Le Taureau (Tau)
Taurus (i) (797 degrés carrés)
Il me
faut prendre le Taureau par les cornes ! Exercice
périlleux ! Avez-vous déjà vu les cornes de ce
Taureau céleste ? Ouvrage immense, démesuré...
Leur extrémité gît à plus de 20° du
crâne ! Elles couvrent, à elles seules, une surface
égale au Taureau tout entier ! Tournées
délibérément contre le géant Orion, elles
le menacent d'un coup fatal. Parviendra-t-il à maîtriser
la bête ? Sa lourde massue parait bien dérisoire !
Quant à moi, je dois dompter l'animal pour vous l'offrir en pâture. Rude tâche !
Quand il
se lève, sa queue apparaît la première. Inutile de
la chercher en été. C'est au mois de septembre qu'elle
commence à sortir de l'horizon Est, le soir, pour briller
jusqu'au mois d'avril suivant. Le nom de cette queue : "Les
Pléiades", amas célèbre entre tous ! (1)
Repère immédiat sur la voûte étoilée,
que les Anciens surent exploiter. Et pour cause ! Figurez-vous que les
Pléiades, il y a plus de 4000 ans passaient par le
méridien origine du ciel (0h), et se trouvaient, qui plus est,
à la jonction de l'équateur et de l'écliptique
(0°). Si bien qu'à l'équinoxe d'automne, elles
culminaient à minuit.C'est pour elle que les Egyptiens
construisirent le couloir sud de la grande pyramide de Khéops.
Ce jour-là, elles s'enfilaient dans l'étroite ouverture.
Merveilleux ! Il était alors 0h, à l'heure
sidérale, heure des Pléiades.
"Les
Pléiades"... Quel rôle primordial cette "grappe juteuse" a
joué dans les temps reculés ! On n'en a plus idée
aujourd'hui. Lors des premiers temps du "monde", du monde humain
j'entends, historique bien sûr, l'année commençait
avec le lever matinal des Pléiades au printemps, l'automne avec
leur lever vespéral. En Egypte, en Chaldée, chez les
Hébreux... le mois de novembre portait leur nom : "Athor"
en égyptien, du nom de la déesse. De grandes
festivités honoraient leur apparition : on
célébrait ce signe prometteur, non seulement au Moyen
Orient, mais aussi en Australie, au Pérou, au Mexique... En
Polynésie, l'année connaissait la même division :
la première moitié s'appelait "les Pléiades
dessus", l'autre moitié "les Pléiades dessous". Pas
compliqué le calendrier ! Les Latins, qui s'intéressaient
surtout à leur lever matinal, les appelaient "Vergiliae" : "les
astres du printemps". Les grecs les scrutaient avec attention pour
leurs travaux des champs... etc... On ne saurait dire combien cet amas
d'étoiles eut de succès !
"Les
Pléiades", mais que signifie ce mot aux voyelles
aériennes ? On s'est beaucoup interrogé sur son origine.
Vient-il du verbe grec "Pleïn" : naviguer, du fait que les
navigateurs attendaient leur lever printanier pour prendre la route ?
On l'a dit. Il semble plus probable qu'il dérive tout simplement
du mot "pléias" : la pluralité, les "Plurielles",
pourrait-on dire. Car il y a du monde, du beau monde dans cet amas,
jusqu'à 500 étoiles pense-t-on aujourd'hui... On dit
aussi qu'il dérive leur nom de celui de leur mère :
"Pléione". Telle mère, telles filles ! Pas mal... Nos
paysans l'appellent familièrement "La Poussinière",
aujourd'hui encore ! Beaucoup de poussins pour une seule poule !...
Appellation ancienne, puisque les Arabes parlaient déjà
de "La poule avec ses petits".
Voici que
j'ai saisi le Taureau par la queue. Malheur à moi !
Quelle idée aussi de marcher à reculons ! ...
"Aldébaran", l'oeil rouge, sort enfin de l'horizon. Son nom
signifie "la suivante", parce qu’elle suit les Pléiades,
tout simplement. La tête de notre bovin épouse une forme
triangulaire, un V couché, ouvert vers le nord-est, bien
reconnaissable. C'est, lui aussi, un amas d'étoiles : "Les
Hyades", très étendu sur le ciel, saisissant aux
jumelles. 6° de diamètre, pour 2° aux Pléiades.
Pourquoi ce nom ? Parce qu'elles se levaient autrefois au printemps,
annonçant la saison des pluies ("huein" en grec = pleuvoir)
: les "Pluvieuses" donc.
Revenons
aux cornes... Elles se lèvent en dernier, aux étoiles
Bêta et Dzêta, très éloignées de la
tête. La première taquine le Cocher, au point de laisser
croire qu'elle appartient à cette constellation. La seconde,
beaucoup plus dangereuse, menace directement Orion, le chasseur
invincible. "La lutte était ardente et noire, il avait
l'offensive et presque la victoire..." (Victor Hugo) Ce Taureau
acrobatique passe entre 4 et 5 heures sidérales, à
20° de latitude nord. Je dois ici donner une explication
indispensable. Si vous regardez le Taureau sur un atlas ancien, vous ne
verrez - en général - que la partie avant de l'animal,
les Pléiades caracolant sur le dos ou l'épaule de la
bête. Mais lorsque, entre les années 4000 et 2000 avant
Jésus-Christ, le Taureau marquait l'origine des signes du
Zodiaque, il était représenté tout entier, les
Pléiades dessinant la queue, comme dit ci-dessus.
Il
présidait alors, en cette lointaine époque, à la
multiplication du genre humain, assistant à l'explosion
démographique des fils d'Adam, passivement rangés sous
son mode de reproduction. Quelle folle aventure ! Elle dure encore
aujourd'hui... Un culte fut rendu au "géniteur
suprême" : le Taureau ! L'Egypte adorait "Apis", que l'on
momifiait à sa mort. Les "Cherubim", taillés dans le
marbre ou le porphyre, ornaient, gigantesques, les palais des
Assyriens. Quiconque caressait leurs ailes se savait béni.
Même les Hébreux coulèrent le veau d'or et se
prosternèrent sottement devant son échine. Plus tard,
Julien l'apostat - l'empereur - dans une cérémonie
idolâtrique sans précédent, voulut être
baptisé dans le sang tout chaud d'un taureau. Il en devint plus
bête qu'avant. Aujourd'hui encore, l'Inde vénère
ses vaches pendant que la famine s'étend sur ses terres.
L'Espagne délire lorsqu'un taureau s'ébranle dans
l'arène chauffé à blanc. Nîmes porte en
triomphe son "veau d'or" sur une stèle énorme, aux pieds
des boulevards. On n'en finirait pas d'énumérer ces cas
de folie collective... Même culte, même idolâtrie,
aujourd'hui comme hier...
Revenons
aux Pléiades, où se joue le drame de cet épisode
céleste. Au nombre de neuf étoiles (7+2), visibles
à l'oeil nu, elles regroupent dans cet étroit habitacle
une famille entière : celle du géant Atlas et de sa femme
Pléione, avec leurs sept filles. Que font-ils ici, dans la queue
chevelue du Taureau, transfigurés en étoiles ? On raconte
qu’un jour, alors que maman promenait ces filles dans les
forêts de Boétie, qu’elles rencontrèrent
Orion, le chasseur redoutable. "Dieu ! qu’elles sont belles !" se
dit-il. La flamme d’un amour passionné s’alluma dans
son coeur, pour elles toutes ! Pendant 5 ans, il usa de tous les
artifices pour les séduire. Rien à faire ! Non seulement
elles refusèrent ses avances, mais elles se
transformèrent en colombes, lorsqu’il voulut
s’emparer d’elles. Ainsi libérées de la
pesanteur terrestre – en partie – Zeus acheva leur mue
définitive en les transformant en étoiles. Il
s’était ému de leur sort.
Au ciel que voyons-nous ? La
suite du combat, semble-t-il... Regardez Orion - toujours lui ! Il
brandit sa massue de la main droite, une toison dans la main gauche,
contre le Taureau précisément, qui lui, défend
mordicus son trophée enchâssé dans sa queue. Qui
aura la victoire ?... Le combat n'est pas simple : la bête
charge de ses cornes altières. "Alcyone", l'aînée -
la plus lumineuse - tente de regrouper autour d’elle ses soeurs
d’infortune. "Astérope" la benjamine - la moins lumineuse
- rate son évasion. "Electre, Maïa, Mérope,
Taygète, Celaene" : les cinq autres, se morfondent dans
cette étrange enclos... "Atlas et Pléione", depuis
l'extrémité de cette queue, assistent impuissants au
drame qui se noue. Le décor est planté... reste la
scène à jouer...
Les
meilleurs yeux verront 9 et jusqu'à 14 étoiles, en
comptant celles qui environnent l'amas. Galilée, avec sa
lunette, en découvrit 36. Les télescopes modernes en
totalisent près de 500 !
Cet amas
est visible à l'oeil nu, chose rare ! On dirait un cerf-volant,
parti sous d'autres cieux. Le voici à 370 a-l - dernière
mesure Hipparcos (2) , ce qui donne à son
diamètre apparent (2 degrés) une dimension réelle
de 12 a-l. Superbe voilure ! Comment explique-t-on l'origine de cet
essaim ? - Il était une fois une vaste nébuleuse
composée de poussières et de gaz - de
l’hydrogène moléculaire - qui voguait sans souci
dans l'espace. Quand un rayon cosmique, puis deux, puis trois...
l'attaquèrent. Le précieux équilibre de sa fine
texture fut rompu. Ici et là, naquirent de joyeux tourbillons
qui grossirent dans le temps. Des embryons stellaires prenaient corps
dans ce nuage obscur et froid : les "pré-étoiles".
Jusqu'au jour où le cocon noir qui les enveloppait se dissipa.
Apparurent les "proto-étoiles", lumineuses, radieuses. Elles
méritèrent leur titre définitif "d'étoile"
lorsque craqua en leur coeur la première allumette
nucléaire. La boite à bijoux était née,
superbe ! On pense que ces diamants, bleus, très chauds,
massifs, en mouvement de rotation très rapide, ont 50 millions
d'années, pas davantage. La plaque photographique fait
apparaître les nébulosités qui les environnent
comme d'un écrin et rehaussent encore leur éclat. (3)
Voyons
maintenant la Tête de l'animal : l'amas des "Hyades". Il a connu
le même processus de formation, mais beaucoup plus tôt. Ces
filles d'Atlas - car elles sont du même père, nées
celles-ci d'une nymphe de la mer, une "océanide" - auraient 500
millions d'années. Vieilles demoiselles... Si elles couvrent,
sur le ciel nocturne, une étendue si grande : 6°, c'est
uniquement parce qu'elles sont proches, à 130 a-l seulement, 3
fois plus proche que les Pléiades, si bien que leur
diamètre réel ne dépasse pas en fait 14 a-l
(12 pour les Pléiades). S'il est vrai que les amas dits
"ouverts" s'épanchent dans le milieu sidéral et se
dispersent avec le temps, comment expliquer que celui-ci ait si peu
grandi par rapport aux Pléiades. Eh ! Avez-vous mesuré
son diamètre initial ? Et le nombre d'étoiles qui
l'habitent ? - Une centaine tout au plus, amas pauvre comparé
aux Pléiades. Pas étonnant que sa dispersion soit lente !
Les
Pléiades naviguent toutes ensemble dans leur barque
sidérale, en direction du sud-est, alors que les Hyades filent
vers l'est. Les premières s'éloignent de nous
à 10 km/s (en moyenne), les secondes à 40 km/s.
La
"nébuleuse du Crabe", vous connaissez sans doute... Très
belle à l'oculaire, superbe en photo ! Lorsque cette
étoile - car c'en est une - a explosé, la Chine fut en
émoi ! C'était le 4 juillet 1054, année du "grand
schisme" (4) . Ce jour-là, deux guetteurs,
préposés à l'observation des astres, surveillaient
l'horizon. Soudain, l'un d'eux vit surgir, se levant à l'est,
aux premières lueurs de l'aube, un astre si lumineux qu'il resta
visible tout le jour. Stupeur ! Admiration ! Les deux hommes bondirent
au palais : "Majesté, un heureux présage... un
heureux présage !..." Et de raconter ce que leurs yeux
avaient saisi. L'astre resta visible en plein jour pendant 23 jours,
dans le Taureau, puis il déclina jusqu'à
disparaître complètement 22 mois plus tard.
Qu'était-ce ?... Au XVIIIème siècle, Messier,
l'astronome de sa Majesté Louis XV, repéra dans sa
lunette la trace laissée par cette explosion titanesque : une
nébuleuse aux formes tourmentées. Magnitude 8,4. Il ne
comprit pas. Il chassait les comètes. Cette tache bizarre n'en
était pas une ! Queue inexistante, déplacement tangentiel
nul... Qu'était-ce ? Il catalogua l'objet dans un registre
à part, lui donnant le numéro 1. Il y en aura 104 de ces
"objets célestes" à la fin de sa vie, sur son registre.
Au siècle suivant, Lord Rosse pointa son miroir de bronze de
1,80 m de diamètre, sur M1. Il n'en crut pas ses yeux. Des
volutes de gaz, des structures filamenteuses, des formes tentaculaires,
composaient la "nébuleuse du Crabe", nom qu'on lui donna
dès lors, fort à propos. L'analyse de sa lumière,
de son agitation interne, ne fit aucun doute : il s'agissait bien de
gaz : hydrogène oxygène, azote... éjectés
de la région centrale. Une supernova ? Oui ! Tout concorde
: et la vitesse actuelle des gaz (1000 km/s), et la grandeur apparente
de cette nébuleuse (6' x 4'), compte tenu de sa distance : 6400
a-l. Ce flash prodigieux atteignit, pense-t-on, la magnitude apparente
-6, ce qui signifie pour l'étoile, au moment du grand crash, une
magnitude absolue de -17 : 400 millions de soleils en puissance.
Epoustouflant ! Le diamètre actuel de la nébuleuse
est de 10 a-l.
Qu'est
devenue l'étoile centrale ? On ne le savait pas...
jusqu'à ce qu'intervienne une demoiselle, Jocelyn Bell,
anglaise, stagiaire, affectée au radiotélescope de
Cambridge. A l'endroit supposé de cette étoile, elle
reçut un message bizarre : une série de bips, à
une cadence infernale : trente-trois par seconde. Qu'était-ce ?
Ces astres - on en connaît aujourd'hui plus de 500 - furent
dès lors appelés "pulsars". Pourquoi pulsaient-ils ? That
is the question ! Quel mécanisme entrait en jeu ? Vu en optique,
le pulsar du Crabe brille comme une étoile très faible,
(m = 16, 17...) légèrement variable. Qu'y a-t-il en
son sein ? Et les astrophysiciens de se chamailler : "Du fer !
puisqu'il s'agit d'un coeur d'étoile" - "Des neutrons ! parce
que les électrons ont neutralisé le coeur de fer en
pénétrant dans les noyaux atomiques, lors de la
contraction finale." - "Les électrons ?... Mais n'ont-ils pas
pris la poudre d'escampette depuis longtemps ? Ils auraient fait sauter
la marmite !... Surtout que ces pulsars sont fortement
magnétiques : 1012 Gauss (5) ; une étoile
à neutrons magnétique ? et à ce point !" -
"D'accord, la surface est de fer, mais le coeur de neutrons." - "Facile
à dire ! " - "Quant à l'étoile - ce qu'il en reste
- ratatinée sur elle-même - quelques dizaines de km de
diamètre – elle doit tourner à une vitesse
folle - loi du "viriel" oblige. (6) Si bien que sa
lumière est canalisée dans les lignes de force du champ
magnétique : on ne la voit qu'aux pôles de ce champ,
et à condition que l'un d'eux soit dirigé vers la
terre. D'où ces flash-radio, trente-trois fois par seconde
dans le cas du Crabe !" - "Fréquence folle !" – Notons que
la densité de ces astres compacts est de l'ordre de 1
million de tonnes par centimètre cube ! – Autre
hypothèse : "Pourquoi ne pas penser que ce coeur de fer -
s'il s'agit de cela - très magnétique - vibre comme une
corde, sous l'impact du choc qui l'a ébranlé, selon cette
pulsation que l'on reçoit ?... Rappelons, pour conclure, que
dans bien des cas, ces signaux s'avèrent irréguliers,
leur période augmentant presque toujours avec le temps. Pour le
pulsar du Crabe, sa période grandit de 0,012 milliseconde par
an."
Reste encore bien des mystères à éclaircir...
Voilà le Taureau dépecé. Bon appétit !...
a Alpha Tauri : Aldébaran
a = 4 h 35 m 55
s d = 16° 30' 33"
Sp : K5 III T :
3700 K (BC : -0,9)
m = 0,87 M
= -0,63 L = 150 p =
50,09 Dist : 65 a-l 5
compagnons
"Aldébaran" = "la
suivante", car elle suit, dans sa course diurne, l'amas des
Pléiades, sagement, posément, comme un mouton...
Attention ! c'est ici un taureau : l’oeil redoutable du
bovin ! "Prenez garde, vous tous qui passez sur le chemin"...
Pour l'heure, Orion l'occupe : quand prendra fin cette corrida
céleste, ce face à face, cette lutte à mort
implacable ?... "C’est l'oeil de Dieu, disaient les
Hébreux, qui scrute tout, même les profondeurs du
coeur"....
Alors, dis-nous, belle star,
toi qui brilles plus que tes compagnes les "Hyades", est-ce toi qui
gouvernes ce joyeux troupeau ? - "Non pas ! répond-elle ;
alors que mes consoeurs d’apparat se trouvent à 130 a-l,
moi je demeure à 65 a-l : deux fois plus près -
pour mieux vous plaire et vous séduire ! D'où mon bel
éclat de feu. Suis-je en réalité plus puissante
qu’elles ? Non. Cependant considérez : 150 soleils
jaillissent de mon oeil de lumière, de 44 diamètres
solaires - soit 30 millions de km de rayon ! Géante je suis ! 5
masses solaires entrent dans ma constitution stellaire, d’une
densité minime : 0,00006."
"Vers le
sud, sud-est, en route toutes, à raison de 0"20 par an, soit 20
secondes de degré par siècle : tel est mon
mouvement propre. Car Orion, le torero intrépide,
m’affronte : je me dois de contre-attaquer ! Dans mon
élan guerrier, je m’éloigne de vous à raison
de 54 km/s. "
Cinq
compagnons, de faible éclat, accompagnent Aldébaran dans
sa course sidérale - du moins en apparence, le plus brillant de
magnitude 11,1. Vous le trouvez à 2'
d'écartement. Cette petite étoile a décidé
de s'échapper, dans une direction opposée, vers le Nord,
grignotant 15" par siècle sur la sphère céleste.
Double optique. Son composé est double, à 1"7
d'écartement (magnitude de la secondaire : 13,5).
Eta Tauri : Alcyone
a = 3 h 47 m 29
s d = 24° 06' 18"
Sp : B7 III T :
15 000 K (BC : -1,1)
m = 2,85 M
= -2,41 L = 780 p =
8,87 Dist : 368 a-l 3
compagnons
"Alcyone", la poule aux oeufs d'or. Non ! aux poussins
dorés : ils sont tous nés. Alcyone, la grande
soeur, qui joue son rôle à merveille... Console-toi, belle
princesse, bientôt tu seras colombe, et plus tard étoile.
- "Ca y est ! C'est fait. Me voici transformée en soleil bleu,
au coeur de l'amas des Pléiades. 3 compagnons me serrent de
près, ce qui m'identifie aussitôt : ma vue au
télescope est très belle. J'ai choisi de rester au coeur
de l'amas, mes soeurs regroupées autour de moi : je
demeure à 368 a-l, à égale distance des plus
lointaines (387 a-l) et des plus proches (334 a-l). Pour sortir de
cette prison close, nous avons trouvé une astuce ; car
maintenant que nous sommes étoiles, nous pouvons fuir en
douceur, nous disperser subrepticement dans l'espace - puisque
tel est l'instinct des étoiles d'amas. Vous verrez : dans
quelques milliers d'années, le Taureau aura perdu sa queue, et
nous, gagné la liberté !
Toutes
mes soeurs sont bleues, comme moi. Poussins tombés dans
l'encre de la nuit, jeunes filles vêtues de ces froides couleurs.
Froides ? Vous rêvez ! Touchez ma robe : 15 000
kelvins ! 780 soleils sortent de mes plis, sans compter le rayonnement
ultraviolet (2000 soleils !) ; 8 masses solaires dans mes formes,
un peu rondes, il est vrai, un peu joufflues, un peu dodues, un peu
grasses... un peu... 7 rayons solaires. Ma densité est
modérée : 0,028.
l Lambda Tauri
a = 4 h 00 m 40
s d = 12° 29'
25" Sp : B3 V et A4
IV T : 19 000 et 8900 K
m = 3,41 M
= -1,87 L = 500 p =
8,81 Dist : 370 a-l
Algolide
"Lambda
Tauri", la langue, baveuse, tirée contre cet insolent fils
d'homme qui ose braver sa force... bleue de colère. Muscle
fourchu, composée de deux étoiles cachées dans ce
petit membre. Comment les voir ? Impossible sans un spectroscope. Chair
vivante, trépidante, au rythme de la danse des composantes, qui
s'éclipsent mutuellement. Période : 3,95 jours.
Courte période ! Il s'agit là d'une algolide. Magnitudes
de 3,3 à 3,8. 500 soleils unissent leur force pour l'emporter
sur le chasseur : rêve de tout gibier... Dans ce couple, on
compte seulement quelques millions de km d'un astre à l'autre.
Ouragans de feu !
Thêta 2 Tauri
a = 4 h 28 m 39
s d = 15° 52' 15"
Sp : A7 III
T : 8000 K (BC : -0,1)
m = 3,4 M
= 0,1 L = 77 p =
21,89 Dist : 149 a-l
double optique
La
narine... je savais bien, qu'après l'oeil et la langue, on en
arriverait là... Visitons donc ce naseau, le droit - le gauche
apparaissant à l'étoile Delta (m = 3,76). Regardez-les
tous deux aux jumelles, et admirez le champ qui les environne,
peuplé d'étoiles brillantes, visibles à l'oeil nu
pour la plupart. Ainsi compte-t-on trois étoiles pour le naseau
gauche, deux étoiles pour le droit, celui qui nous occupe ici -
doubles optiques - affichant 5'37" à son compteur
d'écartement. La plus lumineuse des deux : Thêta 2,
se trouve à 149 a-l, Thêta 1 à 158 a-l. Bleue cette
narine, comme la langue. De cet orifice s'échappent des torrents
de... lumière : 77 soleils, chassés dans l'espace,
entretenus par 3,4 masses solaires. Diamètre : 4,7
soleils. Orion, à ton bouclier !
b Bêta Tauri : El Nath
a = 5 h 26 m 17
s d = 28° 36'
27" Sp : B7 III
T : 15 000 K (BC : -1,1)
m = 1,65 M
= -1,37 L = 300 p =
24,89 Dist : 130 a-l un
compagnon
"El Nath"
= "Le coup de corne" qui heurte, qui frappe, qui cogne, qui empale...
Danger ! Gardez vos distances ! Ouf ! elle est, cette étoile,
à 130 a-l. L’animal fou a flairé le matador
étoilé : Orion. 300 soleils arment cette corne
titanesque, pour le combat final... 4 diamètres solaires dans
ses atours, 6,4 masses solaires dans sa force.
A 33"4 se trouve une étoile dont j'ignore la magnitude. Cherchez-la...
z Dzêta Tauri
a = 5 h 37 m 38
s d = 21° 08' 33"
Sp : B2 IV p T : 21
000 K (BC : -2,5)
m = 2,97 M
= -2,56 L = 900 p =
7,82 Dist : 420 a-l
simple
Nous
voici maintenant à la corne méridionale, qui semble moins
agressive... N'en croyez rien ! Si vous la voyez moins lumineuse,
c’est qu'elle a pris du recul : 420 a-l, pour mieux
contre-attaquer. En fait, elle est trois fois plus puissante que
"Bêta Tauri", la corne supérieure. 900 soleils partent
à l'assaut, pour frapper le grand coup ! Ca va faire mal ! En
réserve : 12 masses solaires ; en grandeur : 7 rayons solaires.
Elle a forcé sur les amphétamines...
* * * * * * * * *
note 1 - La queue, oui, dans l’ancien Taureau, explication dans le texte, page suivante.
note 2
- En fait les étoiles s'étalent entre 334 a-l pour la
plus proche, et 387 a-l pour les plus éloignées, soit une
différence de 53 a-l. Voici les distances : Celaene : 334 a-l Mérope : 359 a-l Maïa : 360 a-l Alcyone : 368 a-l
Electre : 370 a-l Taygète : 373 a-l Atlas : 380 a-l Astérope et Pléione : 387 a-l
note 3
- Ces nébulosités sont en avant plan, actuellement de
passage devant les Pléiades, et éclairées par
elles.
note 4 - Schisme qui divisa l'Eglise d'Orient et l'Eglise d'Occident.
note 5 - Rappelons que le champ magnétique du Soleil est de 1 gauss, celui de la Terre de 0,3 gauss.
note 6
- Ne pas oublier toutefois que le mouvement cinétique de
rotation a été considérablement ralenti du fait de
l'explosion.