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L'OEIL EN ASTRONOMIE
INTRODUCTION
Tout astronome amateur possède un instrument que l'on peut qualifier de « base » et qu'il méconnaît bien souvent : l'oeil. Et, si l'on y regarde de plus près, on se rend compte que c'est notre premier instrument d'observation. En effet, que l'on regarde dans des jumelles, une lunette ou un télescope et même si l'on fait de l'imagerie, on utilise toujours notre oeil pour s'en mettre plein la vue !!!
CONSTITUTION
Pas de panique, même si cette figure paraît compliquée, elle ne représente que la constitution physiologique de l’œil.

L'un des points important est la rétine. Située au fond de l’œil, elle permet la formation des images via le nerf optique qui achemine les informations au cerveau. La rétine est tapissée de cellules qui sont particulièrement serrées au niveau de la fovéa. L'image qui se forme sur la fovéa est nette, autour de cette zone, elle est floue. La fovéa a un diamètre d'environ 200 µm.

Le cristallin quant à lui permet de focaliser l'image sur la rétine de la même manière que lorsque l'on règle un instrument astronomique à notre vue.

En astronomie, un paramètre nous intéresse particulièrement, c'est la pupille ou plutôt son diamètre. Celui-ci varie en fonction de la luminosité de l'objet observé. Il est d'environ 1 mm en pleine lumière et peut aller jusqu'à 4/5 mm pour un sujet standard et même 6/7 mm pour les plus jeunes d'entre nous. En astronomie, le sujet étant peu lumineux, la pupille sera dilatée au maximum.

LE CHAMP VISUEL
Il en existe 3 différents :

1. Champ total fixe : il correspond au champ perçu par un oeil fixe, il est très grand d'où l'emploi en astronomie d'oculaires à grand champ (environ 150°).

2. Champ de vision nette fixe : il correspond pour un oeil fixe au champ de vison perçu par la fovéa, il est d'environ 1°. Il est intéressant d'avoir cette valeur en tête lorsque l'on place son oeil derrière un oculaire. Si le champ de celui-ci est grand, il faut se promener dessus pour voir un objet étendu de manière nette.

3. Champ de vision nette totale : c'est le champ que peut examiner l’œil par rotation dans son orbite, il est d'environ 40 à 50°. Donc, en théorie, un champ plus grand dans un oculaire ne sert à rien. Mais rien ne vous empêche de tourner légèrement la tête pour augmenter cet angle. Pour les oculaires grand champ, je vous laisse apprécier, moi j'aime bien sur les objets du ciel profond.

Si vous essayez la gamme d'oculaires Ethos de Televue (100° de champ) vous vous rendrez compte que le spectacle est au rendz vous car il devient difficile de discerner les bords de l'oculaire d'où une impression d'immersion dans le ciel.

L'ACCOMODATION
L’œil est un formidable instrument, la mise au point s'effectue toute seule, pas de molette à tourner pour voir quelque chose. Au repos, l’œil effectue la mise au point sur l'infini, au maximum et sans fatiguer les muscles, pour un oeil normal, la mise au point peut se faire jusqu'à 25 cm. En dessous de cette distance, les muscles travaillent beaucoup pour accommoder et se fatiguent donc vite. Dans un instrument astronomique, on projette l'image à l'infini pour qu'elle puisse être récupérée par l’œil au repos.

Et voici tout naturellement ( même si ce n'est pas le plus sympathique), les défauts d'accommodation de l’œil.

1. La myopie : C'est en fait l’œil qui est trop convergent. Les objets situés loin sont flous ( on imite alors la taupe). Pas de problème en astronomie, on veillera seulement à refaire la mise au point lorsque l'on passe derrière quelqu'un pour avoir une image nette.

L'image se forme en avant de la rétine : vision de loin floue

2. L'hypermétropie : là, c'est l'inverse, l’œil n'est pas assez convergent, les objets situés trop près seront donc flous. Les objets situés à l'infini seront vus nettes si l’œil accommode légèrement. Toujours pas de problème en astronomie, une bonne mise au point et le tour est joué.

l'image se forme en arrière de la rétine : vision de près floue

3. La presbytie : c'est un problème lié à l'age. Les objets situés au loin sont flous ainsi que ceux situés près de la personne, alors là ??? ( dites docteur c'est normal que je ne voie que de 1 à 2 mètres ?). C'est simplement un cumulatif des 2 défauts précédents, on arrivera donc toujours à obtenir une image nette dans un instrument astronomique.

vision de loin bonne : l'image se forme sur la rétine
vision de près floue : l'image se forme à l'arrière de la rétine

4. L'astigmatisme : C'est un problème de révolution de l’œil. Alors là, on peut toujours faire la mise au point mais il est essentiel de garder ses lunettes pour avoir une image nette dans un instrument astronomique. Un point apparaît en fait comme une petite ligne.

l'image se forme en arrière et en avant de la rétine : vision de près et de loin floue
LE POUVOIR SEPARATEUR
En astronomie, ce paramètre est très important. Il permet de savoir si un détail sera visible ou non. En pratique, le pouvoir séparateur de l’œil est d'environ 1 minute d'arc ( soit 1/60ème de degré). Attention, ceci est un ordre d'idée. En effet, le pouvoir séparateur dépend de la forme des détails, de la couleur, de la luminance des objets ( l’œil a une dynamique de plus de 100 000), du contraste, du rayon de la pupille( plus il est grand plus le pouvoir séparateur est important), de la fatigue,...

Il faut distinguer le pouvoir séparateur du pouvoir de perception qui est l'aptitude de l’œil à déceler un objet ponctuel. En effet l’œil voit des étoiles qui ont un diamètre apparent bien inférieur à la minute d'arc. Le pouvoir de perception dépend de la luminance de l'objet et du contraste entre l'objet et son environnement ( le pouvoir de perception est meilleur avec un environnement sombre : c'est souvent le cas en astronomie).

LA VISION DIURNE ET NOCTURNE
On observe plusieurs choses sur cette figure.

La première est que suivant la longueur d'onde (= la couleur), l’œil n'a pas la même sensibilité.

De plus, suivant que l'on regarde un objet de jour ( fort éclairement) ou de nuit ( faible éclairement), le pic de sensibilité n'est pas situé au même endroit. Le maximum se situe à 555 nm ( jaune vert) le jour et à 505 nm (vert) la nuit (proche de la raie OIII). Ceci vient du fait que la rétine est formée de cônes (6.5 millions)et de bâtonnets (125 millions).

Les cônes ( 2.5 µm de diamètre) sont principalement utilisés le jour, sont très sensibles à la couleur et sont disposés principalement au centre, les bâtonnets sont utilisés pour la vision nocturne est sont plus denses en pourtour de rétine. Les bâtonnets sont très sensibles à l'éclairement mais restituent mal les couleurs ( la nuit tous les chats sont gris ; détection d'une bougie à 27 km).

Il existe un troisième mode de fonctionnement de l’œil dit vision mésopique ( photopique pour le jour, scotopique pour la nuit) qui est en fait un mélange de la vison diurne et nocturne.

C'est cette spécificité qui fait que grace aux gros télescopes, on arrive a exciter note vison diurne et donc a percevoir des couleurs.

L'OEIL APPLIQUE EN ASTRONOMIE
L'acclimatation de l'oeil ?
La vision de jour est quasi instantanée ( passer d'une pièce sombre à une pièce claire ne prend que quelques secondes maximum à l’œil pour s'acclimater). Mais le passage de la vision de jour à la vison de nuit prend plusieurs minutes. C'est pourquoi il est important de laisser le temps à l’œil de s'acclimater. En général, on compte environ ¼ heure minimum pour cela.
Pourquoi la mise au point est elle plus difficile la nuit ?
La mise au point est déclenchée par la fovéa qui est tapissée de cônes peu sensibles à la lumière. Il est donc difficile de localiser précisément cette mise au point et ce, d'autant plus que les objets sont souvent diffus.
Une lumière rouge, pourquoi ?
En fait, la lumière rouge est dite inactinique. C'est à dire qu'elle permet à l’œil de détecter la lumière rouge sans pour autant détruire l'acclimatation nocturne. De plus, les cônes sont plus facilement activés par le rouge ce qui nous permet d'utiliser la fovéa et donc de facilement lire une carte grâce à une mise au point aisée.

Attention cependant à ne pas utiliser une lumière rouge trop forte sinon l’œil repassera automatiquement à la vision photopique et il faudra de nouveau attendre ¼ heure pour récupérer sa vison scotopique.

Pourquoi passer du temps pour regarder un objet faible ?
Pour plusieurs raisons :

L'une d'entre elle qui est indépendante de l’œil, c'est la turbulence. En effet, la turbulence trouble l'image et, plus on passera de temps sur un objet, plus on a de chance de capter de fins détails.

La deuxième raison est que le champ de vision nette de l’œil est faible, il faut donc balader son oeil sur un objet étendu pour en apprécier toute la splendeur.

La troisième raison est que l’œil ne travail pas seul, même s'il refait une image toutes les 1/10ème de seconde, le cerveau est capable d'intégrer une partie de cette image et donc d'améliorer notre vue de l'objet. Ce temps d'intégration est estimé à 6 secondes maximum!!

Pourquoi regarder les objets faibles sur le coté ?
Si vous avez bien suivi ce qui a été dit précédemment, vous avez la réponse.

En effet, la nuit, on utilise les cônes pour obtenir une sensibilité maximale. Ces cônes sont principalement situés en périphérie de la rétine, il vaut donc mieux observer un objet en vision décalée.

Une autre propriété intéressante des cônes est le fait qu'ils nous permettent de capter des détails lorsque l'objet est mouvant mais de manière furtive. Utiliser cette propriété en astronomie peut s'avérer payant.

LES OBJETS VISIBLES A L'OEIL NU
Cette liste n'est pas exhaustive et peut être complétée par tout un chacun. Elle n'est qu'un aperçu des beautés célestes qui ont tendance à ne plus nous apparaître à force de les voir.

La lune, son fin croissant du matin avant le petit dej' ou du soir pour de l'espoir. Sa lumière cendrée un peu avant ou après la nouvelle lune. Ses formes lors de sa plénitude, le visage, le lapin, ...

Si l'on associe la lune avec les planètes, nous observons alors une conjonction dans le ciel du soir se teintant de milles couleurs ou du matin pour effacer son chagrin.

Le simple fait d'observer la voûte céleste pour sa pure beauté, ses milles étoiles étincelantes, sa laiteuse voie lactée et ses amas d'étoiles tels les pléiades, les hyades, le double amas de Persée se montrant furtivement comme une double boule cotonneuse, l'amas globulaire d'hercule...

Si vous avez de la persévérance, vous observerez alors l'objet le plus lointain observable à l’œil nu, la grande galaxie d'Andromède ( plus de 2 000 000 années pour que sa lumière nous arrive) et, sous un ciel très pur et une vue parfaitement adaptée arriverez vous à observer M33 sa compagne légèrement plus basse ?

Pour ceux qui apprécient les nébuleuses, vous pouvez voir l'une des plus belles d'entre elles, j'ai nommé la nébuleuse d'orion.

Si vous pointez régulièrement le bout de votre nez à l'extérieur, il vous arrivera forcément un moment où vous verrez passer une flèche brillante nommée étoile filante qui n'est autre que la trace d'un minuscule rocher se consumant dans notre atmosphère.

Et, pour les plus chanceux d'entre nous, peut être verrons-nous la première grande comète de ce siècle qui déploiera sa chevelure et sa double queue comme une invitation aux rêves.

Pour les plus perspicaces, vous pouvez noter la position des planètes et verrez ainsi leur lent déplacement parmi celles ci et leur mouvement rétrograde. Vous comprendrez alors pourquoi les Grecs les nommaient astres errants.

POUR CONCLURE
Voilà le petit tour est terminé alors si vous y regardez de plus près vous vous rendrez compte que la majorité du bestiaire céleste à été exploré dans ces quelques lignes. Profitez donc bien de cet outil formidable et encore inégalé de nos jour : VOS YEUX.