exemplaire, on peut même dire caricatural. Son nom, comme ceux des autres
grands pionniers du catastrophisme, est associé à un phénomène de rejet
systématique. C’est encore vrai aujourd’hui (à une échelle moindre
heureusement). Malgré tous les progrès récents qui montrent chaque année la
réalité du catastrophisme d'origine cosmique, et comme tous les auteurs qui ont
écrit sur le sujet, je ne serai pas à l'abri de critiques plus ou moins
virulentes de certaines catégories de scientifiques et d'historiens trop
imbibés de classicisme. La nouveauté dérange, on le sait, elle déstabilise les
mandarins en place qui
ont du mal à admettre que de nouvelles approches, différentes des leurs,
permettent de progresser là où ils ont échoué.
Pourtant, seule une approche vraiment
nouvelle peut permettre
de percer d'une manière satisfaisante le voile épais qui enveloppe encore
l'histoire naturelle des hommes depuis 13 000 ans. Pour progresser il est
nécessaire de sortir des sentiers battus.
L'histoire mondiale des
différentes civilisations du passé est pourtant assez bien connue maintenant
dans son ensemble (2). Des siècles de recherches et de découvertes ont
permis de brosser une synthèse acceptable, bien que les documents écrits ou
gravés authentiques remontant avant 2000 avant J.-C. soient rares, et qu'il
subsiste de sérieux problèmes avec certaines langues mortes qui résistent à
toutes les tentatives de déchiffrement. On sait que l'incendie des grandes
bibliothèques de l'Antiquité et la destruction de plus d'un million de volumes
et de papyrus, véritable mémoire écrite des hommes du passé, a été le plus
grand fléau intellectuel qu'ait jamais connu l'humanité. C'est toute notre Histoire qui est partie en
fumée dans cette
démonstration de bêtise humaine, tare qui franchit hélas allègrement siècles et
millénaires, car il est utopique d'espérer encore la découverte future de
documents "miraculeux" qui éclaireraient d'un jour nouveau la
protohistoire des hommes.
Ce manque de documents
écrits ou gravés fait que l'on connaît très mal l'histoire naturelle des anciennes
populations et civilisations. Seule leur histoire domestique est assez bien reconstituée, puisque c'est dans ce domaine que l'on
trouve encore des traces indiscutables (villages, outils, bijoux, poteries,
etc.). Les
catastrophes naturelles qu'ont subi les populations ne sont jamais connues avec
précision, mais survivent seulement camouflées sous formes de mythes plus ou
moins obscurs et déformés.
La meilleure preuve à ce sujet est la formidable éruption du Santorin, dont
j'ai parlé au chapitre précédent, vers –1600, qui était déjà totalement oubliée
dans
On se rend compte ainsi
des difficultés qu'il y a à établir la chronologie et parfois la nature même des différents cataclysmes naturels
du passé. Mais depuis le début des années 1980 les choses se sont éclaircies,
grâce au travail de nombreux scientifiques catastrophistes, parmi lesquels il convient de citer
en premier lieu Victor Clube et Bill Napier, deux astronomes
britanniques, qui ont publié ensemble deux livres essentiels : The cosmic serpent en 1982 et The cosmic winter (3) en 1990.
Ce qui est intéressant surtout,
c'est que ce problème des catastrophes cosmiques est devenu un sujet d'étude multidisciplinaire, preuve à la fois de son intérêt et
de sa crédibilité, de sa complexité aussi. Ainsi des chercheurs de formation
différente, comme le physicien et mathématicien italien Emilio Spedicato, le géologue autrichien Alexander
Tollmann (1928-2007), le paléoocéanographe italo-américain Cesare Emiliani (1922-1995), le paléoécologiste britannique
Mike Baillie,
l'astronome américain Paul LaViolette, l'érudit américain Alfred de Grazia, initiateur de la quantavolution, le physicien américain Barry Warmkessel, qui publie sur son site une Comet/Earth impact chronology (avec les
articles correspondants), le géophysicien et mythologue grec Stavros
Papamarinopoulos, et deux géologues femmes,
Dans plusieurs chapitres
précédents, j'ai parlé de savants comme Fred Hoyle et Francis Crick qui ont été marginalisés pour certaines de leurs recherches sortant de l'ordinaire. A plus forte
raison, des chercheurs indépendants comme les Britanniques Graham Hancock et Robert Bauval, et l'ingénieur maritime italien
(et amiral) Flavio Barbiero ont aussi
du mal à se faire entendre de la communauté scientifique. Leur travail n'en
est pas inintéressant pour autant. Au contraire ! Ils ont mis le doigt dans
le domaine controversé de l'archéoastronomie, très mal connu et riche de promesses
à venir.
Pour écrire ce chapitre,
j'ai tenu compte des nombreuses nouveautés notées dans les chapitres
précédents, mais le canevas reste le même que celui retenu pour
L'Apocalypse
de l'an 10000 avant J.-C. : mythe ou réalité ?
Dans son dictionnaire Les archives de l'insolite,
Jean-Louis Bernard
(1918-1998), un érudit français, donne la définition suivante pour l'article
"Apocalypse de l'an –10000" (4) :
" Série de catastrophes qui se produisirent vers l'an 9 ou
10000 avant notre ère, en touchant l'ensemble de la planète, et à propos
desquelles il y a accord entre
Cette définition n'est que
très partiellement satisfaisante, car elle tente de regrouper sur une courte période
plusieurs catastrophes prouvées, ou purement hypothétiques, d'époques en fait
fort différentes,
puisqu'elles s'échelonnent sur plusieurs milliers d'années. J'aurai l'occasion
de reparler de certaines d'entre elles. Ce qu’il faut retenir, c'est que cette
date de –10000 (chiffre très arrondi évidemment, simple repère
chronologique en fait) est une date clé de l'histoire récente de
Mais d'abord, est-on vraiment sûr qu'il
y a eu cataclysme ?
Les avis ont été longtemps très partagés, faute de preuves incontestables.
La fin rapide de la dernière glaciation est une certitude, avec ses deux conséquences
principales : réchauffement du climat et surtout relèvement très important
(de 100 à
Depuis le début du XXIe
siècle, une nouvelle théorie multidisciplinaire, restée jusque-là simple hypothèse
faute de preuves incontestables, souvent connue sous le nom de l’extinction
du Pléistocène, est apparue dans la littérature scientifique.
Elle est liée au phénomène géophysique et climatique connu depuis longtemps
des spécialistes sous le nom de Younger Dryas Event
L'examen approfondi de cette théorie a fait l’objet d’une importante conférence
qui s’est déroulée à Acapulco en mai 2007. Elle a été suivie par de nombreux
scientifiques d’horizons et de spécialités différents, qui ont apporté des
contributions inédites, complémentaires et convaincantes. L’origine
cosmique de l’extinction du Pléistocène est apparue comme une quasi-certitude.
La théorie a donc pris de la consistance, nourrie par de multiples preuves
et arguments souvent définitifs et incontournables. Ses promoteurs
croient qu’elle est appelée à un succès comparable à celle qui a expliqué
la fin cosmique des dinosaures.
Le Younger Dryas Event et l’extinction du Pléistocène
La conférence d’Acapulco
de mai 2007
Plusieurs scientifiques internationaux ont reçu, début 2007, une invitation pour participer à une conférence organisée sous l'égide de l’Union géophysique américaine (l’AGU, pour l’American Geophysical Union), et devant se dérouler à Acapulco, au Mexique, du 22 au 25 mai 2007. D'autres, qui avaient quelque chose à dire, et qui ne voulaient pas manquer une réunion qu'ils prévoyaient historique (et elle le fut, fondatrice même d'après certains participants), se sont invités eux-mêmes. Le sujet annoncé, alléchant pour de nombreux chercheurs, était le suivant : New Insights into Younger Dryas Climatic Instability, Mass extinction, the Clovis People, and Extraterrestrial Impacts. Cette conférence se voulait donc résolument multidisciplinaire, seul moyen efficace pour faire confronter les différents points de vue, et donc pour faire avancer les connaissances.
Le texte de présentation de la conférence
expliquait notamment :
“ La
déglaciation qui a suivi la dernière période glaciaire a été brutalement et
spectaculairement interrompue il y a environ 12 900 ans par un refroidissement
étendu qui marque le début du Dryas récent. De nombreux signes montrent que
le Dryas récent a été marqué par des changements soudains dans la configuration
de la calotte glaciaire, l’assèchement soudain des lacs préglaciaires, le
détournement des flots d’inondation de l’Amérique du Nord vers l'Atlantique
nord, et la réorganisation de la circulation de l’eau des océans…
Le début du Dryas récent
paraît avoir coïncidé également avec des changements massifs, étendus et ponctuels
dans la faune et le développement culturel paléolithique centré en Amérique
du Nord et en Amérique du Sud. Ceci est représenté par la plus récente de
toutes les extinctions massives, la disparition de la mégafaune des Amériques,
comprenant les mammouths, les chevaux et les paresseux et la fin de la culture
Clovis et les autres cultures humaines paléolithiques contemporaines…
Une nouvelle hypothèse avance
que le refroidissement du Dryas récent a été déclenché par des impacts extraterrestres
qui ont provoqué la déstabilisation de la calotte glaciaire, le détournement
des eaux d’inondation, et les changements dans les courants océaniques.
Cette extinction concernant la mégafaune d’Amérique
du Nord avait été notée dès les années 1940 par l’archéologue américain Frank
Hibben (1910-2002), à la suite d’une expédition
en Alaska qui l’avait beaucoup marqué et qu’il a racontée dans son livre The
lost Americans (6). Il avait trouvé dans la boue gelée
des restes d’animaux disparus comme les mammouths et les mastodontes mélangés
aux ossements d’animaux d’autres espèces qui ont réussi à survivre comme des
bisons et des ours. Pour lui, le cataclysme de très
grande ampleur ne faisait pas de doute, mais sa nature restait totalement
inexpliquée.
On sait que cette décimation n’a pas seulement concerné
l’Amérique du Nord, mais qu’elle s’est manifestée aussi en Europe avec les
rhinocéros géants, en Sibérie avec les mammouths et les bisons et aussi dans
tout le nord de
Tous les animaux retrouvés gelés ont, semble-t-il,
été surpris par un événement imprévisible et imparable qui ne leur a pas laissé
le temps de se mettre à l’abri. En un seul jour, la
vie a été anéantie en de nombreux endroits. Dès les années 1940, tous
les scientifiques qui ont étudié les divers débris et les terrains choqués
ont été obligés d’admettre que la théorie de l’uniformitarisme, en vogue à
l’époque, ne pouvait pas rendre compte des effets produits, et qu’il était
nécessaire de mettre en jeu un événement cataclysmique.
Mais lequel ? Hibben a simplement écrit : « La
période du Pléistocène a fini dans la mort. Ce n’était pas une extinction
ordinaire d’une période géologique vague qui s’est finie dans une fin incertaine.
Cette mort était catastrophique et globale. » Mais lui aussi
a un peu parlé dans le vide.
De l’aveu même des scientifiques qui y ont participé,
la conférence d’Acapulco de mai
La nouvelle théorie
On envisage désormais une comète
de 2 ou
La comète (ou un fragment majeur)
a heurté l’immense glacier qui recouvrait la région des grands lacs.
On parle aussi de la baie de l’Hudson un peu plus au nord. L’inlandsis
laurentidien aurait été partiellement déstabilisé, phénomène qui aurait
entraîné la vidange partielle du réservoir d’eau douce constitué par le lac
Agassiz qui était le plus grand lac glaciaire d’Amérique du Nord. On pense
qu’il pouvait mesurer
Les chercheurs de diverses disciplines ont analysé
une cinquantaine de sites archéologiques américains liés à la culture
dite de Clovis. Ils y ont trouvé une fine couche
riche en carbone datant de 12 900 ans, avec une condensation anormale
d’iridium, élément presque toujours associé
à un événement extraterrestre. Des nanodiamants et des fullerènes ont également
été découverts, ce qui a encore renforcé l’hypothèse de l’origine cosmique
de la catastrophe.
On voit donc que la comète a
été le déclencheur de toute une réaction
en chaîne associée à des événements climatiques, géologiques,
paléontologiques, sans parler évidemment des conséquences
humaines qui ont dû être épouvantables, non seulement en Amérique,
mais dans tout le nord de
Le géologue néerlandais Johan Kloosterman,
qui a étudié le site de Lommel, espère pouvoir démontrer
que c'est le même cataclysme qui a mis fin à
la culture magdalénienne en fouillant certains abris sous roche
du Périgord. S'il réussit à trouver les preuves indispensables,
c'est toute l'histoire des hommes qui sera remise en cause.
De plus, l’hypothèse cométaire permet d’expliquer
assez bien l’important refroidissement constaté à cette
période et qui aurait duré un bon millier d’années. Les particules
issues de l’explosion de la comète auraient augmenté d’une manière importante
l’absorption de l’énergie du Soleil, phénomène qui aurait accéléré la fonte
du glacier.
Certains scientifiques croient aussi aujourd’hui que
les fameuses Carolina Bays, qui
existent par centaines de milliers dans l’ouest des Etats-Unis, pourraient
avoir été formées par effet de souffle à l’occasion
de ce cataclysme cosmique. On a trouvé dans certaines d’entre elles des traces
(d’iridium notamment) qui semblent conforter l’hypothèse astronomique pour
leur formation. On sait que l’absence de météorites
et d’impactites dans et à proximité de ces structures ont toujours fait douter
d’une origine extraterrestre pour les Carolina Bays, mais en
fait elles s’intègrent bien dans un cataclysme global.
L'astronomie propose deux
autres solutions possibles pour expliquer la cause de cette "Apocalypse de l'an –10000",
une astéroïdale et l’autre cométaire.
Je vais en dire quelques mots.
L’hypothèse
Sithylemenkat
J'ai déjà parlé du cratère
météoritique de Sithylemenkat, découvert en 1972 par le satellite Landsat 1, dans une
région montagneuse et déserte de l'Alaska. Cette découverte a permis
d'envisager une corrélation avec la fin de la dernière glaciation, puisque l'on
a attribué (approximativement) un âge de 12 000 ans à ce cratère.
Une première étude
géologique et géographique de la région eut lieu en 1969, avant même que l'on
soupçonne l'origine météoritique du cratère (9), puisque vu du sol, rien
ne semble indiquer son caractère exceptionnel. Il s'agit d'une vaste dépression de
S'il n'est pas
reconnaissable du sol comme cratère d'impact, par contre Sithylemenkat fut
immédiatement repéré par le premier Landsat, comme ce fut d'ailleurs le cas pour plusieurs autres
formations disséminées dans le monde entier. Des reconnaissances aériennes
effectuées en 1976 ont montré la présence de fractures dans les murs du
cratère, et son origine cosmique n'est pratiquement plus contestée.
L'énergie cinétique libérée lors de l'impact de Sithylemenkat est de l'ordre de 1,1 ´ 1020 joules. Cette valeur est donc comparable à l'énergie dégagée par les deux événements les plus cataclysmiques de l'époque historique : l'éruption du Tambora en 1815 et le séisme du Chili en 1960. Cependant, bien que cette énergie dégagée ne soit pas extraordinaire en elle-même, il n'est pas tout à fait exclu qu'elle ait servi comme énergie additionnelle pour mettre en route, ou pour accélérer, un glissement de la lithosphère (rigide) sur l'asthénosphère (visqueuse) sous-jacente. Ce glissement aurait pu durer quelques dizaines ou centaines d'années et amener le pôle géographique à son emplacement actuel. J'ai parlé au chapitre 13 de ces migrations polaires auxquelles quelques (rares) scientifiques croient fermement, même si leurs causes, qui peuvent être multiples, restent encore mal connues.
Mais est-il vraiment
crédible que le dernier déplacement soupçonné ait pu faire dériver l'écorce
terrestre sur
près de
Il faut retenir deux choses
concernant Sithylemenkat. D'abord la présence de nickel à l'intérieur et autour
du cratère signifie obligatoirement l'impact d'une sidérite ou d'une sidérolithe. Ce qui exclurait que ce soit un
fragment de Hephaistos, objet carboné d'origine cométaire. Ensuite on peut
remarquer que la simple collision d'un EGA de
L’hypothèse Sithylemenkat
n’est pas incompatible avec la précédente. Il est possible que l’impact de
l’astéroïde ait précédé l’impact cométaire de quelques milliers d’années. On
sait que la courbe des variations climatiques comprises entre 20 000 et
10 000 ans comprend plusieurs hiatus qu’un impact cosmique (comète ou astéroïde)
pourrait fort bien expliquer.
Un impact d’astéroïde
dans l’Atlantique ?
Cette
hypothèse de l'impact océanique (ou partiellement océanique s’il y a eu
désintégration de l’objet responsable dans l’atmosphère) a déjà été proposée
par plusieurs auteurs, notamment par l'ingénieur et érudit allemand Otto Muck (1892-1956) (10) au début
des années 1950. Comme Velikovsky, il s'est un peu discrédité en donnant une date trop précise pour l'impact de
l'astéroïde responsable : le 5 juin de l'année 8498 avant J.-C. dans le calendrier grégorien, date
qui selon lui correspondrait au jour Zéro de la chronologie des Mayas, qui on
le sait remonte à plusieurs milliers d'années. Le jour de l’impact serait
également d'après Muck, le fameux jour de la disparition de l'Atlantide (celle de Platon). Il donne de
multiples raisons et arguments pour justifier son hypothèse, mais il n'a jamais
pu convaincre le monde scientifique (très conservateur) de son époque.
Muck a pressenti aussi que
les Carolina
Bays pourraient être liées à l’impact
de l’objet cosmique et qu’elles auraient été formées par
effet de souffle. Cette hypothèse, longtemps discréditée, refait actuellement
surface et pourrait bien être la bonne, comme je l’ai expliqué dans la section
précédente. Ouragan et tsunami d’origine cosmique semblent bel et bien avoir
eu lieu.
Il faut donc revenir à l'idée
de Georges Cuvier
(1769-1832) dont
j'ai rapporté les propos au chapitre 3 : cette "vague" géante qui a inondé les
continents. En fait,
la meilleure explication est encore la formation d'un tsunami d'origine cosmique, c'est-à-dire consécutif à un important
impact océanique ou dans une région glacée qui a instantanément fondu. Ce tsunami, qui pourrait avoir dépassé
le kilomètre de haut d’après certaines simulations, s'est transformé en un
gigantesque mur d'eau et de boue au fur et à mesure de son avance sur les
continents. Il a pu tout balayer sur son passage, et surtout détruire en un instant plusieurs peuplades de l'époque, notamment
celles qui vivaient à proximité des côtes, et faire reculer la civilisation
de quelques milliers d'années. On sait que la culture américaine de Clovis a pratiquement
été anéantie à cette époque comme l’a montré Hibben dans les années 1940.
Le recul démographique, mais aussi culturel, a dû être
très important pour les générations qui ont suivi celle qui a été victime
directe du cataclysme.
C'est probablement cette
catastrophe obscure qui est restée dans la mémoire des hommes comme étant le Chaos ou bien encore l'Apocalypse, la vraie, la première, celle qui a
survécu dans le subconscient des hommes à travers les millénaires. Elle a pu se
doubler d'une
période de recul, durant laquelle l'homme survécut misérablement, conscient de sa faiblesse face aux
formidables forces cosmiques, d'où la mise en place d'un incroyable panthéon de
divinités protectrices. Mais l'aventure humaine allait reprendre son essor
irrésistible vers le Néolithique, quand les séquelles de la catastrophe
s'estompèrent pour ne plus devenir qu'un souvenir d'apocalypse transmis de
génération en génération.
Un leurre :
l’Atlantide atlantique de Platon
Cette époque voisine de
–10000 a été souvent utilisée par les auteurs qui ont écrit sur l'Atlantide. On sait, en effet, que Platon (427-347) racontait dans ses deux
récits, le Timée et le Critias, que c'est à cette date que s'était engloutie l'île mythique (et très
controversée dès l'Antiquité), suite à un cataclysme dont il ne précisait pas
d'ailleurs la nature mais qui remontait à soi-disant 9000 ans avant lui. Plus
de
Ce qui est sûr, par contre,
c'est que
la fonte des glaces (quelle que soit sa cause) a fait remonter sensiblement le
niveau des océans, et
que cette montée des eaux a rayé de la carte bon nombre de terres anciennement
émergées. Mais les océanographes n'ont eu aucune peine à démontrer que cette
montée des eaux a été progressive et s'est étalée sur plusieurs milliers
d'années, en liaison avec le réchauffement général du climat de la planète.
Donc, on peut dire que le tsunami a éliminé les populations côtières et
îliennes et que la
transgression marine a noyé des îles et plusieurs millions de kilomètres carrés
de terres anciennement habitées.
Un impact sérieux en
Autriche vers –7800
Le village de Köfels se trouve à environ
Il n'empêche que ces géologues sont bien en peine pour expliquer les éléments dont je vais parler maintenant. On a trouvé, en effet, dans la région de Köfels de nombreux verres ressemblant à des pierres ponces vésiculaires qui ont été étudiées dès le XIXe siècle. Ces verres ont une composition chimique qui peut être expliquée par une courte et incomplète fusion à très haute température des roches préexistantes, suivie d'un très rapide refroidissement.
Les premiers chercheurs
qui ont analysé ces verres, notamment Adolf Pichler (1819-1900) en 1863 et W. Hammer en 1923 (11), les ont interprétés comme étant
les produits d'un événement volcanique, quoique aucun volcanisme récent ne soit connu dans les Alpes, et que
la structure de Köfels n'ait rien d'une bouche volcanique. Conscients de ces
anomalies, Otto Stutzer (1881-1936) en 1936 et Franz Suess (1867-1941) en 1937 ont proposé l'origine cosmique pour le cratère et les verres qui
seraient donc bel et bien des impactites.
Depuis 1966, plusieurs
géologues les ont étudiés à nouveau et ont confirmé qu'ils ne peuvent être
volcaniques. De plus, le cratère a gardé des traces de la collision et on a pu
mettre en évidence certains effets de métamorphisme de choc. C'est sûr qu'il y a eu éboulement,
mais celui-ci a été la conséquence de l'impact qui a "cassé" la
montagne. On doit donc parler pour l'origine du cratère de Köfels de "impact
+ éboulement",
alors que d'autres géologues veulent s'en tenir à l'éboulement sans impact, ignorant les
impactites qui
demandent pour être formées une énergie d'une ampleur nettement supérieure à
celle résultant d'un éboulement, même si celui-ci est d'envergure, ce qui a été
le cas de toute manière.
Récemment, on a parlé aussi
de traces
d'iridium.
Si cette découverte était confirmée, ce serait la preuve qu'il y a bel et bien
eu impact
cosmique. D'ailleurs,
le cratère de Köfels a été remonté en catégorie 2 des structures d'impact (les probables). Pendant des années, selon les
auteurs, Köfels était classé en catégorie 3 (les possibles) ou même 4
(structures rejetées). D'ici quelques années, Köfels pourrait très bien passer
en catégorie 1 (structures certaines). Il prendrait alors un autre
"statut", confirmant l'impact très récent d'un objet d'envergure sur
Car ce qui est particulièrement
intéressant avec Köfels, c'est l'extrême jeunesse du cratère et des verres,
notée dès les premières recherches. Toutes les datations modernes et précises
ont confirmé cette jeunesse puisque la collision ne remonte qu'à 9800 ans environ, soit autour de la
date historique –7800. A noter donc que ce cataclysme est plus récent de 3100 ans environ que
celui
du Younger Dryas Event,
qui fut une catastrophe d'une tout autre envergure. Je signale que l'âge de
Köfels a été réévalué à la hausse récemment, puisque longtemps on a admis
pour le site un âge moins important : 8500 ans, donc une date historique voisine
de –6500 seulement.
Pour former le cratère de
Köfels, il a fallu un petit astéroïde de
Même si la collision de
Köfels n'a pu avoir que des incidences régionales au niveau énergétique, il est
certain que le volume de débris expédiés dans l'atmosphère a été très
important. Il
y a eu probablement désintégration complète à l'instant de l'impact, puisqu'on n'a pas retrouvé de
météorites dans la région. Comme pour d'autres cataclysmes similaires, les
poussières résiduelles se sont dispersées sur pratiquement toute l'Europe (et
sans doute au-delà) et ont entraîné une période de "ténèbres", ou tout au moins un
obscurcissement de l'atmosphère, de plusieurs jours ou même plusieurs semaines,
le temps que celle-ci se débarrasse de cet aérosol.
Cette collision probable
remonte à –7800, et bien que la vallée de l'Ötztal n'ait sans doute été
qu'assez peu peuplée à cette époque, il est probable qu'elle a été observée
dans toute l'Europe centrale. La boule de feu avant l'impact a dû être formidablement
brillante, aveuglante
même, et les populations ont dû croire que le Soleil (ou un soleil) tombait sur
On comprend mieux que la
transmission de bouche à oreille d'un tel événement pendant plusieurs
milliers d'années ait
débouché sur de nombreuses variantes régionales. Plusieurs chutes de météorites
beaucoup moins importantes ont aussi été observées par la suite, et elles ont
sans doute servi à entretenir ce mythe de la chute du ciel, car ce n'est pas
quand même tous les millénaires que tombe sur l'Europe un astéroïde de
"
Le Livre des Morts des
anciens Égyptiens
(12) est l'un des plus vieux documents que les hommes du passé nous ont
légués. Il existait déjà (tout au moins les chapitres les plus importants) vers 2700 ans avant
J.-C., sous le règne du
pharaon Men-kau-ra de
L'un des leitmotive de ce Livre des Morts est la succession de catastrophes
cosmiques qui a prévalu depuis la création des hommes, la fréquence de
l'écroulement des mondes.
Les cataclysmes cosmiques rappelés sommairement, et sans détails précis
malheureusement, sont obligatoirement antérieurs à –2700 et ne peuvent être confondus avec
le cataclysme beaucoup plus récent dont je parlerai plus loin. Tout ce que l'on
peut dire c'est que ces anciennes catastrophes cosmiques furent une réalité,
même s'il n'est pas facile de savoir à quoi elles correspondent exactement et
surtout quelles ont été leurs conséquences. Le Livre des Morts insiste particulièrement sur
"
Un impact en Afrique
du Nord
De nombreux arguments
laissent à penser que l'Afrique du Nord a probablement été victime d'un impact
cosmique d'origine cométaire assez important, qui pourrait dater du début du Ve
millénaire ou même de
la fin du VIe millénaire avant J.-C. (autour de la date historique
–5000). Plusieurs auteurs sérieux pensent en effet que l'Égypte archaïque était
très différente géographiquement de l'Égypte historique, qui commence pratiquement
avec Ménès, le pharaon qui vécut
vers –3300 et qui fonda la première dynastie. Tous les documents semblent indiquer que les premiers
Égyptiens venaient de l'ouest (13), d'où ils furent chassés par ce
fameux cataclysme cosmique, et qu'ils s'intégrèrent avec une seconde ethnie
venant du sud, à une population beaucoup plus primitive qui vivait déjà sur les
bords du Nil.
Cette
migration forcée des pré-Égyptiens pousse tout naturellement à soupçonner un
impact saharien. Car ce
n'est un secret pour personne, il est certain que cette zone immense, qui est
aujourd'hui le plus grand désert du monde (avec environ huit millions de
kilomètres carrés) et l'un des plus arides, était un territoire fort
accueillant et verdoyant, habité dès la haute préhistoire. L'ancien Sahara était
baigné par un grand fleuve, le fleuve des Tritons, qui coulait du sud au nord,
parallèlement au Nil,
et au bord duquel évidemment devaient vivre principalement les populations de
l'époque. Le tracé de ce très étonnant fleuve fossile, fort important
apparemment, a pu être reconstitué avec précision car il a laissé son empreinte
indélébile, même si de nos jours elle n'est pas évidente pour les
non-spécialistes. Le fleuve des Tritons descendait du Hoggar, et après un cours de
La
désertification du Sahara a toujours étonné les spécialistes des climats par sa
rapidité fulgurante,
notamment son début, car ensuite les choses s'enchaînent naturellement selon un
processus bien connu. On le voit encore de nos jours avec l'avance
catastrophique des sables et le recul parallèle de la vie dans le Sahel. Faire
croire que ce sont quelques troupeaux de chèvres et autres animaux domestiques
qui ont été la cause de
la désertification des huit millions de kilomètres carrés du Sahara est une
plaisanterie.
Il est beaucoup plus
logique de penser que ce phénomène est dû au départ à un cataclysme naturel. Celui-ci n'a jamais pu être
identifié, ni localisé avec précision, car il remonte à plusieurs milliers
d'années, mais toutes les mythologies des peuples autochtones et périphériques,
que ce soient les Égyptiens, les Marocains, les Berbères, les Touaregs et
d'autres, parlent de cataclysme cosmique. Ce n'est pas pour rien. Je penche donc pour l'explosion dans la
basse atmosphère, comme en 1908 avec le cataclysme de
Cette
explosion dans l'atmosphère serait à la base du processus de
désertification.
Nous avons vu comment une telle explosion peut rayer toute vie sur plusieurs
milliers de kilomètres carrés. Des incendies immenses de forêts, l'absence totale de végétation durant plusieurs années dans une
région torride ont des conséquences climatiques et écologiques certaines. Les précipitations
s'affaiblissent, la sécheresse s'installe, ce qui accélère ensuite l'ensablement, les fleuves et
rivières s'assèchent et la désertification peut ainsi gagner très rapidement du terrain.
Des populations
traumatisées
Ce scénario explique fort
bien que les
habitants de la région sinistrée aient été obligés d'émigrer vers les régions
périphériques. Ce fut
le cas pour les pré-Égyptiens, mais aussi pour d'autres peuples martyrs,
ancêtres des populations actuelles d'Afrique du Nord. D'autre part, cette
explosion dans l'atmosphère a pu entraîner une augmentation de la radioactivité (comme dans la région sinistrée de
Cette pollution biologique
a pu déboucher à la fois sur une dégénérescence des cellules (du fait de
brûlures et de cancers, notamment de la peau), et à la limite sur une
dégénérescence de certaines espèces dans leur ensemble, et sur un gigantisme
(noté également dans la région sinistrée de
On sait de manière formelle
depuis l'événement de
L'avenir pourra peut-être confirmer cet impact saharien, le dater avec précision quand on connaîtra mieux le passé des fragments de Hephaistos, et aussi localiser la région de l'impact d'une manière plus précise. En tout cas, cette hypothèse saharienne présente de multiples avantages, car elle explique d'une manière fort plausible à la fois le début ou l'accélération de la désertification du Sahara, l'exode des pré-Egyptiens et leurs innombrables allusions à cette Nuit de l'écroulement des mondes qui, apparemment, les avait sérieusement traumatisés. Bien que sa datation soit délicate, je penche pour moins de 2000 ans avant Ménès, vers –5000. Mais les astronomes du XXIe siècle devraient pouvoir sensiblement améliorer la précision de cette datation, très approximative pour le moment.
Un impact dans le
Pacifique vers –2350
Dans toutes les régions du
monde, les peuples anciens ont laissé pour la postérité des histoires
concernant des déluges plus ou moins importants (15), conséquences de
cataclysmes assez divers mais toujours meurtriers (crues exceptionnelles,
pluies torrentielles durant plusieurs jours ou même plusieurs semaines, raz de
marée, ouragans, déglaciation, rupture de digues naturelles, etc.). Le plus connu en Occident
est bien sûr le Déluge biblique qui aurait eu lieu vers –4000, d'après certaines sources
archéologiques et non plus d'après
Mais ce Déluge, qui a bénéficié d'une publicité toute
particulière du fait qu'il figure en bonne place dans
Certains peuples anciens de
la région parlent dans leurs légendes et traditions d'une "étoile tombée du ciel" ou d'une "énorme boule de feu" qui serait tombée dans
l'océan ou même sur d'anciennes terres émergées, englouties depuis la
catastrophe. Comme je l'ai rappelé au chapitre 1, en Chine c'est le dragon Kong-Kong qui aurait fait écrouler l'une des
colonnes du ciel un jour de colère en lui donnant un coup de tête et qui aurait
provoqué le déluge. Toutes ces histoires ont un point commun : c'est l'origine astronomique
du cataclysme, un objet cosmique est entré en collision avec
La thèse du continent perdu
dans le Pacifique (Mû ou un
autre) a toujours passionné les amateurs de mystère et d'insolite, mais elle
n'a jamais pu être confirmée par la science, notamment par les recherches
océanographiques qui se sont multipliées depuis une soixantaine d'années. Les
fonds océaniques sont bien connus de nos jours, et leur formation et leur
renouvellement constant à l'échelle géologique parfaitement explicités. Il est
vrai cependant que les énigmes concernant le région restent nombreuses,
notamment celles liées à l'origine de l'île de Pâques (16) et que des surprises de taille restent
possibles. Ce qui est fort plausible pour le moment, c'est l'impact d'un objet
cosmique qui remonterait à 4350 ans et ses diverses conséquences que nous
allons examiner.
La collision a pu se
produire à l'époque de Yao,
l'un des empereurs légendaires de
Nous avons vu plus haut que
les
collisions océaniques peuvent faire bouillir la mer, du fait de la chaleur engendrée
(plusieurs milliers de degrés) et entraîner des quantités énormes de vapeur d'eau dans
l'atmosphère. Cette
vapeur d'eau se condense en nuages et provoque par la suite des pluies
exceptionnelles que l'on peut assimiler à des déluges. Ainsi l'inondation se
produit de trois côtés à la fois : de la mer, du ciel et des fleuves gonflés
par les pluies diluviennes et qui quittent rapidement leur lit habituel. L'eau ne peut plus
s'écouler pendant plusieurs semaines.
Ce cataclysme pourrait être bel et bien lié au Déluge biblique dont j'ai parlé au chapitre 2. Il faut se rappeler l'hypothèse (fausse) de Whiston et de sa comète de 575 ans, qui était contemporaine du Déluge, daté par les théologiens à 2349 ans avant l'ère chrétienne et aussi le fait que Noé aurait pu vivre en Chine à la même époque. Coïncidence ou relation de cause à effet ? Les astronomes du XVIIIe siècle se posaient déjà la question, et certains n’étaient pas loin de répondre positivement.
Enfin, si les légendes
chinoises de l’époque ont un fond de vraisemblance, il n’est pas exclu que
cette partie de l’Asie ait été victime de l’impact de plusieurs fragments mineurs d’un objet plus volumineux, ayant
peut-être un rapport avec la désintégration de Hephaistos.
La collision qui a bouleversé l'ordre du monde à la fin du XIIIe siècle avant J.-C.
Deux questions
essentielles : quel objet et pourquoi cette date ?
Avec cette collision dont
j'ai déjà beaucoup parlé tout au long de ce livre, on arrive à la dernière grande
catastrophe d'origine cosmique qu'a subie
Au chapitre 18, j'ai évoqué les cataclysmes terrestres qui ont eu lieu au IIe millénaire dans le Bassin méditerranéen, pour bien les différencier. L'éruption volcanique du Santorin, notamment, a toujours plus ou moins interféré avec le cataclysme cosmique et de nombreux auteurs l'associent encore aux Plaies d'Égypte et à l'Exode, bien que les époques diffèrent de quatre siècles. Il est exclu que le début de cet Exode des Hébreux se soit passé avant le XIIIe avant J.-C., même si le problème du Pharaon incriminé dans cette histoire, et c'est un élément vraiment important, n'a été définitivement élucidé que durant le dernier quart du XXe siècle.
Certains égyptologues
penchent encore pour Ramsès II
(17), mais il s'agit déjà d'un combat d'arrière-garde. Le pharaon de
l'Exode est très probablement le treizième fils de Ramsès II, connu sous le nom
de Merenptah (et souvent en France sous celui de
Mineptah) qui lui a succédé et qui a régné
au moins cinq ans et au plus dix ans (de 1213 à 1203 avant J.-C. d'après les
Égyptologues modernes). Les dates de règne de ces pharaons qui varient suivant
les auteurs, selon qu'ils utilisent la chronologie haute ou la
chronologie basse, d'une bonne vingtaine d'années (ainsi pour Ramsès II, la date de sa
mort est 1236 avant J.-C. pour certains et 1213 pour d'autres), sont précisées
aujourd'hui.
En toute logique, c'est la chronologie
basse qui s'impose aujourd’hui pour des raisons astronomiques et historiques (18) et je l'utilise
également, contrairement à ce que j'avais fait en 1982. De ce fait, le
cataclysme de –1225 dont je parlais se trouve avancé en –1208 (c'est-à-dire 1209 avant J.-C., date historique qu'il est bon de
retenir) (19) pour des raisons que je vais développer.
Les choses ayant
sérieusement évolué depuis 1982, je rappelle d'abord rappeler ce que j'écrivais
alors (pp. 236-237) pour répondre aux deux questions de base qui se posaient : quel type d'objet et
pourquoi cette date ?
" Certains auteurs croient à une comète très importante,
mais en fait c'est peu probable pour plusieurs raisons, dont la principale est
que les impacts de comètes actives sur
La date de –1225 résulte principalement de l'examen des textes égyptiens, notamment ceux découverts à Médinet Habou (partie sud de l'ancienne Thèbes occidentale) au XXe siècle seulement. Ces textes très importants ont été gravés sous le règne de Ramsès III, quelques dizaines d'années seulement après la catastrophe. Ce sont eux qui, seuls, permettent de dater avec précision (à quelques années près, ce qui est fantastique quand on sait le flou des datations anciennes) le cataclysme auquel il font allusion. Ces textes ont permis de cerner la période incriminée, qui ne peut être que celle de Merenptah, ou moins probablement l'un de ses deux successeurs directs. "
Sekhmet, Phaéton,
Absinthe, Surt et les autres
Depuis l'écriture de ce
texte, il y a eu en effet une nouveauté essentielle : la découverte que
P/Encke et Oljato ne formaient qu'un seul objet il y a 9500 ans et qu'ils sont
membres de la grande famille de Hephaistos qui comprend un astéroïde aussi
gros que Hephaistos (le fragment principal de l'objet
originel auquel il donne son nom) qui a 8 ou même
Pour ce qui est de la
période incriminée, le mérite en revient essentiellement au théologien et
archéologue allemand Jürgen Spanuth (1907-1998) (20) qui a étudié cette période troublée avec
beaucoup de pertinence. Cet auteur, à la recherche après beaucoup d'autres de
l'Atlantide, a cherché à démontrer que les fameux Peuples de
Cette quasi-collision entre
" Le feu de Sekhmet a brûlé les pays du neuvième cercle.
" (21)
Il faut savoir pour
comprendre l'intérêt et l'importance de cette citation que, dans l'Antiquité,
Spanuth explique dans son
livre, en citant de nombreuses sources de différentes époques, les raisons qui
lui permettent de dater (approximativement) la collision et sa relation avec la
comète Phaéton, dont il raconte également la légende dans la version d'Ovide.
" Il est possible de dater les catastrophes naturelles
rapportées par cette légende car il y est dit, par exemple, que "
Ces deux événements ne sont rapportés qu'une seule fois dans les
textes de l'ancienne Égypte. Dans l'inscription de Karnark on trouve, pour
la cinquième année du règne de Merenptah (1232-1222 avant J.-C.) : "
Ramsès III rapporte, dans les textes de Médinet Habou : "
Il est dit également dans les textes de Médinet Habou que le Nil
aurait été asséché. On y lit entre autres : "Le Nil était asséché et le
pays était livré à la sécheresse" (tableau 105)...
Dans les textes de Séti II (vers 1215-1210 avant J.-C.), on
trouve : "Sekhmet était une étoile qui tournait en lançant des
flammes, une gerbe de feu tempétueuse" (Breasted, Ancient Records
of Egypt, 1906-07).
Dans une inscription de Ougarit (Ras Shamra) datée de l'époque qui précéda de peu la destruction de la ville au cours du derniers tiers du XIIIe siècle avant J.-C., on trouve "L'étoile Anat est tombée du ciel, elle a massacré la population du pays syrien et elle a inverti le crépuscule ainsi que la position des étoiles" (Bellamy, 1938). " (22)
Ce passage contient une information capitale : La collision se serait passée lors de la cinquième année du règne de Merenptah, soit l'année 1209 avant J.-C. si l'on utilise la chronologie basse (Spanuth, lui, utilise la chronologie haute (23), comme on le faisait encore généralement dans les années 1970). Cette année 1209 peut en fait s'écarter de quelques années de la réalité, car l'on sait que les dates de règne de Merenptah ne sont qu'approximatives. Si l'on en croit les Égyptologues modernes, Merenptah aurait eu pour successeurs directs : Amenmès (1203-1200) et Séthi II (1200-1194). Or ce dernier a laissé le texte rappelé ci-dessus et est donc obligatoirement postérieur au cataclysme. Plus loin, j'essaie de préciser la date de l'impact de Sekhmet, événement majeur de l'histoire cosmique des hommes.
La trajectoire de
Sekhmet et
les conséquences du cataclysme
Peut-on essayer de
reconstituer l'orbite intra-atmosphérique de Sekhmet, qui était considéré par
les auteurs de l'Antiquité soit comme une comète (le plus
souvent), une étoile, une boule de feu, un nœud de flammes, un deuxième soleil,
un serpent ou un dragon ?
A mon avis, c'est très possible, car les traces de son passage sont nombreuses
dans les textes des Anciens. Sekhmet venait de l'océan Indien et suivait une
trajectoire sud-est/nord-ouest. Première chose quasi certaine : la collision a eu lieu de
jour.
On signale d'abord son
passage en
Éthiopie et en Arabie.
Apparemment, l’objet cosmique, qui a probablement subi une première
fragmentation partielle en traversant les hautes couches de l’atmosphère,
continue de se disloquer, de s'émietter et perd une partie substantielle de sa
matière, probablement de couleur rouge, puisque c'est à cette époque que l'Érythrée et
la mer Rouge vont recevoir leur nom. Les morceaux de Sekhmet, qui a déjà la forme d'un "dragon" du fait qu'il est suivi d'une
épaisse et longue traînée de poussières, s'écartent un peu les uns des autres
grâce à "l'effet fusée". L'un de ceux-ci explose au-dessus de
Mais le corps principal
continue sa route vers le nord-ouest, passe au-dessus de
On ne peut savoir avec
exactitude si finalement il y a eu explosion dans l'atmosphère ou impact
océanique. Il faut rappeler ici ce que j'ai expliqué au chapitre consacré aux
comètes. La ceinture
de Kuiper est composé
de milliards
d'objets de nature hétéroclite que les astronomes appellent des objets de Kuiper (ou KBO pour Kuiper Belt Objects). Beaucoup sont des comètes formées quasi exclusivement de
glace et de poussières très grossièrement agglutinées. D'autres sont des astéroïdes rocheux, d'autres sont des objets mixtes. Il n'est même pas tout à fait
exclu que certains gros objets soient différenciés, avec donc la possibilité d'un noyau ferreux et
nickélifère.
Si l'objet de
–1208, probablement issu de Hephaistos et autonome depuis
seulement quelques milliers d'années, était un fragment cométaire (genre
P/Encke), je ne crois pas qu'il y ait pu avoir un impact terrestre (ou océanique bien sûr). Par
contre, il reste possible que le dernier fragment qui a survolé l'Europe du
nord pouvait être partiellement rocheux, et donc avoir une densité supérieure
(de l'ordre de 3,0 g/cm3 peut-être), dans quel cas ce bloc, ou
seulement une partie de celui-ci, aurait pu percuter l'océan.
Quoi qu'il en soit, et même
s'il y a eu seulement désintégration dans l'atmosphère au stade final, il est
quasiment sûr qu'un gigantesque tsunami se forme et revient vers
l'Europe. C'est lui qui balaie "l'empire englouti de la mer du Nord" cher à Spanuth, peut-être à la
suite d'un bouleversement isostatique post-impact (la région se serait enfoncée
soudainement de dix mètres d'après certains géologues) et qui pousse les
Peuples du Nord (qui deviendront bientôt une composante des Peuples de
Le fait que cette orbite
intra-atmosphérique soit possible, et il suffit de regarder un atlas pour s'en
persuader, est très important, car une mauvaise répartition des zones
géographiques sinistrées exclurait une catastrophe unique. Pourtant, une telle catastrophe unique
est probable, car les récits de catastrophes transmis par les Anciens se
rapportent réellement à une même époque.
L'hypothèse
de la comète active, du noyau de comète, ou de l’objet mixte permet d'expliquer
assez bien les diverses conséquences associées à Sekhmet. L'extrême chaleur constatée serait
due à l'échauffement progressif du corps céleste (qui aurait atteint plusieurs
milliers de degrés) et aussi à la formidable onde de choc qui l'accompagnait et
qui aurait créé des désordres atmosphériques sérieux (ouragans, etc.). Le bruit
infernal, les séismes, les explosions, les ténèbres, les incendies
gigantesques, les tsunamis, le tarissement et l'empoisonnement des fleuves (le
Nil fut asséché d'après Ovide) s'expliquent fort bien, de même que le
"monde rouge" qui a tant étonné les Anciens.
Les multiples mouvements de populations constatés en cette fin de XIIIe siècle et dans le premier quart du XIIe avant J.-C. s'expliquent également. Ces peuples furent conduits à l'exil parce que leurs ressources naturelles habituelles étaient détruites ou empoisonnées, la géographie chamboulée. Pour survivre, il fallait partir ailleurs, quitter sa région, souvent sans espoir de retour, et automatiquement se frotter aux autochtones qui voyaient d'un bien mauvais œil des étrangers émigrer sur leurs terres. De tels exodes massifs débouchent obligatoirement sur la guerre et sur une refonte des sociétés humaines. Tout cela est observé entre –1208 et –1180. En une seule génération souvent, on note des transformations inexplicables si on ne prend pas en compte les conséquences du drame cosmique. Comme l'ont si bien dit les Égyptiens du temps de Ramsès III, une trentaine d'années seulement après le cataclysme, et dont beaucoup avaient été les témoins oculaires :
" Sekhmet a bouleversé l'ordre du monde. " (24)
Après le passage de l’objet
cosmique et les conséquences terrestres et humaines qu'il a engendrées, aucune des anciennes
civilisations sinistrées ne survécut sans des remaniements profonds. L'événement a été si exceptionnel
pour les populations, surtout pour les Égyptiens d'ailleurs, que Pline s'en est fait l'écho treize siècles
plus tard, avec l'évocation de "la comète terrible".
Cet événement est pourtant
totalement passé sous silence dans les livres sur l’Antiquité, car les
historiens du passé et ceux de la génération actuelle n’ont jamais pris en
compte le
cataclysme dans
leurs travaux, faute de documents suffisamment explicites laissés par les
Anciens. C’est pourquoi l’histoire ancienne devra être réécrite à la lumière des cataclysmes mis en
évidence par les chercheurs actuels. Cela ne pourra se faire que par une
nouvelle génération d’historiens.
Peut-on dater la
collision avec précision ?
Il est aujourd’hui possible de proposer quelques dates pour le cataclysme cosmique, bien que la double chronologie pour les pharaons complique singulièrement le problème, puisque les dates varient dans une fourchette de 22 ans pour la mort de Ramsès II (1235 et 1213 avant J.-C.) et pour celle de Merenptah (1225 et 1203 avant J.-C.). Le tableau 19-1 donne toutes les dates possibles entre 1230 et 1201 avant J.-C., sachant que certains textes égyptiens précisent que le cataclysme a eu lieu un 12 Tybi, ce qui correspond à des dates de fin octobre et début novembre de notre calendrier moderne.
La légende de
Phaéton, version Ovide, et le passage de
l’Apocalypse traitant
du puits
de l’abîme permettent
d’obtenir la date dite volcanologique. Ovide nous apprend que suite à la chute de Phaéton, l'Etna
eut une éruption très importante. Le passage de l'Apocalypse précise que suite à la chute d’une
étoile sur
Je propose donc une première date : 5 novembre 1227 avant J.-C. (= –1226). Deux dates peuvent être proposées concernant Merenptah, puisque les textes égyptiens disent que le cataclysme eut lieu la cinquième année de son règne. Dans la chronologie haute, la date est le 5 novembre 1230 avant J.-C. ( = –1229) et dans la basse le 31 octobre 1209 avant J.-C. (= –1208). D’autres auteurs donnent 1232-1222 pour le règne de Merenptah, la cinquième année tombe alors en parfait accord avec la date volcanologique (simple coïncidence ou datation inespérée grâce à Ovide ?). Malgré tout, la date de –1208 (1209 avant J.-C.) me semble préférable, du fait des dates de Merenptah mises en avant par plusieurs générations d'Égyptologues.
Sekhmet et l'Exode
Dans le cadre étroit de ce
chapitre, je ne peux m'appesantir trop longtemps sur l'impact de –1208 (il
faudrait un
livre entier pour être
complet et citer tous les textes et les conséquences qui lui sont associés),
mais je dois dire quelques mots sur l'Exode des Hébreux qui se situe probablement à la même
époque. La majorité des théologiens et des spécialistes de
Certaines des dix plaies trouvent naturellement leur place
suite à la catastrophe cosmique de –1208. Particulièrement, les plaies 1 (l'eau
changée en sang du fait de la pigmentation rouge des poussières issues du corps
céleste), 5 (la peste du bétail), 6 (les ulcères), 7 (le tonnerre et la grêle)
et 9 (les ténèbres) sont des conséquences "normales" de l'explosion d'une
comète ou d'un astéroïde d'origine cométaire.
On sait qu'il y a eu
probablement un nombre accru de cancers de la peau et de brûlures à cette
époque (" Leurs os brûlent et grillent dans leurs membres ", rappellent les textes), ils
s'expliquent fort bien par les radiations associées à l'explosion et à l'augmentation
de la radioactivité au niveau régional. On l'a constaté avec l'explosion de
Pour ce qui est du Passage, voilà ce que j'écrivais en 1982
(p. 242) dans la version originale de
" Quant au fameux Passage, où qu'il ait eu lieu, car
les avis ont toujours divergé (mer Rouge, mer des Roseaux, etc.), il a dû avoir
lieu quelques jours après la collision de Sekhmet, pendant la période
"post-catastrophe" quand les ouragans faisaient encore rage et quand
la vie normale n'avait pas encore retrouvé tous ses droits. Ce Passage
s'explique obligatoirement par le retrait provisoire de la mer, avant son
retour furieux sous la forme d'un tsunami ou d'une trombe d'eau. Que les Juifs
aient profité de la confusion générale associée à cette période
particulièrement troublée, il n'y a rien là d'invraisemblable. On comprend même
que principaux bénéficiaires (peut-être les seuls en fait) du cataclysme
cosmique, ils se soient considérés comme le "peuple élu". Les théologiens,
avec cette nouvelle hypothèse assez vraisemblable, pourront sans doute
améliorer la théorie de l'Exode qui laissait pour le moins à désirer jusqu'à
maintenant. Sekhmet leur ouvre une voie nouvelle. "
Je serai moins affirmatif
aujourd'hui, mais aussi plus précis, pour les raisons suivantes. Au chapitre 1,
j'ai rappelé un texte égyptien qui précise que le cataclysme a eu lieu un 12 Tybi,
date qui correspond au 31 octobre 1209 avant J.-C. (soit le 31
octobre –1208), si la
catastrophe a bien eu lieu cette année-là, date que je propose pour la première
fois à la communauté scientifique et qu'il sera peut-être nécessaire d'ajuster
quelque peu. (25)
On sait, par contre, par
les textes hébreux que le Passage a
eu lieu au début du printemps, au mois de mars, période plus tardive de quatre
à cinq mois environ. Quatre questions se posent donc concernant cet important
épisode biblique :
1. La date du 12 Tybi
correspond-elle à la catastrophe de –1208, ou bien à une autre catastrophe
antérieure ? (on sait qu'il y en a eu d'autres durant les millénaires
précédents).
3. Peut-on croire que la
période post-catastrophe en Égypte ait duré près de six mois ? Quand on lit
4. Quel était donc le pharaon de l'Exode qui permet de dater avec précision l'épisode du Passage ? On a la réponse aujourd'hui d'une manière quasi certaine : c'était bel et bien Merenptah, comme l'a montré brillamment Maurice Bucaille (1920-1998) (26). Cet érudit, chirurgien de profession et spécialiste des Écritures saintes, s'est demandé dans les années 1970 si l'on ne pourrait pas tenter d'obtenir des signes directs de la participation d’un pharaon à l'Exode. Il a eu l'idée (qui rappelle celle de Luis Alvarez pour l’iridium) d’autopsier les momies de différents pharaons de l’époque qui sont conservées en Égypte depuis plus de 3000 ans et aussi la chance de pouvoir effectuer ces examens extraordinaires (27). Le résultat est sans appel : Ramsès II est exclu, c'était un vieillard invalide à la fin de sa vie ; par contre Merenptah est décédé de mort violente, avec notamment un sérieux traumatisme crânien. Tout porte à croire qu'il est mort durant l'Exode et que son corps a été récupéré et aussitôt embaumé. La momie de Merenptah ne fut retrouvée qu'en 1898 et identifiée comme étant la sienne en 1907 seulement. C'est le fait même qu'on l'ait retrouvée qui fit croire à une majorité d'Égyptologues et de théologiens du XXe siècle que Merenptah ne pouvait pas être le pharaon de l'Exode, supposé mort noyé durant le Passage. Noyé peut-être, mais récupéré sûrement !
L'impact cosmique de
l'époque de Josué
J'ai déjà abordé ce cataclysme
au chapitre 2 concernant les textes et les légendes bibliques. Je l'aborde
ici d'une manière historique, puisqu'il trouve normalement sa place dans la liste des collisions cosmiques
ayant affecté
Cet événement est
intéressant, bien, semble-t-il, qu'il n'ait pas eu l'importance des
catastrophes plus anciennes que j'ai passées en revue. Les textes bibliques
associent (involontairement en fait, car les compilateurs du texte qui nous est
parvenu n'ont jamais fait la liaison génétique entre les deux événements) le pseudo-miracle
de Josué
(l'arrêt du Soleil) et la chute de pierres qui décima les ennemis d'Israël (relire les textes au
chapitre 2). Cet impact cosmique qui a eu lieu, d'après
Je rappelle d'abord
sommairement ce que cache le Complexe des Taurides, comme l'appellent les astronomes,
pour bien comprendre cet événement. Il s'agit de multiples essaims d'objets
astéroïdaux et cométaires, de météoroïdes et de poussières qui circulent sur
des orbites relativement similaires et qui sont les débris d'un objet unique,
l'ancien centaure Hephaistos, qui a été introduit dans le Système solaire intérieur, il
y a quelques dizaines de milliers d'années, à la suite de perturbations planétaires.
Ce gros objet
a été ensuite brisé en d'innombrables fragments, en plusieurs épisodes
successifs, ce qui a
entraîné une dispersion importante de la matière originelle. Toute cette
matière hétéroclite partage la même route (une route
assez large quand même du fait de l'accumulation des diverses perturbations),
et parfois certains fragments entrent en collision avec une planète, quand ils
se retrouvent au même moment à un point de croisement commun. Pour l'essaim des Taurides, qui est plus spécialement lié à la
comète P/Encke, dont la période de révolution est de 3,3 ans (28), la rencontre avec
Cela s'est
produit en –1208 (à quelques années près) et aurait pu se reproduire avec un
décalage de dix ans en –1198, en –1188 ou en –1178. La rencontre s'est
apparemment reproduite au quatrième croisement (29) en –1168, et cet événement ne peut pas choquer les astronomes, s'il
s'agit d'un fragment réellement originaire du Complexe des Taurides.
Rappelons aussi qu'au XXe siècle, la collision de
Pour en revenir à l'époque
de Josué, il y a eu donc explosion dans l'atmosphère d'un fragment cométaire
(peut-être de taille hectométrique). La diffusion des poussières issues de la
désintégration a permis une prolongation inhabituelle du jour (tout à fait anormale et donc
"miraculeuse" pour les témoins oculaires), comme je l'ai raconté au
chapitre 2. Par une chance inouïe (et sans doute un peu "arrangée"
par les auteurs du texte original), une chute de pierres a pulvérisé les ennemis
d'Israël. Cela montre
que le fragment en question était partiellement rocheux et non constitué en
totalité de glace et de poussières agglomérées. Mais il n'y a rien là
d'anormal, vu l'hétérogénéité du corps céleste originel.
Seule l'existence du texte
biblique a permis de recenser cet événement, probablement secondaire sur le
plan énergétique et au niveau des dégâts réels engendrés par l'explosion.
Quelques vies humaines peut-être, qui se sont transformées pour les besoins de
la cause en une armée "sélectionnée" par Dieu, et en un fait d’armes à
transmettre aux générations futures pour bien montrer la puissance du Créateur. Plus scientifiquement, en résumé, un événement
d'origine cosmique ordinaire, comme
Quelques autres
collisions possibles et non datées
J'ai retenu dans ce chapitre
six
cataclysmes importants probables depuis 13 000 ans, mais il est certain que quelques autres, plus ou moins importants, ont eu
lieu également. Je signale surtout que seulement deux impacts océaniques probables sont recensés, alors qu'ils
doivent se produire dans une proportion de 7 sur 10. On voit déjà là qu'il
y a un très important déficit. Récemment, deux nouvelles hypothèses d'impacts océaniques
ont été proposées (30), mais elles sont évidemment contestées par la
communauté scientifique.
La première est celle de la
géologue américaine Dallas Abbott. D'après cette scientifique, un astéroïde de
La seconde hypothèse est
celle de la géologue française Marie-Agnès Courty. D'après cette spécialiste, un impact majeur (là encore un
astéroïde de taille kilométrique) aurait eu lieu autour de –2000 dans l'océan Antarctique. Sous le
choc, une multitude de fragments arrachés aux fonds marins auraient été
projetés dans l'espace et seraient retombés dans de nombreux sites terrestres,
notamment en Syrie (?) où ils sont encore décelables.
Il faudra attendre pour avoir
la confirmation ou l'infirmation de ces deux impacts. Les scientifiques exigent
des preuves et le scepticisme semble de rigueur dans la communauté scientifique.
Pour les astronomes spécialisés, par contre, ces impacts n'ont rien d'invraisemblables.
Une chose est certaine : la fréquence des impacts
longtemps retenue (jusqu'en 1995) est totalement obsolète depuis que l'on découvre des PHA (Potentially Hazardous Asteroids)
par centaines. Le millier d'années est l'échelle acceptable pour un impact
d'envergure, certainement pas la centaine de milliers d'années. Mais il faut
savoir que les objets d'origine cométaire sont fragiles et la fragmentation est
la règle.
Les traces ne sont pas obligatoirement
détectables s'il y a désintégration dans l'atmosphère. Les cratères météoritiques
n'existent pas toujours ou peuvent être rapidement gommés par la sédimentation
s'ils sont océaniques.
Actuellement, on ne peut ni
dater, ni situer géographiquement, quelques autres cataclysmes d'origine
cosmique hypothétiques. A quelles catastrophes correspondent les légendes
d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale, d'Amérique du Sud et du nord-est de
l'Asie ? En Inde également, plusieurs allusions concernant la chute d'étoiles
et de météorites meurtrières figurent dans les livres sacrés. Chez les Indiens
Parsis, c'est l'étoile Tistrya
qui aurait causer à la fois un incendie de grande envergure et un déluge, ce
qui semble contradictoire à première vue. Le mystère reste total aujourd'hui
sur la cause réelle et la date de ces catastrophes.
Combien d'entre elles
peuvent être reliées à des fragments de Hephaistos qui auraient percuté
Dans un livre dont la
lecture fait réfléchir, Les mystères des mondes oubliés, Charles Berlitz (1914-2003) (31) cite des
extraits de plusieurs livres classiques de l'Inde concernant une mystérieuse
"météorite
de fer". De
nombreux auteurs, spécialistes des ovnis et des civilisations
"supérieures" disparues, ont également utilisé ces textes pour faire
de cet objet céleste un missile ou un ovni. Mais les textes sont clairs, ce
qu'ils décrivent, ce n'est rien d'autre qu'une météorite de fer qui provoqua un "feu
du ciel" qui
marqua profondément les esprits des témoins.
" ... Un projectile unique chargé de toute la puissance de
l'univers. Une colonne incandescente de fumée et de flammes, aussi lumineuse
que dix mille soleils, s'éleva dans toute sa splendeur... C'était une arme
inconnue, une météorite de fer, un gigantesque messager de mort qui réduisit en
cendres la race entière des Vrishnis et des Andhakas... Les cadavres étaient à
ce point brûlés qu'ils étaient méconnaissables. Leurs cheveux et leurs ongles
tombaient d'eux-mêmes ; les poteries se brisaient sans cause apparente, et les
oiseaux devenaient blancs. Après quelques heures, tous les aliments étaient
contaminés... Pour échapper à ce feu, les soldats se précipitèrent dans les
cours d'eau...
... Une météorite de fer, par laquelle tous les individus de la
race des Vrishnis et des Andhakas furent réduits en cendres... une cruelle
météorite de fer qui ressemblait à un gigantesque messager de mort... Le roi
fit réduire en fine poudre cette météorite de fer... les hommes s'employèrent à
projeter cette poudre dans la mer... "
Ces quelques extraits
parvenus jusqu'à nous à travers les siècles montrent qu'en Inde aussi des
tribus furent brûlées et détruites par les conséquences directes d'un impact.
Étonnamment, celui décrit ci-dessus concernait une sidérite. Or ces
sidérites sont des météorites plutôt rares, bien qu'elles soient relativement
nombreuses dans nos collections. Le fait que dans les vieux textes indiens, le
roi de l'époque fit réduire en poudre une partie de la météorite signifie que
la volatilisation ne fut pas complète au moment de l'impact, et donc qu'il ne pouvait
s'agir d'un objet de plusieurs dizaines de mètres.
Mais les calculs montrent
qu'un petit astéroïde de
Les philosophes de
l'Antiquité étaient catégoriques à cet égard, la fin du monde par l'eau et par le feu
était la règle. Je
crois avoir montré qu'ils avaient raison et que leur perspicacité n'avait rien
à envier à celle des savants d'aujourd'hui. Il aura fallu attendre deux
millénaires pour pratiquement revenir au point de départ, à savoir que le cosmos reste une
menace permanente pour
Notes
1. I. Donnelly, The destruction of Atlantis - Ragnarok, or the age of
fire and gravel (Courier Dover Publications, 2004). Le livre d'Ignatius Donnelly a
constamment été réédité au XXe siècle. Souvent descendu en flèche par les
scientifiques, il n'en est pas moins fort intéressant. Donnelly, digne
successeur des grands catastrophistes du début du siècle, a compris que seule
une comète pouvait avoir entraîné les désastres qu'il décrit dans son livre, à
une époque (le livre a été publié en 1883) où aucun NEA n'était connu, ni même
soupçonné (Eros n'a été découvert qu'en 1898).
2. J. Hawkes, Atlas
culturel de la préhistoire et de l'antiquité (Elsevier-Séquoia, 1978).
Titre original : The atlas of early man (1976). Un autre livre traite le
même sujet : M. Oliphant, L'atlas du monde antique (Solar, 1993). Titre
original : The atlas of the ancient world (1992).
3. V. Clube and B. Napier, The cosmic serpent (Faber & Faber,
1982) et The cosmic winter (Blackwell, 1990).
4. J.-L. Bernard, Les
archives de l'insolite (Livre de Poche, 1978).
5. Quatre scientifiques
américains étaient associés pour l’organisation de cette importante
conférence, patronnée par l’American
Geophysical Union (AGU) : Richard Firestone, James Kennett, Allen West
et Luann Becker. Une partie des débats ont été filmés et sont consultables
sur Internet.
7. I. Velikovsky, Les grands bouleversements terrestres (Le
Jardin des Livres, 2004). La version originale est parue sous le titre Earth in upheaval en 1955. Bien que décrié,
ce livre est fort intéressant. Velikovsky revisite la géologie pour laquelle
il n’est pas vraiment un spécialiste. Mais comme un historien des sciences
méticuleux, il détaille bien les événements liés au Younger Dryas Event et publie plus d'une
centaine de citations sur le sujet glanées dans les livres et travaux scientifiques
de la première moitié du XXe siècle. Aujourd’hui ce livre est précieux
pour ceux qui étudient en détail cette époque troublée.
9. P.J. Cannon, Meteorite impact crater discovered in cental Alaska
with Landsat imagery, Science, 196, pp. 1322-1323, 1977.
10. O.H. Muck, L'Atlantide.
Légendes et réalité (Plon, 1982). Titre original : Alles uber Atlantis
(1976). Otto Muck (1892-1956) a écrit ce livre au début des années 1950, peu
après celui de Velikovsky. C'était un ingénieur de haut niveau à qui l'on doit
plus de 2000 brevets. Après d'autres, il fut fasciné par le problème de
l'Atlantide.
11. W. von Engelhardt, Impact structures in Europe, dans
International Geological Congress, 24th session, section 15 : Planetology, pp.
90-111, 1972.
14. Pour ce qui est des
soi-disant cyclopes, je rappelle qu'il s'agissait en fait de crânes de
mammouths découverts dans certaines grottes de Sicile, et qui furent parfois
considérés dans l'Antiquité, un peu abusivement, comme des crânes de géants
humains avec un œil frontal unique.
19. Je rappelle la
différence entre les années astronomiques et les années historiques
avant l'ère chrétienne. Elle vient du fait qu'il n'y a pas eu d'année 0 dans la
chronologie historique : on est passé directement de l'année 1 avant J.-C. à
l'année 1 de l'ère chrétienne. Le premier siècle avant J.-C. s'est donc déroulé
entre l'an 100 et l'an 1 avant J.-C. inclus. L'année 0 fut introduite au XVIIIe
siècle, par Cassini, pour faciliter le décompte des années antérieures à notre
ère et pour qu'il y ait une continuité dans la chronologie mathématique. L'an 1
avant J.-C. fut donc noté année
20. J. Spanuth, Le
secret de l'Atlantide. L'empire englouti de la mer du Nord
(Copernic, 1977). Titre original : Die Atlanter (1976). Jürgen Spanuth
était un érudit allemand, docteur en théologie et en archéologie. Son apport
dans la compréhension de ce qui s'est passé dans la période 1205-
Spanuth a été un chercheur indépendant souvent méprisé malgré ses deux
doctorats, surtout parce qu'il est resté pasteur toute sa vie (une
"tare" insupportable pour beaucoup). Il s'agit d'un pionnier
important, l'un des premiers qui ait pris en compte le cataclysme dans
l'histoire des hommes, notamment les migrations humaines forcées qui
sont les plus dangereuses car elles débouchent inévitablement sur la violence,
la guerre et la refonte des sociétés humaines.
21. Cité par Spanuth, p.
175. Ce passage essentiel fait partie des textes de Médinet Habou (tableau 17,
46), qui datent de l'époque de Ramsès III. Ces textes très importants ont été
étudiés, relevés et traduits en anglais par les spécialistes de l'Université de
Chicago. Ils figurent dans un livre en deux volumes : W.F. Edgerton and J.
Wilson : Historical records of Ramses III. The texts in
Medinet Habu, vol. I and II, in "The Oriental Institutes
of the University of Chicago" (1936).
22. Textes cités par
Spanuth, pp. 170-171. Ses sources modernes sont les suivantes : W. Hölscher, Libyer
und Aegypter, in "Beiträge zur Ethnologie und Geschichte libyscher
Völkerschaften nach a altägyptischen Quellen" (1937) ; J.H. Breasted,
Ancient Records of Egypt (1906-1907) ; H. Bellamy, Moons, myths and
man (1938).
23. Si la chronologie haute
devait s'avérer la bonne dans l'avenir, ce qui n'est pas exclu, l'année du
cataclysme cosmique deviendrait 1231 avant J.-C. (ou –1230).
24. Texte cité par Spanuth
dans son livre Le secret de l’Atlantide.
25. La date dans l'année
devra être ajustée si l'année du cataclysme s'avère différente de celle-là, à
raison de un jour pour quatre années. Elle pourrait concerner l'un des premiers
jours de novembre si la chronologie haute s'avérait la meilleure.
27. Maurice Bucaille (1920-1998)
a eu en fait une chance unique. Il a obtenu l'autorisation, grâce à l'intervention
et à l'appui indispensable de l'épouse du président égyptien Anouar el-Sadate
(1918-1981), qui fut exceptionnellement sa patiente à l'occasion d'un passage
à Paris en 1974, de faire l'autopsie des momies égyptiennes dès la fin de
la même année. Assisté par plusieurs collaborateurs égyptiens et français,
et surtout du médecin légiste français Michel Durigon, Bucaille a ainsi pu
montrer deux choses primordiales. D'abord que Ramsès II n'a pas pu être
en personne le pharaon de l'Exode, car il souffrait d'une
affection hautement invalidante (mais il n'est pas tout à fait exclu que l'Exode
ait eu lieu à l'époque de Ramsès II). Par contre, il a pu prouver que
Merenptah mourut victime de traumatismes multiples ayant occasionné de très
graves lésions quasi instantanément mortelles, notamment un traumatisme crânien.
Meremptah est très probablement mort durant le Passage, mais son
corps a été récupéré et embaumé.
28. Cette période de
révolution a pu être substantiellement diminuée pour certains fragments, à la
suite de perturbations planétaires ultérieures, et la périodicité des approches
serrées peut être totalement différente. La commensurabilité des
périodes de révolution des astéroïdes et des comètes qui frôlent
29. Quarante ans paraît une
durée bien longue pour aller d'Egypte en Israël. Il n'est pas impossible que
les premiers compilateurs des textes bibliques originaux aient un peu
"forcé la dose". Mais même si le voyage des Hébreux vers
30. E. Martin, Un
astéroïde a percuté
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