vaufrègesI3 17 521 Posté(e) 7 janvier 2022 Bem Vindo a Roraima !.. ou Bienvenue à Roraima ! Pour rappel, les terrains parcourus par Curiosity sont divisés en "quadrants", des carrés de 1,5 km de côté. Chaque quadrant a été nommé d'après un terrain géologique important sur Terre, où les géologues divisent également le terrain qu'ils explorent en quadrants. On se souvient du quadrant "french" nommé "Nontron" (en référence à une argile nommée "nontronite") ce qui m’a plongé durablement dans la nostalgie de souvenirs d’enfance , cette pratique servant aussi de source pour tous les noms attribués aux cibles étudiées, par l’imagerie ou par les autres divers instruments. Le premier déplacement de 2022 a permis au rover de laisser derrière lui le quadrant "Torridon", du nom d’un petit village des Highlands du nord-ouest de l'Écosse, un nom également appliqué à la zone entourant le village, en particulier les collines de Torridon, les montagnes au nord de la vallée "Glen Torridon". La Nasa avait choisi le nom "Torridon" en raison du "Supergroupe torridonien", une formation géologique dans les Highlands qui contient certaines des plus anciennes preuves de vie de toutes les roches au Royaume-Uni. "Torridon" recèle ce grès rouge appelé le "Torridonian" qui est un des plus anciens sédiments au Royaume-Uni, un excellent analogue pour ce que nous voyons sur Mars. Curiosity est donc entré désormais dans un nouveau quadrant cartographique, "Roraima". Le quadrant "Roraima" doit son nom à l'état le plus septentrional du Brésil et au "Mont Roraima" qui est le plus haut sommet des montagnes "Pakaraima", situé entre le Brésil, le Venezuela et la Guyane. Le terrain de la région de "Roraima" sur Terre ressemble un peu à la zone dans laquelle se trouve Curiosity - avec des collines au sommet plat et quelques pentes raides. Plus tard, le rover se dirigera vers l’Ouest et l’ascension d’un col étroit bordé de quelques petites mesas à sommet plat dignes de "Roraima". Le premier parcours de l’année 2022 s’est déroulé le 3 janvier (sol 3345) : 30 mètres en montée vers le Sud. POSITION le 3 janvier 2022 (sol 3345) – kymani76 : Agrandir HAZCAM AVANT – 3 JANVIER 2022 (SOL 3345) : MOSAÏQUE MASTCAM - 3 JANVIER 2022 ) – Paul Hammond (SOL 3345) : Espace de travail - Agrandir MASTCAM - 3 JANVIER 2022 (SOL 3345) : Une structure curieuse - noter aussi la présence de nombreux nodules PANO NAVCAM - 3 JANVIER 2022 (SOL 3345) – Paul Hammond : Agrandir Noter que sur son nouvel espace Curiosity a étudié une cible scientifique de contact nommée " Verde », un petit morceau de roche avec des nodules, semblable à beaucoup d'autres roches étudiées récemment. L'équipe scientifique pourra comparer sa composition avec celle des cibles précédentes afin de continuer à dresser un tableau de l'évolution de la géologie et de la chimie de la région. Le 5 janvier 2022 (sol 3347) Curiosity s’est à nouveau déplacé de 15 m vers le sud, face à une grimpette prévue à l'Ouest qui, à terme, le mènera sur le "Fronton de Greenheugh". En raison de quelques roches importantes et de la montée, les planificateurs du rover ne pouvaient pas aller plus loin, le rover ayant du faire quelques détours pour éviter ces roches afin de ne pas endommager les roues. Ce parcours a surtout permis d'être garé là où la vue de la route à suivre ensuite est la meilleure pour permettre de la planifier. POSITION au 5 janvier 2022 (sol 3347) – kymani76 : Agrandir CONTEXTE Agrandir CONTEXTE - POSITION ET TRAJET PRÉVISIONNEL Agrandir HAZCAM AVANT – 5 JANVIER 2022 (SOL 3347) : NAVCAM - 5 JANVIER 2022 (SOL 3347) : Image montrant la direction du trajet prévu à l'Ouest et la crête sombre et peu résistante vers laquelle le rover se dirige : Le nouvel espace de travail est un substratum rocheux poussiéreux avec de nombreux nodules et des petites crêtes surélevées devant le rover. PANO MASTCAM - 5 JANVIER 2022 (SOL 3347) - Robert Charbonneau : Curiosity a également une vue sur des crêtes résistantes, sombres et à plus grande échelle, remarquées au sein du substrat rocheux lui-même plus discret et de couleur plus claire, plus typique de cette zone - Agrandir. L'équipe scientifique a décidé d'étudier la chimie et la texture de l'une des petites crêtes surélevées de l'espace de travail (nommée "El Fosso") avec APXS et MAHLI. La présence de cette crête est-elle due à la présence d'un minéral plus dur et plus résistant qui aurait pu se former lors de l'écoulement d'un fluide dans la roche ? La détermination de la chimie de cette caractéristique pourrait aider à comprendre la raison de la présence de la crête. En regardant plus loin (image ci-dessus), Curiosity va imager une des crêtes résistantes, sombres et à plus grande échelle avec une mosaïque ChemCam RMI. Le trajet prévu devrait rapprocher le rover de l'une de ces crêtes et de l’étudier dans des plans futurs. NAVCAM - 5 JANVIER 2022 (SOL 3347) : PANO NAVCAM - 5 JANVIER 2022 (SOL 3347) – Jan van Driel : Agrandir Le plan d’activités était également rempli d'observations atmosphériques et environnementales, d'autant plus que l’équipe s’attend à une augmentation de la poussière dans l'atmosphère lors du passage d'une tempête régionale. 6 2 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 17 521 Posté(e) 12 janvier 2022 Comme prévu, l’équipe du rover a entrepris de se rapprocher au plus près de ces étranges lignes de crêtes sombres aperçues plus au Sud (voir message précédent) afin de les examiner. Le 7 janvier 2022 (sol 3349) Curiosity a parcouru environ 40 mètres vers le Sud (en s’élevant de 6 m) POSITION AU 7JANVIER 2022 (SOL 3349) – kimany 76 : AGRANDIR Par Susanne Schwenzer, géologue planétaire (extrait) : "… nous nous émerveillons devant le paysage qui s'offre à nous, très diversifié, tant dans l'espace de travail du rover que dans les parois qui nous entourent. C'est un régal pour nos stratigraphes (ceux qui recherchent la succession dans laquelle les roches se sont déposées et en déduisent l'histoire géologique de la région). Nous attendons tous avec impatience l'histoire qu'ils vont reconstituer !" HAZCAM AVANT - 7JANVIER 2022 (SOL 3349) : MOSAÏQUE CHEMCAM RMI - 7JANVIER 2022 (SOL 3349) – Robert Charbonneau : Une crête sombre parmi d'autres, plus haut sur un relief qui domine le corridor où circule Curiosity - AGRANDIR PANO NAVCAM -7JANVIER 2022 (SOL 3349) – Jan van Driel : Les crêtes en objectif apparaissent en haut à droite- AGRANDIR PANOS MASTCAM – Robert Charbonneau : 7 JANVIER 2022 (SOL 3349) : On observe des crêtes plus haut sur les reliefs face au rover -AGRANDIR 8 JANVIER 2022 (SOL 3350) : Mais c’est vers ces crêtes au centre gauche de ce pano que le rover va se diriger - AGRANDIR PANO NAVCAM - 9 JANVIER 2022 (SOL 3351) – Damia Bouic : Par Susanne Schwenzer, géologue planétaire (extrait) : "La planification consiste à obtenir les données, et voici trois nouveaux sols pour y parvenir. Malheureusement, la diversité du paysage fait qu'une des roues du rover est garée juste au-dessus d'un rocher, ce qui n'est pas une situation sûre pour l'utilisation du bras. En effet, le rover pourrait se déplacer si la roche bougeait soudainement ou se brisait sous la roue alors que le bras est sorti et proche d'une cible. Les ingénieurs travaillent assidûment pour assurer la sécurité de tous nos instruments, ils ont donc demandé un week-end sans utilisation des instruments de contact. Cela arrive parfois, et à l'exception de cette petite pierre coincée sous la roue du rover, tout est heureux et sûr sur Mars et sur Terre. L'équipe s'est rapidement tournée vers les instruments qui n'ont pas besoin d'être utilisés par le bras pour ajouter quelques observations supplémentaires. Il s'agit d'obtenir toutes les données possibles à cet endroit intéressant." FIN DE CITATION Le 9 janvier 2022 (sol 3351) afin d’assurer l'imagerie périodique d’examen des roues avec la caméra MAHLI en bout de bras robotique, le rover s’est déplacé légèrement (env. 1m) pour "décoller" une de ses roues en position instable surélevée sur une roche, puis MAHLI a commencé à dérouler sa cadence d’images habituelles pour observer toutes les roues. Enfin, le 11 janvier 2022 (sol 3353) Curiosity a repris sa progression (env. 24 mètres) en direction Sud-Ouest pour se positionner au plus près des crêtes sombres POSITION AU 11 JANVIER 2022 (SOL3353) – kimany76 : AGRANDIR Avec MRO les crêtes sombres sont parfaitement visibles depuis l’espace, et Curiosity est à pied d'œuvre ! : CONTEXTE : AGRANDIR HAZCAM AVANT - 11 JANVIER 2022 (SOL3353) : On y est ! PANO NAVCAM - 11 JANVIER 2022 (SOL3353) – Jan van Driel : EXTRAIT du pano navcam de Jan van Driel : Jolis mille feuilles que voici !! 3 1 8 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
BERTRAND76 1 612 Posté(e) 12 janvier 2022 Ton travail est une encyclopédie...... 🍾🍾🍾🙏🙏🙏🙏🙏🙏 2 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 17 521 Posté(e) 13 janvier 2022 Dès le 12 décembre (sol 3354) Curiosity a tenté de se repositionner au mieux pour étudier son objectif qui, vu de près, ressemble davantage à une corniche (nommée "The Prow" - "la proue"). Par Ashley Stroupe, ingénieur des opérations de mission au Jet Propulsion Laboratory (extraits) : "… nous avons une vue magnifique sur la petite corniche devant nous, appelée "The Prow" , qui présente une stratification étonnante. Nous pouvons également voir quelques perturbations dans le sable qui peuvent être des glissements causés par notre approche. La face de "the Prow" elle-même est un peu hors de portée, donc à la place nous faisons quelques intégrations APXS sur une petite cible rocheuse appelée "Ilu", qui est également visible dans le sable au bas de l'image. ChemCam fait également de l'imagerie RMI de " Mirador ", qui est une butte à environ 15 m au sud. Nous continuons également à surveiller l'augmentation de la poussière dans l'atmosphère avec des observations Navcam de l'horizon et un tau solaire Mastcam. Le trajet d'aujourd'hui [12 01 2022 – sol 3354] nous rapprochera de "the Prow" afin que nous puissions utiliser les instruments scientifiques de contact dans le prochain plan. Bien que le trajet ne fasse qu'un peu plus d'un mètre, il est aussi un peu délicat. Les planificateurs du Rover ont dû tester différents emplacements de stationnement potentiels pour trouver le meilleur endroit d'où placer le bras, ce qui a nécessité quelques itérations. Nous devrons nous approcher très près de la corniche pour être au meilleur endroit pour placer le bras, mais nous devons également faire attention à ne pas nous approcher trop près et laisser les roues commencer à grimper sur la corniche. Nous nous approchons à petits pas, et chaque fois le rover vérifie à quelle distance il se trouve afin de choisir l'étape suivante." HAZCAM AVANT – 12 JANVIER 2022 (SOL 3354) : Au plus près possible ! … et le spectro APXS au travail : NAVCAM - 12 JANVIER 2022 (SOL 3354) : Une part de l'histoire de Mars est inscrite dans ces stratifications, un long et passionnant travail pour les géologues MASTCAM - 12 JANVIER 2022 (SOL 3354) : PANO NAVCAM - 12 JANVIER 2022 (SOL 3354) – Jan van Driel : PANO NAVCAM - 12 JANVIER 2022 (SOL 3354) – Stuart Atkinson : Vue arrière vers le Nord.. Comme prévu par l’équipe (voir mon message du 7 janvier) l’atmosphère de Mars s’est progressivement chargée en poussière ces derniers sols. On peut constater avec l’image ci-dessous que les remparts Nord du cratère Gale ne sont plus du tout visibles, les tons du paysage sont moins contrastés, aucune ombre n’est projetée. 3 2 6 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Kaptain 6 311 Posté(e) 13 janvier 2022 Étranges stratifications... C’est l'érosion éolienne seule qui peut expliquer ce genre de "sculptures" ? 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 17 521 Posté(e) 14 janvier 2022 Il y a 16 heures, Kaptain a dit : Étranges stratifications... C’est l'érosion éolienne seule qui peut expliquer ce genre de "sculptures" ? Scott Guzewich, scientifique spécialiste de l'atmosphère rappelait très judicieusement la difficulté d'appréhender les échelles de temps lorsqu'il est question d'expliquer le "paysage martien" - Il faut garder ça en tête et ce n'est pas du tout évident pour nous tous - je le recite à nouveau ici : "L'esprit humain ne comprend pas facilement les vastes éons de temps qui nous séparent des lieux que nous explorons dans l'espace avec des robots comme Curiosity. Notre esprit est conçu pour penser en termes d'heures, de jours, de saisons et d'années, jusqu'à la durée de notre vie et peut-être de celles des quelques générations qui nous précèdent. Lorsque nous explorons Mars, nous parcourons des roches qui se sont formées il y a des milliards d'années et dont beaucoup sont exposées à la surface depuis au moins des dizaines ou des centaines de millions d'années. C'est un laps de temps que nous pouvons comprendre numériquement, mais il n'y a aucun moyen de ressentir de manière innée l'incroyable ancienneté de la planète et du cratère Gale". FIN DE CITATION Il semble que le "fronton de Greenheugh" tout proche puisse avoir été recouvert de dunes. Dans ce cadre, et après érosion partielle de ces dunes, les géologues ont proposé que le dépôt actuel restant en surface du fronton soit l’équivalent d'une Unité géologique déjà rencontrée par Curiosity : la "Formation Stimson". Celle-ci est constituée essentiellement de silice d'origine éolienne, possiblement à dominante basaltique, ce qui expliquerait sa couleur sombre. Cette unité géologique a été explorée par Curiosity lors de son trajet sur le "plateau Naukluft", de mars à juin 2016. Cette formation avait été considérée comme le résultat d’une sédimentation sèche, une "cimentation" de sable d'origine éolienne, quasiment sans apport d'eau liquide. Selon les géologues de la mission, Il est probable que, quelques centaines de millions d'années auparavant, la "formation Stimson" ait recouvert postérieurement la "formation Murray", depuis le "Fronton de Greenheugh" jusqu'à "Parhump Hill", 450 mètres plus bas en altitude. Les "buttes Murray" et le "plateau "Naukluft"" en témoignent. De même les fines laminations observées sur le site actuel de la corniche nommée "The Prow" résulteraient essentiellement d'une succession de périodes de dépôts éoliens et de sédimentations sèches. Et ces stratifications ressemblent beaucoup à celles des roches de la formation "Stimson" (images ci-dessous). Image anaglyphe d'une roche de la formation "Stimson" au plateau "Naukluft" (sol 1305) - avril 2016 Plateau "Naukluft" (sol 1276) - Mars 2016 : Sachant qu'il y a pu avoir postérieurement une ou plusieurs circulations d'eau (acide) très ponctuelles jusqu’au début de l’amazonien, même si on ne semble pas encore l’observer ici. Mais vraisemblablement l'action de l'eau est restée secondaire ici en rapport de l'éolien. La géologie sur Mars, c'est compliqué.. Il semble en effet qu'il soit quelque peu erroné de tenter de reconstruire l’histoire climatique et géologique de Mars de façon purement linéaire. Pour mémoire je reproduis ci-dessous un laïus que j’avais posté plus haut en 2020 et qui reste d’actualité : La planète Terre et la planète Mars possèdent actuellement à peu près la même obliquité. Mais contrairement à Mars, l'inclinaison de l'axe de rotation de la Terre a été stabilisée par la Lune. La planète rouge a donc connu au cours de son histoire, et connaîtra encore, des variations chaotiques et importantes de son obliquité, avec des conséquences parfois dramatiques. En ce qui concerne Mars et ses climats passés, de plus en plus de données sont disponibles. Cependant, beaucoup de ces observations semblent être contradictoires. Dans de telles conditions il n'y a aucun consensus sur ce qui est vraiment arrivé sur Mars, ni sur ce qu'a été exactement l'évolution climatique. Nous savons qu'il y a eu de multiples sortes de climats parce que l'environnement de la planète a été fortement diversifié par les oscillations orbitales de la planète ainsi que par les paramètres de rotation et l'évolution du contenu de son atmosphère. Les observations par les sondes, les télescopes et les rovers ont montré que ce système climatique complexe est hautement variable, de saison à saison et d'année en année, mais ces variations restent mal comprises. En fait, le système climatique martien a probablement subi de grandes variations liées aux oscillations des paramètres de l'orbite et de la rotation de Mars (obliquité) il y a quelques millions ou même quelques milliers d'années. Ces oscillations ont lourdement impacté les températures de surface et le cycle de l'eau. Concernant la géologie et l’histoire de l’eau sur Mars, la contribution de Curiosity est importante. En particulier elle a permis d’établir l’existence de lacs dans le cratère Gale jusqu’à une époque où les modèles actuels suggèrent une Mars très sèche (-3,3 milliards d’années). De quoi réévaluer les hypothèses sur le climat et l’atmosphère martienne à cette époque. Creusée par l’érosion éolienne, la dépression entourant le Mont Sharp a été épisodiquement tapissée de cônes alluviaux alimentés par les chutes de neige et la pluie depuis les remparts et le Mont Sharp lui-même, l’apport de ces énormes quantités d’eau formant un/des lacs temporaire(s). Mais selon les études du spectro OMEGA de Mars Express, confortées par celles de l’instrument CRISM sur MRO, on considère que la période géologique où Mars a connu un véritable cycle de l’eau est plus ancienne. Selon ce modèle c’est uniquement dans des terrains datant d’avant 3,7 milliards d’années que l’on peut trouver des sédiments témoignant d’une Mars plus chaude et plus humide. J.P. Bibring va plus loin et estime même que "l’âge de l’eau" sur Mars se situe avant -4,2 milliards d’années et que dès -4,1 milliards d’années Mars était aussi sèche qu’aujourd’hui ! Dès cette époque il n’aurait plus existé d’océan nulle part car il n’y avait plus de dynamo, plus de magnétosphère, plus d’atmosphère épaisse. Dans ce cadre les écoulements massifs qui ont provoqué les deltas et les vallées fluviales jusqu’à -3,6 milliards d’années seraient restés transitoires (quelques milliers d’années seulement) et témoigneraient surtout de phénomènes climatiques ponctuels. Le hiatus, c’est que pour le/les lac du cratère Gale, le remplissage s’est produit (principalement par les rivières) sur une période d’environ 500 millions d’années et très probablement jusqu’à -3,3 milliards d’années, même s’il semble acquit qu’il y ait eu des intervalles où ces écoulements ont pu se tarir transitoirement. Lors de la 49ème"Lunar and Planetary Science Conference" (LPSC) à Houston, au Texas qui s’est tenue du 19 au 23 mars 2018 et qui a permis de faire le point de la recherche planétaire menée partout dans le monde, deux scientifiques, Sharon Wilson et Alex Morgan, ont donné les conclusions de leur étude visant à comprendre le début de l’histoire géologique et climatique de Mars à travers les caractéristiques fluviales observées depuis l’orbite par MRO. Extrait du compte rendu : "des vues largement répandues de l’histoire géologique et climatique de Mars dans la communauté indiquent que la majeure partie de l’activité fluviale sur la surface martienne était concentrée dans le noachien (il y a plus de 3,7 milliards d’années), avec une activité fluviale très limitée dans les époques hespérosienne et amazonienne. Dans ces dernières périodes, les chances pour la stabilité de l’eau liquide à la surface sont devenues rares et éloignées pendant que Mars a fait une transition vers le désert hyperaride et hypothermique que nous observons aujourd’hui. Cependant, cette session a démontré l’inventaire croissant des formes de terrain fluviales qui se sont formées pendant et après le Noachien, indiquant ainsi des épisodes ultérieurs d’activité aqueuse. Ces caractéristiques ont été récemment identifiées dans les données d’image à plus haute résolution renvoyées par Mars Reconnaissance Orbiter, et une vague de cartographie a suivi..." "Nous considérons généralement Mars comme une planète où la plupart des processus géologiques ont cessé après le Noachien; cependant, ce nouveau travail montre que dans de nombreux endroits de la planète, une telle affirmation dissimule une histoire géologique plus compliquée. Mars a peut-être été plus active sur le plan hydrologique que nous le pensions, et de tels processus ont pu fonctionner beaucoup plus tard que ne l’indique notre compréhension actuelle de l’évolution du climat martien.". 3 1 3 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
BERNARD GAUTIER 426 Posté(e) 14 janvier 2022 il y a 12 minutes, vaufrègesI3 a dit : Concernant la géologie et l’histoire de l’eau sur Mars, la contribution de Curiosity est importante. Vu la longueur du topic et de son ancienneté, pourrais-tu nous rappeler, si tu peux bien sûr, quelles étaient les roches identifiées par Curiosity où une activité aqueuse a pu être attestée et de nous les partager avec les photos. Je pense que ce serait vers le début de la mission où le rover avait accès aux roches anciennes, n'est-ce-pas? Car plus on descend dans la stratification, plus on remonte le temps. En tout cas, c'est toujours un régal de suivre tes chroniques martiennes sol après sol et les paysages martiens à couper le souffle que tu nous fait partager. 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
ALAING 66 280 Posté(e) 14 janvier 2022 il y a 43 minutes, vaufrègesI3 a dit : Image anaglyphe d'une roche de la formation "Stimson" au plateau "Naukluft" (sol 1305) - avril 2016 Fabuleuse image de ces roches bizarroïdes Bonne journée, AG 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 17 521 Posté(e) 14 janvier 2022 (modifié) il y a une heure, BERNARD GAUTIER a dit : pourrais-tu nous rappeler, si tu peux bien sûr, quelles étaient les roches identifiées par Curiosity où une activité aqueuse a pu être attestée et de nous les partager avec les photos Les roches réputées aqueuses sont essentiellement celles du plancher du lac, unité géologique sédimentaire nommée "Formation Murray" que Curiosity a parcouru entre 2014 et 2017 depuis les "Pahrump Hills" jusqu'à la "Crête Vera Rubin" , et ensuite entre 2019 et 2021 celles de la vallée argileuse nommée "Glen Torridon". J'y reviendrai un peu plus tard avec quelques images. Retour à l'actualité : Le repositionnement prévu au sol 3354 pour rapprocher le rover de l'affleurement "The Prow" a réussi, plaçant les roues avant très près de la base de la corniche. Depuis cette nouvelle position le bras peut atteindre le sommet des stratifications, donc APXS sera placé sur deux cibles d'affleurement supérieures nommées "Angasima" et "Kamuda". HAZCAM AVANT - 13 JANVIER 2022 (SOL 3055) : Malheureusement, depuis quelques sols la caméra MAHLI a un problème de lecture de données de sa mémoire. Donc l’utilisation de l'imagerie MAHLI est exclue pendant que les ingénieurs l’examinent de plus près. C’est la Mastcam droite qui prendra le relais pour imager les cibles APXS afin de permettre de placer la mesure chimique dans un contexte géologique. D'autres images des "mille-feuilles" (agrandir bien sûr) PANOS MASTCAM - 12 JANVIER 2022 (SOL 3554) Robert Charbonneau : Stuart Atkinson : LarsTheWanderer : Ken Herkenhoff, géologue planétaire : "Avant l'aube du Sol 3356, Navcam recherchera des nuages. Plus tard dans la matinée, Navcam examinera à nouveau la teneur en poussière de l'atmosphère et recherchera des tourbillons de poussière, puis surveillera les nuages juste au-dessus de l'horizon. Ensuite, ChemCam tirera son laser sur la cible "Quebrada de Jaspe" sur le côté droit de l'affleurement et acquerra une mosaïque RMI d'une autre cible rocheuse appelée "Vale dos Cristais". La Mastcam droite documentera ensuite les deux cibles ChemCam et les cibles APXS. La Mastcam prendra ensuite deux mosaïques stéréo, étendant la couverture de la proue, et la Navcam recherchera à nouveau les nuages au-dessus de l'horizon. Le rover fera ensuite ses bagages et se dirigera vers l'est, s'arrêtant en chemin pour prendre des images d'affleurements intéressants à l'aide de Navcam et de Mastcam". Ce n'est pas idyllique, mais les roues sont toujours opérationnelles : Modifié 14 janvier 2022 par vaufrègesI3 5 1 3 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
BERTRAND76 1 612 Posté(e) 14 janvier 2022 Ce qui serait con........ ce serait que les roues petes..... pardon,pardon,à tous .......j’ai honte😭😭😭😭 2 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Kaptain 6 311 Posté(e) 14 janvier 2022 Aucun risque, il n'y a pas de pavés sur Mars... Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
rené astro 10 042 Posté(e) 14 janvier 2022 il y a 40 minutes, BERTRAND76 a dit : Ce qui serait con........ ce serait que les roues petes..... pardon,pardon,à tous .......j’ai honte😭😭😭😭 Ah !!! je dirais bien quelque chose ....... Hein Bertrand ! 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 17 521 Posté(e) 17 janvier 2022 Week end compliqué par une conjugaison de gros problèmes de réseau du fournisseur d'accès internet/tv (pas totalement résolus à ce jour) et un ordi capricieux qui a failli finir sa vie comme celui ci-dessous .. il en a réchappé de peu : Sinon pour Curiosity ça va .. Le 14 janvier 2022 il a passé la barre des 27 km avec un trajet d’environ 28 m à l’Est lui permettant d'observer de nouvelles roches un peu plus dispersées et dégradées mais toujours aussi stratifiées. Leur couleur plus sombre suggère une origine de sable basaltique sédimenté. POSITION AU 14 JANVIER 2022 (SOL 3356) - kymani76 : Détails du déplacement : HAZCAM AVANT - 14 JANVIER 2022 (SOL 3356) : NAVCAM - 14 JANVIER 2022 (SOL 3356) : Détails des strates : Vers le Nord - L'atmosphère est toujours poussiéreuse, les remparts du cratère sont difficilement discernables PANO NAVCAM - 14 JANVIER 2022 (SOL 3356) - Jan van Driel : MOSAÏQUES MASTCAM : 14 JANVIER 2022 (SOL 3356) - Robert Charbonneau 15 JANVIER 2022 (SOL 3357) - LarsTheWanderer MOSAÏQUE MASTCAM - 13 JANVIER 2022 (SOL 3555) - Robert Charbonneau : Superbe vue ! (Il s'agit de la corniche précédente) 7 3 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 17 521 Posté(e) 18 janvier 2022 Le 14/01/2022 à 15:31, BERNARD GAUTIER a dit : Vu la longueur du topic et de son ancienneté, pourrais-tu nous rappeler, si tu peux bien sûr, quelles étaient les roches identifiées par Curiosity où une activité aqueuse a pu être attestée et de nous les partager avec les photos. Je pense que ce serait vers le début de la mission où le rover avait accès aux roches anciennes, n'est-ce-pas? Car plus on descend dans la stratification, plus on remonte le temps. La question implique une longue réponse, car les roches ayant connues sans ambiguïté une activité aqueuse, depuis bientôt dix années d'investigations, Curiosity en a trouvé beaucoup et, en effet, ceci peu après son atterrissage. J'ai ajouté les dates, la localisation, les commentaires correspondant aux divers types de roches. Par ailleurs j'ai cru utile de mentionner toutes les unités géologiques traversées, même celles ne comportant pas de roches hydratées (Dunes de Bagnold et Unité Stimson au Plateau Naukluft et aux Buttes Murray). (Première partie) SITE D'ATTERRISSAGE SITUÉ PRÈS D'UN ÉVENTAIL ALLUVIONNAIRE Site d'atterrissage de Mars Science Laboratory dans le cratère Gale et les différents centres d'intérêts scientifiques. Le cercle blanc, d'une taille de 20x25 km, correspond au contour de la zone dans laquelle la sonde devait se poser initialement. Elle a pu être réduite à 20x7 km (ellipse dessinée avec un trait plus épais) à la suite d'améliorations apportées dans la technique d'atterrissage alors que la sonde avait déjà été lancée. Le 6 août 2012, après 8 mois et demi de croisière sans histoire depuis la Terre et « 7 minutes de terreur » pendant la traversée de l'atmosphère martienne, Curiosity atterrit comme prévu à l'intérieur de l'ellipse et à seulement 2,25 km à l'est de son centre, ce qui est extraordinairement précis. Le lieu d'atterrissage se trouve à 6 km du Mont Sharp et 28 km des remparts nord du cratère. Les zones du cratère qui intéressent en premier lieu les scientifiques (une zone argileuse sous un delta alluvial) sont situées sur les flancs nord du Mont Sharp. Curiosity devra d'abord contourner une ceinture de dunes de sable noir infranchissable, ce qui ne permet pas une approche directe au Sud depuis le site d'atterrissage. De "Yellowknife Bay" aux "Pahrump Hills" - "Formation Murray" : Route du rover martien Curiosity depuis l'atterrissage jusqu'à la base du Mont Sharp Cette carte montre la route parcourue par Curiosity depuis l'endroit où il s'est posé en août 2012 jusqu'à l'affleurement de "Pahrump Hills", qui fait partie de la couche basale du Mont Sharp. La ligne de traversée couvre les déplacements effectués jusqu'au sol 817 (23 novembre 2014). L'image de base de cette carte provient de la caméra HiRISE (High Resolution Imaging Science Experiment) de la sonde Mars Reconnaissance Orbiter. Le nord est en haut. Le sol sombre au sud de la route du rover présente des dunes de matériaux sombres, soufflées par le vent, au pied du mont Sharp. Grâce aux satellites en orbite martienne, la NASA a repéré une interruption dans ce cordon dunaire. Celle-ci baptisée "Entry point", doit permettre à Curiosity d'atteindre sa cible car il dispose, de manière nominale, d'une autonomie de 20 km, suffisante pour lui permettre d'atteindre son objectif. Mais comme il est de règle quand il s'agit d'exploration, rien ne se passe comme prévu.. Ce n'est que le 21 août 2012 (sol 15), après vérification de l'ensemble des systèmes de bord, que Curiosity effectue ses premiers tours de roues. Et surprise ! Au lieu de mettre le cap vers le sud-Ouest et le point d'entrée permettant d'éviter le cordon de dune, le rover prend la direction inverse au Sud-Est ! En se posant près du centre de l'ellipse, Curiosity a atterri sous "Peace Vallis", l'éventail alluvionnaire d’une vallée qui descend des remparts du cratère Gale au nord à travers un espace de 15 km de large et d'une superficie de 730 km2 Situé à environ 400 mètres du site d'atterrissage dans la "baie de Yellowknife", le secteur fut baptisé "Glenelg", un nom qui possède la particularité de pouvoir être lu de manière identique dans les deux sens, de gauche à droite et de droite à gauche, ce qui est la définition d'un palindrome. Curiosity va opérer dans ce secteur pendant près d'une année, car il ne prendra la direction de l'objectif initial, les argiles au pied du Mont Sharp, que le 15 juillet 2013 au sol 333. Même si ce détour a été très riche en regard des objectifs de la mission (découverte de galets dans une rivière antique alimentée par "Peace Vallis"), ce long épisode n'a pas été du goût de tout le monde au sein de l'équipe scientifique du rover. Le 5 juin 2013 Jim Erickson (chef de projet pour Curiosity) juste avant d'annoncer que Curiosity allait enfin quitter "Glenelg" pour rallier la base du Mont Sharp : "Nous avons terminé presque toutes les activités pour la première fois ... les processus et les outils sont maintenant vérifiés par l'usage" .. Il aura donc fallu dix mois pour tester tous les outils et systèmes du rover ! Y compris le système de forage (deux forages réalisés, à John Klein et Cumberland). C'est bien ce genre de précision qui permet de prendre conscience que Curiosity est d'abord et avant tout.. un laboratoire, complexe et délicat. ROCHE "LINK" - GRAVIERS Le 27 septembre 2012 (sol 51) en se dirigeant vers "Glenelg", des graviers, près de la roche "Link" qui fait saillie, sont photographiés : ils semblent être d'origine sédimentaire. Au vu de leur taille relativement importante et de leur forme arrondie, les scientifiques considèrent en effet qu'ils n'ont pas été transportés là par le vent mais par un cours d'eau d'une profondeur de quelques dizaines de centimètres où l'eau aurait coulé à la vitesse de 1 m/s. Ceci semble confirmer l'hypothèse de l'existence d'un delta, élaborée grâce à des observations faites depuis l'orbite. Sur cette image prise par le rover Curiosity de la NASA, un affleurement rocheux appelé "Link" se détache d'une surface martienne qui est par ailleurs recouverte de poussière brun rougeâtre. L'affleurement fracturé de "Link" présente des blocs de surfaces exposées et propres. Des fragments de gravier arrondis, ou clastes, d'une taille allant jusqu'à quelques centimètres, se trouvent dans une matrice de matériau blanc. De nombreuses roches de la taille d'un gravier ont été érodées de l'affleurement vers la surface, en particulier dans la partie gauche du cadre. Les caractéristiques de l'affleurement correspondent à un conglomérat sédimentaire, c'est-à-dire une roche formée par le dépôt d'eau et composée de nombreuses petites roches arrondies cimentées ensemble. Le transport par l'eau est le seul processus capable de produire la forme arrondie de clastes de cette taille. "LAC GILLESPIE" Le 20 décembre 2012 (sol 120), Curiosity entre dans une zone baptisée Yellowknife Bay (du nom d'une étendue d'eau située près de la ville de Yellowknife, au Canada). Le paysage a considérablement changé : au lieu d'une plaine poussiéreuse constellée de cratères et de quelques roches, c'est désormais dans une zone chaotique qu'il évolue, plus précisément au creux d'une légère dépression bordée d'un affleurement rocheux plat. Ce qu'il va découvrir à cet endroit justifie le fait que les scientifiques vont l'y maintenir pendant près de six mois : il ne parcourra en effet que 33 m jusqu'au 5 juin 2013 (sol 295). Les géologues émettent l'hypothèse qu'il s'agit du fond d'un ancien lac ou d'un ancien delta fluvial. Née des images que le rover leur transmet, leur interprétation est confirmée par les analyses chimiques. En étudiant des veines de roches aux tons plus clairs, l'instrument "Chemcam" identifie en effet des teneurs élevées en calcium, soufre et hydrogène qui traduisent la présence de sulfate de calcium hydraté. Sur Terre, cette combinaison se forme lorsque de l'eau circule dans des fractures de la roche. Cette mosaïque d'images prises par l'instrument Mast Camera (Mastcam) du rover martien Curiosity de la NASA montre une série de dépôts sédimentaires dans la zone de "Glenelg" , depuis une perspective dans la "baie Yellowknife" en regardant vers l'Ouest-Nord-Ouest. L'équipe scientifique de Curiosity a estimé que la roche "Cumberland" que le rover a foré pour obtenir un échantillon du dépôt de mudstone de "Sheepbed" (en bas à gauche dans cette scène) n'a été exposée à la surface que pendant environ 80 millions d'années. Cette estimation est basée sur les quantités de certains gaz qui s'accumulent dans une roche lorsqu'elle est suffisamment proche de la surface pour être bombardée par les rayons cosmiques. Une explication de cet âge d'exposition étonnamment jeune provient d'une meilleure compréhension de la manière dont les couches s'érodent pour exposer les couches sous-jacentes. L'explication propose que le mudstone est exposé par abrasion par le sable soufflé par le vent, indiqué par les flèches. Le rôle du vent est fortement suggéré par l'affaissement de la couche de "Sheepbed" sous le grès du "lac Gillespie". Le modèle ici suggère que l'affleurement de la baie Yellowknife est exposé par le retrait d'un escarpement poussé par le vent - l'érosion latérale d'une face verticale. La Mastcam a pris les images de cette mosaïque au cours du sol 188 (14 février 2013). Un rebord rocheux d'environ 20 centimètres de haut au bas de la scène - où la couche du "lac Gillespie" rencontre la couche "Sheepbed" - se trouve à environ 15 mètres de l'endroit où se trouvait le rover lorsque les images ont été prises. L'escarpement du milieu du terrain appelé "Point Lake" se trouve à environ 36 mètres de l'emplacement du rover. L'affleurement à l'horizon proche, marqué d'un X blanc, est environ 13 mètres plus haut que le contact "Sheepbed-Gillespie" et à une distance d'environ 240 mètres. Le "Lac Gillepsie" Veines dans l'affleurement "Sheepbed" Ces veines sont bien définies et remplies de minéraux blanchâtres interprétés comme du sulfate de calcium. Elles se forment lorsque l'eau circule dans des fractures déposant des minéraux sur les côtés de la fracture pour former une veine. Ces veines sont le premier regard de Curiosity sur les minéraux qui se sont formés dans l'eau qui a percolé dans un environnement souterrain. Ces remplissages de veines sont caractéristiques de l'unité stratigraphiquement la plus basse dans la zone de la "baie de Yellowknife" - connue sous le nom "d'unité Sheepbed". La Mastcam a obtenu ces images au sol 126 (13 décembre 2012). La vue couvre une zone d'environ 40 centimètres de large. Strates rocheuses formées par débit d'un cours d'eau dans "l'unité Shaler" Cette image prise par la caméra de mât (Mastcam) dans la région de "Glenelg" montre des couches inclinées, appelées lits croisés dans un affleurement appelé "Shaler". Les lits croisés à l'échelle décimétrique dans l'unité de "Shaler" indiquent le transport des sédiments dans les cours d'eau. Les courants moulent les sédiments en petites dunes sous-marines qui migrent vers l'aval. Lorsqu'elles sont exposées en coupe transversale, les preuves de cette migration sont préservées sous forme de strates fortement inclinées par rapport à l'horizontale, d'où le terme "litage transversal". La taille des grains est ici suffisamment grossière pour exclure le transport par le vent. Ce litage croisé se trouve stratigraphiquement au-dessus de "l'unité Gillespie" dans la zone de la "baie de Yellowknife" et est donc géologiquement plus jeune. La Mastcam a obtenu cette image lors du sol 120 (7 décembre 2012). SITE DE "KIMBERLEY" - DELTA En mai 2014, un troisième forage ("Windjana") sera entrepris sur le site de "Kimberley" ou le rover stationnera près de deux mois, du 19 mars 2014 (sol 572) au 15 mai 2014 (sol 630). Sur l'image ci-dessous, au premier plan, plusieurs bancs de grès montrent une inclinaison systématique vers le Sud suggérant une formation progressive des sédiments vers le mont Sharp. À cet endroit, à environ 1,6 kilomètre au nord de la base du mont Sharp, ces lits inclinés sont interprétés un delta construit dans un lac peu profond. Lorsque l'eau de la rivière chargée de sédiments a rencontré un plan d'eau statique, le courant de la rivière a été contraint de décélérer brusquement entraînant un dépôt rapide de sédiments à l'embouchure de la rivière. Ce dépôt a conduit à la formation d'un delta. L'approvisionnement continu de sédiments par les rivières qui s'écoulaient du bord du cratère a conduit à la formation de deltas se déversant dans le lac vers le sud. Site de "Hidden Valley" - Paroi Nord Cette roche à couches régulières photographiée par la caméra Mastcam montre un motif typique d'un dépôt sédimentaire de fond d’un lac, non loin de l'endroit où l'eau courante est entrée dans ce lac. La scène combine plusieurs images prises avec la caméra droite Mastcam le 7 août 2014, au cours du sol 712. Elle montre un affleurement au bord de "Hidden Valley", vu depuis le fond de la vallée. Cette vue s'étend sur environ 1,5 mètre de large au premier plan. Il s'agit d'un exemple de type de roche stratifiée épaisse et régulière qui se forme stratigraphiquement sous des grès à lits croisés considérés comme d'anciens dépôts fluviaux. Ces roches sont interprétées comme l'enregistrement de la sédimentation dans un lac, dans le cadre ou à l'avant d'un delta où des panaches de sédiments fluviaux se sont déposés hors de la colonne d'eau et sur le fond du lac. "Formation Murray" - Site des "Pahrump Hills" Après s'être faufilé entre les dunes de la partie ouest de la vallée "Amargosa", le rover atteint les "Pahrump Hills", considérées comme la première structure géologique associée au Mont Sharp. À "Pahrump Hills", le 18 septembre 2014 (sol 753) le rover arrive sur une formation qui, selon les géologues, représente le plancher du lac antique, composé principalement de "mudstone", c'est à dire d'une épaisse couche de sédiments lacustres, une "boue" cimentée à grains très fins accumulée au fond du lac. Une bonne part ayant été évacuée par l'érosion éolienne, la couche la plus basse est la plus ancienne, la couche haute remonte tout près de la crête "Vera Rubin" 300 mètres plus haut, ce qui donne l'épaisseur de la sédimentation. Curiosity y réalisera trois forages Au cours des six mois suivants, du 19 septembre 2014 (sol 753) au 12 mars 2015 (sol 923), le rover mène une exploration détaillée des "Pahrump Hills". Les "Pahrump Hills" se situent à la jonction du sol du cratère constitué de débris transportés depuis la bordure nord de celui-ci et de la couche géologique inférieure du Mont Sharp. Ils constituent la première manifestation d'une structure géologique originale baptisée "Formation Murray", aux caractéristiques très différentes de ce que le rover a rencontré jusque-là et qui est présente sur près d'un tiers de la surface du Mont Sharp. Contrairement aux terrains précédents, ce sol ne semble pas résulter d'un simple dépôt. Les photographies satellitaires de cette formation la font apparaître beaucoup plus claire que les terrains environnants. Le sol présente une inertie thermique élevée et les instruments des orbiteurs y détectent des inclusions d'hématite, de sulfate et éventuellement d'autres minéraux. Dans certains cas, les strates sont fortement inclinées, voire repliées. Il en résulte une disposition chaotique Curiosity est visible dans la zone des "Pahrump Hills" sur cette vue prise par la caméra HiRISE (High Resolution Imaging Science Experiment) de la sonde Mars Reconnaissance Orbiter. La vue couvre une zone d'environ 330 mètres de large. HiRISE a fait cette observation le 13 décembre 2014. À ce moment-là, Curiosity se trouvait près d'un élément appelé "Whale Rock". Les éléments clairs du paysage sont des roches sédimentaires et les zones sombres sont du sable. Roche "Whale Rock" aux "Pahrump Hills" Litage croisé à "Whale Rock" Cette vue du 02 novembre 2014 (sol 796) de la caméra de mât Mastcam montre un exemple de litage croisé résultant du passage de l'eau sur un lit meuble de sédiments. Le litage croisé, qui se présente sous la forme de couches formant des angles entre elles, reflète la formation et le passage de vagues de sable, l'une sur l'autre. Ces vagues sont connues sous le nom de rides ou de dunes. La direction de migration de ces petites ondulations et dunes était vers le sud-est. Cette direction va vers le Mont Sharp et s'éloigne de la zone où Curiosity a trouvé des preuves de dépôts deltaïques où un cours d'eau est entré dans un lac. Les flux directionnels enregistrés dans les sédiments sont interprétés comme ayant été formés par des courants se déplaçant vers le bas des deltas et dans les eaux plus profondes du lac. Roches "Alexander Hills" aux "Pahrump Hills" Cette vue de la caméra de mât (Mastcam) montre une bande de roches type "mudstone" appelées "Alexander Hills", que le rover a approché pour inspecter de près certaines cibles. La mosaïque de six images Mastcam couvre une zone d'environ 2 mètres de large. Elle montre les détails de l'espace de travail accessible à l'aide du bras robotique du rover depuis la position du rover lorsque la vue a été acquise. Les expositions des composants ont été prises le 23 novembre 2014 (sol 817). La vue annotée pour montrer l'emplacement des trois cibles sélectionnées pour l'étude -- "Aztec", "Agate Hill" et "Cajon". Ce mudstone est significatif du plancher du lac antique. Site "Mojave" aux "Pahrump Hills" – Cristaux Cristaux de sels et de minéraux, témoins de l'évaporation de l'eau de surface sur le site "Mojave" - prises de vues de MAHLI (8 décembre 2014). Les cristaux sont évidents dans cette vue agrandie d'une cible rocheuse martienne appelée "Mojave", prise par l'instrument MAHLI (Mars Hand Lens Imager). Ces caractéristiques témoignent de la concentration de sels dissous et de la précipitation des sels sous forme de minéraux aux formes cristallines distinctes. Ce phénomène est probablement dû à l'évaporation de l'eau d'un lac ou d'une rivière pendant une période sèche suivant une période humide. La mosaïque couvre une zone d'environ 5 centimètres qui avait été brossée par l'outil de dépoussiérage de Curiosity. Les expositions ont été acquises de nuit, les LED (diodes électroluminescentes) à lumière blanche de MAHLI éclairant la scène. La cible "Mojave" se trouve dans la zone de "Pink Cliffs" de l'affleurement de "Pahrump Hills" dans la "formation Murray" à la base du Mont Sharp. DES PAHRUMP HILLS AUX DUNES DE BAGNOLD (12 mars au 3 novembre 2015) VEINES sur le site de "Garden City" Du 15 au 28 mars (sols 926-938), Curiosity inspecte un affleurement pour le moins étonnant baptisé "Garden City", un site constitué d’innombrables veines claires et foncées avec des crêtes entrecroisées jaillissant du sol et dont les plus importantes mesurent 6 cm de hauteur et presque 4 cm de large. Le 30 mars (sol 940), il inspecte un rocher baptisé Kanosh Cette vue du 18 mars 2015 (sol 929) prise par la caméra Mastcam montre un réseau de veines minérales bicolores dans une zone appelée "Garden City" au bas du Mont Sharp. Les veines combinent des matériaux clairs et foncés. Les veines de ce site s'élèvent jusqu'à environ 6 centimètres au-dessus de la roche environnante, et leur largeur peut atteindre 4 centimètres. Les veines minérales telles que celles-ci se forment lorsque des fluides se déplacent à travers des roches fracturées, déposant des minéraux dans les fractures et affectant la chimie de la roche environnante. Dans ce cas, les veines ont été plus résistantes à l'érosion que la roche hôte environnante. Cette scène est une mosaïque combinant 28 images prises avec la caméra droite qui possède un téléobjectif d'une longueur focale de 100 millimètres. Les "Dunes de Bagnold" Contrairement au plan initial qui consistait à les ignorer et à les contourner par l'Ouest, changement de stratégie (il y en aura d'autres). Le 17 novembre 2015 (sol 1166), alors qu'il est prévu que Curiosity poursuive son itinéraire vers le Sud-Ouest, en direction des "Murray buttes", on l'a fait dériver vers le Sud et le 23 (sol 1172), il s'engage sur une bande étroite bordée par deux grands champs de dunes sombres faisant partie des "Bagnold Dunes" : "High Dune", sur sa gauche, et "Namib Dune", sur sa droite. Le 13 décembre (sol 1192), il se rapproche de "Namib Dune" puis de son front qui est de taille gigantesque. Il y séjourne plus de deux semaines Les "Dunes de Bagnold" sont ainsi désignées ainsi en hommage aux travaux pionniers au début des années 1940 du Britannique Ralph Bagnold qui a longuement étudié les mécanismes de formation des dunes de sable encore aujourd'hui mal compris. Il s’agit de dunes actives, très sombres et comportant une signature d'olivine spécifique qui atteste de leur origine basaltique. Le 10 février 2016, il reprend ses déplacements et est dirigé vers le Nord (afin de reprendre l'itinéraire initialement programmé vers les Murray Buttes) et le 22 (sol 1259), il quitte définitivement la zone en direction du "Plateau Naukluft". Le front de "Namib Dune" L'objectif suivant est une unité géologique baptisée "Stimson" constituée d'une roche qui a mieux résisté à l'érosion que celle formant les "Pahrump Hills" et qui génère un relief plus accidenté dans lequel les opérateurs au sol ont eu du mal à tracer un itinéraire. Les scientifiques veulent que celui-ci passe par un site permettant d'étudier facilement la zone de contact entre les unités géologiques "Murray" et" Stimson" pour déterminer la relation existant entre elles Le "Plateau Naukluft " Le 14 mars 2016 (sol 1281) le rover rejoint le "Plateau Naukluft" En montant sur ce plateau Curiosity a délaissé la "Formation Murray" pour une autre unité géologique, la "Formation Stimson", constituée de dépôts de sable transportés par le vent, dépôts ensuite pétrifiés puis cimentés au fil de dizaines ou centaines de millions d'années, probablement sans aucune action de l'eau. L'unité "Stimson" recouvre une couche de sédiments fins déposés dans un environnement lacustre, la "Formation Murray" (examinée principalement à "Pahrump Hills"), que le rover va retrouver et étudier plus loin en poursuivant son ascension vers le Sud. La géométrie et l'orientation des lits entrecroisés donnent des informations sur les directions des vents qui ont produit ces fines strates. Par la suite et sur des durées géologiques, une lente érosion éolienne avec des vents chargés de sable a longuement sculpté ces roches jusqu'à leur conférer les formes curieuses que l'on peut observer aujourd'hui grâce aux images de Curiosity. On sait que les roches de "l'unité Stimson" ont une forte teneur en silice. Mais sans présence d'olivine, contrairement aux "Dunes de Bagnold". La silice est un produit chimique qui combine le silicium et l'oxygène, très commun dans les roches sur Terre, comme le quartz. Elle est aussi présente dans de nombreux autres minéraux et silicates car elle représente 60,6 % de la masse de la croûte terrestre continentale. Murray Buttes (13 juin - 22 septembre 2016) Le 12 août 2016 (sol 1428), après environ 14 km de route compliquée, Curiosity aborde les "Buttes Murray", une zone couverte de mesas (plateaux ou simples buttes à sommet plat et aux versants abrupts). Le 6 septembre (sol 1452), Curiosity arrive à la hauteur du dernier mesa et deux jours plus tard, il se positionne à la base de son flanc sud. Le sol clair et relativement plat au milieu des mesas fait partie de la "Formation Murray", formée à partir des fins dépôts sédimentaires du plancher du lac. Les buttes et les mesas s'élevant au-dessus de cette surface sont des restes érodés de grès ancien qui ont pris naissance lorsque les vents ont déposé du sable après la formation du mont Sharp et l'assèchement du lac. Curiosity a examiné cette couche - la Formation Stimson – longuement au cours de la première moitié de 2016 en traversant l'entité appelée "Plateau Naukluft" située entre deux expositions de la "Formation Murray". Les buttes et mesas de "Murray Buttes" sont recouvertes de matériaux relativement résistants à l'érosion, tout comme de nombreuses buttes et mesas de même forme sur Terre. La dénomination informelle "Murray" honore Bruce Murray (1931-2013), un scientifique planétaire de Caltech et Directeur du Jet Propulsion Laboratory de la NASA, à Pasadena, en Californie. La scène couvre une parcelle de terrain d'environ 1,3 kilomètre. Le nord est en haut. Les plus grandes buttes du groupe ont à peu près la taille d'un terrain de football. La mesa sombre et plate près du centre de la scène s’élève à environ 12 mètres au-dessus de la plaine environnante. De la position du rover, le sommet de cette mesa est à environ 40 mètres de distance. Dans la moitié gauche de l’image, la butte sombre qui semble la plus grande se trouve à l’est du rover et à environ 10 mètres de haut. De la position du rover, le sommet de cette butte est à environ 26 mètres. Une partie supérieure du mont Sharp apparaît à l’horizon à droite de celui-ci. Le premier plan relativement plat fait partie de la couche géologique appelée "Formation Murray", qui comprend des dépôts de boue sur le lit du lac. Roche "Old Soaker" Passé les "Buttes Murray", le 16 novembre 2016 (sol 1521), l'engin parvient à un site baptisé "Old Soaker", sur lequel il va rester immobilisé pendant près de deux mois. Ce jour-là, les opérateurs constatent qu'un ordre de forage n'a pas été exécuté. Le bras s'est bien déployé au-dessus de la roche visée, mettant le foret de la perceuse au-dessus de sa cible, mais celle-ci ne s'est pas mise en marche. Décision est alors prise d'éviter tout déplacement tant que ce problème n'est pas résolu. Les scientifiques en profitent pour multiplier ses observations. Le dernier forage réussi sera effectué le 20 octobre 2016 (sol 1495) à "Sebina", un site atteint peu après avoir dépassé les "Buttes Murray". Il s'agit là du dernier forage réalisé dans la "Formation Murray".. et du dernier forage tout court, le système de forage étant devenu HS peu après en décembre 2016 sur le site de "Precipice".. Le long parcours jusqu'à la crête "Vera Rubin" s'est donc poursuivi sans possibilité de forer à nouveau cette unité géologique. La "Formation Murray" est très intéressante, car en remontant de son niveau inférieur vers les couches les plus hautes, elle permet de remonter dans le temps à travers l'analyse de sa variabilité minéralogique, et ainsi de participer à reconstituer l'histoire géologique du cratère Gale.. et de Mars. Au 20 octobre 2016,15 forages réalisés. Le réseau de fissures observées sur "Old Soaker" pourrait s'être formé à partir de l'assèchement d'une couche de boue il y a plus de 3 milliards d'années. La photo que l'on voit ci-dessous correspond à une zone de 1,2 mètre de large. Elle combine trois images prises par la caméra MAHLI. Les fissures correspondraient à de la boue séchée. Elles seraient donc la preuve d'une époque où des périodes sèches auraient alterné avec des périodes humides. Curiosity avait déjà précédemment trouvé des signes d'anciens lacs, cette thèse semble donc se confirmer ici. Bilan minéralogie suite aux forages et analyses du labo CheMin Fin de première partie (à suivre....) 6 1 9 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
ALAING 66 280 Posté(e) 18 janvier 2022 Pfiouuuuuu sacrée documentation Daniel, chapeau Bonne soirée, AG 3 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Piotr Szut 2 1 050 Posté(e) 18 janvier 2022 Une fois de plus,infiniment merci pour ce travail somptueux. C'est clair, pédagogique, illustré et tout et tout... 3 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Sauveur 28 559 Posté(e) 18 janvier 2022 Top! 3 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
jackbauer 2 17 588 Posté(e) 20 janvier 2022 Bin ? Je viens pas souvent par ici mais je croyais que Vauffy avait relaté ce communiqué de la NASA d'il y a 3 jours !!?? Je sais que c'est la ènième fois que LA chose est subodorée et jamais confirmée mais enfin ce robot ne fait pas que de magnifiques photos. Bref, traduction automatique : https://www.nasa.gov/feature/goddard/2022/nasa-s-curiosity-rover-measures-intriguing-carbon-signature-on-mars Le rover Curiosity de la NASA mesure une signature carbone intrigante sur Mars Après avoir analysé des échantillons de roches en poudre prélevés à la surface de Mars par le rover Curiosity de la NASA, les scientifiques ont annoncé aujourd’hui que plusieurs des échantillons sont riches en un type de carbone qui, sur Terre, est associé à des processus biologiques. Bien que la découverte soit intrigante, elle ne pointe pas nécessairement vers la vie ancienne sur Mars, car les scientifiques n’ont pas encore trouvé de preuves concluantes à l’appui de la biologie ancienne ou actuelle, telles que les formations rocheuses sédimentaires produites par des bactéries anciennes, ou une diversité de molécules organiques complexes formées par la vie. « Nous trouvons des choses sur Mars qui sont extrêmement intéressantes, mais nous aurions vraiment besoin de plus de preuves pour dire que nous avons identifié la vie », a déclaré Paul Mahaffy,qui a été le chercheur principal du laboratoire de chimie Sample Analysis at Mars (SAM) à bord de Curiosity jusqu’à sa retraite du Goddard Space Flight Center de la NASA à Greenbelt, Maryland, en décembre 2021. « Nous examinons donc ce qui aurait pu causer la signature carbone que nous voyons, sinon la vie. » Dans un rapport de leurs résultats, publié dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences le 18 janvier, les scientifiques de Curiosity offrent plusieurs explications pour les signaux de carbone inhabituels qu’ils ont détectés. Leurs hypothèses sont tirées en partie des signatures de carbone sur Terre, mais les scientifiques avertissent que les deux planètes sont si différentes qu’ils ne peuvent pas tirer de conclusions définitives basées sur des exemples terrestres. « La chose la plus difficile est de lâcher prise de la Terre et de laisser aller ce biais que nous avons et d’essayer vraiment d’entrer dans les fondamentaux de la chimie, de la physique et des processus environnementaux sur Mars », a déclaré l’astrobiologiste de Goddard, Jennifer L. Eigenbrode,qui a participé à l’étude sur le carbone. Auparavant, Eigenbrode a dirigé une équipe internationale de scientifiques de Curiosity dans la détection d’une myriade de molécules organiques – celles qui contiennent du carbone – sur la surface martienne. « Nous devons ouvrir nos esprits et sortir des sentiers battus », a déclaré Eigenbrode, « et c’est ce que fait ce document. » L’explication biologique que les scientifiques de Curiosity présentent dans leur article s’inspire de la vie terrestre. Il implique des bactéries anciennes à la surface qui auraient produit une signature carbone unique en libérant du méthane dans l’atmosphère où la lumière ultraviolette aurait converti ce gaz en molécules plus grandes et plus complexes. Ces nouvelles molécules auraient plu à la surface et pourraient maintenant être préservées avec leur signature carbone distincte dans les roches martiennes. Deux autres hypothèses offrent des explications non biologiques. L’un suggère que la signature carbone pourrait avoir résulté de l’interaction de la lumière ultraviolette avec le dioxyde de carbone gazeux dans l’atmosphère martienne, produisant de nouvelles molécules contenant du carbone qui se seraient déposées à la surface. Et l’autre spécule que le carbone aurait pu être laissé derrière lui par un événement rare il y a des centaines de millions d’années lorsque le système solaire a traversé un nuage moléculaire géant riche en type de carbone détecté. « Les trois explications correspondent aux données », a déclaré Christopher House,un scientifique de Curiosity basé à Penn State qui a dirigé l’étude sur le carbone. « Nous avons simplement besoin de plus de données pour les exclure ou les exclure. » Pour analyser le carbone dans la surface martienne, l’équipe de House a utilisé l’instrument TLS (Tunable Laser Spectrometer) à l’intérieur du laboratoire SAM. SAM a chauffé 24 échantillons provenant d’endroits géologiquement divers dans le cratère Gale de la planète à environ 1 500 degrés Fahrenheit, ou 850 degrés Celsius, pour libérer les gaz à l’intérieur. Ensuite, le TLS a mesuré les isotopes d’une partie du carbone réduit qui a été libéré dans le processus de chauffage. Les isotopes sont des atomes d’un élément de masses différentes en raison de leur nombre distinct de neutrons, et ils jouent un rôle déterminant dans la compréhension de l’évolution chimique et biologique des planètes. Le carbone est particulièrement important puisque cet élément se trouve dans toute vie sur Terre; il circule continuellement dans l’air, l’eau et le sol dans un cycle bien compris grâce aux mesures isotopiques. Par exemple, les créatures vivantes sur Terre utilisent l’atome de carbone 12 plus petit et plus léger pour métaboliser les aliments ou pour la photosynthèse par rapport à l’atome de carbone 13 plus lourd. Ainsi, beaucoup plus de carbone 12 que de carbone 13 dans les roches anciennes, ainsi que d’autres preuves, suggèrent aux scientifiques qu’ils examinent les signatures de la chimie liée à la vie. L’examen du rapport de ces deux isotopes du carbone aide les scientifiques de la Terre à dire quel type de vie ils regardent et dans quel environnement il vivait. Sur Mars, les chercheurs de Curiosity ont découvert que près de la moitié de leurs échantillons contenaient des quantités étonnamment importantes de carbone 12 par rapport à ce que les scientifiques ont mesuré dans l’atmosphère martienne et les météorites. Ces échantillons provenaient de cinq endroits distincts dans le cratère Gale, rapportent les chercheurs, ce qui peut être lié en ce que tous les endroits ont des surfaces anciennes bien préservées. « Sur Terre, les processus qui produiraient le signal carbone que nous détectons sur Mars sont biologiques », a déclaré House. « Nous devons comprendre si la même explication fonctionne pour Mars, ou s’il y a d’autres explications, parce que Mars est très différente. » Mars est unique parce qu’elle a peut-être commencé avec un mélange différent d’isotopes du carbone que la Terre il y a 4,5 milliards d’années. Mars est plus petite, plus froide, a une gravité plus faible et différents gaz dans son atmosphère. De plus, le carbone sur Mars pourrait faire du vélo () sans aucune vie impliquée. « Il y a une énorme partie du cycle du carbone sur Terre qui implique la vie, et à cause de la vie, il y a une partie du cycle du carbone sur Terre que nous ne pouvons pas comprendre, parce que partout où nous regardons, il y a de la vie », a déclaré Andrew Steele,un scientifique de Curiosity basé à la Carnegie Institution for Science à Washington, D.C. Steele a noté que les scientifiques en sont aux premiers stades de la compréhension des cycles du carbone sur Mars et, par conséquent, de la façon d’interpréter les rapports isotopiques et les activités non biologiques qui pourraient conduire à ces ratios. Curiosity, qui est arrivé sur la planète rouge en 2012, est le premier rover doté d’outils pour étudier les isotopes du carbone à la surface. D’autres missions ont recueilli des informations sur les signatures isotopiques dans l’atmosphère, et les scientifiques ont mesuré les ratios de météorites martiennes qui ont été collectées sur Terre. « Définir le cycle du carbone sur Mars est absolument essentiel pour essayer de comprendre comment la vie pourrait s’intégrer dans ce cycle », a déclaré Steele. « Nous l’avons fait avec beaucoup de succès sur Terre, mais nous commençons tout juste à définir ce cycle pour Mars. » Les scientifiques de Curiosity continueront à mesurer les isotopes du carbone pour voir s’ils obtiennent une signature similaire lorsque le rover visitera d’autres sites soupçonnés d’avoir des surfaces anciennes bien préservées. Pour tester davantage l’hypothèse biologique impliquant des micro-organismes producteurs de méthane, l’équipe de Curiosity aimerait analyser la teneur en carbone d’un panache de méthane libéré de la surface. Le rover a rencontré de manière inattendue un tel panache en 2019, mais il n’y a aucun moyen de prédire si cela se reproduira. Sinon, les chercheurs soulignent que cette étude fournit des conseils à l’équipe derrière le rover Perseverance de la NASA sur les meilleurs types d’échantillons à collecter pour confirmer la signature carbone et déterminer définitivement si elle provient de la vie ou non. Perseverance recueille des échantillons de la surface martienne pour un éventuel retour futur sur Terre. Dernière mise à jour : 19 janvier 2022 Rédactrice en chef: Svetlana Shekhtman 2 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Alain MOREAU 8 417 Posté(e) 21 janvier 2022 Article fort intéressant, et qui nous change agréablement des annonces fracassantes habituelles. Daniel est certainement en train de nous en concocter un circonstancié, éclairé et distancié commentaire J’y ai relevé ceci cependant : Il y a 10 heures, jackbauer 2 a dit : Ces nouvelles molécules auraient plu à la surface et pourraient maintenant être préservées avec leur signature carbone distincte dans les roches martiennes "Plu" de plaire ou de pleuvoir ? 4 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 17 521 Posté(e) 21 janvier 2022 Il y a 21 heures, jackbauer 2 a dit : Bin ? Je viens pas souvent par ici mais je croyais que Vauffy avait relaté ce communiqué de la NASA d'il y a 3 jours !!?? Bin si tu venais plus souvent ici (voir mon message de Lundi), tu saurais que vauffy se débat actuellement avec quelques menus problèmes qui perturbent sérieusement sa capacité à se documenter et communiquer. J’espère en avoir bientôt fini avec ces soucis (qui ne dépendent pas que de moi).. Je viens de passer ces deux derniers jours à tenter de les régler/contourner. Il y a 21 heures, jackbauer 2 a dit : mais enfin ce robot ne fait pas que de magnifiques photos Ah bon ???????.... Sinon merci pour avoir pointé l’info ici.. Quelques remarques sur la forme et le fond Tout d’abord je reste totalement stupéfait que cette découverte de carbone 12, connue depuis le forage à Cumberland (le 19 mai 2013 au sol 279) dans la "baie de Yellowknife" non loin du site d’atterrissage, soit restée globalement ignorée de la communauté et cachée "sous le manteau" depuis 8 années !! C’est dingue.. Pour trouver des traces de vie, on cherche avant tout des biosignatures. Ces preuves de vie dites "indirectes"» sont issues d’analyses chimiques ou isotopiques. Pour le carbone, il existe sous deux formes isotopiques stables: le 12 et le 13, le 14 n’étant pas stable. Les organismes vivants utilisent généralement du 12, mais également le 13 en plus petite quantité, et selon un certain rapport. Et c’est bien cette signature de carbone générée par une activité biologique que l’on va rechercher et on va le faire sur tous les éléments du tableau périodique utilisés lors d’activités biologiques. Pour chacun, on va évaluer si le rapport isotopique observé dans un échantillon martien est compatible avec de l’activité biologique. On cherche le Saint-Graal, une convergence de biosignatures qui ne pourrait difficilement être expliquée par autre chose que la vie passée ou présente. Quand on parle de numéro atomique d’un élément, on se réfère au nombre de protons dans son noyau. Cette valeur est celle utilisée pour ordonner les éléments du tableau périodique. Mais il y a une autre valeur qui est utilisée pour identifier un atome : le nombre de masse. Cela fait référence au nombre de protons et neutrons du même. Et les isotopes d’un même élément varient en nombre de neutrons dans leur noyau. Tous les atomes d’un même élément auront le même numéro atomique. Cependant, s’ils varient en nombre de masse parce qu’ils ont un nombre différent de neutrons, nous parlerons d’isotopes du même élément. Par exemple, le numéro atomique du carbone est 6. Cela indique qu’il a six protons dans son noyau. L’isotope le plus abondant dans la nature est carbone-12, de masse 12, qui aura 6 neutrons (6 protons + 6 neutrons = 12). Mais il y a aussi les carbone-13, à 7 neutrons, et le Carbone-14, qui possède 8 neutrons et est bien connu pour être utilisé, par exemple, dans la datation des fossiles. Il est important d’avoir ces concepts clairs, car il est également important de savoir que le cycle du carbone est celui par lequel le carbone est constamment échangé entre tous les composants de la surface terrestre (eau, êtres vivants, sol…) et son atmosphère. Et c’est quelque chose qui peut être analysé en étudiant les mélanges d’isotopes du carbone. Les isotopes les plus stables utilisés pour analyser le cycle du carbone sont le carbone-12 et le carbone-13. Le premier réagit plus vite, il est donc important de voir dans quelle proportion chacun se trouve. Fait intéressant, ils ont découvert qu’il existait des échantillons hautement enrichis en carbone 13 et d’autres dans lesquels sa présence était à peine détectée. Cela indiquerait que sur Mars il a pu exister des processus non conventionnels si on les compare à ceux typiques du cycle du carbone sur Terre. Ce qui permet de supposer que la discrétion sur cette découverte découle peut-être du manque de preuves sédimentaires d’activité microbienne en surface ce qui a jeté suffisamment de doutes sur l’explication biologique de "méthanotrophie" de surface pour l’écarter provisoirement. .. En attendant une exploration plus approfondie pour des preuves d’activité microbienne associée à la surface ou de sédiments influencés par des microbes. Mais quand même... 8 ans sans piper mot sur cette découverte !!... Je vais finir par devenir conspirationniste . Quelques précisions : Dans l’article de la Nasa on peut lire ceci : "Sur Mars, les chercheurs de Curiosity ont découvert que près de la moitié de leurs échantillons contenaient des quantités étonnamment importantes de carbone 12 par rapport à ce que les scientifiques ont mesuré dans l’atmosphère martienne et les météorites". Ce qui pourrait être interprété comme la moitié des échantillons des 34 forages. En fait ne sont concernés que les échantillons de 4 forages et d’un prélèvement de sable. Soit dans l’ordre chronologique : "Cumberland" - forage du 19 mai 2013 au sol 279 dans la "baie de Yellowknife" "Gobabeb" - prélèvement d’échantillons de sable les 14 et 19 janvier aux sols 1224 et 1229 au bord de la dune "Namib" (dunes de Bagnold) "Highfield" - forage du 10 décembre 2021 au sol 2247 dans le mudstone au sommet de la crête "Vera Rubin" "Hutton" – forage du 12 février 2020 au sol 2660 dans la "formation Murray" juste en dessous du bord Nord du "Fronton de Greenheugh". "Edinbourg" – forage du 22 mars 2020 au sol 2732 sur l’extrémité du bord Nord du "Fronton de Greenheugh" Sur le schéma ci-dessous les trois scénarios possibles EN BLEU l'explication biologique que les scientifiques de Curiosity présentent dans leur article s'inspire de la vie sur Terre. Elle implique d'anciennes bactéries présentes à la surface qui auraient produit une signature carbone unique en libérant du méthane dans l'atmosphère où les rayons ultraviolets auraient converti ce gaz en molécules plus grandes et plus complexes. Ces nouvelles molécules seraient tombées en pluie sur la surface et pourraient maintenant être préservées avec leur signature carbone distincte dans les roches martiennes (méthanotrophie). Deux autres hypothèses offrent des explications non biologiques. EN ORANGE l’une suggère que la signature carbone pourrait avoir résulté de l’interaction de la lumière ultraviolette avec le dioxyde de carbone gazeux dans l’atmosphère martienne (photolise), produisant de nouvelles molécules contenant du carbone qui se seraient déposées à la surface. Et l’autre EN GRIS spécule que le carbone 12 aurait pu être laissé derrière lui par un événement rare il y a des centaines de millions d’années lorsque notre système solaire a traversé un nuage moléculaire géant riche en type de carbone détecté. Par ailleurs, concernant les enseignements dont Perseverance pourrait bénéficier dans cette affaire, ils seront forcément limités. Je cite Phillipe Labrot : "Avec Mars 2020, l'exploration martienne est arrivée à un tournant critique et historique. En équipant son rover le plus sophistiqué d'un dispositif ultra-complexe de prélèvement d'échantillons, et en ne retenant comme charge scientifique que des instruments servant à la sélection de ces derniers, la NASA a décidé que le temps des mesures in-situ, engagées dès 1976 avec les légendaires atterrisseurs Viking, est désormais révolu." Et Erwin Dehouck du Laboratoire de Géologie de Lyon (Terre, Planètes, Environnement) : "J'imagine que mes collègues de l'équipe SAM auraient bien aimé avoir un deuxième exemplaire sur Mars ! Mais ce n'est pas vraiment la philosophie de cette mission" Bref, le rover Perseverance n’est pas équipé pour les analyses isotopiques. Il faudra attendre la mission du rover européen Rosalind Franklin avec son instrument MOMA, qui réalisera certaines analyses similaires à celles de SAM sur le sol de Mars. 5 7 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 17 521 Posté(e) 23 janvier 2022 (modifié) Du 15 au 19 janvier (sols 3356 à 3361) Curiosity a continué à documenter un ensemble de roches hautement stratifiées, dispersées et d'apparence sombre, nommé "Panari", des roches similaires à ce que été vu à "The Prow", une autre "corniche" avec des structures et des détails sédimentaires étonnants. L'étudier a nécessité quelques manœuvres et courts trajets pour s'en rapprocher le plus possible . NAVCAM – 19 JANVIER 2022 (SOL 3361) : Tout d'abord c’est une roche plate, la cible "Chimata" à droite devant le rover (image ci-dessous) qui sera brossée pour enlever la poussière et ensuite analysée par APXS et Mastcam. Ce matériau est d'une couleur un peu plus pâle que "The Prow" et les roches inclinées de "Panari", il s'agit de savoir si les différences de tonalité se reflètent dans la composition. NAVCAM – 17 JANVIER 2022 (SOL 3359) : La cible "Chimata" NAVCAM – 20 JANVIER 2022 (SOL 3362) : Brossage PANO MASTCAM – 16 JANVIER 2022 (SOL 3358) - Robert Charbonneau : MOSAÏQUE MASTCAM – 19 JANVIER 2022 (SOL 3361) - Robert Charbonneau : Face au rover plein Sud, la colline "Mirador" dont le sommet est 35 m au dessus de Curiosity Le 21 janvier Curiosity a parcouru environ 20 mètres vers l’Ouest, revenant ainsi sur ses traces et les roches de "The Prow" où il avait déjà stationné du 11 au 13 janvier (sols 3353 à 3355). POSITION AU 21 JANVIER 2022 (SOL 3363) – kymani76 : DÉTAIL du déplacement au sol 3363 : HAZCAM AVANT - 21 JANVIER 2022 (SOL 3363) : Retour face à la corniche "The Prow" (La Proue) NAVCAM - 21 JANVIER 2022 (SOL 3363) : Un petite roche sous la roue arrière droite du rover a d’abord empêché le déploiement du bras robotique. Quelques petites manœuvres du rover ont permis d'obtenir une position stable pour utiliser le bras du rover et les instruments au contact. Lauren Edgar, géologue planétaire a déclaré : ".. nous sommes prêts pour une fantastique série d'activités scientifiques de contact. En tant que sédimentologue, je bave devant certaines de ces magnifiques structures dans cette région. Toutes ces cibles de contact ont pour but de comprendre la granulométrie, les structures sédimentaires et la composition de l'affleurement sombre qui se trouve devant nous". Abigail Fraeman, géologue planétaire : " .. nous sommes retournés à "The Prow" (La Proue) pour avoir une autre chance d'étudier les fascinantes structures sédimentaires préservées dans cette région. Ce matin, nous avons été heureux de constater que le rover était garé à une courte distance de l'affleurement de "Prow", exactement là où nous avions espéré commencer la journée. Le plan d'aujourd'hui consiste à collecter de nombreuses données de télédétection à partir de notre position d'attente". "Aujourd'hui, lors de la planification, j'ai agi en tant que scientifique des propriétés de surface. J'ai donc mis ma casquette de géologue et travaillé en étroite collaboration avec les planificateurs du rover qui ont conçu un petit déplacement de précision pour placer Curiosity à portée de main de notre endroit préféré sur "La Proue". Il y a beaucoup de petites roches et un peu de sable dans la zone, c'était donc un défi amusant de choisir un emplacement de stationnement qui nous permettra de placer MAHLI très près de la face de "la proue" tout en évitant de garer le rover sur des roches instables ». PANO NAVCAM - 21 JANVIER 2022 (SOL 3363) – Jan van Driel : EVOLUTION de la transparence atmosphérique entre le 6 décembre (sol 3318) et le 17 janvier (sol 3359) : En regardant vers le Nord Modifié 23 janvier 2022 par vaufrègesI3 1 5 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
BERNARD GAUTIER 426 Posté(e) 23 janvier 2022 Un grand merci à Vaufrègue, pour avoir pris la patience de nous rappeler de ce que c'était les roches d'origine lacustres et de faire le distingo de celles qui ne le sont pas. D'ailleurs en ce qui concernent les stratifications sédimentaires, on note une différence frappante pour celles d'origine aqueuse (avec parmi accompagnées de litages croisés résultant d'un courant d'eau) qui sont généralement bien plus épaisses que celles d'origine éolienne. 3 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 17 521 Posté(e) 24 janvier 2022 Le 23/01/2022 à 19:52, BERNARD GAUTIER a dit : Un grand merci à Vaufrègue, pour avoir pris la patience de nous rappeler de ce que c'était les roches d'origine lacustres et de faire le distingo de celles qui ne le sont pas. Merci à toi Bernard.. Je travaille sur la 2ème partie, mais vu que grèves et covid dans les maternelles et écoles primaires ont quelques conséquences fâcheuses sur la quiétude du grand père que je suis .... , c'est un peu compliqué actuellement, il me faudra un peu plus de temps. Hier 23 janvier Curiosity a manœuvré pour se rapprocher de l'alignement de roches en parcourant 2 m. DETAIL DE LA NOUVELLE POSITION AU 23 JANVIER 2022 (SOL 3365) : HAZCAM AVANT - 23 JANVIER 2022 (SOL 3365) : Plus près ce serait difficile... NAVCAM - 23 JANVIER 2022 (SOL 3365) : PANO NAVCAM - 23 JANVIER 2022 (SOL 3365) - Jan van Driel : AGRANDIR PANO MASTCAM - 22 JANVIER 2022 (SOL 3364) - Robert Charbonneau : AGRANDIR - Spectaculaire !! 3 2 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 17 521 Posté(e) 27 janvier 2022 Glissades + roche sous une roue = marche arrière Par Susanne Schwenzer, géologue planétaire : "Dans le dernier blog, ma collègue Lucy a exprimé son espoir de voir apparaître aujourd'hui des images en gros plan des rochers que nous avons tenté d'approcher à " The Prow ". Mais, eh bien, parfois Mars ne lit pas le scénario. Si vous avez déjà conduit en dehors des routes (ou dans la neige épaisse, d'ailleurs), vous savez que le paysage est toujours maître du jeu. Il ne sert à rien d'essayer de le combattre, il gagnera. Notre tentative de conduire jusqu'à l'affleurement a montré que le terrain est délicat, et que le sable sous les roues provoquait un glissement, ce qui signifie que nous nous sommes une fois de plus retrouvés avec notre roue avant gauche perchée sur un rocher (vous pouvez le voir sur l'image ci-dessous)". HAZCAM AVANT - 25 JANVIER 2022 (SOL 3367) : "Bien que nous nous y attendions et que nous en ayons tenu compte dans notre planification, en nous approchant prudemment, en gardant le rover en sécurité, en espérant que nos six roues motrices nous donneraient l'avantage... cela s'est avéré trop difficile. Mars gagne. Cette fois-ci. (Il y a un proverbe allemand, cependant, qui dit que le plus intelligent recule le premier...) L'image ci-dessus vous donne une bonne impression du pourquoi. Par conséquent, pour assurer la sécurité de notre rover, nous avons décidé de faire marche arrière et de chercher un autre endroit où nous pourrions trouver des structures similaires dans le futur, et sur lequel nous pourrions déployer MAHLI et APXS en toute sécurité. Cela dit, nous ne partons pas les mains vides, car nos caméras montées sur le mât, Mastcam et l'imageur à distance ChemCam, auront pris des images de chaque centimètre important de la structure, et le laser ChemCam obtiendra aussi la chimie. Au revoir à cette section de "The Prow", mais nous veillerons sur vos frères et sœurs à l'avenir." PANO NAVCAM - 25 JANVIER 2022 (SOL 3367) - Jan van Driel : PANO MASTCAM - 25 JANVIER 2022 (SOL 3367) - Robert Charbonneau : "Après avoir reculé et atteint une zone plate, nous ferons notre imagerie MAHLI complète habituelle que nous faisons pour garder un œil sur notre matériel. Bien sûr, nous avons également prévu de surveiller l'atmosphère et DAN mesure également l'eau dans les roches sous le rover. MARDI continuera à prendre des images après le trajet, pour documenter les roches sous le rover. Curiosity aura une journée bien remplie pendant que nous inspecterons de très près toutes les images que nous avons et que nous obtiendrons également grâce à ce plan pour repérer un frère ou une sœur de "The Prow". C'est une zone très diversifiée, et si vous ne l'avez pas fait, jetez un coup d'œil à toutes les images prises ces derniers jours, c'est un régal pour les géologues, et pour tous ceux qui aiment admirer les merveilleuses structures que la sédimentologie a à offrir". 3 4 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 17 521 Posté(e) 28 janvier 2022 Plus haut sur cette page je rapportais ceci (mon message du 14 janvier -extraits) : En ce qui concerne Mars et ses climats passés, de plus en plus de données sont disponibles. Cependant, beaucoup de ces observations semblent être contradictoires. Dans de telles conditions il n'y a aucun consensus sur ce qui est vraiment arrivé sur Mars, ni sur ce qu'a été exactement l'évolution climatique. Nous savons qu'il y a eu de multiples sortes de climats parce que l'environnement de la planète a été fortement diversifié par les oscillations orbitales de la planète ainsi que par les paramètres de rotation et l'évolution du contenu de son atmosphère. Les observations par les sondes, les télescopes et les rovers ont montré que ce système climatique complexe est hautement variable, de saison à saison et d'année en année, mais ces variations restent mal comprises. En fait, le système climatique martien a probablement subi de grandes variations liées aux oscillations des paramètres de l'orbite et de la rotation de Mars (obliquité) il y a quelques millions ou même quelques milliers d'années. Ces oscillations ont lourdement impacté les températures de surface et le cycle de l'eau. /../ Lors de la 49ème"Lunar and Planetary Science Conference" (LPSC) à Houston, au Texas qui s’est tenue du 19 au 23 mars 2018 et qui a permis de faire le point de la recherche planétaire menée partout dans le monde, deux scientifiques, Sharon Wilson et Alex Morgan, ont donné les conclusions de leur étude visant à comprendre le début de l’histoire géologique et climatique de Mars à travers les caractéristiques fluviales observées depuis l’orbite par MRO. Extrait du compte rendu : "des vues largement répandues de l’histoire géologique et climatique de Mars dans la communauté indiquent que la majeure partie de l’activité fluviale sur la surface martienne était concentrée dans le noachien (il y a plus de 3,7 milliards d’années), avec une activité fluviale très limitée dans les époques hespérosienne et amazonienne. Dans ces dernières périodes, les chances pour la stabilité de l’eau liquide à la surface sont devenues rares et éloignées pendant que Mars a fait une transition vers le désert hyperaride et hypothermique que nous observons aujourd’hui. Cependant, cette session a démontré l’inventaire croissant des formes de terrain fluviales qui se sont formées pendant et après le Noachien, indiquant ainsi des épisodes ultérieurs d’activité aqueuse. Ces caractéristiques ont été récemment identifiées dans les données d’image à plus haute résolution renvoyées par Mars Reconnaissance Orbiter, et une vague de cartographie a suivi..." "Nous considérons généralement Mars comme une planète où la plupart des processus géologiques ont cessé après le Noachien; cependant, ce nouveau travail montre que dans de nombreux endroits de la planète, une telle affirmation dissimule une histoire géologique plus compliquée. Mars a peut-être été plus active sur le plan hydrologique que nous le pensions, et de tels processus ont pu fonctionner beaucoup plus tard que ne l’indique notre compréhension actuelle de l’évolution du climat martien.". Voici un nouvel élément qui va dans le même sens (c'est moi qui surligne et souligne) : Article du 26 janvier 2022 https://mars.nasa.gov/news/9119/nasas-mro-finds-water-flowed-on-mars-longer-than-previously-thought/ MRO constate que l’eau a coulé sur Mars plus longtemps qu’on ne le pensait auparavant Les chercheurs de Caltech ont utilisé mars reconnaissance orbiter pour déterminer que les eaux de surface ont laissé des minéraux salés derrière elles il y a à peine 2 milliards d’années. Mars ondulait autrefois avec des rivières et des étangs il y a des milliards d’années, fournissant un habitat potentiel pour la vie microbienne. Au fur et à mesure que l’atmosphère de la planète s’amincissait au fil du temps, cette eau s’est évaporée, laissant le monde désertique gelé que mars reconnaissance orbiter (MRO) de la NASA étudie aujourd’hui. On croit généralement que l’eau de Mars s’est évaporée il y a environ 3 milliards d’années. Mais deux scientifiques étudiant les données que MRO a accumulées sur Mars au cours des 15 dernières années ont trouvé des preuves qui réduisent considérablement ce calendrier: leurs recherches révèlent des signes d’eau liquide sur la planète rouge il y a 2 à 2,5 milliards d’années, ce qui signifie que l’eau y a coulé environ un milliard d’années de plus que les estimations précédentes. Les résultats – publiés dans AGU Advances le 27 décembre 2021 – se concentrent sur les dépôts de sel de chlorure laissés par l’eau de fonte glacée qui coule à travers le paysage. Alors que la forme de certains réseaux de vallées laissait entendre que de l’eau pourrait avoir coulé sur Mars récemment, les gisements de sel fournissent les premières preuves minérales confirmant la présence d’eau liquide. La découverte soulève de nouvelles questions sur la durée de la vie microbienne qui aurait pu survivre sur Mars, si elle s’était jamais formée. Sur Terre, au moins, là où il y a de l’eau, il y a de la vie. L’auteure principale de l’étude, Ellen Leask, a effectué une grande partie de la recherche dans le cadre de son travail de doctorat à Caltech à Pasadena. Elle et Bethany Ehlmann, professeure à Caltech, ont utilisé les données de l’instrument MRO appelé Compact Reconnaissance Imaging Spectrometer for Mars (CRISM) pour cartographier les sels de chlorure à travers les hautes terres argileuses de l’hémisphère sud de Mars – un terrain marqué par des cratères d’impact. Ces cratères ont été l’une des clés de la datation des sels : moins un terrain possède de cratères, plus il est jeune. En comptant le nombre de cratères sur une zone de la surface, les scientifiques peuvent estimer son âge. MRO dispose de deux caméras parfaites à cet effet. La caméra contextuelle, avec son objectif grand angle noir et blanc, aide les scientifiques à cartographier l’étendue des chlorures. Pour zoomer, les scientifiques se tournent vers la caméra couleur HiRISE (High-Resolution Imaging Science Experiment), qui leur permet de voir des détails aussi petits qu’un rover martien depuis l’espace. En utilisant les deux caméras pour créer des cartes d’altitude numériques, Leask et Ehlmann ont découvert que de nombreux sels se trouvaient dans des dépressions – qui abritaient autrefois des étangs peu profonds – sur des plaines volcaniques en pente douce. Les scientifiques ont également trouvé des canaux sinueux et secs à proximité – d’anciens ruisseaux qui alimentaient autrefois le ruissellement de surface (provenant de la fonte occasionnelle de la glace ou du pergélisol) dans ces étangs. Le comptage des cratères et la preuve de sels au sommet du terrain volcanique leur ont permis de dater les dépôts. Ci-dessous, MRO a utilisé sa caméra contextuelle pour capturer cette image de "Bosporos Planum". Les taches blanches sont des dépôts de sel trouvés dans un canal sec. Le plus grand cratère d’impact de la scène mesure près de 1,5 kilomètre de diamètre : « Ce qui est étonnant, c’est qu’après plus d’une décennie de fourniture d’images haute résolution, de données stéréo et infrarouges, MRO a conduit à de nouvelles découvertes sur la nature et le calendrier de ces anciens étangs salés connectés aux rivières », a déclaré Ehlmann, chercheur principal adjoint du CRISM. Son co-auteur, Leask, est maintenant chercheur postdoctoral au laboratoire de physique appliquée de l’Université Johns Hopkins, qui dirige CRISM. Les minéraux de sel ont été découverts pour la première fois il y a 14 ans par l’orbiteur Mars Odyssey de la NASA, lancé en 2001. MRO, qui dispose d’instruments à plus haute résolution que l’Odyssey, a été lancé en 2005 et étudie depuis lors les sels, parmi de nombreuses autres caractéristiques de Mars. Les deux sont gérés par le Jet Propulsion Laboratory de la NASA dans le sud de la Californie. « Une partie de la valeur de MRO est que notre vision de la planète devient de plus en plus détaillée au fil du temps », a déclaré Leslie Tamppari, scientifique adjoint du projet de la mission au JPL. « Plus nous cartographions la planète avec nos instruments, mieux nous pouvons comprendre son histoire. » 5 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites