vaufrègesI3 17 521 Posté(e) 8 septembre 2024 (modifié) Il y a 14 heures, jackbauer 2 a dit : Lundi 19 août 2024, le millionième tir laser sur Mars de ChemCam, l’un des instruments du rover Curiosity de la NASA, a été planifié par les équipes françaises depuis le CNES. Et c'est d'autant plus méritoire que les 12 ans de fonctionnement du laser ChemCam n'auront pas ressemblé à un "long fleuve tranquille" ! La première grosse panne en deux ans de fonctionnement est enregistrée le 16 novembre 2014. Un des composants -une petite diode d'un millimètre utilisée dans le mode autofocus- a montré des signes de faiblesse suffisamment sérieux pour que l'équipe toulousaine qui pilote l'instrument au Fimoc (centre d'opérations des instruments français de Curiosity basé au Cnes) n'utilise pas la caméra pendant plusieurs jours. La panne est survenue alors que Curiosity continuait sa route au pied du Mont Sharp pour y analyser des couches sédimentaires. "Depuis un mois, le rover fait du repérage, notamment avec l'instrument ChemCam, afin de choisir un site de forage. Lors de nos échanges avec Curiosity, un signal radio de ChemCam n'était pas conforme. Ça arrive tous les jours sur tous les instruments. Faire un diagnostic à 300 millions de kilomètres quand on ne peut parler au robot qu'une fois par jour, c'est compliqué et ce n'est pas terminé. Nous avons isolé le composant pour éviter que la panne ne se propage ", explique l'astronome Sylvestre Maurice de l'IRAP (Institut de recherche en astrophysique et planétologie, CNRS, Université Toulouse III Paul-Sabatier), inventeur de ChemCam. "Nous avons redémarré la caméra vendredi sans cette fonction autofocus. Les tirs ont été réalisés avec une focalisation manuelle, une opération qui demande plus de précision de notre part", explique Olivier Gasnault, chercheur à l'IRAP, responsable des opérations scientifiques de ChemCam. Je cite Sylvestre Maurice : "Nous allons travailler pour restaurer la fonction. C'est difficile, nous ne pouvons pas aller ressouder les fils ! C'est comme pour l'usure des roues du rover, il faut faire avec. Nous allons réparer en remontant des lignes de codes, en nous replongeant dans l'instrument. Cet incident nous rappelle que rien n'est facile et que nous sommes aussi là pour nous dépasser. Nous avons rempli le contrat, le rover a franchi avec succès le cap d'une année sur Mars (presque deux ans sur Terre) mais ne rêvons pas, un jour Curiosity va tomber en panne". Cette panne d’un composant sur le ChemCam en novembre 2014 n’a été finalement résolue complètement qu’en mai 2015. Il avait fallu passer d’un mode de mise au point automatique à un mode manuel beaucoup plus lent. Un nouveau code a été chargé à bord du rover à 350 millions de kilomètres de la Terre. "Les variations de températures entre le jour et la nuit peuvent atteindre les 80 degrés", explique Francis Rocard, responsable du programme Curiosity au Cnes. "Ça fatigue beaucoup les mécanismes, et les composants en souffrent". C’est probablement ce qui explique la défaillance de la diode laser qui permettait à ChemCam de faire automatiquement la mise au point de son tir, obligeant à basculer en mode manuel pour la mise au point, beaucoup plus lent, afin de poursuivre les analyses. Une panne imprévue qui a amené les équipes françaises et américaines à se "creuser les méninges", explique Francis Rocard. À 350 millions de kilomètres de la Terre, une réparation, ça consiste surtout à "trouver une solution pour contourner le problème". La solution, c’est la caméra installée pour la visée et la confirmation des tirs, qui a permis de la mettre en œuvre. C’est elle qui, désormais, prend une série d’images avec différentes distances de focalisation. L’image la plus nette permet ainsi de connaître la distance de la cible. "Rudimentaire, mais efficace", la solution a nécessité de réécrire totalement le système d’exploitation de l’appareil. Pendant des mois, les équipes ont travaillé sur ce projet, ont testé le logiciel : pas question de "planter le système !". Le 5 mai 2015, le nouveau code a été chargé. Le 11, l’analyse des premières données a confirmé la réussite de l’opération. Plus récemment, en janvier 2021 le laser de ChemCam a été temporairement inutilisé et mis en pause pendant plusieurs mois. Que s’était-il passé exactement ? Au mois de janvier 2021, les données envoyées au sujet de l’état de santé par l’instrument ChemCam ont montré "que la haute tension requise pour déclencher le laser n’était pas aussi stable que d’habitude". Lorsque les données sur l’état de l’instrument ont été obtenues, le laser pouvait toujours tirer normalement et les données qui parvenaient ensuite correspondaient à ce qui était attendu. Néanmoins, il a été décidé d’interrompre les opérations avec le laser pour enquêter sur le problème rencontré. Curiosity a pu continuer à prendre des images et à obtenir des données de spectroscopie malgré cela. Le suivi de ChemCam est assuré en alternance par le LANL d’un côté, et l’IRAP (Institut de recherche en astrophysique et planétologie) et le CNES (Centre national d’études spatiales) de l’autre. Ce sont justement les équipes responsables du laser en France qui ont mené des tests, sur une pièce électronique quasi identique à celle du rover, pendant plusieurs semaines pour comprendre d’où pouvait provenir cette instabilité. Leurs essais ont montré qu’il n’y avait pas de risque pour le reste de l’instrument ChemCam. D’autres tests ont été menés directement sur Mars, sur différents modes opérationnels du laser, pour déterminer la meilleure manière de reprendre les activités. "La haute tension reste relativement stable lorsque l’instrument est froid ; le laser continue de tirer normalement et renvoie d’excellentes données scientifiques", résume le LANL. Curiosity va continuer à se servir du laser, mais le nombre d’activités planifiées sera limité pour éviter que les instruments ne chauffent trop. Comme on peut le constater, le laser ChemCam (et ses spectros) est l'instrument le plus utilisé. Il permet de sélectionner les cibles d'intérêt pour les labos SAM et CheMin. Chapeau bas aux ingés et en particulier à l'équipe toulousaine. Modifié 8 septembre 2024 par vaufrègesI3 2 4 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 17 521 Posté(e) 9 septembre 2024 (modifié) Le 8 septembre Curiosity a fait mouvement vers le Sud-Ouest, un petit déplacement d'une vingtaine de mètres, mais ainsi il se situe dans le lit sableux de l'ancien canal, et dans la montée abrupte de la rive Ouest , une rive ornée de roches assez extraordinaires. POSITION AU 8 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4298) : POSITION REATIVE AU TRAJET PRÉVISIONNEL : Pour accéder au "plateau" sous la butte "Texoli", ça ne semble pas être le chemin idéal. D'autant qu'il reste à vérifier si ce mouvement n'est pas justifié uniquement par l'examen de roches stratifiées. HAZCAM AVANT - 8 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4298) : En montée sur la rive Ouest du canal Deux roches stratifiées très curieuses présentes sur la crête devant le rover, l'une très sombre, l'autre très claire !! NAVCAM - 8 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4298) : Les roches fascinantes qui bordent la rive Ouest du canal Derrière la rive Ouest, le plateau vers l'objectif : le passage entre les buttes "Texoli à gauche et "Wilkerson" à droite Vers le Nord : le lit du canal et ses ondulations de sable PANO NAVCAM - 08 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4298) -Jan van Driel : Magnifique ! Modifié 9 septembre 2024 par vaufrègesI3 Ajout panorama 5 5 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
serge vieillard 8 503 Posté(e) 10 septembre 2024 ... IL va y en avoir probablement encore des "roches fascinantes" avant la traversée du chenal... Pourtant si proche, là, quelques tours de roues pour une nouvelles étape qui, n'en doutons pas, révèlera encore bien d'autres "roches fascinantes" 2 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 17 521 Posté(e) 10 septembre 2024 Il y a 13 heures, serge vieillard a dit : ... IL va y en avoir probablement encore des "roches fascinantes" avant la traversée du chenal... Pourtant si proche, là, quelques tours de roues pour une nouvelles étape qui, n'en doutons pas, révèlera encore bien d'autres "roches fascinantes" Ma "fascination" pour les roches martiennes est parfois mal comprise.. Chez moi cet attrait est devenu "viral", il s'est développé dès l'enfance, dans mon Périgord natal, farci entre autres de fossiles marins extraordinaires et de tout types de roches. Entre 11 et 18 ans j'en ai ramassé des caisses.. Aujourd'hui je continue . Les allers retours actuels du rover me donnent l’impression de revivre un peu les débuts de la mission.. tout le temps qui avait été perdu à vouloir analyser chaque caillou.. Même si bien sûr tout ça n’a pas été inutile, loin de là, mais étaler sur 7 ans un parcours que le rover devait boucler en 2 ans… sans même pouvoir s’assurer qu’il tiendrait le coup jusqu’à l’objectif prioritaire, à l'époque c’était totalement irrationnel, incompréhensible !! Depuis l’atterrissage de Curiosity jusqu’aux contreforts du mont Sharp, l'armada largement majoritaire de géologues de l'équipe scientifique de Curiosity (quelque 500 scientifiques impliqués dans la mission) a cherché obstinément à analyser chaque roche ou caillou tout au long du parcours vers ce qui constituait l'objectif majeur de la mission : la vallée argileuse. Avec le recul, l'intérêt scientifique et surtout la multiplicité de ces arrêts et investigations demeure encore aujourd’hui plus que discutable (sauf à "Yellowknife Bay" un delta alluvial au tout début de la mission). C'est un point de vue totalement partagé par des observateurs bien plus qualifiés et/ou plus informés que moi comme Caroline Freissinet, chargée de recherche CNRS en sciences planétaires et en astrochimie et qui travaille au LATMOS (Laboratoire Atmosphères et Observations Spatiales), Francis Rocard, astrophysicien responsable du programme d'exploration du système solaire au Centre national d'études spatiales (CNES) et même Ashwin Vasavada lui-même (responsable scientifique de la mission Mars Science Laboratory) qui a succédé à John Grotzinger. (voir page 129 de ce fil – mes messages des 16 et 18 mai 2019) Alors même qu'il était question d'atteindre la vallée argileuse en deux ans, le rover s'est trainé pendant 7 ans pour parvenir à "Glen Torridon", une vallée pourtant qualifiée de "Terre promise" pour la recherche de molécules organiques complexes (mission première du rover dont le labo SAM dédié constitue plus de la moitié de la charge utile) et qui avait justifié à elle seule le choix final du site d’atterrissage de cette mission. Le plus fou, c'est que Curiosity a tourné en rond pendant plus de 18 mois (entre fin 2017 et début 2019) sur la crête "Vera Rubin" qui borde cette fameuse vallée argileuse, et c'est le moment où il devait enfin y entrer qui a été choisi par le système informatique du rover pour crasher gravement !! : Curiosity a failli tomber définitivement en rade à 100 m de son objectif prioritaire !!! Plusieurs mois et quelques miracles ont été nécessaires pour pallier ce problème et remettre le rover et son informatique en état de fonctionner. Pour mémoire, Curiosity est finalement entré dans la vallée argileuse le 5 février 2019 (sol 2311), donc en priorité pour la recherche de molécules organiques pouvant se révéler significatives d’une chimie prébiotique, voire d’une vie passée. Et de fait, plus de la moitié de la charge utile du rover est dédiée exclusivement à cette recherche. Que le rover soit encore quasi totalement opérationnel en fin 2024, c’est incroyable, inespéré ! Dans ce cadre, le temps devient plus précieux que jamais et on est en droit d'espérer que les responsables de la mission en sont bien convaincus. L’une des difficultés pour les observateurs, c’est que malheureusement l’équipe du rover ne divulgue pas publiquement tous les paramètres qui influencent ses décisions au moment où elles sont prises, loin de là. Entre autres elle est tenue à un devoir de discrétion sur les avancées scientifiques pouvant donner lieu à publications. C'est pourquoi il est parfois compliqué de suivre cette mission et la logique de tous ses déplacements et activités. Mais je m'accroche ! 3 2 5 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Lexiste 30 Posté(e) 11 septembre 2024 En tout cas merci pour le partage de tous les déplacements de curiosity. Ta passion se retranscrit dans ce que tu relates 4 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
grelots 3 253 Posté(e) 11 septembre 2024 il y a 5 minutes, Lexiste a dit : En tout cas merci pour le partage de tous les déplacements de curiosity. Ta passion se retranscrit dans ce que tu relates +1 2 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 17 521 Posté(e) 11 septembre 2024 (modifié) Plus haut, Sharon Wilson Purdy, géologue planétaire, s’était extasiée que le 6 septembre Curiosity ait effectué – je la cite : "un trajet impressionnant de 60 mètres sur le fond du canal dans Gediz Vallis, puis encore parcouru une vingtaine de mètres pour atteindre l’objectif". Un objectif qui était bien cette formation intrigante de roches sombres et texturées appelée "Tungsten Hills" : MOSAÏQUE MASTCAM - 08 SEPTEMBRE 2024(SOL 4298) - Neville Thompson : Agrandir au max, ça vaut vraiment le coup d'œil ! Il eut été beaucoup plus rationnel de visiter ces roches juste avant ou après le forage à "Kings Canyon" : Curiosity y était en effet beaucoup plus proche des roches de "Tungsten Hills" et on aurait alors pu éviter de solliciter le rover pour des allers-retours Nord-Sud et Sud-Nord qui ont couté beaucoup de temps et d’énergie avec plus de 200 mètres parcourus, et pour une bonne part bien inutilement ! Mais il ne fait aucun doute que mon message a été lu outre atlantique ! Et la réaction n’a pas tardé … (*) : Voici ce qu’écrit ce matin Deborah Padgett, chef de projet OPGS (Operational Product Generation Subsystem) au Jet Propulsion Laboratory : "Avec le plan d’activités des 10 et 11 septembre Curiosity achève son exploration la plus méridionale prévue du canal de "Gediz Vallis". À partir de là, notre rover se dirigera vers le nord et sortira du canal pour explorer le terrain à l'ouest. Le trajet prévu vers les roches "Tungsten Hills", nommées d'après un célèbre district minier près de Bishop, en Californie, s'est achevé avec succès, plaçant un ensemble de roches foncées inhabituelles à l'intérieur de notre espace de travail." FIN DE CITATION Vers le Nord.. et puis direction OUEST ! Alléluia !!! Au cours des 10 et 11 septembre (sols 4300-4301), Curiosity procédera à un examen approfondi de ces blocs rocheux sombres inhabituels de "Tungsten Hills" qui se trouvent devant lui. Ces blocs rocheux sont recouverts de couches sédimentaires minces comme du papier dont certaines contiennent d'intrigantes structures ondulées qui pourraient avoir été formées par de l'eau courante ou du sable soufflé par le vent. HAZCAM AVANT - 08 SEPTEMBRE 2024(SOL 4298) : Le 10 septembre (sol 4300) Curiosity obtiendra des spectres laser ChemCam et des images MastCam sur une partie de la roche en forme de plaque la plus proche appelée "Bonita Flat", ChemCam obtiendra également des vues télescopiques d'une section des berges du canal de Gediz Vallis avec sa caméra RMI. MastCam prendra une mosaïque des parties supérieures du canal. Curiosity utilisera ensuite son bras pour brosser la poussière du bloc le plus proche. Cette zone dégagée sera ensuite imagée par MAHLI et MastCam et sa composition sera mesurée par spectroscopie APXS. MAHLI effectuera une manœuvre complexe pour obtenir des images détaillées des ondulations. MAHLI conclut une journée de travail bien remplie en photographiant le bord festonné du plus grand bloc voisin, baptisé "Boneyard Meadow" (voir images ci-dessous) : NAVCAM - 10 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4300) : Manier cette tourelle à des millions de km avec une précision = au cm.. c'est quand même dingue.. Au début du 11 septembre (sol 4301), Curiosity utilisera la MastCam pour imager en détail les roches "Tungsten Hills" dans la lumière du matin avant le lever du soleil. Plus tard dans la journée les investigations débuteront avec la spectroscopie ChemCam et l'imagerie MastCam, ChemCam RMI effectuera des observations télescopiques du fond du canal. MastCam recherchera la présence éventuelle de soufre dans les roches situées à la base des gros blocs rocheux. Ce plan d’activités se termine par la surveillance du pont du rover avec la NavCam, la mesure de la poussière et un vaste relevé des tourbillons de poussière. Enfin, plus tard ce 11 septembre (sol 4301) nouveau trajet retour vers le Nord (le dernier ici, on l'espère), sans aucun doute pour se rapprocher du trajet prévisionnel et de la zone prévue de traversée du canal pour se diriger vers l’Ouest ! (*) Je précise quand même et à toute fin utile que je plaisante Modifié 11 septembre 2024 par vaufrègesI3 3 3 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 17 521 Posté(e) 14 septembre 2024 Curiosity a effectué deux déplacements successifs, globalement orientés Nord-Ouest : - Environ 20 mètres le 11 septembre (sol 4301) - Environ 20 mètres le 12 septembre (sol 4302) L’équipe du rover ne compte manifestement pas précipiter les choses. Les activités prévues lors de ces étapes et des prochaines comprendront chacune une importante caractérisation à plus long terme des matériaux aux tons sombres et aux tons clairs, en premier lieu par imagerie. POSITION AU 12 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4302) : POSITION RELATIVE AU TRAJET PRÉVISIONNEL : Première étape HAZCAM AVANT – 11 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4301) : NAVCAM - 11 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4301) : PANO NAVCAM - 11 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4301) – Jan van Diel : MOSAÏQUE MASTCAM – 08 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4298) – Jan van Driel : Autre version du site de "Tungsten Hills" par – Jan van Driel MOSAÏQUES MASTCAM – Neville Thompson : 06 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4296) 11 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4301) Rédigé par Lucy Lim, planétologue : "Le 12 septembre le rover est en route depuis le site de Tungsten Hills vers le prochain site prioritaire pour l'exploration du canal de Gediz Vallis, dans lequel nous prévoyons de nous approcher suffisamment pour étudier l’un des nombreux grands blocs « flottants » aux tons sombres dans le canal et également de l'une des dalles aux tons clairs. Nous avons vu quelques blocs sombres dans le canal qui semblent être liés au matériau de la formation Stimson que le rover a rencontré plus tôt dans la mission, mais d'autres semblent être différents. Nous ne pensons pas que l'un d'entre eux soit né dans le canal, il doit donc provenir d'un endroit plus élevé où le rover n'est pas allé, et nous nous intéressons à la manière dont il a été transporté dans le canal." Deuxième étape HAZCAM AVANT - 12 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4302) : NAVCAM - 12 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4302) : PANO NAVCAM - 12 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4302) – Jan van Driel : Rédigé par Susanne Schwenzer, géologue planétaire : "Le trajet du 12 septembre (sol 4302) s'est terminé assez haut sur le terrain, ce qui signifie que nous voyons beaucoup d'éléments intéressants dans le chenal et autour de nous. Nous sommes donc à un endroit où un randonneur humain poserait probablement son sac à dos, sortirait sa bouteille d'eau et s'assiérait avec un casse-croûte pour profiter de la vue depuis un point élevé du paysage. C'est ainsi que la Mastcam est occupée à tirer le meilleur parti de notre point d'observation actuel. Nous avons devant nous un terrain très varié, des blocs, des rochers, des zones plus plates et des parois en couches, une géologie magnifique. Dans l'ensemble, le plan comporte 11 observations Mastcam, ce qui représente une centaine d'images individuelles, sans compter celles qui ont été prises dans le cadre des observations atmosphériques, qui figurent bien sûr également dans le plan. /…/ ChemCam n'a pas eu le temps de s'attarder sur cette étape, car elle est de nouveau occupée aujourd'hui. Bien entendu, elle se joindra à la Mastcam pour tirer parti de notre point d'observation, en prenant trois images par micro-imagerie à distance du paysage qui nous entoure. Les recherches chimiques LIBS ciblent « Wales Lake », « Gnat Meadow » et « Pig Chute ». L'APXS étudie deux cibles, « College Rock » et « Wales Lake », qui seront également accompagnées d'une documentation MAHLI. Avec toutes ces recherches, nous serons en mesure de documenter la chimie de nombreuses cibles autour de nous. Il y a une telle variété de roches foncées et claires, et une telle variété partout, qu'il est difficile de choisir." FIN DE CITATION Difficultés de communication entre Mars et la Terre Avec les hauts reliefs qui bordent cette vallée étroite à cet endroit (les buttes Kukenan et Texoli en particulier) la communication reste un défi pour le rover. Lors de la planification du premier déplacement du 11 septembre, le trajet prévu comprenait d’abord un recul afin de pouvoir, par ce changement de position, augmenter le volume de données disponible en liaison descendante pour l'imagerie. Le maintien des communications exigera que le rover termine chacun de ses trajet dans une gamme étroite d'orientations, ce qui pourrait rendre l'approche des prochaines cibles scientifiques un peu délicate. Rédigé par Susanne Schwenzer (suite) : "Le prochain déplacement du 14 septembre est prévu dans une zone où il y a une dénivellation dans le paysage. Les géologues adorent ces dénivelés, car ils permettent de mieux comprendre les couches qui se trouvent sous la surface immédiate. Mais il y a aussi d'autres caractéristiques intéressantes dans la région, et nous aurons donc certainement un espace de travail intéressant à observer ! Mais il ne sera pas facile de s'y rendre, car le terrain est très complexe et nous ne pourrons donc pas le faire en une seule fois. Je pense qu'il existe une règle empirique : plus l'équipe géologique est enthousiaste, plus les conducteurs doivent être compétents. Les géologues adorent les rochers, mais bien sûr, personne n'aime conduire hors route sur un terrain très rocailleux - il n'y a pas de route sur Mars. En outre, nos excellents ingénieurs doivent faire face à une complication supplémentaire : ils doivent faire très attention à l'endroit et à la manière de se garer pour que Curiosity puisse communiquer avec la Terre. Pourquoi ? Eh bien, nous sommes dans un canyon, et ceux d'entre vous qui aiment faire de la randonnée savent ce que les canyons signifient pour les signaux des téléphones portables... oui, il n'y a pas beaucoup de couverture, et c'est la même chose pour l'antenne de Curiosity. Cette nouvelle vidéo de la NASA contient plus d'informations et de détails sur la salle de planification ! Nous roulerons donc à mi-chemin de notre destination, mais je suis sûr que nous trouverons des cibles intéressantes dans notre nouvel espace de travail, car la région est tellement complexe, fascinante et riche ! - explications dans cette vidéo " : L'image ci-dessous montre les 42 trous réalisés par la foreuse lors de la collecte des échantillons, de "John Klein" (foré le 9 février 2013, le 182e jour martien, ou sol, de la mission) en haut à gauche, à "Kings Canyon" (foré le 3 août 2024, le 4 263e jour martien, ou sol, de la mission) en bas à droite. Chaque trou mesure un peu plus de 16 millimètres de diamètre. Les images ont été capturées par le Mars Hand Lens Imager (MAHLI), une caméra située à l’extrémité du bras du rover. Après le forage d’un échantillon, la roche pulvérisée est injectée dans les instruments à l’intérieur du "ventre" de Curiosity qui peuvent analyser la composition des roches. Ces instruments comprennent l’analyse chimique et minéralogique d’échantillons sur Mars par les labos (SAM et CheMin). 4 4 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
ALAING 66 279 Posté(e) 14 septembre 2024 Sacré golf pour les futurs marsionnautes Bonne journée, AG 6 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 17 521 Posté(e) 16 septembre 2024 Le 5 septembre 2024 (sol 4295) Curiosity a utilisé sa caméra MastCam pour capturer cette vue du coucher de la Terre pendant que Phobos, l’une des deux lunes de Mars, se lève. C’est la première fois que ces deux corps célestes sont capturés ensemble depuis la surface de Mars : L’image ci-dessous montre le ciel au-dessus de la butte "Texoli". C'est un composite de cinq expositions courtes et de 12 expositions longues. Du point de vue du rover, la zone d’insertion serait d’environ la moitié de la largeur d’un pouce tenu à bout de bras. La Terre et Phobos sont visibles en haut à droite de l'image : Source : https://photojournal.jpl.nasa.gov/catalog/PIA26362?fbclid=IwZXh0bgNhZW0CMTAAAR1KZEkZGdeqQ9VCkeq1HOEP7F72taV3XmL72fAlvS4CYdIMCRUSLOZiF10_aem_HeP_an2-aqf1ssoD-TilBg 6 5 3 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 17 521 Posté(e) 17 septembre 2024 Le 6 septembre (sol 4306) Curiosity a parcouru environ 30 mètres vers le Nord, une nouvelle position qui le situe quasiment sur le trajet prévisionnel qui le dirigera vers l'Ouest ! Le rover a cheminé dans le très large lit du canal (côté Est) dans ce secteur, jusqu’au niveau du trajet prévisionnel, ce qui devrait lui éviter d’avoir à franchir un dénivelé significatif côté rive Ouest pour accéder au plateau menant vers la butte "Texoli". Écrit par Michelle Minitti, géologue planétaire – 16 septembre : "Nous avons bien progressé dans Gediz Vallis pendant le trajet du week-end, atterrissant dans un segment du canal contenant un mélange de gravats détachés et d'autres débris remplissant le canal. Au milieu de cette scène hétéroclite, des objets particuliers ont attiré notre attention : des rochers brillants. Dans d'anciens chantiers de Gediz Vallis, des roches brillantes similaires ont été associées à des teneurs en soufre très élevées, voire presque pures. Cependant, comme tous les bons géologues le savent, la couleur n'est pas diagnostic, et nous ne pouvons donc pas supposer qu'il s'agit des mêmes roches riches en soufre que celles que nous avons rencontrées précédemment. Le seul moyen de le savoir est de collecter des données, et c'était l'un des principaux objectifs du plan d'aujourd'hui." POSITION AU 6 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4306) : POSITION RELATIVE AU TRAJET PRÉVISIONNEL : HAZCAM AVANT - 6 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4306) : NAVCAM - 6 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4306) : Les scientifiques de la mission ont été particulièrement intrigués par l'observation de plusieurs roches aux tons clairs (au centre-droit, et en bas au centre et à droite de l'image ci-dessous), semblables à des roches que Curiosity avait déjà rencontrées et qui étaient étonnamment riches en soufre. La rive Ouest du canal - au centre de l'image la butte "Wilkerson" Suivre le trajet prévisionnel devrait conduire à cheminer ici vers l'Ouest et le passage entre "Texoli "et "Wilkerson" Vers l'extrémité Nord de la vallée Gediz - à droite la butte "Texoli" MOSAÏQUES MASTCAM – 11 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4301) : Les roches du site "Tungsten Hills" (agrandir) Par Jan van Driel Par Neville Thompson Une partie de ces fines stratifications affiche de très curieuses ondulations qui font penser à celles formées sur les roches sédimentaires au fond des eaux peu profondes, comme ici le vent sur le sable (image extraite de la mosaïque de JvD) MOSAÏQUE MASTCAM – 12 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4302) - Neville Thompson : 3 2 4 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 17 521 Posté(e) 20 septembre 2024 (modifié) Le 17 septembre (sol 4307) Curiosity s’est déplacé sur environ 40 mètres, globalement vers le Nord-Ouest, rejoignant ainsi très exactement le tracé du trajet prévisionnel. Il est positionné dans une pente inclinée sous la crête du bord Ouest du canal et le plateau qui s’étend sous la butte "Texoli". Une crête qu’il devrait pouvoir bientôt pouvoir franchir sans trop de difficultés Par Conor Hayes – 18 sept : "Le long trajet du 17/09 (sol 4307) s'est déroulé comme prévu, et nous sommes arrivés aujourd'hui pour trouver notre rover garé avec un angle important sur une crête inclinée. Nous craignions que la pente ne limite notre capacité à utiliser le bras pour la science de contact dans ce plan (nous ne voulons rien faire qui puisse faire glisser le rover sur la pente !), mais après mûre réflexion, nous avons reçu la bonne nouvelle que nos six roues tenaient fermement au sol, et qu'il n'y avait donc aucun risque de glisser". POSITION AU 17 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4307) : POSITION RELATIVE AU TRAJET PRÉVISIONNEL : HAZCAM AVANT - 17 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4307) : Conor Hayes (suite) : "Il s'est avéré que le rover était un peu trop enthousiaste à l'idée de rouler et qu'il a placé l'espace de travail que nous souhaitions sous son corps plutôt qu'à l'avant, où le bras pouvait l'atteindre. Il y a toujours un peu d'incertitude quant à la position finale après un si long trajet ! Nous avons donc décidé de nous en tenir à un plan « touch-and-go » qui comprend une petite marche arrière de moins d'un mètre pour repositionner la cible souhaitée devant le rover. Bien que nous devions nous repositionner, nous ne ralentissons pas la science, ne serait-ce qu'une seconde. Nous sommes garés devant une grande plaque rocheuse fracturée, que l'on peut voir sur l'image ci-dessus. Cette dalle est devenue la cible scientifique "de contact" pour ce plan avec les activités de brossage DRT et analyse APXS sur la cible nommée "The Minster". NAVCAM - 17 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4307) : L'inclinaison du rover st perceptible sur les images ci- dessous : Crête Ouest Image de l'extrémité Sud de la vallée qui révèle parfaitement l'inclinaison du rover PANO NAVCAM - 17 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4307) - Jan van Driel : MASTCAM - 17 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4307) : Face au rover le plateau rocheux derrière la crête et plus haut les contreforts de la butte "Texoli" Crête Ouest et plateau MAHLI - 17 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4307) : Roche claire flottante (parmi d'autres) qui ressemble aux roches soufrées écrasées par Curiosity NAVCAM - 19 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4309) : Brossage sur la cible (plaque rocheuse) "The Minster" Brossage suivi de l'analyse de chimie élémentaire avec le spectromètre APXS Modifié 20 septembre 2024 par vaufrègesI3 3 2 5 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
serge vieillard 8 503 Posté(e) 20 septembre 2024 Ça y est, l'engin traverse le chenal !!! 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
bricodob300 982 Posté(e) 20 septembre 2024 Le 16/09/2024 à 22:19, vaufrègesI3 a dit : C'est un composite de cinq expositions courtes et de 12 expositions longues. Du point de vue du rover, la zone d’insertion serait d’environ la moitié de la largeur d’un pouce tenu à bout de bras. La Terre et Phobos sont visibles en haut à droite de l'image : Super, mais je suis étonné que l'on perçoive une phase terrestre... 1 5 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 17 521 Posté(e) 20 septembre 2024 il y a 11 minutes, bricodob300 a dit : Super, mais je suis étonné que l'on perçoive une phase terrestre... Soyons clairs, la Terre c'est le petit point brillant .. 1 1 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
bricodob300 982 Posté(e) 20 septembre 2024 il y a 2 minutes, vaufrègesI3 a dit : Soyons clairs, la Terre c'est le petit point brillant . Oula ! Effectivement, je me suis fourvoyé là... 😁 3 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 17 521 Posté(e) 20 septembre 2024 il y a une heure, serge vieillard a dit : Ça y est, l'engin traverse le chenal !!! Oui, il a déjà franchi les 3/4 du chemin, encore un petit effort ! Les roches soufrées ont pas mal retardé l'échéance (pour la bonne cause). 3 3 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
BERTRAND76 1 612 Posté(e) 20 septembre 2024 Merci encore et toujours pour ton Fabuleux travail 👍👍 4 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 17 521 Posté(e) 24 septembre 2024 (modifié) Le 22 septembre, pour raisons essentiellement techniques (voir plus bas), Curiosity a réalisé un très court trajet de 7 mètres vers l'Ouest. POSITION AU 22 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4312) : POSITION RELATIVE AU TRAJET PRÉVISIONNEL : Sur le sol 4312, il a été prévu quelques activités scientifiques à distance, notamment un film Navcam sur les tourbillons de poussière, une observation active ChemCam et quelques images Mastcam. Mais ce qui a motivé ce déplacement de 7 m, c'est l'imagerie complète des roues avec la caméra MAHLI. Il s'agit d'une activité réalisée sur un court trajet, en avançant par séquences successives. À chaque arrêt MAHLI image une section différente des roues, de sorte d’obtenir au final l’imagerie de toute la circonférence de chaque roue. Une activité effectuée périodiquement pour évaluer l'état des roues. Pour en obtenir une documentation complète, le rover parcourt environ sept mètres (sur une période d'environ trois heures). HAZCAM AVANT - 22 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4312) : NAVCAM - 22 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4312) : PANO NAVCAM - 22 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4312) : PANO MASTCAM - 17 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4307) - Neville Thompson : MAHLI - 22 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4312) : Vues de l'ensemble des roues - par Neville Thompson Ci-dessous 3 images de la roue centrale droite, la plus dégradée, avec rupture de 3 chevrons et affaissement de la structure : Quelques rappels : Les roues de Curiosity sont en aluminium et mesurent 50 cm de diamètre sur 40 cm de large. Pour la résistance structurelle il existe une jante verticale sur chaque bord de la roue (Inner rim et Outer rim) .. On trouve une autre jante située à peu près au tiers intérieur de la roue (Stiffening rim), qui agit en raidisseur structurel auquel sont attachés les rayons souples (Wheel flexures). Les nervures en zig zag sont des chevrons - (ou "grousers") - qui ont également un rôle structurel. Les lignes de "grousers" sont au nombre de 19, en zigzag, et s'étendent sur environ trois quarts de centimètre à l'extérieur de la peau de chaque roue. Ils portent une grande partie du poids du rover et transmettent la majeure partie de la traction et de la capacité du rover à traverser un terrain inégal. Entre les grousers existe une "peau d'aluminium" ultra-mince de 0,75 millimètre d'épaisseur dont le rôle essentiel est d'éviter aux roues de trop s'enfoncer dans le sable, mais elle n'a aucun rôle structurel. On peut remarquer aussi que chaque roue comporte des orifices carrés ou rectangulaires alignés sur trois niveaux. Ces alvéoles codent le message "JPL" en morse dans les traces de roulement !..Pourquoi en morse ? Parce que la Nasa a refusé au JPL que ce sigle apparaisse en clair. Depuis 2013, les déchirures constatées dans les roues sont d’abord apparues sur la peau en aluminium. Puis depuis 2016 des chevrons ont commencé à se briser. Quand le rover roule sur un terrain plat toutes les roues tournent à la même vitesse. Mais quand il y a un obstacle, la roue qui est en avant tire sur la roue qui attaque l’obstacle, et la roue qui est derrière pousse celle-ci sur l’obstacle Ce sont donc surtout les deux roues centrales qui ont subies des dégâts. En particulier du côté droit où les chevrons cassés ont entrainé un affaissement de la bande de roulement de la roue. En mars 2017, après 18 mois d’essais au JPL, un nouveau logiciel a été téléchargé sur Curiosity afin de limiter l’usure des roues. Ce logiciel a été testé sur Mars durant plusieurs mois et déclaré bon pour le service le 8 juin 2017. Ce nouveau logiciel corrige la vitesse des roues en fonction des déplacements de la suspension. Des réductions de 11 à 20% des efforts ont été mesurées grâce un "contrôleur intelligent" sur le courant de chaque roue et en permettant aux taux de rotation des roues de varier intelligemment en réponse aux conditions détectées. Ce logiciel détecte aussi quand une roue tourne dans le vide et ajuste la vitesse des autres jusqu’à ce que la roue soulevée reprenne contact avec le sol. Que la peau d’aluminium soit percée n’est pas très problématique. Le risque serait que la tôle se replie et arrache le câble d’alimentation du moteur de roue, un risque qui semble quand même très limité. Doubler l'épaisseur de la "peau" des roues du rover (par ex. de 0,75 mm à 1,50) augmenterait approximativement la masse de l'ensemble de celles-ci d'un total de 3,6 kg, ce qui n'était pas envisageable. Ce qui peut inquiéter davantage, c'est la rupture des chevrons qui sont structurels. Les tests de longévité réalisés sur Terre indiquent que lorsque 3 chevrons sont cassés sur une roue, celle-ci atteint environ 60 % de sa durée de vie. Pour mémoire, Curiosity utilise une suspension sans ressorts baptisée "rocker-bogie" (déjà mise au point pour les rovers "MER") qui limite l'inclinaison de la caisse du rover. L'engin peut ainsi résister à une inclinaison d'au moins 50 degrés dans n'importe quelle direction sans se renverser, des capteurs automatiques limitent toutefois l'inclinaison à 30 degrés. Cette conception permet au rover de se déplacer sur des objets à peu près aussi grands que le diamètre de la roue (0,50 m) tout en gardant les six roues au sol.. Le dégagement sous le corps du rover est de 66 cm. Chaque roue avant et arrière peut être piloté indépendamment, permettant au véhicule de tourner sur place. Sur un sol dur et plat le rover peut atteindre une vitesse de 4 à 5 cm/s, mais le plus souvent en système de navigation autonome, il a une vitesse moyenne d'environ 1,5 cm/s. Comme on peut le voir dans l'image ci-dessous, les roues du rover "Perseverance" ont un "design" modifié. On peut noter que la bande de roulement de Perseverance comporte beaucoup plus de lignes de crampons. La peau alu entre les crampons est "plus épaisse". Mais comme il faut ne pas alourdir le poids des roues, elles ne sont pas aussi larges que les roues de Curiosity, mais très légèrement plus grandes en diamètre (diam 52,5 cm au lieu de 50 cm pour Curiosity). Mais au final, avec le gain en largeur, les roues du rover Perseverance sont plus légères que celles de Curiosity. Si les roues étaient un jour si endommagées que Curiosity ne pouvait plus avancer ? La mission pourrait-elle malgré tout continuer (en supposant que le reste du rover continue de fonctionner) ? "La Nasa considèrerait sûrement de mettre fin à la mission, au bout d’un certain temps", estime William Rapin (chercheur au CNRS). "Elle ne laisserait sans doute pas beaucoup de temps supplémentaire, car cela coûte assez cher d’entretenir cette mission. Tout dépend aussi du lieu où le rover est immobilisé : si son bras fonctionne et que le lieu a un intérêt scientifique, on pourrait éventuellement faire des analyses". Mais il parait surtout beaucoup plus probable que ce soit un autre composant du rover qui tombe en panne, avant que les roues ne lâchent. Par exemple, l’ordinateur de bord : en 2018 il a déjà fallu basculer sur le deuxième ordinateur de secours, en "backup", à cause de soucis de mémoire. Perseverance a atterri sur Mars en 2021, et avec une informatique dédiée à la navigation, et il est donc capable de "penser à la volée", en continu, permettant au rover d'éviter les rochers, les bancs de sable et autres. Perseverance navigue en prenant constamment des photos du terrain à venir et en les traitant à l'aide d'un ordinateur spécial dédié qui fournit une navigation autonome et continue. Curiosity, plus ancien, n’a pas d’ordinateur dédié à la navigation. Il est donc incapable d’afficher des performances similaires. L’engin navigue en divisant son itinéraire en segments et en s’arrêtant pour traiter les images du terrain à la fin de chaque segment. La mise à jour en 2023 du logiciel de navigation l’aide à traiter plus rapidement les images du terrain. Jonathan Denison, chef de l’équipe des opérations techniques de Curiosity, précise : “Cela ne permettra pas à Curiosity de rouler aussi vite que Perseverance, mais au lieu de s’arrêter pendant une minute entière après un segment de conduite, nous nous arrêterons juste un moment ou deux“. De plus, cette amélioration devrait lui permettre d’optimiser sa consommation énergétique. Le responsable ajoute : “Le fait de passer moins de temps au ralenti entre les segments de conduite signifie également que nous consommons moins d’énergie chaque jour". Avec la mise à jour 2023 du logiciel de navigation, on a franchi une nouvelle étape dans la protection des roues en permettant une réduction de la quantité des changements de directions que le rover doit effectuer lorsqu'il se déplace dans un arc pendant son cheminement. Cette réduction signifie que Curiosity atteint son objectif plus rapidement, réduisant donc l'usure des roues. Dernière minute : Encore un demi-tour inattendu !!! Un mise à jour Nasa postée ce 24 sept au soir juste avant minuit nous apprend que le rover va faire un retour arrière de 50 mètres au Nord Est !!! Je cite : "L'équipe scientifique a eu le temps d'examiner un peu plus les données collectées dans cette région et a découvert une cible qui valait la peine d'y retourner. Nous retournons dans la zone des pierres blanches pour effectuer d'autres analyses de contact sur des roches qui ressemblent au soufre élémentaire que nous avons vu plus tôt cette année".. Modifié 24 septembre 2024 par vaufrègesI3 3 6 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 17 521 Posté(e) 26 septembre 2024 Le 24/09/2024 à 22:13, vaufrègesI3 a dit : Dernière minute : Encore un demi-tour inattendu !!! Un mise à jour Nasa postée ce 24 sept au soir juste avant minuit nous apprend que le rover va faire un retour arrière de 50 mètres au Nord Est !!! Je cite : "L'équipe scientifique a eu le temps d'examiner un peu plus les données collectées dans cette région et a découvert une cible qui valait la peine d'y retourner. Nous retournons dans la zone des pierres blanches pour effectuer d'autres analyses de contact sur des roches qui ressemblent au soufre élémentaire que nous avons vu plus tôt cette année".. J'avais posté cette info dès que j'en ai eu connaissance en l'ajoutant in extrémis à la fin de mon message précédent.. Comme très souvent ces derniers mois, l'équipe scientifique semble avoir le monopole absolu sur l'utilisation de "l'outil" Curiosity, hors de toute autre considération. En particulier le temps passé et l'énergie consacrés aux déplacements, la prise en compte de "l'usure" du rover consécutive à tous ces mouvements, et ses conséquences forcément critiques sur l'avenir de sa maintenance opérationnelle. Dans ce cadre l'argument suprême demeure le haut niveau d'intérêt scientifique qui doit guider prioritairement les décisions des responsables de la mission (ici les investigations sur les roches soufrées). À ce stade avancé de la mission, les risques présentés par tous ces déplacements "désordonnés" semblent ne pas primer sur les objectifs scientifiques. Mais comme l'énonçait un de mes profs de philo, l'expérience acquise de nos actes et décisions doit se charger de nous apprendre "jusqu'où nous pouvons aller trop loin" . Le 24 septembre Curiosity a parcouru environ 50 mètres, globalement vers l'Est, soit en direction opposée au trajet prévisionnel. POSITION AU 24 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4314) : POSITION RELATIVE AU TRAJET PRÉVISIONNEL : HAZCAM AVANT - 24 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4314) : NAVCAM - 24 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4314) : Noter les traces de roues depuis l'emplacement précédent À l'arrière vers le Nord-Ouest PANO NAVCAM - 24 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4314) - Jan van Driel : 1 3 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 17 521 Posté(e) 28 septembre 2024 L’étape de 50 mètres du 24 septembre était donc destinée à un retour vers une région déjà explorée en partie, en fait dans une nouvelle zone de cette région, et en particulier sur une cible précise nommée "Sheep Creek" – je cite : "L'équipe scientifique a eu le temps d'examiner un peu plus les données collectées dans cette région et a découvert une cible qui valait la peine d'y retourner". Les "données collectées" sont très probablement de données d’imagerie acquises depuis l’emplacement précédent – je cite : "Nous retournons dans la zone des pierres blanches pour effectuer d'autres analyses de contact sur des roches qui ressemblent au soufre élémentaire que nous avons vu plus tôt cette année. Pour rappel voici l'aspect de ces roches soufrées - image du 8 juin 2024 (Sol 4209) : Mais la fin du parcours de 50 m du 24 septembre a réservé une mauvaise surprise : Écrit par Amelie Roberts, doctorante – 25 septembre : "Naviguer sur le terrain martien accidenté et impitoyable est toujours un défi, et notre récente tentative d'atteindre la cible "Sheep Creek" le montre bien. Nous avions visé de petits rochers brillants et distants, mais à une distance de 50 mètres, la résolution limitée de nos images a rendu difficile la finesse de la navigation. Après un trajet ambitieux le rover s'est approché à grand-peine de ces petits rochers brillants, s'arrêtant juste à côté. Les roches, avec leur motif d'altération arrondi et piqué distinctif, ressemblent fortement aux blocs de soufre élémentaire que nous avons déjà rencontrés. Il est frustrant de constater que, bien que les rochers ciblés se trouvent juste sous la roue avant et qu'ils soient clairement visibles sur nos caméras de navigation, ils sont restés hors de portée du bras du rover" (image ci-dessous) : NAVCAM – 24 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4314) : L’ensemble de roches blanches "Sheep Creek" trop proche de la roue avant droite pour permettre un accès aux instruments du bras robotique.. "Bien que le bras du rover ne puisse pas atteindre les pierres brillantes de Sheep Creek, cela ne nous a pas arrêtés et nous avons prévu d'utiliser d'autres instruments embarqués pour nous aider à analyser la composition, les textures et le contexte avant de nous rendre à notre prochaine position". /… / "Pour connaître la composition des pierres de Sheep Creek, nous avons utilisé ChemCam (notre laser embarqué) pour observer deux pierres prometteuses que nous avons baptisées « Arch Rock » et « Ash Mountain ». Nous espérons voir si elles contiennent des traces de soufre élémentaire, comme leur apparence le suggère. Pour examiner de plus près la texture, nous prendrons des images couleur haute résolution avec la Mastcam". FIN DE CITATION Pour permettre l’utilisation du bras robotique et de ses instruments (MAHLI/APXS) sur "Sheep Creek", un repositionnement soigneux du rover s’avère nécessaire. Le 26 septembre Curiosity a d’abord reculé d’environ 1m50, puis s’est de nouveau avancé vers la cible pour la placer devant lui et au centre de son espace de travail : NAVCAM – 26 SEPTEMBRE 2024 (SOL 4316) : Opération réussie ! La position du 26 septembre (sol 4316) est quasi inchangée : 3 3 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 17 521 Posté(e) 29 septembre 2024 Comme prévu voici les IMAGES MASTCAM des roches cibles "Sheep Creek" devant le rover : Elles présentent les mêmes caractéristiques que les roches soufrées découvertes en juin 2024 (voir première image du message précédent) 4316 MASTCAM - 28 SEPTEMBRE 2024 : Leur analyse a commencé, ici avec l'APXS HAZCAM AVANT - 28 SEPTEMBRE 2024 ((SOL 4318) : Vont-ils tenter de briser l'une de ces roches avec les roues pour en révéler les potentiels cristaux de soufre pur ?? 4 3 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
ALAING 66 279 Posté(e) 29 septembre 2024 il y a une heure, vaufrègesI3 a dit : Vont-ils tenter de briser l'une de ces roches avec les roues pour en révéler les potentiels cristaux de soufre pur ?? Humm pas trop risqué Daniel ? Bon dimanche, AG 2 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
BERTRAND76 1 612 Posté(e) 29 septembre 2024 Il y a 2 heures, ALAING a dit : Humm pas trop risqué Daniel ? c'est ce que je me suis dis......... 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Piotr Szut 2 1 050 Posté(e) 29 septembre 2024 Il ne faudrait pas que les roues patinent... Ne cherchez pas la contrepèterie, il n'y en a pas. 😊 1 2 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites