Orion    (Ori)
Orion  (nis)        (594 degrés carrés)


    Quelle est la  plus belle constellation  du ciel ?  - "Orion !", du moins, c'est elle qui a ma préférence. Quelle majesté lorsqu'elle culmine au méridien, dans les nuits hivernales ! Sa forme, originale,  séduit le spectateur : quelle main habile a placé là, au centre de ce quadrilatère d'étoiles, ces "trois grands rois" qui partent en voyage... Qui a dessiné ce filet lumineux  qui glisse, telle une eau cristalline, sous ce joyeux triplet  : "l'Epée d'Orion" ? "Orion" : l'enfant né sous la mer, le chasseur intrépide, le géant des forêts et des bois...

    ...L'avez-vous vu ?  Le 25 Décembre, au milieu de la nuit, la constellation passe au méridien. Il est alors 5 h 30 à l'heure sidérale. "Orion, dont Job a le premier nommé les sept étoiles" (V.Hugo) trône au ciel d'hiver. A ses pieds, sur sa gauche  : Sirius, le museau du Grand Chien, et le phare principal du monde stellaire  ; à sa droite, au nord-ouest  : Aldébaran, "l’oeil de Dieu" et celui du Taureau, étoile rouge remarquable. Si richement parée, comment la méconnaître encore, cette constellation ?

    Orion... Pourquoi ce nom venu du fond des âges ?  C'est le fils de Poséidon, le dieu de la mer ; son père a établi sa cité sous les flots. Depuis la mer Egée, où furent nommées, dit-on, les constellations boréales, Orion se lève effectivement sur l'eau. La faune et la flore sous-marines, pour le jeune homme, oui, c'était formidable !... mais les vertes prairies, les immenses forêts de la terre ferme, son gibier... quel terrain d'action ! enviable... Et l'être féminin !... joyau incontestée de la planète ensoleillée ! Comment ne pas désirer sa vue, goûter ses grâces... surtout quand on est beau garçon ?... Sa décision est prise  : il foulera le sable aux paillettes d’or, et s'engagera sous l'ombre des grands chênes...

    Que va dire Diane, la déesse des bosquets et des bois, chasseresse elle-même à ses heures, souveraine des forêts profondes ? Rien... tant que l'un ni l'autre ne croiseront leur route, et poursuivront, indifférents, leur course chevaleresque. Jusqu'au jour où... Orion la vit. Divine beauté ! Le coup de foudre !... "Ce trésor est pour moi !" Il le sait, il le veut... Son désir fut extrême. Désir inassouvi tant que Diane, à chaque tentative, s’éclipse. Un homme ? Elle n’en veut pas ! fut-il le fils d'un dieu. Elle a fait voeu de virginité, alors plutôt la mort que la honte ! Que dirait Zeus, son père ? Non, elle ne cédera pas ! Mais le fils de la mer insiste, inflexible dans ses ardentes presses : "Diane ! Diane !..." Comment stopper sa folle passion ?... "Scorpion, va et pique-le !" ordonna Diane. Sitôt dit, sitôt fait... Ainsi périt le chasseur invincible, d'une piqûre... comme Alexandre d'un moustique. - La constellation du Scorpion sort de l'horizon en été, à 180° d'Orion : ennemis jurés...

    Au détour d'un sentier, sous l'ombre des grands pins, Orion découvrit une scène paisible  : Pléione promenaient ces 7 filles  : Alcyone, Maïa, Taygète, Mérope, Astérope, Celaene, Electre  : toutes belles à ravir ! Envie, désir, plaisir... ses sens chavirèrent. "Toutes pour moi, le fils de Poséidon !" - "Non, non, non ! nous ne voulons pas du fils de la mer !" L’affrontement dura 5 ans  : alors, toutes se changèrent en colombes. Sauves les filles d’Atlas et de Pléione ! Elles avaient vaillamment lutté  : Zeus leur accorda la récompense et la gloire en les transformant en étoiles  : c’est l’amas des Pléiades. (voir le Taureau) qui figure la queue du Taureau. Il semble qu’au ciel Orion poursuive le combat, contre le Taureau cette fois, qui défend le trophée de sa queue. Brandissant de la main droite sa massue contre la corne méridionale (Dzêta Tauri) , dressant de sa gauche la toison aux étoiles Pi 1, 2, 3, 4, 5, 6, il fait face. Les cornes immenses de l'animal le chargent à l'envi, son oeil sanglant le dévisage. Qui va l’emporter ? ...

    Le corps d'Orion dessine ce grand quadrilatère dont nous avons parlé, aux étoiles Alpha, Bêta, Gamma et Kappa. Sa ceinture de cuir - le fameux baudrier - brille aux étoiles Delta, Epsilon et Dzêta. Son épée descend : c, Thêta et Iota... Quant à sa tête, elle sort de l'ombre à l'étoile sommitale Lambda.

    "Je donne à la constellation d'Orion, le nom de saint Joseph", annonça le jésuite Schiller au XVIIème siècle, dans son essai de christianisation du ciel. Bien lui en prit ! Revêtu de lumière, le saint resplendit dans les nues, drapé de la ceinture de Justice, l'épée au côté - "un glaive à deux tranchants"... (1) Regardons-la cette épée brillante... Trois couples d'étoiles la soulignent aux jumelles. Une nébuleuse gazeuse l'embellit, superbe au télescope  : on dirait une colombe justement, lâchée au firmament du monde. Quel message annonce-t-elle ? La paix enfin sur la Terre ?... Depuis qu'elle fut découverte en 1610 par Peiresc, elle n'a cessé d'étonner l'observateur : nuage de gaz et de poussières, irradié par quelques étoiles chaudes. Sur la plaque photographique, une palette de couleurs s'étale tout à loisir : coeur bleu, bordé de volutes roses, aux ailes frangées de vert... selon les émulsions... Plusieurs traînées sombres soulignent la forte agitation du milieu. Nous sommes à 1500 a-l. Là, dansent, sous l'effet du rayonnement stellaire, d'immenses draperies, de splendides soieries aux teintes pastel, matériau primaire des futures étoiles, filles de cette pépinière céleste. 10 000 masses solaires, pense-t-on, dans ce nuage d'hydrogène atomique et moléculaire, agrémenté de fines poussières de silicates, de graphite, de glace... Il attend qu'un tourbillon local bien amorcé, engendre, ici où là, les futures stars du monde de demain. On en compte aujourd'hui un millier environ (3000 en infrarouge) qui éclairent le nuage de leurs feux colorés... La région la plus chaude est la région centrale, où brille un trapèze d'étoiles très puissantes (Thêta 1) (2) , de spectre O et B, bien visible au télescope. Le spectacle se déroule sur 25 a-l de diamètre (1° sur le ciel), sur 150 a-l de profondeur. Merveille des cieux...

    Croyez-vous que cette nébulosité soit unique dans la constellation d'Orion ? Non, pas du tout ! Elle est toute entière "piégée", cette constellation, dans une "toile d'araignée" cosmique, véritable "web" sidéral  : filaments d'hydrogène, nids de poussières, qui révèlent leur présence en infrarouge. Sur les clichés IR apparaît la fameuse "boucle de Barnard", découverte par l'astronome du même nom, de 250 a-l de rayon ; elle entoure le baudrier et l'épée, semi-circulaire en infrarouge, circulaire en radio - restes probables d'une supernova éclatée il y a fort longtemps. Très visible également la bulle de la tête, centrée sur Lambda Orionis. 100 000 masses solaires, pense-t-on, dans toute cette région nébuleuse très active, où brillent déjà de nombreux amas ouverts. La nébuleuse d'Orion proprement dite (M42), visible en optique, doit avoir 3 millions d'années (au plus), le trapèze central qui l'illumine, 1 million d'années, pas davantage. Etoiles jeunes. Quant aux autres nébulosités, elles sont plus anciennes.

    Des "larmes cosmiques", voilà ce que Hubble, le télescope spatial, a vu au sein de cette colombe céleste, dès l'année 1992. Chagrin ?... "Bulles de condensation" disent plus doctement les astronomes. Ah ! Serait-ce des systèmes planétaires en formation ? Oui ! Des disques "proto-planétaires", parfaitement mis en évidence avec le télescope spatial Hubble, appelés "proplyds" en américain. On en dénombrait 153 en 1997. Parfois l'étoile centrale de ces nouveaux  mondes est visible. Belle découverte ! Le plus grand mesure 150 milliards de km de diamètre (1000 UA). L'estimation de leur masse sombre : 0,01 masse solaire, correspond à ce que l'on attend d'un système planétaire. Les voici dénichées ces "exo-planètes" - quoiqu'il ne semble pas qu'elles soient déjà formées !

    La "Tête de cheval", qui n'en a pas entendu parler ! Voici une autre curiosité d'Orion, parfaitement intégré au paysage "nébuleux" de la constellation. Elle est visible avec un très gros télescope, ou bien à la photographie. Vous la trouvez à l'extrémité Est du baudrier, au sud de Dzèta. Composée de nuages obscurs - d'hydrogène froid - elle apparaît par contraste, sur un fond de nébulosités plus claires. Ombre chinoise en plein ciel. Plus longue que large (6' x 4') , elle couvre 2,5 a-l par 1,6. Sa distance est aussi lointaine que la nébuleuse d'Orion  : 1500 a-l. Aucune étoile ne l'illumine, ni par réflexion, ni par émission. Toute la région qui la baigne est active. Avec M42, ce sont les deux régions les plus actives d'Orion actuellement.

    Feu ! Quel émoi lorsqu'en 1936, on vit s'allumer une étoile ! La première ! Dans la constellation d'Orion... Appelée depuis lors "Fu Orionis", elle gagna 7 magnitudes en 50 jours. Un record !  Qu'était-ce ? Une Nova ? Non ! puisque aucune éjection n'était détectable.  "Une étoile qui vient de naître !" lancèrent  bientôt de nombreux auteurs, Herbig en tête, célèbre dans la recherche de tels objets... "Les premières réactions nucléaires viennent de s'allumer au sein de cet astre, qui est ainsi passé du stade de la "proto-étoile" à celui de l'étoile proprement dite". Magnifique ! On le crut pendant  longtemps. Jusqu'au jour où l'on détecta du lithium dans son atmosphère : cet élément, trop fragile, ne peut supporter la chaleur d'une réaction nucléaire. Eh bien non ! Fu Orionis n'est pas encore une étoile : la réaction proton-proton n'a pas eu lieu. Cruelle déception... (A moins que le lithium ait été apporté en surface par le crash d'une planète ?...)

    Oui, mais... que s'est-il passé pour que FU Orionis devienne si lumineuse, et en si peu de temps ? Voici donc ce que l'on pense aujourd'hui. Environnée d'un épais cocon qui, jusque là, cachait son éclat, la "pré-étoile" s'est émancipée. Sa température interne a enfin brisé cette épaisse coque, laquelle, déséquilibrée, perturbée par ce rayonnement puissant s'est effondrée en chute libre sur la future star. Désormais, plus de placenta, à bas le voile ! l'astre est sorti du giron maternel. Nous le voyons lumineux, sans qu'il soit pour autant "allumé", je veux dire alimenté par une source nucléaire. La "proto-étoile", chaude par effet gravitationnel, brillante, dévoile ses premiers rayons. Sa luminosité, comme sa température, proviennent uniquement de cette contraction que subit l'astre en formation. Aujourd'hui FU Orionis brille d'un éclat apparent assez faible : magnitude 10,3. Peut-être, bientôt, la verrons-nous devenir une étoile à part entière ?...


    a      Alpha Orionis  : Bételgeuse.

    a = 5 h 55 m 10 s    d = 7° 24' 26"        Sp  : M2  I ab    T = 3400 K     (BC  : -2,4)
    m = 0,45    M = -5,14    L = 9600    p = 7,63    Dist  : 430 a-l   
    double + 4 compagnons

    "Bételgeuse" = "L'épaule du géant" - plus exactement "l'Aisselle", diamétralement opposée à "Rigel" = "le pied du géant", toutes deux éclatantes, rouge et bleue respectivement. A bien y regarder, Bételgeuse clignote. Oh, pas en 5 minutes, ni même en 10 ! Tous les 5,7 ans (2110 jours) elle perd une magnitude, passant de 0,4 à 1,3. Elle brille alors 2,5 fois moins ! Peut-être, pensez-vous, varie-t-elle régulièrement ? Pas du tout !... Elle vagabonde, tantôt plus rouge, tantôt moins, ce qui la classe parmi les variables semi-régulières. Qu'a-t-elle à danser de la sorte, à gesticuler comme une marionnette ? Il paraît qu'elle souffre d'une obésité rare. Son manteau gazeux chassé très loin du coeur se dilate, puis se contracte au cours du temps. Voilà tout. L'étoile est pulsante. Mettons-la à la place du Soleil. Horreur ! Effroi ! Nous grillons vifs dans cette fournaise ! Engloutis dans ses couches brûlantes ! Le rayon de Bételgeuse dépasse la distance de Mars au Soleil ! et atteindrait sans complexe la ceinture des astéroïdes. Oui ! On l'a mesuré par interférométrie, directement donc - sans passer par le calcul. Résultat : 0"03 au minimum, 0"05 au maximum, suivant l'enflure de cette épaule. Ce qui donne, à la distance de Bételgeuse (430 a-l), 300 à 500 millions de km de rayon.  Fabuleux ! Comme Antarès ! même gabarit... Si, maintenant, on calcule ce même rayon à partir de la luminosité de l'étoile et de sa température, on trouve des dimensions similaires : 580 millions de km (830 r.s.) ! Une grosse, grosse, grosse, grosse, grosse, grosse boule.

    Et dire qu'au télescope on ne distingue qu'un point, étincelant certes, mais semblable à toutes les étoiles - sans diamètre apparent ! Serait-elle à la place de l'étoile la plus proche - Alpha Centauri -  elle n'apparaîtrait pas plus grosse, seulement plus lumineuse.  "O profondeur des espaces infinis, tu m'effraies" s'écriait Pascal... Oh, prodigieuse distance, qui tisse le monde, et nous le rend à jamais inaccessible - du moins avec un corps terrestre - tu me donnes le vertige ! Cette pulsation... ce va-et-vient incessant des couches extérieures, combien de temps ce balancement durera-t-il ? Que nous réserve-t-il ? D'ici que l'enveloppe, un beau matin, soit expulsée bel et bien ! Le risque est là, réel, omniprésent. Déjà, nos télescopes infrarouges ont détecté un halo de poussières qui s'étend très loin autour de Bételgeuse, jusqu'à 5"  d'écartement, véritable nichoir de particules. La nébuleuse planétaire n'est pas loin... ou mieux la supernova !

    L'éclat de Bételgeuse ? Une chimère comparée à son rayonnement infrarouge ! On parle de 9600 soleils dans le visible, mais de 82 000 soleils dans le spectre invisible ! 8 fois plus ! Et dans cette sphère gigantesque, 24 masses solaires s'emploient à faire sauter la marmite. Bientôt ! Quant à la densité moyenne, elle est ridiculement faible : 4 x 10-8 !

    En 1940, branle bas de combat ! Monsieur Couteau, dupliciste chevronné, détecte un compagnon dans les feux de Bételgeuse, une très faible étoile écartée seulement de 0"1. Prodige d'observation ! 2 milliards de km seulement sépareraient les tourtereaux. En 12 ans (environ) ils bouclent leurs orbites. Beaucoup plus loin, 4 étoiles encadrent le couple princier. Toutes très faibles, la plus lumineuse de magnitude 10,6,  la plus proche à 39"6.


    b    Bêta Orionis  :  Rigel.

    a = 5 h 14 m 32 s    d = -8° 12' 06"     Sp  : B8 Ia    T = 13 000 K     (BC  : -1)
    m = 0,18    M = -6,69    L = 40 000        p = 4,22    Dist  : 770 a-l
    quadruple + un compagnon lointain
   
    "Rigel" = "le Pied" chaussé de bleu. Plus chatoyant que Bételgeuse ? Pas moins ! Si l'étoile ne jouit pas du même diamètre, elle est tout aussi massive : 24 masses solaires,  et combien plus brillante ! 40 000 soleils sortent éclatants de ce soulier de satin. Ajoutez à cela l'énergie ultraviolette, et vous risquez, mesdames, de tomber en pâmoison : 95 000 soleils ! Rigel, comment te suivre dans tes chasses nocturnes, infatigable dans ta botte de 7 lieues ?...  Te voici à 770 a-l, campé sur tes fermes chevilles. Ton rayon : 60 soleils, soit 42 millions de km ; ta densité : 0,0001.

    Que vois-je dans tes rayons brûlants ?  Une courtisane ?  "Non pas une, mais trois, qui toutes se disputent mes grâces" - "Pour moi, j'ai beau écarquiller les yeux, je n'en vois qu'une, écartée de 9"5, de magnitude  6,8." - "Monsieur Paul Baize a eu la vue plus perçante : c'est lui qui, le premier, a déniché le "compagnon du compagnon", à 0"1 de Rigel B. Exercez-vous, et vous l'apercevrez aussi..." - "Difficile, difficile ! Connaît-on sa période ?" - "Pas encore." - "Et la troisième étoile ? puisqu'il s'agit, dis-tu, d'un quatuor." - "Elle est invisible, accrochée par des liens trop serrés à Rigel B, le compagnon visible. Seules les raies du sceptre révèlent sa présence. Toutes deux gravitent en 9,8 jours." - "Facile à vivre cette vie à quatre ?" - "Aucun problème ! entre elles et moi - Rigel A - je maintiens la distance. Ces trois chipies se chamaillent à 2300 UA de mes rayons (minimum), soit 58 fois la distance de Pluton au Soleil. Leurs flammes amoureuses ne m'atteignent guère." - "Dis-moi leur période autour de ton pied bleu."  Vous la trouverez vous-mêmes... dans quelques milliers d'années...
     Une étoile... très faible (magnitude 15)  risque l'approche de ce pied à 43"9.
 

    g    Gamma  Orionis  : Bellatrix

    a = 5 h 25 m 07 s    d = 6° 20' 59"     Sp  : B2  III    T = 21 000 K    (BC  : -2,5)
    m = 1,64    M = -2,72    L = 1000    p = 13,42    Dist  : 240 a-l     Un  compagnon

    "Bellatrix " = "La guerrière" (nom latin),  c’est l'épaule gauche brandissant contre le Taureau la toison aux paillettes enflammées. "Il avait l'offensive et presque la victoire..." 1000 soleils d'acier bleu affrontent l'ogre aux cornes dantesques.  La méridionale le menace... Matador, prends garde ! Prévoyante, Bellatrix a sorti la batterie de guerre  : 13 masses solaires, pour l'emporter,  7,5 rayons solaires en bouclier. L'arène est dressée à 240 a-l.
    Une étoile de magnitude 12,1 vient prêter main forte, à 3' d'écartement.


    k    Kappa Orionis  :  Saïph (faux) , Rukbat

    a = 5 h 47 m 45 s    d = -9° 40' 11"     Sp  : B0,5  Ia      T = 23 500°        (BC  : -2,8)
    m = 2,07    m = -4,65    L = 6100    p = 4,52    Dist  : 720 a-l        simple
   
    "Saïph =  "l'épée" d'Orion  : erreur d'appellation du Bureau des Longitudes. Le vrai nom arabe est "Rukbat" = le "genou" droit. Etoile restée longtemps indéchiffrable. Enfin, le satellite Hipparcos a trouvé sa distance  : 720 a-l ! C'est à peu de chose près celle de Rigel (770 a-l). Normal !... Observez ce genou cuirassé en lumière ultraviolette : quel éclat ! 76 000 soleils, au lieu de 6100 soleils en lumière visible. Poséidon-fils gagnera le trophée ! 16 rayons solaires en sa faveur, 23 masses solaires comme soutien.


    d    Delta Orionis  : Mintaka.

    a  = 5 h 32 m 00 s    d = -0° 17' 57"     Sp  : O 9,5   II    T = 25 000°    (BC  : -3)
    m = 2,25    M = -4,99    L = 8400    p = 3,56    Dist  : 920 a-l    
    Spectroscopique algolide + 2 compagnons

    "Mintaka" = "la ceinture", le premier des trois Rois  : "Melchior", qui  s'apprête, d'un pas sûr, à franchir l'équateur céleste. Où va-t-il ? - A Bethléem de Judée, bien sûr ! Que transporte-t-il dans le bât de son chameau ? - De l'or !  920 a-l le séparent encore de l'étable terrestre. Grand voyage...  Mais qu'a-t-il à osciller de la sorte ?  C’est sa lanterne qui vacille ! Tous les 5,7 jours, son éclat passe de la magnitude 1,94 à 2,13. "Faites excuse, habitants de la planète bleue, non pas un, mais deux lumignons brillent au licol de mon chameau, et dansent au rythme de ses pas, si bien que, pour vous qui m'observez, leurs flammes se croisent tous les 5,7 jours. Voici la raison de cette variation d'éclat (algolide).  Pour éclairer ma route, 8400 soleils (au total) me sont indispensables, vu l'épaisseur de la nuit. Vous dire l'écartement de mes feux : quelques millions de kilomètres, pas davantage, invisible pour  vous."
 
    Une troisième lumière accompagne Melchior - son aide de camp - qui se tient à  52"6 de ses rayons, de magnitude 6,85.  Illusion ! Fausse compagnie ! car la lumière de cette étoile vient des profondeurs de l'espace : 2300 a-l (selon le Sky Catalogue). Un quatrième feu, à peine visible (m = 13,7),  approche Melchior à 32"8.


    e    Epsilon Orionis  : Alnilam.

    a  = 5 h 36 m 12 s        d = -1° 12' 07"     Sp  : B0  Ia    T = 24 000°    (BC  : -3)
    m = 1,69    M = -6,38    L = 30 000      p = 2,43    Dist  : 1300 a-l     un compagnon

   
    "Alnilam" = "le Fil de Perles", l'étoile centrale de ce collier de trois perles  : le baudrier d'Orion, alias "Balthazar", le second Mage, qui lui, porte l'encens. Hum... ça sent bon ! Alnilam : 24 000° s'échappent de sa robe de feu.  30 000 soleils réunis en un seul brûlent sous nos yeux et illuminent nos visages. Ses rayons ultraviolets nous cinglent au passage : 450 000 en tout ! Rendez-vous compte ! Heureusement que l'étoile est lointaine, à 1300 a-l ! Imaginez-la à 8 a-l, à la place de Sirius ! J'ai mesuré son diamètre : 39 soleils, appréhendé sa masse : 38 soleils, et même sa densité : 0,0006.  Elle ira loin dans sa vie nucléaire cette supergéante bleue !... jusqu'au jour éclatant de son explosion... A son feu, j'ai brûlé quelques grains de sa gomme arabique.
    A 3' d'écartement brille une étoile de magnitude 10,4.


    z    Dzêta Orionis  :  Alnitak

    a = 5 h 40 m 45 s    d = -1° 51' 34"     Sp  : O 9,5  Ib         T = 25 000 K     (BC  : -3,2)
    m = 1,74 (1,88 et 4,02)    M = -5,26    L = 11 000    p = 3,99    Dist  : 820 a-l   
    Double orbitale + un compagnon lointain.

    "Alnitak" = "la "ceinture", comme Mintaka. "C’est moi, "Gaspard", le galant des trois rois, j'ai emprunté ce train - ce trans-sidéral - avec ma fiancée : pour elle, j'ai bâté la bosse de mon chameau. Vous la voyez à 2"3 de mes pas (an 2000).  Magnitude de nos deux faisceaux : 1,88 et 4,02.  Monsieur Hopman a calculé pour nous une période de 1509 ans.  C'est dire si sa proximité est relative ! En fait, 100 milliards de kilomètres nous séparent (demi-grand axe, 2"7)  : la chambre d'à côté à l'échelle des étoiles !... Nos  élans franchissent allègrement ce petit saut de puce !  9400 soleils s'en vont caresser l'élue, et 1300 soleils me répondent en écho.  On me donne un rayon de 22 soleils, une masse de 29 ; pour elle  : 10 rayons solaires, une masse de 14. Faits l'un pour l'autre ! C'est moi qui apporte la myrrhe, pour ce vrai petit d'homme... Encore 820 a-l, et nous arriverons dans son humble logis.
    A 57"6 de mes feux, une petite étoile de magnitude 9,9 nous suit à la trace.


    i    Iota Orionis  : Hatysa   ou  Saïph

    a = 5 h 35 m 25 s        d = -5° 54' 36"     Sp  : O 9   III       T = 28 000 K     (BC  : -2,9)
    m = 2,75    M = -5,3    L = 11 p = 2,46    Dist  : 1300  a-l    2 compagnons

    "Hatysa" (sens inconnu pour moi) ou "Saïph" = l'épée d'Orion. Oui, c’est elle ! regardez-la lancer des éclairs d'acier, arme dangereuse dans les mains de ce Nemrod céleste !... 28 000 K  : c'est la température de sa lame, 11 000 soleils  : l'éclat qu'elle nous envoie, 150 000 soleils si l'on compte son rayonnement ultraviolet ! Energie exceptionnelle dans un volume somme toute raisonnable : 16 diamètres solaires, entretenue par 28 masses solaires. Densité moyenne : 0,006. Deux étoiles, comme il se doit, se disputent ce double tranchant, à 11"3 d'écartement, magnitude du couteau secondaire : 6,9.  Très beau au télescope, paré de blanc et de bleu. A voir à 1300 a-l de nos frontières.
    A 49"5 de Iota on peut voir une étoile de magnitude 10.

 
    l    Lambda Orionis  :  Meissa.

    a = 5 h 35 m 08 s        d =  9° 56' 02"     Sp  : O      T = 25 000 K      (BC  : -3)
    m = 3,39    M = -4,16    L = 3900    p = 3,09    Dist  : 1100 a-l   
    Double + 2 compagnons

        "Moi, "Meissa" = "la tête orgueilleuse", belle comme un fils de dieu peut l'être ! Me mirer dans vos glaces, j'adore ! vos miroirs de télescopes qui embellissent mes traits, j'aime ! Vous verrez sans peine mes yeux bleus. 4"4 de l'un à l'autre, ce qui, vu ma distance (1100 a-l), les place à 1400 UA d'écartement (minimum) soit 35 fois la distance du Soleil à Pluton ! Semblables aux yeux du Sphinx, ils ne bougent pas - à l'échelle humaine. Magnitude de l'astre secondaire : 5,5. Si 3900 soleils sortent de ma pupille droite, 560 seulement s'échappent de la gauche  : à cause du clin d'oeil que je vous lance ! et que je lance à Diane, cette beauté rare.... 13 rayons solaires pour mon oeil grand ouvert, 21 soleils dans sa masse. Au fait, dans vos grosses lentilles, avez-vous vu mon nez, et ma bouche, à 28 " et 78" ? Ils brillent comme deux astres faibles, j'en conviens : m = 11,1. Beau spectacle tout de même !
 

    Eta Orionis

    a = 5 h 24 m 28 s        d = -2° 23' 50"     Sp  : B 1  V    T = 23 000 K       (BC  : -2,5)
    m = 3,35    M = -3,86    L = 3000    p = 3,62    Dist  : 900 a-l
    quadruple + un compagnon lointain
   
     "Eta Orionis", le pommeau de l'épée : ici la richesse ! la complexité !  Un monde à quatre... qui se dissimule au regard - en partie. Au télescope, avec un fort grossissement, on ne voit que deux étoiles, écartées de 1"5 seulement. C'est la partie émergée de l'iceberg...   Un iceberg  ?  Y pensez-vous pour des étoiles !  Celle-ci dévore les degrés du thermomètre  : 23 000 K (pour la principale). Seul le spectroscope parvient à voir les deux autres membres de ce quatuor, cachés dans les rayons de l'étoile primaire. Leur période : 9,2 ans et 7,9 jours. La plus rapide vient s'intercaler sur notre rayon visuel - quel toupet ! - à chaque période, si bien que l'éclat de la principale varie : m = 3,14 à 3,35. Quant à la secondaire visible au télescope, on ne connaît pas la durée de sa ronde, quoique très courte en apparence... C'est que Eta Orionis est à 900 a-l, fort loin ! L'éclat total de ce monde quadruple s'élève à 3000 soleils.
    A 115" brille une étoile de magnitude 9,4 que vous voyez sans difficulté.


    p    Pi 3  Orionis  : Hassaleh

    a = 4 h 49 m 50 s        d = 6° 57' 41"         Sp  : F6  V    T = 6500 K    (BC  : 0)
    m = 3,19    M = 3,67    L = 2,9        p = 124,60    Dist  : 26 a-l    Un compagnon
   
    1, 2, 3, 4, 5, 6  :  six étoiles "Pi" pour cette "muleta" écarlate, comme il se doit, propre à exciter la bête.... Corrida héroïque au sommet des étoiles... jusqu'à l'estocade finale, fatale...  Orion, ton habit de lumière éblouit l'adversaire. Tu  guerroies comme un dieu ! Le pan de cette toison se trouve à 26 a-l, à côté de chez nous ! Nous quittons, avec cette étoile, les géantes d'Orion et leurs prodigieuses distances.  Est-elle plus lumineuse que le Soleil cette star extérieure ?  Oui ! 2,9 soleils habillent son manteau, fort grand par ailleurs : 1,3 rayon solaire, et "pesant" : 1,3 masse solaire. Densité : 0,6. Bel éclat blanc dans les froids nocturnes.
    A 94"6 brille une étoile de magnitude 8,7.

        Notez que ces 6 étoiles "Pi" sont appelées souvent "L’Arc d’Orion".

                Cher ami astronaute, la visite d'Orion est terminée !

                            Passons au Grand Chien... son compagnon fidèle



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note 1 - Hébreux ch.4/12
note 2 - Thêta 2 est à 2'15" de Thêta 1. Elle est triple : alignement d'étoiles assez écartées, très remarquables au télescope.