Certains dessins sont colorisés à partir d'observations réalisées avec des filtres interférentiels. Dans un premier temps, le dessin est fait classiquement, tel que la méthode décrite ci-dessus, avec une vision naturelle sans filtre. Cette vision est reproduite au crayon noir.
L'objet est ensuite observé avec un filtre OIII. Quelques détails supplémentaires apparaissent, d'autres sont accentuées, des structures filamenteuses s'affirment, l'image gagne en contraste. Le dessin est alors complété de ces nouvelles informations avec un crayon violet.
Puis l'observation se termine avec un filtre H-béta. De même, d'autres zones apparaissent, d'autres détails sont accentués et ils sont reproduits sur le dessin avec un crayon vert.
Le choix des couleurs
Ce choix permet une bonne visibilité des tracés sous la lumière rouge et une fois passé en négatif, le dessin prend un aspect colorisé qui n'est pas dénué de sens. Il est facile de trouver exactement la bonne nuance en étudiant soigneusement les négatifs de photos de nébuleuses. Au besoin, les couleurs obtenues sont corrigées et affinées avec un logiciel de traitement d'image pour obtenir une teinte plus satisfaisante avec un outil du genre "remplacement de couleur".
S'il est logique que la vison avec le filtre OIII soit retranscrite en vert, ce qui est sa couleur spectrale spécifique, on peut s'interroger sur le choix du rouge pour le filtre H-béta qui présente une teinte bleu turquoise, assez proche du vert OIII. En y regardant bien, on remarque par analyse de clichés d'objets nébuleux que les zones qui émettent en H-béta émettent aussi en H-alpha de manière dominante, ce qui se traduit par les belles teintes rouges des nébuleuses. On peut dire de façon empirique que les zones où l'hydrogène est excité émettent dans diverses longueurs d'ondes spécifiques de l'hydrogène. Mais visuellement, nous sommes plus à même de percevoir la bande H-béta, proche du maximum de sensibilité de l'oeil que le H-alpha d'un rouge très profond à la limite du seuil de détection de l'oeil, pourtant omniprésent et dominant de ces zones concernées. En bref, là où on voit du bleu avec le H-béta, il y a du rouge à foison !
Au final, j'obtiens un dessin que - pour plagier les images CCD - je qualifierai de L, R(H-béta), V(OIII). Cela se traduit par L = Luminance, exprimée en noir et blanc, R = vision H-béta, exprimée en rouge, V = vision OIII, exprimée en vert.
Il est important de voir combien ces filtres sélectifs modifient la vision initiale. C'est tout leur intéret. Outre un effondrement plus ou moins marqué du fond de ciel, certains détails spécifiques apparaissent là où ils étaient cachés et noyés dans la lueur générale. Tous les objets nébuleux ne réagissent pas de la même façon et il est important de pouvoir essayer les diverses combinaisons. D'où la nécessité d'équiper ses instruments d'un système de passe-filtres afin des les avoir toujours à disposition d'une simple manoeuvre.