Le  Petit  Chien     (CMi)

Canis  Minor  (ris)    (183 degrés carrés)


    Tel père, tel fils...  L'avez-vous vu ce Petit Chien qui précède le Grand à son lever et qui le suit à son coucher, visible par son étoile étincelante  : "Procyon" = "qui précède le chien" ? Elle ressemble à Sirius cette étoile, en raison du mystère qu’elle recèle en son sein... la même duplicité, ayant pour compagnon une "naine blanche". Quand je vous disais que les chromosomes de papa étaient passés au fiston !...

    Alors identifions ce "Petit Chien"... Dans quel parc céleste s'est-il aventuré, explorant de ses pattes toutes neuves les talus et les fourrés ? Regardez-le rejoindre la grand-route de l'équateur céleste, il la suit pas à pas, patte à patte... C’est le soir qu’il sort de sa niche orientale, au mois de novembre, pour gambader tout l'hiver au-dessus des glaces. Jamais froid. Boule de poils, blanc comme neige (Procyon). Pour le trouver, facile ! Considérez ce qu’il est convenu d’appeler la "Couronne d'Orion", composée d’étoiles brillantes  : Sirius d’abord au sud-est, puis en remontant vers le nord, Procyon, Castor et Pollux, Menkalilan (Bêta du Cocher) et Capella, toutes en demi-cercle à l’Est d'Orion. Vous y êtes ? Vous le tenez ce chiot d’Orion  : il vous montre avant tout son arrière train  : Procyon ! Son nez et son museau dressés (Gamma et Epsilon) flairent le vent qui descend des pôles. Il guette des yeux les deux jumeaux - Castor et Pollux - qui là-haut arpentent les cimes. Envie de les rejoindre ? Son collier (étoile Bêta) le retient !...

    Le Petit Chien est une constellation ancienne puisqu'on la compte parmi les 48 constellations établies du temps d'Eudoxe. Dès l'apparition de Procyon, les Egyptiens comptait les jours ! Combien ? avant qu’apparaisse, dans les rougeurs de l’aube, l’éclatante Sirius ? Alors, le Nil pouvait quitter son lit et recouvrir les terres de son limon fertile. On en vint à appeler la constellation toute entière "Procyon", tant cette étoile était déterminante !


    a    Alpha Canis Minoris  :  Procyon.

    a = 7 h 39 m 18 s        d = 5° 13' 30"     Sp  : F5   IV    T = 6700 K    (BC  : -0,1)
    m = 0,4    M = 2,68    L = 7,2        p = 285,93        Dist  : 11,4 a-l   
    double + trois compagnons lointains.
   
    "Procyon" = "le précurseur du chien", soeur jumelle de Sirius, et à plus d'un titre ! Comme Sirius, elle est proche  : 11,4 a-l, la quinzième dans l'ordre des distances (parallaxe, 0"28593). Comme Sirius, son mouvement tangentiel sur la voûte céleste est important : chaque année, Procyon grignote 1"25 (1"3 pour Sirius) dans son mouvement propre, vers le sud-ouest, comme la brillante étoile. Comme Sirius, elle refuse obstinément de se mouvoir en ligne droite, mais festonne sa trajectoire d'un mouvement ondulatoire et périodique mis en évidence dès le XIXème siècle.  En 1862, Clark-fils  découvrait le compagnon de Sirius. La même année, l'astronome Auwers prédisait qu'un tel compagnon devait exister autour de Procyon : "Il doit tourner en 40 ans !" déclara-t-il, après avoir étudié sa trajectoire. On chercha, on interrogea cent fois, mille fois l'étoile mystérieuse  : néant, néant... Le suspens dura 34 ans. Jusqu'à l’entrée en scène de la grande lunette de Lick, de 91 cm d'ouverture. Elle découvrit bien vite, sous l'oeil exercé de Schaeberle, l'étoile "invisible" responsable des perturbations de Procyon. Nous étions en 1896. Compagnon très faible, de magnitude 10,3, en comparaison de l'étoile principale. Auwers avait vu juste : Procyon B décrivit une orbite complète en 40,65 ans, s'écartant peu de la principale, entre 2"2 et 5"2  (orbite apparente), alors que le demi-grand axe de l'orbite vraie s’élève à 4"5 ; excentricité : 0,40. Oui, le compagnon de Procyon, 10 000 fois moins lumineux que Procyon lui-même, est capable de perturber la puissante étoile, preuve qu'il est, malgré sa petitesse, massif, arrivé au stade ultime de "naine blanche", étoile en fin de vie, réduite à la portion congrue, dense à l’excès  : de l'ordre d'une tonne par centimètre cube ! Les masses respectives de Procyon A et B sont aujourd'hui fixées à 1,7 et 0,8 masses solaires. Le rayon de Procyon A couvre 2 rayons solaires, alors que celui de Procyon B s'apparente au rayon terrestre ! Naine, oui vraiment !

    7,2 et  0,0007  : telles sont les luminosités respectives des deux étoiles (par rapport au Soleil pris pour unité). Au périastre, les deux astres se voisinent à 1,4 milliard de km (Soleil-Saturne), à l'apoastre, ils s’écartent jusqu'à 3,3 milliards de km. Là encore, comme pour Sirius, l'orbite vraie s'inscrit dans les limites du système solaire... Elle a tout copié sur sa grande soeur, cette étoile du Petit Chien !

    Trois compagnons lointains l'environnent. L'un d'eux, à 2' d'arc (m = 11,6) n'est qu'une étoile de rencontre, dont Procyon s'éloigne à raison de 1"1 par an. Les deux autres se trouvent à 112" et 342" .


    b    Bêta Canis Minoris  :  Gomeisa.   

    a = 7 h 27 m 09 s        d = 8° 17' 21"     Sp  : B8  V    T = 13000 K       (BC  : -0,85)
    m = 2,89    M = -0,7    L = 160    p = 19,16        dist  : 170 a-l         simple

   
    "Gomeisa"  : "le Sycomore". Un Sycomore ici ? Oui dessiné par les Arabes à la place du Petit Chien. La "constellation du Sycomore", façon arabe. Le nom est resté, attribué aujourd’hui à cette étoile. Mais oui, c’est à cet arbre que notre chiot est attaché  : sûrement ! ...lui qui rêve de courir avec Castor et Pollux... "Mange ta pâtée, absorbe ta ration journalière, on verra plus tard !" Et en effet, à chaque seconde, il dévore 100 000 tonnes d'hydrogène (environ) dans sa fusion nucléaire. Brillante étoile, 160 fois plus lumineuse que le Soleil, qui lui, dévore 600 tonnes d’hydrogène par seconde ! 5 masses solaires dans son ventre pour 3,6 diamètres solaires.
 
    Sa niche est installée à 170 a-l de nos terres, peinte en bleue...



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