Astronomie en Crau,
Mir et ISS
Le 24 février 2001, vers 19H27 heure locale, les stations Mir et ISS ont été visibles simultanément, dans la région d'Orion.
En ce 24 février 2001, les jours de la station
orbitale Mir sont comptés.
Dans moins d'un mois, elle doit être désorbitée et terminer sa course dans l'océan
pacifique.
Et voila que le hasard a voulu qu'elle nous donne un bien joli spectacle, en compagnie de
l'ISS, la station internationale, en venant passer ensembles, à la même heure, dans la
même région du ciel.
Mir et ISS, deux stations
suivies quotidiennement.
Le 13 février 2001, un amateur a réussi à photographier la station
internationale ISS avec un télescope de 90mm de diamètre, modèle ETX90.
Alors depuis ce jour-là, je fais des essais de prises de vue de Mir et d'ISS avec ma
Webcam. Les essais ont tous été décevants, mais à chaque passage de l'une des
stations, de nouveaux réglages sont testés. Compte tenu des petites variations
inévitables des paramètres orbitaux (TLE), il n'est pas possible de faire des
prévisions de visibilité très longtemps à l'avance. Ce n'est pas un problème puisque
avec Internet on peut être tenu au courrant des heures de passages.
Ces horaires sont donc précieux et déterminent le calendrier des tentatives suivantes.
Revenons au 23 février
au soir, veille du spectacle.
Comme d'habitude, en rentrant le soir, lecture de mon courrier électronique.
C'est à la lecture des messages de la Liste Alphonse que je vais apprendre qu'un grand spectacle est prévu
pour le lendemain.
Deux messages SUPERQUID ISS et SUPERQUID MIR que je reçois régulièrement
m'informent des opportunités d'observations les stations ISS et MIR.
Ces messages sont personnalisés, donnés en temps universel :
Pour ISS :
Etienne Simian +43d38m 4
d 50 m Est
23/ 2/2001 17h51m Azimut: Est Haut.:
41
24/ 2/2001 18h27m Azimut: Sud
Haut.: 36
Pour Mir :
Etienne Simian +43d38m 4
d 50 m Est
23/ 2/2001 18h29m Azimut: Sud-Sud-Est Haut.: 24
24/ 2/2001 18h28m Azimut: Sud-Sud-Ouest
Haut.: 29
24/ 2/2001 18h29m Azimut: Sud-Est
Haut.: 50
Pour le lendemain, 24 février vers 18h30 TU,
les passages sont très rapprochés dans le temps, il va falloir choisir la cible.
Cette coïncidence n'est pas passée inaperçue, et dans un autre message reçu en même
temps, la question est clairement posée:
Les 2 stations en simultané ?
Je suppose que tout le sud est de la France pourra voir cela?
Des paramètres orbitaux très récents des deux stations avaient été fournis par Alphonse Pouplier .
ISS 20.0
4.0 0.0 2.0 d 70 388 x
375 km
1 25544U 98067A 01053.34340278 .00023552 00000-0 26777-3 0
6806
2 25544 51.5745 308.1129 0009765 126.0038 31.4116 15.62136854129133
Mir Complex 32.7 4.2 0.0 1.6 v 384
283 x 264 km
1 16609U 86017A 01053.35292824 .00206374 29029-4 38726-3 0
5935
2 16609 51.6415 45.5545 0014547 38.5222 124.9121 16.00263128858658
Une étude plus détaillée de ces passages donne la réponse.
Trace au sol
Les trajectoires des deux stations sont très
différentes. Peu après 19h, heure française, Mir survole le Brésil et ISS est
au-dessus du Canada. Mais 20 minutes plus tard, leurs trajectoires se recoupent au-dessus
des îles Baléares, sensiblement à la même heure.
De tels croisements ne sont pas exceptionnels, mais rarement observables en France.
Il faut que plusieurs conditions soient remplies :
- Le rapprochement doit avoir lieu à quelques centaines de kilomètres au maximum de
l'observateur.
- Le rapprochement doit se faire pendant la période de visibilité des satellites. Le
soleil doit être couché pour qu'il fasse suffisamment sombre, au moins 4° sous
l'horizon, mais il ne doit pas être trop bas pour que les satellites soient encore
éclairés pour être visibles.
- Enfin il faut un ciel dégagé.
Carte du ciel
Sur la carte du ciel, les positions sont
indiquées toutes les 15 secondes.
Les traits rouges représentent les trajectoires des deux stations.
Cette carte a été faite pour Saint-Martin de Crau, à 50 km au nord de Marseille.
La position des stations sur le fond du ciel dépend de la situation géographique de
l'observateur.
Un examen rapide de la carte montre que les
deux stations seront à la même hauteur vers 19h27, dans une même région du ciel !
Plus question de faire des essais de WebCam, l'observation sera visuelle.
L'information est diffusée sur la liste Météoros, spécialisée dans les phénomènes
astronomiques rares ou curieux, et les cartes sont mises à la disposition des curieux sur
plusieurs listes astros.
Reste la troisième condition : La météo. Et d'après les prévisions, ce n'est pas
gagné.
24 février 2001, le grand
Jour.
Les prévisions météo sont formelles :
temps couvert, et possibilité d'un ciel dégagé le soir avec le renforcement du Mistral
et de la tramontane. Les chances de voir quelque chose sont faibles.
Au cours de la journée, le temps est couvert et rien ne laisse prévoir une
amélioration.
18h, un éclaircissement du ciel vers l'ouest laisse entrevoir un espoir d'observation.
18h30, je suis parti en Crau, histoire de m'éloigner des lumières et
pouvoir prendre le temps de me préparer dans le calme et le silence.
Le ciel est couvert, mais on voit Vénus de temps en temps, entre deux nuages, rien de
plus. La situation semble désespérée.
A partir de 19h, ça se dégage un peu, on entrevoit Rigel, Jupiter et Saturne, l'espoir
renaît.
19h15, c'est bien dégagé, les nuages vont vers le sud, on voit des éclairs au-dessus de
l'horizon.
19h20, Orion est bien visible avec M42 sa fameuse nébuleuse, aux jumelles. De nombreuses
étoiles sont visibles, pourvu que ça dure...
19h24, le spectacle va
pouvoir commencer.
Vénus est étincelante, la tension monte!
ISS est la première à entrer en scène, en passant au-dessus de Vénus, magnifique,
comme d'habitude. Elle traverse une partie du ciel, en direction d'Orion.
Mais où est donc Mir?
Et bien justement le voila, qui vient de derrière les nuages, bas sur l'horizon. Il
monte très vite vers l'est en direction d'Orion, comme prévu.
Les deux stations sont visibles en même temps, ce qui permet de bien voir leur
différence d'éclat.
Puis elles se sont éloignées, chacune de son côté...
Un passage d'anthologie.
Pour garder un souvenir de ce double passage,
un appareil photo été placé en direction de la zone d'intersection des trajectoires.
Une pose de 4 minutes a suffit pour que les deux stations laissent un témoignage de leurs
passages sur la pellicule. Le film a été partiellement voilé au cours du développement
mais la trace des passages est visible.
En haut à gauche, on reconnaît facilement la constellation d'Orion.
Les deux stations se déplacent de droite à gauche.
Mir vient d'en bas et ISS d'en haut.
Une fois encore, les prévisions fournies
par Alphonse Pouplier ont
fait merveille.
A 20h, le ciel est parfaitement dégagé pour une belle soirée d'observation.
Menu sans cadre Page d'accueil
Dernière mise à jour : 12/03/01