Apparition 2010 Note n°4 Surveillez la réanimation de la SEB... |
L'opposition 2010 est à présent passée, et les astronomes sont toujours en attente de la réapparition de la Bande équatoriale sud de Jupiter (SEB). Rappelons que depuis l'hiver dernier, la SEB est partiellement recouverte de nuages blancs, qui se sont condensés par-dessus les habituels nuages bruns et qui les masquent. La bande se réanimera par une reprise violente des mouvements de convection qui sont ceux normalement visibles dans chaque bande de Jupiter (lire le bilan 2009 pour plus d'info). Cette note a pour objet de préciser quel est le phénomène qu'il faut s'attendre à voir, et où il faut le chercher... Actuellement, la bande est cachée depuis environ 6 mois, si l'on compte depuis avril (l'évanescence dure plusieurs mois et le début est nécessairement imprécis). Ce délai commence à être assez conséquent, mais il pourrait être plus long. L'historique des durées de cette phase du cycle d'activité de la SEB est le suivant : -
1969 : deux ans de délai (réanimation juin 1971) Si l'on excepte la réanimation atypique de 2007, l'historique montre qu'un délai de 6 mois semble un grand minimum, mais qu'une attente supérieure à une année est fréquente. Autrement dit, la probabilité que le phénomène commence durant la deuxième partie de l'apparition 2010 (octobre - février 2011) est assez bonne, mais il y a hélas un vrai risque de voir la bande se réanimer durant la conjonction solaire 2011. Le cumulonimbus précurseur... La réanimation de la bande commence par un phénomène précis et immanquable : une tache blanche, petite et brillante, dans la moitié sud de la SEB, à 17° de latitude sud exactement. Cette tache, sur le "terrain" est un énorme cumulonimbus qui trahit la reprise de mouvements convectifs en provenance de la couche profonde de nuages de vapeur d'eau. Cette éruption constituera une "source" de plusieurs semaines d'activité qui entraînera la formation de perturbations importantes, qui réactiveront la bande entière en quelques mois (nous verrons le détail lorsque cela débutera !). Au bout de quelques heures, l'éruption se présente souvent sous la forme d'une colonne oblique brillante, traversant la largeur de la SEB, accompagnée d'une colonne sombre parallèle. Ci-dessous, l'étoile rouge indique l'emplacement en latitude de l'endroit où apparaîtra cette tache (la longitude est évidemment fictive, par contre... !). Image de Marc Stemmelin du 7 octobre 2010. Les figures ci-dessous montrent quelques images historiques des dernières réanimations "classiques" (à l'exception de celle de 1990 qui a débuté quand la planète était hors de vue).
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Des barges à surveiller ? Si la latitude d'apparition de la tache brillante est connue, sa longitude semble relever du pur hasard(1). Toutefois, la section Jupiter de la BAA évoque depuis 2007 une nouvelle théorie, qui fait des barges de la SEB les sources potentielles des éruptions de la bande. Les "barges" sont des cellules dépressionnaires brun sombre qui apparaissent en phase d'arrêt de l'activité de la bande, comme en 2009. Or, nous avons deux exemples détaillés où une éruption est née directement au sein d'une de ces barges. Le premier est une éruption de mi-SEB (caractéristique toutefois des phases actives de la bande), qui a été détectée par la sonde Voyager 1 en février 1979. L'exemple est détaillé dans le livre de John Rogers (2) mais nous n'avons pas de documents web à publier. Le deuxième nous intéresse plus directement car il concerne la réanimation atypique de 2007 : détectée par Christopher Go en mai de cette année-là, elle apparaît comme un point brillant dans une des barges.
En 2010, on ne voit plus de barges dans la SEB. Certaines de celles apparues en 2009 sont cependant toujours présentes, sous la couverture nuageuse blanche. Leur présence est trahie principalement par une tache bleue sur leur bord nord-précédent (en bas à gauche si le sud est en haut), qui est vraisemblablement une conséquence locale de circulation autour de la barge. Ces endroits sont à surveiller car en vertu du précédent de 2007, c'est là que pourrait apparaître notre cumulonimbus...
Lectures supplémentaires... "Spots in Jupiter'SEB", note de juillet 2010 de la BAA Interim report : southern hemisphere : rapport intermédiaire de la BAA (1) Une vieille théorie toutefois a longtemps été évoquée, celle des "sources Reese". Reese était directeur de la section Jupiter de la BAA ; il pensait avoir remarqué que toutes les éruptions de la SEB débutaient au-dessus de trois longitudes (A, B, C) dont la caractéristique était d'être fixes en système III, indiquant l'existence possible de "sources" permanentes en profondeur (des volcans ?). Le recul que nous possédons aujourd'hui ne semble pas valider cette théorie. (2) The Giant Planet Jupiter, Cambridge university, 1995. Chp 10 p. 187 |