Le passage de VENUS devant le soleil

Mardi 8 juin 2004

(Données et conseils de sécurité)

 

 

 

I.) Introduction :

 

    Alors que le passage ou ‘transit’ de Mercure  devant le Soleil se reproduit 13 à 14 fois par siècle, celui de Vénus possède une fréquence rarissime. Dans les deux cas, il s’agit  d’une minuscule éclipse, où la planète masque une part infime, de la surface de l’astre du jour. L’occasion nous en sera offerte,  le mardi 8 juin  2004 entre 7 h 20 et 13 h 24 selon l’heure légale d’été  soit  ( TU + 2 h ) .

    Les  lois de la mécanique céleste reproduisent ces rencontres tous les 105,5 ans et 8 ans, puis 121,5 ans et 8 ans. Ensuite on reprend cette pseudo périodicité, qui au total sur 243 ans, conduit à des passages presque similaires.. ce qui représente la vraie périodicité du phénomène.

    Ce prochain passage, suit celui du 6 décembre 1882 et précède du celui  6 juin 2012 dont la France ne verra que la fin au petit matin…. C’est donc l’occasion d’observer un phénomène rare, qui depuis le 18 ème siècle a donné lieu à des expéditions lointaines et parfois périlleuses.

 

 

 

 

 

 

II.) Mesurer une durée est plus facile que de mesurer des angles :

 

    En effet dès  1691, E. Halley, décrit une méthode nouvelle, de mesure de la distance de la  Terre au  Soleil. Elle s’appuie sur le chronométrage de la durée totale du passage de Vénus devant notre étoile , pour des observateurs aussi éloignés que possible, sur le globe terrestre. ( Voir schéma ci dessous  de P. Causeret, et documents sur le site du CLEA cité en référence).

    Ainsi les passages de 1761 et 1769 puis 1874 et 1882, ont conduit des astronomes de part le monde, au service de cette méthode. La distance Terre-Soleil étant connue, celle des autres planètes l’est aussi grâce à la troisième loi de Képler…

 

 

 

 

 © CLEA

 

 

 

 

 

III.) Les méthodes d’observation

 

    Observer le passage de Mercure ou de Vénus devant le Soleil, c’est d’abord observer le Soleil, avec toutes les précautions visuelles qui s’imposent, avec ou sans instrument.

    Se reporter aux textes officiels  parus lors de l’éclipse totale de Soleil de 1999 :  http://www.sante.gouv.fr/htm/actu/34_990407.htm

 

RAPPEL: il faut S’INTERDIRE les minuscules filtres,  notés (SUN), qui sont généralement vendus avec les petits appareils du commerce et que l’on  visse sur les oculaires. Placés tout près de l’image solaire que donne l’objectif, ils risquent d’éclater subitement en exposant l’œil à de graves brûlures rétiniennes irréversibles et ceci sans la moindre sensation de douleur!.

 

 

        1 – sans instrument

 

    Le diamètre apparent de Vénus, le 8 juin prochain sera tel, qu’il se situe juste au seuil de l’acuité visuelle d’un œil humain qualifié de normal. C’est une occasion de tester ce critère visuel, dans la matinée du 8 juin, à condition de placer devant ses yeux un écran filtrant ne laissant passer que 1/100  000 de la lumière solaire.

    Le verre de soudeur de grade 14 ( pas au dessous ) constitue le filtre idéal garanti à vie. C’est le moment de contacter des spécialistes en soudure industrielle, pour qu’ils vous procurent ces précieux filtres, portant la norme EN/ 169 : 1992.

    On déconseille fortement les lunettes distribuées lors de la dernière éclipse totale de Soleil, car non garanties dans la durée.

    Des écrans filtrants fabriqués à l’occasion de ce passage,  sont conformes à la norme européenne 89/686/CEE, s’ils sont certifiés par le symbole CE ; ils seront diffusés avec certaines revues d’astronomie.

 

 

        2 – avec instruments et par projection : ( budget croissant)

 

                a – Le solarscope

 

    Ce dispositif simple, en forme de caisse mobile sur son socle, constitue un moyen efficace et sûr, pour projeter aisément le phénomène.    

    On peut même photographier, l’image du Soleil sur l’écran. Conçu à l’Observatoire de Nice*, cet appareil orignal, permettra par la suite de s’intéresser aux taches solaires dont on peut suivre l’évolution au fil du temps.

 

 

                b– lunettes et télescopes de petits diamètres  

 

    La planète Vénus, de taille et de masse comparables à celles de la Terre, bien que légèrement inférieures, est un astre assez facile à observer. Galilée en 1610, fut le premier à voir des phases comme la Lune en présente, même avec les modestes lunettes de l’époque.

 

    La méthode classique de projection du Soleil sur un écran, avec l’aide d’une lunette ou d’un télescope, offre une observation collective très appréciée. Cette méthode simple, demande pour l’occasion, à être optimisée pour avoir une chance de voir une jolie tache noire défiler devant le Soleil. La planète aura un diamètre angulaire  de 58’’ d’arc soit environ 1/30 ème du diamètre angulaire  solaire. Sur une image projetée du Soleil ayant 90 mm de diamètre, Vénus  apparaîtra donc comme un disque de presque 3 mm de diamètre. Pour améliorer le contraste, on aura pris soin de placer un grand carton juste percé d’un passage pour l’objectif de la lunette. Ainsi l’image du Soleil sera dans une zone de pénombre plus confortable pour l’œil .

    On opèrera de même  avec un télescope de type Newton, en aménageant un espace assombri autour de l’image projetée, celle-ci étant obligatoirement, d’après la nature du télescope, renvoyée dans une direction à 90° de celle du Soleil. Ce type de télescope est le seul qui convienne, car le tube est ouvert : il ne possède pas de lame de fermeture et permet des échanges thermiques avec l’extérieur. De plus on aura pris soin de travailler en ouverture réduite, avec un oculaire de focale 1 à 2 cm avec intérieur métallique.

 

    Afin d’obtenir une image très agrandie du Soleil, allant jusqu’à 70 cm de diamètre, voire 100 cm, on peut utiliser une méthode encore plus intéressante. Elle consiste à  ne faire sortir d’une fenêtre, d’un local fortement assombri par rideaux ou système de volets, que l’objectif d’une lunette. Chacune de ces techniques aura été testée bien à l’avance pour être fin prêt. Il en est de même pour les autres recommandations qui suivent.

    Dans tous les cas on choisira un oculaire d’initiation de type «  Huygens » avec intérieur en laiton et non en matière plastique.

 

 

        3 - avec un filtre au  1 / 100 000 en transmission,  bien  fixé  devant l’objectif

 

                a - observation classique individuelle avec une lunette astronomique ou un télescope:

 

    Si on dispose d’un tel filtre pleine ouverture, et en pratiquant un grossissement raisonnable proche du grossissement résolvant, on profitera d’une image bien contrastée, révélant tous les fins  détails accessibles à l’œil. Ces filtres visuels sont disponibles pour chaque type d’instrument, chez les revendeurs de matériel astronomique. Cet investissement assure sécurité pour l’ oeil et qualité des images pour des années. De plus, cette disposition évite tout risque d’échauffement à l’intérieur de l’instrument. On opère ainsi avec l’esprit tranquille.

 

 

                b  -  imagerie vidéo collective avec une lunette astronomique ou un télescope:

 

    Avec un caméscope on filmera, de très près, derrière un oculaire de grande focale, en disposant un raccord opaque entre les deux instruments. Le caméscope permet de filmer et d’envoyer une image sur un écran géant via un vidéo projecteur par exemple.

    Pour la webcam, il faut disposer d’un modèle** avec raccord spécifique se vissant à la place de son objectif. L’ ensemble est placé au foyer de l’instrument équipé, bien évidemment,  de son  filtre pleine ouverture en entrée . Le tout sera relié à un ordinateur pour l’ acquisition et le relais des images sur écran. Compte tenu de la taille du capteur, cette nouvelle  technique ne restituera qu’une partie du Soleil avec la planète  Vénus  qui défilera lentement. L’idéal est  de travailler avec une focale courte de 30 à 50 cm.  Pour des questions de visée, il est presque indispensable dans ce cas,  d’avoir une monture équatoriale motorisée offrant des réglages fins.

 

 

 

 

IV.) La matinée du Mardi 8 juin 2004 de 7 h 20 à 13 h 24¤ soit  de 1 à 4 sur la figure  1)

 

 

- Une matinée à ne pas manquer sur un horizon Est dégagé. -  ( s’il fait beau ) -

       

-Fig. 1,2,3, Astronomie hors série 2003, SAF, 3 rue Beethoven,  75016 Paris

 

    En heure légale d’été soit le Temps Universel + 2 heures, des figures 2 et 3. L’entrée de 1 à 2,  demande près de 20 minutes ; idem pour la sortie de 3 à 4. ( voir figure 1)

 

 

Roger Marical - Observatoire de Rouen – Professeur Ressource -