Eclipse totale de Soleil du 21 août 2017 : souvenirs du voyage Astro Club de France

Philippe Morel,
Astro Club de France,
observatoire Charles Fehrenbach




L'éclipse depuis la région de Jackson, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

Attendue et préparée de très longue date l'éclipse totale de Soleil du 11 août 1999 a laissé pour nombre d'entre nous un souvenir amer en raison d'une météorologie le plus souvent défavorable le long de la ligne de centralité sur le territoire de la France métropolitaine.

Il convenait donc de ne pas rater cette éclipse au terme de son Saros, soit 6585,32 jours plus tard. L'éclipse de soleil du 21 août 2017, en tout point comparable à celle du 11 août 1999 et intéressant des contrées aux conditions météorologiques beaucoup plus favorable devenait dès lors le but d'un mémorable voyage.

Le 21 août 2017, l’éclipse marquait, de plus, la date anniversaire de la naissance de Pierre Bourge … et celle du 11 août 1999, la date anniversaire de la naissance d’Agnès, son épouse. Autant dire que pour l’Astro Club de France, ces deux éclipses totales ont revêtu une importance particulière.

A la différence de la première éclipse : le 0,32 jour en plus des 6585 jours que compte le Saros, décale sur Terre le phénomène d'environ 120° de longitude vers l'ouest. D'européenne, l'éclipse devenait donc américaine et l'alibi du 9 au 24 août 2017 à un mémorable voyage au travers des états de l'Utah, du Colorado, du Dakota du Sud, du Wyoming, du Montana et de l'Idaho ... direction Salt Lake City.

9 août : arrivée à Salt Lake City

Arrivée à Salt Lake City au terme de 10h50 de voyage sans escale, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

Cité des Mormons à l'architecture victorienne dans sa partie ancienne, la Ville de Salt Lake City n'est en rien un but de voyage à l'inverse de New York, San Francisco ou Chicago mais c'est le point de départ le plus pratique pour les virées au nord et à l'ouest des Etats Unis et même si cette ville ne présente pas grand intérêt, il en va tout autrement de sa région. Bien que le voyage fut très long, la tentation est grande d'aller faire un tour dès nos voitures attribuées. Il s'agit en effet d'un autotourcar à l'ACF on évite les autobus et leur cortège de contraintes imposées au groupe quand il est possible de faire autrement. Il ne faut cependant pas trop trainer car une nuit de sommeil réparateur sera la bienvenue avant les deux prochaines étapes de plus de 500 km chacune.

10 août : de Salt Lake City à Grand Junction



De Salt Lake City au Dinosaur National Monument, © : Google Maps.

Au programme "officiel" de cette journée de route, le Colorado National Monument à proximité de Grand Junction soit 457 km de distance par le chemin le plus direct .... mais en oubliant qu'au prix de 53 km supplémentaires, il est possible de passer par un site unique au monde : le Dinosaur National Monument situé à Jensen, près de Vernal, un site qui marque et où l'on retourne volontiers. Quand on a déjà visité le Grand Canyon, il est vrai que le Colorado National Monument fait pâle figure et en rater la visite ne serait pas une perte irréparable et entre un site intéressant et un site unique le choix fut sans appel.

Le Dinosaur National Monument et un panorama sur la Green River, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

L'exception sur ce site est le bâtiment de 60 m de longueur recouvrant une plaque rassemblant les restes d'une centaine de dinosaures morts de soif lors de l'assèchement brutal des marais de cette zone. Aujourd'hui encore, le paysage ressemble à ce qu'il était alors. Ne manquent au décor que ces animaux dont certains atteignaient 25 m de longueur. La beauté des paysages nous invite à nous enfoncer dans les montagnes via l'Harpers Corner's Road avec, au terminus, une vue imprenable sur la Green River. Ce détour ajoutera 109 km au compte kilométrique de la journée, le portant à 619 km. 

De Jensen à Grand Junction, © : Google Maps.
Le Dinosaur National Monument et un panorama sur la Green River, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

Il est 15h30 et il faut désormais rejoindre Grand Junction située à 170 km au sud. Nous arrivons juste à temps pour assister au coucher du Soleil sur le Colorado National Monument dont la visite sera remise au lendemain.

11 août : de Grand Junction à Denver



Le Colorado National Monument, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

Au départ de cette nouvelle étape "marathon", nous empruntons les 36 miles serpentant dans le Colorado National Monument sous un Soleil levant qui ne tardera pas à disparaître. Ces paysages faits de roches rouges constituent un émerveillement pour qui n'a jamais visité le Grand Canyon et Monument Valley ... mais cela reste quand même un site méritant le détour pour les autres. Hors de question cependant de trainer car la journée va être riche et longue.

 

De Grand Junction au Black Canyon of the Gunisson, © : Google Maps.

A 117 km au sud-est de Grand Junction se trouve un site unique et peu connu :le Black Canyon of the Gunisson façonné dans de la roche noire puis zébrée de states claires.

Premier arrêt au Black Canyon of the Gunisson, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

Nous empruntons la magnifique South Rim Road, la route de la rive sud longue de 7 miles et ponctuée de nombreux arrêts pour arriver à ce qui donne à ce canyon un caractère unique :

Le Painted Wall, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

... le Painted Wall, falaise la plus haute de l'état du Colorado avec ses 690 m de hauteur et une vue à couper le souffle ponctuée des veines de pegmatite zébrant les parois. Seul regrêt : le temps couvert. 

Du Black Canyon of the Gunisson à Denver, © : Google Maps.

Devant de tels paysages, difficile de ne pas prendre un peu de temps pour s'en imprégner et y consacrer le reste de la journée mais il nous faut prendre la direction de Denver et 508 km nous attendent.


12 août : de Denver à Cheyenne
 

En arrivant à l'observatoire Chamberlain, © : Thomas Twieg, ORION (Pays de Gex).

Dans l'un des quartiers résidentiels de Denver autrefois situé hors des limites de la ville, se trouve l'observatoire Chamberlain dont le nom est celui du mécène qui en a financé l'édification en 1894. Solide bâtiment de pierres rouges caractéristiques de la région et d'architecture néo-romane, la coupole abrite une lunette astronomique aujourd'hui utilisée pour les observations publiques de la ...



Propriété de l'université de Denver, l'observatoire est mis à la disposition de la Denver Astronomical Society et nous y sommes reçus  par l'un de ses membres les plus actifs : M. David Tondreau. Destiné à l'origine à l'observation des étoiles doubles et à l'astrométrie l'observatoire dispose d'une lunette méridienne devenue de nos jours un objet d'exposition.


La lunette méridienne et le réfracteur Clarck de 50 cm de diamètre, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

Sous la coupole de 14 m de diamètre prend place le réfracteur, instrument historique dont l’optique a été réalisée par Alvan Clark et la mécanique par George Nicholas Saegmuller. L'ensemble est en parfait état de fonctionnement et bien que remis aux normes actuelles, l'ensemble des éléments d'origine sont mis en valeur, en particulier le système d'aide mécanique au pointage et de visée des cercles gradués rendant ce monumental instrument très simple d'utilisation.  


Les multiples aspects de la 16ème rue de Denver, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

La journée se poursuit dans le centre vivant de la ville sur la 16ème rue, exemple particulièrement abouti de cohabitation des architestures contemporaines et du début du XXème siècle, espace pietonnier baigné de verdure et du rythme des musiques du Nouveau Monde.


De Denver à Cheyenne, © : Google Maps.

Ne restent qu'à parcourir les 162 km nous séparant de Cheyenne, signifiant "les étrangers" en langue des Indiens Dakota, capitale de l'état du Wyoming et plus grande ville de ce dernier avec 60000 habitants, a été fondée sur un campement installé en 1867.


Le décor officiel : le Capitole et la gare de l'Union Pacific Railroad, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

Nous rentrons dès lors dans l'Amérique profonde héritière des pionniers du far-west et y croisons ce qui ne se voyait pas à Denver.


Le décor local : ce qu'il faut pour armer et habiller les dames comme à l'époque des pionniers, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

Au détour des ruelles nous découvrons l'envers du modernisme à l'Américaine et les usages encore en cours de nos jours. L'éclipse est déjà en vue ...



13 août : de Cheyenne à Hot Springs


De Cheyenne à Fort Laramie, © : Google Maps.
Sous le Soleil nous prenons la direction de Fort Laramie, situé à 178 km de Cheyenne.


Fort Laramie : haut lieu de l'histoire des Etats Unis, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

Fort Laramie était au XIXème siècle un important comptoir pour le commerce de fourrure puis un avant-poste militaire des États-Unis. Son rôle militaire redevient prépondérant dans les années 1860 avec l'accroissement des tensions entre colons et Indiens. À la fin de cette décennie, il servira notamment de base arrière pour la guerre de Red Cloud. En 1868, un second traité est signé dans ce fort mettant un terme à cette guerre et consacrant la défaite de l'armée américaine. De nos jours, Fort Laramie est en cours de restauration ou plutôt, de reconstruction et fait partie pour les locaux d'un des plus anciens patrimoine bâti du pays même si ce qu'on y trouve n'a pour nous aucune valeur patrimoniale particulière tant ces témoins de la fin du XIXème siècle sont communs chez nous.


De Fort Laramie à Hot Springs, © : Google Maps.

380 km plus loin et juste avant notre destination nous arrivons sur un site autrement plus exceptionnel. Après la très grande concentration de dinosaures croisée à Jensen nous voici arrivés au Hot Springs Mammoth Site ; la plus importante concentration mondiale d'ossements de mammouths.

Le Hot Springs Mammoth Site, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

Le site compte les restes de 61 mammouths et l'ensemble est mis à l'abri des intempéries car recouvert d'un hangar qui s'est agrandi au fil des années et de l'évolution de la fouille. On y accède par un sentier très didactique retraçant les différents âges géologiques et, attenant au champ de fouille, se trouve un musée.

14 août : de Hot Springs à Spearfish


De Hot Springs à Spearfish, © : Google Maps.

De Hot Spings à Spearfish nous traversons les Black Hills (les Collines noires) résultat d'une surrection de roches en partie d'origine volcanique. Cette région est riche en grottes d'où la présence du Wind Cave National Park.



Voyage au centre de la Terre aux Wind Caves, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

Entre la température extérieure et la température intérieure se créée un courant d'air permanent le jour d'où leur nom de Wind Caves, grottes éventées.Les stalactites en nid d'abeilles ne peuvent s'y rencontrer qu'à cet endroit. Ce bout de chemin souterrain d'environ 1 km n'est qu'une toute partie du réseau serpentant tout autour du soulèvement des Black Hills.


Gutson Borglum (1867-1941), © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

En suivant les pas d'Alfred Hitchcock qui sans La mort aux trousses mit en scène ce site comptant parmi les plus visités des Etats Unis avec ses 2 millions de visiteurs chaque année, nous arrivons au Mont Rushmore, oeuvre du sculpteur américain Gutson Borglum.

Le mémorial du Mont Rushmore, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

Sur 18 m de hauteur y sont représentés les effigies de quatre anciens présidents des Etats Unis, de gauche à droite : George Washington, Thomas Jefferson, Theodore Roosevelt et Abraham Lincoln. Chantier débuté en 1927, il fut terminé en 1941 par le fils du sculpteur ; son père étant décédé dans les suite d'une embolie pulmonaire la même année. Faute de moyens, le projet initial prévoyant de représenter les bustes est resté inachevé.

Le Crazy Horse Memorial, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

A quelques kilomètres de ce mémorial à la gloire du pouvoir officiel un autre chantier bien plus titanesque évolue depuis 1948. Le Crazy Horse Mémorial, érigé à la gloire des populations indiennes, représente Crazy Horse, guerrier et chef sioux du clan Oglala, tribu des Lakota, héro de la bataille de Little Big Horn, monté sur un cheval et pointant le doigt vers l'horizon. Le monument est en cours de réalisation sur la Thunderhead Mountain, sur un sol considéré comme sacré par certains Amérindiens, entre Custer et Hill City, à approximativement 13 km du mont Rushmore. Œuvre du sculpteur américain Korczak Ziółkowski (1908-1982) qui, en 1939, avait participé au chantier du Mont Rushmore, l’œuvre est poursuivie par ses enfants. Quand elle sera achevée la représentation mesurera 195 m de longueur et 172 m de hauteur.

15 août : de Spearfish à Sheridan

Ici repose Calamity Jane, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

Avant de prendre la direction de la Devil's Tower, un arrêt au cimetière de Deadwood s'impose. Y repose Martha Jane Cannary (née entre 1850 et 1856-1903) plus connue sous le surnom de Calamity Jane. 

De Spearfish à Devils Tower, © : Google Maps.

Plus nous avançons vers Devils Tower et plus le ciel s'assombrit puis arrivent des pluies diluviennes rendant aléatoire toute tentative de randonnée en ce site où nous troquons Alfred Hitchcock pour Steven Spielberg et ses Rencontres du troisième type.

Plutôt fantomatique cette première vue sur Devils Tower !, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.


Du déluge au retour du Soleil, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

Intrusion de magma formée au Crétacé lors du soulèvement des Montagnes Rocheuses et initialement recouverte de roches sédimentaires, la Devils Tower (la Tour du Diable) a subi les effets de l'érosion de sorte que ne subsiste de nos jours que la colonne basaltique issue de la poussée de magma. De nos jours, cet exceptionnel orgue de basalte subit à son tour les méfaits de l'érosion. Une légende indienne raconte que des filles sioux cueillaient des fleurs quand elles furent prises en chasse par des ours. Se sentant pris de pitié, un Grand Esprit souleva le sol sous elles. Les ours tombèrent en griffant les parois de longues marques verticales.Une fois que le rocher eut atteint le ciel, les filles furent transformées en étoiles formant l'astérisme des Pléiades

De Devils Tower à Sheridan, © : Google Maps.

Plus que 266 km avant d'arriver à Sheridan  ...


Au pays des cowboys au Mint Bar, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

... où s'impose un (plusieurs) verre(s) au Mint Bar, ouvert tous les jours de 10 h à 2h du matin depuis 1907.

16 août : de Sheridan à Cody

De Sheridan à Little Big Horn, © : Google Maps.

Difficile de passer par Sheridan sans aller visiter, à 115 km au nord, le site de la bataille de Little Bighorn qui vit la déroute des troupes du général Custer et la victoire des indiens cheyennes et sioux.


Little Bighorn, un lieu chargé d'émotion entre mémorial amérindien et américain,
© : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

Cette bataille opposa les 647 hommes du 7ème régiment de cavalerie du lieutenant-colonel George A. Custer à une coalition de Cheyennes et de Sioux. Elle s'est déroulée les 25 et 26 juin 1876, à proximité de la rivière Little Bighorn et constitue l'épisode le plus marquant de la guerre des Black Hills qui se solda par une victoire écrasante des Amérindiens menés par Crazy Horse, le chef sioux Gall et le chef cheyenne Lame White Man. Custer et 267 de ses hommes périrent dans cette bataille. 


De Little Big Horn à Cody, © : Google Maps.

De retour à Sheridan vers 10h15 nous prenons ensuite la direction de Cody avec un premier arrêt près de Lovell à la Big Horn Medicine Wheel.


La Medicine Wheel, © : Thomas Twieg, ORION (Pays de Gex).

Il s'agit d'un cercle de pierres de 26m de diamètre datant du XIIème siècle pour sa partie la plus ancienne. Divisé en 28 segments et présentant de nombreux alignements marquant l’azimut de lever ou coucher de plusieurs étoiles, la Big Horn Medicine Wheel est aussi un lieu de culte pour les populations indiennes. Situé à 3300m d’altitude sur un plateau désolé et balayé par les vents, ce site hors du commun se mérite au prix de 3 km de marche pour y accéder.

Panorama du Devil Canyon, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

Au bord du Devil Canyon, © : Thomas Twieg, ORION (Pays de Gex).

Tout comme pour la visite site de la bataille de Little Bighorn, nous faisons de nouveau une incursion dans l'état du Montana, dans la Bighorn Canyon National Recreation Area où se trouve le Devil Canyon.Point de vue unique sur le défilé creusé dans la montagne par la Bighorn River, il compte au nombre des points d'observation les plus spectaculaires.


Cody, une ville pas comme les autres, © : Thomas Twieg, ORION (Pays de Gex).


Au pays de Buffalo Bill, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

Nous arrivons enfin à Cody, ville haute en couleurs devant son nom au patronyme de son fondateur en 1896 : William Frederick Cody dit Buffalo Bill (1846-1917), dont le surnom (buffalo en anglais) faisait référence fournissait à son activité de fournisseur en viande de bison des employés des chemins de fer Kansas Pacific Railway et qu’il gagna un duel contre Bill Comstock,  tuant 69 bisons contre 48 en une journée. La couleur est annoncée : nous sommes au pays du rodéo. 


Au Cody Nite Rodéo, © : Thomas Twieg, ORION (Pays de Gex).

Cody s'attribue le titre de capitale mondiale du rodéo. Tous les soirs à 20 h le Cody Nite Rodéo est investi sur la piste par les amateurs de joutes et par un public de plusieurs milliers de spectateurs de tous âges dans les gradins, tous fervents promoteurs de l'art de vivre façon cowboy


Bienvenue chez Buffalo Bill, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.


Vers 17 h dans les rues de Cody,
© : Thomas Twieg, ORION (Pays de Gex).

En 1902, Buffalo Bill fit construire l'Hôtel Irma, toujours tenu par ses descendants. Tout y est d'époque et magnifiquement mis en valeur. Le bar est encore de nos jours le saloon le plus visité de la région. Chaque jour à 17h et à côté de l'hôtel des reconstitutions historiques théatrales font revivre le mythe de Buffalo Bill.

17 août : Cody à Yellowstone

De Cody à Tower Roosevelt, © : Google Maps.

Nous abordons le Yellowstone National Park par le nord-est par la Chief Joseph Beartooth Highway. C'est l'une des plus belles routes des Etats Unis. où nous laisserons derrière nous les forêts denses pour aborder un paysage désertique aux saisissants contrastes de couleurs aux abords de la vallée de Lamar.

Au royaume des bisons, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

La vallée de Lamar riche d'une faune variée et abondante est le rendez-vous des observateurs et photographes animaliers. Les bisons y sont légion et les ours non exceptionnels.

Arbre pétrifié à Tower Roosevelt,

Le Calcite Springs Overlook, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

Nous arrivons à la Roosevelt Tower Area à proximité de laquelle serpente la Yellowstone River. A proximité se trouve le Calcite Springs Overlook, falaise de rhyolite altérée et colorée par les vapeurs soufrées, nous offrant par ses fumerolles une entrée en matière au grand spectacle qui va suivre durant les deux prochains jours.

Bisons, trikes pour conducteur à mobilité réduite ... et chasseurs d'éclipses, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

A l'évidence, nous nous rapprochons de la zone d'ombre de l'éclipse et sur les routes encombrées du parc circulent tout type de véhicules.

De Tower Roosevelt au Pahaska Tepee Resort, © : Google Maps.


Tower Fall, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

La route continue par un arrêt à la Tower Fall, la Chute de la Tour haute d'environ 40m devant son nom à la forme des rochers l'entourant. Sous peu, nous arriverons en l'un des paysages les plus beaux du parc ...


L'Artists Point, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

Nommé pour la première fois en 1883 par l'éditeur et photographe Frank Jay Haynes (1853 – 1921) l'Artists Point offre un point de vue unique aux couleurs vives et changeantes sur la Yellowstone River particulièrement peu avant le coucher du Soleil ou peu après son lever. 

Le lac, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

L'heure tourne et il nous faut prendre la direction du Pahaska Tepee Resort via la rive est du lac Yellowstone situé à 2350m d'altitude, plus grand lac de rivière d'Amérique du Nord avec ses 32 X 23 km. 

18 août : Yellowstone


Mud Volcano et la montagne d'obsidiennes, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

Après les superbes paysages, place à ce qui fait du Parc du Yellowstone un endroit unique au monde : l'activité thermale  et volcanique qui y règne. Nous sommes en effet arrivés aux abords d'un volcan dont la caldeira mesure 85 X 45 km. La chambre magmatique située sous cette dernière met son mince couvercle partiellement en fusion sous pression à mesure qu'elle se remplit. Ce dernier s'est élevé de 100cm de 1923 à 1985. Puisse l'attraction combinée du Soleil et de la Lune lors du passage de l'éclipse totale à moins de 150 km ne pas fragiliser un peu plus cette bombe à retardement ne demandant qu'à exploser. 


Mammoth Hot Springs, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

Le "must" de la journée furent les Mammoth Hot Springs, fontaines de carbonate de calcium et d'oxyde de fer façonnées durant des milliers d'années par l'écoulement de l'eau des sources thermales. 


Norris Geyser Basins, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

Sur le chemin du retour au Pahaska Tepee Resort, arrêt aux Norris Geyser Basins situés prés du lac. Le Pahaska Tepee Resort se situe à l'entrée sud-est du parc et a été installé autour du relais de chasse de Buffalo Bill aujourd'hui transformé en musée. 


La Voie Lactée en 30 sec sous 6400 ISO au Fish Eye Zenit de 16 mm ouvert à F/D = 2,8, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

Situé très à distance de toute source de lumière urbaine, la Voie Lactée y est éclatante et l'occasion est rêvée pour faire prendre l'air à nos optiques et montures. 

19 août : Yellowstone à Jackson

Du Pahaska Tepee Resort à Jackson, © : Google Maps.

Annoncée par toutes les prévisions, une perturbation nuageuse arrive et doit perturber le ciel jusqu'au jour de l'éclipse. On envisage dès lors une observation de l'éclipse depuis les seules zones épargnées situées en Oregon, pour certaines à plus de 1000 km au nord-ouest mais pour l'heure, tous souhaitent le moins de nuages possible et la meilleure luminosité au-dessus des merveilles de la journée. 

Après les Mammoth Hot Springs déjà visitées, place aux exceptions du Yellowstone.


La Turquoise Pool, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.
 

Le Midway Geyser Basin est au nombre de ces dernières avec la Turquoise pool aux vapeurs d'environ 65°C de température ...

 

L'Excelsior Geyser, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF. 

... l'Excelsior Geyser dont les eaux à 93°C n'ont pas toujours été calmes puisque avant 1890 il s'agissait d'un geyser très actif culminant à 91m de hauteur devenu source chaude suite à l'effondrement de sa cheminée ...

Le Grand Prismatic, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF. 

.. le Grand Prismatic, la plus grande source chaude américaine avec ses 112m de diamètre, ses 37m de profondeur, ses irisations colorées d'oxyde de fer  et de soufre et ses organismes thermophiles multicolores. Cette marmite brasse plus de 2000l d'eau à 70°C par minute et constitue la plus belle merveille du Yellowstone, à voir absolument d'en haut même si cette vue exceptionnelle n'est offerte qu'au prix d'une marche d'un peu plus d'un kilomètre.


Le Vieux Fidèle, © : Thomas Twieg, ORION (Pays de Gex).

Un peu plus au sud, le Vieux Fidèlepartage avec le Strokkur, geyser islandais, le titre de plus important geyser au monde. Il entre en éruption en moyenne toutes les 88 minutes et constitue l'attraction première d'une zone comptant une trentaine d'autres geysers.

La Black Pool et le Fishing Cone, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF. 

A mesure qu'avance la journée, le ciel s'éclaircit contre toute attente mais le temps passant très vite il faut songer à rejoindre l'étape suivante : Jackson, mais avec un arrêt sur la zone de West Thumb, dont, il y a peu de temps encore, le Fishing Cone permettait aux pêcheurs de faire cuire le poisson ramené dans les filets.

Le théâtre de l'éclipse est en vue, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF. 

A la tombée de la nuit la chaîne du Grand Teton est en vue puis Jackson sous un ciel étoilé avec un imprévu de taille : les panneaux placés en nombre notifiant l'interdiction de s'installer le long des routes et sur les parkings avant 6h du matin le jour de l'éclipse.

20 août : Jackson

A 9h du matin : réunion improvisée devant la réception du motel où nous sommes logés. Mission est donnée à chacun d'aller à la pèche aux informations ou de partir en exploration pour tenter de trouver la perle rare : un endroit pouvant accueillir l'ensemble du groupe mais permettant à quelques uns de passer la nuit sur site pour pouvoir accueillir le lendemain l'ensemble du groupe sur place. Dès lors, les prévisions météorologiques sont catégoriques : inutile de s'éloigner de Jackson au risque de rencontrer dans certaines régions de l'Orégon les fumées des incendies de forêt mais aussi une totalité plus courte et plus basse sur l'horizon. 


De Jackson au Ntional Elk Refuge,
© : Google Maps.

Nouvelle réunion à 14h et il semble que Jean Paul et Marie Noëlle Guittard ont découvert cette perle rare à environ 2km au sud de la ligne de centralité : un coin de nature sauvage situé en bout de piste situé en pleine nature et où ils ont pu accéder avec leur Mustang, donc, un site accessible à tous les autres véhicules du groupe. 


Premier contact avec le National Elk Refuge,
© : Thomas Twieg, ORION (Pays de Gex).

C'est décidé : ce sera à cet endroit. Il est 15h30 et nous n'y sommes déjà pas seuls. Nous y laissons trois voitures pour délimiter notre zone et retournons à Jackson. 


Le National Elk Refuge by night,
© : Thomas Twieg, ORION (Pays de Gex).

De retour à la tombée de la nuit et comme chaque soir, nous sommes accueillis par un ciel couvert de nuages d'altitude. Connaissant la prévision du lendemain cela ne nous empèche pas de vivre une nuit de plus en plus festive où au fil des heures la température va diminuer, tout comme la crainte de nous voir déloger par les rangers que nous voyons passer à peu près toutes les deux heures. Seule inconnue restant à dissiper : que deviendront ces nuages demain matin ? 

21 août : Jackson : 

Les derniers nuages filent vers le sud-est, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF. 

Il en reste un peu vers le nord mais tout à disparu vers 9h du matin. Place donc au grand ciel bleu quasi coronal annoncé.

Collaboration "am-am" autour d'une éclipse totale


Un des téléobjectifs de 500mm, © : Thomas Twieg, ORION (Pays de Gex).


Avant la diffusion des lunettes H alpha on utilisait des focales d'environ 1m pour détailler la chromosphère, les protubérances et la basse et moyenne couronne. Les techniques photohgraphiques ne permettaient pas de poser "court" sur la couronne externe. Entre la couronne à 3 diamètres solaires et la couronne au niveau de la chromosphère, le gradient de brillance est de l'ordre de 1 pour 4000. De plus, les détails de la couronne externe sont très faiblement contrastés. Il faut donc beaucoup d'images pour en faire ressortir les détails sans montée du bruit de fond. Il faut donc utiliser des APN permettant ce grand nombre d'images sans montée significative du bruit de fond du fait de l'augmentation de sensibilité et sur le plus grand champ possible. Le seul APN en mesure de répondre à ces exigences est le Sony Alpha 7s


L'éclipse en 80 images, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

Cette première série assemble 80 images exposées entre 1/8000ème de sec et 1/20ème de sec en 100ISO et 1/20ème de sec de 100 à 2000ISO, couvrant ainsi un gradient de brillance de 1 pour 8000. L'ensemble a été réalisé avec un téléobjectif MTO500 de 500mm de focale ouvert à F/D=6,3. Chaque image a fait l'objet d'un triple gradient rotationnel de 10°, 5° et 2° et une déconvolution de l'ensemble par l'algorythme PM-NAFE. Seule limite du Sony Alpha 7s : la dimension de ses pixels de 8,9µm soit seulement 12,2 mégapixels pour une image plein format 24x36mm.

L'éclipse en 27 images, © : Christian Gros.

La seconde série assemble 27 images exposées en 100ISO réalisées avec un APN Nikon D 7100 et un téléobjectif Nikon de 500mm de focale ouvert à F/D=7,1. Le Nikon D7100est équipé d'un capteur APS-C de 15 X 22mm mais comptant 24 mégapixels bien plus performant que l'Alpha 7s pour échantillonner sur la zone centrale mais incapable d'aller chercher la couronne externe avec 500mm de focale. Chaque image a fait l'objet du même traitement que les 80 images précédentes. Elles ont été réalisées depuis Driggs en Idaho, ville située à seulemnet 35km au nord-est du National Elk Refuge.


L'éclipse en 107 images, © : Philippe Morel et Christian Gros.

Reste à assembler les deux images pour obtenir le meilleur des deux séries en une seule image
, preuve que désormais il est possible de jouer à plusieurs sur une même cible pour en améliorer le résultat en imagerie et cela est particulièrement important en imagerie de couronne solaire où ce qui importe le plus est le nombre de bonnes images. Le temps disponible étant très compté, plus il y aura de bons preneurs de vues autour d'une même image finale et plus extraordinaire sera le résultat final ... et plus le temps de traitement sera allongé.




La totalité de l'éclipse résumée en images et à son exacte durée par les participants au voyage Astro Club de France au son du final de la Symphonie Ecossaise de Felix Mendelssohn Bartholdy (.avi de 16  Mo).


L'éclipse magnifiée par Valère Leroy (version WMV de 213M0)

L'éclipse dans ASTROSURF MAGAZINE n°89 :




La version papier du récit astronomique de cette mission est parue dans
Astrosurf Magazine n°89, novembre décembre 2017.

22 août : Jackson à Salt Lake City


De Jackson aux cratères de la Lune, © : Google Maps.

Longue étape d'environ 700km en ce dernier jour complet du voyage avec une courte étape en Idaho sur le site des cratères de la Lune ... qui n'ont d'ailleurs rien de lunaires car il s'agit de formations volcaniques et non d'impacts. Nous sommes en pleine zone désertique. Cette visite sera d'une courte durée car tous les centres d'intérêt de la zone sont inaccessibles en raison de l'affluence exceptionnelle post éclipse.

Les cratères de la Lune, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

Ce site rappelle que l'ensemble de la zone est instable et que le volcanisme n'est pas réservé qu'au seul parc du Yellowstone. Ce champ de lave est spectaculaire mais rien à voir avec la majesté des volcans hawaïens ou islandais. Cette visite ayant été ultra rapide, reste un peu de temps pour flaner sur la suite du chemin et le seul nom d'Atomic City attise notre curiosité.


Atomic City et son bar haut en couleurs ..., © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

Cette zone désertique est aussi l'une des plus secrète du pays car depuis la fin des années 1940 s'y trouvent les centres d'essais nucléaires. Les premières installations ont attiré nombre d'habitants à Atomic City, village ne comptant plus que 19 habitants dont l'un d'entre eux tient le bar. Autant dire qu'en entrant dans cet établissement c'est la véritable Amérique qui nous accueille.

Au coeur des véritables Etats Unis d'Amérique, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

Une Amérique avide d'ouverture vers celui qui venu de loin passe par ce coin de désert où plus rien ne semble attirer les autochtones eux mêmes venus de fort loin. Le bar d'Atomic City, c'est l'apologie du décalage par rapport à ce que pensent nos compatriotes n'ayant jamais mis un pied outre Atlantique de l'"american way of life". Chaque voyageur de passage est invité à signer un billet d'un dollar que le patron agrafe ensuite derrière le comptoir.


D'Atomic City à Salt Lake City,
© : Google Maps.

Après cet arrêt un peu plus long que prévu il faut maintenant rejoindre Salt Lake City au plus vite car à 21h30 nous sommes attendus au Stansbury Park Observatory.


Réfracteur de 200mm, Cassegrain de 400mm et Newton de 810mm de diamètre
, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

Nous sommes acceuillis à 25km au nord-ouest de Salt Lake City à l'observatoire de la Salt Lake Astronomical Society par Rodger C. Fry, son président. Cette association compte environ 250 membres dont une cinquantaine mobilisables à chaque manifestation publique autour des instruments "historiques" de l'observatoire situé dans un parc public à distance relative des lumières de l'agglomération. Dans cette partie se trouve sous la coupole du Donna Pease Wiggins observatory le Bogdan refractor : une lunette équatoriale Brandt de 200 mm de diamètre, et dans les abris de l'Harmons observatory le Ealing telescope : un Cassegrain équatorial de 400 mm de diamètre et le Grim telescope : un rélecteur photographique de 810 mm de diamètre dont l'optique a été réalisée par les membres de l'association. Ces observatoires et instruments portent bien-sûr le nom de leurs donateurs. 

                                                             

                                                        Rodger C. Fry et le Clement telescope, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

Un peu à l'écart se trouve une terrasse circulaire d'environ 10m de diamètre ; aire de jeu du dernier né entreposé dans un hangar dimensionné à ses proportions de géant. Il s'agit du Clement telescope qui est aussi, avec ses 1700 mm de diamètre, le plus grand télescope d'amateur au monde. Assemblé autour d'une optique récupérée de la NASA, ce Newton de 10625 mm de focale a tout d'une exception car sa focale est repliée de près de la moitié de sa distance au moyen d'un miroir plan d'environ 800 mm de diamètre envoyant le plan focal à l'extérieur du tube mais en direction du miroir primaire. Le tube est constitué d'une triangulation horizontale et verticale. Cet ensemble mécanique a été réalisé par un membre de l'association, conducteur de camions de profession.

23 août : de Salt Lake City à Antelope Island

                                                     
                                                                       De Salt Lake City à Antelope Island, © : Google Maps.

Au nord de Salt Lake City se trouve le Grand lac salé auquel la ville doit son nom. S'y trouve Antelope Island, une île d'une superficie de 109 km² qui est aussi la plus grande réserve de bisons de l'Utah. S'y est installé en 1848 le Fielding Garr Ranch aujourd'hui transformé en musée. 

                                 
                                                                          Antelope Island
, © : Philippe Morel, ACF/ObsCF.

On se rend à Antelope Island pour la beauté des paysages ; le Grand Lac Salé constituant un gigantesque miroir aux reflets irrisés. Un dernier au-revoir à ce rêve de 17 jours sera un panorama sur ce même lac peu après le décollage.

                                                             

                         


A suivre avec l'Astro Club de France au Chili et en Argentine pour l'éclipse totale de Soleil du 2 juillet 2019 ...

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