La Vierge (Vir)
Virgo, Virginis (1294 degrés carrés)
Belle,
élégante dans sa simplicité, gracieuse dans sa
forme géométrique, aux lignes pures, aux contours
précis, la Vierge gravit élégante la route de
l'écliptique. Lorsque revient l'hirondelle, quand sort, fragile,
éphémère, la jaune primevère, elle
revêt son habit de lumière. Naguère, elle se levait
le matin - pleine de grâce - vers le 25 décembre, porteuse
du soleil qui reprenait vie dans son sein. "Le Soleil de justice"
chantait Isaïe ; le ciel en porte témoignage ! Devant
elle scintillent les pâles lumignons de l'amas de la
Crèche, repérés depuis fort longtemps (bien avant
Jésus-Christ !) prisonnier des pattes du Crabe (le Cancer). Plus
avant, "Procyon" = le "précurseur" annonce à grand
renfort d'étincelles le prodigieux événement. Plus
loin encore, nous "rencontrons le train de trois grands rois qui
partaient en voyage" ; j’ai nommé : le
"Baudrier d'Orion". Tandis que l'Hydre, le serpent maléfique,
agonise, écrasée sous le pied de l'auguste et puissante
Reine. Comment ne pas rassembler, comme en un bouquet, ces
emblèmes qu'une main adroite a gravés dans les cieux ?...
Les
vestales romaines - beautés virginales ! - jetaient leurs yeux
clairs sur cette constellation, tout en ébranlant les cordes de
leur luth : "Louange à toi, Jupiter, époux des vierges,
père des orphelins !" Malheur à celles qui,
frivoles, imprudentes, viendraient à perdre "l'hymen
consacré" ! Enterrée vive, sous la huée des
patriciens, pour seul viatique : une chandelle et un morceau de
pain, elles apprenaient ainsi que la mort découle du viol
profanateur. O mort, à la morsure cruelle ! fatale !...
Est-elle si grave la faute ? ...
En
Grèce, sur l'Acropole, dans la cité des philosophes,
veillait la déesse Athéna, assistée d'une
nuée de vierges, rivées au Parthénon comme les
étoiles au firmament. Sous les portiques, leurs voix
cristallines s’élevaient : "O Athéna,
prête l'oreille, écoute nos suppliques, écarte le
fléau, éloigne le courroux qui plane sur la ville".
Semblablement "la Vierge", du haut de l'Empyrée, parée de
douze étoiles, étend sa main très douce sur la
planète bleue. Elle veille des yeux sur ce globe vivant qui
roule dans l'Espace... "Comprendront-ils un jour, les humains, le
secret de la vie ?"...
Oui,
douze étoiles - pour les principales - habillent de couleur
cette constellation. Douze, comme en cette vision que reçut Jean
l'Evangéliste : "Alors apparut dans le ciel un grand signe : une
femme revêtue du soleil, la lune sous ses pieds et sur sa
tête une couronne de douze étoiles." Ici, c'est le corps
tout entier qui se revêt de gloire, qui s’habille
d’étoiles... Elle est couchée sur
l'équateur... comme la "Vénus endormie", ou encore "la
Belle au bois dormant"... stylisée par un grand losange. Aux
angles et sur chacun des côtés, une étoile
luit ; à l'extérieur des pointes est et ouest, deux
étoiles de part et d’autre ; soit douze en
tout : le compte est bon. "Vindémiatrix" = la
"vendangeuse" - l’étoile de la pointe nord - incarne la
main droite qui presse entre ses doigts un raisin juteux. Elle se
levait naguère à l'époque des vendanges :
ceci explique cela. "L'Epi" - Spica en latin - l’étoile de
la pointe sud, souligne la main gauche, qui maintient en sa paume un
épi de blé, en souvenir du nom que portait autrefois la
constellation : "Cérès", la déesse des
moissons. Un raisin, un épi... oui ! l'épouse
eucharistique triomphe dans le ciel ! Bravo !
"Moi, "Thémis" : déesse de la justice,
revendique aussi la constellation ! Regardez dans ma main droite -
"Vindémiatrix" - la palme florissante, symbole de mon art
: les atlas illustrés en ont gardé la trace. J'ai ma
place là-haut, dans l'azur insondable, non loin de la Balance
qui m'est indispensable." Concédo.
Mais au
juste, combien de femmes s'approprièrent cette constellation ?
Une bonne dizaine ! Citons rapidement : Diane, Isis, Astrée,
Minerve, Erigone... Au final, le nom générique de
"Vierge" a prévalu, offrant ainsi à toutes un coin de
paradis là-haut dans les étoiles. Vaste jardin, et
plantureux ! Si "l'Hydre" n'avait ravi la première place, la
Vierge occuperait la plus grande surface du ciel : 1294
degrés carrés contre 1303 pour l'Hydre! Aussi,
dépitée, lui brise-t-elle les reins...
"Jardin
bien clos, ma soeur, ma fiancée, jardin bien clos, fontaine
scellée", ainsi chante Salomon dans son "Cantique". Où
est-il ce lieu fertile, ce verger de délices ? Comment le
trouver ? La Vierge suit le Lion, qui la protège de ses crocs et
de ses griffes, et précède la Balance et le Scorpion qui
la défend de son dard venimeux. Région rêvée
pour vivre en paix ! Ces constellations apparaissent lorsque, à
la tombée de la nuit, la terre fume encore des chaleurs d'un
soleil retrouvé : au printemps. Repérez "l'Epi" comme
suit : caressez la queue de la Grande Ourse, prolongez la courbe et
rejoignez "Arcturus" du Bouvier, puis "l'Epi". La Vierge vous saute aux
yeux : son losange, dans toute sa grandeur... même si
ses étoiles restent faibles.
Qui dit
Vierge, dit Poissons : oui ! par complémentarité.
Je m'explique : ces deux constellations sont opposées, à
180° d'écartement, l'une apparaissant au printemps, l'autre
à l'automne. Leur latitude moyenne : 0°, leur longitude : 12
h pour la Vierge, 0 h pour les Poissons. Les voici toutes deux
campées et sur l'équateur céleste, et sur
l'écliptique : elles se trouvent au croisement de ces deux
routes. Situation privilégiée !... En outre, elles
s’en vont flirter avec les pôles de la Galaxie - au nom si
doux de Voie Lactée ; pôle nord pour la
Vierge, pôle sud pour les Poissons. (1) En fait -
pour être tout à fait exact - c'est dans la "Chevelure de
Bérénice" et le "Sculpteur" que passent ces deux
pôles : constellations voisines. Mais si je vous parle ici de la
Vierge et des Poissons, c’est pour vous montrer la chance de
cette région, ouverte sur le monde extra-galactique ! Elle
échappe à l'absorption interstellaire des bras de notre
Galaxie et à son encombrement stellaire, et donne à
l'observateur une vue imprenable sur le ciel, je veux dire sur
l’Univers dans ses lointaines dimensions. Oui ! depuis la Vierge
- ou les Poissons - vous verrez surgir des galaxies en grand nombre...
qui habillent l'Espace, comme autant de flocons dans un ciel d'hiver.
Y a-t-il
vraiment une population si dense dans les hauteurs du firmament ?
Oui, bien sûr ! A ce jour on recense, tenez-vous bien ! 200 000
galaxies sur une surface du ciel grande comme la lune (30') soit un
million de galaxies par degré carré ! C'est fou !
Inimaginable ! La plupart se regroupent en amas, car, il faut vous le
dire : mis à part quelques cénobites incurables, les
galaxies exècrent la solitude. Mais chérissent la
compagnie. Ainsi notre Galaxie taille bavette avec "Andromède"
(M31), s’entretient avec le "Triangle" (M33), bavarde avec
quelques elliptiques - une vingtaine – ou
irrégulières... en tout une trentaine (40
peut-être) rassemblées comme autant de perles
étincelantes dans un écrin géant : "l'Amas
Local". La Vierge en abrite un, magnifique, plus grand encore, à
deux pas de cette grappe que presse sa main gracieuse... deux pas en
apparence ! Appelé "l'Amas Virgo"- bien sûr ! - il couvre
sur le ciel 100 degrés carrés, ce qui, à la
distance où il se trouve : 50 millions d'a-l, lui donne un
diamètre réel de 10 millions d'A.L. Réparti en
trois "sous-amas", il regroupe quelques 1300 galaxies : un monde !
Mais il y
a plus, car entre eux, les amas de galaxies "se fréquentent",
oui ! Ils fondent d'immenses "congrégations" - ou colonies - que
l'on appelle communément des "Superamas". C'est la loi quasi
générale. Le plus intéressant de tous, puisqu'il
contient notre Amas Local, est celui de la Vierge
précisément, "le Superamas Virgo", centré sur
l'amas du même nom : "l'Amas Virgo", dont nous venons de
parler. Nous vivons là, dans ce monde à trois
dimensions, grand plus qu'on peut l'imaginer : 130 millions d'a-l
de diamètre, légèrement aplati, riche des amas de
galaxies qui le composent : une cinquantaine. Le plus gros de tous est
l'amas central - évidemment. Craignant les embouteillages
classiques réservés à toute agglomération,
notre Amas Local s'est installé à la
périphérie de ce macrocosme galactique, un oeil sur ses
consoeurs, l'autre sur l'extérieur. Situation idéale !
Question
: bougeons-nous dans ce monde évolué qui touche à
l'organisation ultime de l'Univers ? Avant de répondre,
arrêtons-nous un instant sur ce point : existe-t-il, oui ou
non, des "hyperamas", qui regrouperaient à leur tour les
"superamas" ? Non, quoique... nous verrons... Mais, à ce stade,
vous devinerez - si vous êtes fin observateur des photographies
célestes - l'ossature du monde, oui ! l'architecture
générale de l'Univers, qui apparaît ici
alvéolée : fine structure en nids d'abeilles - on
parle aussi de "cordes", sur lesquelles vient se ranger tout ce beau
monde : amas et superamas. Au centre, rien, rien... ni miel, ni
abeille, ni reine... Le diamètre de ses nids cosmiques : 100
à 200 millions d'a-l. La création est ainsi faite... une
ruche, et une ruche organisée !
Alors
bougeons-nous, puisque telle était la question ? Bien sûr
! En astronomie tout bouge, même les points fixes ! c'est la loi
générale. Exaspérante pour les uns, exaltante pour
les autres... Que se passe-t-il au sein de notre "Amas Local" ? Nous
"tombons" sur la galaxie d'Andromède, et Andromède sur
nous - gravitation oblige - à la vitesse de 100
km/s. (2) Bientôt, dans quelques millions d'années
tout de même, le spectacle attirera tous les curieux au balcon
des étoiles. Et notre "Amas Local", que fait-il ? Reste-t-il
immobile ? Non ! Il se précipite tout entier vers l'Amas Virgo
central. Précisons tout de même : nous tomberions si...
car il y a un si... si l'expansion générale du monde ne
compensait cette chute. Voilà ! Tout se passe comme si deux
amants couraient l'un vers l'autre dans des trains qui
s'éloignent l'un de l'autre. Alors notre Superamas se disloque ?
Oui, mais il se hâte à vive allure, tous bras ouverts,
vers... vers le "Grand Attracteur"...
Ah, le "Grand Attracteur"...
vous ne connaissez pas ? Tant mieux ! Cet ogre par excellence
dévorerait tout, si... toujours le même si... si
l'expansion ne l'emportait sur son audace insatiable. Le "Grand
Attracteur" : le Superamas par excellence - "l'Hyperamas" pourrait-on
dire - extrêmement dense, caché derrière
l'épais rideau de notre Voie Lactée, localisé
aujourd'hui en direction de la constellation du Centaure, dans
l'hémisphère sud. Sa masse imposante déforme le
mouvement général de la région. Résultat de
toutes ses forces attractives : notre amas local file comme un bolide
fou, à la vitesse de 600 km/s ! Vraiment, nous risquons notre
vie à chaque seconde dans ce monde effréné.
Heureusement qu'il garde en lui-même sa cohésion interne,
du moins apparemment - ou du moins pour l'instant !
Sublime vierge qui cache en son sein des trésors inépuisables !
a Alpha Virginis : L'Epi (ou Spica en latin)
a = 13h
25m
11s
d = -11° 09' 41" Sp : B1 V et B3
V T : 23 000 et 21 000 K
m =
0,98 M = -3,55 (-3,4 et -1,5 ?) L =
2200 p = 12,44 Dist : 260
a-l spectroscopique et variable
(algolide) (BC : -2,5 et -2)
Heureuse
géométrie : Arcturus, l'Epi, et Régulus dessinent
ce qu'il est convenu d'appeler "le Triangle de printemps", par analogie
au "Triangle d'été". Reliez maintenant Arcturus, l'Epi et
Dénébola (la queue du Lion), et voyez apparaître un
triangle équilatéral parfait, de 35° de
côté. L'Ecliptique passe au nord de l'Epi, à 2°
environ. Cette étoile, avec Régulus, permit à
Hipparque de découvrir la précession des Equinoxes : ce
mouvement lent et inexorable de la voûte céleste en raison
du mouvement lent et inexorable - dans le sens rétrograde - de
l'axe de notre planète. Mais nous avons expliqué tout
cela (voir Le Lion et Régulus).
L'Epi
apparaît actuellement en Mars, époque des labours et des
semailles. Elle ne disparaîtra au couchant qu'après les
moissons, quand seront engrangés les fruits de sa
tige.
Qui
es-tu, toi, Epi mystérieux, qui depuis la nuit des temps,
transmets un rayon de ta lumière ? D'où viens-tu ? Il a
fallu longtemps, je le sais, pour percer le secret de ta distance, mais
le code savant contenu dans ton spectre a permis de lever un coin de ce
voile. Tu as fait germer ta semence, loin, très loin de nos
terres arables, à 260 a-l. Tu as trouvé là-bas,
sans doute, des champs fertiles. L'analyse de tes feux a
révélé une duplicité que l'oeil le plus
habile ne peut détecter. Ce n'est pas un épi, mais deux
qui frémissent dans la main qui les porte. Tu es un couple
d’étoiles, écartées seulement de 21 millions
de km (a = 0,14 UA). Bien peu pour la flamme qui t'anime : 1900
soleils sortent de l'étoile-mère, 300 pour
l'étoile-fille. Où puises-tu une telle énergie ?
Quel mystère se cache dans tes rayons bleus ?... La dimension de
tes mondes : 8 et 3 rayons solaires. Ton cocon de lumière, d'un
bleu vif, plaide pour une température inquiétante. Oui :
23 000 K et 21 000 K respectivement. Sais-tu que, parmi les
étoiles brillantes du ciel, tu es la plus chaude ? Si maintenant
j'ajoute à ton rayonnement visible, ta "lumière"
ultraviolette, ta puissance décuple. Nous passons de 2200
soleils (pour les 2), à 20 000 ! Sans nul doute, ta masse
fournira pendant longtemps du "bois" à tes fourneaux : 15 et 8
masses solaires.
Mais ce
n'est pas tout. Dis-moi...A quoi joues-tu pour que ton éclat,
avec la régularité d'un métronome, se ternisse
périodiquement ? Oh ! Très peu, je le sais, de quelques
centièmes de magnitude (de 0,97 à 1,04), mais cet
écart est néanmoins sensible à nos appareils
enregistreurs. Tu danses ? Oui, tu danses, et ta ronde
effrénée produit pour nous qui t'observons depuis la
Terre, une éclipse partielle de tes composantes. Voilà
pourquoi tous les 4 jours (4,01454 j), tu passes par la phase minimum
de ton éclat. Joueuse ! Tous les 4 jours : année bien
courte ! Si j'ose maintenant calculer ta vitesse, je suis
sidérée – disons-le! - 380 km/s (soit 1,4
millions de km/h) ! dix fois plus que la vitesse de la Terre autour du
soleil (30km/s). Fabuleux !
Surprenant Epi, plein de vie, plein de sève !
g Gamma Virginis : Porrima.
a = 12h
41m 39s d = -1° 26'
57" Sp : F0 V et F0 V T :
7500 K (BC : -0,08)
m =
3,55 et 3,6 (comb. 2,74) M = 2,38 L =
9,5 p = 84,53 Dist : 38 a-l
double + 2 compagnons.
Considérons le grand losange qui habille la Vierge. "Porrima" en
occupe la pointe ouest, à proximité de l'équateur
céleste. Elle souligne la taille de cette élégante
déesse, sa ceinture virginale sur sa robe bleu-nuit.
"Porrima" : c'est justement le nom d'une déesse latine qui
présidait aux accouchements. La Vierge a enfanté, oui,
mais dans la joie et l'allégresse, "virgo inviolata permansisti"
! Nouveauté, nouveauté vraiment...
"Gamma Virginis" :
blanche, éclatante. Au télescope, une découverte !
L'un des plus beaux couples du ciel, serré, lumineux...
Entendons-nous : si notre système planétaire devait
passer entre les membres de ce duo, il y tiendrait à
l’aise : 3"7 de demi-grand axe, soit 44 UA (Neptune
est à 30 UA). Imaginons la Terre dans un tel couple
d'étoiles... Plaçons-la à 1 UA de la principale -
comme chez elle. Quelle chaleur ! insupportable ! sol grillé,
océan vidé, catastrophe générale !... Et
cette nuit qui n'en est pas une, quand brille la secondaire, d'un
faisceau ponctuel certes, mais ardent comme un soleil ! Vite
rentrons... oublions cet étrange rêve...
La
période de ce couple s'étire sur 171,37 ans, sur des
orbites très excentriques : de 0"4 à 7" dans l'orbite
vraie. En l'an 2000, les deux étoiles seront
écartées de 1"8 (orbite apparente). Mondes de feu
où la vie parait impossible... à moins d'habiter
très loin... et encore !
Même éclat intrinsèque (4,2 soleils chacune)
même grosseur (1,2 r.s.) même couleur blanche pour ce
couple fidèle qui habite non loin : 38 a-l.
Elégante Porrima.
Deux compagnons l'abordent, de magnitudes 12 et 15, à 53" et 123".
d Delta Virginis : Minelauva
a = 12h
55m 36s d = 3° 23' 51"
Sp : M3 III
T : 3300 K (BC : -2,3)
m =
3,39 M = -0,57 L =
140 p = 16,11 Dist : 202
a-l un compagnon
"Minelauva", minaudière... blottie dans la ceinture virginale -
(j'ignore le sens de ce nom). Comparée à Porrima sa
voisine immédiate, son habitat réel se perd dans les
lointains, à 202 a-l. Qu'il est doux, apaisant ce corps
féminin ! Etoile rouge... de 3300 degrés de
température de surface, c'est peu pour une forge céleste,
tout juste assez pour fabriquer les "briques"
élémentaires de l'Univers. Attention, attention,
Minelauva, quoique "froide", fonctionne à plein régime :
rien à craindre pour sa production annuelle. Le docteur
physicien qui s'est penché sur elle a découvert la cause
de son embonpoint. Sous la poussée de l'hélium, elle a vu
son tour de taille grandir. Qu'elle est grosse ! si grosse qu'on
pourrait mettre un million de soleils en son sein ! - 102 rayons
solaires, soit 71 millions de km de rayon ! - Résultat : une
densité des plus faibles : 0,000 006 g par cm3 ! Des rougeurs
bon tient, qui l'embellissent de tous côtés. 140 soleils
sont "brûlés" dans sa flamme visible, 1100 soleils
si l'on ajoute son rayonnement infrarouge. "Pesons" la : 7 masses
solaires, de quoi vivre pendant longtemps sur ses réserves...
Une faible étoile accompagne Minelauva, de magnitude 10,4 à 164"5 d'écartement.
e Epsilon Virginis : Vindémiatrix
a = 13h
02m 10s d = 10° 57' 33"
Sp : G9 III T :
4950 K (BC : -0,45)
m =
2,85 M = 0,37 L = 60
p = 31,90 Dist : 102
a-l un compagnon
"Vindémiatrix" : "la vendangeuse", qui naguère, au
petit matin, annonçait le temps des vendanges. Une palme
remplace souvent le fruit de la vigne, dans cette main droite.
Thémis alors triomphe ! Dommage... Tout près d'elle
scintillent, comme de pâles flambeaux, les galaxies de "l'Amas
Virgo", lointaines, visibles au télescope. Région
très riche.
Quelle
est la couleur de ce raisin ? Jaune... d'un jaune mûr prêt
à remplir les cuves d'où l'on extrait le vin
délicieux qui réjouit le coeur de l'homme - sans
attrister celui du joli sexe... Sa peau, mirée, lustrée
par des siècles d'ensoleillement, offre au voyageur que nous
sommes un spectacle inoubliable : 60 soleils mêlent leurs
flammes. Fruit tentateur... Croquez-le ! Une seule de ces grumes en
ferait des jaloux - 12 rayons solaires pour 3,4 masses solaires.
Une étoile de magnitude 11,7 brille à 4' de Vindémiatrix.
z Dzêta Virginis : Heze
a = 13h
34m 41s d = -0° 35' 46"
Sp : A3 V T : 9200
K (BC : -0,20)
m =
3,38 M = 1,62 L =
19 p = 44,55
Dist : 73 a-l simple
"Heze" ,
(sens inconnu pour moi) vous me voyez fort aise à
l'arrivée sur scène de cette étoile. Sise à
l'angle Est du losange, sur l'équateur céleste, elle
repose sur le ventre de la Vierge. Place de choix ! Mieux : dans
son ventre, lieu béni ! "Ton giron est une amphore, où le
vin mêlé ne fait pas défaut, ton ventre un gros
pain de froment entouré de lys". Salomon chantait la
maternité virginale, vraiment digne de la femme... Il
verra germer, ce ventre clos, une fleur nouvelle, attente de la
Terre... dont les racines puisent au-dessus du ciel...
Bleue
azur, comme il se doit, l'étoile appartient à la
série principale. 19 soleils dardent leurs rayons chauds depuis
cette couveuse naturelle que l'on peut voir à 73 a-l. Sur le
diamètre de cette étoile :1,8 soleil. Dans son enceinte :
2,3 masses solaires. Densité : 0,38. Heze, tu me combles
d'aise...
* * * * * * * * * * *
note 1
- coordonnées du pôle nord galactique : A.D. =12 h 49 m et
déc = 27° 24' perpendiculaire à la Voie Lactée.
note 2
- valeur actuelle de la vitesse radiale d'approche de la Galaxie
d'Andromède, corrigée du mouvement rotatoire de notre
galaxie.